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Critiques de Nathalie Sarraute (279)
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Entre la vie et la mort

Nathalie Sarraute explore toujours plus avant le monde des sensations dans cet étonnant roman, où un écrivain avance entre la vie d'une écriture authentique et sincère, préservée des influences extérieures, et son opposée, une morte, guidée par les stéréotypes et l'académisme, percluse de clichés et d'images figées.

Bien que le lecteur mal exercé puisse se sentir désorienté par une composition éclatée et avare en points d'appuis, il ne pourra que se réjouir de lire et relire une œuvre vivante, belle et souvent drôle.
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Enfance

Ce que j'ai trouvé remarquable, c'est que l'auteur a rédigé ces fragments à l'âge de 83 ans, comme quoi, il n'est jamais trop tard pour se souvenir. C'est justement intéressant d'avoir un texte fragmenté, parce que quand il s'agit de souvenirs, généralement ce n'est jamais linéaire, on se souvient de quelques bribes et détails, mais jamais du souvenir dans son intégralité, encore moins quand on l'écrit 75 ans plus tard, j'imagine et c'est véritablement ce qui donne de la force à ses écrits. On découvre une petite enfant russe qui, balloté entre sa mère et son père se retrouve entre la Russie et la France principalement, mais qui, - j'en ai eu l'impression en tout cas - s'est toujours sentie chez elle à Paris.



Ce que j'ai aimé, c'est la sincérité dans le récit, l'auteure parle franchement de ses souvenirs dans un dialogue entre deux parties d'elle-même, sa face que j'appellerais "naïve" qui est l'enfant, et l'autre, celle qui a raisonné et grandit. De cette façon l'une des deux voix met toujours l'accent sur une chose en particulier, sur l'interprétation d'une action d'autrui, sur ses sentiments aussi ce qui rend le récit vraiment personnel. Sincère également parce qu'elle ne s'encombre pas, elle n'écrit pas pour combler les blancs, elle se souvient ou elle ne se souvient pas et quand c'est le cas, elle le dit ce qui est agréable, on n'a pas à se poser la question de savoir si on est mené en bateau. La naïveté de l'enfance est elle aussi bel et bien présente avec notamment ce passage où elle demande carrément à sa belle-mère si celle-ci la déteste.



Globalement, ma lecture m'a plu, j'ai pris du plaisir avec ce livre, c'était cool, sans être extraordinaire non plus. Le fait qu'elle ne parle que de ses 10 premières années - la période correspondant à l'enfance comme l'indique le titre - amène certains sujets assez ennuyeux, du moins pour moi - je pense par exemple aux moments où elle parle de l'école, l'importance que l'école française a eue sur elle et à quel point ça a compté dans sa vie. Toute cette partie là m'a un peu ennuyé parce que je n'ai pas du tout le même ressenti qu'elle sur la chose donc je ne me sentais pas très concerné. En revanche, les passages où elle parle de sa famille sont vraiment intéressants parce qu'on peut en apprendre plus sur la mentalité des gens à cette époque, sur son père qui ne supportait pas de parler d'amour ou de toute autre sentiment fort (comme le dégoût) ou encore sa mère qui, va savoir pourquoi décide de laisser sa fille chez son père pendant trois ans, comme ça, genre "tiens, je vais me prendre des vacances pendant trois ans, ma fille ne sera pas dans mes pattes".

Alors je m'attendais à mieux parce que j'ai énormément aimé Simone de Beauvoir comme je l'ai dit plus haut et pour le coup, bah Nathalie Sarraute n'est pas arrivée à la hauteur malgré la sincérité, malgré la forme du récit. J'ai un peu moins accroché parce que je me suis bien moins identifié, tout est question de ressenti.



Mon avis est en intégralité sur mon blog :
Lien : http://allaroundthecorner.bl..
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Enfance

Enfance ballotée entre son père et sa mère, entre la France et la Russie, au tout début du 20ème siècle, Nathalie Sarraute raconte. Cette "Enfance" là est une autobiographie originale puisse qu'elle se confie à elle-même.

Nathalie (Natalia ou autres surnoms) dialogue avec son double sur ses souvenirs et, comme dans un journal, elle détaille ce qu'elle a ressenti. Mais aussi ses Interrogations et souffrances. Tous les sentiments y passent, de la joie à l'amour en passant par la jalousie.

C'est passionnant parce que les événements sont racontés de l'intérieur et Nathalie Sarraute excelle dès qu'il s'agit d'introspection.

Et le plus surprenant est que ses souvenirs sont très précis alors que l'auteure a publié ce texte l'année de ses 83 ans. Il y a plein d'anecdotes qui sont souvent drôles et des séquences très intéressantes comme celle sur l'engagement politique des adultes vue avec des yeux d'enfant (il faut dire que deux évènements majeurs vont arriver : la première guerre mondiale et la révolution russe).

Ce livre a également une dimension sociologique puisque c'est la famille recomposée qui est au coeur de l'histoire a géographie variable, entre Paris, la Suisse et Pétersbourg.

Et puis ces moments vécus font aussi échos à l'écrivain en herbe qui se dévoilera plus tard.





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Enfance

Encore une fois, j’ai dû lire ce livre pour mon cours de français. Et j’ai vraiment été très surprise, car j’ai apprécié ! Je ne dis pas que c’était une de mes meilleures lectures de cette année mais… J’ai bien aimé.



Ce livre est donc une autobiographie (vous aurez peut-être remarqué que c’est le sujet d’étude de notre cours) dans un style très particulier, que je n’avais jamais eu l’occasion de voir auparavant : en fait, tout le récit est constitué d’une sorte d’immense dialogue entre l’auteure et… elle-même.



J’avoue que ça peut donc paraître très compact et repoussant, étant donné que pour finir c’est donc un peu comme un gros bloc, mais personnellement j’ai trouvé ça très original et ça m’a bien plu, surtout que Nathalie Sarraute nous fait donc une sorte de questions-réponses avec des remarques d’elle-même sur ce qu’elle raconte.

Je trouve que c’est un peu ce qu’on fait tous en écrivant quelque chose : on se pose une question pour la suite, pour voir si on ne doit pas modifier une tournure de phrase etc., et ici, elle écrit simplement ces questions qu’elle se pose mais que nous n’écrivons pas d’habitude.



Comme le roman est très court, je n’ai pas eu de mal à le lire. J’ai eu l’impression de tenir une petite partie de la vie de Nathalie Sarraute, qui m’a emportée dans son enfance.

Car en effet, elle nous raconte ici, comme l’indique le titre, uniquement son enfance. Mais je trouve ça bien justement, car c’est le plus intéressant pour ce que j’en ai entraperçu.



Nathalie Sarraute n’a pas eu une enfance facile. Mais j’ai beaucoup aimé la façon dont elle relate les événements : d’un côté, nous avons le point de vue qu’elle avait lorsqu’elle a vécu ces moments-là, mais aussi son point de vue d’adulte, enfin de la femme qu’elle était lorsqu’elle a écrit ce roman. Et je trouve donc ça vraiment très intéressant, ce « double-avis » sur ce qu’il se passe, si je puis dire.



J’avoue avoir surtout été perturbée par une chose durant ma lecture : pourquoi, à certains moments, Nathalie se fait-elle appeler Natacha ? C’est pour moi un grand mystère, donc si vous avez la réponse, n’hésitez pas ! ^^



J’ai eu beaucoup de mal à cerner chaque personnage, y compris Nathalie. Ils sont tous un peu soupe au lait, enfin je veux dire qu’ils changent tellement de tempérament de page en page… J’ai trouvé ça très étrange ! Nathalie est celle qui, pour moi, restait la plus « stable », mais sans pour autant être tout à fait invariable dans son caractère.

Par exemple, pour Véra, son père, et sa mère, je ne comprenais pas tout à fait. Je pense que la perception de Nathalie pour chaque événement amplifie encore plus leur changement d’humeur, mais quand même…



J’avoue que, ce livre étant une lecture scolaire, j’ai surtout eu envie de le lire vite, pour en être débarrassée le plus vite possible. Mais j’ai été agréablement surprise que ce livre me plaise, sans pour autant me donner envie d’en lire plus.



J’ai été contente de découvrir le passé de Nathalie Sarraute, et certains moments m’ont marquée et/ou plu. Je vous recommande donc ce court roman pour en connaître plus sur sa vie mais aussi sur les conditions de vie pour les gens comme elle à cette époque.



EN CONCLUSION, un roman que j’ai apprécié !

Court et écrit d’une manière originale, il m’a bien plu. Je le conseille donc pour une petite lecture instructive et innovante !
Lien : http://lectureavie.blogspot...
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Les Fruits d'or

Attention Ovni !

C'est Arnaud Viviant (La vie critique-2013) qui m'a donné envie de lire ce livre et quel évènement !

J'ai été prise dans un tourbillon, comme si je pouvais rejoindre l'esprit de l'autrice. Les Fruits d'Or parle du roman « Les Fruits d'Or » (mise en abyme) dont l'auteur est Bréhier : il est d'abord encensé, puis critiqué, et enfin oublié (mais pas par tous). J'ai pris en note les citations qui me semblent incontournables pour apprécier la teneur des propos.

C'est le genre de livre qui ne peut pas laisser indifférent, une sorte d'expérience (qui peut aussi rater par définition) et pour moi c'est le modèle du nouveau roman.

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Pour un oui ou pour un non

"Pour un oui ou pour un non" évoque avec authenticité le langage de l'amitié. Les mots attendus et non dits, les silences qui émeuvent, ceux qui déchirent. Malgré une attente dans l'écriture elle-même, le spectateur/lecteur se laisse prendre au jeu des mots et des susceptibilités. Un petit roman théâtral facile et rapide à lire, plutôt sympathique.
Lien : http://art-enciel.over-blog...
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Enfance

La renommée de Nathalie Sarraute m'a poussé à ouvrir l'un de ses livres, "Enfance", récit autobiographique retraçant l'histoire d'une petite fille originaire de Russie, la Russie d'avant Lénine. Une petite fille de la bourgeoisie, écartelée par un couple séparé, découvrant le monde par une foule de sensations, de regards, de mots, de gestes, de postures et d'odeurs, s'avançant à pas décidés et assurés vers ce qui fonda sa future vie d'adulte: l'écriture et la littérature. Nathalie Sarraute présente ce récit sous la forme d'un dialogue entre l'auteur-narrateur et une sorte de double, de conscience parlante, l'obligeant à rectifier, nuancer ou clarifier le dur travail de mémoire.
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Enfance

Nathalie Sarraute, y raconte, sous forme d'un dialogue avec elle-même, ses souvenirs d'enfance.



Cette période est déchirée entre ses parents, divorcés, et entre la Russie et la France.



N. Sarraute essaye d'être aussi sincère que possible, et son roman s'avère être une sorte d'introspection où elle s'interroge sur la véritable nature de sa mère, froide et distante, et qui finit par l'abandonner complètement à l'adolescence.



Toutefois, elle explique qu'elle renoue ses liens avec sa mère vers la fin du livre.



On assiste dans le livre à un dédoublement du personnage : entre deux parents, entre deux cultures (russe et française), entre deux personnages: Nathalie et sa propre conscience, et entre deux langues. Le livre relate les souvenirs d’enfances de l’auteur. Il n’y a pas de récit rétrospectfif organigé selon une logique temporelle mais le livre nous expose les souvenirs d’enfance de l’auteur selon la perception de l'enfant, les souvenirs apparaissent dans l’ordre dicté par les sensations de l’enfant. Dans ce livre, on remarque que l'enfant est beaucoup plus proche de son père même s'il ne lui montre pas beaucoup de signes d'affection.Elle est délaissée par sd'affection montrée.



Le but de cette autobiographie selon Nathalie Sarraute est de "décrire comment naît la souffrance qui accompagne le sentiment du sacrilège". Sarraute veut retrouver les sensations éprouvées au moment où est remis en question le mensonge originaire, celui de la beauté de la mère.





Elle rencontre différents problèmes de mémoire :



L’oubli : On peut le voir dans les verbes (savoir, se souvenir…) à la forme négative, dans les adverbes (probablement, peut-être…).



L’imprécision du souvenir : Le narrateur introduit des descriptions qu’elle appelle «morceaux de préfabriqué».



Les vides (lacunes du souvenir) : Visibles dans les espaces blancs, piétinements de la répétitions des mots.





Il y a par ailleurs dans le livre deux notions du temps : le temps du souvenir et le temps de l’écriture (le temps de l’histoire) :



Le temps du souvenir : Il est lié à la perception de la conscience enfantine, l’enfant dilate les événements qu’il juge importants et rétracte les autres. Il y a ainsi des ellipses temporelles quand l’enfant ne se souvient pas ou banalise certains faits.



Le temps de l'écriture : Il est rattaché à la double voix et à son rôle. Il y a une dilatation, un grossissement du temps là ou il y a nécessité de réfléchir ou d’approfondir.







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Tropismes

Une autre expérience de lecture très étrange, surtout parce que je m’y suis lancé sans aucune préparation. Sarraute propose 24 pièces courtes, des vignettes, souvent seulement quelques pages, et qui ne semblent reliées par aucune intrigue, existent simplement séparément. J'ai tout de suite remarqué à quel point son style littéraire est mélodieux, cela m'a fait passer spontanément à la lecture à voix haute, et puis il me semblait que les sons avaient une vie propre, séparée du contenu. Parce que ce contenu a nécessité quelques recherches et réflexions. Ce n'est qu'à la seconde lecture que j'ai remarqué que Sarraut presque toujours part d'un constat : de choses, de personnes (non citées nommément), de situations, qu'elle semble décrire de manière impartiale, objective, neutre. Elle le relie immédiatement à une certaine réaction provoquée par ce qui a été décrit, et qu'elle analyse ensuite. Et puis émerge un monde très complexe d'actions et de réactions, des actions liées à des émotions (parfois très intenses) et vice versa, mais toujours considérées comme une sorte d'automatismes, et les personnes impliquées presque comme des automates. Intriguant, mais très froid, comme si l'on observait les mouvements incessants d'une fourmilière ou d'un nid d'abeille. Ce livre est certainement intriguant, mais je dois honnêtement admettre qu'il ne m'a pas réchauffé. Ce genre de littérature « déshumanisée » est bien sûr le fruit des évolutions inhumaines du XXe siècle (il est apparu pour la première fois en 1939, mais n'a percé qu'après l’édition de 1957), mais il suscite spontanément en moi des résistances. Peut-être ai-je, à tort, fermé les yeux sur le caractère inanimé de nombre de nos actions, fruits d’automatismes (inconscients), et chéris-je trop l’illusion d’une interaction humaniste. Mais il est bon que Sarraute garde à l’esprit un autre mode de voir cette réalité.
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Enfance

Lecture si émouvante. Ce dispositif à deux voix nous immerge très facilement dans la mémoire de Nathalie Sarraute, mémoire qu’elle semble très peu réécrire. Tout est dans le sensible. Comment expliquer ces souvenirs cotonneux et fondateurs, douloureux ou heureux…

Une des dernières phrases sublime sur la relation père-fille :

« C’est ainsi qu’il m’appelle parfois (…) Plus jamais Tachok, mais ma fille, ma petite fille, mon enfant… et ce que je sens dans ces mots, sans jamais me le dire clairement, c’est comme l’affirmation un peu douloureuse d’un lien à part qui nous unit… comme l’assurance de son constant soutien, et aussi un peu comme un défi… »

Je me demande quel est le lien entre Nathalie Sarraute et Annie Ernaux - j’y vois quelques ressemblances.



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Enfance

Enfance /Nathalie Sarraute

Nathalie Sarraute, de son vrai nom Natalia (ou aussi Natacha) Tcherniak est née à Ivanovo en Russie en 1900 et morte à Paris en 1999. Elle devint l’une des figures du Nouveau Roman avec la publication en 1956 de son roman « L’ère du soupçon ».

Présentement, il s’agit d’un récit autobiographique concernant son enfance mouvementée. Née au sein d’une famille de la bourgeoisie juive assimilée, famille bientôt déchirée par un divorce quand elle a deux ans, elle est ballottée entre sa mère en Suisse puis en France et en Russie et son père à Paris, chacun ayant refait sa vie, sa mère à Saint - Pétersbourg et son père à Paris. La vie chez son père avec Véra sa belle-mère est très mal vécue par l’enfant entre 1909 et 1917 et constitue l’essentiel de ce récit écrit sous la forme originale d’un dialogue entre Nathalie et son double, sa conscience en somme, qui la met souvent en garde et exprime des scrupules, s’interroge sur la conduite à adopter dans les situations difficile qui ne manquent pas. Une voix assume la conduite du récit et l’autre est la conscience critique.

L’absence de sa mère notamment la fait souffrir et quand elle se remémore plus tard tous ces souvenirs, sa mère n’apparaît jamais. Nathalie s’interroge sur la vraie nature de sa mère qui est froide et distante avec elle, et qui finira par l’abandonner à son père quand elle a neuf ans. Et puis elle évoque cette petite Lili, sa demie sœur qu’elle qualifie de petit être criard, hagard, insensible, malfaisant, un diable, un démon…dont elle est jalouse, couvée qu’elle est par sa mère, Véra.

Ce n’est que bien plus tard qu’elle renouera avec sa mère.



Publiée en 1983, cette autobiographie écrite dans un style fluide et vivant se lit très facilement et couvre les onze premières années de la vie de Nathalie. C’était l’époque où à l’école on apprenait par cœur les départements français avec leur préfecture et sous préfectures, les capitales des états, les règles de grammaire, les fables de La Fontaine, les dates des grandes batailles de l’Histoire (Poitiers, Marignan, Austerlitz… etc. Époque qui a duré jusque dans le années 60 et que j’ai bien connue.

Un témoignage émouvant de cette enfance tourmentée qui voit déjà naître une vocation d’écrivain pour la jeune Natalia qui en a conscience, passionnée par la rédaction de ses devoirs de français pour lesquels elle ne vise que la meilleure note et par la lecture de tous les livres qui lui tombent sous la main. Partagée entre son âme russe et son cœur français, elle est une enfant sensible et son imagination n’a pas de limite. Joies et déceptions se succèdent souvent au gré des paroles des adultes qui peuvent réjouir ou blesser.

Pour elle son enfance cesse le jour où elle entre au lycée Fénelon.

Une très belle autobiographie d’une enfance subtilement évoquée avec nuances et élégance.

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Enfance

Jusqu'ici je n'avais rien lu de Nathalie Sarraute. le "nouveau roman" ne m'a jamais tenté. Mais on m'a parlé de l'autobiographie de son enfance et j'ai sauté le pas.

Dès le début, la vie de l'auteure a été riche et originale. Russe et fille de parents divorcés, Natacha a vécu son enfance surtout à Paris, maîtrisant parfaitement le russe et le français. Sa mère, presque insaisissable, a vécu sa vie. Son père, juif, opposant politique au régime impérial, s'est remarié avec Véra qui joue un grand rôle. La petite fille s'est vite révélée comme sortant de l'ordinaire.

Il est très difficile d'écrire le récit d'une enfance sans la travestir, sans l'embellir ou au contraire l'enlaidir, sans porter un regard d'adulte qui dénature fatalement le passé. Dans cet écrit, l'auteure cherche à rester proche de ses souvenirs d'enfance: des flashs, qui apparaissent dans un certain désordre, mais conformément à un esprit d'authenticité. Elle fait intervenir deux Natacha, la seconde venant mettre en doute certaines affirmations de la première: c'est a priori une bonne idée, même si ça devient peu à peu un élément de rhétorique.

Pendant la lecture, mon intérêt et mon attention ont été en dents de scie. J'ai été captivé par des morceaux de bravoure, alors que d'autres passages m'ont laissé presque indifférent. le quotidien de cette petite fille douée et sensible m'a semblé, alternativement, riche et un peu fastidieux. Mais ça valait le coup de tout lire; l'écriture de Nathalie Sarraute me parait assez agréable. de plus, l'époque décrite – qui finit presque quand la première guerre mondiale commence – est particulièrement intéressante, surtout dans le milieu cosmopolite où vivait l'héroïne.

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C'est beau

De nombreuses oeuvres de Sarraute ont pour point de départ des déclenchements tropismiques un positionnement esthétique, l'affirmation d'un goût artistique et la volonté de son partage. Dans "C'est beau", l'oeuvre d'art, source de débats et d'épanchements entre un couple et leur fils, devient une abstraction, s'effaçant au profit des tensions et pulsions qu 'elle engendre chez chacun d'eux. Dans cette pièce, on s'interroge sur la banalité d'une expression comme "c'est beau" ou "c'est chouette" et l'insatisfaction qui s'en dégage par son caractère inévitablement réducteur. C'est tout le projet sarrautien condensé dans cette courte pièce : donner vie à des réalités changeantes, mouvantes et infinies en jouant avec les contraintes et les limites d'une langue.
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Enfance

Écrire ses souvenirs d'enfance à 83 ans. Nathalie Sarraute a consacré toute sa vie d'écrivaine à ce qui s'échappe, ne ressemble à rien et dont personne ne parle, ce qui se dérobe aux mots, ces mouvements sensibles et indéfinissables, à la limite de la perception, : "J'écris pour essayer de rendre compte de quelque chose qui m'échappe" fut son leitmotiv. Et là, elle voudrait mettre des mots sur des traces d'enfance, quelque chose de fixé, qui ne tremble pas ? Non-non, rétorque-t-elle à cette voix intérieure contradictoire, "...c'est encore tout vacillant [...] il me semble que ça palpite faiblement... hors des mots... comme toujours... des petits bouts de quelque chose d'encore vivant... je voudrais, avant qu'ils disparaissent...".







Quelques pages plus loin, apparaît un paysage de Russie, avec de la neige, éclaircie émergeant d'une brume d'argent : "Ah, tu vois..." fait la conscience, pointant l'image immuable. La voix du cœur répond : "Oui... mais [...] j'ai envie de la palper, de la caresser, de la parcourir avec des mots, mais pas trop fort, j'ai si peur de l'abîmer...". C'est donc un livre d'émotions. Faire remonter le souvenir, comme l'autofocus de l'objectif photo sonde le flou pour donner une image lisible, puis la choyer, l'effleurer d'une interrogation, la préserver avec les mots qu'elle peut.





Partagée entre des parents divorcés deux ans après sa naissance (en 1900 à Moscou), Natacha Tcherniak raconte avec sincérité ses onze premières années. Une prose sobre où, au fil des réminiscences, s'élèvent deux voix, dialogue de l'enfant et de la narratrice, pour freiner ou approfondir les interprétations avec grande finesse : "... une écriture exigeante, jamais assez exempte d'afféteries, toujours plus poreuse à la sensation de l'instant." ("Quinzaines", Rainier Rocchi)





Des mots coupables, disions-nous dans "C'est beau", il y a semblablement dans "Enfance" des mots prisons : "Quel malheur quand même de ne pas avoir de mère", lui dit une gouvernante. Ce mot «malheur» enferme la petite Nathalie, recroquevillée sur son lit. "Je ne resterai pas dans ça, où cette femme m'a enfermée... [...] combien de fois depuis ne me suis-je pas évadée terrifiée hors des mots qui s'abattent sur vous et vous enferment."



Même le mot «bonheur» : "Non, pas ça, pas un de ces mots, ils me font peur, je préfère me passer d'eux [...] ...rien ici, chez moi, n'est pour eux."



Sarraute enfant manifesta tôt une attitude critique à l'égard du langage, explique Laure Himy-Piéri.





Une très belle section est consacrée aux «idées» de Natacha. Ces réflexions qui lui viennent et qu'il est gênant de révéler à sa mère : "La poupée [vue dans une vitrine] est plus belle que maman", "Maman a la peau d'un singe" en voyant le décolleté et les bras nus bronzés. C'est douloureux, elle dit «J'ai mes idées» comme on dit «j'ai la migraine». La phrase, l'idée encombre, il faut la dire et maman la balaiera, d'un mot l'en délivrera. Mais ce ne sera jamais la réponse attendue d'une mère avare d'effusions.





"Enfance" est un projet autobiographique au "je" dédoublé qui ne vise pas à dégager quelque cause psychologique. Ce sont moins les souvenirs qui comptent que la sensation qui subsiste, "... essayer de m'enfoncer, d'atteindre, d'accrocher, de dégager ce qui est resté là, enfoui".





Simple et attachant, intelligent.
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C'est beau

On dirait qu'une paroi tout d'un coup s'est ouverte.

Par la fente quelque chose s'est engouffré,

venu d'ailleurs… (Nathalie Sarraute)

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"Lui : C'est beau, tu ne trouves pas ?

Elle, hésitante : Oui..."



C'est précisément là, entre ces deux répliques, que se glisse le tropisme. Il va déterminer la suite des dialogues entre les parents et leur fils : troubles, questionnements et désarrois. La mère et le père sont embarrassés de dire "C'est beau" devant leur fils. Ça ne passe pas.



Ce n'est pas l'oeuvre d'art désignée par ces mots qui compte – d'ailleurs on ne saura jamais de quoi il s'agit vraiment – mais la confusion éprouvée par des êtres si proches qui ne peuvent pas tout partager, certainement pas leurs goûts artistiques. "Et doivent nécessairement se meurtrir les uns les autres pour se construire en tant qu'individu", commente Arnaud Rykner dans la préface.



En disant c'est beau ou pas, en l'approuvant, on se désigne comme appartenant à tel groupe, tel clan, telle tribu : jeunes ou vieux, etc. On est juste après 1968 : conflit de générations ? C'est plus que cela. On retrouve la Sarraute qui glisse l'incapacité à dire le monde avec les mots, "parce qu'ils figent la sensation qu'ils prétendent désigner" (A. Rykner). On ne peut, on ne doit rien dire de telle merveille, non, surtout pas avec les paroles ordinaires. "C'est beau" est si banal, ne rend rien, pas plus que le "c'est chouette" du fils.





Difficile d'imaginer que ces dialogues duraient une heure et demie en scène (1975, théâtre d'Orsay) : "À peine une demie heure de texte si l'interprétation ne tenait compte, et ne devait tenir compte, de la partition invisible qu'a su lire, transcrire et exécuter en grand maître Claude Régy." (Dominique Jamet, "L'Aurore").



La version radiophonique de ce texte subtil est disponible sur France-Culture (J.P. Colas, 1972, diffusion avant la création au théâtre).



[Des sciences naturelles, "tropisme" est passé dans l'usage littéraire en parlant d'une force obscure, inconsciente qui pousse à agir d'une certaine façon (1914, André Gide). Nathalie Sarraute utilise le terme "tropisme" pour décrire un sentiment fugace, bref, intense mais inexpliqué.]
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Enfance

Très honnêtement je n'ai pas du tout accroché à ce livre...

Je pense que le genre du nouveau roman n'est pas fait pour moi...

Même si suivre les pensée, les souvenirs de Nathalie Sarrault était intéressant, je me suis vite perdue dans les différents "moi" de l'autrice. J'ai même cru au début de ma lecture qu'il y avait deux personnes...c'est pour vous dire...



Sa plume est très belle, fluide et les événements racontés s’enchaînent très bien mais l'absence réel de personnage classique m'a vraiment perturbé.

En bref, ce n'est pas encore pour moi ^^'
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Les Fruits d'or

Ce roman emblématique du Nouveau Roman est un remarquable bijou littéraire qui me fait penser à l’équivalent d’un tableau cubiste dans le domaine de l’écriture. En restant en dehors de toute histoire se déroulant au cours d’un temps bien identifié, Nathalie Sarraute traite un sujet assez clairement délimité mais elle le traite sous tous les angles possibles.



Le sujet est le jugement esthétique. Si on suit les habitudes académiques, il devrait faire objet d’un essai mais pas vraiment d’un ‘roman’. Ce qui est impressionnant, c’est que ce sujet est traité de manière littéraire, sans la distanciation typique d’un essai. Ici le lecteur se retrouve au cœur de la mêlée des relations interpersonnelles , comme s’il y était si je puis dire. Et il se prend en pleine figure les sentiments d’humiliation, de vexation, d’orgueil, de jalousie, de vanité, de doute, bref toute la palette des sentiments humains susceptibles de se déclencher quand on est face à une œuvre littéraire et confronté au jugement concurrent d’autrui face à cette même œuvre littéraire.



Le livre met en lumière tous les mécanismes et phénomènes à l’œuvre dans le jugement esthétique. Et ce qui est intéressant, c’est que ces choses qui paraissent finalement assez évidentes comme le processus de légitimation, de mode, la domination des experts et leur confiscation de la parole face aux néophytes sommés de se soumettre, les coteries, les connivences, la glose un peu creuse des critiques, le bien-fondé des critères de jugement, et bien tout ceci est rendu de manière très vivante sous forme de dialogues ou de monologues intérieurs.



Au final, j’ai lu ce roman comme un plaidoyer pour l’exercice de sa sensibilité personnelle dans le jugement artistique, aux dépens des critères académiques.

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Le Mensonge

Pièce de théâtre savoureuse. Celle-ci se basant sur une critique sarcastique et acerbe des conventions sociales et de la relation parfois conflictuelle que nous pouvons avoir dans l'honnêteté que nous devon ou que nous ne devons pas à autrui.

Par un jeu de rhétorique Nathalie Sarraute permet de mettre en exergue une hypocrisie sociale sur le devoir d'être, le devoir de dire qui finalement entre en contradiction avec des devoirs similaires mais antagonistes.



On y voit également une critique du kantisme. Kant dans Fondements de la métaphysique des moeurs exprime l'idée selon laquelle la vérité est fondatrice du droit et par conséquent elle était un principe inaltérable et in contournable. Schématiquement il conviendra de dire strictement la vérité tout le temps à tout le monde. Ce que Pierre souhaite dans la pièce.

Il en demeurera alors un dilemme sur l'argumentaire à avoir entre s'illusionner des mensonges d'autrui ou déceler chaque mensonge pour expier.



plus que jamais d'actualité.
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Enfance

Un vrai moment de bonheur!

La construction de ce livre le rend extrêmement vivant par l'introduction du dialogue avec son double,
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Enfance

Un dialogue quelque peu original et qui peut perturber au début. Mais on s'y fait. On a l'impression par ce dialogue entre Nathalite Sarraute et son double d'être dans ses propres pensées, et de chercher avec elle, les souvenirs de son enfance. La recherche de souvenirs y est d'ailleurs parfaitement mené, de la joie à la tristesse en passant par la honte, elle nous délivre tous ses ressentis quasi intacts de petite fille. D'une grande honnêteté avec elle-même (et donc avec nous lecteur), elle avoue ses trous noirs, ses incompréhensions à se souvenir de telle personne, de tel lieu, et pas d'un autre et même ses difficultés à mettre un mot sur certains souvenirs.



Un retour en arrière de la petite fille qui petit à petit s'amusera des mots, des langues, à la femme écrivaine.
Lien : http://huitiemedecouverture...
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