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Critiques de Nelly Arcan (98)
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Putain

Quand Nelly Arcan s’est suicidée en septembre dernier (réalisant ainsi l’acte qu’elle avait prévu depuis l’âge de 15 ans), personne n’en a parlé en France, pays qui l’avait pourtant célébré dès 2001 avec la publication de « Putain », son premier livre auto-biographique. Ce silence est, il me semble, une grande injustice. Ce livre est à la fois l'autoportrait douloureux de son auteur et le reflet sans concession d’une société qui valorise l’apparence, incite à la « putasserie » et ne considère la femme le plus souvent que comme « femme-vulve ».

Texte très fort, politiquement incorrect, féministe tout en reflétant les contradictions d'une identité féminine non assumée.
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Putain

"Je pourrais vous décrire la beauté du monde si je savais la voir, mais je suis trop occupée à mourir". Voilà ce qu'écrivait et nous disait Nelly Arcan, que nous avons regardé sans la voir, trop occupés que nous étions à mater "sa" vie qui nous faisait "bander".

Lorsqu'est sorti - Putain - est né le paradoxe, la schizophrénie qui n'ont cessé d'entourer, d'étouffer l'oeuvre littéraire d'Isabelle Fortier.

Cette Canadienne francophone avait un talent littéraire énorme... qu'elle a juste eu le temps de commencer à nous montrer, et des pulsions suicidaires, une impossibilité à "vivre son mal de vivre"... qui ont eu raison trop tôt (? ) de la femme et de l'écrivaine surdouée.

- Putain - sort donc en 2001 ( Nelly Arcan a envoyé le manuscrit au Seuil... ne s'attendant à rien et n'attendant rien... au bout de 15 jours la maison d'édition parisienne la réveille à 6 heures du matin... on ne fait pas attendre le talent !). Elle est aussitôt en lice pour le Médicis et le Femina ( quelle reconnaissance !)... et la proie des vautours médiatiques, qui ont flairé en bons charognards, le parfum du sulfureux et du scandale.

Or si - Putain - fait référence "au plus vieux métier du monde", que son auteure dit avoir exercé pendant plusieurs années, son livre n'est pas "une putasserie" qui racole des lecteurs... c'est de la Littérature... avec un grand L.

C'est une souffrance impudique mais digne, un pathos étouffant et flamboyant, que nous offre sa plume exceptionnelle à travers des phrases fleuves où elle joue avec les mots et les figures, se joue des mots et des figures comme le ferait un acrobate funambulant d'étoile en étoile, partagé entre une inexorable assomption et l'attrait du vide et de la chute.

On connaît tous la fin de l'histoire et il serait bête et indécent de jouer les Sherlock Freud alors que l'assassin a été identifié.

Je ne me livrerai donc pas à une analyse de supermarché. Je me contenterai de souligner que Nelly avait semé sur son trajet littéraire suffisamment de petits cailloux pour qu'on comprenne que seule la mort pouvait soulager sa souffrance, et que si nous n'avons pas vu les petits cailloux, c'est que nous n'avons pas voulu les voir... parce que ce monde qu'elle détestait était peuplé de trop de "larves".

On commence enfin à vraiment s'intéresser à l'écrivaine. Des lieux de culture ont été baptisés Nelly Arcan. Un Prix littéraire portant son nom a été créé. Un film lui a été consacré.

Naissance d'un mythe ? Cette Princesse déchue, rachetée par la littérature concentre autour de sa vie et de son oeuvre tous les éléments pour qu'il en soit ainsi.
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A ciel ouvert

Un roman à corps et à cri… Un corps charcuté et des âmes en détresse, un monde en pixels et papier glacé.



C’est l’histoire de Rose et Julie, une styliste et une scénariste, prêtes à tout pour garder leur homme. Et ce tout, c’est la chirurgie plastique à répétition, c’est une sexualité sans plaisir, c’est être prêtes à mourir pour lui.



Des femmes d’une grande solitude aussi, on ne leur connaît pas d’amies et elles sont coupées de leur famille. Elles ont bien un travail, même passionnant, mais c’est comme si la seule chose qui compte c’est l’Homme et le corps qu’elles modèlent pour lui.



Des hommes qui pourtant n’en demandent pas tant… Si l’un fantasme sur le corps mutilé, d’autres regrettent cet acharnement qui certes embellit la silhouette, mais la transforme aussi en statue impersonnelle.



Rose et Julie sont obsédées par le corps, une folie où la transe mystique s’acquiert à coup de collagène ou de silicone. Il ne s’agit pas seulement de la recherche de beauté et de l’amour, mais de comportements poussés à l’extrême qui deviennent pathologiques et suicidaires.



Une histoire qui se passe dans un monde très éloigné du mien et j’espère qu’il le demeurera pour les prochaines générations. Les poses des stars de magazine sont artificielles, elles ne représentent pas plus la réalité qu’une Cendrillon ou une Belle au bois dormant.

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Putain

Je ne vais pas m'étaler longuement sur ce roman autobiographique de Nelly Arcan que j'ai trouvé affreuseument ennuyant et fort mal construit.



L'auteure nous raconte avec mille détours et figures de style ces trépidantes années de prostitutée à l'hôtel, années noires, lugubres et cauchemardesques, qui ont marquées sa vie à jamais et lui ont fait prendre un tournant radical.

Le problème de ce livre, c'est la construction de l'histoire. Aucun événement ne vient relever le récit, les mots sont balancés à la pelle sans queue ni tête, sans élément connecteurs. Comme dans Belle du seingneur d'Albert Cohen, Nelly Arcan, par cocquetterie ou pour donner un rythme essouflé à ses propos, limite au possible les points finaux censés clores ses phrases. Un genre quelque peu lourd à lire, sans but précis, qui ne m'a pas intéressé plus que ça.



Vous l'aurez compris, je n'ai pas vraiment apprécié le style d'écriture de l'auteure. Mais je souligne l'intimité des propos, les confessions secrètes, souvent pudiques, qui peuvent être choquantes par moment. Pour décrire avec autant de précision les pires moments de sa vie, il faut un profond courage, une clairvoyance à la hauteur des insanités subies. Je respecte le travail effectué, même s'il ne m'a pas touché plus qu'escompté.
Lien : http://addictbooks.skyrock.c..
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Putain

"Putain" de l’écrivaine québécoise Nelly Arcan est un roman, un mélange à base d’autofiction, d’autobiographie et de fiction, qui a suscité des réactions passionnées et diverses depuis sa publication en 2001.

C’est un long monologue théâtral, servi par une plume unique et incisive – que j’ai trouvée beaucoup plus subversive et puissante qu’une Virginie Despentes.



Un aperçu brut et saisissant du monde de la prostitution, ici de luxe, donné par ce roman qui en explore des aspects ignorés et dérangeants ; et qui ouvre ainsi des réflexions sur les questions complexes du rapport aux parents, de l’identité, du désir, de l’instrumentalisation du corps, du façonnage de la perception de soi sous l’influence de la société.



Un roman qui laisse une marque dans le paysage littéraire… et qui vous marque.

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Putain

J'ai abordé ce livre avec la curiosité de celle qui visite les ruines d'un pays en cherchant à comprendre l'origine de ses ravages. Nelly Arcan, cette jeune prostituée montréalaise, s'est donnée la mort en 2009, à l'âge de 34 ans. Qu'est-ce qui a amené cette étudiante en littérature à ne plus espérer au point de s'enlever la vie ? J'ai tenté de trouver des réponses à travers ce roman, sans tomber dans le piège de la suranalyse des traumatismes qui l'ont habitée, encore moins dans le voyeurisme. Même si ses mots laissent en nous une empreinte de mal être, son univers n’est pas moins complexe que celui qui évolue en chacun de nous.



« Putain » est son premier roman, une autofiction débordante de sentiments noirs résultant de comportements autodestructeurs. Quelques pages à peine suffisent à nous éclairer sur les origines de son mal. Entre une mère, qui passe ses grandes journées à dormir et qu'elle qualifie de « larve » et de « cadavérique », et un père qui chasse les putains, on a vite fait de comprendre que Nelly Arcan n'a pas été entourée de modèles positifs.



Les pages de ce roman m'ont aussi révélé sa hantise des femmes et sa misanthropie. Son besoin de plaire et l'image d'un corps qu'elle craint de voir vieillir. C'est d'ailleurs en alliant les mots « femmes » et « féminité » que l'expression de cette crainte est la plus marquée. Un passage du livre : « Je me suis mise à vieillir à toute allure », m'a rappelé Marguerite Duras qui disait dans « L'amant » : « J'avais à 15 ans le visage de la jouissance et je ne connaissais pas la jouissance. Tout a commencé de cette façon pour moi, par ce visage voyant, exténué… en avance sur le temps… ». Les ressemblances dans leurs écrits sont frappantes. Le style est tout autre, Duras ayant une plume incomparable, beaucoup plus fine et subtile, mais leur vécu comporte un nombre infini de similitudes, notamment celle de faire l'expérience de la sexualité à un âge beaucoup trop précoce.



Pourquoi ne suis-je donc pas arrivée à aller au bout de cette lecture ? Le style est lourd, un immense cri de détresse sans points ni ponctuations. S'ajoute au style un ton vulgaire qui m'a vraiment déplu. N'allez pas croire que je pense nécessaire d'exprimer son mal de vivre dans le but d'obtenir des distinctions de l'Académie française. Je crois seulement que, pour demeurer authentique face à son vécu, il ne soit pas nécessaire de communiquer avec une telle disgrâce. Un minimum de pudeur ajoute sans doute une meilleure crédibilité aux yeux du lecteur. C'est un avis personnel, bien sûr... J'en arrive maintenant à ce qui m'a vraiment percutée : la paradoxalité de son discours. Nelly Arcan aborde dans ses ouvrages des thèmes tels que l'influence de l'image chez la femme, la marchandisation du corps et le suicide. Elle dénonce haut et fort le commerce de la prostitution qu'elle refuse pourtant de quitter. Pour toute réponse, elle dira que « c'est peut-être à cause d'une tendance naturelle que j'ai à me dévêtir et à m'étendre à toute heure ». J’ai franchement été agacée de l’entendre parler de l’image corporelle de la femme, affirmant que les femmes ne se sentent le besoin d’exister qu’à travers le regard des hommes. J’ai beaucoup de difficulté à comprendre que, même avec une conscience aussi aiguë des raisons qui poussent les femmes à devenir des esclaves de leur image (époque axée sur l’image et la minceur), elle n’ait pas réussi à s’en affranchir elle-même. Son roman est à mes yeux un tissu de provocations qu’elle alimente à travers une allure hyper-sexualisée et des propos uniquement centrés sur le sexe. J’ai le sentiment d’avoir perdu mon temps alors qu’une tonne de romans croulent sous mes pieds…


Lien : http://www.lamarreedesmots.c..
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Peggy

Il est extrêmement difficile de faire une critique d'un texte de dix sept pages, mais je vais essayer.

Je dirai que Nelly Arcan a réussi le défi de décrire parfaitement les sentiments et les contra(di)ctions d'une adolescente qui se découvre, se déteste, en aime une autre puis la déteste, et se réfugie dans les livres pour (se) guérir. Tout y est, il n'est pas besoin d'une page de plus, toute l'adolescence est dans ces quelques pages, dans ces hésitations, dans ces émotions, dans ces déceptions, dans ses détestations… vive l'adolescence!
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Putain

Il y a longtemps que je voulais découvrir l'oeuvre de Nelly Arcan. J'ai des souvenirs d'elle sur les plateaux télé alors que j'étais adolescente. Ses cheveux blond platine, sa plastique impeccable, le sexisme des hommes et la jalousie des femmes autour.



Dans « Putain » l'autrice et narratrice raconte son expérience d'escort. Entre deux clients, dans sa maison close à Montréal, elle revient sur son enfance et se souvient de son père, coureur de jupons, dévot à l'extrême, et de sa mère qu'elle traite de « larve » et de « cadavre ».



Dans l'univers très sombre de Nelly Arcan, les femmes sont soient des « larves », dans l'attente passive de faire bander les hommes, soit des prostituées s'adonnant à la « putasserie » comme elle ou bien des "Schtroumpfettes", les plus jeunes d'entre elles.



Dans l'univers très sombres de Nelly Arcan, les hommes sont excités par leur propre fille ou bien par d'autres femmes que la leur, des putes qui ont l'âge de leur fille. D'ailleurs, Nelly craint de voir un jour débarquer son père dans sa chambre et elle fantasme sur la venue de son psychanalyste, les deux hommes qu'elle ne pourra jamais avoir.



Cette lecture est éprouvante car il n'y a aucune lueur d'espoir, aucune étincelle. La jeune fille subit, traîne son mal-être existentiel et sa vision du monde tronquée. Jamais elle exhorte à se rebeller, à lutter contre le patriarcat. Pourtant ce témoignage rend largement compte de la domination des hommes sur les femmes. Point de sororité, mais de la compétition, voire de la misogynie.



Heureusement, il y a les mots et ce flot de phrases entêtant, comme un cri, qui ne nous laissent à peine respirer. Ce texte à la ponctuation chahutée ressasse jusqu'au dernières lignes, nous répète les motifs obsédants de Nelly Arcan. La mort, l'inceste et la folie planent.



Tour à tour Isabelle Fortier, Nelly Arcan ou Cynthia, à vouloir se réinventer et se protéger derrière des noms d'emprunt, ne se serait-elle pas dissoute dans ses multiples identités ?



A écouter, le super podcast « Putain de Nelly Arcan : pourquoi on la redécouvre enfin quatorze ans après sa mort ? » avec Ovidie, qui nous éclaire sur sa vie et ses écrits autobiographiques et nous invite à la relire.



Un texte court mais très dense, émotionnellement difficile.
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Putain

Un texte brut, bien plus que les mémoires d'une étudiante qui se fait escort-girl, il éclaire tragiquement des questions féministes.



Quelle est donc la nature de cette toute-puissance offerte par un corps féminin jeune désiré ardemment par les hommes, et qui pourtant tourne à la coercition sexuelle pour les femmes ?



Un piège se referme alors : la jeune femme désirable sera soit "coincée" si elle se tient à l'écart des jeux de séduction sexuelle, soit "allumeuse" si elle se dérobe avant la fin, soir une "pute" si elle donne ce qui est attendu. Que chacune choisisse sa voie, amen.



On comprend donc bien comment l'on peut choisir de se faire putain (de luxe) par jusqu'au-boutisme, pour explorer le paroxysme de cette relation névrosée de domination jusqu'à s'en détruire.

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Putain

Ne cherchez pas l’intrigue ni le dénouement car ce récit n’est pas un roman. C’est un regard terriblement lucide et dur sur la vie et le rôle de la femme dans la société. Ces femmes jetées en pâture aux mâles qui exigent de la jeunesse et de la beauté afin de satisfaire leurs besoins sexuels. C’est l’introspection d’une jeune femme teintée de ses névroses. Un texte profond et dérangeant qui ne m’a pas laissé indifférente, bien au contraire. Le style d’écriture n’est pas facile, les phrases sont interminables et le texte comporte beaucoup trop de répétitions.
Lien : http://gustavelechat.wordpre..
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Putain

Ce récit auto-fictif ressasse les heures de travail d'une escorte girl, le défilé des clients, le dégoût de soi, mêlé aux souvenirs d'enfance entre père absent et mère dépressive. Étudiante, la narratrice délaisse rapidement les salles de cours pour les chambres d'hôtel dans le but avoué de gagner toujours plus d'argent. Elle décrit avec une lucidité glaçante le cercle vicieux de la jeunesse, de la beauté, du sexe, de l'argent pour rester la plus belle, satisfaire le client, etc. Loin de l'autrice l'idée d'en faire un récit érotique. Ses longues phrases obsessionnelles disent le dégoût de l'autre, du client, le dégoût du père, le dégoût de la vieillesse, tout autant que le dégoût de soi. Elles disent la manière dont l'étau se resserre autour d'un environnement social de plus en plus restreint. Putain est un récit angoissant, une spirale oppressante, dressant le portrait hyper-lucide de l'envers de nos sociétés.

Nelly Arcan s'est suicidée en 2009 à l'âge de 34 ans. Son récit se fait l'écho sidérant d'un certain type d'exploitation féminine physique et psychologique. En ce sens, il vaut le détour.

Nelly Arcan a par ailleurs fait l'objet de plusieurs publications, notamment scientifiques : "Nelly Arcan : de l'autre côté du miroir" de Marguerite Paulin , "De Marie de L'Incarnation à Nelly Arcan: Se dire, se faire par l'écriture intime" de Patricia Smart , et "Nelly Arcan, Trajectoires Fulgurantes" d'Isabelle Boisclair .
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Burqa de chair

Près de deux ans après la mort de Nelly Arcan, un nouveau livre portant sa signature est en librairie. Burqa de chair propose deux récits inédits, soit La robe et La honte, qui relate une expérience humiliante sur un plateau de télévision. Une version allongée de L'enfant dans le miroir, un «conte cruel pour jeunes filles» fait également partie de l’ouvrage.

On peut se demander l’intérêt (sinon financier) de cette sortie posthume. D’abord parce que les textes sont en lecture libre sur le site de Nelly Arcan (qui continue à vivre malgré sa mort), ensuite parce que si elle n’a pas jugé bon de les publier de son vivant, c’est qu’il y avait une raison. Pourquoi ne pas respecter ses volontés ? Son œuvre ?



Née dans les Cantons de l'Est en 1973, Nelly Arcan, de son vrai nom Isabelle Fortier, s'est fait connaître en 2001 avec Putain, un premier roman percutant et dérangeant.



L’écriture est crue, dérangeante mais elle dissèque les sentiments au scapel.

Ex escort-girl, Nelly Arcan interroge l’âme et le corps. Elle jette un regard sans complaisance sur les hommes, les relations humaines, le sexe, la société. Son personnage, bien que plein de contradictions et de paradoxe, est touchant. Ses confidences glauques et douloureuses sont bouleversantes. On y sent poindre la folie, la dévalorisation de soi, la honte. Et en cela son personnage est attachant ; de même que par sa lucidité. On touche du doigt le désespoir qui l’habite. L’ombre du suicide rode déjà sur ses textes.



Pourquoi ce livre ? Ce n’est pas un récit, ce n’est pas une histoire et cela donne juste une image de Nelly Arcan (qui n’est plus là pour expliquer, défendre), cette météorite dans le monde littéraire québécois, qui publia 4 livres en huit ans avant de se donner la mort en septembre 2009.

Un livre qui laisse une sensation de malaise mais donne envie de découvrir cette femme dont je n’avais jamais entendu parler.



Un plus : la très belle préface de Nancy Huston.

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L'enfant dans le miroir

Voilà un objet inclassable, magnifique et hypnotique. Conte, album, livre, nouvelle ? Inclassable !



Une nouvelle de Nelly Arcan mise en images de façon magistrale par Pascale Bourguignon !



Une petite fille à la recherche de son reflet, son image, son identité. Dans les yeux de son père, de sa mère ou de l’inatteignable miroir ? Un corps en devenir. Un corps de femme, le sien. Mais à qui appartient le corps des femmes.



Mille mercis et mille bravos à Pascale Bourguignon pour cette superbe adaptation !
Lien : https://www.noid.ch/lenfant-..
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Burqa de chair

Quelle autrice ! Quelle écriture ! Un livre écrit en plusieurs étapes, rassemblé et publié après son suicide. Quelle tristesse !



Nelly Arcan nous parle, presque sereine (en tout cas avec plus de distance et termine en parlant d'elle à la troisième personne), de sa relation au corps, à sa mère, à la beauté, à son image et au regard de l'autre.



Avec une préface émouvante et méritée de Nancy Huston sur l'importance de l'oeuvre de Nelly Arcan
Lien : https://www.noid.ch/burqa-de..
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Putain

Ce roman est un peu étrange tant il fait écho à la destinée de l'auteure.

On ressent tout son mal-être et ça nous met mal à l'aise quand on sait qu'elle en est arrivée au suicide. Son père qu'elle cherche tant bien que mal à travers ses clients, sa mère qu'elle traite comme une moins que rien. Son rôle de schtroumpfette qui doit se taper tout le village pour être toujours la plus désirable des putains. On lit une sorte de testament avec des phrases de plusieurs pages.

Vraiment étrange comme lecture que j'ai mis du temps à parcourir tant elle me fut pénible mais magnifiquement bien écrite.
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Burqa de chair

Burqa de chair, ouvrage posthume de Nelly Arcan (il a été publié 2 ans après sa mort), est un petit recueil de différents textes.

D’abord, la préface de Nancy Huston «Arcan, philosophe» présente un lien intéressant entre Nelly Arcan et le nihilisme. Elle mentionne que les nihilistes rejettent «l’existence des corps» et que selon Schopenhauer, la vie s’avère un échec et qu’il serait préférable de ne pas être né. En ce sens, grâce à cette préface, le lecteur est amené à lire les textes de Nelly Arcan autrement. Par exemple, dans «La robe de chambre», on retrouve cet extrait :

Ça n’a pas toujours été comme ça. Je n’ai pas toujours pensé comme ça. Vouloir mourir, ce n’est pas naturel tout de suite, ce n’est pas donné tout de suite à la naissance. Vouloir mourir dépend de la vie qu’on a menée. C’est une chose qui se développe et qui arrive quand on est mangé par son reflet dans le miroir. Se suicider, c’est refuser de se cannibaliser davantage. (p. 39)

Nancy Huston relève le génie de Nelly Arcan. Elle dit que cette dernière a su démontrer que les obsessions, les peurs et les craintes sexuelles sont tributaires de l’enfance et qu’elles conditionnent l’adulte.

Cette préface jette un autre regard sur le travail de Nelly Arcan, un regard empreint de dualité comme l’était l’écrivaine…De surcroît, Nancy Huston met l’accent sur la plume de Nelly Arcan et elle souligne son intelligence.

Style unique, immédiatement reconnaissable, lapidaire, désopilant, cruel, décapant, dont le vocabulaire a la précision d’un scalpel et la syntaxe la souplesse d’un saut à l’élastique : phrase à relance dont l’énergie se renouvelle de clause en clause, indéfiniment. Et moi qui l’ai sous-estimée, mésestimée, moi qui regrette d’être passée à côté de cette femme de son vivant, de ne pas l’avoir lue avant sa mort, moi qui en veux, aussi, un peu, à la presse, de ne pas avoir signalé avec suffisamment d’insistance que c’était un auteur étonnant, brillant, original, surdoué […], j’estime maintenant que la lecture de ses livres devrait être obligatoire dans tous les lycées et universités du monde occidental. En quelle matière? En philosophie. (p. 10)

« La Robe »

Cette nouvelle présente différents petits écrits assez indépendants les uns des autres… Nelly Arcan aborde, entre autres, les thèmes de la vie, de la mort, de la honte, du suicide… Elle parle également du rôle de la mère, de l’absence du père, de la femme dans la société, des relations humaines, etc. Par exemple, la robe de chambre devient la métaphore de la prison de la femme et cette prison habille tantôt la mère, tantôt la fille…

Toutes les mères du monde portent une robe de chambre qui devient ensuite le chemin obligé des filles. Petite, je trouvais ma mère belle. Une femme, c’est d’être belle. Même en jouant à la marelle, même en s’accouplant, même en enfantant, c’est toujours d’être belle. C’est un sort atroce parce que la beauté est à l’abri de toutes les révolutions. Pour être libre, il faut faire la révolution. Les femmes ne seront jamais libres. Les mères seront toujours la première prison des filles. (p. 42)

« L’enfant dans le miroir »

Cette nouvelle, c’est l’histoire d’une petite fille blonde s’observant, allant à la rencontre de son double… Il y a un extrait choc dans cette dernière…

À force de se regarder on finit par voir son intérieur et il serait bien que tout le monde puisse le voir, son intérieur, son moi profond, sa véritable nature, on arrêterait peut-être de parler de son âme, de son cœur et de son esprit, on parlerait plutôt de poids et de masse, de texture et de couleur, on parlerait de la terre, on en finirait avec nos affinités avec le ciel et nos aptitudes à s’envoler, on cesserait peut-être de se croire immortels. (p. 74)

« La Honte »

Nouvelle composée de quatre parties rédigée à la troisième personne alors que les autres nouvelles sont au je, raconte l’humiliation vécue par Nelly Arcan lors de son passage à l’émission Tout le monde en parle animée par Guy A. Lepage. Le lecteur peut ressentir l’émotion vécue par le personnage et son traumatisme le faisant basculer aux limites de la folie.

Deux essais déjà publiés du vivant de l’écrivaine terminent Burqa de chair :

« Le speed dating »

« Se tuer peut nuire à la santé »

J’ai particulièrement apprécié la préface de Nancy Huston car elle nous fait voir différemment cette femme trop souvent admirée pour son corps et non pour son talent. Elle nous amène ailleurs, au cœur de la pensée nihiliste…

Mais encore, j’ai aimé retrouver la plume de l’auteure de Putain, ses paradoxes, son désir de plaire, ses souvenirs d’enfance. Entrer dans l’univers de Nelly Arcan, peu importe le livre, c’est toujours une expérience. Je m’incline devant la puissance de ses écrits, j’admire sa perception des relations et sa façon de nous faire voir une vérité, la sienne…

Comme elle le fait remarquer à propos du suicide :

C’est peut-être parce que (entre mille autres choses) le maternage de l’État qui organise tout à distance de la réalité quotidienne de ses citoyens va de pair avec la déresponsabilisation de ces mêmes citoyens face à la misère de leurs proches. Il ne faut pas oublier que les barrières les plus solides contre la détresse des gens qui nous sont chers, c’est encore vous et moi. (p. 165)

Il importe de rappeler que Nelly Arcan s’est donné la mort le 24 septembre 2009.

Lire du Nelly Arcan, c’est profond, puissant, sombre… Il ne faut surtout pas cesser de la lire, de la relire… elle mérite sa place au firmament des grands écrivains…

https://madamelit.me/2017/02/15/madame-lit-burqa-de-chair/
Lien : https://madamelit.me/2017/02..
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Putain

"La prostitution est-elle un 'métier comme les autres' ?", "L'exerce-t-on par choix ou par contrainte ?", "En sort-on (indemne) ?", "Comporte-t-elle des éléments de satisfaction voire du plaisir ?", "Faut-il la proscrire ? punir ? qui punir ?" - Questions ô combien dérisoires ! Complexité ô combien plus pesante du réel...



C'est ce qu'indique ce premier ouvrage littéraire, texte d'autofiction de cette météore prodigieuse et tragique qu'a été Nelly Arcan, connue grâce à Nancy Huston et qui a tout pour m'impressionner durablement. Le style (et sans doute la circonstance de l'écriture) emprunte le discours psychanalytique : flot ininterrompu d'une parole qui se cherche un sens et tourne en rond dans de très longues phrases, se répète et digresse et s'associe librement, renvoie - dans une "dimension scandaleusement intime" - à l'enfance et à des figures parentales particulièrement détestées (et détestables) - la mère larve, le père prêt à surgir de derrière la porte sous les traits d'un client - comme origine de l'infini malheur, de l'incapacité d'amour et de la haine de soi de la narratrice, dont la prostitution n'est qu'un épiphénomène. Celle-ci est portant disséquée sans complaisance, souvent par des mots crus, mais dans une démarche proprement analytique dont le centre est la personne elle-même, avec sa "putasserie" et son identité de "schtroumpfette bandante" totalement assumées.

Dans un entretien télévisé datant environ de la parution de l'ouvrage, Arcan concède qu'elle ne récuse pas l'éventualité de l'existence de l'amour, peut-être pas pour elle-même cependant. Ce n'est pourtant pas ce qui ressort de la lettre du texte, dont la prose ténébreuse et morbide témoigne de l'immanence de la pulsion suicidaire - le passage à l'acte surviendra seulement huit ans et quatre livres plus tard...

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Putain

Ouf quoi dire après ce séjour dans la tête Nelly Arcan?

Que huit ans avant son suicide, elle hurlait déjà son mal de vivre dans ses écrits!

Je sais que certains me diront : Ouiii, mais bon, vous dites cela maintenant, mais c’est un biais rétrospectif! Il est si facile de dire qu’une chose était évidente alors qu’elle s’est déjà produite.

Peut-être!! Reste que j’ai été dérangé pendant toute ma lecture, par le fait que tout ce que j’y voyait dégoulinait d’un mal de vivre sanguinolent.



C’est une lecture pénible où l’on continu de tourner les pages pour la même raison que l’on continu de regarder la vidéo d’un accident. On sait déjà comment tout cela va se terminer et pourtant on ne peut s’empêcher de regarder…



Je l’ai terminé rapidement, pas parce que je l’ai apprécié mais parce que je voulais que ça finisse au plus vite. Les phrases interminables de l’autrice m’oppressaient. Les sempiternelles reproches à ses parents, qu’elle maudit tout au long des 187 pages m’affligeaient.

Je ne pouvais m’empêcher de penser : Au lieu d’aller voir son psychanalyste, à qui elle vomissait sa vie sans jamais le regarder en face, il aurait peut-être été plus utile qu’elle fasse une thérapie familiale. Mais ça aussi ce n’est qu’un exemple du biais rétrospectif.

Bref une lecture bien déprimante dans les pensées d’une femme qui ne pouvait/savait pas aimer la vie…

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Paradis clef en main

Comme un exorcisme, Nelly Arcan s'amuse avec l'idée du suicide et avec les relations mère-fille. Un jeu qui semble, à postériori, bien macabre.



Antoinette veut mourir, elle s'adresse alors à une société secrète qui propose des suicides clef en main.



Une fiction un peu convenue (qui pourrait faire penser à Amélie Nothomb) et bien en deçà de A ciel ouvert et de ses ouvrages autobiographiques Putain, Folle ou Burqa de chair.



Peut-être pas la meilleure porte d'entrée pour cette autrice remarquable qu'il faut absolument lire ! Il faut lire Nelly Arcan !
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Putain

Je ne suis parvenu au bout de cette asphyxiante logorrhée qu'en raison de sa relative concision.



J'ai vite été épuisé par cette lecture en apnée délibérément provoquée par un style convulsif néanmoins parfaitement adapté au contenu.

Des phrases interminables, hachées de virgules, de retours, de répétitions.

Je dois avouer qu'en dehors de quelques fulgurances qui dépeignent de façon froide et quasi clinique la dimension sordide de la rencontre client / prostituée, la litanie redondante de Nelly Arcan ressassant en boucle sa rancoeur envers ses géniteurs m'a passablement gavé.



Je ne peux que constater mon imperméabilité au style de l'auteure tout en regrettant qu'elle m'ait peut-être fait passer à côté de son message.





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