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Citations de Oliver Sacks (345)


Le théâtre apporte plus encore : le rôle a en effet le pouvoir d'organiser, de conférer, le temps de sa durée, une personnalité entière. L'aptitude à exécuter, à jouer, à être, semble être un "don" de la vie en un sens qui n'a rien à voir avec le quotient intellectuel.
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Nous avons cinq sens dont nous tirons fierté et que nous célébrons ; ils construisent pour nous le monde sensible. Mais il en existe d'autres, plus secrets - des sixièmes sens, en quelque sorte -, tout aussi vitaux, qui restent méconnus et dont nous ne vantons pas les mérites. Ces sens inconscients, automatiques, ont été découverts assez tardivement : les victoriens les ont vaguement appelés "sens musculaires" - la conscience de la position relative du tronc et des membres provenant des récepteurs situés dans les jointures et les tendons ; en fait ils ne furent vraiment définis que dans les années 1890. On les baptisa alors du nom de "proprioception".
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La première fois que je la vis, je me demandai s'il n'était pas condamné à une sorte de futilité humienne à un flottement sans signification à la surface de la vie, et s'il y avait un moyen possible de dépasser l'incohérence de son trouble humien. La science empirique me dit que non mais la science empirique, l'empirisme, ne tient pas compte de l'âme, ni de ce qui constitue et détermine l'être humain comme sujet. Peut-être y a-t-il là une leçon à la fois philosophique et clinique dans le syndrome de Korsakov, dans la démence ou dans d'autres catastrophes du même genre, si graves que soient les dégâts organiques qui entrainent cette dissolution humienne il reste toujours la possibilité entière d'une restauration de l'intégrité grâce à l'art, la communion, le contact avec l'esprit humain et cette possibilité demeure même que là où nous ne voyons de prime abord que l'état désespéré d'une destruction neurologique.
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Pour Hume, l'identité personnelle est donc une fiction - nous n'existons pas, nous sommes qu'une suite de sensations ou de perceptions
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(Si un homme a perdu un œil ou une jambe, il sait qu'il a perdu un œil ou une jambe ; mais, s'il a perdu le soi - s'il s'est perdu lui-même -, il ne peut le savoir, parce qu'il n'y a plus personne pour le savoir.)
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Il faut commencer à perdre la mémoire, ne serait-ce que par bribes, pour se rendre compte que cette mémoire est ce qui fait toute notre vie. Une vie sans mémoire ne serait pas une vie (...) Notre mémoire est notre cohérence, notre raison, notre sentiment, et même notre action. Sans elle, nous ne sommes rien (...)
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...les paroles de la mère, et le monde où elles s'inscrivent, doivent correspondre à l'expérience sensorielle du nourrisson : elles ne deviennent signifiantes qu'en étant corrélées ou confirmées par ses sens, qu'en rencontrant ses propres expériences du monde. C'est ainsi, et ainsi seulement, qu'il peut passer de la sensation à la "signification"', s'élever au-dessus de ses perceptions pour entrer dans l'univers des concepts - et que son expérience peut elle-même se charger de signifiance, grâce à cette intériorisation du langage maternel.
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Il participait à la sainte communion avec une intensité plénière et sereine, dans un état de concentration et d'attention totales. A ce moment là, le phénomène d'oubli, le syndrome de Korsakov disparaissait et n'était plus même concevable, car, cessant d'être à la merci d'un mécanisme défaillant ou défectueux, celui de phrase ou de souvenirs dépourvus de signification, il se trouvait absorbé dans un acte engageant tout son être, qui portait du sens et de l'émotion en une unité et continuité organiques, unité et continuité si consistantes qu'elles ne laissaient place à aucune fissure.
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L'imaginaire musical normal franchit parfois un seuil au-delà duquel il devient pathologique, pour ainsi dire. C'est le cas en particulier chaque fois que la répétition incessante de tel ou tel morceau de musique nous porte sur les nerfs : il peut arriver qu'une courte phrase ou un thème de trois ou quatres mesures bien circonscrites nous tourne dans la tête pendant des heures ou des jours avant de cesser de se faire entendre. (P63)
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Parce que le discours - le discours naturel - ne consiste pas seulement en mots, ni (comme le pense Hughlings Jackson) en "propositions". Il consiste en une procréation - par laquelle tout notre être émet tout son sens - dont la compréhension implique infiniment plus que la simple densification des mots. Là était la clé qui permettait aux aphasiques de comprendre, même lorsque les mots comme tels leur échappaient totalement. Les mots, les constructions verbales per se, peuvent en effet très bien ne rien transmettre, mais le langage parlé est normalement baigné de "ton", enveloppé d'une expressivité qui transcende le verbal - et c'est précisément cette expressivité, si profonde, si variée, si complexe, si subtile, qui se trouve parfaitement préservée dans l'aphasie, même si la compréhension des mots est détruite. Préservée, et souvent même amplifiée de façon surnaturelle...
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Elle est dénervée, désincarnée, c'est une sorte de revenante.
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L'absence de soutien et de sympathie de la part de la société est pour elle une épreuve supplémentaire : invalide, mais d'une invalidité dont la nature n'est pas claire - car, après tout, elle n'est ni aveugle, ni paralysée, elle n'a rien d'évident -, on a tendance à la traiter comme une simulatrice ou une folle. Tel est le sort de ceux dont les sens cachés sont déréglés .
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"Ces patients fossilisés dans le passé ne se sentent chez eux, rassurés, que dans le passé. Le temps pour eux a marqué un arrêt."
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[…] le nourrisson de six mois reconnaît une vaste gamme de visages individuels, y compris quand ils appartiennent aux membres d’une autre espèce que la nôtre (les auteurs de cette étude ont utilisé des photos de singes). Vers neuf mois, cependant, les bébés ne continuent à convenablement reconnaître les visages de singes que si l’exposition à ces données a été continuelle ; et ils apprennent dès l’âge de trois mois à restreindre leurs modèles de « visages » à ceux auxquels ils sont fréquemment exposés. Les implications de ces recherches pour le genre humain sont des plus profondes : des visages occidentaux peuvent tous sembler relativement « identiques » à un bébé chinois élevé dans son propre environnement ethnique, et vice versa.
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Devrions-nous vraiment souffler le nom manquant à un ami ou à un patient qui a oublié le patronyme de quelqu’un ? Moi qui n’ai aucun sens de l’orientation, qu’est-ce que je préfère ? Qu’on m’évite de partir dans une mauvaise direction ou qu’on me laisse m’escrimer à trouver le bon chemin par moi-même ? Jusqu’à quel point quiconque aime-t-il qu’on lui « dise » quoi que ce soit ?
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(p. 165)
En ce XIXème siècle où un esprit puissant pouvait toujours tenir la tonalité de la nature pour un objet d'étude, l'éminent naturaliste Alexander von Humboldt, chercheur qui avait voyagé toute sa vie à des fins scientifiques, entreprit à soixante-dix-huit ans de brosser un grandiose panorama synthétique de l'univers : il fait part de tout ce qu'il avait vu et pensé dans sa dernière œuvre, intitulée "Cosmos", et la rédaction du cinquième volume de cette description du monde était bien avancée quand il finit par mourir à l'âge de quatre-vingt-neuf ans. A notre propre époque où même les plus grands esprits sont incapables d'embrasser un horizon aussi vaste que celui qu'Humboldt avait tenté de contempler, le théoricien de la biologie évolutionnaire Ernst Mayr a publié à quatre-vint treize ans son "Qu'est-ce que la biologie ?", magnifique livre traitant de l'essor et de la portée de la biologie qui conjugue admirablement la largeur de vue à laquelle seule une vie entière de réflexion permet d'accéder à l'impatiente immédiateté de l'observateur d'oiseaux passionné que son auteur avait été huit décennies plus tôt, et, comme il écrit, cette passion est la clé de la vitalité dont le grand âge peut s'accompagner.

Le plus important est d'avoir été fasciné par les merveilles du monde vivant. Et cette attitude perdure chez la plupart des biologistes tout au long de leur vie. Ils n'abandonnent jamais leur passion de la découverte scientifique [...], ni leur désir de rechercher de nouvelles idées, de nouvelles façons de comprendre, de nouveaux organismes.
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... la communauté sourde constitue un ensemble supranational qui est comparable, en quelque sorte, à la diaspora juive ou à d'autres groupes ethniques et culturels transnationaux ; et elles dénotent peut-être l'apparition d'une communauté sourde paneuropéenne qui pourrait s'étendre un jour bien au-delà de l'Europs, dans la mesure où la communauté sourd recouvre en fait le monde entier.
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Il est clair que le patrimoine génétique ne peut expliquer à lui seul la prodigieuse complexité connexionnelle du système nerveux, car, quels que soient les invariants prédéterminés, une diversité additionnelle apparaît au cours du développement postérieur.
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L'idée ancienne selon laquelle la perte de l'audition susciterait parfois une "compensation" au niveau de la vision ne peut être simplement imputée à l'usage des Signes. Tous les sourds - mêmes les sourds postlinguaux qui vivent encore dans un monde de paroles - voient leur sensibilité visuelle s'affiner et tendent à faire davantage appel à la visualité.
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Au XVIe siècle, soutenir que la compréhension des idées ne dépendait pas de l'audition des mots étaient une thèse révolutionnaire. [...]Il a toutefois existé des langues exclusivement réservées à l'écrit ; pendant plus d'un millénaire, l'élite de la bureaucratie chinoise usa d'un langage érudit qui n'était pas destiné à être parlé et restait même inintelligible à l'auditeur qui tentait de le lire à haute voix.
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