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Citations de Olivier Adam (2072)


Je sais le poids des morts. Et je sais le mauvais sort. Je sais la perte et le saccage, le goût du sang, les années perdues et celles qui coulent entre les doigts. Je connais la profondeur des sables, j'en ai éprouvé la résistance, la matière meuble, équivoque. Je sais que rien n'est fiable, que tout se défait, se fissure et se brise, que tout fane et que tout meurt. La vie abîme les vivants et personne, jamais, ne recolle les morceaux, ni ne les ramasse.
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On ne sait jamais rien de ce qui se noue entre les êtres, eux-mêmes souvent l'ignorent, et le découvrent en se perdant.
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Nos vies sont les mêmes. Nos vies se débattent, crient dans la nuit, hurlent et tremblent de peur. Infiniment nous cherchons un abri. Un lieu où le vent siffle moins fort. Un endroit où aller. Et cet abri est un visage, et ce visage nous suffit.
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Olivier Adam
"Paris, le 12 mai 2020
Mon cher, ma chère compatriote,
Je t’admire, tu sais. Oh oui comme je t’admire. A toi, on ne la fait pas, hein ? Tu connais tout du dessous des cartes, n’est-ce pas ? Qui nous ment et ce qu’on nous cache. Qui tire les ficelles et à qui profite le crime. En toutes choses, tu sais ce qu’il faut faire. Ce qu’il aurait fallu. Ce qu’il faudra. Tes compétences sont sans limite. L’étendue de ton savoir est infinie. Ton instinct infaillible.
Je t’ai connu économiste, sociologue, historien, juge, procureur, scénariste, sélectionneur de l’équipe de foot.
Je te découvre ces jours-ci virologue, épidémiologiste, spécialiste de la gestion de crise sanitaire et des pandémies. Vraiment tu m’impressionnes. Je te lis dans les journaux et sur les réseaux sociaux. Je t’écoute à la radio, à la télévision et dans la queue chez le maraîcher, dans les allées du G20.
Et comme je t’envie. Comme ce doit être grisant de tout savoir sur tout et d’avoir toujours raison. D’avoir des réponses si simples à tant de questions si complexes – et parfois le contraire. D’être expert en tant de disciplines. De toujours savoir qui incriminer. Qui croire et qui condamner. De redresser tant de torts. De déjouer tant de complots. De déciller tant de naïfs. De détenir la vérité et de l’avoir confisquée une fois pour toute à ceux qui ne la méritent pas.
A ceux qui ne savent pas s’en servir. Les hésitants. Les indécis. Les pointilleux. Ceux qui ne savent pas toujours.
Qui se demandent. A qui il semble. A qui il faut des preuves. Qui questionnent. Tempèrent. Disent ce n’est pas si simple. Coupent les cheveux en quatre. Les apôtres de la nuance. Les maniaques de l’objection. Ces pleutres qui n’éructent pas sur les réseaux sociaux. Ne signent pas de tribunes ou de posts incendiaires, pleins de rage, péremptoires et justes par conséquent. Justes par définition. Justes par la loi de celui ou de celle qui gueule le plus fort. Ces lâches qui ne donnent pas leur avis sur tout à la télé, à la radio, sur les réseaux, au café, en famille, entre amis. Et s’abstiennent, les imbéciles, de se prononcer sur de sujets qu’ils ne maîtrisent pas. De condamner sans preuve. Ces gens qui doutent, comme les chantait Anne Sylvestre. Et qui rechignent à décréter.
Oh tu les connais ceux là. Ils t’ont toujours bien fait marrer ces rabat-joies, à parler si bas, à retourner une question en tous sens avant de formuler une hypothèse. A parfois penser contre eux-mêmes. A se défier des fausses évidences. Des conclusions hâtives. Des anathèmes. Ces ergoteurs. Heureusement ils sont minoritaires. Ou bien ils se planquent. Ont déserté les réseaux, les plateaux, les cafés des certitudes. Se taisent pendant les réunions de famille. Heureusement.
Manquerait plus qu’ils viennent plomber l’ambiance avec leurs scrupules, leurs nuances, leurs réserves, leurs objections
Manquerait plus qu’ils t’empêchent d’avoir raison en toute choses et tout le temps. Et de le faire savoir en gueulant.
Allez. Je te laisse. Je retourne à mes doutes, à mes hésitations, à mes incompétences. "
Olivier Adam
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Elle était ma mère, après tout. Elle lisait en moi comme dans un livre. Du moins c’est ce qu’elle aimait croire et dire.

Page 21, Robert Laffont, 2018.
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Personne n’a envie de mourir. Tout le monde veut vivre. Seulement, à certaines périodes de notre vie, ça devient juste impossible.

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(Mais) il y a, paradoxalement, chez certaines femmes moins attentive à leur apparence que dans le milieu où j'avais évolué toutes ces années, une façon de s'habiller, de ne se maquiller qu'à peine, de n'avoir jamais recours aux UV aux pommades vendues à prix d'or à la chirurgie, de boire de l'alcool, de fumer comme bon leur semble, de manger ce qu'il leur plaît de manger et de ne jamais faire de sport, de sortir le soir, de lire des livres, de penser, d'aimer la musique, le cinéma, la danse ou le théâtre, qui les garde éternellement jeunes et irradiant d'une beauté autre, parfois usée mais sans artifice.
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Ce qu'on oublie n'existe pas. Ce qui s'efface de nos cerveaux s'efface aussi de nos corps, de notre sang, de notre vie, ne laisse aucune trace, ne creuse aucune empreinte, sinon celle d'un vide absolu, vertigineux et froid.
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Le deuil n'existe pas. On se souvient.
On se souviendra toujours de tout.
Dans les moindres détails.

Bertrand Betsch
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C'est le problème avec la vie. (…) La nôtre est toujours trop étriquée, et celle à laquelle on voudrait prétendre est trop grande pour simplement se la figurer. La somme des possibles, c'est l'infini qui revient à zéro.
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Aussi loin que me portaient mes souvenirs me revenait ce sentiment de ne pas habiter ma propre vie et de regarder celles des autres comme si elles m'attendaient. J'avais l'impression qu'il serait alors aisé de m'y fondre, de m'y couler. N'importe quelle vie. Coulant dans n'importe quel sens. J'avais l'impression que tout était plus réel, plus solide, moins équivoque, moins friable, moins incertain.
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Personne ne sait quand exactement les fissures deviennent des failles, puis se muent en gouffres infranchissables.
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J'imagine qu'il en est ainsi partout, qu'on grandit côte à côte sans jamais se croiser vraiment, méconnus et indéchiffrables. Le concret nous cimente, le quotidien nous lie, l'espace nous colle les uns aux autres, et on s'aime d'un amour étrange, inconditionnel, d'une tendresse injustifiable et profonde, qui ne prend pourtant sa source qu'aux lisières. Quand j'ai commencé à me soucier d'eux il était trop tard, le bloc de silence était trop dur, la pudeur trop ancrée, les liens trop fortement noués pour qu'on les questionne.
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C’est quoi l’idée ? Tu veux qu’on te plaigne ? Qu’on t’admire ? Qu’on s’extasie sur ton parcours ? Qu’on te décerne une médaille parce que t’as bien travaillé à l’école ? Qu’on te félicite d’avoir eu les dents longues ? D’avoir toujours pété plus haut que ton cul ? Ou c’est juste que sans ça tu te sentirais pas crédible, pas légitime ? Que t’as le complexe de l’imposteur ? Ou que tu te cherches des excuses pour te justifier d’être devenu un connard sans cœur et méprisant ? Je suis un sale type mais c’est pas de ma faute, mon père était dur avec moi…
(pages 35-36)
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Sans que je sache bien pourquoi, la nostalgie m'était depuis toujours une torture. Je n'y voyais aucun réconfort. Au fond, j'aurais préféré qu'on m'efface au fur et à mesure, j'aurais préféré qu'on dissimule les traces, que les lieux s'effondrent, tombent en poussière. J'aurais voulu me retourner et ne rien voir, que tout soit pareil à mes dix premières années, contenu dans une boîte noire introuvable et dont je ne voulais plus rien savoir.
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Si j'ai appris quelque chose dans le monde de l'entreprise, et du travail en général, c'est qu'on y tolère mal les faibles, que toute faille doit y être camouflée, toute fragilité niée, toute fatigue combattue et oubliée, qu'une part non négligeable de nous-même doit être laissée au vestiaire, comme un costume qu'on renfilerait le soir venu.
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Les conneries révoltantes qu’avait sorties le prêtre – genre il est bien là où il est, peut-être mieux qu’avant, dans la lumière de Dieu ou je ne sais pas quoi. La lumière de Dieu, mon cul, il était dans la terre et promis aux vers.
(pages 145-146)
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Le vieillissement frappait ainsi. Par à-coups. Au gré des épreuves, des maladies, des deuils. Ce n’était pas vrai qu’on vieillissait peu à peu. Non. On vieillissait subitement. Mais à plusieurs reprises. Par paliers.
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La somme de ce qui se fige dans nos vies sans qu'on l'ait vraiment décidé. Rien foutre à l'école parce que ça paraît juste normal, parce qu'on a autre chose à penser, les mecs les fringues les soirées le bon temps les plongeons les joints la baise les calanques le soleil, et comprendre à un moment que ça a déterminé une fois pour toutes le genre de boulot qu'on fait et la vie qu'on mène, les gens qu'on rencontre, comme si d'un coup la vie tellement immense et solaire au départ se résumait à plus grand chose, une grisaille comme de la cendre fine tombée sur toutes choses, un champ de possibles rétréci au strict minimum, une vie réduite et vaillante, mais réduite quoi qu'on en pense.
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Et si la vie n'est rien d'autre que ce fil ténu qui nous rattache les uns aux autres, le mien était définitivement déficient, fragile et glissant, comme rongé par le sel.
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