Citations de Olivier Boile (148)
Comment vient l’idée d’un roman ? Parfois le format long s’impose d’emblée. En d’autres cas, il s’agit tout simplement d’une nouvelle qui, un peu à l’étroit dans son format court, ne demande qu’à s’épanouir sur plusieurs centaines de pages...
La Russie médiévale est un sujet tellement peu présent dans la littérature française qu'il faut saluer les auteurs qui osent s'aventurer dans ces contrées !
La vaine résistance des habitants de Rügen, en 1168, contre les chevaliers chrétiens venus leur imposer leurs croyances est ancrée dans l’imaginaire slave, d’autant plus dans le contexte actuel qui voit l’émergence de mouvements néo-païens en Russie, en Ukraine ou en Pologne. Si votre oreille n’est pas allergique au métal, je vous conseille volontiers l’écoute d’Arkona, un groupe originaire de Moscou, aux chansons inspirées par les mythes et légendes slaves, et dont le nom faire référence à l’ancienne cité où l’on vénérait le dieu Sventovit.
S’intéresser à la Russie médiévale permet de mieux comprendre les relations actuelles entre les différents Etats de la région, éminemment complexes – du moins, complexes tant que l’on ne s’arrête pas aux « analyses » manichéennes de nos médias, pour qui les derniers événements violents qui ont secoué l’Ukraine se résument à une opposition entre un gentil petit pays jaloux de son indépendance et un grand méchant Etat impérialiste…
L’auteur de fiction sait qu’un bon méchant fait beaucoup pour un bon récit.
Jurer de sa fidélité est aisé à n'importe quel beau parleur, cependant seule compte la vérité des actes. (in "Coule, Rivière Soukhman")
[Héraklès] Je n’ai pas arpenté la totalité du monde connu, des montagnes du septentrion aux déserts du midi, pour renoncer maintenant. Mon cousin Eurysthée fils de Sthénélos – que les vautours arrachent sa langue et dévorent ses entrailles ! - serait trop heureux de me voir rentrer en Grèce les mains vides, affligé, le cœur empli de honte. Et je n’ai pas accompli neuf travaux incessibles au commun des mortels pour échouer à la dixième marche !
La chambre du grand-prince s'était métamorphosée en quelques semaines, passant sans transition de l'ostentation à l'austérité. On avait enlevé les tentures, brûlé les meubles et distribué aux indigents les trésors qu'elle contenait, tandis que chaque objet de valeur se voyait remplacé par une icône à l'effigie des saints slaves ou de la Mère du Christ. Toutes les ouvertures sur l'extérieur étaient condamnées, achevant ainsi d'établir une atmosphère morbide. Vladimir avait exigé de ne revoir la lumière du soleil qu'une fois guéri ; autant dire que sa chambre était vouée à rester éclairée par la faible lueur d'une lampe à huile jusqu'à ses funérailles.
— Tu aurais pu t'en douter : l'insubordination est un défaut récurrent chez les bogatyrs, si l'on peut parler de défaut. Chevaliers errants, chevalier insoumis... Tu souhaites n'être entouré que de créatures dociles ? Alors contente-toi de tes lévriers.
Rien n'est éternel, surtout pas la paix.
(le messager d'Attila): Alors, quelle est votre réponse ? Vous soumettez-vous à mon maître, ou préférez-vous périr dans l'heure ?
(Geneviève): Ni l'un ni l'autre, maudit esclave barbare. Nous sommes résolus à la résistance. Paris ne sera pas outragé, ni brisé, ni martyrisé ; mais Paris sera libéré de votre présence insultante !
("Geneviève versus Attila")
L’Histoire est impitoyable avec les perdants.
Devant l'armée du divin César Auguste s'étendaient, à perte de vue, les lacs infinis, les hautes collines et les forêts impénétrables de Germanie.
A l'opposé de la douceur des automnes latins, le climat était à l'image du pays dans son ensemble : froid, hostile, il semblait inviter les envahisseurs à rentrer chez eux sans attendre.
[in "Rends-moi mes légions"]
Les Chevaliers de la Rosette sont de curieux individus. Néanmoins, les Britiches le sont tous plus ou moins, non ? La laideur des femmes de l'île de Youkay étant proverbiale, on prétend qu'il suffit aux garçons du pays de jeter un oeil sur elles pour brûler d'envie de partir guerroyer de l'autre côté du Bras-de-Mer - d'où la longue tradition militaire de cette nation.
De leur vivant, certains de ces artistes avaient goûté à une notoriété fugace, d'autres s'étaient débattus dans la misère et l'indifférence de leurs contemporains ; désormais ils étaient égaux dans le néant d'une époque vouée aux sciences et à l'industrie, égaux dans l'oubli.
On ne bâtissait pas un empire sur des rêves... Ou alors sur les rêves brisés des autres.
L'entrée de la caverne où vivait la reine perçait la terre comme une plaie ouverte perce le flan d'un guerrier. Il y avait passé toute sa petite enfance, protégé d'un monde extérieur jugé hostile par la mère des trois garçons. Dans la chaleur et les ténèbres de ce royaume souterrain, il était resté ignorant du véritable royaume, celui qui s'étendait à l'infini le long des rives du fleuve. En réalité, il était resté ignorant de tant de choses... Désormais, il se convainquait que cette mise à l'écart n'avait pas vocation à le soustraire aux dangers du monde, mais servait plutôt à faire obstacle à la découverte de sa propre personnalité.
("Les fils du héros")
Je crois en la Sainte Russie, mais j'ai cessé de croire en la sincérité de ceux qui la gouvernent. Je suis de plus en plus enclin à penser que le pouvoir est ainsi fait que seuls les mauvais parviennent au sommet, car les bons se font impitoyablement écraser sur la voie qui y mène.
Avait-il eu d'autres enfants que Sedna ? Une épouse, une famille ? Un troupeau de caribous, une meute de chiens de traîneau ? Avait-il voyagé, s'était-il égaré sur ces terres vertes, chantées par les anciens, où la neige tombe sous une forme liquide ? Le vieux passeur n'en avait pas la moindre idée.
("Le cueilleur de morts")
C'était pourtant le cycle naturel, qu'il le veuille ou non : les héros apparaissaient, surgis de nulle part, acquéraient une certaine renommée, se croyaient immortels puis finissaient par s'évaporer dans les limbes de l'histoire.