J’avais découvert la série Solo avec ce quatrième album, au moment de sa prépublication dans le Lanfeust Mag (Delcourt avait repris les éditions Soleil).
À ce moment-là, le post-apo et moi, nous ne nous fréquentions guère, mais j’avais apprécié très vite ce récit, même si je n’avais pas eu connaissance des précédents.
Après avoir lu les trois premiers albums, j’avais mis la série en pause, par manque de temps, de trop à lire…
Puisqu'en mai, c’est le Mois Espagnol & Sud Américain, j’avais une super bonne excuse pour reprendre cette série là où je l’avais arrêtée et l’occasion aussi de relire cet excellent récit, en une seule fois. Et il est toujours aussi fort !
Dans cet album, nous faisons connaissance avec Legatus, le chien que Solo le rat avait pris sous son aile. Son mentor n’est plus et Legatus va poursuivre sa route dans ce monde dévasté, où les humains élèvent des animaux pensants, afin de les manger. Eh oui, dans ce monde, il y a des animaux qui parlent et qui pensent. Et certains finiront dans les assiettes…
Le scénario est assez christique, car il est impossible de ne pas voir, en Legatus, un messie, un prophète (même s’il ne le veut pas), parce qu'il aide les pauvres, soigne les miséreux, les parias et dans son groupe, plusieurs races d’animaux cohabitent, s’entraident.
Oui, dans ce récit, Legatus fait figure de prophète entouré de ses apôtres, même si notre ami ne veut pas tomber dans ce piège.
Le monde post apo, décrit dans cette série, est un monde fait de désert, de rochers, un monde de privations, un monde de violences, où certains vivent protégés derrière des murs, dans des forteresses, tandis que d’autres, nommés parias, vivent dehors, à la merci de tout ce qui pourrait les manger, puisque nous sommes dans un monde cannibale.
Ce tome 4 relance la série, qui aurait risqué de tourner en rond, après trois albums ultra-violents, fait de morts, de sang et de viscères. Legatus est un personnage fort, marquant, dont on n’oubliera pas le nom de sitôt, ni son humanité, et le fait d’avoir lu le préquel "Alphas" m’a fait mieux comprendre son personnage, puisque j’ai pu faire le parallèle avec son père.
Alors oui, le schéma est assez classique, avec un personnage qui aide les pauvres, avec des gens qui voudraient s’affranchir du pouvoir en place, vivre en paix, avec un Ponce Pilate qui se lave les mains, un salopard qui veut retrouver le pouvoir et un Judas qui trahira, avant de se rependre (oups). Mais vu le contexte social et environnemental de la bédé, cela change tout.
Un excellent tome, des dessins réalistes, tout en rondeur, comme si Legatus était le Roucky de Disney, des scènes qui ne sont pas statiques et des personnages forts, qui marquent, notamment Legatus et un final qui, bien que nous laissant à nouveau orphelins, est, lui aussi, un parallèle avec la fin d’un messie bien connu.
Un récit qui mélange admirablement du Mad Max pour l’univers et les codes du christianisme. Un putain d’excellent album qui nous pousse à la réflexion sur nos sociétés d’hyper consommation et sur la maltraitance animale.
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