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Critiques de Paco Roca (175)
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La Maison

Le vieil Antonio est mort. Depuis maintenant un an, personne n'est entré dans la maison. Aussi, lorsque le cadet, José, et sa femme, Sylvia, sont les premiers de la fratrie à y pénétrer, ils aèrent toutes ces pièces qui sentent le renfermé et font le tour du propriétaire. Murs lézardés et défraichis, jardin et piscine à l'abandon, arbres fruitiers tout desséchés... Mais, il a été convenu, avec son frère, Vicente, et sa soeur, Carla, qu'ils mettraient en vente cette maison familiale. Faute de moyen et de temps, sans doute. José et Sylvia entreprennent quelque nettoyage, réparent deux ou trois choses... le jeune homme est ému devant tous les objets paternels qui lui semblent si familiers, lui rappelant quelque bon souvenir de son enfance et lui faisant presque croire que son père va arriver d'un moment à l'autre. Une fois le couple reparti pour Madrid, ce seront au tour de Vicente puis Carla d'y mettre les pieds...



Dans la maison, l'on y entre à pas feutrés et on laisse les émotions nous envahir et les souvenirs nous bousculer. D'une histoire somme toute banale et certainement commune, Paco Roca en fait un album un brin nostalgique, triste parfois mais toujours profondément humain. À tour de rôle, les enfants d'Antonio viennent arranger, réparer, entretenir ou embellir cette maison de campagne familiale dont le patriarche a toujours pris grand soin. Ici et là, quelques objets qui font ressurgir un passé réconfortant. Alternant présent et souvenir, cet album subtil, intime et d'une grande sensibilité fait la part belle aux sentiments enfouis, aux petits riens et au temps qui passe. Graphiquement, un coup de crayon simple, sobre mais efficace et des couleurs ensoleillées pour un format à l'italienne des plus élégants.
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Retour à l'Éden

À la mort de son mari, Antonia part vivre chez l'un de ses fils. Mais parmi ses affaires qu'elle a rapportées avec elle, elle ne retrouve plus une photo qui lui tient à cœur. Une photo d'elle, avec ses frères, sa sœur et sa mère, prise lors d'une journée à la plage. Aussi, ses fils n'ont eu d'autre choix, après des mois de bouderie et de cierges allumés, de retourner dans sa maison. Comble de chance, ils la retrouvent là-bas. Antonia s'empresse alors de la coincer sous le verre de la table de chevet. Pourquoi cette photo a-t-elle tant d'importance à ses yeux ? D'autant que la famille est incomplète...



À partir de ce cliché, datant de la fin de l'été 46, Paco Roca rembobine le film et nous invite à faire connaissance avec sa mère, Antonia. La jeune fille grandit dans une famille très modeste, avec ses parents, Carmen et Vicente, et ses cinq frères et sœurs. Une famille qui sera frappée, comme beaucoup d'autres, par la guerre espagnole. Il dépeint, avec une grande sensibilité, les liens entre frères et sœurs, l'éducation très croyante de sa mère, la violence de son père, le machisme omniprésent, les salaires de misère pour un travail harassant, l'avenir tout tracé pour les femmes qui ne semblent avoir d'autre choix que de devenir mère au foyer, l'impossibilité pour elles de faire des études, les événements tragiques qui marqueront toute la famille... Avec en toile de fond, la guerre espagnole et ses conséquences dramatiques, les rationnements, le marché noir... Sans misérabilisme, l'auteur dépeint, avant tout, la vie d'une femme courageuse, au crépuscule de sa vie, qui aura su s'adapter, se relever, faire front parfois et recréer l'illusion et l'idéalisation parfaites du bonheur, photographié en ce jour d'été. Profondément humain, tendre et poignant, cet album est un très bel hommage d'un fils à sa mère...
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La Nueve - Les Républicains espagnols qui ont..

Qui se souvient que le 24 août 1944, la Nueve, 9ème Compagnie du Régiment de Marche du Tchad, qui faisait partie de la 2ème Division Blindée du général Leclerc, et qui était composée de 146 Espagnols sur 160 hommes, fut la première à entrer dans la capitale?

Le 24 août 2012, le drapeau républicain espagnol flottait pour la première fois sur la Mairie de Paris, à la mémoire de ces combattants dont quelques photos de chars (Teruel, Santander...) prises à la Libération ont gardé la trace.

Dans son passionnant ouvrage La Nueve, 24 Août 1944, préfacé par Semprun, Evelyn Mesquida avait déjà collecté les souvenirs de ces oubliés de la victoire.

C'est avec un roman graphique très réussi que Paco Roca, déjà auteur de L'Ange de la retirada avec Dounovetz, fait revivre la destinée de ces réfugiés qui, des camps de concentration à la campagne de Tunisie, de la Normandie au nid d'aigle d'Hitler, ont combattu pour la liberté.

A travers le parcours du Canarien Miguel Campos, qui en fuyant Alicante en 1939, atterrit dans les terribles camps français d'Afrique du nord où les internés devaient construire dans des conditions épouvantables la voie ferrée transsaharienne (si bien évoquée par Max Aub dans Manuscrit corbeau suivi de Cimetière de Djelfa) nous revivons l'étonnante et passionnante épopée de ces hommes, anarchistes, communistes, souvent antimilitaristes et combattants enragés.

Roca mêle habilement petite et grande histoire, grandes batailles et anecdotes. On y retrouve avec plaisir et émotion les silhouettes de Machado, du lieutenant Granell, du capitaine Raymond Dronne et sa fameuse jeep "Mort aux cons" (Leclerc à Dronne, avant l'entrée dans Paris: "Et changez le nom de votre jeep, nom d'un chien"), du très aimé Joseph Putz, de Leclerc, d'Hemingway....

Jorge Semprun voyait l'implication des Espagnols et des étrangers dans la lutte contre l'occupation comme les prémisses de l'Union européenne. Mais les Espagnols (12 000 déportés à partir de 1940 et du Convoi des 927), tout comme les Arméniens, les Italiens les juifs étrangers, les Luxembourgeois, les Antillais dissidents... impliqués dans la résistance furent balayés des mémoires. Les souvenirs en couleur de Miguel Campos leur rendent enfin l'hommage qu'on attendait.
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La Nueve - Les Républicains espagnols qui ont..

Il n'est pas toujours aisé d'écrire un billet sur un livre que l'on vient de terminer et encore moins lorsqu'une critique a déjà été écrite par Pecosa !!! Il n'y a jamais rien à ajouter tout est dit brillamment. Je vais donc me contenter de dire que je ressors de ce roman graphique bien moins bête, j'ai appris un tas de choses sur ces républicains espagnols qui ont joué un rôle primordial dans la libération de Paris.

Ce roman graphique est très pédagogique, il permet à des personnes comme moi peu documentées sur ces faits, de comprendre réellement ce qui s'est passé et de rendre honneur à ces Espagnols qui ont trop souvent été oublié dans les honneurs rendus aux libérateurs de Paris. Donc derrière ce plaisir d'avoir découvert ce roman graphique, il y a ce sentiment d'injustice vis-à-vis de ces républicains espagnols, qui n'ont ni été honorés comme ils auraient dû, ni aidés dans leur propre lutte contre le franquisme comme cela aurait pu et dû être...
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La Tête en l'air

Jean n'en peut plus de l'état de santé de son papa, Ernest. Alors qu'il essaie de lui faire avaler sa soupe, celui-ci lui parle de prêt hypothécaire. Directeur d'une banque pendant plus de 20 ans, il se croit face à un client. Cela ne fait plus aucun doute pour Jean: son papa est malade, a certainement la maladie d'Alzheimer et ne peut que se résoudre à le mettre dans une maison de retraite. C'est ainsi qu'Ernest fera la connaissance d'Alphonse qui répète tout ce que les autres disent, Emile, son compagnon de chambre, chapardeur et rusé pour soutirer de l'argent à ses camarades, Simone qui veut sans arrêt appeler ses enfants pour qu'ils la ramènent chez elle, Madame Rose qui se croit toujours dans un train en direction d'Istanbul ou encore Georgette et Marcel, un vieux couple amoureux comme au premier jour... C'est ici qu'il fera connaissance avec ces petits vieux dont il se sent si éloigné, cet hospice où l'on passe son temps devant des reportages animaliers à la télé, à prendre ses médicaments, à manger et surtout à attendre que le temps passe...



Adapté en film d'animation sous le titre Arrugas, cet album s'attaque ici à un des sujets encore tabous et peu exploités dans la bande dessinée à savoir la vieillesse, la maladie d'Alzheimer et les personnes âgées. Paco Roca a su traiter tout en finesse, délicatesse, humour et tendresse ces sujets auxquels nous serons tous confrontés un jour ou l'autre. A la fois drôle et dramatique, enjoué et triste, léger ou plus grave mais toujours profondément humain, cet album, sans être larmoyant, est vraiment touchant et incroyablement juste et magnifique. A cela, ajouter un dessin au plus proche de la réalité, un trait fin et des couleurs vivantes et l'on obtient un beau récit sur la vie.

En prime, une préface de Jirô Taniguchi, de quoi être comblée...



La tête en l'air... de quoi ça parle déjà?
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La encrucijada

Encrucijada, le carrefour, est le fruit de la rencontre entre le dessinateur Paco Roca et José Manuel Casañ, chanteur du groupe de punk rock Seguridad Social, emblématique de la Movida espagnole des années 80.

Après de longues conversations animées sur l'univers de la musique, les deux hommes ont décidé de créer un roman graphique accompagné d'un album (ainsi que d'un documentaire à voir sur Vimeo et intitulé Crossroads). Fruit de quatre années de travail et d'échanges, le support, alliant texte, dessin et son , nous offre un voyage à travers l'histoire de la musique. Blues, rumba, reggae, rock, chaque style musical y trouve sa place, et a droit à son graphisme (noir et blanc pour le blues, psychédélique pour les Beatles période 70...). Le CD quant à lui propose 11 chansons inédites composées par José Manuel Casañ . Au carrefour de la musique et du roman graphique, Encrucijada fait la part belle à la création artistique.
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La Maison

Paco Roca retrace avec, une certaine nostalgie, les moments passés dans la maison de famille. Ici les enfants se retrouvent après la mort de leur père et constatent comment la maison s'est dégradée. Ils réparent , rafistolent afin de pouvoir la mettre en vente. Beaucoup de souvenirs s'invitent durant les travaux. J'ai eu moi aussi, les larmes aux yeux à plusieurs reprises car , je pense que même si chaque histoire est singulière, il y a des similitudes.

Des moments douloureux "nous pensons qu'il faut vendre ta voiture. De toute façon tu ne conduiras plus. Vicente dit qu'il vaut mieux la vendre plutôt que de continuer à payer l'assurance et la vignette pour rien."

Des souvenirs tendres comme la fabrication d'une piscine de fortune, des petits moments privilegiés...

Le dessin est en parfaite harmonie avec l'atmosphère du moment, on perçoit aisément les ressentis. Simple mais explicite, c'est pour moi une réussite. J'aime beaucoup cet album de souvenirs, de liens. Emotions incontournables si l'on vient de perdre un proche mais c'est une nostalgie saine.

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Le jeu lugubre

Le récit se passe en 1936, à l’aube de la guerre civile, en Espagne. Désireux de fuir cette ambiance malsaine, un jeune homme du nom de Jonas Arquero accepte le poste de secrétaire particulier chez le célèbre peintre catalan Salvator Deseo. Pour cela, il doit quitter Madrid et aller s'installer chez cet étrange artiste à Cadaquès, petit port de pêche où personne n'apprécie ni l'homme ni ses peintures. Excentrique et provocateur jusque dans ses toiles, le peintre ne tarde pas à étonner voire inquiéter le jeune homme. Il est accueilli par Galatée, la compagne de Deseo. Une fois installé, il doutera de sa venue ici, surtout lorsqu'il découvrira les toiles et l'originalité de cet homme. A-t-il réellement fait le bon choix?



Evidemment, toute ressemblance avec des personnes existant ou ayant existé ne serait que pure coïncidence! Quoique...

Attirée par la couverture qui représente plus ou moins «Le jeu lugubre» de Dali, peintre que j'affectionne particulièrement tout comme Paco Roca, je me suis penchée sur cet album qui fut une incroyable découverte. L'auteur fait la part belle sur ce qui s'est raconté sur la vie de Dali, ses œuvres, son excentricité, ses orgies et son mode de vie répréhensible.

Sans vouloir prendre parti, il nous livre un album intéressant qui oscille entre vérité et mensonges, cauchemar et réalité.

Un album aux couleurs surprenantes, douces et lumineuses et aux dessins somptueux au ton pastel voire beaucoup plus sombres pour certaines scènes. Empli de clins d'oeil relatives aux célèbres peintures de Dali, Roca nous livre un album à la hauteur de son idole: surréaliste et impressionnant.



Le jeu lugubre... je ne passe pas mon tour...
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Retour à l'Éden

Retour à l’Eden , c’est un très beau roman graphique sur la jeunesse de la mère de l’auteur Antonia .

Elle a connu le régime dictatorial du général Franco , la misère absolue du milieu ouvrier de l’époque , la main mise implacable de l’église , malgré tout comme la plupart d’entre nous elle a gardé les bons souvenirs de sa jeunesse .

C’est l’évocation d’un milieu rude , avec du chômage , les femmes étaient les esclaves de leur mari , enfin elles ne le percevaient pas ainsi , toute leur éducation était basée sur ça .

Il y a une photo , la photo du temps du bonheur qu’Antonia va garder toute sa vie , le souvenir édulcoré de sa jeunesse , photo prise en été 1946 .

Un très beau moment de lecture sur ces espagnols ´ les rouges ´ , les vaincus .

Merci aux éditions Delcourt et à #netgalley ‘
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La Maison

La Maison, c'est celle que le père de Vicente, José et Carla a construite en famille au cours des ans, et dans laquelle il s'était définitivement installée à la mort de sa femme.

La maison est remplie de souvenirs, accumulés au fil des ans: cadeaux de la fête des pères, médailles, bibelots dont on ne veut plus:

"La décoration de cette maison est un voyage dans le temps".



Mais le père est mort voici un an, et les trois enfants, devenus adultes, décident de se retrouver pour la nettoyer, l'arranger, et la vendre.

José est le premier à venir: écrivain, en couple, pas très bricoleur, il se remémore ses relations avec son père au fil des ans.

Puis le récit glisse doucement vers Vicente, le grand frère râleur, un poil autoritaire et très critique à la fois de son père et de son frère. C'est sans aucun doute le personnage le plus caricatural malheureusement.

Enfin voilà Carla, la petite soeur, mère d'une petite fille qui aura à peine connu son grand-père.



Chacun a ses propres souvenirs mais c'est en discutant - et se disputant - qu'ils découvrent chacun un autre aspect de ce père pudique et inventeur.



L'histoire est classique, mais ça ne l'empêche pas d'être bien tournée. le deuil est là, en plein travail avec à la fois sa tendresse, sa nostalgie et sa colère.

Les dessins sont très réalistes et les attitudes, l'atmosphère, les saisons qui passent, bien rendus; je me suis arrêtée un long moment sur cette simple scène du quotidien dans laquelle le compagnon de Carla est affalé, endormi sur le canapé le bébé dans ses bras, simplement en couche, le neveu assis à côté à jouer sur son téléphone, tandis que Carla est étendue sur un autre canapé en train de lire. On y devine la chaleur d'une après-midi d'été, on entend le profond silence.



Bref, c'est un beau récit sur le deuil et la famille, un bel hommage au père.



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La Nueve - Les Républicains espagnols qui ont..

Un jeune auteur interroge un vieux combattant.

Miguel raconte sa guerre et ses souvenirs de réfugié républicain espagnol, depuis les camps de regroupements en Afrique du Nord jusqu'à l'engagement dans les troupes de libération.



Ce gros roman graphique, en couleurs pour les souvenirs, en noir et blanc pour les interviews, restitue avec détails et émotion le parcours incroyable et dramatique de ces jeunes espagnols finissant combattants au sein de la 2ème DB, dans la compagnie Nueve.

Hommage leur soit rendu car ils furent les premiers à atteindre l'hôtel de ville de Paris, en toute discrétion historique pour ne pas tuer le mythe de la reconquête par les troupes françaises de Leclerc. La suite les conduira aux confins de la Bavière, laissant la plupart d'entre eux dans les combats de la chute du régime hitlerien.



Le roman est réaliste dans le trait, explicatif dans la narration. Les cartes résumant les déplacements des exilés espagnols sont impressionnantes et révèlent l'ampleur de la tragédie humaine.



Page d'histoire, devoir de mémoire envers des hommes au parcours oublié ou méconnu, qui, par fidélité à des idéaux, auront subi près de 10ans de conflit sans jamais pouvoir finir la reconquête de leur propre terre.
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La Tête en l'air

Ernest, ancien directeur de banque, entame son dernier voyage.

Accompagné de ses enfants, il arrive à la maison de retraite.

Diagnostiqué "Alzheimer", sa compréhension des choses qui l'entourent commence à se ressentir d'un certain effacement de sa mémoire dite "récente" au profit de la résurgence involontaire d'anciens souvenirs surgis de son passé.

Bref, ses facultés cognitives ne sont plus aussi pointues !

Émile, un autre résident, va lui faire découvrir son nouvel univers...

Si vous croisez ce petit chef-d’œuvre, ne le laissez pas échapper.

Lisez-le, à tout prix. Vous en sortirez changé, meilleur, peut-être.

Cette bande-dessinée est un livre humain, profondément humain.

L'auteur, Paco Roca, est espagnol.

Son sens de l'observation, sa compréhension de la pathologie de la démence d'Alzheimer et sa connaissance de l'univers d'une maison de retraite sont sidérants !

Sa manière de les retranscrire, textes et dessins confondus, ne l'est pas moins.

Tout y est.

Les deux premières pages, astucieusement bluffantes, donnent le ton.

Le propos est lucide, sans concession mais ne tombe à aucun moment dans le misérabilisme.

Il réussit l'exploit de redonner à la maladie sa part de responsabilité dans le comportement de ses personnages et replace chacun dans sa dignité naturelle.

Je travaille comme aide médico-psychologique et assistant de soins en gérontologie dans un établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes et je pense, qu'après avoir rendu ce volume emprunté à la médiathèque, je vais m'empresser d'en acheter un autre exemplaire pour le déposer dans la salle de pause de mon établissement.

Il va faire sensation !



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Les Rues de Sable

Un jeune homme, dans une librairie, feuillette quelques livres et, pour se faire à nouveau plaisir, s'offre une statue géante de Corto Maltese, n'en déplaise à sa femme qui, justement, l'appelle pour le prévenir qu'ils ont rendez-vous à la banque. Il doit y être avant la fermeture. C'était sans compter sur la promesse tenue à son ami Loïc d'aller boire une bière avec lui. Tout ça le met en retard, et pour aller au plus vite, il décide de prendre un raccourci en passant par la vieille ville. C'est là qu'il se rend compte qu'il ne connait pas les rues et finit par se perdre. En chemin, il essaie de demander sa route mais personne ne semble vouloir ou pouvoir l'aider. La nuit tombe, il se retrouve par hasard dans un hôtel bien étrange où, contraint de s'y installer pour se reposer de cette journée bien étrange, il finira par y prendre ses quartiers et se liera d'amitié avec ses occupants, la tenancière, la factrice et quelques clients, tous affichant un comportement curieux... Il risque d'y passer plus d'une nuit... Quel est donc ce monde dans lequel il se trouve?



On tombe dans un monde tellement étrange qu'on a bien du mal à en sortir et à se demander où Paco Roca a voulu nous emmener. On se retrouve rue des Sables, dans un hôtel bien particulier, où le temps semble s'être figé, où personne ne semble prêter attention à notre héros. Peuplé de personnages tous plus ou moins farfelus tels que la factrice qui distribue des lettres qu'elle s'écrit elle-même, le petit bonhomme qui refait sans cesse sa valise afin de pouvoir quitter l'établissement ou encore le chauffagiste qui se dispute sans arrêt avec la patronne, cet établissement, sorte de grande tour nichée en plein cœur de la ville, regorge de secrets et de curiosités. Tout comme le héros, le lecteur est dérouté mais impatient de connaître les véritables raisons de cette déambulation. Comme une sorte de voyage introspectif, cet album regorge de métaphores et de questionnements sur nous-mêmes et sur les autres. La vie serait-elle finalement une sorte de labyrinthe d'où on peine à sortir?

Graphiquement, le dessin est véritablement expressif et épuré. Les couleurs au ton tantôt froid tantôt chaud expriment à la perfection l'état d'esprit de notre héros.

Un album pertinent, insolite et intelligent.



Les rues de sable... é-mouvant...
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La Maison

Vider LA maison...

Le père est mort un an plus tôt, les trois enfants adultes viennent rafraîchir et vider la maison pour la mettre en vente.

Un premier frère entre avec sa femme dans cet intérieur abandonné depuis toute une année : elle se souvient de sa présentation aux parents, lui farfouille un peu, et plante quelques graines de melon dans le potager avant de repartir.

Puis le frère aîné et la sœur arrivent en famille, réparent, nettoient, se remémorent...

Et tout le livre est construit ainsi : chaque geste, chaque objet fait naître un souvenir - changement de lumière et de couleur.

Mais la réunion des enfants réveille aussi des jalousies et amène des réflexions sur la place de chacun dans la fratrie, ce qui ajoute une dimension intéressante à ce joli album nostalgique.

J'ai beaucoup aimé l'utilisation des couleurs ainsi que le dessin qui dit beaucoup en peu de traits : un regard qui se perd au loin, une tête qui se tourne...

Challenge Bande dessinée 2022

LC thématique de février 2022 : ''Les petits livres”

Challenge Globe-trotter (Espagne)
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L'hiver du dessinateur

- ABANDON - (ennui)



► Pourquoi je n'ai pas aimé :

- parce que l'histoire tourne en rond, qu'il y a des flash-back dont je me serais passée, parce que l'album est à la fois dense (graphisme) et dilué (le récit)...

- parce que les personnages sont difficiles à distinguer les uns des autres

- parce que je suis particulièrement déçue après le coup de coeur pour Rides, de cet auteur

- parce que je ne m'intéresse pas à l'histoire espagnole de la BD, telle qu'elle est présentée ici, très ciblée sur la fin des années 1950



► Ce que j'aurais pu aimer :

- le contexte historique intéressant (le franquisme)

- en apprendre plus sur la BD

- l'hommage de l'auteur à des dessinateurs qui l'ont inspiré



► Ce que j'ai aimé :

- le côté vintage (télévisions, machines à écrire, panneaux publicitaires d'époque)...

- décider d'abandonner cette lecture



Les points positifs étant largement minoritaires, je jette l'éponge à mi-parcours, je ne pense pas changer d'avis en persévérant...
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La Maison

A la mort d'un parent, il faut souvent nettoyer et ranger la maison. C'est l'occasion pour les enfants de se retrouver, de se souvenir et parfois de s'affronter.



Tour à tour l'auteur nous présente les réactions et les pensées de deux frères et une soeur très différents.



Faudra t-il ou non vendre la maison ?



Un très bel album qui prend les teintes de la mémoire et du temps qui passe. Sans juger aucun de ses trois personnages à qui il donne la parole, l'auteur nous interroge sur l'après, les rendez-vous manqués et les traces.



J'ai beaucoup aimé les planches qui représentent l'homme et sa relation à la nature, aux objets ainsi que les liens au sein de la fratrie. L'auteur montre en décomposant des scènes avec des textes tout en retenue.



Le père est encore partout et nulle part à la fois, à la manière d'un fantôme bienveillant. On s'interroge sur ses choix, ses sentiments, sa vie. Il n'est pas possible pour les enfants de s'approprier le rêve de leur père.



Un livre beau et serein sur nos morts qu'il nous reste ensuite à porter en nous tant leur héritage correspond souvent peu à nos vies modernes...

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Retour à l'Éden

Antonia grandie dans une Espagne gangrénée par la guerre civile qui va jeter une partie de la population dans un grand dénuement. Elle est bercée par la foi naïve de sa mère. Malgré la brutalité de son père, les fracture dans sa famille et la misère, elle réussit quand même à trouver quelques moments de bonheur.

Paco Roca raconte l’enfance de sa mère Antonia, dans cet album mâtiné de mélancolie. Avec leurs couleurs sépia, les dessins font penser à de vieilles photographies, comme celles auxquelles s’accroche Antonia. Avec la vie de cette jeune fille, l’auteur croque en arrière-plan les débuts du régime franquiste qui vont mettre son pays à terre. Mais l’on découvre surtout une jeune fille naïve et pleine de rêve de vie meilleure qui croit au bonheur, malgré une vie difficile et les pertes qui vont la rythmer.

Un très beau roman graphique, visuellement réussi, qui retrace un pan de l’histoire espagnole à l’échelle d’une jeune fille une peu naïve.
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L'hiver du dessinateur

En voyant la couverture sur la liste de Masse critique, j'ai opté pour cette BD, parce que le style semblait me convenir.

Il est vrai qu'un fois le livre en main, le dessin et surtout ces couleurs, variations légères sur monochromes passés, me plaisent beaucoup. La ligne est claire, avec, cependant, le trait des visages qui ne marque pas assez les personnages : ils semblent avoir un peu tous la même tête.



Le scénario : d'abord dérouté parce qu'on va et vient dans le temps, je n'y ai pas compris grand chose au départ. Pourtant la préface présente fort bien le sujet : quatre dessinateurs quittent la grande maison d'édition Editorial Bruguera pour tenter leur chance seuls. Sous le régime franquiste, cette décision est un gros pari, car Bruguera a la main-mise sur tout ce qu'on publie dans divers domaines à l'époque. En fin de volume, l'auteur Paco Roca (voir ses beaux albums Rides) explique longuement ses motivations. Tout cela est fort bien fait et offre des informations intéressantes.



Mais la BD n'arrive pas à me convaincre : impossible de m'accrocher à ces cases sans lien, apparemment décousues, soudain répétitives dans leur dessin. Je comprends que certains dessinateurs recourent à des scénaristes spécialisés pour se concentrer sur le dessin. Ici il y a soit une volonté de créer des effets que les amateurs férus de BD apprécieront peut-être, ou alors il y des lacunes dans l'élaboration du message illustré.



Il est certain que cet ouvrage vaut par sa valeur hommage à ces quatre dessinateurs dissidents, mais bon, je ne connais pas bien la BD espagnole et encore moins son histoire : il est sûr qu'un livre mettant en scène Hergé, Peyo et Walthéry, m'aurait davantage interpellé.



Voilà, un beau livre entre les mains, de très beaux dessins parfois, avec un souci du détail des rues de Barcelone des années 50 et le style vintage des objets. Bien que les circonstances historiques soient intéressantes, je ne connais pas ces dessinateurs espagnols, sujet qui est, me semble-t-il plutôt destiné à des aficionados.



Merci à Babelio et RACKHAM de m'avoir permis de découvrir ce livre.


Lien : http://www.christianwery.be/
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Retour à l'Éden

Magnifique et émouvant

c'est du Paco Roca !

L'élégance du format à l'italienne

convient parfaitement à cette plongée

dans le passé d'Antonia.

Roca écrit bien, il est scénariste,

dessinateur et coloriste.

Le franquisme et le patriarcat

sont passés à sa moulinette

avec humour et réalisme.

C'est un vibrant hommage

à sa mère dont la jeunesse

ne s'est pas déroulé sur un tapis de roses.

Elle n'a pas pu apprendre à lire et écrire,

priorité étant donnée aux hommes

de la famille qu'il fallait nourrir, blanchir..

Cette histoire respire la tendresse.

Lecture vraiment touchante.



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Le phare

Une couverture attirante : la mer, un phare, des mouettes,… Un homme tout juste majeur est perdu en pleine guerre civile espagnole et va se retrouver par hasard recueilli par le gardien d’un phare aux idées originales, qui attend patiemment une nouvelle lampe pour faire vivre son phare de nouveau. D’abord opposés, ils vont ensuite se mettre en tête de construire un bateau pour rejoindre Laputa, qui aux dires du gardien est une île idyllique où tout est joie et bonheur,…



Une belle histoire d’amitié où les personnages vivent simplement dans la solidarité et le partage, loin des tracas de la guerre. Les dessins sont très simples, gris-bleus donnant l’impression de naviguer entre douceur et brutalité rendant le tout très mélancolique.

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