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Critiques de Paolo Cognetti (618)
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Le garçon sauvage : Carnet de montagne

Dans ce roman autobiographique, l'auteur, au seuil de l'âge adulte, passe plusieurs mois dans un chalet (une baïta) des Alpes italiennes. Il (re)découvre la rudesse de la vie montagnarde, y fait de belles rencontres et réfléchit sur lui-même.

Les descriptions du paysage et de la faune sont bien rendues et époustouflantes, dans une bonne traduction.

Je considère ce livre comme un petit bijou, à lire emmitouflé(e) dans une couverture par ces temps de froidure ou sur un banc près d'un chalet d'alpage, lors de vacances d'été de l'autre côté des Alpes, cette fois.

J'ai comparé l'auteur à un Sylvain Tesson transalpin, quelques réflexions philosophico-politiques en moins (ce qui serait plutôt un avantage, à mon sens).
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Les huit montagnes

Très joli roman sur la vie à la montagne, sur la relation entre un père et son fils, sur l'accomplissement de soi, la famille et les échecs mais, surtout, une histoire d'amitié entre le narrateur et Bruno, étrange garçon livré à lui-même dans les montagnes qui, devenu grand, n'arrivera jamais à vivre "comme tout le monde". Mais y a-t-il vraiment une vie "comme tout le monde" ?



J'ai beaucoup aimé le style, surtout au début, ainsi que le côté roman d'apprentissage : j'ai moins aimé le passage à l'âge adulte, trouvant quelques longueurs, mais le récit se reprend rapidement et l'on retrouve cette sensibilité si sincère et attachante.



Un roman très pur et délicat, sauvage et littéraire, une belle histoire sans mièvrerie, forte et simple à la fois.

Belle découverte italienne !
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Les huit montagnes

L’histoire débute dans un petit village du Val d’Aoste, Grana, où les parents de Pietro viennent de louer pour l’été une petite maison, afin de quitter Milan où ils travaillent tous les deux.

La mère est assistante sanitaire. Elle a quitté la Vénétie pour se marier et a abandonné pour la même raison son premier métier d'infirmière, et aussi sa famille qui s'était opposée au mariage. De son premier travail, elle gardera toute sa vie, l’envie d’aider son prochain et se sentira investie d’une mission.

Giovanni, le père adore la montagne et part, dès leur arrivée au village, explorer les sommets pour se changer les idées et oublier son métier de chimiste.

Un jour, la mère de Pietro décide de provoquer un peu le destin : elle aide son fils trop timide et habitué à vivre seul, à faire connaissance avec Bruno, un enfant du pays. Les deux enfants deviennent inséparables !

Bruno va faire découvrir peu à peu les joies et les beautés de la montagne à son nouvel ami. Ensemble, ils explorent les maisons en ruine et en récupèrent tous les trésors, ils remontent le cours du torrent, grimpent dans les ravines, prennent des raccourcis improbables.

Malgré les taloches que reçoit Bruno quand il ne fait pas le travail demandé par son oncle, ou s'il laisse les vaches sans surveillance, et la maladresse de Pietro, qui a été élevé à la ville, les deux enfants se retrouvent tous les jours.

Mais un jour, croyant bien faire, les parents de Pietro proposent à l’oncle d'emmener Bruno à Milan pour qu'il puisse y poursuivre une formation. Les deux familles se fâchent. Bruno sera éleveur comme sa famille ! Les éleveurs doivent protéger les paysages. Ils empêchent la forêt de se régénérer et la nature de reprendre ses droits...

Malgré tout, Pietro se met à aimer de plus en plus les vacances à la montagne et son père décide de l’emmener avec lui en randonnée. C’est le début de leur aventure commune, car malgré le mal des montagnes dont il ne peut se défaire, Pietro va engranger des milliers de souvenirs heureux.

Des années après, alors que Pietro a presque oublié ses vacances d'enfant, sa montagne et son village, pour partir de plus en plus fréquemment et longtemps vers d'autres montagnes, en particulier en Asie, le chemin des deux garçons se sépare pour longtemps.

Pietro qui ne va plus jamais faire de randonnées avec son père, ne sait pas que celui-ci continue à arpenter la montagne avec Bruno.

Il découvre avec surprise à la mort de son père, que celui-ci lui a légué un terrain en montagne sur lequel il n’a pas eu le temps de construire une petite maison. Bruno avec qui le père a effectué de nombreuses balades de reconnaissance, a promis de l’aider à la construire.

En bâtissant ensemble la maisonnette, adossée à un rocher, le temps d’un long été, les deux amis se retrouvent.

« Lequel des deux aura le plus appris ? Celui qui aura fait le tour des huit montagnes, ou celui qui sera arrivé au sommet du mont Sumuru ? » s'interroge Pietro...



C'est un roman écrit dans une langue très poétique. L'auteur nous parle de façon touchante et dans une plume emplie de tendresse, de simplicité et de beaucoup de justesse de l'importance de la transmission, un thème cher à mon cœur.

Il ne nous cache rien pourtant des difficultés de la relation entre ce père, entier et intolérant, et ce fils plutôt effacé qui se cherche et aura besoin de liberté une fois arrivé à l'adolescence.

J'ai beaucoup aimé ce roman largement autobiographique, est-il besoin de le préciser ? On ne peut parler ainsi de la montagne et du ressenti que l'on éprouve en grimpant au sommet que si on l'a vécu soi-même par contre si vous préférez la plage, ce livre devrait vous faire changer d'avis...

Ce n'est pas l'histoire mais les personnages qui occupent toute la place. L'auteur a une façon bien à lui de les décrire dans leur environnement, de nous faire entrer dans leur ressenti, de nous les faire aimer. La montagne est leur refuge à tous, pour oublier le passé, leurs peines et les difficultés du quotidien, leur solitude aussi, leurs déceptions...les difficultés de la vie donc.

Ce roman nous parle de la force des souvenirs et de leur richesse. C'est eux qui nous aident à avancer dans la vie quand tout va mal, même si parfois ils nous rendent tristes.


Lien : http://www.bulledemanou.com/..
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Sofia s'habille toujours en noir

Étrange, insoumise, borderline…. Depuis l’enfance, Sofia s’affronte à la vie, aux autres.

Excentrique, énigmatique, hors norme…… Sofia fascine ceux qui l’approchent, fascine le lecteur.

Paolo Cognetti la dépeint enfant, adolescente, jeune adulte, et il le fait très bien.

Mais il ne ménage pas nos méninges !

Combien de fois je me suis demandé qui était tel personnage, quand l’action se déroulait, où se trouvait Sofia. Un puzzle pas toujours facile à reconstituer.

Ah, il faut suivre !. Mais ça vaut le coup, vraiment, cette histoire de Sofia est envoutante.

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Les huit montagnes

Une très belle écriture, un registre lyrique très développé, apaisant avec ses descriptions de paysage de montagne, au cœur des Dolomites.

Une belle histoire d'amitié partagée entre deux garçons issus de deux milieux différents, un de la ville et l'autre vivant en pleine montagne.

Je pense que c'est la seule chose qu'il faut retenir de ce roman qui manque fortement d'originalité.

Bref, on aurait demandé plus d'effet passionnant à la lecture, il manquait tout de même quelque chose... cette petite chose qui nous captive.
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La Félicité du loup

En cette rentrée littéraire 2021, Paolo Cognetti propose une belle évasion avec un roman de montagnes qui parle de la rudesse du paysage et de la culture développée par les montagnards au fil des saisons. A travers les lignes, il décrit un belle histoire d’amour entre Fausto, écrivain, commis de cuisine et Sylvia jeune femme passionnée de montagne. Il montre la force des rencontres et l’authenticité des relations au contact de cette nature puissante. La lecture propose une réelle évasion et diffuse l’amour des hauteurs, des paysages du grand air…#NetgalleyFrance #lafeliciteduloup
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Le garçon sauvage : Carnet de montagne

Alors qu'il a une trentaine d'années, Paolo Cognetti décide de quitter la ville.

Il loue un chalet isolé en pleine montagne, dans le val d'Aoste pour, dit-il, faire l'expérience de la solitude.

Et peut-être retrouver le plaisir d'écrire, alors qu'il sort d'une suite d'expériences difficiles.

Il est souvent venu dans cette région étant enfant et c'est avec plaisir qu'il retrouve le superbe décor montagnard.

Mais c'est un citadin et il est partagé entre l'émerveillement de se réveiller dans la nature et les contraintes du lieu.

Même les bruits nocturnes l'effraient et il s'oblige à rester dehors pour s'apprivoiser au monde qui l'entoure, les lièvres, les souris, …

Pourtant il doit reconnaitre que ce qu'il aime particulièrement c'est partager ses impressions avec un « voisin » de montagne, un gardien de troupeau, un solitaire comme lui avec lequel il partage des repas tard le soir.

Ou son autre voisin qui a découvert la littérature sur le tard avec Sartre et Camus.





J'avais lu quelque temps avant « Les huit montagnes » qui est plus élaboré, plus romanesque aussi, mais qui comprend aussi cette partie « isolement en montagne pendant plusieurs mois ».

J'ai donc retrouvé cet amour de la nature chez Cognetti, ce lyrisme, ce besoin de retrouver l'inspiration loin de la ville aussi.

Les deux livres sont complémentaires et montrent que Cognetti est un véritable écrivain.

Il sait mêler ses expériences personnelles, sa sensibilité, sa passion pour la montagne, et le talent de savoir raconter une histoire.

Son nouveau livre vient de sortir, « Sans jamais atteindre le sommet », récit de voyage dans l'Himalaya et apprentissage, une nouvelle fois, de la solitude…

Cet auteur est une de mes grandes découvertes de l'année !





Et, très bonne nouvelle, je vais le voir à Saint-Malo à "Etonnants voyageurs" :-)



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Le garçon sauvage : Carnet de montagne

Paolo Cognetti renoue avec sa passion, la montagne.

Depuis l’enfance, il y est venu chaque été.

A 30 ans, las de la vie citadine et en mal d’écriture, il repart plusieurs mois dans le val d’Aoste, se confronter à nouveau à sa chère montagne et à la solitude qu’il aime tant.

Toujours le même amour des chemins, des sommets, des quelques habitants forts et solitaires qui vivent là.

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Les huit montagnes

Le roman de Paolo Cognetti est certainement en grande partie autobiographique ce qui expliquerait qu’il sonne si juste du point de vue des sentiments et des personnages. De manière très sincère et sans mièvrerie l’auteur aborde des sujets intimes et délicats : les rapports père-fils, le deuil, l’amitié, l’enfance perdue… autant de sujets très personnels et difficiles à explorer. Comment exprimer des sentiments aussi forts sans tomber dans l’excès? Paolo Cognetti s’en sort avec brio. Il les aborde tous, l’air de rien, au détour d’une randonnée en montagne ou d’un souvenir d’enfance. Les sentiments exprimés sont à l’image de la nature qui nous accompagne tout au long du récit : brut, simple, authentique. Un style épuré, de la sobriété c’est un vrai bonheur.

Paolo Cognetti n’essaie pas d’enjoliver les choses : il raconte la vérité avec pudeur, il en ressort un récit d’une grande beauté. C’est un retour aux sources, à l’essentiel. On laisse tout le superflu et les fioritures derrière nous pour se concentrer sur ce qui est vraiment important. A l’heure des réseaux sociaux et des centaines « d’amis » virtuels comme cela fait du bien de lire une vraie histoire d’amitié, de se rappeler ce qui est vraiment important et ce que sont réellement les rapports humains. Il y a quelque chose d’une autre époque dans ce récit, un code d’honneur tacite entre ces deux enfants qui perdurera quoiqu’il arrive.

Le livre est empreint de mélancolie, le rythme de la lecture s’en trouve d’ailleurs impacté. On savoure les mots, on prend son temps. Les descriptions de la nature sont magnifiques on se promène au fil des pages, on pourrait presque sentir le bon air des Alpes. La nature est un personnage à part entière de ce roman.



La relation que Piétro et son père entretiennent est maladroite mais emprunte d’amour et touchante. Celle de Piétro et sa mère est marqué par une certaine facilité et imprégnée de tendresse.



Ce qui m’a le plus touché c’est cette relation d’amitié entre ces deux hommes si différents et si semblables à la fois. Une relation simple et vraie. On découvre l’enfance de Pietro et Bruno entre Tom Sawyer et Heïdi. On sent l’innocence de l’enfance teintée de questionnements. Plus le récit avance et plus les questions se font complexes : l’accomplissement de soi, la famille, les relations humaines, la transmission entre les générations, la filiation. Beaucoup de thèmes qui poussent à l’introspection. Des sujets sérieux et pourtant la lecture est agréable et intéressante. Il n’y a pas de longueurs. Un récit plein d’humanité.

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Les huit montagnes

Les parents de Pietro sont unis par une passion commune: la montagne. Quand ils découvrent le village Grana au pied du Monte Rosa, ils estiment avoir trouvé le bon endroit pour se ressourcer. Pietro va passer chaque été à cet endroit et faire la connaissance de Bruno, un garçon de son âge qui garde les vaches. Commence une solide amitié et les explorations parmi les sentiers les plus rudes, découvertes de maisons abandonnées, d'anciennes mines d'or, de la source du torrent.



L'histoire de Pietro qui grandit entre un père en conflit en permanence avec le reste du monde, et une mère qui cultive ses relations comme on soigne les plantes de son balcon. Les premières courses en montagne avec son père, et puis l'affront, le refus de continuer à la suivre. le père et le fils s'éloignent alors l'un de l'autre. L'histoire de son amitié avec Bruno un solitaire attaché à ces lieux sauvages où tricher est impossible. L'un va partir sur les sommets à l'autre bout du monde réaliser des reportages, l'autre remettre en état un alpage et produire son propre fromage. A la mort de ce père méconnu Pietro retournera dans sa montagne retrouver une amitié interrompue.



Un livre sur l'amitié donc mais aussi sur l'appel de la montagne. Un roman où la nature est omniprésente.Une invitation à redécouvrir la beauté et le charme du silence qui y règne. Il y a du Marcel Pagnol dans ce récit qui traite du rapport à la nature, et de l'amour pour son père.Comment ne pas penser à Lilli, le jeune paysan qui initie Marcel aux mystères des collines, comme Bruno va faire découvrir à Pietro les secrets de sa montagne et puis la maison de Grana ressemble fort à la petite villa située aux Bellons louée par le père de Marcel et l'oncle Jules. de l'Italie au Népal, des Alpes à l'Himalaya laissez-vous entrainer dans ce récit reposant où tout est simple, où tout est beau.Une véritable bouffée d'oxygène.


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Les huit montagnes

« J'observais l'alpage et l'étrange contraste entre la désolation des choses humaines et la vigueur du printemps »

Quand un homme met ses tripes dans ses mots comme Paulo Cognetti, je reste muette. C'est lui, sur la couverture et vous le reconnaîtrez dans ce roman. L'émotion affleure à chaque page. Que pourrais-je dire ? Je n'ai pas le silence qui parle comme celui des montagnards. Hommes des roches noires, de la neige vierge, aux âmes fidèles et purifiées le long des sentiers.

« J'emporte avec moi le souvenir de ces journées de marche comme le plus beau des refuges. »
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La Félicité du loup

Traduit de l'italien par Anita Rochedy



Le loup, dans ce roman, c'est comme l'Arlésienne, on ne le voit jamais, on le devine parfois.

Je retrouve le souvenir de mes randonnées en montagne :

- les cairns, où chacun ajoute sa petite pierre

- les linaigrettes et leurs pompons de coton

- les torrents et leur fracas

- les gentianes en fleur, d'un bleu magnifique

- les chamois, plutôt rares

- les bouquetins, beaucoup plus courants

- le sifflement aigu des marmottes signalant un danger

- les mélèzes et leur odeur subtile

- le Mont Rose, au loin

- la douleur dans la montée

- et, enfin, le bonheur intense d'arriver au sommet et de contempler la nature dans toute sa splendeur.

J'ai revécu tout ça, grâce à l'auteur.

Ce que je n'ai pas retrouvé, par contre, c'est la magie des "huit montagnes", ce qui explique ma note pas très haute.

L'écriture manque de fluidité, je n'ai pas eu l'impression de lire le même auteur.

Un problème de traduction, peut-être ?
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Sans jamais atteindre le sommet

J’ai fini par y aller vraiment dans l’Himalaya . C’est le 3 eme livre que je lis de lui après carnets de new York. La vallée du Dolpo. Je sais qu’en montagne, on marche seul. Je ne lis pas ce livre pour le bouddhisme il me rattrape. La Katmandou des Beatles. C’est quoi t’appelles haut ? Sur les pas de Mathiessen le léopard des neiges Tesson

Robert Thurman. Shey Gompa le monastère de Christal. la Kora a gauche ( Tintin au Tibet)

La circumambulation autour du kalash Om Mani pad me hum aux lamaseries. Pierres a mani ou du chang. Je pense à Pleissel au Mustang. Qui est ce je toujours présent et qui n’est pas moi. Je n’aime pas le thé au beurre tibetain. J’aurais aime que Herzog ne puisse jamais atteindre le sommet.
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Les huit montagnes

Découvert avec ravissement lors du premier confinement, Paolo Cognetti me tient à nouveau compagnie pour le deuxième.

Je suis toujours aussi éblouie par sa plume, peut-être plus encore avec ce roman qui magnifie la beauté des lieux en leur offrant des personnages à leur hauteur.

Impossible pour moi qui ai été biberonnée aux échappées belles de Marcel Pagnol et Lili des Bellons de ne pas retrouver un brin de cette complicité d'enfance en suivant Pietro et Bruno à l'assaut des sentiers alpins.

Plus on s'élève vers le sommet et plus la Montagne semble échapper à la dictature du temps. Souvenirs et espoirs s'y tutoient tandis que les murs de silence érigés pour protéger les taiseux semblent fondre pour faire place au langage du coeur.

Une histoire de filiation, d'amitié et de conquête de soi, une histoire de montagne comme seuls savent les écrire ceux qui en ont éprouvé le lien dans leur chair. Une claque, encore un coup de coeur,... que j'aime cet auteur!
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Les huit montagnes

Ce court roman est une très touchante histoire à la fois de famille, de solitude, et d'amitiés qui tentent d'y remédier ; une histoire de racines, de mélèzes qui ont poussé dans des ruines et que l'on tente de replanter ailleurs, mais qui parfois en meurent.





Pietro est un tout jeune citadin quand ses parents décident de renouer, durant chaque vacances, avec les montagnes de leur jeunesse. Sa mère lui fait apprécier les marches en forêts tandis que son père tente de l'initier aux randonnées de haute montagne. Son but : gravir, si possible avec son fils, tous les sommets alentours qu'il cartographie scrupuleusement à chaque retour. Et si, au départ, Pietro n'apprécie que moyennement ces moments seul avec son père, ils lui font finalement entrevoir une face nouvelle de sa personnalité qu'il tente d'appréhender et, surtout, de ne pas décevoir.



Car ces randonnées semblent avoir pour son père un sens plus profond, n'être pas seulement un défouloir ni un but abstrait à atteindre, mais constituer une quête initiatique qu'il semble vouloir entamer avec son fils, autant qu'une manière de se livrer. le père de Pietro semble s'y ressourcer tout autant que se perdre dans ses souvenirs. Il semble aussi vouloir lui enseigner une chose importante encore hors d'atteinte pour Pietro, ainsi que réaliser, par ces exploits successifs, une sorte d'expiation ou de quête plus personnelle dont les contours se dessinent lentement.





En attendant d'en comprendre le sens exact, Pietro va se lier d'amitié avec un jeune montagnard de son âge. Une amitié aussi solide qu'elle est masculine, faite de silences et de pudeur, qui se tisse en peu de mots, peu de gestes et avec beaucoup d'espaces qui n'ont pas besoin d'être comblés. « Si ça n'avait tenu qu'à nous, nous ne nous serions pas appelés pendant des années, comme si notre amitié se passait d'entretien. C'était ma mère qui nous donnait des nouvelles l'un de l'autre, elle qui était habituée à vivre parmi des hommes qui ne se parlaient pas ». Une amitié plus forte que la distance et que leurs différences : Pietro, le citadin qui aime la montagne et ne se sent chez lui nulle part, et Bruno, le montagnard de souche, ce mélèze qui ne pense pas survivre si on le déracine pour le replanter ailleurs ("Toi, tu es celui qui va et qui vient, moi je suis celui reste. Comme toujours, pas vrai ?").



Pourtant le destin se chargera de les réunir et, par le biais de leur histoire commune, Pietro se trouvera finalement au plus proche de celle de son père. Parachuté malgré lui dans ses pas, il en comprendra les errances, les silences, les gestes et les bribes d'enseignements énigmatiques qu'il voulait lui transmettre.





« - Ah, dit-il. Je vois, tu fais le tour des huit montagnes.

- Quelles huit montagnes ?

L'homme ramassa un petit bâton avec lequel il fit un cercle dans la terre. le motif était parfait, on voyait qu'il avait l'habitude de le dessiner. A l'intérieur, il traça un diamètre, puis un deuxième, perpendiculaire au premier, et puis encore un troisième et un quatrième le long des bissectrices, obtenant ainsi une roue à huit rayons.

(…)

" Tu as déjà vu ce dessin ? me demanda-t-il.

- Oui, lui répondis-je. Dans les mandalas.

- Exact, dit-il. Nous disons qu'au centre du monde, il y en a un autre, beaucoup plus haut : le Sumeru. Et autour du Sumeru, il y a huit montagnes et huit mers. C'est le monde pour nous.

Tout en disant ces mots, il traça une petite pointe au dessus de chaque rayon, puis une vaguelette d'une pointe à l'autre. Huit montagnes, et huit mers. A la fin, il entoura le centre de la rue d'une couronne qui devait, pensai-je, être le sommet enneigé du Sumeru.

(…)

Il planta son bâton au centre et conclut :

« Et nous disons : lequel des deux aura le plus appris ? Celui qui aura fait le tour des nuits montagnes, ou celui qui sera arrivé au sommet du mont Sumeru ? ».





*****



J'ai bien aimé ce roman : son humanité, le cadre parabolique qui se prêtait à la quête de chaque personnage, l'absence de jugement des personnalités et modes de vie de chacun, les questions existentielles dont les personnages trouvent leurs propres réponses en eux, au fur et à mesure de leur avancement sur leur chemin de vie.



"A bien des égards, l'homme qu'il était devenu me surprenait. J'avais imaginé trouver peut-être pas le portrait craché de son père, mais au moins celui de ses cousins, ou d'un des maçons qui, dans le temps s'asseyaient à côté de lui au bar. Mais il n'avait rien à voir avec eux. On aurait dit quelqu'un qui, à un moment donné de sa vie,avait renoncé à la compagnie des autres, s'était trouvé un coin du monde et s'y était retranché."





Concernant la plume, Paolo Cognetti sait raconter les histoires et nous les faire nous les approprier, oscillant entre récit intimiste mis en relief par "la nature" et l'isolement de chaque personnage à sa manière, et conte philosophique.

Grâce à une construction parfaitement maîtrisée, chaque question disséminée dans son récit trouve son élément de réponse au fur et à mesure que ses personnages grandissent, progressent et apprennent des épreuves de la vie. J'ai aimé sa façon de boucler toutes les boucles entamées, qui en forment une plus grande encore : celle du roman lui-même.





C'est beau, feutré et lumineux, ça fait du bien. On a tous en nous nos solitudes et nos amitiés, nos forces et nos limites. Il n'y a pas de bonne ou de mauvaise façon de vivre sa vie : Il n'y a que celle qu'on se construit et dont les choix nous mènent, inéluctablement, vers nos destins.
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Sans jamais atteindre le sommet

Paolo Cognetti est parti dans le Népal l'année de ses quarante ans, pas comme alpiniste, mais comme montagnard.

300 km de marche et huit cols à 5.000 mètres d'altitude.

Pour lui c'est un retour à la montagne comme il l'aime, comme il l'a connue dans les Alpes côté Italie, authentique, encore peu touchée par la civilisation industrielle.

Pourtant la Chine n'est pas loin et se déploie de plus en plus chez ses voisins.

Paolo emmène avec lui un ami d'enfance (que nous avons rencontré dans « le garçon sauvage ») qui n'a presque jamais quitté les Alpes et se sent chez lui dans cette montagne sauvage.

Il emmène aussi un livre qui lui sert de guide, « le léopard des neiges » de Peter Matthiessen, (auteur qui a fait ce même voyage plusieurs décennies auparavant).

Et Paolo se rend compte que peu de choses ont changé depuis, seuls les marcheurs ont accès à ces lieux magiques, et c'est toujours un émerveillement.





Paolo Cognetti nous parle avec sensibilité et lyrisme de la nature qu'il découvre, il est toujours aussi brillant dans sa manière de décrire ce qui l'entoure.

Il aime aussi les contacts, souvent trop courts, avec les habitants des lieux.

C'est un livre attachant, surtout si on a, comme moi, lu auparavant « le garçon sauvage » et « Les huit montagnes », les trois livres résonnent ensemble !

En tout cas cet auteur est une de mes belles découvertes de l'année et j'ai, en plus, eu la chance de le voir à « Etonnants voyageurs » cette année et de pouvoir échanger avec lui, cela fait partie des belles rencontres du festival !

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Sans jamais atteindre le sommet

Quitter les Alpes pour l'Himalaya et les sentiers trop fréquentés des montagnes européennes pour aller se perdre aux confins du monde habité, dans les espaces vertigineux au delà des 5000 mètres d'altitude, où chaque pas demande un effort au corps privé d'oxygène.

Voilà où Paolo Cognetti entraîne le lecteur, sur les pas de Peter Matthiessen et de son léopard des neiges dans la région du Dolpo, une des plus reculées du Népal, à la frontière du Tibet, enfin de la Chine.



Il ne s'agit pas ici de vaincre la montagne pour la beauté du geste - quelle illusion ! - mais plutôt d'une quête initiatique où le "sentier (est) plus précieux que le sommet".

Voyage à la découverte des autres et de soi-même, donc, conté poétiquement avec accompagnement de dessins.

Pèlerinage vers Phoksundo. Shey Gompa. La Montagne de Cristal. Et cette question "Qui a pu voir le mont Kailas du haut de la cime inviolée de la Montagne de Cristal."



Déambuler au milieu des chortens, suivi par les yeux de Bouddha.

Admirer les edelweiss et les moutons bleus au pied de la face nord du mont Kanjiroba.

Savourer le thé tibétain, au sel et beurre de yack, très simplement offert par le moine.

Se perdre et se trouver dans cette nature, encore presque vierge.

Réaliser que tout est éternel retour, et qu'au Népal, il n'y a que la vie qui continue.

Om mani padme hum

(le joyau au coeur du lotus).
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Les huit montagnes

Le Mont Sumeru est une montagne mythique considérée comme l'axe du monde, le centre de la terre et autour d'elle, il y a 8 montagnes et 8 mers !

La légende dit qu'il y a celui qui arrive au sommet et celui fait le tour des 8 autres..

C'est l'histoire de Pietro et de Bruno : 2 gamins qui se sont connus dans le Val d'Aoste et qui ont arpenté les rivières, les torrents, les prés, les bois et, qui ont partagé sans bruit leur adolescence dans l'escalade, la communion avec le Mont Rose et les joies des randonnées.

Giovanni Guasti est chimiste à Milan mais il ne supporte pas le bruit, la pollution de la ville et avec sa femme, son fils Pietro : ils louent une petite maison à Grana . La famille passe ses vacances en Val d'Aoste et pour le père c'est l'occasion de renouer avec sa passion de la montagne et la faire partager à son fils unique. Il va l'amener arpenter les cimes, les glaciers jusqu'à 3000/4000 mètres,. Pietro va se lier d'amitié avec Bruno, un jeune vacher et ce dernier va les suivre dans leurs sorties car il commence à admirer le papa de son copain et aimer la compagnie de ces milanais qui le considèrent peu à peu comme un fils, le poussent à faire des études et se proposent même pour l'amener avec eux à Milan ! Hélas, le père de Bruno veut en faire un maçon et leurs chemins vont s'interrompre, d'autant que Pietro fait une école de cinéma et veut devenir documentariste !

Les années passent, Pietro sillonnent le monde pour son travail mais entretemps son père décède et il revient à Grana pour hériter d'une ruine et d'un terrain en altitude . Bruno l'attend et lui propose de "retaper " la maison ensemble : ils vont retrouver leur complicité d'adolescents et reprendre les chemins de la montagne..

Pietro s'aperçoit que son père et Bruno ont continué à randonner et, peu à peu il découvre le passé de cet homme taiseux qui le contraignait à l'escalade malgré son mal des montagnes ! Ce père qui, orphelin après la guerre avait été adopté par la famille de Pietro son ami et, était devenu son beau frère après un accident d'avalanche dans les Dolomites.

A la " brama drola" : les deux amis coulent des jours heureux et Bruno veut s'acheter du bétail et faire des tommes, il va épouser Lara, une amie de Pietro et avoir une petite Anita !

Ses affaires vont péricliter, mais il préfère rester un vrai montagnard solitaire et Lara va être obligée de partir en amenant Anita.

Puis, vient l'hiver 2014 qui est le plus neigeux des 50 dernières années avec 8 mètres à Grana...Bruno est introuvable : il est parti enseveli avec son grand amour : la Montagne.

Pour Pietro, il est impossible de retourner à cette Montagne qui est le centre de toutes les autres, lui qui a erré sur les 8 autres car, il a perdu son ami sur la première et la plus haute !

Paolo Cognetti nous fait vivre un beau roman sur l'amitié, la transmission, la passion dévorante des cimes qui bousculent les vies, les transforment !
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Les huit montagnes

Un roman primé qui s’avère être de qualité, quelle rareté ! Mais ne boudons pas notre plaisir.

Lue en italien, cette histoire d’amitié qui se prolonge sur trente ans (Elena Ferrante aurait-elle fait des émules ?) surprend par le caractère solitaire, discret et taiseux de ses protagonistes. Le monde âpre et beau de la haute montagne n’est pas là seulement comme un décor ou un paysage de prédilection, ou encore les racines profondes de ces deux montagnards, mais c’est aussi un retour réfléchi sur un deuil, sur un rapport père-fils difficile et vécu dans la fuite et l’absence. Trois deuils en fait marquent ce récit, la perte d’un ami en montagne étant revécue deux fois par le narrateur, du drame originel à l’épilogue, tandis que l’ombre et les traces du père jalonnent son chemin vers les cimes.

Une écriture sans affèterie ni procédés, sobre et précise, grave de la profondeur du sentiment qui justifie ce récit.

On quitte le livre à regret.

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Les huit montagnes

Un très, très beau moment d'évasion. Une tranche de vie vécue par procuration.

Je referme ce livre avec dans les yeux les cimes enneigées et les alpages ensoleillés, dans mes oreilles le son des clochettes des vaches et du vent qui siffle dans les hauteurs, mon nez respire l'air frais et piquant de l'altitude, mes jambes fourmillent de l'envie de parcourir ces forêts, de gravir ces pierriers et de sauter à travers ce torrent. Mon cœur y reste encore un peu.



Ce livre et moi, ça a pourtant été loin d'être un coup de foudre. La première partie m'a laissée assez froide, à distance, j'ai trouvé la plume neutre et monotone, sans âme et sans vie, sans vraie force. J'ai trouvé que les description manquaient de précision, j'ai pu rattacher ce que je lisais à mes propres souvenirs de montagne, mais il m'a semblé que quelqu'un pour qui elle serait inconnue aurait bien du mal à se créer une image mentale des environnements décrits. J'ai ressenti également un problème récurrent de traduction, à la lecture de passages au sens peu clair et à la sonorité bizarre. J'ai poursuivi ma lecture un peu par devoir, car on me l'avait prêté et chaudement recommandé, un peu par résignation, car le déplaisir n'était pas si grand et qu'il faut bien des lectures un peu moins bien de temps en temps, mais surtout un peu par espoir que quelque chose finisse par décoller.

Et c'est ce genre d'expériences de lecture qui augmentent les chances de tous les prochains livres auxquels j'aurai du mal à adhérer d'être lus jusqu'au bout, dans l'espoir que la magie se cache au détour d'une page.



Car ici la magie était bien là, tapie aux creux de cette combe. Il a fallu la 2ème partie du récit pour qu'elle commence à se réveiller et se révéler, assez doucement d'abord, comme la montagne qui émerge de son sommeil hivernal. Puis elle s'est affirmée, l'immersion se faisant de plus en plus forte, la sympathie et l'attachement aux personnages aussi, les sensations, les émotions, les rêveries...

Avec ce livre, j'ai rêvé d'une autre vie, d'air frais et de contact profond avec la nature et avec mon corps actif et vivant. J'ai pris conscience de la dureté de la confrontation de la réalité aux douces utopies. J'ai réfléchi sur le sens de la vie, j'ai médité sur mes priorités, j'ai repris conscience de l'importance de soigner ses amitiés, par-dessus tout.



Je reprends ma route, un peu plus ancrée, un peu plus réfléchie, un peu plus éveillée aussi, avec dans un coin de ma tête la montagne qui veille.
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