AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Pascal Croci (155)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Auschwitz

Pour venir à bout de son projet, qu'était celui de réaliser un document-fiction en bandes dessinées, Pascal Croci aura eu besoin de cinq années. Cinq années pendant lesquelles il a interviewé plusieurs témoins/survivants/rescapés du camp d'Auschwitz-Birkenau. Cinq années pendant lesquelles il a réalisé des recherches minutieuses. Cinq années pendant lesquelles il a travaillé sur le graphisme de l'histoire qu'il voulait nous présenter. Le résultat, sinon splendide (impossible d'utiliser ce terme pour évoquer ce pan de l'Histoire) est en tout cas efficace et nécessaire.



Pascal Croci s'est donc basé sur les différents témoignages qu'il a récoltés pour pouvoir nous raconter l'histoire de Kazik et Cessia, qui débute et se termine en 1993, en ex-Yougoslavie. Le parallèle fait entre les conflits de cette période et ceux cinquante ans plus tôt est là comme une évidence, un rappel... Accusés tous deux de trahison politique, Kazik et Cessia n'ont pas oublié, se rappellent et nous racontent ce qu'ils ont vécu dans le camp d'extermination d'Auschwitz il y a un demi-siècle de ça...



Kazik, séparé de sa femme et sa fille à leur arrivée à Auschwitz, se porte "volontaire" pour faire partie des Somderkommando. Il sait que sa femme n'a pas survécu à la haine des nazis, mais il y voit une chance de revoir une dernière fois Ann, sa fille. Pour rappel, les Somderkommando sont un commando spécial formé uniquement de juifs chargé d'évacuer les cadavres de la chambre à gaz...

Cessia, quant à elle, a été admise dans le camp des femmes. Elle a pris sous son aile une jeune fille de treize ans qui a miraculeusement survécu à la chambre à gaz... À quelques jours de la libération du camp, cette dernière tombe malade...



Les dessins en noir et blanc, réalisés au fusain, sont fins, détaillés, très réalistes. Tout est gris, plombant, en totale adéquation avec le récit. Terriblement sombre et sans espoir mais terriblement efficace. Les expressions des visages, tantôt ternes, horrifiés, emplis de lassitude, fatigués, ou encore haineux, sont éloquentes. La grandeur des yeux et la perspicacité des regards surtout sont marquantes, mettant en avant la maigreur des visages et la force de l'émotion éprouvée du moment.



En voulant contribuer au devoir de mémoire, Pascal Croci nous livre ici une histoire percutante qui relie les deux protagonistes principaux, à nouveau persécutés presque cinquante ans après. À moitié fiction, à moitié documentaire, ce n'est qu'à la fin, dans les pages consacrées à l'entretien de l'auteur, qu'on arrive à faire la part entre faits réels et faits fictifs, entre personnages de fiction ou non. Ces dernières pages sont en fait aussi nécessaires que la bande dessinée elle-même. Elles se complètent et sont en mesure de pallier aux petits manquements de l'autre.



Le tout forme un ensemble percutant, saisissant, efficace. Je n'ai pas été totalement embarquée, les pages en effet se tournent bien trop vite car c'est bien trop vite que les événements se déroulent : les dialogues, bien que puissants, sont peu nombreux, ou plutôt trop courts, et de ce fait pas assez immersifs. Mais je ne pense pas que là était l'objectif de l'auteur de toute façon. Celui de nous rappeler de ne surtout pas oublier est atteint en tout cas, là est l'essentiel.



Est-ce un livre à conseiller ? Difficile à dire, mais à lire, oui, incontestablement.

Commenter  J’apprécie          558
Auschwitz

« A l’aube des temps, les chrétiens avaient déclaré : vous ne pouvez pas vivre parmi nous comme juifs. Au Moyen-Age, les chefs séculiers décidèrent: vous ne pouvez plus vivre parmi nous. Enfin, les Nazis décidèrent : Vous ne pouvez plus vivre ».



Comme ça , d'entrée de jeu , ça peut plomber l'ambiance . Mais d'ambiance de fin d'année , shampomy à gogo , rires gras et cotillons à la con plein les fringues , il n'en est jamais question dans cet album volontairement écrit pour les plus jeunes que la lecture pourrait rebuter . Prix jeunesse de l'Assemblée Nationale en 2001 – le prix jeunesse du Sénat , dont la moyenne d'âge avoisine les 124 ans , ayant été attribué à Michel Drucker pour l'ensemble de son œuvre - , ce récit initié par la série de Claude Lanzmann , Shoah , se focalise sur Auschwitz , camp emblématique de la solution finale Nazie , et ses rouages mortifères .



Auschwitz : le 27 janvier 1945 , l'armée soviétique prend possession du camp libérant ainsi un peu plus des 7000 prisonniers restants . Plus d'un million n'aura pas eu cette chance...

Croci se lance dans la BD didactique . Aucune volonté de sa part d'exorciser un passé familial délicat puisque l'auteur ne possède aucune filiation judaique .

Il se pose en observateur fidèle qui , après avoir étudié le sujet en long , en large et en diagonale bisautée et avoir recoupé une multitude de témoignages d'anciens prisonniers concentrationnaires , évoque sur papier glacé un univers qui le fût tout autant .



Ex-Yougoslavie , les époux Kazik se souviennent et se racontent...

De leur arrivée , entassés comme des bestiaux dans les trains de déportation , à leur libération , Croci retranscrit précisément le processus d'éradication alors mis en place par leurs bourreaux nazis . Un trait bicolore précis accentue l'abomination des lieux et des corps décharnés aux yeux hagards . Croci préfère suggérer que montrer et en cela , il fait - bzzzz - mouche . Les anecdotes plus sordides les unes que les autres pullulent accentuant , si besoin était , ce sentiment d'enfer sur terre .

Le camp et son abject fonctionnement est une réussite totale . Le scénario , lui , pêche par omission . Quid des moments marquants qu'étaient le tatouage , la tonte , j'en passe et des moins sympathiques .

Et que dire des acteurs qui auraient du susciter une empathie immédiate plutôt qu'une vague sympathie de situation . Dommage...

Plus qu'à me ruer sur Maus de Spiegelman et son incontournable monstrueux bestiaire animalier . Nouvelles grosses barres de rire en perspective...



Auschwitz : quelqu'un dit un jour , cheveux longs , tongs , tunique négligée , un hippie sans doute : " tu aimeras ton prochain comme toi-même ". Blague inégalée à ce jour...

http://www.youtube.com/watch?v=S6qv2ZAjpSs
Commenter  J’apprécie          518
Auschwitz

Je dois avouer que lorsque j’ai reçu cette bande dessinée, j’ai eu peur de l’ouvrir en sachant ce que j’allais y trouver. Mais devoir de mémoire oblige, j’ai fini par m’y plonger pour y trouver des illustrations terribles et effrayantes, certes, mais ô combien réalistes et soignées !



La première planche nous emmène en ex-Yougoslavie en 1993 : Kazik et Cessia se souviennent et racontent l’enfer du camp de concentration. L’arrivée des déportés, la terreur en guise d’accueil, les exécutions pour l’exemple, la façon dont on fait plier ces hommes et ses femmes assimilés à du bétail, Le quotidien du camps qui n’existait pas, on n’était jamais sûr d’être vivant le lendemain, les SS s’arrangeant pour assurer une insécurité permanente en changeant les lieux de travail, comment on fournit un confort tout relatif aux déporté Tchèque en ne séparant pas les familles et en ne prenant pas leur bagages, pour les voir ensuite basculer dans l’horreur, sans omettre une certaine solidarité existant entre déportés.



Côté Allemand, on côtoie des personnages impulsifs et montrant une violence extrême, où pondérés et affichant un certain calme, mais qu’importe, ce sont tous des tortionnaires qui semblent jouir de la souffrance d’autrui.



Cet ouvrage semble bien être le fruit d’un long travail de recherche, l’auteur ayant rencontré des membres de l’amicale d’Auschwitz qui avaient organisé une exposition sur la shoah et qui ont accepté de témoigner, ainsi que certainement un énorme travail d’illustration qui montre parfaitement la terreur et la violence tout en évitant le voyeurisme et qui montre un lieu fermé, au milieu de nulle-part ou le temps semble s’être arrêté, un enfer plongé dans le brouillard.



Le personnage principal, Kazik, personnage de fiction, est né en hommage au principal témoin de Pascal Croci, Mr Kazimierz Kac qui perdra son épouse et sa fille durant leur déportation.



L’auteur établit clairement le lien entre l’ex-Yougoslavie et Auschwitz afin de rappeler que les camps de concentration n’appartiennent pas au passé, des images de la guerre entre 1991 et 2001 lui ont rappelé que ce passé peut ressurgir.



Cet ouvrage n’expose pas seulement un travail parfaitement documenté sous la forme d’une bande dessinée, il comporte une interview très intéressante de l’auteur au sujet de son travail.



Cette bande dessinée devrait passer entre les mains d’une majorité de lecteurs !
Commenter  J’apprécie          491
Auschwitz

Quel album ! C’est avec des frissons que je l’ai refermé. On connait tous l’Histoire, malheureusement, d’Auschwitz et des camps. Aucune surprise à ce niveau-là. Mais la façon dont Pascal Croci rappelle tous ces événements, en prenant appui sur des témoignages ou ses lectures, met en relief l’horreur. Les dessins également, en noir et blanc, aux traits âpres, au couteau, viennent s’ajouter au scénario.

Une BD à mettre entre toutes les mains afin de ne pas oublier !
Lien : https://promenadesculturelle..
Commenter  J’apprécie          440
Auschwitz

C'est le bandeau apposé sur la couverture "Prix jeunesse Assemblée Nationale" qui m'a poussée à emprunter cet ouvrage à la médiathèque avant mon départ pour ce confinement. Même si je me doutais bien, au vu du titre, que l'histoire serait loin d'être des plus marrantes, elle aurait au moins le mérite de me faire réfléchir et de m'instruire par la même occasion car à ce sujet, celui des camps de concentration, l'on n'en sait jamais trop.



L'histoire débute en 1993 quelque part en ex-Yougoslavie alors quel rapport avec le camp d'Auschwitz me direz -vous . Eh bien tut simplement Kazimierz Kac Kazic et sa femme Cessia (personnages ayant réellement existé) y étaient et se souviennent. Ils y étaient avec leur fille et ce n'est que plus de trente ans après que certaines révélations à son sujet ressortent. Pourquoi maintenant ? Nul ne le sait mais ce qui est admirable dans cet ouvrage (que je n'ai réellement compris qu'en lisant l'interview de l'auteur se trouvant en fin d'ouvrage) que je n'ai pu que comprendre toute la portée et m'éclairer sur certains passages de l'histoire. L'histoire ? Est-il besoin de vous la raconter ? Je ne pense pas... Vous avez tous et toutes entendus parler de la sélection et de l'extermination du peuple juif mais pas que lors de leur entrée dans ces camps ? Nul besoin pour l'instant de vous en dire plus alors si ce n'est que cet ouvrage est dune grande justesse, de par les témoignages recueillis par l'auteur (malgré quelques écart notamment sur l'uniforme des nazis de l'époque) mais cela étant rectifié en fin d'ouvrage par un témoignage à vous glacer le sang par l'un des rescapés, l'on peut bien pardonner cela à l'auteur-illustrateur qui a agit en toute connaissance de cause.

Un dessin extrêmement bien travaillé, gris (est-ce pour rappeler la couleur des cendres ou simplement pour donner à cette ambiance quelque chose d'étouffant et d'oppressant, peu importe, l'effet est immédiat, l'on sent très bien l'odeur de la mort qui hante chacune de ces pages), des visages qui parlent d'eux-mêmes tant on peut y lire l'horreur.



Alors, la grande question est : peut-on parler de tout à tous et ce, surtout en bande-dessinée ? La réponse apportée par Pascal Croci est "oui" et d'ailleurs, il le démontre parfaitement bien ici. Bande-dessinée suivie d'un entretien avec ce dernier et de quelques témoignages, cet ouvrage est bien plus qu'une simple bande-dessinée : c'est avant tout un ouvrage de mémoire que je ne peux, encore une fois, que vous recommander de lure et ce, quel que soit votre âge !
Commenter  J’apprécie          410
Carmilla

Adapté du roman éponyme de l’écrivain irlandais Shéridan Le Fanu, cet album est d’une incroyable beauté. Il met en scène une jeune fille qui, une nuit, a l’impression qu’une femme est dans sa chambre. On a beau l’assurer qu’elle a fait un cauchemar, cette apparition reste dans un coin de sa tête. Les années passent… Un beau jour, sa cousine, Carmilla, vient passer quelques temps chez eux. Stupeur ! Elle ressemble à cette femme, vue dans son cauchemar !

Je ne suis pas fan, habituellement, des romans parlant de vampires. Les seuls trouvant grâce à mes yeux sont celui de Shéridan Le Fanu et le fameux Dracula de Bram Stoker (qui s’en inspira). Dans cet album, aux couleurs sublimes et aux dessins qui ne le sont pas moins, Pascal Croci a réussi à mettre en relief la relation entre le vampire et sa proie. Une relation particulière, certes, puisqu’elle met en scène, comme dans l’oeuvre de Le Fanu, une certaine sensualité entre les deux femmes. Il fallait oser à l’époque ! Tous les marqueurs du roman gothique sont retranscrits ici. C’est une belle prouesse !
Lien : https://promenadesculturelle..
Commenter  J’apprécie          370
Auschwitz

Délicat de dire que l'on a aimé ou pas une oeuvre sur la Shoah. Mon billet porte bien évidemment uniquement sur la façon dont est traité ce drame horrible qu'on vécu les Juifs et toutes les autres victimes du nazisme.

Les dessins sont violents et interpellent le lecteur. Les grands yeux creusés, apeurés horrifiés ou encore méprisants agrippent le lecteur qui ressent instantanément un malaise. le noir et blanc pour seules " couleur" renforcent cette atmosphère d'horreur. En revanche, le scénario reste pour moi trop succinct, nébuleux et je me suis parfois perdue. Les réflexions me paraissent parfois en décalage avec la réalité.

J'ai lu il y a peu un roman graphique sur ce thème "seules contre tous" de Myriam Katin autrement plus poignant et bouleversant, peut-être moins dans les images chocs mais plus dans la réflexion.
Commenter  J’apprécie          320
Auschwitz

Très bonne BD, un style sombre qui se prête bien au sujet. L'auteur a largement mérité ses prix, les dessins sont criants de vérité.
Commenter  J’apprécie          270
Marie-Antoinette, Sweet Lolita

Un album tout en délicatesse qui rend un hommage tout en finesse à Marie-Antoinette.



Les textes sobres et emprunts de mélancolie s'immiscent au beau milieu de "figures de mode", de coiffures mondaines, de délicates dentelles, de froufrous...

Marie-Antoinette aurait elle pu être l'égérie du style Sweet Lolita ? Sans doute...En tout cas, cet album tout habillé de tons pastels nous invite fortement à le croire.



marie-antoinette sweet lolita est un très bel ouvrage. On ne l'ouvrira pas pour compléter ses connaissances historiques mais plutôt pour y retrouver l' atmosphère frivole, légèrement corrompue, à la fois douce et rigoureuse des premières années de l'Autrichienne à Versailles qui peu à peu, se teintera d'incertitude, de peine et de chimères...
Commenter  J’apprécie          270
Tchernobyl

Voici l'un des albums chocs de ce début d'année. Il est signé Pascal Croci.

Tchernobyl.

Le sujet principal n'est pas la catastrophe nucléaire que notre monde a connue, même si elle en fait partie. Non, Croci, nous livre ici un regard acéré sur le monde que l'homme se construit ou plutôt qu'il détruit.

En prenant les événements les plus violents que les XXe et XXIe siècles aient connu.

L'arrivée au pouvoir d'un dictateur entrainant le monde dans la guerre,  Hiroshima,  la tuerie de Columbine, ou encore Tchernobyl, (qui donne donc son titre à l'album) pour ne citer que quelques exemples.

Triste constat d'un auteur, unanimement reconnu pour son roman graphique, Auschwitz, paru en 2000.

Cette lecture demande de la concentration, pour apprécier et comprendre, les métaphores dont use ce scénariste.

Parfois on est décontenancé, la comparaison entre un célèbre chanteur en concert et le discours d'un futur dictateur est osé, mais terriblement efficace.

Croci, notamment en nous mettant dans la peau d'animaux, nous place devant un miroir aux reflets terribles.

Il pointe du doigt notre regard, notre indifférence, notre déni, notre insouciance, notre inconscience, notre avidité, notre brutalité, notre stupidité surtout.

Ah ! Si le tout premier homo habilis, voyait ce que nous avons fait de notre planète, ce que nous avons fait de l'humanité, notre "évolution".

De tout temps, l'homme a été violent, on est aujourd'hui dans la surenchère, irons-nous jusqu'à la destruction finale ?

Pascal Croci, dans un album puissant et avec son style graphique particulier, nous invite à la réflexion.

Voyez ce que nous avons fait...

Tchernobyl ? Indispensable.
Commenter  J’apprécie          250
Auschwitz

Le confinement est l'occasion de relire certains ouvrages. C'est le cas de cette bande dessinée qui avait marqué mon adolescence.



Quelques années après les purges d'ex-Yougoslavie, Pascal Croci imagine un récit dans lequel il met en parallèle ces deux massacres d'hommes par d'autres hommes, motivés par la haine de la différence et un discours identitaire féroce.



A la relecture j'ai été frappée par violence et la brutalité sans filtre qui est illustrée ici, sans la moindre tentative d'esthétisation ni tabou.

En lecteur adulte, on reconnaît les références littéraires ou cinématographiques (avec le Shoah de Claude Lanzmann notamment).

Une lecture sombre et choc, accentuée par les visages taillés à la serpe des personnages et les regards très expressifs.
Commenter  J’apprécie          230
Auschwitz

Finir son dimanche après midi ensoleillé à lire une BD dont le thème est la vie dans les camps d'extermination Nazis, c'est un peu rude. Mais en même temps, quelque soit le moment où choisi, j'aurais de toute façon trouvé cette histoire rude.

Oui c'est rude à lire mais je n'ai pas de mot pour décrire ce que ça a été à vivre. Cette histoire s'appuie sur les témoignages de survivants. C'est très documenté. Et le dossier de fin de tome explique la démarche de l'auteur.

Son objectif, perpétuer la mémoire.

Parfois il faut se bousculer un peu, même un dimanche sous le soleil.
Commenter  J’apprécie          191
Auschwitz

Parler de la Shoah à travers le prisme de la fiction représente un gros défi que certains ont, ces dernières années, su relever avec succès (Spilberg et sa « Liste de Schindler », Art Spiegelman et sa bande dessinée « Maus »...). Pascal Croci vient s'ajouter à la liste. Avec sa bande dessinée, l'artiste nous livre une vision certes personnelle mais néanmoins parfaitement documentée de ce qui s'est passé dans le camp d'extermination d’Auschwitz pendant la seconde guerre mondiale. Inspiré du documentaire « Shoah » de Claude Lanzmann, des différentes expositions rendant hommage aux victimes de l'holocauste et surtout des témoignages de certains rescapés des « camps de la mort », l'ouvrage de Pascal Croci se révèle malheureusement tout à fait réaliste et c'est avec horreur et désespoir que l'on fait défiler les pages sur lesquelles s'accumulent des scènes plus insoutenables les unes que les autres. On y découvre l'histoire (fictive) de deux rescapés, Kazik et Cessia, mari et femme déportés avec leur petite fille à Auschwitz où ils vivront tous deux des expériences traumatisantes qu'ils décident d'enfin partager des années plus tard, dans un contexte tout aussi dramatique.



A travers l'histoire de ce couple, Pascal Croci nous dévoile toute l'étendue de la barbarie nazie et le fonctionnement des camps d'extermination : voyage dans des wagons à bestiaux, séparation des familles à l'arrivée, élimination systématique des plus faibles... L'ouvrage nous fournit un aperçu de la vie dans les camps des hommes aussi bien que ceux des femmes et aborde également d'autres aspects moins connus comme ce « camp des familles » qui a abrité pendant six mois à Auschwitz des Tchèques qui ont bénéficié de conditions de vie plus « favorables » avant d'être finalement à leur tour gazés alors qu'on leur avait annoncé leur liberation. Au delà de la qualité de la documentation, l'ouvrage marque avant tout par le réalisme de ses graphismes en noir et blanc qui illustrent malheureusement trop bien l'enfer que représente le système des chambres à gaz. On pourra certes reprocher au scénario quelques failles (pourquoi attendre si longtemps pour révéler à son mari le sort de sa propre fille, entre autre...) néanmoins l'ouvrage se veut destiné à un public plus jeune qui passera sans doute facilement outre ces quelques détails pour se focaliser sur ce que l'auteur entend véritablement souligner : l'atrocité de ce qui a été infligé aux Juifs par les nazis.



Pascal Croci signe avec « Auschwitz » une bande dessinée poignante et difficile à digérer mais qui mérite de parler de l'horreur des camps d’extermination et de rendre hommage à tous ces hommes et femmes qui vécurent ces tragiques événements. Les victimes juives de la barbarie nazie sont estimées à plus de 5 millions...
Commenter  J’apprécie          190
Hitler

Bande dessinée qui ne se veut pas une biographie, un récit...

C'est un un genre de poème en prose illustré.

L'auteur a choisi le noir et blanc pour se lancer dans un très beau travail graphique un peu onirique avec une base très macabre, celle des camps de concentration. Beaucoup de squelettes, de cadavres, ce type de mort est très présent, trop présent.

Pour le fil conducteur, je n'ai pas adhéré, l'angle d'approche ne me convenait pas. Divers témoignages essentiellement féminins ne me semblant pas si important pour éclairer le personnage. Sans affirmer que cela ne compte pas, et bien que l’auteur ait fait preuve d'originalité avec ce chemin de traverse, je n'y ai pas trouvé un si grand intérêt. D'autant que la citation de l'expérience de Milgram qui a été mon point d'accroche ne trouve aucun écho sérieux dans la BD.

C'est plus la folie que l'obéissance qui mise en exergue dans l'ouvrage et c'est un argument beaucoup trop simpliste pour faire de l'histoire. Comme pour le joueur de flûte de Hamelin de la légende allemande utilisée en introduction, imaginer que la cause de cette catastrophe que fût la deuxième guerre mondiale est attribuable à la folie d'un homme est un conte fort utile mais qui empêche de réfléchir vraiment au sens de l'histoire.

Or c'est l'impression que j'ai ressentie à cette lecture. De l'affect, du texte, mais pas de structure narrative permettant d'en tirer quelque chose d'utile à la non répétition de ce genre d'effondrement.
Commenter  J’apprécie          180
Elizabeth Bàthory

Elizabeth Bathory était une comtesse hongroise qui a vécu au XVI-XVIIème siècle. Elle est restée célèbre dans l'histoire car elle a été accusée d'avoir torturé et assassiné de nombreuses jeunes filles. Selon la légende, elle se baignait dans leur sang afin de conserver sa jeunesse et sa beauté.



D'Elizabeth Bathory, je ne connaissais pas grand chose, si ce n'est que j'avais vu le film La Comtesse, sorti en 2010 avec Julie Delpy. Le sujet en lui-même est fortement dérangeant : c'est ce que j'avais ressenti en visionnant le film et surtout à la lecture de cette bande dessinée. Si certaines planches sont de toute beauté (je pense notamment à celles sur deux pages avec un cavalier ou un château perdus dans l'immensité de paysages hivernaux), d'autres m'ont paru carrément abominables, crues et terrifiantes (scènes d'emprisonnement et de torture de jeunes filles). D'ailleurs, cette bande dessinée n'est pas à mettre entre toutes les mains. Je pense que c'était le but de Pascal CROCI de choquer son lecteur mais j'avoue n'avoir pas saisi le sens. Je n'ai absolument pas accrocher à toute cette débauche de violence.



Néanmoins, je compte poursuivre la découverte de l'oeuvre de Pascal CROCI en lisant Dracula et Gloriande de Thémines.

Commenter  J’apprécie          180
Lady Tara Cornwall

Depuis que j'ai vu Crimson Peak de Guillermo Del Toro au cinéma, j'ai eu envie de prolonger le plaisir en découvrant d'autres histoires dans la même mouvance, à savoir les romans gothiques. Rien qu'à la lecture du synopsis, c'est plutôt bien parti!



Nous sommes au début du XVIème siècle, en Ecosse, dans le domaine de Lord Cornwall. Ce dernier a adopté les jumeaux Tara et Hugo, après la mort de leur mère. Des années plus tard, Lord Cornwall décide d'épouser Tara qui se refuse à lui et qui projette de s'enfuir avec son cousin Roman. Ce dernier sera retrouvé assassiné avec le poignard de Tara, planté dans le coeur...



J'ai beaucoup apprécié cette bande dessinée aux accents très shakespeariens : elle m'a parfois fait penser à Macbeth que je viens de terminer. Le scénario est assez bien pensé et nous réserve quelques surprises. Si j'ai globalement bien aimé les personnages, j'ai eu beaucoup plus de mal à cerner celui de Lord Cornwall, plutôt trouble.



Quant aux dessins, je les ai trouvé plutôt agréables : j'ai particulièrement aimé les décors et les élements architecturaux. La seule chose que j'aurais à reprocher et qui m'a un peu gêné à la lecture, est la trop grande ressemblance des visages des personnages. Beaucoup ont une figure émaciée et des yeux semblables : je peux comprendre que les jumeaux se ressemblent, rien d'anormal à cela ; néanmoins, Mary et Roman n'ont pas été faciles à dissocier au début.



Bref, hormis ces quelques écueils, j'ai beaucoup apprécié cette bande dessinée et compte maintenant poursuivre la découverte des autres oeuvres de Pascal CROCI en me lançant dans Adolphe et Elizabeth Bathory.





Commenter  J’apprécie          180
Adolphe

Adolphe est un jeune homme d'une vingtaine d'années, plein de vie, fougueux au désir ardent. Il ne cesse de marteler son souhait de rencontrer des femmes. C'est lors d'un bal qu'il encontre la belle Ellénore, une femme qui lui est d'abord interdite parce que mariée et plus âgée que lui.

C'est contre les dictats de la morale de l'époque que ce jeune homme cynique va séduire Ellénore qui après des réticences en tombe amoureuse. Elle rompt avec son mari qui représentait le prestige et la sécurité pour vivre une passion débordante et dévastatrice avec le jeune homme, elle va en souffrir jusqu'à sa fin.

C'est l'histoire en résumé que nous raconte cette BD de Pascal Croci aux belles illustrations originales adaptée du roman singulier de Benjamin Constant écrit au 19éme siécle. Les dessins parfois impudiques, des scènes d'amour crues y sont mises en scène et rompent avec le roman d'Adolphe à la narration déjà rythmée mais plus classique. le roman contrevenait à la morale de l'époque mais était plus elliptique quant à leurs relations sexuelles. L'illustrateur, réinvente l'histoire par ses planches aux dessins et aux traits très personnels et modernisés en axant la BD sur l'histoire d'amour et la déchéance d'Ellénore. La BD change les points de vue. On a l'impression que celui d'Ellénore est mis en avant ici. Toutefois, les dessins en font une femme impudique renversant ainsi la vision plus traditionnelle du roman.

Commenter  J’apprécie          172
Gloriande de Thémines

Autre relecture d'une BD de mon adolescence à l'occasion du confinement.

Cette bande dessinée qui narre et met en scène un fait divers a été publié juste après l'album Auschwitz. Je me souvenais surtout d'avoir moins apprécié cette lecture-ci que la précédente, et plus d'une décennie plus tard, cela se confirme !



Gloriande de Thémines évolue dans une période où catholiques et protestants s'affrontent et se répondent à coups d'impitoyables massacres. En plus d'être une femme adultère parce qu'elle est belle et que son mari n'est jamais là, elle se sert aussi du contexte général pour parvenir à ses fins. Mais son mari bigot et jaloux ne se remet pas des frasques de sa femme et lui fait payer.



Le plus gros reproche que je fais à cet album est qu'on identifie mal les personnages, ce qui complique la lecture quand il s'agit de suivre les manigances de toutes ces personnages pas vraiment charmants.

Si l'entrée en matière met vite dans l'ambiance de cruauté ambiente, mais j'aurais aimé voir le scénario mettre plus en relief les superstitions locales autour des sorcières. Tant pis.
Commenter  J’apprécie          170
Dracula

Cette intégrale regroupe deux bandes dessinées de Pascal CROCI : "Le Prince valaque Vlad Tepes" est une biographie romancée du comte Dracula et le "Mythe raconté par Bram Stocker" se concentre davantage sur l'adaptation du Comte Dracula par le célèbre écrivain.



Le livre objet en lui-même, avec sa couverture violine et noire ainsi que son écriture dorée, est magnifique. Malheureusement, le prix élevé (38,00€) peut limiter l'accès à cette adaptation : je me le suis donc procuré en occasion, à moitié prix.



Les illustrations de Pascal CROCI sont toujours aussi sublimes (mention spéciale aux paysages enneigés de Transylvanie, aux paysages maritimes d'Angleterre ou au château de Dracula). Les costumes sont également très réussis. Je serai un peu plus critique en ce qui concerne les visages des personnages : certains se ressemblent trop, j'ai souvent confondu le Comte avec son frère. D'autres manquent d'originalité : le visage de la princesse Cneajna rappelle trop celui d'Elenore d'Adolphe ou d'Elizabeth Bathory. Enfin, les expressions sont souvent les mêmes.



Autant, j'ai beaucoup apprécié le premier livre, autant j'ai été plus gênée dans la lecture de l'adaptation de Bram Stocker. En effet, j'ai trouvé que le récit était décousu : par exemple, le notaire Jonathan Harker visite le cimetière d'un village abandonné en Transylvanie puis se retrouve brutalement dans une auberge alors qu'il avait perdu connaissance.

Souvent, le texte n'est pas en rapport avec les dessins et cela m'a souvent perdu. On sent que l'auteur s'est fait plaisir en dessinant de magnifiques paysages mais le décalage est trop important et j'avais du mal à visualiser les scènes.



Bref, cette intégrale reste une bande de dessinée de qualité et je la conseille aux amateurs du genre. Il me reste maintenant à découvrir l'oeuvre originale de Bram Stocker.
Commenter  J’apprécie          170
Adolphe

J'ai découvert cette bande dessinée et son auteur Pascal CROCI grâce à la critique d'Héléniah que je remercie au passage.



Il s'agit d'une adaptation du roman Adolphe écrit au XIXème siècle par Benjamin Constant de Rebecque. Adolphe est un jeune homme de 22 ans qui tombe amoureux d'Ellenore, une femme mariée de 32 ans. D'abord rétive, elle cède aux avances du jeune homme puis tout deux s'embarquent dans une folle passion amoureuse.



J'avoue qu'au début, cette histoire m'a beaucoup fait songer au roman de Maupassant : Bel Ami est le nom d'un jeune homme désargenté qui n'hésite pas à séduire des femmes plus âgées et mariées afin de satisfaire son ambition de s'élever en société. Au final, rien de tout cela : la passion qu'éprouve Adolphe pour Ellénore est sincère et il a à coeur de ne pas lui causer du tort en société. S'il ne se passe pas grand chose au niveau du scénario, je dirais qu'en réalité, cette adaptation s'astreint surtout à donner une réflexion sur la passion amoureuse qui n'apporterait que chaos, solitude et souffrance. Cette impression est d'ailleurs renforcée par le fait qu'il n'y a quasiment aucun dialogue direct entre les deux protagonistes : nous n'avons que le point de vue d'Adolphe ou les échanges se veulent surtout épistolaires. De plus, hormis au début de l'histoire, chaque personnage est le plus souvent représenté seul dans les cases ce qui accentue davantage leur solitude et leur souffrance.



Au niveau des dessins, les décors architecturaux, les paysages et les costumes sont toujours d'aussi bonne qualité. La stature longiligne des personnages m'a parfois fait songer à l'esthétisme de Tim Burton. Si j'ai beaucoup apprécié les dessins d'Ellénore, les traits plus androgynes d'Adolphe ne m'ont pas forcément convaincus.



En conclusion, il s'agit d'une jolie adaptation d'un roman du XIXème sicèle dont je vous recommande.
Commenter  J’apprécie          160




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Pascal Croci (862)Voir plus

Quiz Voir plus

Pascal Croci

En quelle année Pascal Croci voit-il le jour?

1971
1951
1961
1981

10 questions
1 lecteurs ont répondu
Thème : Pascal CrociCréer un quiz sur cet auteur

{* *}