Pascale Dewambrechies vous présente son ouvrage "Géographie d'un père" aux éditions Passiflore.
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M'effacer. M'effacer sans me retourner. Sans croire à l'avenir. Vivre au jour le jour. Refuser le sentiment de honte. Retrouver un semblant de confiance. Elever l'enfant. L'aimer. Oublier. M'oublier. Me dissoudre dans une autre vie. Imposée. M'effacer.
Et dans cet effacement, trouver une raison de survivre.
Il vous trahit tous les deux. Sans élégance. Il ne te protège pas. Il te salit. Il a laissé tous les petits mensonges, petites trahisons, petites mesquineries prendre place dans votre vie. Pas vos vies séparées, celle née de l'entité que vous formiez ensemble.
Quand vous vous endormez, nus, quand chacun enferme l'autre dans ses bras, tu repousses la pensée ténue, mais insidieuse, d'une fin possible. La pensée triviale qu'il y aura quelque chose à payer, qu'une douleur un jour viendra.
Tes parents étaient aussi mal assortis qu'on peut l'être. Ils n'avaient d'échanges courtois qu'en présence des enfants. Côte à côte, face à face, dos à dos, mais jamais ensemble, jamais unis.
Car c'est bien de cela qu'il s'agit. Cet état ne durera peut être pas. Rien n'est figé. Rien n'est fixé. Tu es dans un possible que tu n'imaginais plus. Tu es victorieuse. Tu écoutes ton corps, tu le regardes, tu le caresses, tu lui donnes le plaisir que tu croyais ne plus pouvoir ressentir, tu lui donnes le plaisir qu'il ne savait plus contenir.
Albert Lepoivre est passé ce soir. Une requête. Des cours de français pour son neveu. Il fait des fautes. Trop pour un garçon si brillant. Deux fois par semaine serait un bon rythme. Je m’entends proposer trois. En fin de journée, après son travail à l’étude. On peut commencer demain. Il n’en espérait pas tant. Je n’espérais rien. Le revoir. Une heure et demie.
En tête-à-tête.
Résister.
Le chagrin est un poison. Une drogue maléfique, indispensable à ma survie. Sa dose quotidienne m'est nécessaire. Plus il me fait mal,plus j'en ai besoin. C'est un gouffre dans lequel je me noie. C'est un élixir qui me redonne vie. Il me tue, mais il me maintient en vie. Il est mon bourreau. Nuque renversée, je suis sa victime consentante. Le chagrin est une longue plainte tapie au fond de ma gorge. Qui se tait. Et qui m'étouffe. Je lui suis soumise, je le déteste, mais je le nourris pour qu'il ne me quitte pas. Je suis sa putain.
Des hommes, elle en avait eu, de nombreux. Chaque fois elle croyait qu'elle était amoureuse, chaque fois elle puisait dans le souvenir de son premier amour, chaque fois c'était un autre, chaque fois ce n'était pas lui.
Il est l'amant. Il n'est pas l'objet de ton désir. Il est ton désir.
Tu accomplis pour lui des gestes jusque là bannis de ton répertoire amoureux. Ces gestes, ces attitudes, marqueurs d'une appartenance à celui qu'on aime, que tu ne cessais de
moquer chez les autres avec une des formules cinglantes dont tu avais le secret.
Tu découvres l'irrépressible besoin d'être au plus près de lui, tu le touches, tu l'embrasses.
Si tu parviens à te retenir en public, dans l'intimité les expressions de ton amour sont sans limites.
C'est ainsi que cela se passe : quand l'amour fuit de la mémoire la réminiscence des premiers et insignifiants petits bonheurs et du bien-être disproportionné qu'ils produisaient.