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Critiques de Patrick Cloux (23)
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Mon libraire, sa vie, son oeuvre

Lu en 2009-----------------------

"Mon libraire est contagieux. Ne l'approchez pas, il pourrait vous donner

l'envie de lire"...



Pour ma 800e critique, je souhaitais parler d'un joli souvenir de lecture, qui soit simultanément, fortement symbolique de mon parcours et de mes enthousiasmes successifs vécus dans les différents métiers du livre !!

Voilà c'est choisi...avec un auteur-poète, ancien libraire, ayant représenté un temps dans la région Rhône -Alpes, la belle maison d'édition de Hubert Nyssen, Actes Sud......



Présenté comme un lexique, Patrick Cloux aborde tous les sujets quant au métier de libraire, l'histoire du métier, de l'édition... des livres...de la société,... ; en relisant cet ouvrage, j'ai été frappée par certaines prémonitions ou du moins anticipation sociétales... très frappée par la page "Démocratie"... qui n'était déjà pas très optimiste... en exprimant la nécessité de ces îlots d'indépendance et de résistance que sont les libraires !!



Petite pépite lue en 2009 [ 4 années avant mon inscription sur Babelio... ], qui m'a fait découvrir cet écrivain, à l'univers et aux mots poétiques, bienveillants, qui font un bien fou...Je viens de rédiger mon ressenti à la lecture d'un de ses derniers textes, "Au grand comptoir des Halles " ... j'enchaîne avec cette ancienne publication adorée... dont je n'avais pas rédigé de ressenti, n'étant pas encore engagée sur Babelio !!! Je rattrape ... ce manque... bien qu'en le re-parcourant, l'émotion et la nostalgie me prennent aux tripes, en constatant la disparition de telle ou telle librairie indépendante de Paris ou de province que j'ai fréquentée... et appréciée !.... heureusement , quelques autres sont nées...

"Le livre est un vecteur d'éternité courte. L'immédiateté le sauve. Vous sentez briller les yeux d'un libraire, vibrer sa voix, pleine de l'envie de commenter, de décrire. Il a été touché, c'est sûr, et il veut vous transmettre son émotion, vous charger de cette bonne nouvelle."



"Les livres ont le droit d'être vendus par quelqu'un qui les aime". (...) Voilà un sain précepte, et le libraire qui les aime est bien le mieux placé pour choisir, parmi tant de perdants magnifiques, les étonnantes découvertes à sauver d'entre les tas. (...) c'est assez d'un regard : un thème, une typographie, une image, une couverture réussie, quelques pages suffisent à le retenir. (p. 35)



Une très, très belle lecture et une plume fluide, agréable à lire... et cette magnifique idée conductrice que le métier de Libraire... est un métier de résistance et de conviction !!!



"Il y a une chaîne de conviction du livre. elle est invisible à qui ne sait pas lire. dès que plus investi,le lecteur la pressent à chaque niveau. Depuis la librairie d'où on lui parle jusqu'à la beauté intrinsèque de ce petit parallélépipède modeste, riche d'une photo appropriée, d'une vignette et d'un titre, unique comme son identité. Quant au texte, il peut éblouir, enthousiasmer, émouvoir. On n'en finirait pas.Sans conviction de part et d'autre, rien n'aurait été possible. On apprend en lisant. "(p.49-50)
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Durer encore

Je débute, en tout premier lieu, par exprimer toute ma reconnaissance et mes plus vifs remerciements à Patrick Cloux, pour l'envoi de son tout dernier texte, découvert hier soir à mon retour d'une brève échappée dans le Cantal, dans ma boite aux lettres...



Une émotion des plus palpables dès que me suis plongée dans ce "Journal

intermittent", mêlant les souvenirs, l'enfance, le quotidien, le bilan

d'un homme dont la vie a été habitée par l'art, les livres, la littérature, et

en filigrane central, constant ,le vécu d'un accompagnement dans la maladie de la Compagne aimée , vénérée...



" Mon livre m'échappera. Il sera lui aussi indûment fini. Prétendument abouti, ce qui est évidemment impossible. Beaucoup de choses finissent ces jours autour de nous. Mais d'évidence, les livres sont infinis. (...)

Ratiociner à un certain niveau est un sport de combat. Un objet de résistance. Une leçon de maintien qu'on se donne à soi-même. Une gondole à chagrin qu'il me faut, tant que tu es là, coûte que coûte, stabiliser. "(p. 95)



Ce texte si bouleversant , hommage absolu à la femme aimée, n'aurait pas besoin de commentaires , tant ce Journal se suffit à lui-même, au vu du chemin de douleurs parcouru par ce couple fusionnel, déchiré par la maladie ....



Des thèmes éternels, universels qui frappent chacun, à un moment donné:

le manque d'aptitude à vivre, le temps qui passe cruellement, les amis qui

disparaissent, la fragilité de toute existence, le rôle délicat, éprouvant

d'"aidant"...auprès de la personne aimée !



Patrick Cloux nous parle aussi de ses points d'ancrage littéraires: Henri

Thomas, Robert Walser, Henri Bauchau, Paul Gadenne , Eric Holder,Jean-François Billeter, etc. [des écrivains

de "l'intime" que j'affectionne aussi tout particulièrement ! ], de ses admirations multiples, dont le photographe "humaniste", André Gamet ( que je découvre, à l'occasion...)



Dans ces lignes épurées...j'y retrouve échos et émotions personnels, très parallèles, dans une proximité saisissante !!



C'est un livre chavirant car il parle de tout ce qui constitue un homme : sa vie, ses amours, ses amitiés, ses convictions et ce temps qui use,déconstruit, fragilise, nous enlève les êtres aimés. Comme à chaque lecture de cet écrivain, le style est à la fois sobre, lyrique, avec une petite musique familière, une poésie chaque fois renouvelée à partir du "plus simple"...qui me touchent infiniment...





"S'il te plaît, ne deviens pas un fantôme. Cela fait trop mal. (p. 33)



"Tu fus, je peux maintenant te l'avouer, mon auteur préféré, celle qui me raconta les plus belles histoires. "(p.25)



Pour la lectrice que je suis, ayant proclamé ci-dessus que ce " journal intermittent" était si dense que les commentaires étaient comme surfétatoires...alors pourquoi ?.... je tente de "justifier" cette obstination comme le souhait d'exprimer des lignes de modeste "reconnaissance"à Patrick Cloux pour ce vibrant chant d'amour et de tendresse, envers son épouse, et le beau chemin de vie parcouru de concert, des années durant...



L'ECRITURE qui, malgré tout, recule l'Absence, La Séparation...définitives,insupportables, inacceptables !



"Mais il y a tant d'éclats encore, tant de choses à sauver. A écrire, à ne corrompre en rien. J'aimerais ouvrir en grand l'éventail, tourner les pages de l'échéancier, en montrer les nuances de couleurs, sans ne rien oublier sans ne rien profaner. "(p. 116)



Même si...le chagrin, le deuil sont là, intolérables... la prose de Patrick Cloux reste totalement lumineuse, chavirante... Je renouvelle reconnaissance et admiration à son auteur devant une telle élégance, une harmonie des MOTS...Force et faiblesse. Un homme aimant, attentif, qui se met à nu dans sa souffrance; non pas par nombrilisme...mais pour garder la tête hors de l'eau...pour rester, grâce à ce "journal intermittent", relié, au plus près de sa "petite cigogne" ...



"Ecrire certains soirs m'autorise à croire que je peux prolonger en leurs trames et tissages, longuement, les jours de ma compagne." (p. 130)





"Le temps s'est arrêté. L'art sert au moins à cela. A maintenir l'illusion d'une corde de rappel. (p. 75)"
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Une étrange défaite

"Les livres nous servent alors de pontons. On marche tous les deux sur leurs planches vernies. Cette communauté de lectures offre une respiration, un répit à notre entretien. Une langue commune plus facile à partager."(p. 27)



Je tiens en tout premier lieu à remercier l'auteur, Patrick Cloux, de ce très gentil envoi, reçu en ce 1er jour de février... J'ai fortement hésité à écrire ces lignes... pour la simple raison que ce très court texte est hors commerce, un tiré à part, hors circuit marchand... et puis au final, je me suis décidée à "partager"... pour avoir l'occasion de parler d'autres écrits de cet écrivain des plus discrets, que je suis depuis de nombreuses années et lis toujours avec infiniment de plaisir, de grande sympathie

et de curiosité...



Dans ce très bref et non moins "intense" opus, il est question d'une réflexion aussi lucide, que bienveillante et poétique sur le temps qui passe, provoquée par des instants inédits de retrouvailles avec un ami, pas vu

depuis 40 ans...Cet ami de fac, de jeunesse est toujours quelque peu marginal, rebelle... avec un arrière décor de solitaire, revenu de presque tout, et abondamment blessé par les échecs, blessures de la vie...

"Allant sans rien, ne voulant rien posséder, il avance de plus en plus nu sous le ciel. Sans fanfaronner. Bien au contraire. Très proche en cela des personnages d'Emmanuel Bove, intelligents, subtils, sensibles mais déconstruits. Déconcertants. Sortis des cases." (p. 25)



Surprise, émotions, souvenirs, rêves et convictions de jeunesse, évoqués avec cet ami d'avant !... surgi de nulle part... dans un moment spécial de la vie de l'écrivain...

Période de méditation sur cette "étrange défaite que celle du temps..."et de ce dialogue unique avec cet ami, de son présent...qui révèle aussi sa part d'ombre et de défaite...





Patrick Cloux évoque , entre autres, dans ces lignes les deux derniers ouvrages qui l'ont habité longuement entre l'évolution urbaine, sociale, économique ,littéraire, artistiques de ce creuset populaire, qu'étaient Les anciennes Halles de Paris, et les "outsiders de l'Art", avec "Mes Oncles du dimanche" [ Ed le Temps qu'il fait , 2018 ]- En dépit de son retrait à la campagne, loin de tout, l'auteur semble encombré de mille riens anodins mais qui révèlent sa curiosité toujours demandeuse, et ses fidélités incontournables aux "gens de peu", comme disait si justement Pierre Sansot , avec un regard aussi précieux, valorisant que Patrick Cloux!



Alors que cet ami semble détaché, sans désir de faire , d'avoir, de penser des projets !!! La défaite du temps...mais aussi le constat abrupt d'une solitude extrême...la décomposition des convictions, d'une société présente "qui a mal "!!



"Lui qui ne veut plus rien avoir, moi qui avance chargé comme un navire corsaire, les murs pleins de livres, de brimborions, d'empreintes populaires insolites, de photographies et de tableaux d'art naïf, d'objets de nature et d'art brut. Je lui confie travailler depuis peu sur un livre évoquant ces approches. Il ne me coûte pratiquement aucun effort tant ses pages m'habitent.

(...)

Revenant à ce vieux copain, à cette réapparition, à cette résurgence, je le crois solide, cohérent, jamais réactionnaire, ni rétrograde. C'est une chance. Il a su résister. En parlant ainsi pendant deux heures, je le sens charpenté dans des références exigeantes. Sans une once de démagogie. Les idées auxquelles nous croyions se sont tellement effondrées en trois décennies ! La foi en l'homme est tellement moins tactile, le populisme à

portée de main ! Pour sa part, il a sacrément souffert, intimement, profondément, atteint jusqu'à l'aubier. Ne s'attachant pas facilement, se sabordant même, ne voulant certains jours plus approcher personne !" (p. 29)



Comme je le disais précédemment, cet écrivain me fait songer à d'autres univers d' "auteurs-chouchous"qui m'accompagnent depuis longtemps, comme Christian Bobin, Pierre Sansot, Michel Ragon, etc.



Pour commencer, deux textes -trésors à découvrir si vous êtes curieux de cet auteur -libraire si discret: "Dans l'amitié du merveilleux", et "Mon libraire, sa vie, son oeuvre"...

De mon côté, il me reste encore quelques promesses de jolies découvertes dont 'Peindre , c'est voir" ( que je viens de me commander !) (2015): hommage à un peintre américain que j'apprécie tout particulièrement, Andrew Wyeth...



J'allais omettre...Dans les écrits de Patrick Cloux il y a toujours une place significative ,de prédilection pour les Livres comme pour les merveilles de la Lecture !!



"Car la lecture sait nous perdre, nous aide à oublier, à réinventer un mensonge pertinent, un loisir d'agrément, ajouré, portatif et accéléré. Elle nous permet toutes sortes de filiations et nous rend libres d'accéder à d'autres prothèses. "(p. 23)



© Soazic Boucard- Février 2019
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Mes oncles du dimanche

"J'ai pu me faufiler dans le monde du travail en restant une sorte d'éternel étudiant. le monde du livre, dans lequel j'ai travaillé, m'aida à grappiller de courts mais vifs apprentissages. La réalité s'estompe un peu au contact des livres. Etre en librairie m'a permis d'approcher des gens, de prétendre à des idées et de croiser des milieux dont je n'imaginais même pas l'existence. "(p. 153)



J'ai découvert il y a un bon nombre d'années Patrick Cloux avec un merveilleux livre sur un des milieux professionnels qu'il a exercé lui-même : Libraire, avec "Mon libraire, sa vie, son oeuvre"... qui est une ode des plus enthousiasmantes à une profession unique, et aux libraires préférés de l'hexagone, de l'auteur... Depuis, j'ai suivi fidèlement ses écrits, et sa prose poétique et vivifiante...

C'est encore le cas avec un de ses tout derniers opus, où il parle toujours avec une grande simplicité et bonhomie de ses coups de coeur qui l'ont aidé dans une enfance aride: la littérature et l'art, mais pas l'officiel, le rigide, le conventionnel, mais celui , en marge, qui enchante les bords de chemins buissonniers !!



Les rencontres humaines, culturelles déterminantes, les apprentissages du Merveilleux, de l'insolite... aux pays de la littérature et des Arts... qui ont consolé, construit notre poète- libraire d'une enfance aride, nue...



Ce qui m'interpelle le plus ce sont ses attirances, ses préférences pour des artistes marginaux, méconnus... qui le plus souvent ne se considéraient pas comme tels !



L'impression de me promener en compagnie de vieilles connaissances, comme Philippe Dereux qui "en magicien de l'ordinaire constituait ses premiers tableaux d'épluchures" [ artiste incroyablement inventif, découvert personnellement il y a quelques années à la Halle Saint-Pierre- Musée d'art naïf à Paris]



Patrick Cloux, issu du monde ouvrier [père en usine, militant communiste] nous livre en vrac ses chocs avec une culture dite "populaire" dissidente, mais combien imaginative, inclassable, hors cadre, l'Art des Rues et Art vivant sous toutes ses formes !... d'Art naïf, de ses multiples coups de coeur, dont son premier choc avec l'oeuvre et les écrits de Jean Dubuffet !



Très heureuse de m'être commandé ce texte qui me donne la très réconfortante sensation d'être en présence d'un camarade familier et complice : le Bonheur de transmettre des coups de coeur artistiques ou littéraires; les livres, les écrivains dissidents, l'Art des rues, le sens du Merveilleux, qui se moquent des cénacles et des élites !



une publication à savourer, lire lentement ... il est question d'art populaire, d'art vivant en dehors des académismes et des rails habituels...

"Cet art est libre comme l'air ", ces "Inspirés des bords de route" [ Jacques Lacarrière]



Ouvrage à lire lentement tant il est dense, nourri de tant d'artistes, de créateurs atypiques.... Ce livre est un panorama multicolore ... qui dit magnifiquement et joyeusement que l'amour du Beau, de l'art , l'Imaginaire ne sont pas que des questions d'élites, ou de classes sociales privilégiées, ou des conditionnements culturels habituels... Cette lecture inaugure de la meilleure façon un film qui va sortir en ce mois de janvier 2019, sur le Facteur Cheval... que je m'empresserai d'aller voir !! Comme un prolongement à cet ouvrage "hors-catégorie"...



J'achève cette très belle lecture, dont j'aurai encore beaucoup à dire... mais il y a trop ... dont tant de noms inconnus, que j'ai envie de rencontrer dont le cinéaste , Jean-Jacques Brunius, avec son court-métrage "Violons d'Ingres"...qui m'intrigue... et tant, tant d'autres nouvelles connaissances, en perspective... Je vais me permettre de transcrire un long extrait qui donne fort bien le ton de " ce livre, véritable caverne d'Ali-Baba"... ! :





"Je tiens à mes irréguliers. A mes encombrés, à mes encombrants. Ils ne s'occupent que de leurs passions, vivent gentiment à l'écart, s'établissent en angle-mort, assez loin des préoccupations soi-disant sérieuses de la plupart des gens. Toute leur force est en eux. Ils parviennent à viser juste en tirant de biais, ce qui est déjà un bel exercice. Nos frontaliers de l'art de faire réinventent sans cesse un imaginaire puisé à leurs fonds propres. On les a tant et tant promenés eux aussi que j'en fais implicitement partie. C'est ma chance. Je suis un arriéré. Ce qui me tient et me saisit si fort chez la plupart d'entre eux c'est leur véritable honnêteté, celle d'être à la fois des marginaux inventifs et de vivre leurs étranges propositions à plein temps. Ce sont des êtres rétifs à la sociabilité ordinaire. A l'analyse. Au Marché. Aux discours lénifiants où s'enracinent les fourches caudines du savoir. Ils inventent un autre droit coutumier. Chez eux l'amitié choisit ses saisons à leur rythme. Ils sont riches ou pauvres, mais demeurent insolvables. (...) Leur valeur vient surtout de leurs écarts. (p. 243)
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Au grand comptoir des halles

Livre - Hommage à la Ville-lumière et à tous les "prolétaires" de la Terre... à travers la description d'un quartier parisien, ancien,populaire , fourmillant.n'existant plus.. : Les Halles !!---Un nouveau livre de Patrick Cloux, petit joyau d'érudition et d'empathie ...!!





Inutile de rappeler à quel point j'apprécie cet auteur-poète, Patrick cloux, qui fut libraire...

J'ai déjà, à plusieurs reprises, exprimé ma sympathie et le grand plaisir de lire son style et sa sensibilité ,toute particulière!![ cf. voir "Dans l'Amitié du merveilleux", "Le Grand ordinaire", "Mon libraire, sa vie, son oeuvre"]



Dans ce nouvel opus, il nous offre une balade des plus évocatrices dans les anciennes halles de Paris... à la fois poétique, historique, sociologique... en s'appuyant sur nombre d'artistes, plus ou moins connus, qui ont célébré , décrit le quartier des Halles , mais aussi la "Ville-Lumière", dans son ensemble... jusqu'à sa banlieue [ Doisneau-Cendrars].



Des hommages à des artistes qui ont aimé, écrit, chanté Paris... mais aussi Hommage au petit peuple multicolore qui a fait vivre de jour et de nuit"le Ventre de Paris" Entrailles de la capitale...au propre comme au figuré....



Un univers à l'ambiance, aux usages, à la langue vernaculaire unique, indissociables de ce lieu qui a tant inspiré les artistes [ écrivains, peintres, cinéastes...)



Il est peut-être réducteur de parler d'hommage à tous les "prolétaires" de la terre, mais ce qui est bien réel et fort rare dans cet ouvrage c'est le choix déterminé de l'auteur d'avoir choisi l'un des quartiers de Paris, le plus chargé de symboles, où Patrick Cloux a bien mis en exergue les artistes, écrivains, photographes , sensibles , curieux,en symbiose et en empathie avec les "fourmis laborieuses du Ventre de Paris"... qui ont apporté à la Capitale, un supplément d'âme...des couleurs, de la solidarité, la truculence de l'argot... la convivialité des troquets...



Tous ces préambules pour dire à quel point ce texte d'une richesse humaine incroyable est un cocktail détonant de Littérature, de culture, d'histoire et d'analyse sociologique !!



Autre facette significative de cette anthologie parisienne : un hommage à différentes communautés d'"émigrés" de province... dont celle très conséquente des "Auvergnats de Paris"... qui m'évoquent des souvenirs personnels très touchants et inoubliables, lorsque mon père m'emmenait avec lui lors du gala annuel, rassemblant tous les Auvergnats de la capitale !!! Une assemblée chaleureuse, joyeuse à la fois , avec son folklore, son acharnement au travail et à sa volonté d'ascension sociale !!...



Ce père... qui est "monté" (selon l'expression si familière !) à Paris de son Auvergne natale... qui me parlait alors que j'étais enfant... ce fameux "Caveau des Halles" où il a commencé son parcours professionnel... dans le monde des bistrots et des bougnats...



"Lieu magique ! Voici les halles ! (...) On s'y injuriait comme des charretiers. On y fraternisait d'une tape sur le dos, bien au-delà d'une babel des langues et des patois. Les gestes et les tâches à faire suffisaient à se faire comprendre. le boulot débordait largement sur les rues. Un temps, il n'y eut qu'à se baisser pour en trouver. Tout se faisait à la main. A traction des bras, du dos et des jarrets. (p. 11)"



Je vous promets... rien n'a été prémédité dans ce choix de lecture, mais il existe des hasards et des réunions de circonstances parfois troublants... après ces jours troublés, violents de désordre social et de révoltes légitimes dans l'hexagone et dans la Capitale..où la "Ville- Lumière" a subi blessures et "fractures".., je suis heureuse de cette lecture, réunissant les classes populaires, et tous les écrivains, photographes, en sympathie sincère avec ces dernières et tous réunis, amoureux de leur ville !!



J'allais omettre un autre aspect de cet ouvrage très dense : des passages passionnants sur le panorama de l'édition d'après-guerre, qui a vu fleurir des maisons d'édition originales et des écrivains singuliers... Ce que décrit Patrick Cloux... fort bien et et avec moult anecdotes...





Ma lecture de ce livre est des plus buissonniers... Je ne lis absolument pas chronologiquement, mais au contraire dans un désordre absolu, ce qui me paraît infiniment mieux convenir à cette déambulation savante et populaire... je choisis mes échappées dans le Paname éternel... selon l'humeur du moment...



Si je n'ai pas connu "en vrai" les Halles que me racontait mon "auvergnat de père"... j'ai toutefois re-découvert de longues années après, alors que je démarrais ma carrière de libraire, Un pavillon Baltard réinstallé à Nogent-sur-Marne.... lors d'un salon du livre. le Plaisir des Livres dans une architecture originale , très élégante de fer et de verre...



Je cesse là mes "papotages"... car il y a encore tant à dire de cette lecture épatante et si vivante... Pour prolonger ces lignes, j'ai réalisé, en mémo, une liste thématique qui met en avant les auteurs, les ouvrages nommés, appréciés par Patrick Cloux , et d'autres , personnels[voir : ****" Paris... par ceux qui l'ont fait, arpenté,....aimé !!..." ]

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Le Grand ordinaire : Chronique du quotidien

Je débute cette modeste chronique par un extrait qui explicite l'étrangeté, l'insolite du titre choisi par Patrick Cloux !....

« -Le Grand Ordinaire- est une fabrique de sens, l'envie de rendre plausible d'infinies variations où j'aime me laisser vivre. le titre m' en est venu spontanément, en référence au nom d'un vin. le grand Ordinaire, un bourgogne marginal rouge ou blanc, à boire sans complication. (...) Un vin de table légèrement supérieur en arômes à ces breuvages factices que je ne supporte plus.

Cela déclencha spontanément l'envie d'écrire une longue chronique d'attachement au quotidien si décrié, le lieu même de notre échec à tous, l'endroit de nos plus sûres pannes de vie. (...) C'est l'immédiat qui souvent dans sa candeur me fait écrire, lève une inhibition gelée. » (p. 41)



Une pépite dénichée dans mon « antre livresque » habituelle, la Librairie Tschann , bd. du Montparnasse, de Patrick Cloux, dont j'ai déjà lu avec grand enthousiasme des flâneries littéraires [cf. « Dans l'amitié du merveilleux »] et un hommage joyeux à des libraires passionnés et passionnants, situés aux quatre coins de la France [cf. « Mon libraire, sa vie, son oeuvre »]



Un texte différent… mais qui met toujours à une place de choix l'amour de la littérature, de l'écrit et de certains écrivains , éloignés des tapages médiatiques… Dans cet ouvrage, j'ai savouré le plaisir de découvrir trois noms : Jacques Borel , Naomi Lazard…et Haldas



« Fermés, je me dis que c'est ainsi qu'ils devraient rester désormais, les livres, tous les livres, presque tous, et toutes ces fois où c'est la tentation inverse qui l'emporte. L'admiration, la passion des autres : là aussi , la longue entrave, jamais oubliée, la naissance si longtemps remise. Mortel, ça peut être mortel, je le sais ; je l'ai vécue, cette insatiable curiosité, cette ouverture à la voix des autres, périlleuse, quand on est si peu sûr de sa propre voix, cette réceptivité. Et rien n'y peut : ivre jusqu'à la fin d'accueillir, de découvrir ! [ Jacques Borel, un voyage ordinaire] (p.28)



« L'écrit est source d'une réelle assomption.

A la suite d'un incendie, il y a quelques années, j'ai perdu une partie de ma bibliothèque. le sentiment physique qui m'en reste fut celui sur le coup d'un grand silence qui en moi s'enfonçait. Tant de paroles, annotées, soulignées au crayon, des éditions introuvables aujourd'hui. Rien de compensable en termes financiers, mais terriblement, comme à la mort de quelqu'un qu'on aime, l'absence d'une personne d'élection, très cultivée, ayant une vie pleine d'une mémoire unique, au-delà de celle où nous pataugeons. le sens du livre est logé dans ce vide. (p.136) »

Un écrit que je lis de manière inhabituelle, au hasard, par extraits, avançant, revenant en arrière, relisant tel ou tel passage. A picorer, à savourer, sans retenue !!...



Patrick Cloux , dans ce livre, m'évoque beaucoup l'univers et le style de Christian Bobin. Comme ce dernier, l'auteur-libraire , par ses mots, le vocabulaire choisi, transforme le quotidien, l'infiniment modeste ou anodin, en miracle, en poésie…nous poursuivons son « amitié du merveilleux »…qui ne peut que nous enchanter !

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Trois ruches bleues

"Dernier- né " reçu très gentiment dédicacé de l'auteur dans ma boite aux lettres ce 9 août 2022...



COUP DE CŒUR total !....



Un total O.L.N.I ( Objet littéraire Non Identifié)...fabuleux ...qui a illuminé trois journées de lecture intensive...car la prose poétique de l'écrivain, dense, enrichie avec des mots peu usités ou quelque peu délaissés, demandent une lecture attentive ; du temps pour savourer tout le " miel " de ce style..Un rythme voulant de surcroît rendre la sensation d'une fausse lenteur de vivre...juste retour à l'Essentiel.Essentiel qui nous est offert par la Nature, ses beautés et ingéniosités , ses miracles comme ce monde toujours fascinant des abeilles , des ruches et des ruchers ; noyau du récit !



L'auteur amoureux de sa terre auvergnate , nous offre le spectacle d'un homme de lettres, alternant les heures à sa table de travail et celles, où penché sur la terre, il soigne amoureusement son jardin...

Jusqu'au moment où un vieil apiculteur n'ayant plus la force de soigner ses abeilles lui confie ses trois ruches....et voilà notre écrivain investi de nouvelles responsabilités qu'il va honorer avec savoir- faire et grande conscience !



Patrick Cloux alterne son récit entre de courts chapitres liés aux soins et au quotidien pratique de ses trois précieuses ruches, qu'il s'empresse de peindre en bleu, ce qui le transportera instantanément en Grèce, ce pays tant aimé et tant arpenté dans ses jeunes années...!



Le quotidien est devenu quelque peu plus sédentaire,fait désormais de ses abeilles, de ses heures d'écriture et de lecture ainsi que de l'amour de son Auvergne natale; il nous embarque dans mille virées buissonnières: les petits trésors d'art roman de sa région, la lecture et relecture de ses écrivains préférés comme Mario Rigoni Stern, Christian Bobin,Max Jacob, Cingria, Brodsky, etc



Le Merveilleux du " Grand ordinaire " !



La toute première fois que je suis aussi embarrassée pour transmettre et partager mon ressenti de lecture quant à un livre franchement exceptionnel et magique...comme l'insolite et la fantaisie d' un cabinet de curiosités géant...Comme des poupées gigognes, sans fin... ou la Malle- surprise trouvée dans le grenier d'une maison de famille...où les surprises, les promenades les plus éclectiques de notre " auteur- apiculteur" sortent comme d'un chapeau de magicien..!



Je transcris un extrait hommage à un de ses auteurs préférés, Mario Rigoni Stern,qui me chavire ...et me touche plus particulièrement !



"Il y a tant de paix nichée droite et bien rangée dans ses phrases. (...) Rigoni Stern parle naturellement bien des abeilles. Il en fait des chapitres que je découpe mentalement comme autant de lieux de paix.Ce sont les meilleures prescriptions qui existent pour croire à notre condition. Au pied de sa maison tranquille, à pas d'âge, il s'en occupe encore.Il réserve ses pots à ses nombreux amis et vit dans la lumière sereine d'un village.

Je voudrais le savoir toujours en vie."



Hormis apprendre mille choses sur les abeilles, les ruches et toutes les subtilités du métier d'apiculteur, l'auteur nous offre toutes ses petites lumières : qu'elles soient littéraires, voyageuses, culturelles, ...ou appartenant à la culture populaire...aux traditions, aux superstitions, aux légendes des campagnes, aux vieux métiers ..!...



On pourrait être tenté de qualifier notre écrivain - apiculteur de " passéiste "...A y regarder avec une véritable attention, il n'en est rien !

Patrick Cloux s'engage, se déplace dans les écoles pour montrer et expliquer aux enfants l'univers des " butineuses" et le métier délicat d'apiculteur ...ainsi que la nécessité de prendre soin de ce qui les, et nous entoure !



Il a toutes les bonnes raisons ainsi de nous narrer et de nous faire partager son " Essentiel" à lui, qui d'une manière ou d'une autre , nous concerne et nous interpelle tous !

Retrouver les vraies valeurs, décrassées de nos celles , actuelles, consuméristes , de profit, pour s'arrêter, réfléchir, protéger notre Nature, comme tous les " savoirs -faire" et "savoirs-être "anciens, uniques !



"J'aime dans la spiritualité diffuse née de la contemplation de la nature cette langue commune à tous. L'inspiration poétique d'Émilie Dickinson provenait de son seul jardin et de la fréquentation de sa basse-cour. Elle en devint cependant universelle.

C'est dire combien nous fertilise ( ou nous tue) ce qui nous entoure.Le son des feuilles d'arbre en train de sécher est si proche en novembre de celles des pages d'un livre."

( p.144)



La prose poétique de l'écrivain,parsemée, colorée de mots oubliés... me font fortement songer dans un même élan à l'univers de deux artistes, me semblant harmonieusement reliés...à notre libraire-apiculteur: Christian Bobin et Pierre Sansot..

Des univers minimalistes, poétiques, bienveillants, humanistes qui transfigurent le "Réel" et magnifient le " Très modeste", le " Peu", le "faussement Insignifiant "!...



Notre poète-apiculteur, par le biais de son activité très prenante auprès de ses " ouvrières " propose un art de vivre, une philosophie, une réflexion lucide sur notre présent, notre planète, notre société prise dans un tourbillon infernal ,destructeur...



L'espoir revient lorsqu'il nous raconte avec enthousiasme ses animations dans les écoles, auprès des plus jeunes, réceptifs et curieux de ce métier d'apiculteur et de travail inlassable , mystérieux des abeilles...



Il en profite pour nous rappeler les liens millénaires de l'abeille avec l'Humain, ainsi que ses multiples symboliques dans l'iconologie populaire , les contes, les légendes et L Histoire des Hommes....



Un ouvrage aussi simple, aussi vivant, poétique que savant, à bien des égards....Un trésor à ne pas manquer en cette période de vacances , de pauses possibles pour "respirer", réfléchir, rêver loin des villes...!



Des émerveillements en cascade qui nous laissent aussi subjugués, " captifs" que ses jeunes auditeurs ( dans les écoles où l'auteur vient partager son amour de la Terre et de ses " butineuses "!..)



Je ne peux résister à vous transcrire une phrase aussi brève qu'explicite de l'Amour de la Vie de l'écrivain, dans chacun de ses instants...même les plus ordinaires... ! Tout est Magie, Miracle du Vivant...!



"Les ruches sont un symbole de ce qu'on doit décider.

" Faire son miel de tout" est la sagesse mère. "





**** j'allais omettre de signaler la réussite de la maquette , de la couverture,en harmonie avec le récit : sobre et colorée, raffinée dans une extrême simplicité !









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Dans l'amitié du merveilleux

Encore un orphelin qui attendait sur mes rayonnages depuis 2007, offert par des amis, que je viens de « dévorer » avec jubilation…Un très beau petit livre d’un amoureux des livres et de l’écriture, libraire passionné, Patrick Cloux nous offre de très belles lignes sur ses écrivains préférés, qui « double grand bonheur » pour moi sont aussi des auteurs précieux dans mes souvenirs et dans mon univers ; je songe à Georges Navel, écrivain-ouvrier, avec son légendaire texte « Travaux » [ et au passage , je songe à un autre passeur de livres qui m’a fait connaître ce texte, Michel Polac], Robert Walser , Elie Faure avec des extraits extraordinaires sur la magie et la personnalité de Charlot…car Patrick Cloux nous parle avec flamboyance de Littérature, mais aussi d’art, de peinture, d’images et de cinéma qui alimentent notre quotidien et notre imaginaire.



« Aussi ai-je eu envie de donner corps, à quelques grands attachements littéraires et émotifs, où j’ai cru me réconcilier. J’aimerais en transmettre une part, donner envie de les lire » [4ème de couverture] Dans ce florilège littéraire, quelques auteurs à découvrir ou redécouvrir, comme Charles –Albert Cingria…



« Allons donc de ce pas-là, comme au cours d’une conversation à bâtons rompus, en deçà de toutes références culturelles absolues-lesquelles ne sont que convenances. (…)

De certains moments d’amitié. (…) Ainsi des livres, et plus particulièrement de ceux chargés du Merveilleux qu’on aime par-dessus tout. Car on peut-tel est mon credo-, comme certains entrent en religion, entrer en Merveilleux, véritable département individualisé du divin » (p.12-13)



Je m’arrêterai un moment sur l’esthétique des ouvrages avec la marque de fabrique des éditions du « Temps qu’il fait » … et celui-ci tout particulièrement ; couverture au papier crème, grain rugueux, avec un très beau dessin d’A. Dürer, en vignette, dans la partie supérieure de la couverture. Dessin éminemment significatif : une main qui ouvre délicatement un livre [cf . « Etude de main- 1506]



Texte originellement de 1989, que mes amis m’ont offert dans le second tirage de 1995, et encore, déniché dans une brocante.



Alors j’espère que mes choix de citations et cette modeste chronique vous donneront l’envie d’aller rencontrer cet auteur-libraire épatant et tellement dynamique dans ses préférences , qu’il nous fait partager avec tant de générosité… et « cerise sur le gâteau »… il nous fait découvrir des écrivains-poètes trop méconnus et qui méritent grandement d’être remis en « avant »….

J’aurais encore mille choses à dire de ce texte incroyable… mais il faut vous laisser l’imprévu, la sensation de mystère et de « première fois »… je finis sur cette jolie phrase qui allie l’esprit d’enfance et la faculté de s’émerveiller à la découverte de toutes nos lectures : « On stocke de l’enfance, comme si on allait en manquer, de pleines valises analytiques « (p. 23)

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Marcher à l'estime

Commande juin 2022/ Librairie Périple 2- Boulogne-Billancourt---Nouvelle édition 2023, reçue le 21 Octobre 2023



Relecture aussi enchanteresse que la première !



En tout premier lieu, un immense MERCI à l'ami Patrick Cloux pour l'envoi de la réédition d'un de ses textes dans une collection- format de poche," Corps neuf" du Temps qu'il fait.Texte publié la première fois, il y a trois décennies, en 1993...



Il n'a pas pris une ride, et même mieux, il était à l'époque d'avant- garde...cet ouvrage buissonnier a gardé toute sa fraîcheur, sa verve et sa jeunesse.



Comme un bon nombre d'écrits de ce " poète-libraire- philosophe", cet opus appartient à la lignée toute particulière d'ouvrages, que l'on nomme " Livres de chevet".Ce dernier nous offrant en grandes thématiques des flâneries- questionnements sur la Nature et ses fantasmagories, L'Art brut, et l'Art en général, le goût de la marche, la manie de ramasser et collectionner et la Poésie se dégageant de toutes ces merveilles et oeuvres d'art involontaires....rencontrées sur le chemin !



Un livre -cadeau , comme une conversation à bâtons- rompus avec un ami , tel un partage de petits bonheurs et de grandes admirations pour des écrivains- poètes, peintres , sculpteurs, tous artistes singuliers et atypiques mêlés et réunis !



Cela va de Brancusi, Baltrusaitis, Goldsworthy...à Adolphe Julien Fouré, l'abbé sculpteur de Rotheneuf, artiste autodidacte sculptant une oeuvre phénoménale dans les rochers de granit de la côte bretonne....

En littérature , de Bruce Chatwin, Georges Haldas, Caillois, Hardellet,...à André de Richaud , Christian Dotremont...pour ne citer que quelques artistes " choyés" de Patrick Cloux...



Je me permets une parenthèse pour le poète Christian Dotremont dont je retiens cette extraordinaire phrase cité par notre " promeneur- collectionneur":

"Tes jours sont comptés, mais non les siècles qu'il y a dedans"...



Ce précieux petit livre augurera le futur texte " Mes Oncles du dimanche", autre malle aux trésors où Patrick Cloux parlera avec feu et passion de tous ses " créateurs du dimanche" non formatés, ces créateurs ingénieux, imaginatifs , hors balises...qui seront d'une autre famille en marge, celle de l'art brut...



Totalement époustouflée par la cohérence et la fidélité persistante du " libraire- poète ", depuis plus de 30 ans....avec des goûts buissonniers, atypiques, hors- mode, et avant- gardistes comme cette jubilation pour le " Land Art"...



Mais ne tentons pas de circonscrire tous les petits bonheurs de ce " sacré promeneur", enthousiaste et curieux de tout ce qui l'entoure...Nature, Culture, Poésie, Littérature, Voyages....



On comprend d'autant mieux la partie très fournie consacrée à L Histoire des " Cabinets de Curiosités "....



Livre jubilatoire, qui par son extrême éclectisme et appétit de curiosité ,devient un compagnonnage aussi joyeux et communicatif, dans une certaine durée, fonction idéale du" Livre de chevet" !...



J'ai abondamment souligné ce texte...et j'ai beaucoup de mal à choisir un extrait plus significatif...tous ont leur " essentiel"; je vais toutefois essayer ....



"Heureux de tel larcin, satisfait de tant de trouvailles, j'en arrive à n'être jaloux de rien. Les pierres peuvent être des objets d'art plus que " contemporain ".

Henry Moore collectionnait les pierres bizarres et s'en servait pour sculpter.(...)



Ce que j'aime plus que tout, c'est quand la nature nous prend de court, qu'elle a déjà tout trouvé avant nous, quand elle fait du surréalisme direct, de l'abstraction lyrique ou de l'art zen.Alors je me dis qu'il faut déserter les goûts culturels du moment, leurs cérémonies fades et coûteuses, pour aller aux sources de l'art vivant au sens le plus fort que l'on doit donner à ce mot."













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Georges Navel ou la seconde vue

Emprunté à la Réserve Centrale des Bibliothèques de la Ville de Paris- fin octobre 2022



**Lecture des plus riches pour les curieux et les passionnés de l'oeuvre ainsi que du parcours très atypique de Georges Navel....



Relisant les écrits de Georges Navel, grâce à une soirée littéraire dans une librairie montmartroise, avec l'écrivain Patrick Cloux (****ayant d'ailleurs participé à cette publication) des discussions à bâtons rompus... et le nom de cet écrivain a été "re-nommé" avec des partages enthousiastes de nos souvenirs de lecture de son texte le plus connu, "Travaux"...



Prise dans l'élan de cette soirée, J'ai été faire des recherches supplémentaires, pour tenter de dénicher sa Correspondance avec Groethuysen, "Sable et Limon", que je n'ai jamais lue... et qui semble très précieux de lire...



Et...chemin faisant , dans mes prospections, .j'ai découvert cette publication, exclusivement consacrée à cet écrivain-ouvrier que j'ai aussitôt demandée à la Réserve centrale du réseau des Bibliothèques de la ville de Paris...



En dépit de ses 40 années passées (1982) depuis sa publication, cet ouvrage est passionnant à plus d'un titre, car ils nous offre différentes contributions d'auteurs , comme Danièle Sallenave, Daniel Rondeau, , Jean Paulhan, Maurice Nadeau, Patrick Cloux.... et en parallèle des extraits de Correspondance, avec Jean Giono, Groethuysen, etc.





" Chacun son royaume " par Jean Duvignaud



(...) Navel raconte comment le philosophe Bernard Groethuysen lui apprit que l'écriture était une chose grave, pas seulement un exercice de voltige, mais la seule manière d'approfondir et de prolonger le travail de ses mains. Or, la lenteur même du maniement des outils et la répétition des gestes dont, comme le montrent les chants anciens du travail, générateurs de poésie. Et le sage savait que la méditation métaphysique était comme le labeur social, un ressassement éternel. (...)

Jean Giono l'a senti qui, dans sa préface, appelle Navel un " Hésiode syndicaliste ": ici le poète tente de trouver ce qui justifie la vie sans cesser de plonger dans la vie la plus simple."



Une bibliographie, des photographies, ainsi que des fac-similés de lettres , augmentés de notices biographiques succintes sur les "contributeurs"....complètent cet ouvrage.



Une mine de renseignements: j'ai ainsi appris qu'il avait été l'ami de Jean Giono, qui l'a soutenu et encouragé dans son travail "d'écriture", qu'il a croisé, rencontré, sympathisé avec bon nombre d'acteurs du monde littéraire, et d'auteurs sensibles à la "Littérature dite prolétarienne" , comme Henri Poulaille (*** pas de réduction rapide pour Navel, car sa plume et ses idées, sont "inclassables"...sortent des chemins habituels)



J'achève ce billet quelque peu "décousu" par cet extrait très significatif et éclairant : "Navel au débotté par Alain Bourdon



(...)Mais il y a plus merveilleux ; en maniant le marteau, la faucille et même en tirant l'aiguille, il arrive qu'un miracle vous délivre de la solitude. Sous l'effort patient se dévoile un dénominateur commun à tous les hommes qui peinent et l'on s'aperçoit que se crée entre eux un lien universel, émouvant, mystérieux, chaque fois que quelqu'un se livre à sa tâche humblement. " Il s'est passé quelque chose d'extraordinaire en moi ces temps-ci, confie Georges Navel à son ami Groethuysen...c'est en faisant des besognes de femmes qu'un monde s'est révélé à moi. La dernière fois ce fut en me levant tôt pour raccommoder mes pantalons. J'ai découvert qu'en n'ayant plus d'âme propre, tout à coup on pouvait comprendre toute l'âme du monde, que ce fût celle des femmes, les âmes vivantes et les âmes mortes, celles des Chinois et des Arabes, et celles des civilisations mortes. "

Vivre n'est pas banal, quand on vit dans l'oubli de soi."



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Marcher à l'estime

Patrick Cloux désire «lutter contre l’inertie de la pensée», il souhaite que les livres sentent «le foin coupé, les pommes, les bois encore humides». Il y réussit fort bien dans «Marcher à l’estime» en nous entraînant au gré de sa fantaisie, de ses rêveries pour donner aux rencontres une fluidité magique et nous faire partager son «allégeance à tout ce qui vit» et son émerveillement.

Marcher pour se décrasser, s’oxygéner le cerveau et retrouver la poésie mais aussi savoir s’arrêter, faire une pose au fil de ses déambulations et rejoindre les romantiques allemands, Kathleen Raine , ou faire du thé dans une grotte des Eysies en lisant François Augiéras «lyrique amoureux des feuilles du premier soir du monde.» p 23 ou encore devenir «chasseurs» à la façon contemplative de André Hardellet,

Ce livre m’a emportée comme lors de sa première lecture, prise par la variété des associations et l’infini des découvertes qu’il permet de faire et de vivre.



Et comme nous le dit si bien Patrick Cloux, chacun à notre manière,

«Nous avons à parcourir notre parcelle du monde, que nous devons vivifier. Piétons des petits chemins, parcourant sans fin le village recommencé, partout ailleurs, les formes se répétant, nous sommes porteurs de rêve.»

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Une sédentarité heureuse

Reçu par poste...le 5 avril 2023-

Débuté chronique le 22 avril 2023- achevé le 26 mai 2023-( ***Qu'on se le dise : même si on a été enchanté " ,

" embarqué " par un livre, il est parfois fort difficile d'en rendre un juste " rendu "...Je vais toutefois tenter le coup !!?)



Vive " La Fabuloserie "** de Patrick Cloux !



Un début de Printemps grandement embelli par cette promenade buissonnière, poétique...et positivement " anarchique" !

Une lecture qui est venue "positivement "égayer et colorer ma boîte aux lettres tristement citadine !



Comme bon nombre d'écrits de " notre écrivain- libraire-apiculteur", ce nouvel opuscule appartient à la noble gent des " Livres de chevet", que l'on lit peu à peu, par bribes, comme une longue promenade en forêt, où on savoure la découverte de tel ou tel végétal, fleur , arbre, les senteurs comme les couleurs....Conversation ou silence avec Dame Nature et Dame Culture..!



Observations multiples sur notre monde en marche, ses beautés, ses ressources, et aussi sa folie, ses dérapages, ses cruautés...et puis plus concrètement

notre quotidien,l'Avenir et la nécessité de la solidarité, l'urgence d'une nouvelle manière de penser le monde, les autres, " replanter" les " exilés " comme les arbres pour une terre plus accueillante, une tolérance, une hospitalité, et tenter aussi de trouver , encourager les initiatives en germe pour freiner la triste désertification des campagnes..

etc



Toutefois prédominent toujours, envers et contre tout, une sorte d'épicurisme de l'écrivain, de bonheur de vivre, de bienveillance envers le Vivant...l'amour des gens, des échanges, des mots, de la Littérature, des écrivains préférés, accompagnant, éclairant depuis fort longtemps le " Chemin " de vie de

l'auteur !

Je ne peux résister à un extrait montrant si besoin était, la permanence des livres, des écrivains, certains comme de vrais compagnons de Vie...des Amis à part entière, dans l'existence de Patrick Cloux...



" Une minuscule Fiat Topolino fût utile à Nicolas Bouvier pour réaliser son périple en Asie mineure. Cette voiture est maintenant aussi célèbre que la mule de Stevenson ou Milou, le chien de Tintin, rentrant épuisé du Tibet. Je lis à peu près une fois l'an " L' Usage du monde" religieusement, comme d'autres font Kippour.C'est un rituel auquel je tiens."



Cet arc-en- ciel, ou plus justement ce " kaléidoscope " de notations, billets d'humeur ou de poésie sont entrecoupés de proverbes (* en italique) qui nous immergent d'autant...dans une autre dimension de temps et de lieu, entre nostalgie, atmosphère de la " belle ruralité "...et les rives de l' Enfance !



"Mais comment ne pas être aujourd'hui inquiet quand on aime la nature et les gens, la liberté et la vie

simple ?

(...) Je vis au milieu d'un pays sans faste, en grande partie abandonné et qui dès qu'on s'en approche vraiment est cependant étrangement vivant. (....)

Je m'applique "à bien faire l'homme" comme l'écrivait Montaigne, c'est-à-dire à me trouver."



Un immense Merci à un de mes " Oncles du dimanche" *** préférés, qu'est Patrick Cloux, depuis quelques années !!



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*** " Fabuloserie ": exposition à ne pas manquer à la Halle Saint- Pierre, à Paris, ainsi qu'un autre texte précieux de Patrick Cloux, " Mes oncles du dimanche", pour l'accompagner et la compléter !



*** voir mes billets sur " Mes Oncles du dimanche"...et sur le catalogue d'exposition de " La Fabuloserie ":



- https://www.babelio.com/livres/Cloux-Mes-oncles-du-dimanche/1100154/critiques/1790734



- https://www.babelio.com/livres/Lusardy-La-Halle-Saint-Pierre-presente-la-Fabuloserie/1521050/critiques/3449413
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Peindre c'est voir

Un ouvrage précieux de Patrick Cloux, que j'ai commandé, qui sort de

l'ombre un grand peintre américain, Andrew Wyeth, célèbre mais mal

compris en Amérique et quasi ignoré en France...



"Loin de ces peintres d'ampleur, aux sujets pour lui trop marquants, Wyeth reste par principe modeste quant à ses thèmes. Il n'a jamais été démonstratif. Ce qui l'écarta en partie du public. Après la guerre, il ne vend pas grand-chose, le marché de l'art s'effondrant. Il ne se retrouve

pas dans la part historique ou revendicatrice des réalistes américains. Il n'est redevable qu'à lui du nouveau traitement de ce qu'il peint. Il en a établi le caractère unique à partir de sa seule intuition. Ce qui le rend incomparable et sans vraie filiation (...) (p. 57)



Pourtant, depuis très longtemps, un tableau m'a toujours fascinée :

"le Monde de Christina"... je suis d'autant plus ravie que c'est un artiste dont j'adore les toiles et les sujets abordés : la belle nature sauvage, l'amour des maisons isolées ainsi que de nombreux personnages solitaires...bouleversants de beauté et d'expressivité... Une peinture faussement simple , d'une sobriété à l'émotion intense... qui me fait songer comme l'écrit fort justement Patrick cloux, aux photographies de Dorothea Lange ... entre autres artistes...!



"Wyeth ne peint jamais à la légère. Il y a chez lui quelque chose de la tradition juste et grave des photographes de la Farm Security Administration lâchés dans l'Amérique rurale entre 1934 et 1939, en pleine récession. Je pense à ces photographies pudiques et vraies de Dorothea Lange où la même densité transparaît. Mais aussi aux gris contrastés des haies et des granges de Paul Strand. "(...) (p. 93)



Il est des coïncidences amusantes... Je viens d'achever le dernier ouvrage autobiographique de Michel le Bris [cf. "Pour l'amour des livres" ], où il parle avec un enthousiasme non feint de N.C. Wyeth, célèbre illustrateur, et père d'Andrew W. [***Je trouve d'ailleurs dans la bibliographie de cet opus de Patrick Cloux, un ouvrage de Michel le Bris , consacré exclusivement au père, chez Hoëbeke , 2000 ]



Patrick Cloux rend un merveilleux hommage à ce créateur.. nous offrant une analyse détaillée, très fine de l'oeuvre de ce peintre inclassable. Un grand Merci à l'auteur pour ce texte pétri d'émotion et d'admiration....pour un peintre à redécouvrir ou à connaître de "toute urgence" ...!!!



A voir : https://www.youtube.com/watch?v=sbYD0o01p70

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Chez Temporel

A la rencontre d'un « Gavroche proustien »…



Très heureuse de trouver ce lundi 27 avril 2021, dans ma boite aux lettres le dernier ouvrage de Patrick Cloux, gentiment dédicacé. Je me suis aussitôt immergée dans l'univers d'André Hardellet dont je ne connais rien ! Un énième auteur qui est depuis trop longtemps dans ma liste de manques à combler, d' écrivains à découvrir…



Un petit trésor nous faisant connaître une sorte d'écrivain lunaire, resté méconnu, en dépit de la sincère admiration de « plumes illustres «, comme Breton, Julien Gracq…»…», en la personne d'André Hardellet…!...



Le style de Patrick Cloux est densément poétique, tour à tout « précieux », populaire, argotique ou un brin « désuet » « décalé », à l'image, j'imagine, d'André Hardellet dont il affectionne à la fois la prose, la personnalité, la non-volonté des modes, des bruits mondains !



« Il y un ton Hardellet comme il y a un ton Scutenaire ou un ton Pirotte. Comme il y a un seul Jude Stefan (-Ses Litanies du scribe lisant et lestant le nom de chaque auteur admiré d'un simple qualificatif sont un sublime hommage à l'art exact de lire) (...) Ces grands lecteurs ne sont pas des suiveurs- même quand ils nous désignent sans réserve des auteurs-, mais des écrivains uniques, pleins d'un univers entier, chorégraphes de leur seul tour de piste. Leur passion est dix fois plus communicative que celle d'écrivains muets sur leurs sources. « (p. 36)



Un style toujours poétique, riche d'images et de mots « désuets »…nous faisant partager son attachement confirmé pour l'oeuvre et l'Homme-Hardellet, ainsi que d'autres sympathies de longue date :Brassens, Guy Béart, André Breton, André Vers, Doisneau, Prévert, Desnos, Vialatte, etc.

« -Donnez-moi le temps- parle du temps des cerises, de la Commune et des vertes échappées. C'est le temps magnifique des chansons d'Aragon et des poèmes de jean Genet, réinventés avec talent par Colette Magny. C'est aussi celui des dérives exaltées et renversantes des frères Prévert. (...)

Son anthologie des poètes de Paris est le cadeau d'une vie. J'y retourne souvent. A chaque âge on peut s'en inspirer. La ville ronronne d'être ainsi chantée. Hardellet, en chiffonnier de notre passé, actionne l'arc électrique de nos souvenirs. (p. 56)”





Une célébration flamboyante d'un écrivain-poète méconnu, incompris remis à l'honneur avec panache par Patrick Cloux, lui-même auteur féru , accroc des chemins buissonniers, qui chemine fidèlement en compagnie d'artistes atypiques, hors médias et simagrées mondaines ! Entre ses « Oncles du Dimanche » où il parle avec flamme des créateurs dits « naïfs », ces artistes hors école, hors parisianisme, sa description sociale et littéraire de l'ancien quartier des Halles, entre poésie, argot, nostalgie, amour d'un Paris rêvé, un Paris des zincs et des potes, etc… Une nostalgie heureuse…parmi un milieu interlope, où l'on rencontre des personnages attachants et des plus originaux…de très beaux passages, toujours, en hommage aux Gens du Livre, écrivains, chansonniers, éditeurs, photographes… Je retiens , pour ma part, des passages aussi sympathiques que mérités sur le parcours passionné ,courageux de l'éditeur, Jean-Jacques Pauvert, qui fut aussi un véritable ami et soutien du « camarade », André Hardellet…



« Jean- Jacques Pauvert au meilleur de sa forme construisait pas à pas son somptueux catalogue dont je crois, même tant d'années après, que la plupart des livres sont à conserver. Il fut en tous les cas l'un des plus éloquents de l'époque. Un fort moment de liberté. Suite aux conseils d'Alphonse Boudard, il reprendra les droits du -Seuil du jardin- à René Julliard, puis devint l'éditeur attitré d'Hardellet. Ils s'aimaient bien. la véritable amitié ne gèle pas en hiver. Il fut pour André, en dehors de tout succès, un véritable soutien ». (p. 135)



Juste un très « modeste » conseil pour lire cet ouvrage de belle qualité : prendre le temps et SAVOURER… la langue… « les phrases-promenades »…le vocabulaire riche souvent singulier, pour en apprécier toute les saveurs !

Encore un immense MERCI à Patrick Cloux de m'avoir transmis ce texte magnifique qui m'a donné l'envie et la curiosité de lire enfin cet ami de Brassens… , m'a fait commander plusieurs titres d'André Hardellet, dans la collection « l'‘Imaginaire [ chez Gallimard ] dont « Donnez moi le temps ».

Deux souhaits du fond du coeur que j'exprime à l'encontre de cet ouvrage précieux : un grand nombre de lecteurs attentifs et passionnés de ce dernier, et que ces mêmes amoureux de la Littérature se précipitent pour découvrir l'univers du poète, André Hardellet…que la postérité répare un tant soit peu…son injustice à son égard !



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Au grand comptoir des halles

Désolé, je n'y arrive pas. Encore un auteur qui se regarde écrire. Trop de phrases illisibles. Quel style, mon Dieu, quel style ! Page 72: "Le roman populaire nous fut rapproché par la ferveur de quelques uns...", "Il aida en termes d'édition à réinstaller dans nos lectures en format de poche...". Dommage, l'entreprise était séduisante... Et rappelons à l'auteur que Noisiel, en Seine-et-Marne, est le siège du chocolat Menier, et non Meunier (page 14).
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Mon libraire, sa vie, son oeuvre

Pour poursuivre le voyage en terre de librairie je vous propose un abécédaire au ton joyeux, qui bien entendu fait l’éloge de la librairie.

Peut-être connaissez-vous déjà l’auteur : Patrick Cloux, pour les amateur de marche je vous recommande son livre Marcher à l’estime.

Ici c’est avec bonhommie mais aussi avec sérieux qu’il parle de son métier et de ses difficultés mais aussi de son rôle de guide en lecture.



Balade de A à Z sur les étagères des librairies. On démarre à Amitié car proposé un livre c’est pour lui « un adoubement complice et fraternel ».

Il reconnait qu’il y a des villes, des lieux qui sont des déserts de librairies ( et depuis 2007 ça ne s’est pas arrangé)

Il a des exigences Patrick Cloux, pour lui une librairie doit être belle « pas forcément riche, mais belle » elle se doit d’être un « doux refuge » mais attention elle ne doit pas être trop pomponnée dit-il dans l’entrée Bouquiniste car elle doit permettre de « trouver ce qu’on ne cherche pas »



Il faut au libraire supporter la clientèle qui « piaffe sans relâche » ces clients qui veulent être vite servis « car ils sont mal garés » qui suivent les yeux fermés ce que les « bluffs médiatiques leur intiment d’aimer »

Il passe en revue les campagnes pour le livre, les lois, les aides et aussi les mesures qui déstabilisent ( une augmentation de TVA par exemple!)

Vous ferez un tour dans les grandes librairies pratiquement toutes disparues aujourd’hui.



L’obligation douloureuse de vendre le tout venant pour pouvoir vendre ce à quoi l’on croit, ce à quoi l’on tient.

Mais disons-le tous les libraires ne sont pas parfaits, il y en a de fort peu aimables, de franchement acariâtres, et même , si si , des libraires qui ne lisent pas ………….

Pour lui lecteur est un métier qui permet de « voir germer un jour, un texte porteur de joie là où on ne l’attendait pas ».

Quand vous saurez qu’il y a l’entrée engouement , inventaire, fidélité, je sais que vous ne pourrez pas résister

J’ai aimé la combativité de Patrick Cloux, sa truculence, sa bonne humeur. Mais il n’y a pas à se tromper c’est un libraire entré en résistance. Sa défense de la profession est passionnante et passionnée et un peu comme avec les épidémies, à le lire, il vous prend un prurit de lecture.

Le genre de livre qui vous donne une envie furieuse d’ouvrir une librairie ou du moins d’aller y faire un tour, bref une oeuvre de salut public et avoir mis Gérard Philipe en couverture est un appât supplémentaire.

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Trois ruches bleues

La couverture est vraiment superbe. L’illustration : Trois ruches. Elle est tirée du bestiaire d’Aberdeen. Je vous incite à aller sur le site https://www.abdn.ac.uk/bestiary/ms24/f33v si vous souhaitez voir le manuscrit.



Patrick CLOUX aspire à vivre à l’unisson avec la nature, au gré du temps qui passe, nous transmettant au passage son expérience de vie ou du moins, son vécu, comment il en est arrivé à vivre en symbiose avec le monde qui l’entoure, que ce soit avec les plantes, le minéral ou l’animal ou encore, avec l’art et les bien-faits que cela lui procure. Et plus encore les abeilles.



Etre retiré du monde et vivre en symbiose avec la nature et pour ceux qui savent écouter, ce qu’elle apporte à nous humains, au niveau de la connaissance, connaissance du monde qui nous entoure et dont nous formons un tout.



Ca donne envie, non ? oui mais bon… Car il y a un MAIS. Je n’ai pas accroché. Car les pensées de Patrick CLOUX vagabondent et à moins de connaître sa vie, son vécu, ses voyages, être érudit, c’est difficile de tout comprendre.



Je suis restée sur le bas-côté, malgré de belles phrases et pensées. Trop intimiste.

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Trois ruches bleues

Attention perle rare et insolite ! Voilà un petit livre qui fait du bien. Tout est raffiné, élégant, simple : la couverture, l'écriture, le texte. Tout est délicat : l'observation de la nature, les abeilles, les analogies, les liens avec la nature humaine, les références littéraires. Ce texte a la couleur et la saveur du miel et la dégustation rend le lecteur admiratif et heureux. Un texte lumineux que l'humilité et l'érudition de l'auteur rendent plus encore touchant et intéressant Une poésie à fleur de lignes, jamais ostentatoire, que le lecteur butine avec délectation.

Patrick Cloux est un fin observateur de la nature et un amoureux des mots. Ses observations, ses pensées sont autant de fleurs à découvrir de page en page pour en tirer tout le suc. Le miel est partagé avec générosité et simplicité pour le plus grand plaisir du lecteur.

Comme il doit faire bon vivre auprès des Trois ruches bleues, où la vie se répand et se renouvelle sans cesse pour un bien collectif, où l'homme qui les observe reçoit sagesse et élévation. Une belle école de vie et un art de vivre qui enrichissent l'âme et l'esprit.

Trois ruches bleues est un livre bucolique et instructif, apparemment très éloigné de notre monde déboussolé, mais qui donne des clés qui pourraient rendre l'homme d'aujourd'hui plus sage et plus libre.
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Mon libraire, sa vie, son oeuvre

Abécédaire sur le métier de libraire, sur ce qui en fait la joie mais aussi parfois les difficultés.

Les clients, les relations client, les livres, l'amour ou le désamour qu'on leur port. Les aspects plus techniques aussi : le représentants, les relations éditeurs, les récepions, les retours.

Une célébration d'un métier assez peu connu (anecdote : "Libraire ? C'est la premirèe fois que je rencontre quelqu'un qui fait ce métier-la !") et qui subit actuellement de profondes et brutales mutations.

Mais un métier qui est tellement bien ! (Comment ça je suis partisane ?!)
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Une sédentarité heureuse

L'Alcazar littéraire !

Un livre-somme, une jachère fleurie, un lever de soleil en plein désert. Il faut lire et vaciller sous la grandeur d'une prose cardinale. Ce livre vaut mille vies, mille étreintes et mille larmes. Car oui, l'écriture est indicible, solaire, et hypnotique. Le chant de la vie, le regain, la clef même de l'existence.

Patrick Cloux rassemble l'épars de notre venue au monde. Hédoniste, épicurien, un homme debout, attentif au temps présent. L'ère des petits riens à l'instar de Philippe Delerme mais en plus vertigineux. Essentialiste et passeur des jours, comme un flambeau qui perce la nuit sombre de nos aveuglements.

Lire « Une sédentarité heureuse », majuscule et fusion, l'émotion théologale, et se dire qu'ici est le macrocosme, le toit du monde.

L'éphéméride comme une voûte céleste, jour après jour, Patrick Cloux est attentif à la marche de la vie. « Je m'applique, à bien faire l'homme comme l'écrivait Montaigne, c'est à dire à me trouver ». « Un jeudi détricote un mardi. le sentiment friable de faire partie d'un tout assez mal défini ».

Retenir les entrelacs, ne pas craindre le pouvoir hors norme d'une trame bouleversante car trop belle. Imiter ce sage qui collecte les respirations, les battements de cil d'un quotidien dans une Auvergne qui ouvre ses bras en grand. L'isolement comme une chapelle à flanc de montagne. Berger dont la transhumance est une affaire entendue de coeur et de sensations. Les hivers comme des bûchers, la chaleur des gestes simples et complices.

La sédentarité est une poésie à apprendre par coeur. « La prose sacrée. Celle qui rend l'altitude… Remuer la géographie à grands pas vous guérit de l'histoire figée ».

On ressent une connivence, on s'approche doucement sur le rebord de cette mappemonde. La pudeur devant un trop-plein de beauté. « C'est peut-être cela qui me fait me sentir du coin, user de repères et d'une clef des gestes stable ».

Patrick Cloux dévoile subrepticement les élogieuses attitudes pour une sédentarité heureuse. Travailler la terre, éradiquer les mauvaises herbes. Les rituels concorde triomphante. Les gestuelles à l'instar d'une nature épiphanie. Ici, les sociologies bercées d'un antan, les géographies comme du sable qui s'écoule en main. Mais la terre n'a pas dit son dernier mot. Les liens, feu de St Jean, les amitiés comme les hospitalités. La fenêtre grande ouverte.

Patrick Cloux peint du regard l'image d'Épinal de l'ancien temps et si maître de sa venue au monde, trouve le passage pour aujourd'hui. Il sait aussi qu'« écrire sur la nature impose des devoirs. le jardin chez nous fait partie du roman familial ». Il s'interroge, il veut comprendre l'échappée de la course folle de notre société en faillite de bruissements, de chuchotements et de ralentis. Il comprend les idiosyncrasies qui retournent la terre de leurs mains assoiffées. Arrogantes et rebelles et présomptueuses. Mais sa raison est le sceau de la tolérance. Il aime l'humain. « L'Europe occidentale est un gruyère subventionné. Avec dans certains coins d'énormes réussites, des trouées d'un profit insolent. Des architectures hors norme. Et à cent mètres de là, on sème des no man's land ».

Ce livre est l'étoile du Sud. « Quand l'enfant quitte la maison, il emporte la main de sa mère ». « Fais ce que ton voisin fait ou déplace l'entrée de ta maison ».

On retient les perles de pluie, de soleil et d'altitude pour un lendemain d'une sédentarité heureuse.

Pénétrer en riant de bonheur et de plénitude, l'intimité d'une langue qui n'a jamais finie de nous éblouir. Écouter avant le final de ce texte de renom, le pas magnifique d'un roi du verbe. « J'aime tant les proverbes et les raccourcis. En eux je vis plus longtemps sur un palier du temps satisfaisant. Je mes sens moins secoué. Ce sont mes tables d'orientation. La rose des vents placée au pied de l'église. L'oralité est un piochon. Elle ouvre les voies valides et harmonieuses. Je suis bien là, à hauteur d'homme ». « Ce que tu donnes est à toi, ce que tu gardes est perdu ».

La Canopée littéraire !

Publié par les majeures Éditions le Mot et le reste.

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