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EAN : 9782868536648
168 pages
Le Temps qu'il fait (06/05/2021)
4.25/5   2 notes
Résumé :
«André, le sédentaire toujours en vadrouille, lâche en douce, comme au turf devant les couloirs à chevaux, quelques rares bons tuyaux, il entrouvre sans arrêt des voies de traverse. Il résiste, n’a toujours pas envie d’être anesthésié par le positivisme commercial et mondain. Rêveur étoilé et ardent chroniqueur, il va son chemin, poursuit à son rythme son parcours sous le vent. Certains jours, il avance en roue libre, cycliste légèrement amoché. Mais on doit s’en c... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
A la rencontre d'un « Gavroche proustien »…

Très heureuse de trouver ce lundi 27 avril 2021, dans ma boite aux lettres le dernier ouvrage de Patrick Cloux, gentiment dédicacé. Je me suis aussitôt immergée dans l'univers d'André Hardellet dont je ne connais rien ! Un énième auteur qui est depuis trop longtemps dans ma liste de manques à combler, d' écrivains à découvrir…

Un petit trésor nous faisant connaître une sorte d'écrivain lunaire, resté méconnu, en dépit de la sincère admiration de « plumes illustres «, comme Breton, Julien Gracq…»…», en la personne d'André Hardellet…!...

Le style de Patrick Cloux est densément poétique, tour à tout « précieux », populaire, argotique ou un brin « désuet » « décalé », à l'image, j'imagine, d'André Hardellet dont il affectionne à la fois la prose, la personnalité, la non-volonté des modes, des bruits mondains !

« Il y un ton Hardellet comme il y a un ton Scutenaire ou un ton Pirotte. Comme il y a un seul Jude Stefan (-Ses Litanies du scribe lisant et lestant le nom de chaque auteur admiré d'un simple qualificatif sont un sublime hommage à l'art exact de lire) (...) Ces grands lecteurs ne sont pas des suiveurs- même quand ils nous désignent sans réserve des auteurs-, mais des écrivains uniques, pleins d'un univers entier, chorégraphes de leur seul tour de piste. Leur passion est dix fois plus communicative que celle d'écrivains muets sur leurs sources. « (p. 36)

Un style toujours poétique, riche d'images et de mots « désuets »…nous faisant partager son attachement confirmé pour l'oeuvre et l'Homme-Hardellet, ainsi que d'autres sympathies de longue date :Brassens, Guy Béart, André Breton, André Vers, Doisneau, Prévert, Desnos, Vialatte, etc.
« -Donnez-moi le temps- parle du temps des cerises, de la Commune et des vertes échappées. C'est le temps magnifique des chansons d'Aragon et des poèmes de jean Genet, réinventés avec talent par Colette Magny. C'est aussi celui des dérives exaltées et renversantes des frères Prévert. (...)
Son anthologie des poètes de Paris est le cadeau d'une vie. J'y retourne souvent. A chaque âge on peut s'en inspirer. La ville ronronne d'être ainsi chantée. Hardellet, en chiffonnier de notre passé, actionne l'arc électrique de nos souvenirs. (p. 56)”


Une célébration flamboyante d'un écrivain-poète méconnu, incompris remis à l'honneur avec panache par Patrick Cloux, lui-même auteur féru , accroc des chemins buissonniers, qui chemine fidèlement en compagnie d'artistes atypiques, hors médias et simagrées mondaines ! Entre ses « Oncles du Dimanche » où il parle avec flamme des créateurs dits « naïfs », ces artistes hors école, hors parisianisme, sa description sociale et littéraire de l'ancien quartier des Halles, entre poésie, argot, nostalgie, amour d'un Paris rêvé, un Paris des zincs et des potes, etc… Une nostalgie heureuse…parmi un milieu interlope, où l'on rencontre des personnages attachants et des plus originaux…de très beaux passages, toujours, en hommage aux Gens du Livre, écrivains, chansonniers, éditeurs, photographes… Je retiens , pour ma part, des passages aussi sympathiques que mérités sur le parcours passionné ,courageux de l'éditeur, Jean-Jacques Pauvert, qui fut aussi un véritable ami et soutien du « camarade », André Hardellet

« Jean- Jacques Pauvert au meilleur de sa forme construisait pas à pas son somptueux catalogue dont je crois, même tant d'années après, que la plupart des livres sont à conserver. Il fut en tous les cas l'un des plus éloquents de l'époque. Un fort moment de liberté. Suite aux conseils d'Alphonse Boudard, il reprendra les droits du -Seuil du jardin- à René Julliard, puis devint l'éditeur attitré d'Hardellet. Ils s'aimaient bien. la véritable amitié ne gèle pas en hiver. Il fut pour André, en dehors de tout succès, un véritable soutien ». (p. 135)

Juste un très « modeste » conseil pour lire cet ouvrage de belle qualité : prendre le temps et SAVOURER… la langue… « les phrases-promenades »…le vocabulaire riche souvent singulier, pour en apprécier toute les saveurs !
Encore un immense MERCI à Patrick Cloux de m'avoir transmis ce texte magnifique qui m'a donné l'envie et la curiosité de lire enfin cet ami de Brassens… , m'a fait commander plusieurs titres d'André Hardellet, dans la collection « l'‘Imaginaire [ chez Gallimard ] dont « Donnez moi le temps ».
Deux souhaits du fond du coeur que j'exprime à l'encontre de cet ouvrage précieux : un grand nombre de lecteurs attentifs et passionnés de ce dernier, et que ces mêmes amoureux de la Littérature se précipitent pour découvrir l'univers du poète, André Hardellet…que la postérité répare un tant soit peu…son injustice à son égard !

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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
Il rencontre au bureau des éditions Pauvert, une jeune romancière prometteuse, Françoise Lefèvre, qui vient de publier non sans succès un très beau roman, ample et bien écrit, -La Première Habitude-. Elle sera reconnue plus tard pour -Le petit prince cannibale. Ils sympathisent et se retrouvent un jour de juillet dans un bistrot de la place Desnouettes. Il lui parle du livre qu'il tente de mettre au clair, L'Arrière-pays et lui offre un exemplaire de -Lady Long Solo-. Ils décident d'aller le lendemain marcher un peu dans le bois de Vincennes. Il tient à lui montrer ses lieux d'enfance. Elle en parle dans un court et émouvant récit, écrit bien des années plus tard. Elle fut la dernière personne à l'avoir vu vivant. Je ne connais pas d'épitaphe plus douce, ni plus juste, que ce qu'elle écrit sublimement: "Je revois votre visage de vieux morse éploré". C'est exactement lui, son visage doux, sa moustache, son air dépassé...

"Vous m'aviez confié que vous vous sentiez complètement rompu, fatigué, mal dans la poitrine et que vous aviez pris la décision de vous faire soigner. Cette fois, vous sentiez que c'était sérieux. Il fallait faire quelque chose. Et puis, vous aviez ce livre, ce dernier livre à écrire. Une histoire de pays qu'on n'atteint jamais, un pays qui n'existerait sur aucune carte." -Françoise Lefèvre, Les Larmes d'André Hardellet. (p. 158)
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(...) André Vers présenta à Guy Béart le recueil de poèmes -La Cité Montgol, que venait de publier Seghers. Béart le feuillète, tombe sur les premiers vers du poème -Le Tremblay-les traverse inspiré, puis décroche une guitare du mur, et après quelques notes trouve le départ d'une mélodie. Il y travaillera et quelques jours après reviendra vers l'auteur, lui fredonner, puis lui chanter ce qui allait devenir sans aucun conteste, l'un des chefs-d'oeuvre de la chanson française de ces années, Le Bal chez Temporel. Une manne de nostalgie, un trésor de neiges d'antan.

"Si tu reviens jamais danser
Chez Temporel, un jour ou l'autre,
Pense à ceux qui tous on laissé
Leurs noms gravés auprès des nôtres."

Mise en musique par Béart, magnifiquement interprétée par Patachou, cette chanson recevra le Grand Prix du Disque, elle comptera beaucoup dans la petite postérité d'Hardellet.Elle nous le rapproche en un instant, nous aide à le visualiser, à partager l'étonnement de Béart devant son air de pirate et sa façon presque bonace d'aborder les gens. (p. 96)
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Il y un ton Hardellet comme il y a un ton Scutenaire ou un ton Pirotte. Comme il y a un seul Jude Stefan (-Ses Litanies du scribe lisant et lestant le nom de chaque auteur admiré d'un simple qualificatif sont un sublime hommage à l'art exact de lire) (...) Ces grands lecteurs ne sont pas des suiveurs- même quand ils nous désignent sans réserve des auteurs-, mais des écrivains uniques, pleins d'un univers entier, chorégraphes de leur seul tour de piste. Leur passion est dix fois plus communicative que celle d'écrivains muets sur leurs sources. (p. 36)
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Hardellet s'est passionné pour Charlot, Max Sennett, la vie simple des péquenots ou d'un chaudronnier, le funambulisme d'un plombier zingueur, sa capacité à redescendre sans casse les échelles des toits, mais aussi celle des chansonniers de Montmartre. Ceux du Chat Noir et ceux d'après. Il aimait les destins contrariés, les clairs de lune, la guimauve, les réclames pour la peinture Ripolin. La solitude d'Erik Satie l'émouvait autant que sa musique aux notes détachées. Doisneau lui avait montré sa maison d'Arcueil, d'où il fut jeté à la rue avec son piano. Il n'était pas prêt de l'oublier. (p. 126)
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Il n'était pas un casse-cou, mais un simple écrivain du regard. Un des rares auteurs à la fois populaire et savant, jamais sevré de son rapport premier au temps, jamais complètement guéri de l'innocence perdue. (...) Un mot malicieusement volé lui faisait la semaine. (...) Les Chasseurs Deux mettent à jour l'une des plus belles proses françaises de ces années-que nombre de lecteurs influents ont sottement ratée. Julien Gracq au contraire, qui adorait -Les Chasseurs-, en parlait avec gratitude et admiration. (p. 95)
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