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Critiques de Patrick Pécherot (243)
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L'homme à la carabine

une biographie de André Soudy, surnommé "l'homme à la carabine " , son nom ne dit pas grand chose mais si on vous dit qu'il côtoyais Bonnot et sa bande, là on voit .



André est passé par de petits boulots avant de faire le grand saut dans le banditisme; il n'a pas eu de sang sur les mains comme il aime à le rappeler; qu'à cela ne tienne, il finira quand même sur l'échafaud, condamné par ceux qu'il honnissait, sur l'hôtel de la réussite des nantis .

La gouaille de Pécherot nous fait entrer de plein pied dans l'histoire de ces anarchistes du début du 20ème siècle autant que ses descriptions des lieux et des personnages.



Comme souvent dans la littérature de l'auteur, on retrouve les mêmes thèmes: le combat du bien et d mal, les "petites gens" contre les capitalistes.



Lecture parfois complexe car l'auteur fait des allers-retours dans le temps, passant de 1912 à 1968 et incluant des célébrités en devenir mais encore inconnues dans les années 20.

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Belleville-Barcelone

Paris 1938, le Front populaire est sur le déclin, la guerre d'Espagne a 2 ans, Staline continue ses purges et Hitler assoit son pouvoir.

Un détective privé est chargé de retrouver une jeune fille partie avec son "amoureux"; mais le chemin est semé d'embûches et de cadavres.



Beaucoup d'argot de parigot qui nous met dans l'ambiance du lieu et de ces années là; peut-être dommage qu'il n'y ai pas un petit lexique d'explication pour les non initiés.



Peinture sociale et sociétale de l'époque qui se prolonge encore de nos jours, l'Est populaire tandis que l'Ouest plus nanti.



P.Pécherot revient sur une affaire qui défrayait la chronique de ces années d'avant guerre avec le procès d'Eugène Weidmann, surnommé le « tueur au regard de velours ».

Pour ceux qui seraient intéressés par cette affaire, le livre

"beaux ténèbres" la pulsion du mal d'Eugène Weidmann de Michel Ferracci- Porri.

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Les brouillards de la Butte

Trilogie parisienne 01 - Les Brouillards de la Butte



Dans le Paris de 1926, un montpelliérain, surnommé Pipette, venu tenter sa chance survit de petits boulots, de poèmes de son cru dans un cabaret de Montmartre.



Il va rencontrer André Breton et ses amis surréalistes, croiser La Goulue, déchue, sympathiser avec des anarchistes et soutenir les défenseurs de Sacco et Vanzetti.



Il participe à un cambriolage avec des « illégalistes » de ses connaissances mais un mort est trouvé dans le coffre-fort volé.



Les circonstances vont amener Pipette à se déclarer détective privé, frisant et parfois baignant dans l'illégalité, afin de résoudre cette affaire à nombreuses ramifications où certains de ses collègues de galère sont mouillés.

Nous voyageons dans le Paris populaire de l'après-guerre, « La der des der », où la gouaille, la débrouillardise et les petits métiers maintenant oubliés règnent en maître.



Pour goûter tout le sel de ce livre il faut aimer Paris, son parler, ses personnages et connaître un peu le quartier de la Butte ! Tous les ingrédients y sont pour en faire un polar sympathique autour des événements réels qui se sont déroulés à cette époque.



La trilogie des Brouillards, est la jeunesse, inventée par Patrick Pécherot, de Nestor Burma le célèbre détective d'Hector Malet.



Tout à la fois polar, roman historique, aventures de jeunesse ce livre est un agréable moment de lecture.

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Une plaie ouverte

Abandonné... à la page 102... La raison de la page 102, il n'y en a pas, mais la raison de l'abandon c'est la litanie de réflexions le plus souvent anecdotiques concernant des personnages historiques, politiques ou artistiques, du Wild West Show aux États-Unis, à la Commune de Paris.

Le fil rouge concernant la recherche d'un communard du nom de Dana, justifiant ce périple, est depuis longtemps perdu pour moi à la lecture de cette page 102.

Le style se veut poétique, mais il est tellement distancé qu'il en devient sec et insupportable.

Le sujet paraissait excellent, en tous cas, il m'attirait vraiment. De plus, c'était pour moi l'occasion de découvrir Patrick Pécherot, un auteur que je ne connaissais pas, et dont la réputation me tentait également. J'en essaierai peut-être un autre, un jour, en espérant ne pas y retrouver ce style distant et idéaliste.

C''était la Commune de Paris... sans le peuple...
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Une plaie ouverte

Attention ! Titre trompeur… « Une plaie ouverte » n’est ni un manuel de premiers secours ni, stricto sensu, un ouvrage sur la Commune.

L’action du livre se déroule, en partie seulement, durant cette :

a- Révolution

b- Révolte

c- Emeute

d- Insurrection (vous prendrez soin de choisir le terme qui vous semble idoine en fonction de votre sensibilité idéologique).

De plus, les tribulations du héros principal, qui n’est pas natif des Bouches-du-Rhône, contrairement à ce que son profil d’Arlésienne pourrait laisser croire, nous entraînent outre-atlantique… L’occasion de côtoyer Calamity Jane et Buffalo Bill, ecologic calamity avant l‘heure. Ils rejoignent la liste très longue des guest-stars hexagonales : Rimbaud, Verlaine, Pathé, Louise Michel, Courbet et bien d’autres… Mais, comme dirait PPDA, « Qui trop embrasse, mal étreint… » Il est clair que l’auteur éprouve une passion pour cette période très riche et qu’il connaît sur le bout des doigts la grande histoire et ses petites histoires. Il nous abreuve d’anecdotes réelles et de licences romanesques avec l’indéniable honnêteté d’un artisan scrupuleux qui a donné le meilleur de lui-même. Certains passages réussis n’en rendent que plus grand la déception globale.

L’effervescence politique qui nourrit la création artistique constituait une belle toile de fond pour développer une intrigue. L’intuition de raconter le contraste entre la montée des antagonismes européens et l’inexorable émergence de la puissance américaine promettait également de créer une aventure palpitante. Seulement voilà, pour moi, ça n’a pas fonctionné !

La faute à ces chapitres trop courts pour instaurer un semblant de fluidité ? La faute à ces phrases trop courtes qui saccadent davantage qu’elles ne rythment le récit ? La faute à cet argot hommage à Bruant qui finit par lasser ? Ou bien, peut-être, simplement la faute à un suspense qui ne s’établit jamais parce que les digressions sont aussi nombreuses que les ruptures narratives. Le lecteur est finalement floué par la minceur de ce qui devait être une histoire « policière »…

Attention donc ! Dénomination de collection trompeuse… Série noire ?

Sur un thème proche, Hervé Le Corre nous avait offert avec « Dans l’ombre du brasier », un polar historique haletant et véritable photographie de cette époque de pendants de corail qu’on cueille en rêvant.

Il est difficile de ne pas comparer ces deux livres et le ressenti est sans Commune mesure.
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Les brouillards de la Butte

Paris 1926. Montmartre. L’hiver. Le brouillard. Les becs de gaz. Les pavés. Les gens de la Butte …



… les hommes : anars post Bande à Bonnot ; ces Messieurs du Milieu, argot titi parisien en bouche et surins faciles en poche, aigrefins et second-couteaux de la pègre ; agents de police à pèlerine, drelin-drelin la sonnette au guidon, sifflet à roulette aux lèvres, vélos préhistoriques à garde-boue lourds comme des tanks à l'arrache sur les raides montées en pavés ; la cloche dans les dortoirs de l’Armée du Salut. Toute une époque : celle de l’entre deux guerres où subsistent encore les séquelles de la Grande Boucherie (veuves de guerre, Gueules Cassées, poilus recyclés, fantômes de soldats morts pour rien …).



… Les personnages principaux : Pipette en « je » narratif (Nestor Burma en devenir, clin d’œil hommage et préquel à la série signée Léo Malet, mais chut, ne pas trop en dire, juste quelques allusions), pigiste de journal à scandales ou libertaire, rimailleur-poète d’occasion du crépuscule à l’aube dans les bouis-bouis et les boites de nuit, laveur de bouteille (si, si) ; Raymond la Science, as de la cambriole et spécialiste du coffre-fort à démantibuler chez soi ; Leboeuf athlète de foire et chiffonnier-clochard, Collet l’anar.



… les gens du spectacle : Mistinguett, Fréhel, la Goulue (si si..!) et Maurice Chevalier; les chanteurs de quartier, à l'orgue et à la gueulante, au fond des cours d’immeubles, partitions à un sou et piécettes jetées des fenêtres ouvertes) ; les hommes de lettres : André Breton et ses surréalistes … toute la faune d’un Paris qui se cherche dans la joie insouciante de la Paix enfin revenue.



…. Les profiteurs de guerres : hommes politiques marrons et véreux ; pontes de l’industrie à l’épreuve de la Reconstruction, bien trop gourmands et à peine repus en ce post immédiat 14-18. De la vieille noblesse, du parvenu, de l’opportunisme bancaire, du truand de haute volée … Ben, tiens, justement, le butin de guerre, celui teuton, frontalier et encore sur pied … si on le laissait aux pauvres qu’en resterait t’il pour les riches ?



Pipette donc, Leboeuf, Raymond et Collet. La dèche, entre anars, çà se soigne à la cambriole. Suffit de prendre aux riches et de ne redonner qu’à soi. Un coffiot blindé çà se repère dans les beaux quartiers et, quand il n’a pas pu être ouvert sur les lieux de cambriole, çà se bricole tranquille à domicile, à la cave, dans un silence de tombe qui n’attire ni le curieux ni le délateur, à l’arrache, au pied de biche, à la chignole ou au chalumeau, entre complices. Mais quand, la bête de fonte enfin éventrée, montre un beau cadavre faisandé, purulent et boursoufflé (il flatule à son aise), la donne change, il y a matière à chantage, à se faire du beurre sur le dos du proprio qui la fourré ici, comme une sardine dans sa boite.



Ce que j’en pense : un petit polar historique taillé dans un argot habile et aisé ; des péripéties en habits d’années folles ; un (trop ?) court roman, qui, mine de rien, se laisse consommer comme l’absinthe au comptoir, en addiction jubilatoire. Patrick Pecherot y agite les grosses ficelles du genre et de l’époque, çà marche, enchante, on en redemande (çà tombe bien, « Les brouillards de la butte » semble début de trilogie). L’action pétarade au rythme des tacots sur les pavés, des pistolets qui éructent au-dessus des tombes de cimetière, des soupirs de la bonniche qui s’encanaille, de l’imprimante qui débite les faux talbins et les tracs tout autant.



J’adore.



A suivre, donc.



Et, pour finir, de temps en temps, sous la plume acide de Pécherot, en auteur engagé reconnu, gigottent de bien belles gueulantes de haine à l’encontre de la guerre et de ceux qui l’ont mené :



« Sanglé dans un uniforme de planton, il montrait un écriteau de la main gauche. De la droite, il ne lui restait que le souvenir. Sa manche flottait, vide de bras. Encore un amputé de service. Comme des champignons, ils poussaient dans les guérites des usines ou les sous-sols des bureaux. Depuis un bail, les abattis qui leur manquaient servaient d’engrais aux champs de bataille. Eux, ce n’étaient même pas les plus à plaindre. Ils avaient tous un copain revenu les pieds devant ou becqueté par les corbeaux. D’autres, la gueule en charpie, se terraient dans des mouroirs de banlieue. »
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Belleville-Barcelone

Suite au tome 1, c'est avec plaisir que j'ai retrouvé Pipette et le Paris d'entre deux guerres. Si le premier volet se situait après la grande guerre et avant 36, ici c'est la guerre civile d'Espagne et Staline qui forment le décor de fond.



Pipette, qui a changé de nom, suite à ses exploits de jeunesse, est embauché par l'agence Bohman comme détective. Il est contacté par le père d'une jeune femme de bonne famille qui est partie vivre avec un ouvrier . Cet ouvrier n'est pas n'importe qui, il est de ses jeunes qui se sont engagés dans la guerre d'Espagne pour défendre leurs idéaux. La disparition de celui-ci va amener Pipette sur les traces d'un vaste combat politique qui prend corps en Espagne pour se prolonger à Paris en passant par Moscou. Les cadavres et les disparus jonchent l'enquête et éclairent les enjeux d'une guerre qui laissé l'Espagne sous la dictature sanglante de Franco .



L'autre personnage de ce roman c'est Paris , un Paris d'ouvriers, de petites gens , d'émigrés, croisés par quelques artistes de cinéma ou de la chanson, de poètes et bien sûr par Breton.



Un vrai plaisir de lecture.
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Tranchecaille

Roman très intéressant autour de l'histoire d'un pauvre poilu, Tranchecaille, accusé du meurtre de son lieutenant au cours d'une offensive au chemin des dames en 1917.

Cour martiale en urgence, organisation d'un pseudo procès mais est-il seulement coupable ou s'agit-il d' un exemple pour le reste des troupes.

L'avocat, un capitaine, aidé de son greffier, cherche la vérité. Cette quête permet à l'auteur de décrire la vie quotidienne des poilus dans les tranchées, les conséquences de certaines décisions prises en haut lieu, la vie d'un hôpital de guerre, la vie à l'arrière.

Un livre écrit avec un style très fort, un parler d'époque rendant plus poignantes les situations que vivent les personnages. Chacun fait ce qu'il peut avec ce qu'il a, vit et appréhende la guerre à sa façon.

Une belle galerie de personnages recouvrant une grande partie des personnes ayant participé à cette guerre, des personnages très bien travaillés.

Le livre ressemble à une course contre la montre dont on connaît l'issue dès le premier chapitre. Un livre triste, réaliste, à l'image de la première guerre mondiale.

Un roman à lire et à découvrir. Un premier et un dernier chapitres que l'on n'oublie pas.

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Boulevard des Branques

Boulevard des branques, donc, c’est une aventure de Nestor, détective de l’agence Bohman, que le lecteur averti (pas moi, donc) a déjà pu croiser dans Les brouillards de la Butte et Belleville-Barcelone. Dans le chaos de l’Exode de juin 1940, Nestor est chargé de la garde d’un psychiatre suicidaire. Et déterminé, puisque, malgré cette protection rapprochée, le médecin réussit à se tuer. Du moins le semble-t-il, puisqu’il s’avère vite que l’on a sans doute aidé le docteur à passer l’arme à gauche. Au même moment, Nestor reçoit un étrange message, un appel à l’aide d’un inconnu évacué à Chartres dans un train transportant des malades mentaux. En ces temps troublés, le détective va tenter de faire la lumière sur une affaire dans laquelle se mêlent truands demi-sel, faux fous, vrais malades, psychiatres eugénistes, flics pourris et résurgences de la guerre d’Espagne.



Une histoire dense, donc, mais contée avec légèreté. Pécherot sait que l’on n’attrape pas les mouches avec du vinaigre. Et donc, c’est sous le couvert d’une écriture ironique dans un argot revisité mais qui arrive à sonner vrai, parsemée de métaphores réjouissantes (« Les points noirs lui donnaient un faux air de foie gras truffé »), qu’il nous sert une intrigue complexe placée dans un contexte parfois difficile à appréhender.

Son tour de force est de nous balancer dans la France occupée, de nous en dépeindre l’atmosphère, d’y placer des références historiques et des anecdotes, sans jamais casser le rythme de son récit ou paraître lénifiant. Et l’on imagine, sous l’apparente simplicité du texte, le travail de fond nécessaire à l’auteur pour rendre tout cela ingérable sans problème pour le lecteur.



Pécherot, la plume alerte, met la petite histoire au service de la grande et réussit à écrire un polar historique séduisant. C’est de la bien belle ouvrage.


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Hével

Après la commune, la première guerre mondiale et celle de 39/45, Patrick Pécherot a de nouveau choisi une heure sombre de l’histoire de France comme thème de son nouveau roman. Cette fois-ci c'est dans le Jura des années cinquante qu’il nous transporte pour nous conter une histoire de conscience sur fond de guerre d’Algérie. Un peu comme Didier Daeninckx l’a fait dans des romans comme : « Meurtre pour mémoire » ou « Le bourreau et son double », il nous parle des séquelles que ce conflit a laissé dans les esprits ou plutôt est en train de laisser, puisque son roman à lui se déroule bel et bien pendant la guerre et non des décennies plus tard.

Cela lui permet de faire revivre cette époque difficile pour le populo dont les conditions de vie sont encore relativement précaires en dépit du plein emploi dans un pays qui se reconstruit. Son récit est donc très orienté sur les aspects sociaux de l'époque. On prend le pouls de la société d’alors en compagnie de Gus et André, on visite les petites entreprises qui vivotent, les routiers où se côtoient les ouvriers, le zinc où l’on refait le monde à grand coups de canons, les premières cités... La guerre, elle, n’est que suggérée. On n’en sait que ce que la TSF veut bien en dire ou ce que les témoins en racontent. Pour le reste il faut se contenter du discours officiel ou de ses répercussions en métropole : les manifestations des travailleurs algériens et les porteurs de valises.

Les héros de Pécherot n’y sont confrontés que par la bande. Et encore, c’est davantage à leurs démons intérieurs qu’ils ont affaire. Ils vont notamment devoir surmonter leur rancune et leurs préjugés et apprendre à juger les gens « au singulier », à voir le gamin dans le bidasse ou le père de famille dans l’arabe et décider s’il y a une différence à faire passer la frontière à un juif en 1945 ou exfiltrer un membre du FLN ou un déserteur en 1958. Ce faisant, il nous rappelle cette évidence trop souvent oubliée qui consiste à ne pas considérer les individus en fonction de leur milieu, de leur race, ou de leur religion.

Les amateurs d’intrigues alambiquées ou d’enquêtes rondement menées seront sans doute déçus. C'est un instantané de vie que nous propose l’auteur et les seuls mystères à éclaircir sont ceux qui se lovent dans la personnalité des personnages, dans les recoins intimes de leur cerveau. Le roman n’en est pas moins passionnant et l’on se demande jusqu’au bout quelle route vont emprunter les protagonistes. Celle de la colère et de l’appât du gain ou celle de la compassion.

L’écriture est en revanche particulièrement soignée. Elle possède une puissance d’évocation peu commune grâce à une plume qui mêle l’argot à la littérature pour accoucher d’une poésie de la dèche. Si vous ne me croyez pas, ces quelques lignes devraient suffire à vous convaincre : « Sept bâtisses barrant l’horizon comme pour le rayer de la carte. Des fenêtres à fientes, des caniveaux à reflux, des puanteurs de marais. Quatre cent personnes à loger. Des familles, les mômes en ribambelle, cannes de serins et morve au nez. Les hommes usés avant terme, les femmes plus fanées que leurs couronnes de mariées. De la fatigue à chaque étage et des tâches ménagères qu’on ne s’imagine plus. Les marches à grimper, les brocs à transbahuter, les lessives à casser le dos, le charbon à monter, les corvées de patates et la cuisson des nouilles. La toilette à la bassine, les matelas côte-côte et les sommeils tête-bêche. Des aubes froides, des jours crasseux et le soir, lumière éteinte dans la carrée unique, les étreintes expédiées à la va-comme-je-te-pousse. »


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Tranchecaille



Ce n’est pas loin de là mon premier roman sur la Première Guerre Mondiale. J’ai lu la trilogie de Ken Follet qui ignorait cependant la France, Frère d’armes de David Diop, La chambre des officiers de Marc Dugain, et pour le côté allemand l’excellent A l’ouest rien de nouveau d' Erich Maria Remarque.



Je ne sais pas vraiment pourquoi j’ai besoin d’explorer encore et encore certains sujets que je ne comprends pas et que je sais que je ne comprendrais pas plus.



Cette fois c’est un roman de Patrick Pécherot, particulièrement pessimiste, mais sûrement très réaliste. Un lieutenant à été tué, et le coupable tout trouvé est Jonas qui aux yeux du commandement ne représente pas un bon soldat. Seul son capitaine tente de le défendre.

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Tranchecaille

Chemin des Dames, bataille de 14 jours et 40000 morts : une boucherie

Jonas, poilu parmi d'autres, se plaint auprès de son lieutenant que son pantalon est trop grand, lieutenant que l'on retrouvera mort d'un coup de baïonnette dans le dos, baïonnette française.

Tout accuse Jonas.

Duparc, capitaine sera son avocat et démêler le vrai du faux.

On ne peut pas lire ce roman sans penser au film "le pantalon rouge" ni au film "joyeux Noël " ou "les sentiers de la gloire".

Très beau roman, qui relate bien la dureté des combats, les tranchées, surtout ces hommes nos aïeux brisés, abîmés.

Un roman fort que je conseille

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Hével

A l'inverse de Taipo, j'ai beaucoup aimé ce 1er livre d'une série que j'essaierai de lire ,concourant pour les Ancres Noires 2019 du Havre.

L'histoire se déroule pendant la guerre d'Algérie : deux hommes Gus et André se démènent au volant d'un vieux " citron"pret à rendre l'âme pour dégoter du frêt ,afin non pas de vivre mais survivre.Une solide amitié soude les deux hommes jusqu'au jour où l'arrivée d'un passager clandestin va semer la Zizanie ,détruire petit à petit leur amitié. Au travers l'histoire l'auteur a très bien retranscris cette page de notre histoire où le racisme qui régnait à cette époque entraînait souvent de graves rixes allant jusqu'à la mort.

J'ai été rapidement immergée dans l'ambiance et l'atmosphère quelque peu glauques à certains moments.La gouaille argotique et populaire et cette façon d'interpeller le lecteur m'ont plu et m'ont vu sourire ,ce petit côté Frederic Dard est sympa.Un auteur que je vous invite à découvrir. ⭐⭐⭐⭐
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Les brouillards de la Butte

Une bande de pieds nickelés parigots jusqu'à la moelle, braquent le coffre fort d'un bourgeois rien que de très normal, mais quand ils découvrent un macchabée dans le coffiot ...ça change tout! Le butin a foutu le camp et les emmerds arrivent à grands pas.



Pipette, l'un des petits malfrats va se lancer dans la carrière de Privé et nous entrainer dans un Paris meurtri par celle que l'on espère être la "der de der". Un Paris où anars, artistes et populace se croisent pendant que la grande bourgeoisie fait des affaires.



Hommage à Nestor Burma et son auteur Léo Malet,que je n'ai pas lu, on retrouve aussi du René Fallet dans ce monde de petite gens qui ont la gouaille des Titis parisiens, une langue que j'adore, imagée, colorée, créative



J'ai une grande tendresse pour ce monde où la débrouille était reine et l'arnaque facile sans m'illusionner sur la dureté des rapports sociaux et les blessures laissées par 14/18 . ( à croiser avec Au revoir là-haut de Lemaitre .



Un bon roman de gare qui se lit comme on mange un bonbon
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Pour tout bagage

Un drôle de bouquin pour une drôle d'histoire. Je l'ai découvert grâce à Babelio et aux éditions Gallimard, que je remercie.

Cette drôle d'histoire, c'est celle de 5 jeunes des années 70. 4 garçons dans le vent et une chouette frangine, des gosses de banlieue qui s'ouvrent au monde , dans un monde très moche. Un monde en crise, un monde qui perd la boule, un monde violent. Un monde où l'on s'accroche à un idéal comme à une bouée en plein naufrage, où l'on se cherche des idoles pas trop tartes , de Ferré à Guevara en passant par les GARI. Un groupe d'action non-violent, mais déterminé à lutter contre toute forme d'oppression. Le franquisme, par exemple. Quitte à enlever un banquier espagnol pour faire passer le message.

Sauf que les messages passent mal, durant ces années de plomb. Et que les groupuscules révolutionnaires se font infiltrer , noyauter , démanteler par les flics dès que l'occasion s'en présente

Qui a vendu les camarades ? On le sait très vite. Et pour des gosses épris de pureté, de grandeur, de justice, il est impératif de régler son compte au type qui a balancé les GARI. En restant dans la non-violence, évidemment. On lui foutra juste la trouille en tirant à côté de lui. Chaque jour.

Sauf qu'à côté de lui, Edmond sort d'une boutique. Et la mort d'Edmond change tout: l'amitié, la bande, le monde, le destin.

Patrick Pécherot nous raconte cette drôle d'histoire comme on causerait à un pote. En regardant un album-photo, en ricanant de se voir si jeune, si naïf, si branque. En regrettant de se voir si jeune, aussi, en se demandant où sont passés tous les espoirs déçus, tous les rêves de gosse, toute la douceur des souvenirs.

Je n'ai pas toujours été convaincue par son écriture, je l'avoue, tellement il cherche à caser de choses dans ces photos-souvenirs: par moments, on a l'impression de tomber un peu dans le cliché sur les années 70, tout se télescope, et ne surnagent que des icônes . Mais c'est sans doute la matière des souvenirs qui veut cela. C'est , en tout cas, louable d'avoir rappelé à la mémoire des lecteurs ces années mal-aimées, cette giscardie à la fois morne (eux) et flamboyante (nous).

Une leçon d'histoire comme on aimerait en lire plus souvent, en tout cas.
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Les brouillards de la Butte

J'avoue avoir commencé le livre sans aucune connaissance de Nestor Burma ... Est-ce un manque pour comprendre l'histoire ? Je ne pense pas mais ce qui m'a surprise et un peu dérangée c'est cette manière d'utiliser l'argot des années 20 ... Au lieu de me faire entrer dans l'univers, je crois plutôt que ça a été un frein pour me faire vraiment adhérer aux personnages.

Quant à l'intrigue, c'est une histoire plutôt bien ficelée : quand une bande de voleurs dérobe un coffre chez le comte de Klercq, ils se retrouvent après avoir ouvert celui-ci avec un cadavre sur les bras : Rouleau, spécialiste du chantage.

J'ai quand même bien aimé cette période d'après guerre, gueules cassées, syndicalisme, anarchisme et quelques figures de l'époque apparaissent (notamment André Breton!).

J'essaierai le deuxième tome, on verra!
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Belleville-Barcelone

Où l'on retrouve Pipette 10 ans plus tard ayant intégré une agence de détectives privés , l'agence Bohman , qui maintenant officie sous son vrai prénom ( même si ses papiers sont toujours faux ) : Nestor . Deuxième épisode de cette trilogie , ces nouvelles aventures se déroulent en 1938 , avec les prémices d'une guerre qui se rapproche à nos frontières . En parlant de guerre c'est celle d'Espagne qui sert de toile de fond et de liant aux différents meurtres de sympathisants à la cause espagnole et contre le fascisme de Franco . Nestor va avoir fort à faire pour démêler le vrai du faux dans les jeux troubles que mène une puissance communiste en pleine purge à l'extérieur de ses frontières . Le contexte n'est peut être pas très gai mais Patrick Pécherot nous ravie pourtant encore une fois avec ses expressions d'époque , la verve et la truculence de ses personnages plein de vie . On n'a pas l'image mais on n'a aucun mal à s'immerger dans cette histoire que l'on suit sans temps mort jusqu'à la fin et que l'on lâche avec regret tellement on s'est régalé .

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Hével

Voilà un roman noir, très noir, mais bon, très bon. C'est l'histoire de Gus et d'André, racontée par Gus soixante plus tard. André et lui étaient chauffeurs-livreurs sur les routes de France à la fin des années cinquante. La guerre d'Algérie fait rage et le pays est divisé. Sur la route d'André et Gus, on croise Simone, la patronne d'auberge et compagne occasionnelle d'André, les gendarmes, nombreux et soupçonneux en ces temps troublés, la neige des routes du jura, des ouvriers, des émigrés, et Pierre, passager clandestin d'un jour, qu'André prend sous son aile, laissant Gus jaloux et prêt à tout. Ce court et dense roman m'a happée. J'ai adoré la langue, cet argot âpre qui fait mouche et qui nous plonge dans un film noir et blanc de l'époque. On ne serait pas surpris d'y croiser Gabin, Ventura ou même Belmondo (jeune). Et j'ai beaucoup aimé aussi l'intrigue, entre tragédie classique et polar. Excellent. Merci Babelio et Gallimard, une opération "Masse-critique" très payante.
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Une plaie ouverte

Si on aime le roman noir historique qui a trait à l’histoire française contemporaine, impossible de passer à côté de Patrick Pécherot depuis qu’à l’orée des années 2000 il s’est lancé dans sa trilogie du Paris de l’Entre-deux-guerres avant d’enchaîner sur la Première Guerre mondiale avec Tranchecaille et les milieux anarchistes du début du XXème siècle (L’homme à la carabine). On recule encore un peu avec cette Plaie ouverte qui s’étend de la Commune de Paris à 1905 en passant par l’Affaire Dreyfus.

Ici donc, on s’attachera aux pas de Marceau, communard proche des milieux artistiques de l’époque lancé à la recherche, obsessionnelle, du mystérieux Dana. Révolutionnaire ? Membre du peloton d’exécution qui a œuvré rue Haxo pendant la Semaine sanglante ? Truand et truqueur ? Nul ne sait qui est vraiment cet homme dont on dit qu’il aurait fui vers l’Amérique.

« C’est une sacrée histoire que celle-là. Vraiment. Pourtant, espérer qu’il la raconte serait aussi vain qu’attendre le retour d’un mort. L’homme, s’il a existé ailleurs que dans la fumée d’une pipe ou les sornettes d’un vieux, on se contentera d’en chercher la trace. Rien, ou presque, ne garde son empreinte. À croire qu’il marchait sur des semelles de vent. Comme l’autre, qu’il aurait connu jadis et qui, pareillement, a tout brûlé derrière lui. »

C’est à la recherche d’un spectre que semble s’être lancé Marceau. Mais aussi, plus largement, des fantômes de son passé. De l’exaltation et de l’amour vécus avec sa bande d’amis, avec Manon, avec Jules Vallès, avec Maxime Vuillaume, avec Paul Verlaine et Gustave Courbet, mais aussi du traumatisme d’une insurrection manquée et du sang versé alors.

Enquête éclatée, à l’image des souvenirs brouillés par le laudanum qui fait encore avancer Marceau, Une plaie ouverte surprend dans sa construction et joue avec intelligence de cette figure spectrale de Dana, nimbant le récit d’une touche qui peut aussi bien être de la folie, que du mythe ou du fantastique. Et puis, ce faisant, comme à son habitude, sans effets de manche, Patrick Pécherot fait revivre des époques, tâche d’en tirer l’essence, en se plaçant au milieu des hommes. Il y a la langue, bien sûr, le parler populaire rendu avec subtilité, les scènes de vie – ou de mort – qui s’impriment sur la rétine du lecteur : le bouillonnement de la Commune, le violent retour à l’ordre et l’apparition d’une nouvelle forme de fabrication de mythe avec la naissance du cinéma que l’on suit aux côté de l’ami de Marceau, Charles Pathé. Et les premiers westerns arrivés des États-Unis et vite suivis par le Wild West Show de Buffalo Bill.

Étonnant, parfois déstabilisant mais toujours d’une impressionnante justesse, Une plaie ouverte marque, quatre ans après L’homme à la carabine, le réjouissant retour de Patrick Pécherot.


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Petit éloge des coins de rue

À partir d’un détail du paysage, d’un lieu ou d’une rue, Patrick Pécherot crée un petit récit et imagine les vies qui peuvent s’insérer dans ce cadre. Il fait appel une grande mémoire culturelle, rappelle quelques grands noms d’hommes ayant vécu à Puteaux ou y ayant laissé une trace, évoque des chansons, des films parfois. Par ce biais, il emmène le lecteur en balade dans ces quartiers, entre les années 30 et aujourd’hui, dans des rues urbaines, bien peu villageoises. Selon lui, « la rue existe par ceux qui la vivent. Par leur présence, leur passage, leur empreinte. » [p. 210] Cela explique son choix de s’attarder davantage sur les gens que sur les rues en elles-mêmes : cela se défend et est un bon point de départ, mais m’a donné la sensation de m’éloigner du sujet annoncé par le titre de l’éloge.



Au-delà de cette déception quant au sujet, j’ai surtout regretté de ne pas me retrouver dans cet univers déployé par l’auteur : les trop nombreuses références que je ne partageais pas et ne comprenais donc pas non plus, l’atmosphère très urbaine, voire banlieusarde, ainsi que le regard tourné vers le passé m’en ont tenu éloignée. Je me suis beaucoup ennuyée en lisant ce petit éloge, mais je ne doute pas qu’il plaise à un autre public, plus réceptif que moi à ces récits.




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