J'ai un petit faible pour cette collection d'inédits des Petits éloges à 2€ chez Folio. Certes tous ne se valent pas mais l'on tombe aussi sur des pépites.
C'est le cas avec ce
Petit éloge des coins de rue de
Patrick Pécherot. Ça commence dès la couverture avec ce chat aux yeux intrigants. Et ça se poursuit avec une voix qui m'a enchantée tout au long de ces 120 pages. Une voix, oui car j'ai vraiment eu l'impression d'écouter ce livre plutôt que de le lire.
Patrick Pécherot use ici d'un style taillé pour l'oralité. Enfant des années 1950, il fait revivre dans ces pages un Puteaux qui n'existe plus, des métiers disparus (remmailleuse de bas par exemple), des bruits et un jargon qui renvoie vers Audiard. Ça sent bon l'argot et le pavé parisien.
Point de "nostalgisme" (désolée pour ce néologisme) à outrance, ni de "c'était mieux avant".
Patrick Pécherot ne nous entraîne pas seulement dans une balade spatiale. Les rues remontent et défient le temps sous sa plume. On y rencontre aussi bien un verdurier d'antan qu'un jeune danseur de hip-hop.
De même, figures illustres et illustres inconnus s'y croisent. Il y a Cahuzac, pas celui de l'Affaire, mais un boucher à Puteaux, et Arletty, Abdallah et sa femme et Céline (à contre-coeur) et Fréhel.
Ce livre peut se déguster d'un trait, de façon linéaire, ou en piochant un passage ou deux. C'est un régal d'instantanés de ces coins de rue, même les plus droites. Jours des encombrants, rupture du jeûne du Ramadan, les tableaux de Jürg Kreienbuhl (une découverte complète, lui), etc. Dans chaque partie, l'auteur y célèbre l'humanité dans toutes ses facettes. Un soupçon de nostalgie, une pincée d'humour et une pointe d'amertume, telle est la recette de ce merveilleux opuscule à promener avec soi. Même si l'on n'est pas de Paris ou de Courbevoie.