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Citations de Patrick Poivre d`Arvor (280)


J'ai des morceaux de toi dans le cœur, dans l'âme et sur la peau. Quand d'autres ne laissent que le vide, de toi je garde tout, j'ai toujours tout gardé.
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« Maman est morte. J'en suis sûr. Papa m'a juste dit qu'elle avait disparu. Mais je sais trop ce que veut dire disparaître en langage adulte. Ils racontent tous cela, les grands, pour maquiller la mort. Pourtant, mon père n'a pas l'air trop triste. J'ai donc fait comme lui, pour ne pas le contrarier. Je n'en pense pas moins, cette histoire me chiffonne... La preuve : Papa est fébrile, il s'agite dans tous les sens, il est étrange avec ses amis. Il est sur le pied de guerre. Je sens confusément que nom sommes en partance. Pour où ? J'ai oublié de vous dire que je vais sur mes quatre ans. Je sais, je ne les fais pas, on me donne sept ans d'âge mental, l'âge de raison. »
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Relations père - fils décrites par l'enfant dans le cadre de la séparation de ses parents...
Rien de bien nouveau mais c'est touchant de lire les impressions d'un très jeune enfant.
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Patrick Poivre d'Arvor
Nous sommes là pour donner une image lisse du monde.
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Tu m’as décroché mes étoiles. Tu as donné de grands coups de hache dans notre amour. Tu m’as cassé mon rêve. Tu m’as sonné comme un boxeur. Je ne marche pas encore sur les genoux, mais j’ai les chevilles en coton. Tout se dérobe. Je ne sais plus où aller. Je me cogne. La seule porte de sortie, c’est toi, et c’est fermé. J’ai voulu cent fois courir parce que je te voyais, mais, comme dans les aéroports, les baies étaient en verre épais. Ca fait mal quand on croit décoller et qu’on se les prend de plein fouet. On tombe comme les chevaux dans les abattoirs sous le coup bien placé d’un maillet. Tout s’écroule à cette seconde, tu meurs debout, le décor s’effondre ; les jambes rentrent dans la tête, la tête s’enfonce dans le sol. Et si, par hasard, tu en réchappes, c’est pour mourir quelques mètres plus loin, devant une autre porte vitrée.
De l’autre côté, il y avait ces avions qui partaient, ces bonheurs qui s’agitaient, ces amours qui se bécotaient au grand jour. Tout cela, je le vois encore. Le regard est vitreux et l’esprit est déjà épais, mais je devine confusément ces vies, ces silhouettes, la tienne bien sûr parmi elles. Tu vas sans doute passer devant la porte. Tu vas dire « oh ». Et presque en même temps tu me reprocheras le trouble que cette fin misérable va t’apporter. Tu vas m’en vouloir parce que tu ne pourras pas t’agenouiller. Il y a trop de monde autour de toi, trop de badauds pour regarder ce corps recroquevillé. Tu ne voudras pas donner notre fin en spectacle. Et puis tu diras « Mais je lui avais dit de ne pas venir. Il est fou. Il me fait mal autant qu’à lui. Nous aurions parlé chez moi, loin des autres. J’aurais fait le ménage dans cette vie que je viens de vivre et dont il se faisait une montagne. Beaucoup de choses seraient parties d’elles-même. Et puis qu’est-ce qu’il est allé s’imaginer… »
Beaucoup trop, c’est sûr. Mais, quand tu vivais cette vie-là, tu la vivais sans moi. Il t’en restera des morceaux qui ne m’appartiendront jamais. Moi, j’attendais ton retour. Tu l’as cent fois différé. Peut-être as-tu réussi à te construire une indépendance, mais pendant ce temps-là, moi, je fabriquais ma dépendance. Et ma dépendance me minait. Elle s’en prenait à mon amour. D’heure en heure, elle devenait suicidaire. Il y a déjà deux nuits que je suis en dessous du degré zéro, de la joie de vivre. Deux nuits pendant lesquelles des millions de trains sont passés sur les rails qui cisaillent ma poitrine. Des trains cons, pleins de clichés et de fausses idées sur toi, plein de reproches injustifiés et d’accusations sans fondements. Mais aussi des beaux trains, des trains bleu ciel, purs comme mon absolu, des trains qui passent sans faire de bruit mais qui découpent la nuit avec de longs couteaux affilés. Les chairs repoussent ensuite, les cicatrices sont propres, mais elles restent là, à jamais, pour témoigner.
Et pendant ces deux nuits, pendant cette troisième qui s’achève, toi, tu vivais, tu ne comprenais rien. Toi qui d’habitude sens si bien les choses, tu me laissais dépérir sur pied. Sans doute pensais-tu ne pas vraiment nous abîmer. Tu ne pensais pas à mal puisque tu n’en faisais pas. Et peut-être te disais-tu que cette séparation nous tonifierait, que tu serais moins fragile et que ce temps passé loin de moi te donnerait la force d’exister, entière face à mes exigences . Exigences démesurées… Qu’est-ce que je donne en échange ?
Et bien, je te donne ça, cette lettre, le gouffre de mes sentiments, ma mort qui calmera mes tourments absurdes. Je te jure que j’aurais préféré te donner ma raison, ma vie, tous mes espoirs. Car tout ce que tu as à me dire est sûrement plein de beautés, de sincérité. Tu vas me dire que tu m’aimes. Mais tu n’as pas besoin de moi. Ou si peu. Tu sais te suffire de toi-même. Notre amour t’a semblé doux. Pas plus. C’était peut-être nouveau pour toi. Mais je ne t’ai pas manqué. Ou si peu…
Croire ou bien douter de toi ? Qui vient de me quitter ? Qui a menti ? Une heure d’extase et déjà le doute qui me ronge. N’était-ce pas de l’aumône, petit saint-bernard ? Tu as débouché le petit tonnelet de cognac, tu m’as fait une piquouse de petit bonheur, une intraveineuse de ta voix. Tu dois te dire que ça soulage. Que ça prolonge le malade. Et puis tu repars, tu vis. Moi je crève. Je souffle comme un phoque. Quand je pense à toi, il faut que j’inspire un grand coup. Quand je veux te rejeter, il faut que j’expulse… Ca doit bien m’arriver trois-quatre fois par minute… Le crabe que tu m’as mis aux tripes, retire-le. Il me bouffe le foie. Il me rappelle mes angoisses de gosse, cette image de mon bouquin de mythologie grecque, Prométhée enchaîné, dévoré par un vautour.
Mais le vautour, au moins, était à l’extérieur. Cela saignait à l’air libre. C’était de la blessure propre. Mon crabe me mange de l’intérieur. Délivre-moi de mon doute.

Mon amour,
Tu n’as presque jamais répondu à mes lettres. Pour celle-ci tu auras une excuse. Ce n’est pas la première fois que tu me fais mal, mais en partant tu me fusilles. Tu me laisses ce bébé que je vais avoir du mal à aimer tout de suite parce qu’il est le prix d’un échange. Lui contre toi. C’est toi que je voulais. C’est toi qui n’es plus là. J’en crève de douleur. Tu m’aimerais en cet instant parce que je n’ai plus rien d’un romantique à quatre sous. J’ai les yeux secs. Il n’y a plus rien à pleurer en moi. Je t’ai tout donné.
Fallait pas me quitter maintenant.
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Contrairement à ce qu'on dit, les hommes sont souvent plus bavards que les femmes. Ils se vantent à tort et à travers. Ils ont une fâcheuse tendance à réécrire l'Histoire.
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« Le matin du troisième jour, nous avons commencé à comprendre que ce voyage avait un sens et que nous allions beaucoup plus loin que le simple bonheur d’être ensemble. » (p. 94)
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C'était un amour unique. Deux enfants malheureux qui ne cessaient de se déchirer parce qu'ils s'aimaient trop fort et trop mal.
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La Baule-Paris, dimanche 19 février

Il est sept heures et demie. Toujours un TGV. Celui-là vient de quitter la ville natale de ta mère. Il se traîne. Peu après Nantes, le haut-parleur interne diffuse une explication administrative : « Un accident de personne vient de se produire sur la voie. » Un accident de personne? Qu'est-ce qu'il raconte ce haut-parleur? Pourquoi cette formule ampoulée, si impersonnelle s'agissant d'une « personne »? Qu'est-ce qui lui est arrivé à cette personne? La même chose qu'à toi, mon amour? Et qu'est-ce qu'ils ont raconté au métro Sablons? Se sont-ils énervés à l'intérieur des wagons? Se sont-ils aperçus qu'au moins, ils étaient vivants, et que ces vies-là, ils en avaient pour des jours entiers, des années entières, à en jouir, à en souffrir peut-être, mais à en profiter? Que ce petit retard que tu leur as occasionné n'est rien au regard de notre attente ce vendredi après-midi? Depuis, j'ai rencontré un ami immobilisé ce jour-là avec sa fille dans cette maudite rame.

Et pourquoi, après tout, cette leçon de morale? Je ne vaux pas mieux que les autres. Je peste à mon tour en ce moment parce que le train a fini par s'arrêter en rase campagne, à quelques centaines de mètre d'un village, La Poissonnière, dont le nom ne me dit rien du tout.

Je râle parce que je vais être en retard, parce que je m'en veux de regarder comme les autres au-dehors, comme si de la nuit pouvait surgir la clé du mystère, une lumière bleutée d'ambulance, des uniformes de pompiers ou de gendarmes...

Et puis, soyons franc, j'enrage parce que, à mes côtés, deux jeunes filles pleines de vie pouffent à s'étrangler, en s'échangeant leurs histoires, en savourant ce moment de grâce supplémentaire, ces dernières heures de complicité avant de regagner Paris, leurs foyers respectifs, leurs parents sur le dos: « Et pourquoi donc arrives-tu si tard? » Je les aime, ces adolescentes qui m'agacent, parce que je les devine, leurs soirées, leurs angoisses, leur famille... Mais je leur en veux de vivre, parce que tu n'es plus là.

Avant, on m'avait raconté, et je l'avais souvent lu dans des romans, que certaines femmes stériles jetaient des regards noirs sur des landaus ou des ventres arrondis. On m'avait dit aussi que des femmes qui venaient de perdre un enfant ne pouvaient plus supporter les cris de ceux des autres. Mesdemoiselles de La Poissonnière, je ne suis pas très fier d'avoir pensé tout cela de vous ce dimanche soir. Et d'avoir changé de compartiment pour ne plus entendre vos rires.
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"Il faut haïr pour guérir d'une blessure d'amour."
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Il était une fois...

Il était une fois où tu m'avais quitté
Tout Paris s'était fait désert de ton absence
...

Louis Aragon
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Charles, qui se morfondait tant le jour durant, croyait en la rédemption par le crépuscule. Il y avait le paradis pour les âmes discrètes et le crépuscule pour celles qui trouvaient interminables ces journées de mortel ennui. Et s’il n’y avait eu que l’ennui…
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Je vis, je meurs...

Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie.
J'ai chaud extrême en endurant froidure ;
La vie m'est trop molle et trop dure.
J'ai grands ennuis entremêlés de joie.
...

Louise Labé
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De t'avoir ensuite jugée trop fragile quand tu t'es fait rattraper par une cochonnerie de maladie qu'ils appelaient mentale, alors qu'un mal de vivre se niche où il peut, et bien autant dans les tripes que dans la tête.
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Écrire, ça soulage. On appuie là où ça fait mal, on se mord la lèvre, mais ensuite, on supporte la douleur.
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Celui-là qui veille modestement quelques moutons sous les étoiles, s'il prend conscience de son rôle, se découvre plus qu'un serviteur. Il est une sentinelle. Et chaque sentinelle est responsable de tout l'empire.
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Elle vivait sur un petit nuage,à deux-trois pieds du sol, et paraissait étonnée d'être là, si différente, sans ostentation. On avait peur de la déranger, on ne savait jamais quelle porte pousser pour pénétrer ses rêves.
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A une robe rose

Que tu me plais dans cette robe
Qui te déshabille si bien,
Faisant jaillir ta gorge en globe,
Montrant tout nu ton bras païen !
...

Théophile Gautier
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Avant de redescendre, il contempla la Sioule et se tambourina la poitrine. Il était le Roi du Monde.
Pas pour longtemps. La grand-mère était réveillée et plutôt furieuse de voir l'oiseau envolé. Il n'échapperait pas au bol de lait écoeurant, aux taloches et aux jérémiades à propos de son instituteur : "Si c'est pas une honte de vous fourrer pareilles idées dans la tête. Est-ce que j'ai été à l'école, moi?" Napoléon enfin en prendrait pour son grade : "On voit bien que tu ne l'as pas connu l'usurpateur. Il a mis la France à feu et à sang. Et nous sur la paille." On ne parlait jamais politiques chez les Tabarant. Mais la grand-mère aimait le roi, un point c'est tout. Le roi quel qu'il soit. Hier Charles X, aujourd'hui Louis-Philippe, connaissait-elle au moins son nom? Elle savait en tout cas que les guerres napoléoniennes lui avaient volé son homme, et c'était assez comme ça.
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Vers la fin du siècle dernier, une vieille dame naguère indigne eut un remords.

Elle se rendit au cimetière de Neuilly et chercha la tombe d'un jeune homme qui fut son amant quarante-cinq ans plus tôt. Les temps étaient alors à la folie, au romantisme et au panache. On s'aimait, on se déchirait. On se battait en duel, on montait sur les barricades.

La sépulture fut difficile à trouver. Comme personne ne l'entretenait ni ne la visitait, elle était envahie de ronces et d'une végétation sauvage. Mme Pilloy dégagea comme elle le put les mauvaises herbes qui recouvraient la tombe et retrouva le nom qu'elle était venue honorer : "Alexandre Tabarant".

Elle revit alors le visage d'un très beau jeune homme et dit simplement, avant de quitter le cimetière : "Pardon, petit aigle."
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