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Critiques de Patrick Rotman (77)
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Ivo & Jorge

Je suis amoureuse de Montand depuis toujours, cela doit me venir de ma mère qui l’est aussi... L’amour filial, donc, me destina à lire ce roman.

À partir du moment où Yves et Simone sont mentionnés, en principe je vais apprécier.

Tel fut le cas pour cette lecture grâce à laquelle j’ai appris et mieux compris.

J’ai découvert également Jorge Semprún, son histoire, ses envies, une autre vision de la vie.



Un livre bien documenté et bien écrit, que je recommande aux personnes curieuses et animées par la politique et l’Histoire!

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Ivo & Jorge

Ivo Livi est Yves Montand, fils d'ouvrier communiste de Toscane qui a fui les faisceaux mussoliniens en 1924, et qui s'est installé à Marseille. Jorge Semprùn Maura est le fils d'un aristocrate madrilène, élevé dans le luxe entre des gouvernantes allemandes, des visites au Prado et une éducation soignée à la maison. Qu'est-ce qui a pu rapprocher ces hommes si différents?



Le roman s'ouvre à Moscou en 1990 où l'on projette le film L'Aveu, le film de Costa Gavras adapté du livre de London dont Semprùn a rédigé le scénario où le rôle principal est interprété par Montand. Tout un symbole que cette projection, 20 ans après la sortie du film!



Allers et retours entre Moscou, Madrid et Marseille, Paris, Saint Paul de Vence,  pour raconter la vie de ces deux héros qui nous sont familiers et qui nous ont accompagné. De la Guerre d'Espagne, à la Perestroïka, en passant par la Résistance, Buchenwald, les Procès de Prague, Budapest 1956... Une histoire du XXème siècle vécue par le militant communiste et le compagnon de route, la clandestinité et les feux de la rampe. Une histoire de solidarité, de fraternité. Des regrets d'être "passé à côté de l'essentiel" : pour Montand en ne rejoignant pas la Résistance, pour Semprùn en ayant cautionné les procès staliniens. De belles rencontres aussi pour le lecteur : Edith Piaf, Simone  Signoret, Marilyn et Miller, et tant d'autres....



Leurs histoires auraient pu se croiser, j'ai attendu leur rencontre : elle a eu lieu en 1963,



"Entre Montand et Semprùn, naît une amitié nourrie de leurs histoires respectives, de la recherche d'un idéal perdu, de complicités personnelles.



Ces deux émigrés de l'histoire ont partagé les grandeurs et les désillusions d'une génération. Au début de leur "liaison" amicale, les deux hommes en sont au même point idéologique : Montand et Semprùn sont des communistes critiques qui ont perdu leurs illusions mais ont gardé leurs espérance[...]ils espèrent encore débarrasser le communisme de la perversion stalinienne. Dans cette quête impossible, Semprùn va devenir la conscience de Montand..."



Le chanteur va s'impliquer dans des films politiques, le duo deviendra trio avec Costa Gavras . Ivo & Jorge nous emmène au cinéma! 
Lien : https://netsdevoyages.car.blog
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Mai 68 raconté à ceux qui ne l'ont pas vécu

Jeune, j'ai « vécu » Mai 68. J'en ai alors saisi l'importance, même si je n'en ai pas vu tous les aspects. Par la suite, j'ai beaucoup lu à ce sujet. L'opuscule de Patrick Rotman ne m'a rien appris de nouveau. Pour moi ceci est juste une "révision" de ces événements, avec ses trois phases: crise étudiante, crise sociale, crise politique: ça a commencé d'une manière foudroyante, mais c'était quasiment fini au bout d'un mois ! L'opinion publique, d'abord favorable aux jeunes manifestants, s'est vite retournée. Tout s'est passé comme si la majorité des adultes n'avait finalement pas pris au sérieux cette agitation juvénile. Bien sûr, les retombées de cette surprenante "révolution" ont été plus durables.

A mon avis le plus intéressant dans ce livre - qui a le mérite de la concision - est la mise en perspective de cette page d'histoire. En particulier, Patrick Rotman rappelle le contexte de 1968: le mouvement contre l'autoritarisme; la furieuse envie des jeunes gens de rompre avec la rigidité générale des moeurs; l'influence des mouvements contestataires à l'étranger; enfin la politisation d'une (faible) minorité en raison de la guerre du Vietnam.

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Génération, tome 1 : Les années de rêve

Dans les années 60 les étudiants étaient très actifs en politique. Ce livre nous parle des principalement des étudiants communistes avec les différentes branches du mouvement et puis mi-sixties l'arrivée du maoïsme qui conduira à la radicalisation de certains et à mai 68 .

C'est malheureusement trop long et bien trop de noms apparaissent,disparaissent puis réapparaissent avec pour résultat que l'on se perd régulièrement dans le récit .

C'est dommage car le sujet est intéressant .
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Mitterrand et ses ombres

Un gros travail, c'est indéniable, tout en noir et blanc avec toutefois des visages pas très ressemblants. Les BD politiques se multiplient et celle ci propose de lever le voile sur des actions troubles de Mitterand, ou plutôt trois moments sombres de son histoire (et dieu sait s'il y en a eu beaucoup d'autres). On découvre ici l'homme à femmes, toujours en quête de pouvoir, machiavélique te fin connaisseur du monde politique français. Sa force, savoir être nommé à des postes clefs au bon moment. Ce petit bout de vi ces avoués confirme mon image de ce personnage dénué de tout principe, seul le pouvoir compte...

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Mai 68 raconté à ceux qui ne l'ont pas vécu

Petit livre extrêmement clair sur Mai 68, la genèse, le déroulement, le contexte et l'héritage. Très explicite et abordable. J'ai appris beaucoupde choses alors que je croyais déjà tout savoir! Belle surprise. J'ai lu ensuite "Le général a disparu" de Georges-Marc Benamou, ce qui a complété cette lecture très agréablement.
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Mai 68 : Veille du grand soir

Le lecteur doit être prévenu que le Général de Gaulle ne sera pas montré sous son meilleur jour avec toute l'aura qu'on lui connait. Néanmoins, cela traduit la réalité du moment avec un vieil homme de 77 ans après une vie politique déjà bien remplie en péripéties. On verra également ses divergences de vue avec un Pompidou qui se révèle être un plus fin stratège.



Bien entendu, la part belle sera faite à Dany le rouge ainsi que de toute une clique de révolutionnaires voulant changer le monde. Encore que, on comprendra que le but n'était pas forcément d'avoir le pouvoir mais améliorer les conditions de vie des français ainsi qu'un changement de mentalités vers plus de libertés (Professeurs, vous êtes vieux, votre culture aussi !). Tout cela se terminera par la victoire écrasante des gaullistes aux élections de Juin 1968 qu'on a baptisé les élections de la peur. En fait, le Général va encore rester accroché un an au pouvoir avant de tirer sa révérence.



On voit également que ce mouvement était très divisé et qu'il est mort faute d'avoir pu donner une impulsion politique. Ni Pierre Mendès-France, ni François Mitterrand et encore moins les communistes en ont profité. Ce n'est pas le fruit de ma réflexion personnelle mais le message véhiculé par les auteurs qui se sont solidement documentés.



Attention que cette BD ne donne pas de mauvaises idées car nous savons tous comment se termine les révolutions. le grand soir n'aura pas lieu. Cependant, ce mois de Mai où la jeunesse a été sévèrement châtiée marquera à tout jamais les esprits. Une oeuvre riche en enseignements.
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Mai 68 : Veille du grand soir

Excitée de faire partie des Explorateurs de la BD du site Lecteurs.com avec qui je ne suis plus à mon premier partenariat, je l'ai été encore plus en recevant Mai 68 : La veille du grand soir. Alors que ce mois de mai débute sur des docus retraçant les événements, j'ai pu attaquer les faits par le prisme de la bande dessinée et ça, c'est vraiment chouette ! Patrick Rotman et Sébastien Vassant, m'ont entraîné avec eux dans l'Histoire d'une France enlisée, marquée par une contestation sociale et générale du pouvoir en place. Tiens, tiens, ça me rappelle quelque chose... De cette frise historique au jour le jour, la double approche entre souvenirs de Patrick Rotman et scènes au plus haut sommet de l'Etat permet de mieux comprendre les enjeux politiques et sociaux. Une question demeure : apprend-on du passé ? Au vu des informations des dernières semaines, pas sûr... 



A travers le regard d'un étudiant pris par hasard dans le feu d'une révolte, nous lecteurs, sommes témoins d'un mouvement d'une ampleur considérable. De la Sorbonne à l'Elysée, de la rue aux usines Renault, nous assistons au déroulement des événements pour mieux en saisir les enjeux. De Conh-Bendit à De Gaulle, la personnalité des protagonistes se révèle et s'étire pour dévoiler la complexité du pouvoir.



Sous les traits de cette bande dessinée historique, rien n'est plus actuel. Le combat de la rue, des plus modestes contre le régime, est presque une banalité. Ce qui fait la particularité de mai 68 est la révolte générale issue d'une crise existentielle comme il y en a si peu. D'abord étudiante et se voulant anti-capitaliste, ce vent de contestation s'étend à la rue, aux ouvriers comme à tous corps de métier.



En côtoyant la figure étudiante emblématique de Cohn-Bendit, en vivant la nuit des barricades ou encore la prise du théâtre de l'Odéon, notre étudiant-témoin confirme la complexité interne entre volonté de changement, violences policières subies et parfois provoquées, méfiance envers les syndicats et instabilité politique.



De ce malaise social évident, l'audace et l'improvisation estudiantine provoque assurément une fracture entre l'Elysée et Matignon, entre De Gaulle et son Premier ministre Pompidou, révélant ainsi une méconnaissance des revendications sociales de son propre pays, quitte à user de mépris et de violences envers les classes. Ça ne vous rappelle rien ? Vraiment ? 



De cette BD aux traits levés, aux couleurs unies et assez ternes avec pour volonté de mettre en avant les dialogues, j'y ai vu le reflet d'une époque en proie aux réflexions. Comme une remise en question d'un modèle de vie.



Finalement, cette lecture me conforte dans un parallèle saisissant de notre société actuelle. Parallèle entre insupportables violences policières. Parallèle entre guerres de communication. En effet, lors des événements, le pouvoir en place restreint puis interdit toutes communications de l'ORTF (Office de Radiodiffusion-Télévision Française) voulant informer les citoyens. La comparaison peut paraître exagérée, mais pas quand un gouvernement muselle, avec une volonté de contrôler et reporter les fautes sur les médias, et surtout en préparant une loi sur le secret des affaires stigmatisant encore plus les journalistes. Et la liberté d'expression dans tout ça ? 



Ce que j'en tire, est une revendication commune au mouvement de mai : un NON progressif au modèle capitaliste et libéral.



Ce roman graphique à la particularité de survoler d'un regard critique toutes les strates de l'Histoire, le tout avec cohérence. Documents à l'appui et fiches descriptives, il me manque cependant une mise en situation générale de la vie des Français qui expliquerait ce vent de révolte. La contestation n'est jamais vaine, car n'oublions pas que ce que nous avons aujourd'hui n'est que le résultat des batailles d'hier et encore plus de demain.



Pendant cette lecture, j'ai choisi de boire un thé Betjeman & Barton intitulé "Une belle histoire..." et je pense que vous comprendrez pourquoi ! 
Lien : http://bookncook.over-blog.c..
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Tu vois, je n'ai pas oublié

Évidemment, Hamon et Rotman se sont délectés à narrer l'existence passionnante et mouvementée de Yves Montand, de la naissance en Toscane à la fuite de la famille en France, de l'enfance pauvre du petit immigré à l'adolescent de la Cabucelle, qui trime pour ramener un salaire d'appoint à sa famille, tout en rêvant cinéma américain et chansons ! et bien sûr, toute la suite, les premiers concerts à Marseille, le départ à Paris, les débuts de sa carrière puis la reconnaissance de son talent, les rencontres qui vont changer sa vie, celle de Piaf bien sûr "son mentor artistique" et passion d'un temps et celle de Simone Signoret, La précieuse compagne, enfin le compagnonnage avec le parti communiste puis le désengagement intervenant peu à peu lorsque Montand prend conscience des mensonges, des turpitudes et des couleuvres que le PCF a tenté de faire avaler à ses ouailles.



Hamon et Rotman ont su dresser un panorama vivant et intéressant de la situation politique d'après guerre, avec en France l'influence prépondérante du PCF, qui a largement profité de son implication dans la Résistance, et à l'international le durcissement des rapports est-ouest, le conflit en Corée, les sinistres effets du maccarthysme, le rapport Krouchtchev suite à la mort de Staline, l'invasion soviétique en Hongrie, tous événements dans lesquels le couple Montand s'est largement impliqué ! à ce sujet, la tournée dans les pays de l'est fin 1956 demeure emblématique.



Les deux auteurs n'ont bien entendu pas écarté le Montand comédien, hâbleur, dont la faconde réjouissante a insufflé tant de fantaisie bienvenue à ses rôles, pas davantage que le Montand tragédien, dont la composition hallucinante de vérité cauchemardesque dans "l'Aveu" a laissé une telle empreinte dans l'esprit de ceux qui ont vu ce film ! ce rôle, littéralement "habité" par Montand tient toute sa force dans la volonté qu'a eue l'acteur d'exorciser ses aveuglements sur la réalité du communisme, tel que pratiqué par Staline et autres infects personnages !



Mais ce qui fait le sel de cet ouvrage et lui donne son incomparable saveur c'est la manière dont les auteurs nous racontent Montand chanteur, Montand bête de scène, apprivoisant le public, lui susurrant certaines mélodies, lui en assénant d'autres, magicien qui, d'un geste, d'une intonation, parfaitement choisis, délicatement ciselés, transforme chaque chanson en véritable oeuvre d'art.



Ce Montand là, dont tout geste, tout mot, toute danse esquissée, toute déambulation sur scène donnent une sensation d'évidence, de talent inné, nul n'imagine à l'entendre ou le voir qu'il s'agit là du fruit d'un labeur acharné, où presque chaque syllabe, pourrait-on dire, fait l'objet d'un délicat travail de mise au point. Quant au résultat ? tout est tellement évident que cela semble couler de source, comme une respiration, émanant de façon parfaitement naturelle.



Montand, c'est d'abord et avant tout un forçat. Mais à l'écouter, nul ne s'en aperçoit.

Conscient de ses défauts, grâce entre autres à Edith Piaf, il a eu la volonté de s'améliorer : l'accent, la maîtrise de la voix, le contrôle de la gestuelle, destinée à accompagner les textes, ces textes patiemment choisis pour former un ensemble cohérent qui corresponde à son attente et confère au récital la couleur qu'il entend lui donner. Il voulait la perfection ; il a atteint la perfection ! et s'est donné tout le mal qu'il fallait pour l'obtenir ...

Montand, c'est aussi un ascète ! nul ne s'en douterait, tant cet homme semble enclin à croquer la vie sous toutes ses formes et l'a prouvé pendant un demi-siècle ! mais dès qu'il s'agit de préparer un spectacle, il devient ce forcené du travail, se soumettant à un régime spartiate, s'imposant les rythmes infernaux d'un labeur sans cesse repris et amélioré jusqu'à obtenir le résultat précis qu'il voulait atteindre.

Tout cela, Hamon et Rotman nous le distillent avec gourmandise et bonheur et nous restituent, comme si nous étions dans les coulisses avec la "groupie" Signoret toutes les émotions de ses spectacles d'une rare intensité de l'Etoile en 1951, qui inaugure une longue série de récitals à guichets fermés, à l'apogée triomphal de Broadway en 1959 ... sans oublier le retour inoubliable de 1981 et la consécration au Metropolitan Opera à New-York en 1982 !

Chapeau l'Artiste !



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Mai 68 : Veille du grand soir

De la difficulté ou du plaisir ... de replonger dans ses souvenirs ...

Ah les souvenirs, le 6 Mai 1968, après avoir participé à la rédaction de tracts, les avoir distribué, voté la grève dans notre école (école nationale de chimie, physique et biologie de Paris), déambulé dans le quartier latin vers la Sorbonne, (zone bloquée par des hordes de CRS qui empêchaient toutes approches), écouté les consignes données par ces forces de l'ordre, "choisissez de taper sur les filles, c'est plus facile", ...

J'étais place Maubert, j'ai vu de mes yeux vus les CRS chargés, j'ai vu de mes yeux vus courir de simples lycéens qui tout comme moi cherchaient à se protéger des coups qui pleuvaient, j'ai couru et avec d'autres, nous nous sommes réfugiés dans le hall d'un hôtel chic avec le personnel qui ne comprenait pas ce qui se passait .... et puis je suis rentrée chez moi, mes parents n'ont guère apprécié mes exploits et j'ai été envoyée dans ma chambre avec interdiction de sortir, il me restait le transistor ....

Car en ce temps là, Monsieur, les journalistes étaient dans la rue et tenaient au courant le peuple de France de ce qui se passait !

Ah les souvenirs, comment un livre nous y replonge.

Alors ce qu'il nous en reste, de beaux slogans :

J'ai quelque chose à dire mais je ne sais pas quoi !

Quand l'assemblée nationale devient un théâtre bourgeois, tous les théâtres bourgeois deviennent des assemblées nationales !

Les hommes ne seront libres que quand ils cesseront de rêver la nuit !

.... loin de tous ces slogans plus ou moins utopistes certainement plutôt beaucoup plus que tout !

N'oublions jamais ce que fut mai 68, une histoire où il ne s'agissait pas de prendre le pouvoir mais de prendre la parole,

Et ça, cinquante années plus tard, la parole est la plus belle victoire de cette veille du grand soir, le grand soir n'ayant jamais eu lieu !
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Génération, tome 1 : Les années de rêve

La naissance, la montée puis l'apparition au grand jour lors de mai 68 des mouvements de contestation « d'extrême-gauche ».

Au-delà de l'analyse de ce qu'on appellera les « groupuscules », l'intérêt du livre réside dans les destins individuels et les ressorts psychologiques de leurs dirigeants.

C'est là, qu'une mise à jour s'imposerait : que sont-ils devenus ? Il y aurait beaucoup de surprises !

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Ivo & Jorge

On a tous en tête cette image de Montand dans le film L’Aveu, le visage marqué, des lunettes de soudeur sur les yeux et une corde autour du cou. A l’époque, en 1970, son interprétation avait été unanimement saluée. C’est qu’il ne s’était pas contenté de jouer le rôle d’Arthur London, cet ancien responsable communiste tchèque accusé d’espionnage au profit des Américains : il s’était littéralement senti habité par ce personnage qui le renvoyait à la manière dont il avait lui-même traversé les tragédies de son siècle et à la culpabilité qu’il en ressentait.



C’est ce que met admirablement en lumière le récit de Patrick Rotman dont les quelque trois cent soixante pages tendent vers cette catharsis qu’a constituée le film de Costa-Gavras pour Montand et pour Semprun, qui en avait pour sa part signé le scénario.



Ils n’étaient pas vraiment destinés à se rencontrer, ces deux-là. En tout cas pas à être unis par les liens d’une amitié sincère et profonde. Pourtant, entre le fils d’immigrés italiens ayant poussé dans les quartiers populaires de Marseille et l’intellectuel issu de la bourgeoisie madrilène ayant fui l’Espagne franquiste, l’entente est immédiate, qui se transformera en une durable complicité.



Patrick Rotman semble avoir pris un malin plaisir à alterner à un rythme extrêmement serré, presque étourdissant, les éléments biographiques de chacun des deux protagonistes. De leur enfance à leurs années de maturité, il juxtapose leurs expériences, jetant ainsi une lumière crue sur la dissemblance de leur personnalité et de leur parcours.



A la truculence de l’un répond la discrétion de l’autre, le premier ne songeant qu’à monter sur scène et à percer, ignorant dans une inconscience délibérée les risques pris par les résistants, quand le second engagé aux côtés des communistes est déporté à Buchenwald ; Montand entretient avec le parti communiste un rapport affectif lié à son histoire familiale alors qu’il s’agit pour Semprun d’une démarche d’ordre philosophique que son expérience des camps ne fera que raffermir.



Mais leur chemin finiront cependant par se rejoindre, dès 1952, lors des iniques procès de Prague qui jetteront notamment London en prison. Les deux hommes repoussent le doute qui commence alors à s’immiscer en eux, instillant au passage le poison du sentiment de culpabilité. Un sentiment qu’il ne leur sera plus permis d’ignorer en 1956, avec l’écrasement du peuple hongrois, puis celui du printemps de Prague, douze en plus tard.



Aussi, lorsque après le succès de Z qu’ils avaient déjà réalisé ensemble, leur ami commun Costa-Gavras leur propose d’adapter au cinéma le récit autobiographique de London, L’Aveu, ce projet prend-il une dimension particulière. L'occasion leur est enfin donnée de faire face à leurs doutes, à ce qu’ils considèrent comme leurs erreurs et à dépasser les contradictions dont ils sont la proie. Ce film apparaît alors comme l’aboutissement de deux destinées qui semblent fusionner dans un projet artistique à valeur existentielle.



Au-delà de la trajectoire de ces deux personnalités charismatiques, c’est bien l’histoire d’un siècle tourmenté qui nous est ainsi donnée à voir. Grâce à son judicieux dispositif narratif, Rotman apporte un éclairage à la fois sensible, intelligent et extrêmement pertinent sur les formes que prirent l’espoir et la ferveur suscités par le communisme et la nature du traumatisme qui en découla. Loin de toute posture morale ou dogmatique, en se tenant au plus près de ses personnages qu'il sait rendre extrêmement attachants, l'auteur nous permet de comprendre les mécanismes tant historiques que psychologiques qui purent conduire à l'un des plus grands aveuglements du siècle passé. Un très beau livre.
Lien : https://www.youtube.com/watc..
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Génération

Je constate avec surprise que, pour le moment, aucune critique n'a été postée au sujet de ces deux gros volumes qui retracent d'une manière vivante et détaillée tout un pan de l'histoire récente: d'abord l'épopée de Mai 68, ensuite la dérive gauchiste qui a suivi. Je comprends que les jeunes soient indifférents, mais n'y a-t-il pas encore quelques soixante-huitards motivés pour "regarder dans le rétroviseur" ? Pour tous ceux qui hésiteraient à lire "Génération", je conseille vivement la lecture de cet ouvrage qui fait le tour de la question d'une manière exhaustive..
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Ivo & Jorge

C’est le livre qui décrit une amitié sincère dont l’idéologie politique commune puis désenchantée, a créé entre eux cette complicité affective de 30 ans qui les a unis dans une admiration réciproque. Dans un contexte socio-culturel classique et figé, ces deux hommes ne se seraient sans-doute pas croisés. En 1963, d’après Rotman, ce sont les filles -camarades de classe- de chacune des épouses qui aurait permit la rencontre. Un coup de foudre dit-il.

Ayant beaucoup lu J.Semprun, totalement admirative de son parcours depuis son Espagne natale et dès 1936, des chemins de traverse qui l’ont conduit des Pays-Bas jusqu’à la France sans oublier une année derrière le portail « Jedem das seine » à Buchenwald, je me suis immergée dans ce récit avec passion, et il me bouleverse encore. Extrêmement documenté, Rotman a particulièrement bien résumé et mis en lumière toutes les facettes de la personnalité des protagonistes, avec empathie, sans éloges excessives. La construction du texte est intéressante, car par des paragraphes assez couts, elle alterne le parcours de chacun à la même époque -Ivo né en 1921 et Jorge en 1923- leurs deux années de différence facilitant l’exercice. Nous suivons ainsi la situation familiale aux milieux diamétralement opposés, prolétaire pour l’un et bourgeois pour l’autre ; la maturation professionnelle pour l’un et la résistance à l’occupant pour l’autre ; enfin leur engagement dans une foi politique idéale. Au fil des années, les rencontres et les événements leur feront perdre leurs convictions dans le système communiste soviétique quand les exactions totalitaires, antidémocratiques à Prague, à Budapest, les faux procès à charge… et les informations du goulag (Soljenitsyne) passent le mur. Alors, pour expier la culpabilité de leur aveuglement, de leur soumission au dogme et de leur silence, l’un et l’autre, ensemble, effectuerons leur rédemption par l’intermédiaire de scénarios et de réalisations de films dont l’Aveu en 1969 fut l’expression aboutie. Venir le présenter à Moscou en 1990 avec Costa Gavras bouclera leur chemin de croix.

Un livre magistral qui honore le parcours de vie et la mémoire de tous les hommes et femmes cités.


Lien : https://www.babelio.com/conf..
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Résistances (1940-1945)

Merci aux Editions Seuil, Arte Editions et Babelio pour m'avoir permis de découvrir ce très bel ouvrage sur la Résistance. Ayant lu "La Résistance en action", je me suis permise de comparer ces deux beaux livres qui se complètent à merveille.



Contrairement à "La Résistance en action", la couverture et le papier est brut, non lisse ou effet brillant (même si issu de sources responsables), seule chose qui m'a un peu surprise quand il s'agit de beaux livres.



Divisé en quatre parties, il comprend une bibliographie et une liste d'acronyme à la fin de l'ouvrage.



C'est le second ouvrage sur la Résistance que je reçois en 2022. Contrairement à "La Résistance en action" paru aux Editions De Borée, j'ai perçu ce livre comme une belle entrée en matière à tous ceux qui s'intéressent à la Seconde Guerre mondiale.



Introduction :



La Résistance est multiple et tous ceux qui y ont participé font partis de son histoire complexe. A la ville comme à la campagne, modestes ou riches, jeunes ou vieux, ils ont lutté de différentes manières. De distributeurs de tracts à l'édition de journaux clandestins, d'agents de liaison aux sabotages, du sauvetage de Juifs aux maquis...



2 % de la population française, tel est le quota de la résistance active et organisée plus l'aide de la population.



268 réseaux et 44 mouvements ont été recensés par les historiens.



Portraits et histoires de résistants ainsi que de l'esprit de la résistance. Connus ou restés dans l'ombre, c'est le combat clandestin de toute une vie pour la liberté de la France. Dès 1940, les premiers groupes se forment, les filières d'évasion se mettent en place, des actions de renseignement et des opérations contre les forces de Vichy prennent de l'ampleur. Les services de renseignement de l'armée allemande, l'Abwehr et la Gestapo commencent leur traque des résistants, infiltrants les réseaux grâce à des agents.



Présentation des principaux résistants avec le résumé de leur histoire :



Betty Albrecht : féministe, co-fondatrice de "Combat" et "Compagnons de la Libération".

Emmanuel d'Astier de la Vigerie : un des fondateurs du groupe "La Dernière Colonne" et de "Compagnons de la Libération".

Lucie Aubrac : Membre du groupe "La Dernière Colonne", aide à la publication de "Libération", fait évader son mari, exil à Londres, devient professeur d'histoire après la guerre.

Raymond Aubrac : un des chefs militaires des Mouvements Unis de la Résistance, interné à la prison de Montfort, évasion grâce à sa femme, devient Commissaire de la République à Marseille après la Libération.

Pierre Bénouville : membre de la Cagoule, du réseau Carte, journaliste. A l'origine de l'affaire Suisse, Compagnon de la Libération.

Jeanne Bohec : Engagée dans le Corps des Volontaires Françaises de la France Libre à Londres, en juin 1940. Formatrice des agents du BCRA aux explosifs. Parachutée en Bretagne en 1944, participe aux destructions de voies ferrées, surnommée la "Plastiqueuse à bicyclette", une des cinq femmes parachutées durant la guerre.

Cristina Boïco : communiste roumaine, chimiste, intègre l'Organisation Spéciale du PCF dès 1941. Créatrice d'un service de renseignements qui choisit les cibles des attentats éventuels contre l'armée allemande à Paris.

Claude Bourdet : ingénieur, responsable de "Combat" dans les Alpes Maritimes. Créée en 1942, le Noyautage des Administrations Publiques, représentant de "Combat" à la réunion du CNR, directeur de celui-ci en 1943. Arrêté le 25 mars 1944, déporté à Buchenwald, dirige le journal "Combat" à son retour et créée "France-Observateur".

Pierre Brossolette : journaliste, démobilisé, se sert de sa librairie comme lieu de rendez-vous clandestin. Rejoint le réseau du Musée de l'Homme, numéro 2 du BCRA. Effectue deux missions dans la France occupée, se suicide le 22 mars 1944 de l'immeuble de la Gestapo. Compagnon de la Libération.

Jean Cavaillès : figure marquante de la philosophie, un des fondateurs de "La Dernière Colonne", participe à la création de "Libération". Créée le réseau de renseignements Cohors. Arrêté après avoir été trahi le 28 août 1943, interné à la prison de Fresnes, il fut exécuté le 17 février 1944.

Geneviève De Gaulle : nièce du Général De Gaulle, étudiante, elle participe au réseau du Musée de l'Homme et rejoint le Mouvement Défense de la France. Trahie, elle est arrêtée le 20 juin 1943 par l'inspecteur de la Gestapo française. Internée à la prison de Fresnes puis déportée au camp de Ravensbrück. Libérée le 25 avril 1945 à la libération du camp.

Charles Delestraint : Général de corps d'armée, sollicité pour prendre la tête de l'Armée Secrète, arrêté le 9 juin 1943, déporté et exécuté au camp de Dachau.

André Dewavrin : politicien, officier du génie, nommé chef des services de renseignements de la France Libre. Chef d'Etat-major du général Koening. Dirige les services secrets à la Libération.

Henry Frenay : créateur d'un mouvement de résistance antiallemand. S'oppose au CNR, commissaire aux Prisonniers et Déportés au Comité Français de la Libération Nationale en automne 1943.

Georges Guingouin : instituteur communiste, entre clandestinité dès 1941. Créateur des groupes dans les campagnes. Commandant des FFI de Haute-Vienne et entre dans Limoges. Compagnon de la Libération.

Boris Holban : juif roumain, participe à la constitution des groupes armés (Main-d'Oeuvre Immigrée), responsable militaire parisien des FTP-MOI.

Denise Jacob : agent de liaison à 19 ans du Mouvement Franc-Tireur à Lyon. Arrêtée le 18 juin 1944. Déportée à Ravensbrück, amie de Geneviève De Gaulle et Germaine Tillion.

Jean-Pierre Levy : ingénieur commercial juif, démobilisé, animateur du groupe Franc-Tireur. Evasion en juillet 1944 après avoir été arrêté ce même mois. Compagnon de la Libération.

Marie-Madeleine Méric : fondatrice du réseau de renseignements Alliance, affiliée avec l'Intelligence Service en avril 1941. Dirige seule le réseau implanté sur tout le territoire. Traquée par la Gestapo, s'exile en Angleterre en juillet 1943. Participe à la Libération, se remarie à la fin de la guerre.

Jean Moulin : délégué personnel du chef de la France Libre en zone non occupée, a pour mission d'unifier les mouvements de résistance sous De Gaulle. Après la création du CNR le 8 mai 1943, il tome dans une souricière et meurt après avoir été torturé.

Christian Pineau : créateur du journal "Libération" pour la zone nord, créateur du réseau Cohors pour le BCRA. Arrêté par la Gestapo, il est déporté à Buchenwald. Député puis ministre à neuf reprises, il est le pionnier de la construction européenne.

Serge Ravanel : agent de liaison puis responsable des Groupes Francs, mène des actions. Trois arrestations et évasions. Chef des FFI de la région toulousaine. Compagnon de la Libération.

Marcel Rayman : juif polonais, membre du deuxième détachement des FTP-MOI de la région parisienne. En charge de la direction de l'équipe spéciale qui s'occupe des missions les plus périlleuses. Participe à l'attentat contre le SS Julius Ritter. Arrêté après une longue filature le 16 novembre 1943 lors d'un coup de filet qui démantèle tout le groupe. Fusillé le 21 février 1944, figure sur l'Affiche rouge.

Gilbert Renault : un des premiers agents envoyés en France. Dirige le réseau Confrérie Notre-Dame. Interdit de retour en France, travaille à la BCRA.

Henry Rol-Tanguy : membre du parti communiste, engagé dans les Brigades Internationales, démobilisé en 1940, responsable des comités populaires. Chef régional des FFI de la région parisienne, est aux côtés du général Leclerc lors de la reddition du général Dietrich von Choltitz, commandant de la garnison allemande. S'engage dans l'armée. Compagnon de la Libération.

Germaine Tillion : ethnologue, a des relations avec le réseau du Musée de l'Homme, agent de liaison, trahie par l'abbé Robert Alesch, agent de l'Abwher, arrêtée le 1er août 1942, déportée à Ravensbrück.

Hélène et Philippe Viannay : Créent un journal clandestin "Défense de la France" en 1941 (tirage de 40 000 exemplaires). Se rallient à De Gaulle grâce à la nièce de celui-ci en 1943.  Fournisseurs de faux papiers pour toute la Résistance. Participent à la Libération. Créateurs de "France-Soir" issu de leur journal clandestin. Créent et dirigent une école de voile et le Centre de Formation des Journalistes.



Adapté aux novices, en plus de présenter un portrait de nombreux résistants et notamment des femmes, on découvre l'histoire de la Résistance sous tous ses aspects.



Ce qui fait la force de ce beau livre sont les nombreux documents qui agrémentent les explications avec l'accent mis sur les différents réseaux de résistance.



On retiendra également :



Plus de 60 000 morts et 200 000 blessés au cours de la Débâcle.

2 millions de soldats furent internés sur le sol français avant d'être faits prisonniers en Allemagne.

8 millions de Français sur les routes de l'Exode.



Un livre qui se lit relativement vite, il y a moins de texte que dans "Résistance en actions", ce qui permet de toucher un large public. Ceux qui resteront sur leur faim pourront se tourner vers d'autres ouvrages pour approfondir leurs connaissances.



Un livre qui retrace avec précision l'histoire de la Résistance allant à l'essentiel mais qui permet d'avoir les réponses aux questions que l'on se pose avec une richesse de documents et autres reproductions à un prix peu élevé comparé à ses semblables.



Un beau livre richement documenté pour une introduction à l'histoire de la Résistance !
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La Guerre sans nom : Les appelés d'Algérie (195..

Ce livre est le complément du film documentaire signé Patrick Rotman et Bertrand Tavernier. Le film datant de 1992 offrait le témoignage d’anciens soldats français, des appelés, engagés dans la guerre d’Algérie. Une guerre qui ne portait alors pas ce nom puisqu’il s’agissait avant tout d’une opération de maintien de l’ordre, également appelée « événements d’Algérie »,… du moins officiellement.

Certains témoignages n’apparaissent pas dans le film (qui ne dure que 4 heures !), parfois pour des raisons techniques, parfois pour une certaine pudeur. Toujours est-il que sont interrogés quelques dizaines de cinquantenaires qui ont pour point commun d’avoir été envoyés durant leurs jeunes années en Algérie. Parfois contre leur gré. Souvent avec une méconnaissance de la situation et des enjeux sur place. Des jeunes qui se retrouvent armés mais peu préparés face à un ennemi inconnu.

Construits à la manière de Marcel Ophuls (le film "Le chagrin et la pitié"), le livre et le film nous donnent à voir des témoignages bruts, respectant les silences et prenant le temps avec chaque intervenant, avec le minimum d’interventions du journaliste, et surtout sans le moindre jugement. Ce qui pose parfois certaines limites : si tous ont été témoins ou ont entendu parler de la torture, aucun n’avouera y avoir participé.

Après n’oublions pas qu’il s’agissait de jeunes adultes, plongés dans un conflit qui les dépassait, une situation qu’ils n’avaient pas souhaitée, sans bien sûr le recul que l’on peut avoir aujourd’hui. Ainsi un des témoins (Séraphin Berthier) nous dit : « C’est facile de décanter dans un fauteuil ; c’est facile d’analyser (cinq) ans après. Mais quand tu es pris dans le coup… »

Cet ensemble de témoignages est en tout cas extrêmement émouvant, même si l’on ne partage pas les convictions de certains intervenants, loin s’en faut, et nous montre à quel point cette guerre a marqué à vif tout une génération. Une génération qui pourtant a toujours été oubliée, déconsidérée (ainsi les anciens combattants d’Algérie n’ont-ils pas eu les mêmes droits que les autres anciens combattants !). Une guerre qui laisse au moment du film et du livre et encore aujourd’hui des séquelles au sein de notre société, séquelles dû notamment au silence et à la honte qui ont suivi ce conflit.

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Ivo & Jorge

Un livre plein de nostalgie sur l'amitié et sur le dévouement militant de deux artistes.



Yves Montand et Jorge Semprun, tous deux issus de milieux sociaux opposés se rencontrèrent et ce fut l'amitié pour la vie.

Le comédien et chanteur, issu d'un milieu modeste, et l'intellectuel, fils d'une famille bourgeoise, furent des frères de lutte.



Le grand moment de cette amitié : leur rencontre avec le cinéaste Costa Gavras qui eut pour résultat des films cultes : Z, L'Aveu...



Un beau, un très beau livre.

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Ivo & Jorge

Patrick Rotman, très talentueux réalisateur de documentaires, mais aussi écrivain à ses heures, nous propose, dans son dernier livre, un sensible et passionnant portrait croisé de Jorge Semprun et Yves Montand, deux hommes qu'il aura eu l'occasion de cotoyer pendant sa longue carrière.



Il sonde les origines et les fondements d'une relation fidèle et loyale entre deux hommes que tout oppose au départ ( leurs originales sociales, leur témpéraments, leur façon de voir la vie) , mais une amitié que leur commun engagement aux côtés des communistes et les films qu'ils firent avec Costa Gavras -Z, L’Aveu-, aida à se matérialiser.



Deux hommes qui se sont trouvés et reconnus, et qui ont vaille que vaille chercher à rester fidèles à leurs convictions de jeunesse malgré les aléas de la vie .Ivo et Jorge donne l'opportunité à Patrick Rotman de brosser des caractères humains complexes et d'une grande profondeur. Il parvient ainsi à démontrer à quel point, l'indéfectible amitié qui lie Montand à Semprun est profondément ancrée dans toute l'histoire politique et culturelle du XXe siècle.



A travers les portraits d'Yves Montand et de Jorge Semprún, l'auteur évoque avec pertinence et une certaine mélancolie ces intellectuels qui ont cru au communisme comme source d'un monde meilleur et qui ont du mettre un voile sur leurs espoirs , quitte à rejeter totalement cette doctrine par la suite .



Patrick Rotman nous donne ainsi à voir et à comprendre une part de l'histoire du siècle passé à travers cette belle et forte histoire d'amitié à la vie à la mort .
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Mai 68 : Veille du grand soir

Excellent album qui raconte les jours de mai 68. Une excellente explication des discussions, négociations politiques, des rebondissements des évènements et les stratégies des hommes politiques des organisations syndicales. En moins de 200 pages un très bon résumé des évènements, pédagogique, complet. Un dessin qui ne m'a pas convaincu, mais qui ne gêne pas la qualité global de l'album.
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Un homme à histoires

Rotman Patrick – "Un homme à histoire : roman" – Seuil, 2016 (ISBN 978-2-02-130827-3)



Un livre de journaliste, et plus spécifiquement de l'un de ces innombrables journalistes posant à l'intellectuel "de gôôôche", Rotman est d'ailleurs suffisamment connu dans ce genre-là (voir ses précédents ouvrages et ses films documentaires) pour qu'il soit inutile de s'y attarder.

L'ouvrage prend donc un intérêt puisque rédigé par l'un des membres incontestés de cette nomenklatura, et qu'il traite justement de François Mitterrand, l'incarnation politique archétypale de cette caste qui est parvenue à s'imposer dans toute la sphère journaleuse et cultureuse depuis des décennies.



Faiblesse majeure toutefois de ce livre qui se veut (p. 12) "un roman vrai et vrai roman" : l'auteur est né en 1949, il n'était donc qu'un enfant pendant la période traitée ici (celle de la Quatrième République, de la guerre d'Indochine à celle d'Algérie, soit grosso modo la période 1946-1958, avant l'arrivée de Charles De Gaulle au pouvoir). Il doit donc s'en remettre (comme il le reconnaît pp. 549-550) à des "sources" dont la liste fort incomplète ici fournie, montre à quel point elles sont de même obédience idéologique que celle de l'auteur lui-même, et donc fort peu critiques (particulièrement choquant de la part de quelqu'un qui a soutenu une thèse en histoire).

Plus malhonnête encore, pour faire plus vrai, l'auteur se dissimule derrière un pseudo journaliste qui aurait écrit cet ouvrage vers 1975-1976 et aurait vécu en direct les évènements relatés ici (sans jamais oublier ce véritable tic du journaleux consistant à s'auto-louanger régulièrement au fil des chapitres).

Et il va de soi qu'il met en scène de nombreux journalistes ayant réellement existé, en portant aux nues le microcosme entourant les inénarrables clowns que furent le richissime play-boy Jean-Jacques Servan-Schreiber flanqué de son reflet au féminin Françoise Giroud.

Nous barbotons là encore dans le microcosme de ces journaleux qui savent tout mieux que tout le monde et se rengorgent à longueur de colonne en donnant des leçons aux véritables responsables qui sont aux manettes : c'est tellement facile... et la "brillante" carrière politique du même JJSS montrera à quel point ces gens ne sont que des moulins à paroles. Notre auteur bave littéralement d'admiration devant ce couple, un peu comme tous ces intellos qui se prosternaient devant le tandem Sartre-Beauvoir : ces gens-là ont besoin de gourous.



Le lecteur ne peut toutefois qu'espérer que l'auteur exagère considérablement le poids et le rôle des journaleuses et journaleux lorsqu'il nous laisse entendre que le sort du pays se décidait finalement autour de la table de rédaction du magazine "L'Express" : ceci étant, on aurait là l'une des explications des échecs répétés de Pierre Mendès-France.



Autre faiblesse de ce livre : la véritable haine que l'auteur voue à Michel Debré l'entraîne vers des sommets de ridicule. Après le chapitre consacré à l'affaire du bazooka (avec le journaliste planqué derrière une porte dans le bureau du Mitterrand), le comble est atteint avec la "démonstration" visant à prouver que c'est Debré qui incita Mitterrand à organiser le vrai faux attentat de l'Observatoire (des années plus tard, le quotidien "Le Monde" publia un article d'une pleine page démontrant que les turpitudes du Strauss-Kahn étaient pratiquement organisées par Sarkozy – la veine ne s'épuise pas).



Encore une autre faiblesse : livre de journaliste, cet ouvrage se résume en fait à la relation de trois affaires qui défrayèrent la chronique en leur temps : les fuites au Conseil Supérieur de la Défense Nationale (Mitterrand alors ministre de l'intérieur, directement concerné et soupçonné), l'attentat contre Salan (1957, affaire du bazooka), le vrai faux attentat de l'Observatoire (1959 – Mitterrand vraie fausse victime), le tout monté en épingle, en suivant les techniques rodées du sensationnalisme afférent au journalisme de bas niveau qui est hélas de loin le plus pratiqué.

Pratiquement rien sur le reste de l'actualité, l'auteur se cantonne à la sphère restreinte des petits jeux politiciens caractéristiques de la Quatrième République.



Enième faiblesse : l'auteur passe très très vite sur les liens entre Mitterrand et les mouvements d'extrême droite auxquels il resta fidèle toute sa vie (et qui organisèrent, probablement à sa demande, le vrai faux attentat de l'Observatoire). C'est tout de même lui qui – une fois devenu Président de la République – détruisit le Parti Communiste en veillant à ce que son électorat dit contestataire glisse quasi immédiatement dans l'escarcelle du Front National, sortant ainsi des limbes ce parti alors quasiment inconnu du grand public (élections à la proportionnelle de 1986).



Pour conclure, il semble que l'admiration de l'auteur atteigne à l'inconditionnel lorsqu'il évoque – plein d'admiration et à d'innombrables reprises – l'activité érotomane de Mitterrand, savourant ses métaphores zoologiques appliquées aux starlettes et autres naïves jeunettes. Là encore, Mitterrand eut de piètres héritiers, entre le DSK obligé de recourir à Dodo la Saumure pour trouver "du matériel", l'inénarrable Président cocufiant sa journaleuse maîtresse avec une starlette, et leurs compères moins gradés se contentant de harceler les pôvres petites militantes avides de réussite... Le mépris de la féminité semble une constante de ce milieu-là.



Finalement, l'intérêt de cet ouvrage réside dans une démonstration tout à fait involontaire de la capacité de nuisance phénoménale et de manipulation constante qu'eut ce Mitterrand sur l'ensemble de la gauche de bonne foi (ça existe). On comprend mieux aussi comment se forma la caste corrompue, arrogante et méprisante qui dirige le PS depuis les "années Mitterrand".



Un roman que l'on peut donc lire, avec précaution. Mieux vaudrait s'en remettre à des travaux d'historiens fouillant des sources variées... et les citant in extenso, comme le font tous les historiens honnêtes.

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