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Citations de Paul Ricoeur (122)


Comment passer de l'individu quelconque à l'individu que nous
sommes chacun ?

Dans Les Individus, P.F. Strawson développe une
stratégie que nous adopterons comme cadre général à l'intérieur duquel
nous placerons ultérieurement de nouvelles analyses, visant à une
détermination toujours plus riche et plus concrète du soi. Cette stratégie
consiste à isoler, parmi tous les particuliers auxquels nous pouvons
nous référer pour les identifier (au sens d'individualiser précisé plus
haut), des particuliers privilégiés relevant d'un certain type, que l'auteur
appelle « particuliers de base ». Les corps physiques et les personnes
que nous sommes sont, selon cette habile stratégie, de tels particuliers
de base, en ce sens qu'on ne peut identifier quoi que ce soit sans renvoyer
à titre ultime à l'un ou l'autre de ces deux types de particuliers. En ce
sens, le concept de personne, comme celui de corps physique, serait un
concept primitif, dans la mesure où on ne saurait remonter au-delà de lui,
sans le présupposer dans l'argument qui prétendrait le dériver d'autre
chose.
"Soi-même comme un autre"
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L'horreur est une vénération inversée. C'est en ce sens qu'il a pu être parlé de L'holocauste comme d'une révélation négative, comme d'un anti-Sinaï. Le conflit entre l'explication qui relie et l'horreur qui isole est ici porté à son comble, et pourtant ce conflit latent ne conduire à aucune dichotomie ruineuse entre une histoire, qui dissoudrait l'évènement dans l'explication, et une riposte purement émotionnelle, qui dispenserait de penser l'impensable.(...) Nous retrouvons le pouvoir qu'a la fiction de susciter une illusion de présence, mais contrôlée par la distanciation critique.(...) Des yeux pour voir et pour pleurer.L'état présent de la littérature de l'Holocauste le vérifie amplement.Ou bien le décompte des cadavres ou bien la la légende des victimes.Entre les deux s'intercale une explication historique,difficile (sinon impossible) à écrire, conforme aux règles de l'imputation causale singulière.(...) Dans les deux cas , la fiction se met au service de l'inoubliable.(...) J'examinerai ici l'hypothèse selon laquelle le récit de fiction imite d'une certaine façon le récit historique.Raconter quoique ce soit, dirais-je, c'est le raconter comme s'il s'était passé.Jusqu'à quel point le "comme si passé" est-il essentiel à la signification du récit ?
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« Dans l’échange de parole, les locuteurs sont présents l’un à l’autre, mais aussi la situation, l’ambiance, le milieu circonstanciel du discours. (...) Il n’en est plus de même lorsque le texte prend la place de la parole. Le mouvement de la référence vers la monstration se trouve intercepté, en même temps que le dialogue est interrompu par le texte. (...) Dans ce suspens où la référence est différée, le texte est en quelque sorte “en l’air”, hors du monde ou sans monde ; les mots cessent de s’effacer devant les choses ; les mots écrits deviennent mots pour eux-mêmes. »
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« J’aime dire quelquefois que lire un livre, c’est considérer son auteur comme déjà mort et le livre comme posthume. En effet, c’est lorsque l’auteur est mort que le rapport au livre devient complet et en quelque sorte intact. »
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; l’explication est désormais le chemin obligé de la compréhension. » 
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« Nous pouvons, en tant que lecteur, rester dans le suspens du texte, le traiter comme texte sans monde et sans auteur ; alors nous l’expliquons par ses rapports internes, par sa structure. Ou bien nous pouvons lever le suspens du texte, achever le texte en paroles, le restituant à la communication vivante ; alors nous l’interprétons. Ces deux possibilités appartiennent toutes les deux à la lecture et la lecture est la dialectique de ces deux attitudes. » 
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« Du même coup, un chemin difficile se dessine : si le Mal absolu fait couple avec la fraternité, le deuil doit passer par l’exorcisme des fantômes générés par le Mal absolu à partir de la pourriture de la massa perdita où moribonds et cadavres sont confondus dans leur puissance de contagion pestilentielle. (...) Mon problème naît de là : dans quelle condition la mort ordinaire est-elle contaminée elle-même par la mort horrible ? Et comment lutter contre cette contrefaçon ? »
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« J’aurais tendance à penser que la mort personnifiée, agissante et destructrice, surgit dans l’imaginaire au point où les morts déjà morts et les morts qui vont être morts deviennent eux-mêmes indistincts. »
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« Accompagner est peut-être le mot le plus adéquat pour désigner l’attitude à la faveur de laquelle le regard sur le mourant se tourne vers un agonisant, qui lutte pour la vie jusqu’à la mort [noté en marge : compréhension + amitié], et non vers un moribond qui va bientôt être un mort. On peut parler de partage en dépit de la réserve concernant le penchant fusionnel du partage identifiant. » 
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« C’est le mort de demain, au futur antérieur en quelque sorte, que j’imagine. Et c’est cette image du mort que je serai pour les autres qui veut occuper toute la place, avec sa charge de questions : que sont, où sont, comment sont les morts ? Ma bataille est avec et contre cette image du mort de demain, de ce mort que je serai pour les survivants. Avec et contre cet imaginaire où la mort est en quelque sorte aspirée par le mort et les morts. »
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Emmanuel Macron à qui je dois une critique pertinente de l'écriture et la mise en forme de l'appareil critique de cet ouvrage.

[fin de l'avertissement par l'auteur en début d'ouvrage]
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Si un souvenir revient, c'est que je ne l'avais pas perdu ; mais si, malgré tout, je le retrouve et le reconnais, c'est que son image avait survécu.
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Vouloir dire autre chose que ce qu'on dit, voilà la fonction symbolique.
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La réflexion n'est pas l'intuition.
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Premier point à conquérir: Le "Mal" n'est pas une chose, un élément du monde, une substance en ce sens là ou une nature.
C'est que la volonté humaine, n'est jamais de départ, neutre, sans histoire, sans habitudes, sans nature acquise et construite...
Parce que l'Homme n'est "sujet" que quand il est appelé, n'est sujet que responsable
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Je propose, d'un trait rapide, quelques remèdes à cette pathologie secrète du pouvoir promettre.
D'abord s'exercer à ne pas présumer de son pouvoir, à ne pas promettre trop. C'est dans sa propre vie et dans son identité narrative que l'homme de la promesse peut trouver les conseils qui le mettraient sous la garde de l'adage grec «Rien de trop ! ». Ensuite, se souvenant de Gabriel Marcel et de son plaidoyer pour la « fidélité créatrice », mettre le plus de distance possible entre le « maintien de soi » et la « constance » d'une volonté obstinée, au prix d'une patience bienveillante à l'égard des autres et de soi-même.
Mais, surtout, renverser l'ordre de priorité entre celui qui promet et son bénéficiaire; d'abord un autre compte sur moi et sur la fidélité à ma propre parole; et je réponds à son attente. Je renoue ici avec mes remarques sur le rapport de la responsabilité au fragile en général, en tant que confié à ma garde.
Enfin resteraient à replacer les promesses dont je suis l'auteur dans la mouvance du promesses dont j'ai été et suis encore le bénéficiaire. Il ne s'agit pas seulement de ces promesses fondatrices, dont la promesse faite à Abraham constitue le paradigme, mais de cette suite de promesses dans lesquelles des cultures entières et des époques particulières ont projeté leurs ambitions et leurs rêves, promesses dont beaucoup sont des promesses non tenues. De celles-là aussi je suis le continuateur endetté.
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Une remarque encore sur la définition proposée: ce à quoi le locuteur s'engage, c'est à faire ou donner, non à éprouver émotions, passions ou sentiments ; comme Nietzsche le note dans l'un de ses textes sur la promesse : « On peut promettre des actes mais non des sentiments, car ceux-ci sont involontaires. » En ce sens, on ne peut promettre d'aimer.
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C'est là le paradoxe le plus profond de la mémoire. Le passé est « contemporain» du présent qu'il a été. La survivance, dès lors, nous ne la percevons pas, mais la présupposons et nous la croyons: tel est le sens de la latence et de l'inconscience des souvenirs conservés du passé. C'est la vérité profonde de l'anamnèsis grecque: chercher, c'est trouver, et retrouver, c'est reconnaître ce qu'on a une fois — antérieurement — appris.
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L’horizontalité du temps, qui est aussi celle du récit, est recoupée dans le présent par la verticalité de l'éternité.
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C'est en deçà de ce déplacement d'accent que prend sens la remarquable distinction entre rétention et resouvenir. la rétention se tient encore dans l'orbe du présent: elle consiste en l'expérience de commencer, continuer et finir pour le même objet avant qu'il ne « sombre » dans le passé révolu. Il y a « rétention » en ce sens que quelque chose se maintient en bordure de la perception à la façon de la queue d'une comète. Or cette rétention n'a rien d'imaginaire mais participe encore de la perception qui cesse de s'identifier à l'instant qui simplement passe. Husserl peut alors parler de « modification » interne à la perception même pour dire qu'une chose, la même, commence, continue et cesse. A partir de là, tout écoulement n'est que « rétention de rétentions». Mais d'abord, le « tout juste passé » donne une extension temporelle à la perception qui ainsi enveloppe en elle-même la distinction entre « impressionnel» et « rétentionnel », et donc comporte un trait de négativité, qui l'emporte avec la « disparition » à laquelle réplique la « reproduction » dans le souvenir secondaire. On parlera alors à juste titre de remémoration, sans confusion possible avec l'imagination.
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