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Critiques de Paula Fox (49)
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L'hiver le plus froid : Une jeune Américaine ..

En 1946, Paula Fox a vingt-trois ans et c'est une jeune fille, pour qui cependant la vie n'a déjà pas été facile, qui décide de partir découvrir cette Europe qui se relève à grand peine des années terribles de la Seconde Guerre Mondiale.



De par ses rencontres, elle fera le voyage vers le »Vieux Continent » en tant que journaliste pour un organe d'information anglais.



Autant, elle est abasourdie du Londres détruit, autant, les rencontres qu'elle fera à Paris dans une ville davantage épargnée dans son architecture, la plongeront dans les abîmes de la monstruosité de ce dont l'homme a été capable durant ce conflit.

Et quand elle découvre l'Est de l'Europe : la Tchécoslovaquie et la Pologne, le gouffre s'ouvre davantage sur la misère humaine et le désastre qui s'offre à son regard.





Car, c'est bien là, je trouve, l'intérêt de ce livre : Paula Fox est une toute jeune femme, et c'est un regard "innocent" - je ne trouve pas d'autre mot pour le décrire et il faut l'entendre au sens fort - qu'elle pose sur les paysages et sur ceux qu'elle croise ou du moins les ombres qu'ils sont devenus. La jeune femme qu'elle est n'a, ni appréhendé l'existence de ces orphelinats dénués de tout où pourtant le sourire et l'envie d'aller de l'avant ont encore un sens, ni imaginé la réalité insoutenable de la disparition intégrale des Juifs de Pologne, ni envisagé le fait que les vainqueurs d'hier, ces hongrois fascistes, côtoient encore, au fil des rues, les démunis et oubliés d'aujourd'hui, ceux dont ils sont responsables de la persécution.



C'est une Europe anéantie dans laquelle tout sentiment d'émotion ou d'affection semble disparu.

C'est une Europe dans laquelle le froid de l'hiver le dispute au froid des coeurs, ceux de ces hommes et femmes qui ont trop vu d'abominations pour retrouver si vite, un semblant d'âme humaine.







Le style parfois journalistique de l'écrit fait que lire ces mots s'apparente davantage à feuilleter un album photos,

- qui en l'occurrence ne montre que la tristesse du monde, que lire un récit structuré et chronologique. Il en reste une impression de flashs bouleversants pour évoquer ces années où tout ce qui peut l'être reste à reconstruire, où tout ce qui a disparu hante pour longtemps les coeurs et les esprits.



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Les enfants de la veuve

Comparé dans la préface à une tragédie grecque transposée à New-York dans les années soixante-dix, ce livre me laisse perplexe. Je n’ai pas du tout réussi à capter l’intention de l’auteure et garde une sensation bien confuse de cruels et difficiles liens familiaux dans une famille d’origine espagnole, les Maldonada. Déroutante, difficilement analysable et bien trop souvent confuse, cette lecture, maintes fois recommencée, est restée récalcitrante à mon entendement.



Clara s’apprête, sans aucun entrain, elle doit assister à un dîner d’adieux donné par sa mère Laura et son second mari Desmond qui doivent partir pour l’Afrique.

Le frère de Laura, Carlos, s’enfile une vodka pour se donner le courage d’assister à ce dîner.

Peter Rice, le troisième invité, se réjouit de revoir sa vieille amie Laura.

Le lecteur va se retrouver confiné avec ces cinq personnages dans la chambre d’hôtel de Laura, à vider quelques verres en attendant de partir pour le restaurant. La scène est assez longue et la sensation d’étouffement est autant due à l’air vicié de la pièce qu’aux différentes attitudes que tentent de prendre chacun des personnages pour cacher son ennui, son exaspération, sa peur, son dégoût…

Laura déverse acrimonieusement un flot de paroles pour calmer ses nerfs qui peuvent exploser à tout instant. Dans l’après-midi, elle a appris le décès de sa mère et n’en a soufflé mot à personne. Un sentiment de puissance semble être le seul justificatif de cette sinistre rétention d’information.

Desmond, le mari, se réfugie dans le bourbon et lorsque les vapeurs d’alcool cessent d’obscurcir momentanément son cerveau, il bouillonne intérieurement. Clara, l’enfant non désirée et élevée par sa grand-mère Alma, cache sa peur du mieux qu’elle le peut, elle n’aspire qu’à terminer au plus vite cette soirée pour pouvoir s’ôter de l’esprit cette mère avec qui elle n’a jamais vécu. Tout le monde est sous l’emprise d’une tension extrême et n’a qu’une hâte : que cette réunion se termine au plus vite avant que la situation n’explose.

Laura est méprisante, perfide et sarcastique, elle n’épargne personne, les présents comme les absents. Comme la reine d’une comédie cruelle, elle appuie sur les défauts de chacun pour finalement conclure, une fois le mal déversé, qu’elle plaisantait. Aucun frein n’est mis à ses réflexions. On se demande réellement quelle force peut émaner d’elle pour que des personnes, amis ou famille, s’efforcent lamentablement de la préserver sans jamais la contredire.

Au-dessus de leurs conversations pleines de fiel planent les reproches et la culpabilité de ne pas davantage rendre visite à Alma dans sa maison de retraite.



En avançant lentement dans le cours de cette soirée, les pensées et les souvenirs de chacun nous éclairent, nous offrent quelques bribes de leurs vies. Des vies qui se sont heurtées au manque d’amour d’une mère, à l’alcoolisme, à la pauvreté, à l’indifférence et à l’égoïsme familial.

L’ensemble m’a semblé décousu et je n’ai pas toujours saisi l’importance de certains souvenirs. Sont-ils là pour excuser certaines paroles acerbes ou bien pour mettre en évidence le manque total d’affection qui gangrène tous les membres de cette famille ?



Paula Fox, d’une plume irréprochable, a composé ici un exemple décapant d’une famille désunie qui tente désespérément de sauver les apparences sans pouvoir cacher leurs différentes et nombreuses amertumes. Dans son sinistre tableau, le poids de l’indifférence d’une mère envers sa fille est douloureusement supportable.



Dans la préface, Andrea Barrett stipule « À la vérité, nul ne peut décrire ce roman. » J’en resterai donc là car même avec du recul, je suis bien incapable d’en extraire une quelconque analyse !

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La légende d'une servante

Luisa est née à St Pedro, une île des Caraïbes, d'un grand propriétaire de plantation de canne à sucre et d'une domestique indigène. De son enfance auprès d'une grand mère qu'elle adore, Luisa gardera une certaine nostalgie.

Son père décide d'émigrer aux Etats Unis car il craint la révolution. Luisa alors vit avec sa famille dans le sous-sol d'un immeuble new yorkais.

Ses parents aimeraient la voir faire des études comme Ellen, son amie mais Luisa a décidé de devenir servante, et le restera toute sa vie. Elle élèvera un fils seule.

C'est un beau roman que nous offre Paula Fox, Luisa va vivre beaucoup de rencontres, plus ou moins heureuses.

J'ai trouvé le livre un peu long mais de nombreux sujets sont évoqués, tels que le racisme, le désir de liberté chez une femme, la maternité...

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Personnages désespérés

Sophie et Otto, un couple de quadra. Otto est avocat, et gagne bien sa vie, Sophie fait des traductions, même si elle n'en a pas besoin pour vivre. Ils semblent avoir tout pour être heureux, alors qu'ils ne le sont pas. Un week-end va mettre à nu leur malaise. Un incident minuscule au départ, Sophie nourrit un chat errant, au grand mécontentement d'Otto. L'animal la mord, la blessure a mauvaise mine. Et Otto vient de se séparer de son associé de longue date, avec qui il se sentait de plus en plus en désaccord.



Nous pénétrons dans ce couple modèle qui paraît tout avoir, et dont la réussite matérielle ne semble que recouvrir un vide abyssal, les petits gestes du quotidien, les habitudes, les manies, nous les livrent en quelque sorte plus que des longues analyses. J'ai eu la sensation de gens en état de siège, angoissés par l'extérieur, par les agressions possibles, par la destruction potentielle qui rôde, sous la forme d'un chat, ou d'un homme, surtout noir, menaçant ou agresseur potentiel. Alors qu'ils se fabriquent eux-même leur propre enfer, sans savoir comment et pourquoi. Le manque d'envie semble être de plus en plus fort.



J'ai trouvé la relation entre eux merveilleusement rendue, à la fois pesante, étouffante, un manque d'amour, mais en même temps rassurante, le seul point d'ancrage dans le monde qui se dérobe. Alors malgré tout il faut continuer, car sans elle cela risque d'être l'effondrement total.



Un univers sombre, sans grand espoir, puisqu'on a du mal à dire ce qui ne va pas, et donc d'améliorer les choses. Un mal être insidieux, qui a toujours été présent, suggéré par les souvenirs de Sophie liés à sa mère, qu'elle n'a plus revue depuis 10 ans.



Un livre d'une grande densité.
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L'hiver le plus froid : Une jeune Américaine ..

Au sortir de la guerre, la jeune Paula Fox, qui a déjà pas mal vécu, traverse l’Atlantique pour essayer de trouver un emploi, de réaliser une expérience formatrice dans l’Europe dévastée. Après avoir été hébergée par quelques vagues connaissances londoniennes, elle devient correspondante pour une petite agence de presse anglaise, qui l’envoie à travers l’Europe recueillir des témoignages, « faire de la couleur locale, de l’humanitaire. » C’est seulement en 2005 qu’elle écrira et publiera le récit de ce voyage. Le premier intérêt est déjà de voir la part de ses souvenirs, les détails que sa mémoire a conservés, même si on peut toujours imaginer qu’elle en a reconstruit une partie. Elle reconnaît elle-même, qu’en vieillissant, elle voit le passé différemment.

Par-dessus tout, ce récit permet de voir réellement ce qu’était l’Europe de l’immédiat après-guerre, Londres, Paris, Varsovie, Barcelone… les militaires qui la sécurisaient, les journalistes qui la parcouraient, les fantômes qui l’habitaient. Je lis rarement des mémoires, celles-ci m’ont passionnée, et le style sobre mais efficace m’a séduite. J’avais eu il y a quelques années entre les mains Le dieu des cauchemars auquel je n’avais pas réussi à m’intéresser, mais cette seconde lecture de l’auteur pourrait bien me faire réviser mon jugement, hâtif comme bien souvent, et me lancer dans la lecture d’autres de ses romans.

Mais je ne vais pas en parler plus longtemps car la lecture des premières lignes devrait à elle seule vous convaincre de continuer !
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Les enfants de la veuve

Décidément, je trouve que je suis souvent à contre-courant des avis. A la lecture des billets des Babeliotes et en voyant la note de ce roman, j’appréhendais la lecture des Enfants de la veuve. Il n’en fut rien. Au contraire, j’ai trouvé le roman de Paula Fox très intéressant.



Effectivement, comme l’ont fait remarquer des lecteurs précédents, l’ambiance est suffocante, délétère, explosive, notamment, tout au long du premier chapitre qui est en huis clos. Tous les personnages se trouvent dans une chambre d’hôtel enfumée, embrumée par les vapeurs d’alcool et cette chambre devient alors trop étroite en raison de la tension qui règne entre les protagonistes. Cette atmosphère se communique au lecteur et par association rend pénible la séquence. Mais n’est-ce pas le signe d’une réussite de la part de l’auteur que d'immerger son lecteur dans l’ambiance ?



Paula Fox réalise un travail sur la psychologie des personnages que je trouve remarquable. Tous déséquilibrés, les relations entre eux ne sont pas saines. Je trouve qu’il n’y a pas d’amitié ou d’amour, pas même de la gentillesse. Pourtant ils se côtoient comme si finalement ils avaient besoin des uns des autres. Il y a de la rage entre eux. Ils se crachent au visage des mots durs ou critiquent dans le dos de l’intéressé. Tout est animosité et rancune. C’est égoïste.



Au fur et à mesure, Paula Fox dévoilent les origines du mal être de ses personnages. Avant tout, c’est un relation maternelle fragile ou malsaine. Ils ont tous des souvenirs meurtris de leur enfance. Ils portent en eux la tristesse des situations passées, rendant coupable les autres de leur propre malheur.



J’ai donc passé un très bon moment de lecture. Par ses écrits, j’ai trouvé Paula Fox proche de Nancy Huston. Seul bémol, la conclusion qui me paraît bien fade et courte, ne la plaçant pas dans la continuité du travail fait par l’auteur dans le roman.
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L'hiver le plus froid : Une jeune Américaine ..

Ce récit autobiographique, écrit plus d’un demi-siècle après cette année en Europe, porte bien son sous-titre Une jeune Américaine en Europe libérée. Une Europe libérée mais anéantie. La lecture est passionnante, on se laisse entraîner par ces souvenirs si personnels et si révélateurs de l’après-guerre. J’y ai particulièrement apprécié la fraicheur et l’honnêteté du ton sur ce contexte de tristesse et de désolation, la reconnaissances de la complexité des situations et des personnalités, des jugements hâtifs, des petits évènements marquants et des rencontres impromptues, improbables parfois, qui laissent des traces à tous les temps. Voyage initiatique s’il en est.



A la façon d’un carnet de voyage, Paula Fox raconte son histoire nourrie des histoires de l’Histoire. La seconde guerre mondiale est omniprésente sous ses pas, dans ceux des survivants qu’elle croise. Le désespoir et la rage grondent sur les ruines de Londres, Paris, Varsovie, jusqu’à l’Espagne de Franco.



A peine plus de la vingtaine avec pour ultime projet de quitter le continent américain pour l’Europe, voici la jeune new-yorkaise Paula Fox promut correspondante d’une obscure agence de presse britannique.



« Vous partirez de Prague vers minuit, a-t-il continué. Varsovie a été occupée parles nazis, puis par les Russes. Et maintenant les Polonais vont voter pour la première fois. Mais bon, ce n’est pas pour couvrir les élections que je vous envoie là-bas, je me contenterai de quelques anecdotes à ce sujet ainsi que sur ce que vivent les gens au milieu des ruines. Faites-moi ce qu’on appelle, je crois, aux États-Unis, de la couleur locale, et de l’humanitaire. [...] La situation est vraiment effrayante, en Pologne. Sachez-le, même si le rationnement continue encore ici [ Angleterre ], ce pays est un paradis tropical, comparé à là-bas.«



Et ce récit, c’est exactement la qualité de ce ton, le talent à livrer une atmosphère, une description, une entrevue, une réflexion en quelques lignes sans l’assener; une modestie que n’entrave pourtant aucune réserve; une attention comme en témoignent les pages magistrales du séjour en Pologne.
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Le Cerf-volant brisé

Je sais que j'avais déjà lu ce roman il y a 20 ans et qu'il parlait du sida mais je ne me souvenais de rien d'autre...

Aujourd'hui, je rapprocherais ce titre de "Ne le dis à personne" de Josette Chicheportiche.

Il y est question d'un adolescent qui découvre l'homosexualité de son père, qui provoque la séparation familiale". Le cheminement de la réflexion du garçon allant de la colère et du rejet allant de pair avec la honte d'avoir un père marginal "déviant" mais aussi le rapprochement en grandissant avec l'acceptation qu'en amour on ne choisit pas...

Mais ce roman est aussi et avant tout un texte qui parle de la maladie, de son évolution, de la faiblesse du malade et de sa lutte pour vivre, de l'isolement, du regard des proches qui se détourne.
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La légende d'une servante

Comme il est doux et cruel à la fois le monde de Paula Fox

!

Luisa de la Cueva nait dans une petite île des Caraibes : Enfant de la honte, car fruit d'un amour illégitime entre une servante et le fils des "maîtres" , dans un pays où la couleur , l'histoire de ses origines et la place qu'occupe chaque membre de cette communauté, détermine le regard de la conscience collective , elle traversera toutes les étapes de sa vie dans une apparente soumission .



De sa jeunesse libre , échappant encore à la rigidité des lois sociales par la puissance de l'imaginaire , elle s'appuiera pour traverser le temps avec une volonté farouche d'échapper à quelques formes d'emprisonnement , cette volonté pugnace qui , paradoxalement,l'amènera à suivre les traces de sa mère en se mettant au services des autres .







Aucune révolte ne la propulsera à vouloir s'émanciper et sortir de sa "triste condition sociale" au sein de la société américaine où elle vivra comme une immigrée toute sa vie, après que son père décide de quitter l'île en pleine révolution .

Sans s'adapter , refusant toutes formes de libération , elle passera sa vie à prendre soin des autres , employée de maison modèle , effacée , dans l'ombre de ses maîtres ,fidèle et droite , silencieuse, avec comme unique projet , celui de retourner sur sa terre natale .Mais à aucun moment douleur , plainte ou colère ne viendra entraver ce choix de vie , pleinement assumé et donc vécu avec une forme d'insolence et de liberté personnelle .Luisa la transparente , Luisa petite servante qu'on prend et qu'on jette , Luisa Sanchez du nom de sa mère : humble et miséreuse , ignorante petite bâtarde mais aussi Luiza de la Cueva du nom de son père , orgueilleuse et libre ....A moins que ce ne soit l'inverse , la liberté n'est pas toujours où l'on pense !

Le roman est écrit à la première personne , cela ressemblerait presque à une forme de journal intime ; les détails d'un quotidien sans surprise sont décrits avec minutie et application , avec une volonté de traduire la justesse du moment , du ressenti .



Les personnages de Paula Fox sont ce qu'ils sont , et ne comptez-pas sur elle pour décrire une psychologie quelconque , elle excelle justement dans l'art de la "non-psychologie" , elle crée des personnages impressionnants de complexité , ou de simplicité ....Car cela ne revient-il pas à la même chose semble-t-elle nous dire !

Inutile de chercher des méchants et des gentils , des soumis et des oppresseurs , même s'ils existent ; Paula Fox pratique une forme de détachement exprimant avec justesse et grande rigueur ( de ceux qui aiment les "choses bien faites"à l'image de Luisa justement !), les manifestations de souffrance , d'espoir mais plus souvent d'acceptation des choses , les échappées fugaces qui entraînent vers un peu d'envie d'autre chose, pour retomber sur les rails qui sont finalement plus confortables .

Un roman d'une richesse inouie , décrivant avec mordant et causticité quelquefois, une société New-yorkaise en pleine mutation , soulignant les paradoxes de l'être humain , les non-sens de l'existence , la fugacité du temps , l'empreinte légère et douloureuse de chaque parcelle de vie sur cette terre quel que soit le chemin emprunté , tout cela sans jugement , pathos et larmoiement sous une plume hors-du commun malgré un classicisme apparent .

A découvrir absolument !

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Le Dieu des cauchemars

L’atmosphère subtile de la Nouvelle-Orléans des années 40 est très bien rendue dans ce livre que j'ai beaucoup apprécié (peut-être était-ce du à mon état d'esprit du moment ?).

C'est un roman nostalgique, aérien, qui narre la tristesse des sentiments, d'une jeune fille naïve qui découvre la vie, l'amour, la mort, l'amitié. On la retrouve quelques années plus tard, et le dénouement est inattendu.
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Les enfants de la veuve

Roman sans concessions sur les rapports filiaux et sur la difficulté à affronter la mort de la mère et la cohorte de remords et de regrets qu'elle génère souvent. Le couple, l'amitié plus ou moins désintéressée, la fratrie, l'homosexualité et l'alcoolisme sont les seconds rôles de ce roman acéré qui n'en est que plus vrai.
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Personnages désespérés

J'ai beaucoup aimé ce roman où l' impasse de la relation d'un couple d'américains des années 60 est révélée par un chat errant que la femme prend en pitié, nourrit et qui la blesse sauvagement. S'ensuit une peur assez irraisonnée d'avoir attrapé la rage, qui l'entraîne à réfléchir à son parcours et à sa vie.

C'est un roman très insidieux et qui révèle le vide de l'existence des classes moyennes américaines des années 60 pour lesquelles le confort matériel et la consommation sont les seules valeurs qui comptent. Ca peut faire penser au roman de Pérec " Les choses " (ils ont été publiés à la même époque : 1970 pour le roman de Fox et 1965 pour celui de Pérec).
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Personnages désespérés

Sophie et Otto Bentwood vivent à New York dans un appartement cossu. Sophie ne travaille pas, Otto est avocat, ils ont la quarantaine et n'ont pas d'enfants. En week-end, leur vie bascule, leur monde protégé s'écroule.



Tout commence un soir, lorsque Sophie se fait mordre par un chat errant à qui elle donnait à manger. Cet événement anodin va déclencher une prise de conscience chez Sophie. Elle se rend compte que sa vie n'est pas si idyllique que qu'elle n'y paraît. Sophie semble découvrir les défauts de son mari. Otto est froid, distant, il pense avoir toujours raison et ne laisse jamais de place au moindre doute. Sophie pense qu'il « (…) était incapable d'exprimer ce qu'il avait en tête. » La réalité du caractère de son mari fait remonter en elle les souvenirs d'une liaison passée. Elle avait fréquenté un client d'Otto en instance de divorce. Elle se remémore les moments vécus avec cet homme à regret et pense à ce qu'aurait été sa vie avec lui. Au matin « (…) elle prit soudain conscience de son propre malaise, elle avait la bouche pâteuse, le corps épuisé et l'esprit corrompu par la réminiscence. Elle s'était endormie en se berçant des souvenirs de Francis Early, comme une petite vieille qui serre contre elle un chiffon en guise de bébé. »



Cela ne calme pas sa colère envers Otto qu'elle considère comme injuste avec les autres. Ce jugement hâtif se tourne le plus souvent vers les plus pauvres qui entourent leur quartier. C'est ce que lui reproche son associé, Charlie, qui quitte le cabinet d'Otto car il souhaite défendre les plus démunis. Otto voit lui aussi son monde changé et le malaise le gagne aussi. « Otto ressentit une colère obscure contre la force inéluctable de l'habitude ».



La crise du couple est amplifiée par la morsure du chat. Sophie refuse de voir un médecin, d'aller à l'hôpital mais ne cesse de se plaindre de la douleur. Otto juge son comportement totalement absurde. Celle-ci semble en fait ne pas vouloir savoir si elle est malade : peur des piqûres, de la rage, d'affronter la réalité. « Mon Dieu, si j'ai la rage, je suis semblable au monde qui m'entoure. »



Ce monde reflète le malaise diffus du couple : une pierre fracasse la vitre d'un ami, le téléphone sans personne au bout du fil, les détritus jonchent les trottoirs. Le couple semble sortir de sa bulle et découvrir un monde extérieur hostile. « Mais il y avait aussi une grande cathédrale baroque espagnole dont l'entrée était fermée par des grilles de fer. Elle se dressait au milieu de cette décrépitude urbaine suppurante et rampante comme une grande éminence glacée, à moitié morte d'arrogance. » Le monde leur apparaît particulièrement violent lorsqu'ils découvrent leur maison de campagne pillée, saccagée. Leur vie protégée n'existe plus.



Paula Fox, née en 1923, a écrit « Personnages désespérés » en 1970. Cette écrivaine américaine fut redécouverte à la fin des années 80 notamment grâce à Jonathan Franzen. Elle nous montre, dans ce roman, un couple dans une bulle sociale et sentimentale et les confronte brutalement à la réalité du monde. Ce couple bourgeois s'ennuie ; Sophie et Otto imbus d'eux-mêmes et de leur réussite sociale se découvrent las. Le monde qui les entoure se désagrège et après la morsure ils participent pleinement à ce délitement. Paula Fox s'intéresse et se focalise sur la psychologie de ses personnages. Elle explore l'âme par des dialogues poussés. Les descriptions sont détaillées, froides, presque cliniques. Paula Fox est un écrivain passionnant, disséquant notre triste modernité et Sophie ne peut que s'exclamer : « Mais la vie est vraiment désespérée. »
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Les enfants de la veuve

Paula Fox est née en 1923. Cet auteur américain nous livre le roman d'une histoire familiale qui propulse Laura, son personnage central, sur la scène.

De scène, il en est vraiment question dans la première partie car elle est très théâtrale et cinématographique. Dans l'attente d'un dîner prévu au restaurant, une chambre d'hôtel accueille un couple, un enfant, un frère, un ami. Ces personnages ont de vives discussions avant un repas prévu dans un restaurant.

Outre l'aspect théâtral, cette première partie m'a semblée très cinématographique. J'ai eu l'impression de regarder un film de Woody Allen tant l'histoire est bavarde et agitée. Quant à Laura et sa forte personnalité, elle ne dépareillerait pas dans un film du réalisateur.

L'auteur réussit grâce à ses personnages emblématiques d'un caractère, d'une profession, à rendre la narration très vivante et tensionnelle. L'on se demande s'ils vont enfin se rendre ensemble à ce dîner tant ils restent dans cette chambre d'où une voix s'élève, une porte claque, un objet tombe.

J'ai aimé ces deux premiers tiers du roman quoiqu'un peu trop longuets à mon goût. La révélation qui enclenche la dernière partie de l'histoire est paradoxalement le moment où l'effervescence retombe un peu et l'auteur nous donne à voir une évolution dans le caractère de certains des protagonistes.

Une bonne lecture avec ces hommes et ces femmes que je n'ai pas tous appréciés (en raison de leurs défauts ou caractères) mais qui sont le noyau crédible d'une famille où les tensions sont vite exacerbées.



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L'hiver le plus froid : Une jeune Américaine ..

Paula Fox, jeune femme solitaire et déterminée, parcourt l'Europe hébétée d'après guerre, ses hommes rescapés, ses villes bombardées. On sent un regard mais qui n'est guère partagé. Le sujet est fort, la prose est légère, la lecture fut agréable, mais inconsistante et je pense que dans huit jours j'aurai tout oublié.
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L'hiver le plus froid : Une jeune Américaine ..

En 1946, Paula Fox a 22 ans. Sa vie aux Etats-Unis lui pèse et lui paraît sans issue, aussi accepte-t'elle divers travaux journalistiques un peu vagues pour aller en Europe pendant une année. Ce sera d'abord Londres, puis Paris, la Pologne, à nouveau Paris et l'Espagne.



La guerre est terminée depuis 1 an et demi, l'heure n'est plus à l'euphorie de la victoire, elle va rencontrer une population des plus hétéroclite, au milieu des ruines, où chacun vivote comme il peut. Aux Etats-Unis, elle est proche des milieux communistes, en fait elle est assez ignorante des réalités politiques et son voyage se révèlera formateur, surtout en Pologne où elle perçoit les prémices de la dictature à venir.


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Le Dieu des cauchemars

Paula Fox est une romancière américaine née en 1923. Abandonnée par ses parents dès sa naissance, elle est recueillie par un pasteur qui fera son éducation littéraire à travers la poésie française et les grands romans et auteurs internationaux. Elle se marie très jeune et a une fille, mais elle la fait adopter. Plus tard, elle fait des études à l'université Columbia et épouse un critique littéraire, Martin Greenberg. Après avoir vécu à Cuba et au Québec, c’est dans sa ville natale de New York que Paula Fox débute sa carrière dans le monde de la littérature, à l'âge de quarante ans. Elle aiguise d’abord sa plume avec des livres pour enfants, mais aspire à autre chose et publie six romans pendant les années 1960. Il faudra néanmoins attendre les années 1990 et une réédition par l’écrivain et admirateur Jonathan Franzen pour que son œuvre soit reconnue à sa juste valeur. Enfin, information people mais collant bien à la biographie difficile de Paula Fox, sa fille est la mère de la chanteuse Courtney Love.

Datant de 1990, Le Dieu des cauchemars est paru en France en 2004 et je crois bien qu’il était sur ma longue liste des livres à lire depuis cette époque. Heureusement que je note tout dans un carnet sinon cet excellent livre m’aurait échappé.

Le roman débute en 1941 dans l’Etat de New York. Après le décès du père qui a déserté le domicile familial depuis treize ans, la mère expédie sa fille à la Nouvelle-Orléans, demander à sa sœur Lulu de venir vivre avec elle quelques temps. Helen a une vingtaine d’années, un ami auquel elle ne semble pas particulièrement attachée et une vie un peu terne, ce voyage n’est qu’un prétexte dans l’esprit de sa mère, pour lui faire découvrir le monde.

En Louisiane, Helen va faire connaissance avec sa tante Lulu, ex danseuse avec sa mère pour les Ziegfield Follies, devenue alcoolique après une vie dissolue. C’est aussi là qu’elle va découvrir un monde fait d’une faune d’intellectuels bohèmes qui lui était inconnue, Gerald le poète et Catherine, Claude l’homosexuel en costume de lin blanc, Sam ancien époux de Lulu mais aussi Nina qui deviendra son amie et Len son amant. Au sein des cette microsociété, Helen apprendra non sans mal la vie - « Je crois qu’il y a des moments où je comprends ce qui s’est passé. Puis d’autres pas du tout » - en découvrant petit à petit celle des autres et leurs secrets. Néanmoins persiste cette interrogation insidieuse, « Tu ne crois quand même pas que les êtres humains se comprennent les uns les autres ? (…) Ils en sont incapables. »

Quand le roman s’achève, bien des années plus tard, Helen est mariée avec Len devenu avocat et ils ont une fille à la recherche d’un emploi. Une rencontre fortuite avec Nina, son ancienne amie perdue de vue, va lui ouvrir les yeux cruellement sur son innocence qui n’en finira donc jamais ?

Paula Fox décortique merveilleusement la psychologie de ses personnages, leurs illusions et leurs désillusions qui sont aussi les nôtres. Entre Helen qui ne sait pas grand-chose dans beaucoup de domaines, avouant ingénument « Il s’est passé tellement de choses aujourd’hui, que la tête me tourne » et les liens plus ou moins élastiques qui relient tous les acteurs du roman avant de n’être révélés que lentement, l’écrivain excelle dans l’introspection et les sentiments. Pourtant son roman reste bien ancré dans la réalité et sa violence ; au loin en toile de fond, gronde la Seconde Guerre Mondiale et Len attend d’être appelé sous les drapeaux, mais il y a aussi la situation des « gens de couleur » dans l’Amérique de cette époque, ou des Juifs, ou encore les violences policières - le roman s’achève dans les années soixante - avec les manifestations contre la guerre au Viêt-Nam. Paula Fox n’insiste pas lourdement, elle glisse les faits ou les situations tout naturellement mais dans son ton, on sent son désaccord.

L’écriture est fluide et atteint des sommets d’émotion et un souffle puissant quand après le meurtre de Claude et le départ à l’armée de Len, une page se tourne, tout ce qui faisait le monde d’Helen se délite dramatiquement. Par ailleurs, et sans que j’y trouve une explication particulière, le lecteur notera la place importante accordée aux cheveux dans ce roman, tous les personnages sans exception ( ?) ont leur coiffure esquissée, comme un élément essentiel de leur personnalité.



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Le Dieu des cauchemars

The God Of Nightmares

Traduction : Marie-Hélène Dumas - Préface : Rosellen Brown





Roman initiatique dont le cheminement quelque peu douloureux n'apporte en fait qu'illusions à son héroïne, Helen Bynum, "Le Dieu des Cauchemars" vaut surtout - mais ce n'est que mon avis - par la petite galerie de personnages sortant de l'ordinaire qui y occupent la case - centrale - de La Nouvelle-Orleans.



C'est en effet dans cette ville qu'atterrit un jour Helen, envoyée par sa mère afin de tenter d'y récupérer sa tante Lulu, ancienne danseuse de la troupe Ziegfield et ancienne beauté de music-hall. Le prétexte donné par la mère d'Helen : maintenant que sa fille est prête à vivre sa propre vie, elle souhaite ne pas rester toute seule dans la vieille ferme qu'elle exploite depuis le départ de son mari. En réalité, Mrs Bynum se doute bien que sa soeur, perdue dans ses souvenirs et son désespoir d'alcoolique, ne reviendra jamais et que, même si elle sacrifiait à l'amour fraternel, elle n'aurait pas la patience de s'enterrer avec elle dans une toute petite ville perdue de l'Etat de New-York. Mais lorsqu'Hélène s'en apercevra à son tour, il sera trop tard : gagnée elle-même par l'atmosphère de La Nouvelle-Orleans et grisée par l'assurance de ses premiers pas - à vingt-trois ans - loin de la maison familiale, la jeune fille, elle, ne voudra plus entendre parler de rentrer au bercail.



Ce n'est pas que Mrs Bynum n'aime pas sa fille. Bien au contraire. Mais la nouvelle de la mort de son mari, Lincoln, annoncée par une lettre adressée, par la femme avec laquelle il vivait depuis treize ans, non à elle, l'épouse bafouée, mais à Helen, l'enfant préférée, vient de réveiller le souvenir d'une autre lettre dans laquelle Lincoln accusait son épouse de vouloir garder Helen pour elle seule - et, partant, de s'apprêter en connaissance de cause à lui gâcher l'existence ...



Il faudra bien du temps à Helen pour comprendre la raison véritable qui a poussé sa mère à l'engager à partir en quête de la tante Lulu. Et son univers se sera considérablement enrichi avant qu'elle ne prenne conscience du cadeau qui lui a été ainsi fait par une mère envers qui, pour être franc, elle ne ressentait guère qu'irritation maussade et semi indifférence.



Au bout du compte, elle s'apercevra aussi que son passage à La Nouvelle-Orleans fut sans aucun doute l'époque la plus aimable, la plus captivante - et certainement la moins routinière - de son existence. Ce qui, somme toute, est bien peu.



Désenchantement, demi-teintes, nuances, non-dits également, manière qui rappelle les auteurs anglais comme Barbara Pym et Elizabeth Taylor, "Le Dieu des Cauchemars" est un de ces livres où il ne paraît pas se passer beaucoup de choses. Et pourtant, quand on y regarde bien, on y trouve le désir de découvrir d'autres livres de Paula Fox. Ce qui, finalement, n'est pas si mal.
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Les enfants de la veuve

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Avertissement : Attention, âmes sensibles vivant dans un pays où tout le monde s’aime (même si l’on s’approche de Noël), veuillez-vous abstenir de cette lecture sous peine de grand choc.



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Comment une jeune femme, née d'une mère servante dans une grande plantation de canne à sucre et du fils de la propriétaire, se retrouve aux Etats Unis et exerce le même métier que sa mère ! On aurait pu penser que Luisa ferait des études, d'autant plus que son père les accompagne en exil. Mais ce père qui aurait dû hériter de la plantation est un personnage complexe : il semble n'aimer ni sa fille, ni sa compagne et n'avoir commis cette rébellion sociale que par indifférence et faiblesse de caractère.
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