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Critiques de Per Olov Enquist (65)
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Le médecin personnel du roi

Merci à Bookycooky pour m’avoir fortement conseillé ce livre vers lequel je ne serai jamais allée. Un début d’agacement avec les répétitions, un style d’écriture pas souvent facile et la noblesse, pas trop mon truc ! J’ai insisté, par respect pour ma dealeuse de livre. Et au final, il fera parti des ouvrages que je n’oublierai jamais. L’histoire incroyable de la vie du roi du Danemark dans les années 1700. Époque de monarchie ou il faut faire avec ce roi Christian VII qui reste un enfant dans sa tête, est empli de névroses et son monde, à lui, c’est le jeu, le théâtre et la poésie. Donc de lui, rien à craindre. Mais il y a ceux qui prennent le pouvoir à sa place. Et surtout son médecin personnel qui, avec son accord dit à demi-mot, prend la reine pour maîtresse. Et signer 632 décrets pour améliorer la vie du peuple. Époque ou pouvoir et liberté ne faisaient pas bon ménage. Des faits tellement incroyables qu’on a du mal à se dire que cela s’est vraiment passé. Instructif et intéressant.
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Le médecin personnel du roi

J’ai de plus en plus d’intérêt pour les romans historiques… et je fus attiré par ce livre en lisant une critique de @blandine5674… Certes j’ai mis du temps à le trouver, mais je ne regrette rien.



Un récit véridique, une histoire de folie, d’amour et de trahison. Un roi fragile, une reine abandonnée, un médecin remplis d’espoir pour sauver son peuple.



Un roman que je ne suis pas prête d’oublier.

Par curiosité je suis allé voir leurs photos (ou peinture), ils les disent beaux j’en doute…



Un auteur à lire, pour ma part !



Bonne lecture !

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La bibliothèque du capitaine Nemo

À la bibliothèque, j’ai choisi ce livre sans rien en savoir. J’aimais la référence au capitaine Nemo et, sans vraiment y croire, je m’imaginais cet aventurier excentrique et esseulé en train de lire dans la précieuse bibliothèque de son sous-marin. Il va sans dire qu’il n’y aura pas de réel capitaine Nemo, si ce n’est celui imaginé par un jeune garçon.



Mais je vais trop vite. Au début du siècle dernier, quelque part dans le nord de la Suède, il y a méprise au dispensaire et deux nouveaux-nés sont échangés. Quand l’erreur est découverte quelques années plus tard, il faut restituer les enfants dans les bonnes familles. C’est ainsi que l’existence du narrateur est bouleversée à jamais. Déchiré, il doit abandonner sa mère, la belle maison verte, ses repères, qui appartiendront désormais à son meilleur ami Johannes. De son côté, il atterrit chez les Hedman. Son père est un homme austère et silencieux alors que sa mère est malade physiquement et psychologiquement (elle se croit un cheval !). Ce nouvel environnement est troublant. Pas étonnant que le garçon ait trouvé un refuge dans la lecture. Et qui de mieux que le capitaine Nemo, défenseur des opprimés, pour lui venir en aide.



D’ailleurs, la présence du protagoniste de L’île mystérieuse est un élément intrigant. Très tôt dans ma lecture, j’ai cru qu’il s’agissait d’une présence fictive mais les références de plus en plus nombreuses à son sous-marin caché dans une ile au large de la Suède me laissèrent perplexe. Et s’il y avait vraiment un individu qui, à défaut de s’appeler réellement ainsi, avait choisi ce surnom ? À moins que ce ne soit celui que Johannes ait adopté plus tard, ou bien un double du narrateur lui-même. Pire, un fragment de son imagination. Rendu à la fin du roman, je jonglais encore entre ces différentes hypothèses.



Ceci dit, plusieurs autres éléments étaient tout aussi mystérieux, sinon plus. C’est que l’auteur Per Olov Enquist cherche à aiguiser la curiosité de ses lecteurs. Très souvent, il laisse glaner une information, fort incomplète, n’en dévoilant qu’une partie, puis la mentionne à nouveau à quelques reprises mais rarement en la montrant complètement. Par exemple, dès le début, il introduit Eeva-Lisa, fait référence à « l’incident dans l’escalier » qui l’implique, précise petit à petit son lien avec Johannes et le narrateur, les événements entourant sa venue, etc. D’ailleurs, la méprise menant à l’échange des enfants n’est expliquée qu’après le quart du roman. Pareillement pour la maladie d’Alfild Hedman, l’île Franklin et la disgrâce de Johannes. Les lecteurs sont prisonniers d’un brouillard qui ne lève des pans qu’à l’occasion.



J’aime bien les mystères - et aussi que les auteurs prennent leurs lecteurs pour des êtres intelligents - mais La bibliothèque du capitaine Nemo était peut-être un peu trop cryptique pour moi. Étrangement, même si je n’ai pas tant accroché au roman ni à son histoire, j’ai beaucoup apprécié la plume de Per Olov Enquist. Sa façon de décrire l’univers, le nord de la Suède, ses individus aux caractères fort distincts. Mais pas de longues descriptions, parfois une phrases ou deux, ou un paragraphe, suffisent à s’en faire une tête. C’est très évocateur. Pareillement pour l’ambiance. Dès les premiers mots, on sent que quelque chose d’important va se produire. Et ça continue ainsi tout le long du roman. Je suis vraiment tombé en amour avec la plume d'Enquist et j’ai vraiment hâte de lire autre chose de cet auteur.
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Blanche et Marie

Lors de ma dernière visite à la bibliothèque, j'ai choisi un peu par hasard ce roman, Blanche et Marie. Incidemment, je ne savais pas trop à quoi m'attendre. À une surprise, dans tous les cas ! La quatrième de couverture précisait quelques informations, entre autres l'identité des deux femmes : Blanche Wittman enfermée dans un hôpital psychiâtrique à Paris qui, une fois guérie, est devenue assistante de Marie Curie. Une relation respectable et touchante entre deux personnnages importants. Intéressant ?



On pourrait le croire, mais non. Dans tous les cas, ça ne m'a pas plu. D'abord, d'emblée, la narration décrit Blanche sur son lit de mort, devenue femme-tronc à force d'amputations. Horreur. Je ne veux pas sembler superficiel mais ce n'est pas le genre de sujets qui m'attire habituellement. Laissons les monstres dans les cirques ambulants ! Heureusement, la narration nous ramène en arrière. On découvre une jeune femme passionnée et pleine de vie – et entière – mais, malheureusement, son tempérament excessif et ses troubles d'humeur lui ont valu l'étiquette « hysétrique ». Bienvenue à la Salpêtrière !



Dans cet établissement quasi-mythique, Blanche Wittman sera soumise à des traitements fort discutables et à l'amour du professeur Charcot. Je passe vite sur cette période (qui ne m'a pas vraiment captivé). Après, elle devient assistance de la scientifique Marie Curie, deux fois prix Nobel. Toutes leurs expériences avec les rayons X, le radium et l'uranium, pas besoin de chercher loin les les causes des amputations et les maladies… Instructif. Si l'auteur avait poursuivi sur cette voie, cette amitié entre ces deux femmes, j'aurais plus accroché.



Toutefois, la narration se promène beaucoup, passe à Jane Avril, s'intéresse à Hertha Ayrton, s'attarde à Marie Curie et sa relation adultérienne avec Paul Langevin, entachant l'obtention de son deuxième prix Nobel. Cette narration est aussi très fugitive, se baladant dans le passé, au présent (le début des années 1900), dans un passé plus lointain, quelques années plus tard, dans le futur (genre 1911), etc. Un peu mélangeant.



Évidemment, ma critique est extrêmement subjective, davantage que les autres que j'ai écrites. Il est certain que des lecteurs puissent se sentir plus interpelés par plusieurs des thèmes abordés par ce roman. Et, si je l'ai trouvé ennuyeux, il n'est pas si mal. Après coup, je lui trouve des qualités documentaires. Per Olov Enquist a un style irréprochable, une écriture concise, et il me donne l'envie de lire d'autres de ses romans.
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Le médecin personnel du roi

En cette deuxième moitié du XVIIIème siècle, malgré son intelligence, le jeune Christian, prince héritier du royaume du Danemark, va vite montrer des signes de fragilité mentale, renforcée par une éducation extrêmement dure - tant sur le plan physique, que sur le plan moral - dispensée par le comte von Bernstoff. Le jeune prince héritier épouse à dix-sept ans, Caroline Mathilde, soeur de George III roi d'Angleterre, âgée de quinze ans et monte sur le trône la même année (1766) pour devenir Christian VII. Mais la direction des affaires du royaume est aux mains de la reine douairière qui s'appuie sur le Conseil Privé, particulièrement rétrograde et retors à toute modernisation du pays, le jeune roi étant écarté et cantonné à des occupations divertissantes, encouragé dans ses beuveries. Mais les réalités politiques se rappellent au Conseil Privé et le roi doit être présenté aux Cours européennes. C'est lors d'un grand tour que lui est présenté Johann Friedrich Struensee, un médecin allemand, pétri des idéologies humanistes des Lumières, progressiste, qui s'engage socialement auprès des plus pauvres. Le médecin, après avoir hésité, accepte de rejoindre Copenhague pour suivre le jeune souverain, avec lequel il construit une relation de confiance. de plus en plus séduit par les préceptes progressistes que le médecin lui suggère, Christian VII le nomme rapidement Maître des requêtes, puis Ministre du cabinet privé et Struensee entreprend la réforme de l'administration danoise et l'amélioration des conditions de vie du peuple avec un nombre impressionnant de décrets qu'il finit par prendre seul. Délaissée par son époux, la reine Caroline Mathilde va elle aussi se rapprocher de Struensee, cet homme intelligent, altruiste qui met en pratique les idées des Lumières, malgré l'hostilité grandissante des membres évincés de la Cour danoise, qui n'auront de cesse de comploter pour écarter cet homme qu'ils considèrent comme arriviste et intrigant.



Le médecin personnel du roi relate un épisode véridique et incroyable de l'histoire du Danemark, celle de l'ascension d'un médecin, devenu homme de pouvoir, qui va se substituer au roi défaillant mentalement, un homme mû par un altruisme que ses ennemis vont trouver douteux et surtout menaçant pour leur statut et leurs privilèges et dont la chute ne sera que plus brutale. Comment cet homme du peuple, simple médecin, allemand de surcroit, peut-il penser que son pouvoir va perdurer et qu'il pourra entretenir une liaison avec la reine presque au vu et au su de tous ?

C'est une enquête romancée que propose Per Olov Enquist, celle du fulgurant et éphémère passage de Struensee au pouvoir, un homme dont les idées modernes et la volonté de réformes trop brutale, à un rythme trop rapide, qui n'a pas compris qu'il s'attaquait trop violemment à une caste politique danoise, retorse, passéiste et rancunière.

Dans un style quelquefois très circonstancié, même si quelques idées sont démontrées quelquefois de façon trop répétitives et que l'auteur interprète peut-être trop librement les sentiments des personnages, j'ai trouvé ce roman remarquable sur une époque et un héros intelligent, malheureux qui paiera de sa vie d'avoir eu raison trop tôt.

Un roman marquant.
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Une autre vie

Bookycooky m’a fortement conseillé l’autobiographie de Per Olov Enquist qui était écrivain, dramaturge, scénariste et journaliste suédois. Tout lecteur va trouver sa vie un peu vide face à la sienne ! Son père meurt quand il a six mois, il sera élevé par sa mère institutrice et pieuse. C’est un enfant sage et aimant un peu de rébellion lors de ses premières masturbations et imaginer la tête de sa mère quand elle découvre un stock de préservatifs achetés par entraide pour un pote ! Ses premiers écrits refusés par les éditeurs. Le hasard le fait tomber sur un scandale que les suédois ne sont pas fiers : l’extradition de réfugiés baltes vers l’Union Soviétique. Pays où il se rendra pour son livre. Il s’entretient avec un social-démocrate qui lui confie un manuscrit qu’il cache dans son slip et qui vaudra à l’homme la déportation. Tout ça est un peu en vrac mais sa vie se lit plus qu’elle ne se raconte. J’en ajoute juste qu’il a été à deux doigts de faire les jeux olympiques de saut en hauteur, le mot à perdu seulement son h et il est devenu auteur de romans, théâtre à Broadway, a vécu sur plusieurs continents jusqu’à sombrer dans l’alcoolisme. Déstabilisant et génial cette idée de parler de lui à la troisième personne du singulier ! Ça donne bien ce recul qu’on sent qu’il a sur lui-même. Et nous-mêmes si on se retourne sur notre propre vie, acteur ou spectateur ? Attachant, émouvant, surprenant, inoubliable. Ce livre me fera-t-il comme Le médecin personnel du roi qui est toujours quelque part dans ma tête ? Que des amies offrent après leur avoir prêté le mien. D’habitude Bookycooky fait des critiques plus longues que les miennes. Eh bien pour celui-ci c’est le contraire. Plus j’essaie d’élaguer, plus j’en ajoute. Donc je m’arrête là. Existe-t-il un mot plus fort que le merci pour m’avoir fait découvrir ce grand homme ?
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Grand-père et les loups

La jeune Mina, six ans, se réveille en pleine nuit en hurlant : un crocodile lui a mordu les fesses. Son père minimise l’incident : «Tu as rêvé. Ce n’est rien. Dors.» Cela ne convainc pas la fillette. Il en rajoute : «S’il te plaît, Mina, sois gentille. Essaie de comprendre. Je suis épuisé, j’ai beaucoup travaillé. […]». Devant l’incompréhension de ses parents, la jeune fille doit se résoudre à appeler son grand-père, l’auteur Per Olov Enquist. Je ne savais pas que ce dernier s’était essayé à la littérature jeunesse. Ce grand-père se fait rassurant puis propose la solution parfaite : passer quelques jours dans le Varmland avec sa sœur et ses cousins pour trouver un chien (qui pourra l’aider à se protéger des créatures qui pourraient provenir de ses cauchemars) et, surtout, du courage. C’est la prémisse du petit bouquin de littérature jeunesse, Grand-père et les loups. Lors de leur expédition en montagne, Enquist et ses quatre petits-enfants Mina, Cecilia, Moa et Marcus croiseront la route d’un ours, d’une louve avec ses louveteaux et de braconniers. Ils connaitront quelques péripéties cocasses (et certaines effrayantes, pour des gamins) mais, surtout, se découvriront des qualités qu’ils ne croyaient pas posséder. En plus de cela, ils en apprennent un peu sur la faune et la flore, la préservation de l’environnement. Et, par la même occasion, ceux qui liront cette plaquette. Elle plaira aux lecteurs du dernier cycle du primaire, sinon les parents pourront la lire à des enfants un peu plus jeunes.
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Blanche et Marie

" Ceci est un roman. J'ai utilisé des sources pour écrire un roman, justement, et c'est pourquoi je m'abstiens de rendre compte des différents documents dont je me suis servi. " Voilà ce qu'écrit P.O. Enquist dans les remerciements d'usage à la fin du livre.

Biographie fictive? Oui, certainement, mais il est très difficile de faire la part de la fiction.

Blanche, c'est Blanche Wittman, une jeune femme entrée adolescente dans " le château des fous, le château des femmes, le château dépotoir pour les cas désespérés". En fait, sujette à quelques troubles de l'humeur, catalogués d"hystérie, et une des plus célèbres patientes de Charcot et ses élèves ( dont un certain Sigmund Freud) , qui cherchaient à rationnaliser cette fameuse névrose de conversion par le biais de méthodes assez déroutantes, tel le port d'une "ceinture ovarienne" censée stimuler les points typiquement hystériques.....Quand on sait que l'hystérie n'est pas plus particulièrement l'apanage des femmes ( sauf dans le cadre de ses manifestations les plus aigües ), on imagine à loisir une autre ceinture typiquement masculine.



Marie, c'est Marie Curie. Polonaise, deux Prix Nobel, une scandaleuse liaison avec un autre scientifique, Paul Langevin après la mort de Pierre. Liaison qui a défrayé la presse de l'époque ravivant la haine de l'étranger ( qui ne peut être que juif) .

Etre une scientifique, passe encore , mais une scientifique veuve et amoureuse d'un homme marié et père de famille, alors là, il y a de quoi rallumer les bûchers, qui en fait ne s'éteignent jamais tout à fait.

Donc, tout cela, c'est vrai. Que Blanche, à sa sortie de la Salpêtrière, ait travaillé avec Marie, que la radioactivité les ait tuées toutes deux , c'est vrai aussi.



Le reste.....le reste c'est un roman basé sur les "Carnets de Blanche" , une histoire d'ascension et de chute, de passion, de chimie amoureuse, d'amitié féminine , de révolte féminine également ( c'est l'époque des suffragettes) et de mort.

Un documentaire passionnant , certes, mais aussi un roman plein de sensibilité qui m'avait donné envie de lire autre chose de ce Suédois.



Au sujet de Charcot et de la Salpêtrière, pour les amateurs de cinéma, je voudrais rappeler le film d'Alice Winocour, Augustine, que j'ai beaucoup aimé.
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Le départ des musiciens

Une lecture qui ne laisse pas indifférent, qui remue, qui dérange, qui soulève beaucoup d'émotions, entre tristesse et colère, joie, admiration, dégoût, et tout au bout, au fond, une merveilleuse envie d'espoir.

Une lecture qui exige beaucoup de son lecteur. Construite sur le conte des frères Grimm "Les musiciens de Brême"', sauf que ici les musiciens n'ont pas gagné, ils partent, ils sont exclus, ils s'exilent, ils sont sur les listes noires, ils se suicident.

Une lecture qui conte (avec plus de réalisme que de fantaisie) l'histoire des essais d'implantation du syndicalisme, des luttes ouvrières, dans l'industrie du bois, en Suède. Entre utopies et réalité, dure, entre naïveté et nécessité de combattre, entre espoir et découragement, les héros, les personnages, mettent tout ce qu'ils ont d'humain et de bestial aussi, pour survivre.

Tous les personnages du roman sont absolument admirables : détestables, pitoyables, courageux, lâches, naïfs, sincères, hypocrites, ils sont humains, si humains.

Nous les suivons dans leur lutte, dans leur vie, et le livre se lit presque comme un roman policier.

Oui, j'ai tourné les pages avec avidité pour connaître la suite du combat, pour partager avec ces personnages incroyables les espoirs, les déceptions, les échecs.

Magnifique. Bouleversant. Et remarquablement écrit.

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Le départ des musiciens

« Il y a toujours mieux que la mort » : cette phrase issue du conte des frères Grimm « Les musiciens de Brême », auquel le titre du livre fait allusion, sert de fil conducteur à cette histoire épique. Enquist décrit la misère du monde ouvrier des années 1900, raconte leur vie plus que rude dans les scieries du nord de la Suède, leurs esprits soumis et engoncés dans la religiosité protestante. On suit Nicanor, jeune garçon fasciné par Elmblad, « agitateur » socialiste venu de Stockholm pour gagner du terrain idéologique sur le protestantisme de ces régions reculées. Le bout de chemin passé ensemble les conduira à se heurter très violement à la population, quelque part entre le film « Délivrance » de John Boorman et l’univers de Lars Von Triers.

Tout l’univers de Per Olov Enquist est présent dans ce roman écrit en 1978: le goût prononcé pour le roman historique, les personnages atypiques, la rudesse des milieux ruraux. S’ajoute ici une description sans fioritures de la difficile installation du socialisme chez les paysans-ouvriers du Nord de la Suède. On se perd un peu dans les noms des personnages et des localités, mais avec l’aide de Google Map, on prend plaisir à suivre les pérégrinations d’Elmblad et Nicanor tout au nord de la Scandinavie.

En conclusion, ce roman est très sombre, certains passages sont plus que difficiles, mais il est très intéressant d’un point de vue historique et social. Et le style lyrique et parfois poétique d’Enquist rend la lecture en définitive captivante.
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Blanche et Marie

Blanche Wittman est morte en 1913.

Dans "Le Livre des questions" composé de plusieurs carnets, elle relate ses années d'internée à la Salpêtrière au côté du Professeur Charcot et le lien d'amour étrange et intense qui les unit.

Assistante et amie de Marie Curie, elle soutient celle-ci quand le scandale éclate sur sa liaison avec Paul Langevin.

Femme-tronc brûlée par la radioactivité, elle laisse derrière elle une histoire inachevée qu'elle a confiée à Marie et qui veut rendre compte de la nature de l'amour.



C'est un roman étrange que propose Olov Enquist.

Un livre sur l'amour, sa nature indéfinissable pourtant réelle et palpable; amour de Blanche pour Charcot, amour de Marie pour Langevin; amour de la science aussi puissant et mystérieux que le scintillement bleu du radium, aussi obscur que l'entrée dans le nouveau siècle.

Envoûtant, dérangeant, pesant et quelquefois un peu ennuyeux malgré la force de personnages bien réels, c'est un soulagement d'arriver au bout de ce long chant d'amour et de douleur !

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Le médecin personnel du roi

Royaume du Danemark, 18ème siècle. Le nouveau roi, Christian VII, ne peut pas vraiment exercer le pouvoir : dressé comme un animal plutôt qu’éduqué, avec corrections physiques et humiliations publiques, le jeune homme est profondément perturbé et voit le monde comme une immense pièce de théâtre dans laquelle on ne lui a pas toujours donné ses répliques.



Si le pouvoir est d’abord exercé par le conseil des nobles, un nouveau personnage va faire son apparition : Struensee, médecin du roi, de par sa proximité avec lui et l’affection qu’il lui témoigne, va gagner petit à petit sa confiance, et se faire finalement nommer premier ministre. Inspiré par les Lumières, il lancera sur le Danemark un torrent de réformes progressistes, tandis que dans le même temps, il vivra une intrigue amoureuse avec la reine.



Curieux épisode historique raconté dans ce livre, qui aurait pu consacrer le Danemark comme pays des Lumières quelques années avant la France ! Après quelques petites recherches, il apparaît que le roman est assez fidèle à l’Histoire avec un grand H, même s’il y a quelques partis pris dans les motivations des protagonistes. Certains faits sont plutôt amusants, comme l’instauration de la liberté de la presse qui aura pour effet immédiat une tonne d’écrits et de satires contre celui qui l’a décrétée.



Mais globalement, le roman est assez sombre. D’une part, parce qu’on sait très bien que ça va mal finir de par nos (maigres) connaissances historiques. Ensuite, parce que tous les personnages sont un peu cinglés à leur manière, sans qu’on ne puisse leur reprocher quoi que ce soit : le roi Christian VII à cause de son éducation et sa volonté de trouver une échappatoire dans le théâtre ; Struensee, remplis d’idéaux mais vivant constamment dans la peur des autres ; et la jeune reine, passée de recluse dans un couvent à l’épouse d’un dément dans un pays étranger, qui tente de frayer son propre chemin dans un monde qui la méprise.



Un trio parfait pour une tragédie dans les règles. Dans la vie réelle, il est bien difficile de lancer une révolution culturelle tout seul.
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Le départ des musiciens

Per Olov Enquist, spécialiste des romans enquêtes, nous offre un ouvrage sur la montée du socialisme dans une région du nord de la Suède très religieuse.

Plusieurs siècles auparavant, des pauvres, à condition qu’ils fussent chrétiens ou se convertissent sont venus s’installer dans cette région du nord, le Vasterbotten. En ce tout début de XXème siècle ils y travaillent dans l’abattage du bois et les scieries parallèlement au travail de la ferme surtout assuré par les femmes. On est fier d’être un bon ouvrier, un bon chrétien, qui ne réclame rien d’inconsidéré malgré la misère. On demande tellement peu que les débuts des revendications à travers les comptes rendus de « l’association ouvrière indaipendante (sic) de Burea » sont emprunts de « modération » et s’efforcent de ne rien « exiger ».

La vie très difficile de ces paysans ouvriers, l’exploitation qui en est faite par les propriétaires de scieries est bien rendue. Les personnages peuvent parfois prêter à sourire comme le père de Nicanor qui ne sourit que pendant les prêches quels que soient les tourments promis par les prédicateurs. Sa mère extrêmement croyante et qui sait manœuvrer pour diriger la vie spirituelle de sa famille. Mais la vie y parait tellement sans espoir sauf celle d’une vie de récompense dans l’au-delà. Et pourtant ces hommes, ces femmes s’accrochent car ainsi que les disaient les musiciens de Brème condamnés par leurs propriétaires puisque devenus inutiles « tout vaut mieux que la mort. »

C’est Nicanor qui sert de fil conducteur à cette histoire depuis sa première rencontre enfant avec un « agitateur socialiste » Elmblad, maltraité par les ouvriers qui voient en lui un envoyé du diable, un étranger, un « stockholmard » jusqu’à sa seconde rencontre avec lui dix ans plus tard.

L’auteur a lui grandit dans cette rude région et mêle parfois des souvenirs ou fait allusion à des membres de sa famille.



Lu dans le cadre du challenge ABC 2014-2015

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Le médecin personnel du roi

Une forme narrative parfois déconcertante, surtout dans le début, mais un roman attrayant. Il permet d'abord de découvrir un pan d'histoire inconnu ( l'histoire du Danemark n'étant pas dans nos livres d'histoire) et pourtant intéressant dans le contexte de la période pré-révolution française. Et une fois passée la difficulté à suivre les méandres de la chronique que l'auteur met en place par touches très "impressionnistes", et disons-le un peu décousues, on s'attache aux personnages et au développement de cette "révolution à la danoise". Pour au final, un moment de lecture enrichissant et sympathique.
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Blanche et Marie



Blanche Wittman, surnommée en son temps "la reine des hystériques" fut traitée pour des troubles qu'on qualifiait à l'époque d'hystériques, ballottée d'hospice en hôpital, jusqu'à son entrée à l'âge de seize ans à la Salpêtrière, véritable pandémonium, dominé alors par la figure imposante du professeur Charcot, sommité du monde scientifique, et où six-milles malheureuses, hystériques, épileptiques, démentes, attendaient les secours hypothétiques d'une médecine psychiatrique encore à ses balbutiements. Elle y resta seize ans.



A partir de ces quelques données factuelles Per Olov Enquist, mêlant habilement documents authentiques et fiction, tisse sa toile narrative.



Blanche Wittman, devient alors cobaye et martyre de la science, progressivement amenuisée par des amputations successives, résultat des années qu'elle passa dans le service de radiologie de la Salpêtrière et comme assistante de laboratoire dans le hangar délabré, servant d'atelier pour les expériences sur la pechblende entrepris par Pierre et Marie Curie, alors qu'on était dans l'ignorance la plus totale des méfaits d'une exposition au rayons X et à la radioactivité. Dans trois cahiers - fictifs ou réels? - débutés avec l'idée impossible de raconter une histoire sur la nature de l'amour, Blanche en vient de plus en plus à témoigner sur la vie des personnes importantes qui l'ont entouré et notamment sur Marie Curie, ses recherches et ses tribulations lorsqu'elle fut en prise avec la vindicte populacière outrée par son rôle de briseuse de famille, alors qu'elle entretenait une liaison avec le Physicien Paul Langevin. A ce récit poignant de ses destins de femmes, je ne voudrais passer sous silence le portrait qu'il est fait à partir de ses mémoires, de Jane Avril, danseuses vedettes du Moulin-Rouge, immortalisée par les œuvres de Toulouse-Lautrec, et qui connu une enfance assez effroyable dans le quartier de Bellevile, pour ensuite compter au nombre des patientes de Charcot.



En se jouant des récurrences, jonglant avec les mises en abîme, en s'y incluant même, Per Olov Enquist livre une copie maîtrisée, à rattacher au courant "documentariste". Le texte est remarquable par sa capacité à nous happer immédiatement et habilement dans ses rets, par l'empathie inévitable que l'on éprouve à la lecture du destin de toutes ces femmes, en un témoignage de cette condition féminines peu enviable à une époque charnière de notre histoire moderne, par l’atmosphère aussi de grand bouleversements scientifiques, à l'évocation des grandes figures de la science moderne que furent Marie Curie et Jean-Martin Charcot, de leur travaux acharnés et héroïques. On y joint ainsi plaisir de dilettante et curiosité pure.
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Le livre des paraboles

À travers une succession de neuf paraboles,Enquist,à la veille de ses quatre-vingt ans fait un voyage au plus profond de lui-même.Il confesse un secret gardé toute une vie,le récit troublant et bouleversant de sa découverte de la sexualité,de la femme sur le plancher sans nœuds.Trés tôt orphelin de pére,né deux ans après un frère mort-né dont il porte le nom et élevé par une mère très pieuse,il sera marqué par l'exigence religieuse protestante qu'elle vit et impose au quotidien.Il en subira les conséquences cherchant la sortie dans l'écriture et l'alcool ,toute une vie.Dans ce livre il revient aussi sur son pére,sa mère,son enfance où la lecture de Kim de Kipling(en cachette de sa mère) et le courage de la tante Valborg osant affirmer qu'elle avait perdu la foi seront les deux lueurs au bout du tunnel.C'est un livre intéressant mais la lecture est difficile.Je pense que ceux ou celles qui ont déjà lu"Une autre vie",son livre autobiographique dont c'est la prolongation,auront plus facilement accès à ses propos.
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L'extradition des Baltes

Un livre choisi presque par hasard, en cherchant scandinave, histoire, roman, non policier, d'un auteur qui ne fait plus les « unes »… et je suis tombée sur l'extradition des Baltes. Surprise complète, bonheur de lecture total, réflexion politico-philosophico-morale absolue et salvatrice.

Qu'est-ce que c'est que ce livre, édité chez Babel (j'ai confiance) et lourd de plus de 500 pages aux petits caractères ?

Et puis, en lisant la quatrième de couverture, on apprend qu'il s'agit d'une histoire réelle qui a concerné quelques 146 Baltes, prisonniers de guerre, criminels de guerre ? - on ne sait pas - , réfugiés, internés, à la fin de la guerre (la seconde, la mondiale) en Suède.

Peanuts, étant donné ce qu'on entend aujourd'hui, ou voit, tous les jours. Comment donc, diable, diantre, Per Olov Enquist, pourrait-il tenir en haleine son lecteur avec une histoire pareille, et datant de… certes le livre a été publié en 1968, puis réédité en 1985 (je lis cette édition-là), datant donc.

Je résume, en 1968, un Suédois qui est âgé d'une trentaine d'années, chercheur, publie un roman, ROMAN, sur 146 Baltes qui ont plus ou moins fricoté avec l'armée allemande ou directement avec la police allemande ou balte, nazie, pour commettre des actes de guerre, cela est sûr, sans doute des crimes de guerre, des exécutions, des exterminations…, ces Baltes se sont réfugiés en Suède, internés dans un camp et la question s'est posée à la fin du conflit donc vers l'été 1945… qu'est-ce qu'on en fait ? C'est d'abord toute une histoire car les états baltes alors n'existent pas comme aujourd'hui. Ballotés entre la Russie, l'URSS et l'Allemagne, et parfois indépendants, parfois assujettis, leur propre histoire est compliquée.

J'en viens à la lecture du roman. Car il s'agit bien d'un roman. Là est la première prouesse de Per Olov Enquist. le narrateur est le chercheur suédois, qui environ vingt ans après, enquête sur les faits. Cependant, le chercheur narrateur est lui-même acteur. Cette double narration permet une mise en perspective des travaux du chercheur et une réflexion sur le travail de l'historien investiguant sur une histoire très proche, s'appuyant à la fois sur des archives écrites et des témoignages oraux, oscillant par conséquence entre la véracité, la vérité, la sincérité et donc forcément la sentimentalité.

Ainsi, page 288 : « n'accepte pas de présentation, pense par toi-même, sois soupçonneux. Il n'y a pas d'objectivité sacrée, pas de véritable vérité, libérée de ses origines politiques. Essaie, sois soupçonneux. Remets en question. »

Puis, page 302 : « pourquoi traduisait-il toujours humanité par sentimentalité ? »

Il y a donc roman car c'est d'abord l'histoire de ce chercheur « le Suédois ». C'est son histoire, son parcours, en tant que chercheur, historien, suédois, ancré dans les années soixante et devant comprendre pour en faire une analyse correcte, comprendre pour rendre compte.

Le livre est complexe car l'auteur s'attache à montrer le travail de fourmi du chercheur. C'est toute la première partie du livre, les débats politiques qui amènent à une décision. Cette partie peut paraître fastidieuse, ennuyeuse (pour certains, mais pas moi personnellement, mais j'imagine), curieuse : comment des décisions capitales, qui risquent de mettre la vie d'humains en danger, voire à les conduire vers la mort, comment lorsqu'on est représentant d'une démocratie, comment cette prise de décision intervient-elle ? et une fois qu'elle est prise… que l'opinion, les médias s'en emparent, la discutent, comment celui qui a eu ce pouvoir décisionnaire assumera-t-il les conséquences de son acte, de sa signature ?

Le roman dans ces chapitres-là, atteint une dimension morale et philosophique passionnante. Certes, dans une Suède qui passe d'un gouvernement de coalition à un gouvernement social-démocrate, ce qui permettra à quelques-uns de se défausser. Oh, fichtre, déjà, en 1945 ?

« Au point d'intersection entre deux manières évidentes d'envisager les choses, au point d'intersection entre la politique et l'homme, se trouvait la sensation douloureuse que la solution et la réponse ne pourraient jamais être vraiment justes, entièrement honnêtes. »

Enfin, la dernière partie du roman s'attache à retracer le devenir de ces extradés. Il prend alors une dimension humaine très émouvante. Alors que l'auteur reste factuel, le chercheur ne cherche plus une vérité car il sait qu'elle n'existe pas, il voudrait comprendre l'incompréhensible. le roman prend une couleur émotionnelle d'une intensité extraordinaire, car le chercheur va à la rencontre de ces Baltes, qui ne sont plus ni Baltes, ni soldats, ni… ils sont des êtres humains, des êtres survivants, fallait-il survivre ? Eux, répondent, oui. le chercheur n'a pas la réponse : « il était assis là, sur le pont, au soleil, et le jeu était encore un jeu et n'était qu'en partie caché par leurs visages. Il pensait : je laisse tout derrière moi, je me ferme. Devant moi, il y a une surface d'eau, un fleuve, du soleil, de la lumière, des reflets, de la chaleur. Il pensait : je reste ici, je n'entends pas leurs cris, ne vois pas leurs larmes. Je reste ici, ne participe pas, reste assis au soleil. Tout seul. Je me persuade que je ne vais jamais comprendre. Je ne vais de toute façon jamais comprendre. »

Une belle lecture qui ne laisse pas indifférente : "mais il y avait beaucoup de camps de réfugiés à Lubeck et en Allemagne, et beaucoup de réfugiés, presque tous, demandaient des visas pour des pays occidentaux et quelques-uns les reçurent. Les Anglais vinrent tout d'abord et prirent les plus aptes au travail - les hommes de vingt à trente ans. Puis ce furent les Canadiens qui ramassèrent une partie des réfugiés productifs. Puis les Australiens qui laissèrent entrer chez eux les familles dont deux membres étaient au moins aptes au travail. Les meilleurs, les plus sains, les plus forts disparurent tout d'abord. Les vieux restèrent, bien entendu, personne n'en voulait. Les malades restèrent, les veuves et leurs petits enfants restèrent, tous ceux qui n'étaient pas immédiatement utiles."

Et cela s'est passé en Europe, en Suède, en 1945.

Assurément, je viens de lire un bel ouvrage.

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Le cinquième hiver du magnétiseur

Il ne faut pas se laisser induire en erreur par le titre : le cinquième hiver du magnétiseur n’est pas un livre du style heroic fantasy ou approchant. Pas de Gandalf le Gris (ou Blanc, Noir, Mauve ou encore Aubergine …. Bien que Gandalf l’Aubergine cela me plaît bien …), ni d’orques, d’elfes, de fées, de nains, de vouivres ou de waraboucs …

Au XVIII siècle, dans cette Allemagne qui n’est qu’un puzzle de duchés et länder, un homme est retranché dans une grotte perchée dans une falaise, poursuivi par des chasseurs. Aux abois, il boit l’eau qui suinte aux parois et se nourrit de ce que la providence amène dans son antre, un pigeon en l’occurrence. Les chasseurs ne peuvent pas accéder à son repère que par l’escalade qu’il défend par des jets de pierre qui font le plus souvent mouche. Le temps joue contre lui et aboutit à sa capture. En attente de son jugement et de sa condamnation, il est sous la garde d’un homme sans relief dont on a même oublié le nom et qu’on interpelle que par son sobriquet : le Tisserand. Au matin, le captif et son gardien ont disparu.

Alors commence une fuite des deux compères, l’un prenant largement le dessus sur l’autre, qui les amène à rencontrer une femme accompagnée de sa fille puis dans une auberge où le destin mettra sur leur route les clefs ouvrant les portes d’une nouvelle vie sous d’autres cieux.

Ainsi débute le cinquième hiver lorsque le Tisserand et son maître arrivent à la ville cossue de Seefond. L’échappé se révèle avoir des talents de magnétiseur, voir même de thaumaturge. Son ascension sociale inexorable débute par le traitement et la guérison de la fille d’un médecin de la ville. Ce médecin devient son aide et sa caution médicale. Il va dorénavant se faire un nom, devenir une certaine célébrité en multipliant les patients et surtout les guérisons jusqu’à la chute inexorable et brutale. Cela ne va durer qu’une saison, le cinquième hiver.

Le médecin, narrateur de ce roman, alterne les pages de son journal où il fait part de ses questionnements, de ses doutes mais aussi de son amour paternel avec le récit des tribulations du magnétiseur.

Dans un style agréable, ce roman laisse la porte ouverte à de nombreuses pensées et interrogations. Les rapports entre les différents protagonistes sont entremêles et complexes, notamment celui entre le médecin et le magnétiseur. On peut y voir déjà tous les mécanismes sectaires mis en place par un gourou. L’analogie ou la parabole de la montée du fascisme qu’on peut lire en quatrième de couverture me semble beaucoup moins évident.

Le médecin est déchiré entre son amour paternel, sa corporation de médecin et les valeurs déontologiques, son attirance-répulsion envers le thaumaturge. Le magnétiseur est confondant par son cynisme, sa connaissance innée de la psychologie et parfois par sa faiblesse à la limite de la détresse.

Ce livre m’accompagne depuis quelques jours et nourrit certaines de mes pensées. Par une passe de mes mains devant votre visage, je vous somme de le lire !

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Une autre vie

L'auteur,parlant de lui à la troisième personne entreprend son autobiographie.Un enfant tôt orphelin de père,sortant d'un petit bled du nord de la Suède,deviendra un des plus grand écrivain vivant,Sa chute dans l'alcoolisme est éprouvant.Excellente autobiographie!
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Le cinquième hiver du magnétiseur

Dans cet assez court roman historique, Per Olov Enquist trace la vie d’un guérisseur magnétiseur, Friedrich Meisner, à la fin du XVIIIème siècle. A mi-chemin entre la manipulation et un certain sens de la guérison, Meisner créé une véritable emprise sur un petit village rural d’Allemagne, après avoir fait recouvrer la vue à une jeune aveugle. Petit à petit, ce faiseur de miracle va perdre son crédit auprès des habitants de ce village, ce qui le conduira à son procès et à sa chute sous la vindicte populaire.



Le héros d’Enquist s’appuie sur un personnage réel, l'expérimentateur célèbre dans le milieu du magnétisme, F.A. Mesmer (1734-1815). Mais comme souvent avec cet auteur, l’histoire mêle vérité historique et invention romanesque. Ecrit sous la forme d’un roman entrecoupé de notes issues d’un journal tenu par le docteur du village, ce livre se lit d’une traite et constitue à mon sens une bonne introduction aux autres ouvrages de l’auteur.

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