AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Per Olov Enquist (65)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Blanche et Marie

De Per Olov Enquist, j'avais déjà pu apprécié Le médecin personnel du roi. J'avoue que sans Les 1001 livres qu'il faut avoir lu dans sa vie, je n'aurai peut-être pas lu Blanche et Marie... Je sais qu'en tant que femme, je devrais être plus sensible à la vie de Marie Curie, entre autres... Mais je vous avoue que le Radium et ce que j'ai comme image de Marie Curie de l'époque, ne me rendent pas ce sujet très attirant...



Je dois aussi à ma précédente lecture, Le médecin personnel du roi, le fait que je me suis accrochée et que j'ai fini par goûter cette ovni littéraire, voir même le savourer! Comme quoi mon petit challenge perso à le mérite de me faire découvrir des œuvres qui sans cela, je serai passer à côté! Et à côté également d'un écrivain qui aime nous bousculer pour nous offrir chaque fois une œuvre qui se mérite...



J'ai retrouvé dans Blanche et Marie, ce souci qu'il a lui - même de devenir une voix intégrante de son histoire, tel un historien qui nous partagerai les fruits des avancées de son travail... Il en devient même ici la colonne vertébrale du récit, le pont de ralliement qui nous empêche de nous perdre au propre comme au figuré pour nous emmener toujours plus profondément derrière l'arbre qui cache la forêt...



L'arbre c'est Marie Curie. Une femme dont on croit tout savoir et dont, je me suis rendue compte, que j'en ignorait tant... A commencer par son amitié indéfectible avec Blanche Wittman, ancienne patiente de l'hôpital de la Salpêtrière, devenue son assistante.



A la mort de Blanche, une chemise marron est découverte. Dessus un titre: l'Amour triomphe de tout. A l'intérieur 3 carnets. Trois qui auraient dû mener à la rédaction du Livre des questions... Trois carnets que Per Olov Enquist va ouvrir à tour de rôle pour nous. Il va en révéler le contenu et le commenter... Œuvrer comme un historien... Son approche tout en sensibilité, nous permettra de sortir du contact brouillon qu'offre le premier carnet pour aller de plus en plus vers un récit porté par Blanche et Marie. Deux femmes. Deux vécus presque aux antipodes pour se retrouver autour du Radium, et surtout témoigner l'aspiration qu'elles ont de vouloir être, être qui elles sont dans toutes leurs dimensions y compris l'Amour... Mais qu'est ce que l'Amour quand vos émotions sont jugées, vous assignent à une place, vous réduisent à ce que vous n'êtes pas mais qu'on pense être vrai....



Blanche... Marie... Deux femmes aux destins opposés et qui pourtant à elles deux témoignent à quel point être femmes les unissaient dans un monde qui cherchait sans cesse à les réduire, les rejeter, les dominer... Chacune une facette de cette volonté des hommes d'opérer un ascendant sur elles... Toutes les autres...



Per Olov Enquist à nouveau me touche. Cet homme n'a pas son pareil pour nous faire vibrer au statut des femmes dans nos sociétés. Et si ce que Blanche et Marie témoignent au travers de ce livre s'avèrent être vrai, à vérifier, il est alors urgent de le partager pour ne plus continuer à invisibiliser un ou des pans entiers de leur vie!
Commenter  J’apprécie          30
Blanche et Marie

Per Olov Enquist nous raconte l'histoire de Blanche Wittmann et de Marie Curie.

J'ai acheté ce livre d'occasion par hasard. Grosse erreur.

Je n'aime pas.

Déjà, le sujet du livre n'est pas clair. C'est long. Ça ne me surprend pas mais je n'apprends rien. Un podcast de Lorant Deutsch est plus efficace.

On commence à avoir une info intéressante et tout de suite, on part sur autre chose et on y revient plus tard. C'est hyper brouillon.

Je ne vois pas trop l'intérêt du livre.

Trop mou pour moi.



Commenter  J’apprécie          21
Le médecin personnel du roi

j'ai mis du temps avant d'entrer dans l'histoire, d'abord à cause des répétitions qui impriment un rythme assez lent et paradoxalement ces redites ne servent pas la compréhension. Ensuite j'ai éprouvé beaucoup de difficulté à trouver mes repères dans l'Histoire danoise qui ne m'est pas familière, un sentiment accentué par la nature du premier chapitre: en forme d'une conclusion, comme s'il avait été écrit à la fin. C'est d'ailleurs vraiment dommage car il enlève tout effet de suspense quant à la chute. Enfin faute de mise en regard dans une période plus large pour comprendre l'impact de ces quelques mois et d'un manque de profondeur sur les relations entre les protagonistes (au final on ne sait pas si la reine était vraiment amoureuse ni ce qui les liait vraiment) il me reste en refermant ce livre un goût d'inachevé.



Je suis un peu sévère par rapport à l'expérience de lecture car j'avais une très forte attente, venant de la recommandation d'Allessandro barricco dans Une certaine vision du monde. Il reste que passées les cinquante premières pages, le récit historique est très intéressant. Il s'agit quand même de la première mise en oeuvre des idées des Lumières, où l'on apprend que le Danemark, ce petit pays méconnu, a servi d'espoir et de laboratoire d'essai pour Voltaire, rien que ça! Mais Struensee, ce médecin devenu homme politique, emporté par ses convictions personnelles, n'a pas su écouter le rythme du peuple qui n'était pas prêt à de telles réformes, ni su s'entourer de soutien assez solide, dans cette cour danoise à moitié folle, à l'image de son roi schizophrène. On assiste impuissant à son auto-enfermement, alors qu'il essaie en parallèle de transformer la société danoise. Le tour de force de Per Olov Enquist réside dans sa faculté à nous raconter un moment d'histoire lointain et très court mais avec des enseignements politiques et personnels très actuels.
Lien : https://yaourtlivres.canalbl..
Commenter  J’apprécie          12
Le médecin personnel du roi

J’ai de plus en plus d’intérêt pour les romans historiques… et je fus attiré par ce livre en lisant une critique de @blandine5674… Certes j’ai mis du temps à le trouver, mais je ne regrette rien.



Un récit véridique, une histoire de folie, d’amour et de trahison. Un roi fragile, une reine abandonnée, un médecin remplis d’espoir pour sauver son peuple.



Un roman que je ne suis pas prête d’oublier.

Par curiosité je suis allé voir leurs photos (ou peinture), ils les disent beaux j’en doute…



Un auteur à lire, pour ma part !



Bonne lecture !

Commenter  J’apprécie          417
Le médecin personnel du roi

Le médecin personnel du roi est inspiré de l'histoire de Struensee qui, au XVIIIème siècle, devient l'amant de la reine du Danemark, prit l'ascendant sur le roi psychologiquement instable, et tenta d'instaurer un régime inspiré des Lumières. Habitué du roman-documentaire, Per Olov Enquist donne corps à l'histoire danoise avec brio, et avec lui, les personnages désincarnés des livres d'histoire deviennent des hommes et des femmes guidés par leurs rêves. Sorti en 2012, le film Royal Affair, avec Mads Mikkelsen dans le rôle de Struensee, retrace cette histoire, mais n'est pas directement inspiré du livre d'Enquist.
Commenter  J’apprécie          20
Le départ des musiciens

Une lecture qui ne laisse pas indifférent, qui remue, qui dérange, qui soulève beaucoup d'émotions, entre tristesse et colère, joie, admiration, dégoût, et tout au bout, au fond, une merveilleuse envie d'espoir.

Une lecture qui exige beaucoup de son lecteur. Construite sur le conte des frères Grimm "Les musiciens de Brême"', sauf que ici les musiciens n'ont pas gagné, ils partent, ils sont exclus, ils s'exilent, ils sont sur les listes noires, ils se suicident.

Une lecture qui conte (avec plus de réalisme que de fantaisie) l'histoire des essais d'implantation du syndicalisme, des luttes ouvrières, dans l'industrie du bois, en Suède. Entre utopies et réalité, dure, entre naïveté et nécessité de combattre, entre espoir et découragement, les héros, les personnages, mettent tout ce qu'ils ont d'humain et de bestial aussi, pour survivre.

Tous les personnages du roman sont absolument admirables : détestables, pitoyables, courageux, lâches, naïfs, sincères, hypocrites, ils sont humains, si humains.

Nous les suivons dans leur lutte, dans leur vie, et le livre se lit presque comme un roman policier.

Oui, j'ai tourné les pages avec avidité pour connaître la suite du combat, pour partager avec ces personnages incroyables les espoirs, les déceptions, les échecs.

Magnifique. Bouleversant. Et remarquablement écrit.

Commenter  J’apprécie          190
Blanche et Marie

L'auteur suédois nous ballade de Marie Curie et ses amours avec un homme marié, Paul Langvin à Blanche "la reine des hystériques " et sa passion pour charcot, le célèbre neurologue.

L'intrigue repose sur leurs amitiés même si les historiens n'ont aucune preuve que ces deux femmes se sont rencontrées.

Sans s'arrêter à cette "réalité" discutable, le roman demeure une peinture très réaliste de la place des femmes vers 1880, des portraits de femmes qui savent berner ces hommes si puissants et un nationalisme sous-jacent qui voit en la polonaise une voleuse de mari.

Un bon roman qui nous laisse dans l'ambiguïté: la liberté littéraire devant des personnages ayant réellement existés !!!
Commenter  J’apprécie          00
Le médecin personnel du roi

Il était une fois, à la cour du Danemark : un monarque absolu de droit mais manipulé, tel un pantin, par la cour ; deux hommes de peu que le pouvoir appelle ou attire ; des femmes, reines ou maîtresses de l'univers, qui décident des faveurs et défaveurs que connaissent les hommes ; un peuple, anonyme et muet, troupeau d'agneaux ou hommes en devenir, dont on se dispute le commandement. Il était une fois, au royaume du Danemark, quelque chose de pourri qui applique à la réalité historique le contenu d'une pièce tragique. En plein siècle des Lumières se jouent tout à la fois une révolution politique, un renversement social et une vaste et funeste comédie humaine. Avec Le médecin personnel du roi, l'auteur suédois Per Olov Enqvist use du roman historique pour démontrer les contradictions d'une époque, où les idées les plus nobles et les plus dignes rencontrent pourtant l'absolue résistance d'un système qui sera bientôt à bout de souffle. Réflexion aussi sur la fin et les moyens, le roman s'appuie sur les portraits d'hommes et de femmes, qu'ils soient en faveur ou en défaveur du projet de Struensee, dépassent déjà - et en cela adhèrent à celui des Lumières - les limites que les règles sociétales en vigueur leur imposent.



Christian VII devient roi du Danemark lorsqu'il est extrêmement jeune. Roi absolu en théorie, son pouvoir est cependant strictement contrôlé par une cour à la tête de laquelle se trouve la reine douairière - c'est-à-dire la veuve du roi précédent, Frédéric V, mais point la mère de Christian - et qui a, durant la jeunesse du roi, permis ce contrôle par l'éducation. Éducation faite de violences morales et physiques intenses - l'aveu que fait Chrisrian de la torture subie à son précepteur, François Reverdil, est bouleversant - qui conditionne le jeune roi autant qu'elle l'enferme dans un univers mental que Christian compare au théâtre. Aux gestes attendus de la part d'un roi s'ajoutent les paroles - telles des répliques théâtrales - qu'il convient qu'il dise. Christian est roi, certes, mais il est resté enfant. La royauté l'afflige - il est persuadé d'avoir été échangé à la naissance et d'avoir été privé d'une vie simple, entouré de paysans - et de son royaume, il ne connaît rien. Le Danemark, dans la deuxième moitié du 18ème siècle, est une puissance déclinante. Incapable d'influence dans les territoires germaniques, le royaume est dominé politiquement par son voisin du nord, la Suède. Son système de servage le place parmi les États les plus reculés d'Europe, place encore affirmée par le rejet total des idées des Lumières qui parcourent le continent, de la France à la Russie en passant par l'Angleterre, les États d'Italie et le Saint Empire. Marié très jeune à la jeune sœur de George III, roi d'Angleterre, Caroline-Mathilde, Christian trouve pourtant le réconfort quasi maternel auprès d'une prostituée de Copenhague, qu'il surnomme la Maîtresse de l'univers. Hélas, cette femme est exilée du royaume et, pensant la retrouver, Christian entame un voyage parmi les grandes places européennes, à la manière du Grand Tour des jeunes lords anglais. Pour l'accompagner dans ce voyage, et le surveiller, la cour danoise choisit un médecin allemand, originaire d'Altona, du nom de Johann Friedrich Struensee. Celui-ci, acquis aux idées des Lumières, prend peu à peu une place prépondérante auprès du souverain. Père de substitution, conseiller politique, Struensee se trouve alors en position de mettre en œuvre les idées progressistes politiques et sociales des Lumières. Conscient de l'énorme poids historiques qui pèse sur ses épaules - et qui le détournent de sa mission première de médecin des classes sociales les plus fragiles -, Struensee accepte et mène, en l'espace de deux ans à peine, une révolution politique extraordinaire par son audace et sa rapidité. Bénéficiant du pouvoir de signature des décrets royaux - Christian est ainsi débarrassé de ce fardeau de la royauté, en ce qu'elle a de prise avec le réel -, Struensee fait ainsi passer plus de six cents décrets, lesquels règlent positivement le sort des orphelins, accorde la liberté de culte, et celle de la presse, met fin à la censure, ouvre les jardins royaux à la population ... Seul demeure, inachevé, son projet de mettre fin au servage. Mais cette politique attire sur Struensee les foudres de la cour, sous l'influence de Guldberg, fils de croque-mort, arriviste et défenseur d'un Danemark conservateur. Si Struensee jouit des faveurs - c'est peu de le dire ! - de la reine, celles-ci finissent par le perdre tout à fait. Ayant obtenu de ce pouvoir restreint dans le temps l'assurance d'une double postérité - celle des progrès politiques et sociaux, celle d'une descendance qu'il a avec la reine -, Struensee connaît une chute dont la brutalité n'a d'équivalent que la hache du bourreau qui s'abat, un jour de mai 1772, sur sa main et sur son cou.



Le roman tout entier semble être placé sous le signe de la contradiction, du paradoxe. Sans doute parce que les choses les plus complexes sont les plus intéressantes. Commençons d'abord par les hommes et les femmes de ce roman. Nul, parmi les personnages principaux de ce roman, ne paraît être fait d'une seule pièce, comme le dit le roi Christian VII. Lui-même est roi, mais son état mental et psychologique lui interdit de régner effectivement. Son attitude enfantine - on le voit souvent jouer avec son chien et son page noir, Moranti ; il aime aussi monter sur les planches de la scène pour déclamer son texte - ne permet en rien l'exercice d'un pouvoir royal absolu, dont il veut d'ailleurs absolument se défaire. La reine, Caroline-Mathilde, a, elle, été choisie par la cour pour sa probable insignifiance. Son ascension dans la cour démontre au contraire l'éveil d'une véritable femme politique, aux sens aiguisés. Petite fille que la solitude fait grandir, elle prend aussi conscience du pouvoir d'un corps qu'on lui intimité de cacher. Sûre de ses charmes, elle attire à elle Struensee, qu'elle aime mais qu'elle veut tenir à sa main. Son attitude de femme assurée, et consciente de sa position de reine, lui attire les foudres de la cour, et notamment de Guldberg et de la reine douairière. La compagnie et l'amour de Struensee que sa solitude lui aura fait chercher la condamne, elle aussi, à la disgrâce. Guldberg, que le lecteur sait déjà vainqueur - puisqu'on le voit en compagnie du roi, au théâtre, en 1782 - se définit lui-même comme le buisson qui aura gardé sa place quand tous les grands arbres autour de lui auront été déracinés. Ardent défenseur d'un système conservateur et d'une noblesse de laquelle il ne fait même pas partie, il est, par l'intelligence, le grand rival de Struensee. Lui aussi pense sauver le Danemark, mais là où Struensee voit le progrès social, Guldberg ne pense qu'au rétablissement moral. Si sa naissance le promettait à l'insignifiance, sa rigueur et, faut-il le reconnaître, son audace, lui permet de s'installer aux premières places de l'État, dernier gardien d'un roi fou et seul. Struensee, enfin, était de ces hommes qui, à l'échange aimable d'idées entre hommes de bonne composition, adjoignait une action parmi les pauvres d'Altona. Son ascension politique est due au vide laissée volontairement par Christian à la fois dans la conduite des affaires politiques et dans le lit de la reine. Conscient de la difficulté de la route qu'il emprunte, bientôt apeuré par les conséquences et la fin qu'il imagine, il demeure, pourtant, attaché à ses réformes et à la reine. Humble et plein d'hybris à la fois, Struensee personnifie cette transcendance des rangs et des titres par la valeur intrinsèque des personnages. Comme Caroline-Mathilde, comme Guldberg, rien ne l'aurait autorisé à jouer pareil rôle dans l'histoire de son pays. Le désir, ou l'acceptation de ce rôle, bouleverse leurs histoires.



Les idées mises en valeur sont tout autant pleines de contradiction. Le règne de Struensee, comme l'histoire aura retenu cette période, est un moment de renversement des valeurs. La société conservatrice danoise - ainsi l'épisode du jeune serf, mortellement blessé et attaché au barbare cheval de bois - connaît un moment intense de libéralisation qui excite les enthousiasmes et les colères. Ainsi de l'ouverture des jardins royaux à la population et de l'autorisation à sortir masqué, entendu comme une autorisation à forniquer, dans le plaisir de l'anonymat, et qui symbolise, pour la cour notamment, la conduite immorale tenue par la reine et Struensee. L'acmé de pouvoir que connaît ce dernier annonce le retour à une situation plus policée, du fait des jalousies, des haines, des peurs aussi que les réformes avivent chez les nobles. La liberté de la presse explique aussi ce retour au conservatisme, puisque Struensee, par idéal, ne veut pas que l'État exerce un contrôle sur ce qui est publié ; partant, toutes les idées le sont, y compris celles qui lui sont franchement défavorables, et celles qui traînent dans la boue son nom et son honneur. Étonnante époque où, malgré un pouvoir qui œuvre en faveur de la libéralisation de la société, celle-ci s’arque-boute sur un conservatisme qui fait fes ravages, tant chez la noblesse que chez un peuple qui, il faut bien le dire, est pratiquement complètement absent du roman. Là est dans doute l'erreur majeure commise par Struensee, comme il l'admet à la fin du roman. Persuadé de gouverner en recherchant la vérité et en usant de la raison, Struensee a surtout refusé d'être confronté à la réalité. L'épisode du paysan danois, battu à mort sur le cheval de bois, est symbolique de cela. Tandis que les paysans se rapprochent du carrosse royal que menace l'embourbement, Struensee fuit, court pour rattraper la voiture. Il laisse là le peuple, symbole d'un peuple pressuré de toutes parts, et qui lentement meurt. Struensee a gouverné seul, à l'abri des conseillers, des ministres, de la cour, certes, mais aussi isolé de potentiels alliés et du peuple qu'il entendait guider vers les Lumières.



De là découle une réflexion sur la fin et les moyens. Offrir la liberté à un peuple suppose-t-il de la lui imposer ? Struensee, sans doute, avait raison, mais il était trop tôt, mais il était trop seul, mais il réforma trop vite. Empêtré bientôt dans des considérations humaines, tels que l'amour, la volonté d'exister - fut-elle au travers d'une enfant -, Struensee est l'archétype de l'homme de bien qui, malgré sa bonne volonté, finit par mal faire. Sa relation avec Christian s'érode, car Struensee en a définitivement fait un roi fantoche. Celle avec la reine souffre bientôt de l'éclosion de cette dernière, femme puissante qui murmure à l'oreille de son amant les futures réformes, et œuvre aussi - ainsi l'épisode avec les matelots norvégiens - en première ligne pour assurer la survie du régime. Les thématiques ainsi que l'environnement géographique du roman ne sont ainsi pas sans rappeler Hamlet, que Christian échoue d'ailleurs à voir lorsqu'il est à Londres. Folie du roi, corruption de la cour, aspect tragique du récit, car aucun des personnage ne semble être en mesure de maîtriser pleinement son destin, hormis peut-être Guldberg, dont le parcours, là encore de façon paradoxale, entre en opposition avec ses principes moraux et politiques (car il accède à une place que ses croyances religieuses et politiques devraient lui interdire), Christian est un Hamlet historique. Le questionnement bien connu, "Être ou ne pas être" est largement partagé par les personnages. Être ou ne pas être roi, pour Christian ; être ou ne pas être l'homme qui pourrait changer le cours de l'Histoire, pour Struensee et Guldberg ; être ou ne pas être la petite chose insignifiante que toute la cour du Danemark attend, pour Caroline-Mathilde. Au milieu de l'obscurité flamboient de petites flammèches : ce sont les illusions - celle de la raison, celle de l'envie d'exister pleinement, celle de croire en un destin lumineux - d'hommes et de femmes qui, à la faveur des haines et des années, s'éteindront bientôt.
Commenter  J’apprécie          40
Une autre vie

Bookycooky m’a fortement conseillé l’autobiographie de Per Olov Enquist qui était écrivain, dramaturge, scénariste et journaliste suédois. Tout lecteur va trouver sa vie un peu vide face à la sienne ! Son père meurt quand il a six mois, il sera élevé par sa mère institutrice et pieuse. C’est un enfant sage et aimant un peu de rébellion lors de ses premières masturbations et imaginer la tête de sa mère quand elle découvre un stock de préservatifs achetés par entraide pour un pote ! Ses premiers écrits refusés par les éditeurs. Le hasard le fait tomber sur un scandale que les suédois ne sont pas fiers : l’extradition de réfugiés baltes vers l’Union Soviétique. Pays où il se rendra pour son livre. Il s’entretient avec un social-démocrate qui lui confie un manuscrit qu’il cache dans son slip et qui vaudra à l’homme la déportation. Tout ça est un peu en vrac mais sa vie se lit plus qu’elle ne se raconte. J’en ajoute juste qu’il a été à deux doigts de faire les jeux olympiques de saut en hauteur, le mot à perdu seulement son h et il est devenu auteur de romans, théâtre à Broadway, a vécu sur plusieurs continents jusqu’à sombrer dans l’alcoolisme. Déstabilisant et génial cette idée de parler de lui à la troisième personne du singulier ! Ça donne bien ce recul qu’on sent qu’il a sur lui-même. Et nous-mêmes si on se retourne sur notre propre vie, acteur ou spectateur ? Attachant, émouvant, surprenant, inoubliable. Ce livre me fera-t-il comme Le médecin personnel du roi qui est toujours quelque part dans ma tête ? Que des amies offrent après leur avoir prêté le mien. D’habitude Bookycooky fait des critiques plus longues que les miennes. Eh bien pour celui-ci c’est le contraire. Plus j’essaie d’élaguer, plus j’en ajoute. Donc je m’arrête là. Existe-t-il un mot plus fort que le merci pour m’avoir fait découvrir ce grand homme ?
Commenter  J’apprécie          332
Blanche et Marie

Per Olov Enquist était un écrivain suédois et sa particularité était d’écrire des romans qui partent de faits réels pour aboutir à un mélange complexe de fiction et de réel; ceci correspond en Suède au mouvement documentariste qui aurait ses racines dans les expériences sociales de la Suède dans les années 60.



Blanche et Marie est son dernier roman avec Blanche Wittman et Marie Curie. Blanche Wittman fût la patiente préférée du grand neurologue français Jean Martin Charcot, père de la Neurologie moderne. Marie Curie est une contemporaine de Charcot et il est plus que probable qu’ils se soient croisés, ne serait-ce que par le biais d’une connaissance commune, Sigmund Freud.

Ce livre est une biographie fictive et très libre de Blanche Wittman, internée à l’âge de 18 ans pour des années, dans le service du Pr Charcot et qui lui a servi de modèle pour ses démonstrations publiques d’hystérie et aussi pour des études sous hypnose.



L’écrivain Enquist a fait entrer dans cette fiction, la brillante Marie Curie comme employeur de Blanche dans son laboratoire afin de donner plus de cohésion à son roman.



Le livre d’Enquist se veut une confrontation entre l’idée de l’amour romantique et une idée d’un amour en phase de fluide chimique ou version « plus scientifique » de ce désordre émotionnel. Et pour développer le sujet, il va confronter la supposée relation amoureuse entre Blanche Wittman et son thérapeute, le docteur Charcot, un homme marié. En même temps qu’il mettra en parallèle l’amour entre Marie Curie (veuve depuis 6 ans) et son collègue Paul Langevin, un homme marié aussi, très malheureux en ménage. Une affaire qui a duré 5 mois.



Pour appréhender de plus près l’amour entre Blanche et Charcot, Enquist a inventé trois cahiers tenus par Blanche où elle s’explique et dévoile à demi mots cette relation.



L’histoire sentimentale de Marie Curie avec Langevin s’est très mal terminée; après publication d’une lettre compromettante, Madame Curie fut trainée dans la boue. Dans le roman, Blanche Wittman est une véritable consolation et aide psychologique pour une Marie Curie complètement détruite.



Dans cette histoire Blanche Wittman apparait comme très abîmée par les radiations qu’elle aurait prises dans le laboratoire de Marie Curie, avec des lésions telles qu’elles auraient nécessité l’amputation d’une jambe et des deux bras, la transformant en femme tronc.



En février 2007, un médecin hollandais, le Dr J. van Gijn, publia dans la très sérieuse revue médicale The Lancet un pamphlet contre Terry Eagleton, auteur d’une critique du livre de Per Olov Enquist, arguant que c’était un affront vis-à-vis de ces deux icônes de la Science que furent Charcot et Curie, une pure fantaisie : rien ne prouve que Blanche et Charcot furent amants; Blanche se serait contaminée avec les radiations en travaillant dans le service de Radiologie de La Salpêtrière et non dans le laboratoire de Marie Curie; Blanche n’aurait pas perdu les deux jambes mais seulement les doigts et une partie des bras.



Par ailleurs, le roman récent de Victoria Mas (Le bal des folles, 2019) décrit très bien le service du Professeur Charcot où se déroule son roman, autour du fameux bal annuel auquel participaient les patientes et attirait le tout Paris. Autre roman intéressant est celui de l’écrivaine espagnole Rosa Montero L’idée ridicule de ne plus jamais te revoir, paru en 2013 en VO, où elle fait largement état de la vie intime de Marie Curie.



Un livre original avec un sujet passionnant, bien que j’ai moyennement aimé la façon d’Enquist de raconter cette histoire, cela m’a semblé confus par moments. Mais son idée de vouloir confronter le côté scientifique de cette évanescence chimique qui est l’amour, m’a paru brillante.



En conclusion, on pourrait dire que si l’amour tue, le radium tue aussi.
Lien : https://pasiondelalectura.wo..
Commenter  J’apprécie          34
L'extradition des Baltes

Un livre choisi presque par hasard, en cherchant scandinave, histoire, roman, non policier, d'un auteur qui ne fait plus les « unes »… et je suis tombée sur l'extradition des Baltes. Surprise complète, bonheur de lecture total, réflexion politico-philosophico-morale absolue et salvatrice.

Qu'est-ce que c'est que ce livre, édité chez Babel (j'ai confiance) et lourd de plus de 500 pages aux petits caractères ?

Et puis, en lisant la quatrième de couverture, on apprend qu'il s'agit d'une histoire réelle qui a concerné quelques 146 Baltes, prisonniers de guerre, criminels de guerre ? - on ne sait pas - , réfugiés, internés, à la fin de la guerre (la seconde, la mondiale) en Suède.

Peanuts, étant donné ce qu'on entend aujourd'hui, ou voit, tous les jours. Comment donc, diable, diantre, Per Olov Enquist, pourrait-il tenir en haleine son lecteur avec une histoire pareille, et datant de… certes le livre a été publié en 1968, puis réédité en 1985 (je lis cette édition-là), datant donc.

Je résume, en 1968, un Suédois qui est âgé d'une trentaine d'années, chercheur, publie un roman, ROMAN, sur 146 Baltes qui ont plus ou moins fricoté avec l'armée allemande ou directement avec la police allemande ou balte, nazie, pour commettre des actes de guerre, cela est sûr, sans doute des crimes de guerre, des exécutions, des exterminations…, ces Baltes se sont réfugiés en Suède, internés dans un camp et la question s'est posée à la fin du conflit donc vers l'été 1945… qu'est-ce qu'on en fait ? C'est d'abord toute une histoire car les états baltes alors n'existent pas comme aujourd'hui. Ballotés entre la Russie, l'URSS et l'Allemagne, et parfois indépendants, parfois assujettis, leur propre histoire est compliquée.

J'en viens à la lecture du roman. Car il s'agit bien d'un roman. Là est la première prouesse de Per Olov Enquist. le narrateur est le chercheur suédois, qui environ vingt ans après, enquête sur les faits. Cependant, le chercheur narrateur est lui-même acteur. Cette double narration permet une mise en perspective des travaux du chercheur et une réflexion sur le travail de l'historien investiguant sur une histoire très proche, s'appuyant à la fois sur des archives écrites et des témoignages oraux, oscillant par conséquence entre la véracité, la vérité, la sincérité et donc forcément la sentimentalité.

Ainsi, page 288 : « n'accepte pas de présentation, pense par toi-même, sois soupçonneux. Il n'y a pas d'objectivité sacrée, pas de véritable vérité, libérée de ses origines politiques. Essaie, sois soupçonneux. Remets en question. »

Puis, page 302 : « pourquoi traduisait-il toujours humanité par sentimentalité ? »

Il y a donc roman car c'est d'abord l'histoire de ce chercheur « le Suédois ». C'est son histoire, son parcours, en tant que chercheur, historien, suédois, ancré dans les années soixante et devant comprendre pour en faire une analyse correcte, comprendre pour rendre compte.

Le livre est complexe car l'auteur s'attache à montrer le travail de fourmi du chercheur. C'est toute la première partie du livre, les débats politiques qui amènent à une décision. Cette partie peut paraître fastidieuse, ennuyeuse (pour certains, mais pas moi personnellement, mais j'imagine), curieuse : comment des décisions capitales, qui risquent de mettre la vie d'humains en danger, voire à les conduire vers la mort, comment lorsqu'on est représentant d'une démocratie, comment cette prise de décision intervient-elle ? et une fois qu'elle est prise… que l'opinion, les médias s'en emparent, la discutent, comment celui qui a eu ce pouvoir décisionnaire assumera-t-il les conséquences de son acte, de sa signature ?

Le roman dans ces chapitres-là, atteint une dimension morale et philosophique passionnante. Certes, dans une Suède qui passe d'un gouvernement de coalition à un gouvernement social-démocrate, ce qui permettra à quelques-uns de se défausser. Oh, fichtre, déjà, en 1945 ?

« Au point d'intersection entre deux manières évidentes d'envisager les choses, au point d'intersection entre la politique et l'homme, se trouvait la sensation douloureuse que la solution et la réponse ne pourraient jamais être vraiment justes, entièrement honnêtes. »

Enfin, la dernière partie du roman s'attache à retracer le devenir de ces extradés. Il prend alors une dimension humaine très émouvante. Alors que l'auteur reste factuel, le chercheur ne cherche plus une vérité car il sait qu'elle n'existe pas, il voudrait comprendre l'incompréhensible. le roman prend une couleur émotionnelle d'une intensité extraordinaire, car le chercheur va à la rencontre de ces Baltes, qui ne sont plus ni Baltes, ni soldats, ni… ils sont des êtres humains, des êtres survivants, fallait-il survivre ? Eux, répondent, oui. le chercheur n'a pas la réponse : « il était assis là, sur le pont, au soleil, et le jeu était encore un jeu et n'était qu'en partie caché par leurs visages. Il pensait : je laisse tout derrière moi, je me ferme. Devant moi, il y a une surface d'eau, un fleuve, du soleil, de la lumière, des reflets, de la chaleur. Il pensait : je reste ici, je n'entends pas leurs cris, ne vois pas leurs larmes. Je reste ici, ne participe pas, reste assis au soleil. Tout seul. Je me persuade que je ne vais jamais comprendre. Je ne vais de toute façon jamais comprendre. »

Une belle lecture qui ne laisse pas indifférente : "mais il y avait beaucoup de camps de réfugiés à Lubeck et en Allemagne, et beaucoup de réfugiés, presque tous, demandaient des visas pour des pays occidentaux et quelques-uns les reçurent. Les Anglais vinrent tout d'abord et prirent les plus aptes au travail - les hommes de vingt à trente ans. Puis ce furent les Canadiens qui ramassèrent une partie des réfugiés productifs. Puis les Australiens qui laissèrent entrer chez eux les familles dont deux membres étaient au moins aptes au travail. Les meilleurs, les plus sains, les plus forts disparurent tout d'abord. Les vieux restèrent, bien entendu, personne n'en voulait. Les malades restèrent, les veuves et leurs petits enfants restèrent, tous ceux qui n'étaient pas immédiatement utiles."

Et cela s'est passé en Europe, en Suède, en 1945.

Assurément, je viens de lire un bel ouvrage.

Commenter  J’apprécie          92
Le médecin personnel du roi

Royaume du Danemark, 18ème siècle. Le nouveau roi, Christian VII, ne peut pas vraiment exercer le pouvoir : dressé comme un animal plutôt qu’éduqué, avec corrections physiques et humiliations publiques, le jeune homme est profondément perturbé et voit le monde comme une immense pièce de théâtre dans laquelle on ne lui a pas toujours donné ses répliques.



Si le pouvoir est d’abord exercé par le conseil des nobles, un nouveau personnage va faire son apparition : Struensee, médecin du roi, de par sa proximité avec lui et l’affection qu’il lui témoigne, va gagner petit à petit sa confiance, et se faire finalement nommer premier ministre. Inspiré par les Lumières, il lancera sur le Danemark un torrent de réformes progressistes, tandis que dans le même temps, il vivra une intrigue amoureuse avec la reine.



Curieux épisode historique raconté dans ce livre, qui aurait pu consacrer le Danemark comme pays des Lumières quelques années avant la France ! Après quelques petites recherches, il apparaît que le roman est assez fidèle à l’Histoire avec un grand H, même s’il y a quelques partis pris dans les motivations des protagonistes. Certains faits sont plutôt amusants, comme l’instauration de la liberté de la presse qui aura pour effet immédiat une tonne d’écrits et de satires contre celui qui l’a décrétée.



Mais globalement, le roman est assez sombre. D’une part, parce qu’on sait très bien que ça va mal finir de par nos (maigres) connaissances historiques. Ensuite, parce que tous les personnages sont un peu cinglés à leur manière, sans qu’on ne puisse leur reprocher quoi que ce soit : le roi Christian VII à cause de son éducation et sa volonté de trouver une échappatoire dans le théâtre ; Struensee, remplis d’idéaux mais vivant constamment dans la peur des autres ; et la jeune reine, passée de recluse dans un couvent à l’épouse d’un dément dans un pays étranger, qui tente de frayer son propre chemin dans un monde qui la méprise.



Un trio parfait pour une tragédie dans les règles. Dans la vie réelle, il est bien difficile de lancer une révolution culturelle tout seul.
Commenter  J’apprécie          141
Le médecin personnel du roi

Merci à Bookycooky pour m’avoir fortement conseillé ce livre vers lequel je ne serai jamais allée. Un début d’agacement avec les répétitions, un style d’écriture pas souvent facile et la noblesse, pas trop mon truc ! J’ai insisté, par respect pour ma dealeuse de livre. Et au final, il fera parti des ouvrages que je n’oublierai jamais. L’histoire incroyable de la vie du roi du Danemark dans les années 1700. Époque de monarchie ou il faut faire avec ce roi Christian VII qui reste un enfant dans sa tête, est empli de névroses et son monde, à lui, c’est le jeu, le théâtre et la poésie. Donc de lui, rien à craindre. Mais il y a ceux qui prennent le pouvoir à sa place. Et surtout son médecin personnel qui, avec son accord dit à demi-mot, prend la reine pour maîtresse. Et signer 632 décrets pour améliorer la vie du peuple. Époque ou pouvoir et liberté ne faisaient pas bon ménage. Des faits tellement incroyables qu’on a du mal à se dire que cela s’est vraiment passé. Instructif et intéressant.
Commenter  J’apprécie          461
Blanche et Marie

Lecture en demi-teinte : le contexte historique est très intéressant, on suit Marie Curie d'abord, dans ses explorations scientifiques avec les conséquences désastreuses sur sa santé ainsi que sur celle des autres chercheurs.

Ensuite le célèbre Charcot, et son terrain d'exploration du continent féminin que représentait la Salpêtrière,  rempli de femmes cobayes soumises à diverses expériences.

Pour finir, Blanche Wittman, entrée comme assistante au service de Marie Curie, après avoir été hospitalisée et traitée par Charcot.  Les trois cahiers qu'elle a laissé à la postérité lèvent le voile sur ce qui se passait dans "ce lieu d'enfer", et nous décrivent l'opprobre dont fût sujette Marie, après sa liaison avec un homme marié,  bien après le décès de Pierre, son mari. Il lui fût d'ailleurs déconseillé de réclamer son deuxième prix Nobel, la société étant scandalisée par son comportement.

Mais au final, le genre de docu-fiction m'a déçue,  puisque tout est extrapolé, on ne sait démêler le vrai du faux et les multiples répétitions, les digressions de l'auteur sur ses personnages,  sa vie personnelle,  le style décousu m'ont franchement ennuyée.

Le fait que l'auteur juge ses personnages m'a aussi fortement dérangée. J'avais beaucoup aimé "Le bal de folles", il me reste "La salle de bal" de Anna Hope pour approfondir ce sujet qui m'intéresse, et oublier ce rendez-vous manqué.
Lien : https://instagram.com/danygi..
Commenter  J’apprécie          20
Blanche et Marie

Après sa mort, Blanche Withman laisse un livre Le livre des Questions composé de trois carnets : Le livre Jaune, le Livre Rouge et le Livre Noir.



Elle y entame le récit de sa vie, de son arrivée à la Salpêtrière, de sa relation amoureuse avec le Pr Charcot et des lie, de son parcours professionnel en tant qu’assistante de Marie Curie.



Un roman très original dans sa construction en mise en abyme qui permet de s’appuyer sur le récit supposée de Blanche Withman dans son Livre des Questions pour dériver vers d’autres récits et anecdotes dans un va-et-vient temporel dynamique. La plume est recherchée, précieuse et caustique à la fois. Un réel plaisir pour les yeux.



Néanmoins, le fil conducteur est rapidement perdu dans les méandres de toutes ces bifurcations (la vie de Jane Avril puis Hertha Ayton puis la relation entre Marie Curie et Paul Langevin par exemple) vers des récits qui manquent de liens entre eux.



Le récit semble presque être un documentaire plutôt qu’un fiction.

Un avis mitigé donc mais qui m’a permis de découvrir la plume de cet auteur suédois.
Lien : https://www.instagram.com/ne..
Commenter  J’apprécie          10
Le médecin personnel du roi

Johann Friedrich Struensee (1737-1772) était un médecin allemand acquis aux idées des Lumières. En 1768 il est engagé comme médecin personnel du roi du Danemark Christian 7. Christian (1749-1808) était en effet atteint de folie qui se manifestait pas des délires (hallucinations) et des crises de violence. Struensee gagne la confiance du roi et bientôt il assume de fait la régence du royaume. En deux ans il prend 632 décrets révolutionnaires : suppression de la loi réprimant l'infidélité et instauration d'un fonds d'aide aux enfant illégitimes, restriction des pensions superflues des fonctionnaires, liberté de la presse et interdiction de la torture... C'est beaucoup pour l'époque.



L'auteur nous présente un cour du Danemark où ce sont en fait les hauts fonctionnaires qui gouvernent à la place des rois empêchés : le père de Christian était un alcoolique et Christian lui-même a reçu une éducation brutale destinée à le briser. En accédant à la régence Struensee se fait donc des ennemis qui veulent récupérer leur pouvoir et qui en plus sont opposés aux Lumières. Lui-même semble avoir peu réfléchi à la façon d'agir : les réformes se succèdent à un rythme effréné et leur auteur ne se gagne pas le soutien du peuple en faveur de qui il agit. Le fait qu'il soit devenu l'amant de Caroline Mathilde, femme de Christian, le dessert également.



Soeur du roi d'Angleterre, Caroline Mathilde est mariée à quinze ans. A la cour du Danemark on escompte qu'elle se contentera de remplir le rôle de productrice d'héritier(s). Cependant, au contact de Struensee, cette toute jeune femme s'émancipe. Elle apprend à monter à cheval, monte en tenue d'homme et prend goût au pouvoir. C'est une battante qui refuse la place qu'on lui a assignée.



Sur un fond historique Per Olov Enquist imagine les sentiments et les pensées de ses personnages. C'est l'occasion pour lui de s'interroger sur l'exercice du pouvoir. Peut-on faire le bien du peuple en lui imposant des réformes par le haut? Face aux méchants, peut-on faire triompher le bien si on n'est pas soi-même un peu mauvais?



J'ai apprécié ce roman.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
Commenter  J’apprécie          10
Blanche et Marie

J’avais très envie de lire de livre à la suite de la lecture du Bal des folles qui y faisait référence . Je m’avoue vaincue après 75 pages au cours desquelles je n’ai éprouvé aucun plaisir et au cours desquelles il m’a semblé que l’auteur répétait toujours les mêmes idées comme des mantras. Je crois avoir perçu le message et je ne me vois pas lire 260 pages. D’autres découvertes m’attendent. Dommage....
Commenter  J’apprécie          20
Blanche et Marie

Alors alors alors. Je viens tout juste de finir ce livre, et j’avoue ne pas savoir qu’en penser. Déjà, je n’ai pas trop aimé. Pourtant, l’histoire m’avait attirée : nous sommes au début du XXe siècle, et nous suivons Blanche Wittman, une jeune femme qui a été enfermée à la Salpêtrière et qui devient l’assistante de Marie Curie. Cette dernière, plongée dans ses recherches, entame un veuvage puis une liaison avec Paul Langevin — mais très vite, le scandale va la forcer à fuir et s’exiler. C’est l’histoire d’une amitié entre deux femmes, entre passion, recherche et écriture.



Comme je le disais, la quatrième de couverture m’avait beaucoup attirée. Mais seulement, voilà : je n’ai pas du tout accroché avec le style de Per Olov Enquist. Comme il l’indique dans ses remerciements, il s’est largement inspiré de faits avérés et les a utilisés librement. Il fait mention de carnets de Blanche Wittman, mais j’avoue que je ne sais pas s’ils ont vraiment existé ou si ce n’est qu’une invention. Autant adapter librement ne me pose pas de problème, autant la façon dont c’est écrit m’a vraiment ennuyée ! J’avais parfois l’impression que ce n’était rien de plus qu’un documentaire, et pour le coup c’était vraiment écrit d’une façon assez particulière… on faisait sans cesse des sauts dans le temps, des retours en arrière, des bonds en avant, et on mélangeait tout entre Blanche, Marie, d’autres femmes enfermées à la Salpêtrière, mais aussi le médecin Charcot, Paul Langevin l’amant de Marie Curie, sa femme… ça m’a donné l’impression d’être sans dessus dessous.



Par contre, j’ai appris quelques choses sur Marie Curie, et j’ai vraiment bien aimé. Maintenant, je vais voir si c’est avéré, ou si ça a été inventé…!



Bref, un bilan assez mitigé : contente de l’avoir lu (et sorti de ma PAL), mais assez déçue au final. Et clairement, je ne le commanderai pas pour la librairie !
Commenter  J’apprécie          00
Blanche et Marie

Blanche c'est Blanche Wittman (1859-1913) qui fut internée à la Salpêtrière pour hystérie et servit de cobaye au professeur Charcot lors de ses représentations de malades.Marie c'est Marie Curie. Per Olov Enquist imagine qu'après avoir quitté la Salpêtrière Blanche a été l'assistante de Marie pour ses travaux de recherche. Les deux femmes sont devenues très proches. Après la mort accidentelle de Pierre Curie Marie traverse une période de deuil très douloureuse. Elle retrouve goût à la vie quand elle devient la maîtresse de Paul Langevin. Cette liaison dure peu car Paul est marié et sa femme provoque un scandale qui éclabousse Marie. La presse de droite s'en donne à coeur joie contre l'étrangère qui détruit un mariage français. Tout au long de cette relation Marie se confie à son amie Blanche.



Le propos de l'auteur ici est de traiter de la condition féminine à la fin du 19° et au début du 20° siècles. Ainsi c'est Marie qui est accusée d'adultère tandis que Paul est traité comme une victime innocente. Avec Blanche il est question de la psychiatrisation des désirs des femmes. J'ai trouvé intéressant ce que j'ai lu sur la façon dont l'hystérie était montrée en spectacle à la Salpêtrière et ça m'a donné envie d'en savoir plus sur le sujet.



J'ai bien aimé aussi la pointe d'humour, que l'auteur fasse de rapides parallèles avec sa propre vie et qu'il arrive même à lier son récit à la Suède : "Henri Becquerel, ami de Marie Curie et autrefois son mentor. Il devait d'ailleurs donner son nom plus tard à une unité de mesure correspondant à la désintégration d'un atome par seconde, destinée à mesurer par exemple, la contamination radioactive de la viande de renne dans le Västerbotten dans le nord de la Suède après Tchernobyl".











J'ai d'abord été très déconcertée par le mélange de réalité et d'invention. Moi qui aime que les choses soient carrées je ne m'y retrouvais pas vraiment. Dans la vraie vie Marie n'a jamais rencontré Blanche. Dans le roman cette dernière tient une sorte de journal de leur relation dont des "citations" sont intégrées en italique. Le style, en apparence décousu, sautant du coq à l'âne, m'a aussi posé problème au début. Petit à petit cependant je suis entrée dans la lecture que j'ai finalement plutôt appréciée. Il se pourrait même que je relise Per Olov Enquist car j'ai vu que certains autres parmi ses titres pourraient m'intéresser. Jusqu'à la fin de ma lecture, cependant, j'ai régulièrement fait des incursions vers Wikipédia pour vérifier -ou infirmer- ce que je lisais.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
Commenter  J’apprécie          40
Le médecin personnel du roi

aisser sur le bord du chemin, avec une écriture hachée, pleine de répétition. Ceci dit, on peut lui reconnaître une qualité : retranscrire assez bien grâce à ce littéraire la confusion qui peut régner à l'époque à la cour danoise et dans l'esprit de Christiant VII...



Pourtant, le sujet est particulièrement intéressant puisqu'il m'a permis de découvrir un bout de l'Histoire du Danemark (certes, pas le plus brillant), un pays qui a enchaîné les rois incapables de régner au profit de courtisans bien heureux de s'emparer des commandes du royaume... Le tout dans un contexte de développement de la philosophie des Lumières, ce courant né en France et irradiant dans toute l'Europe.



A l'arrivé, Per Olov Enquist propose un ouvrage à mi-chemin entre le roman et l'ouvrage historique, dénué d'émotion, dans lequel je n'ai ressenti aucune empathie, ni pour cette reine qui veut faire exploser son carcan, ni pour ce roi manipulé et brisé dès l'enfance, ni pour ce médecin manipulateur derrière un visage taciturne...
Lien : http://croqlivres.canalblog...
Commenter  J’apprécie          41




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Per Olov Enquist (295)Voir plus

Quiz Voir plus

Les présidents de la IIe République

Neveu d'un homme illustre qui a écrasé la France et l'Europe de son génie, je n'ai guère de mal à me faire élire, au suffrage universel (masculin) président de la République, en balayant le général Cavaignac, qui avait réprimé dans le sang l'émeute populaire après la chute de la monarchie, et le malheureux Lamartine. Je soigne ma popularité pendant mon mandat, que la constitution veut unique. On dit que mes dettes, et la perspective de retrouver mes créanciers au sortir de l'Elysée, m'ont convaincu de faire le coup d'Etat qui me maintint au pouvoir. Grâce à moi, Victor Hugo a eu le loisir d'écrire de bien beaux romans et poèmes.

Napoléon-Louis Bonaparte
Louis-Philippe Bonaparte
Louis-Napoléon Bonaparte
Nabot-Léon Sarkozy

1 questions
25 lecteurs ont répondu
Thèmes : moustiqueCréer un quiz sur cet auteur

{* *}