Une lecture qui ne laisse pas indifférent, qui remue, qui dérange, qui soulève beaucoup d'émotions, entre tristesse et colère, joie, admiration, dégoût, et tout au bout, au fond, une merveilleuse envie d'espoir.
Une lecture qui exige beaucoup de son lecteur. Construite sur le conte des frères Grimm "Les musiciens de Brême"', sauf que ici les musiciens n'ont pas gagné, ils partent, ils sont exclus, ils s'exilent, ils sont sur les listes noires, ils se suicident.
Une lecture qui conte (avec plus de réalisme que de fantaisie) l'histoire des essais d'implantation du syndicalisme, des luttes ouvrières, dans l'industrie du bois, en Suède. Entre utopies et réalité, dure, entre naïveté et nécessité de combattre, entre espoir et découragement, les héros, les personnages, mettent tout ce qu'ils ont d'humain et de bestial aussi, pour survivre.
Tous les personnages du roman sont absolument admirables : détestables, pitoyables, courageux, lâches, naïfs, sincères, hypocrites, ils sont humains, si humains.
Nous les suivons dans leur lutte, dans leur vie, et le livre se lit presque comme un roman policier.
Oui, j'ai tourné les pages avec avidité pour connaître la suite du combat, pour partager avec ces personnages incroyables les espoirs, les déceptions, les échecs.
Magnifique. Bouleversant. Et remarquablement écrit.
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Très désagréable traduction des patois suédois : j'ai eu du mal à comprendre. Gache le reste.
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Tout ceci aurait pu faire croire qu’elle était stupide, ou méchante, ou abominable, mais ce n’était pas le cas, c’était même exactement le contraire et Elmblad le savait bien. Il pensait qu’il avait eu de la chance de la rencontrer. Elle était difficile, mais avec un peu de courage il la comprenait. Elle ne s’était tout simplement pas donné la peine d’écarter les morceaux d’elle-même qui ne collaient pas. La plupart des gens qu’il avait pu rencontrer avaient fait un tri et avaient ôté ce qui ne collait pas, ce qui n’était pas logique en eux : et les morceaux qui restaient ils les avaient frottés et polis pour que les angles ne fassent pas trop mal. Mais Dagmar elle, n’avait pas fait cela.
Il reconnut le chant de la glace [...]. Les fils téléphoniques étaient fixés sur le mur de la maison et la maison formait comme une caisse de résonance. Les fils chantaient. Le chant avait commencé l'hiver après l'installation de l'appareil de Bell. C'était un chant extraordinaire qui semblait venir des étoiles et qu'on entendait nuit après nuit : toujours quand il faisait froid. Ca hurlait comme si la maison avait été une caisse de violoncelle et que quelqu'un, là dehors dans l'obscurité gelée et étincelante, avait touché les fils avec un archet gigantesque [...].
L'un des bouts des fils était attaché à une maison de bois, l'autre se trouvait dans l'espace, les fils étaient accrochés à des étoiles mortes, ça sifflait et meuglait, le chant venait de l'espace, il n'avait pas de paroles mais il parlait de ceux qui ne parlent pas.
C'était la harpe céleste.
C'était par là que tout avait commencé. Attendu que notre réputation d'ouvriers est pour nous une question vitale de tout premier ordre, il ne nous est point possible de l'abandonner à l'arbitraire de qui que ce soit. Au fond ce n'était pas un mauvais début. Luthérien ou pas, puritain ou pas, il touchait à quelque chose d'important. Le travail avait une valeur. Ils l'avaient soudain réalisé : leur travail avait une valeur et au début ils avaient limité la définition de cette valeur à une sphère purement morale. Honneur. Morale.
C'est vrai, il y avait quelque chose d'étrange dans tout ceci : le fait que le profit et la morale d'un employeur aient pu justement dans ce domaine prendre le dessus sur les Commandements de Dieu tels qu'ils sont spécifiés dans les Saintes Ecritures. On profanait ici continuellement le jour du repos par le péché du travail et personne ne se dressait pour protester. Peut-être le travail avec les animaux dans les fermes avait-il émoussé cette sensation de péché qu'il y avait à travailler le dimanche, mais d'un autre côté une scierie n'était pas une vache qu'il fallait absolument traire et arriber.
Elmblad préférait toujours l'automne. Les couleurs devenaient plus distinctes. On voyait des jaunes et des rouges très nets et on voyait ce qui n'avait pas de couleur. L'air était clair. L'automne était l'époque où les gens et les couleurs devenaient le plus nets, ressemblaient le plus à eux-mêmes.
2 octobre 2013
En 1770, alors que le jeune roi du Danemark, Christian VII, est atteint de folie, quelques nobles mènent à eux seuls les affaires du royaume. Contraint d'épouser l'héritière de la famille royale anglaise, le roi lui préfère une prostituée, aussitôt écartée par la Cour. Christian VII part alors à travers l'Europe pour retrouver sa chère disparue. Dans ce climat de confusion, les conseillers commettent l'erreur de convoquer au palais le docteur Struensee : instruit et progressiste, ce dernier obtient les faveurs de son roi, se rapproche de la reine délaissée et occupe une place que beaucoup lui disputent. En butte aux complots de toute sorte, le médecin signe de fait son arrêt de mort. Sous couvert d'un sujet historique, Per Olov Enquist met en scène les grands conflits d'idées du Siècle des lumières à travers des personnages emblématiques et intemporels.
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