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Marc de Gouvenain (Traducteur)Lena Grumbach (Traducteur)
EAN : 9782742762835
378 pages
Actes Sud (04/10/2006)
3.75/5   14 notes
Résumé :
Au début du XXe siècle, dans le Nord de la Suède, une famille de paysans-ouvriers employés dans les scieries vit dans une misère noire aggravée par le froid, la neige, la forêt... et l'obscurantisme d'une religion qui considère comme un péché tout ce qui relève de l'art ou du plaisir. Les malheureux tentent de constituer une association ouvrière, et même de faire grève. Ils vont de déceptions en échecs. Certains seront poussés au suicide, envisageront l'exil vers l'... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Une lecture qui ne laisse pas indifférent, qui remue, qui dérange, qui soulève beaucoup d'émotions, entre tristesse et colère, joie, admiration, dégoût, et tout au bout, au fond, une merveilleuse envie d'espoir.
Une lecture qui exige beaucoup de son lecteur. Construite sur le conte des frères Grimm "Les musiciens de Brême"', sauf que ici les musiciens n'ont pas gagné, ils partent, ils sont exclus, ils s'exilent, ils sont sur les listes noires, ils se suicident.
Une lecture qui conte (avec plus de réalisme que de fantaisie) l'histoire des essais d'implantation du syndicalisme, des luttes ouvrières, dans l'industrie du bois, en Suède. Entre utopies et réalité, dure, entre naïveté et nécessité de combattre, entre espoir et découragement, les héros, les personnages, mettent tout ce qu'ils ont d'humain et de bestial aussi, pour survivre.
Tous les personnages du roman sont absolument admirables : détestables, pitoyables, courageux, lâches, naïfs, sincères, hypocrites, ils sont humains, si humains.
Nous les suivons dans leur lutte, dans leur vie, et le livre se lit presque comme un roman policier.
Oui, j'ai tourné les pages avec avidité pour connaître la suite du combat, pour partager avec ces personnages incroyables les espoirs, les déceptions, les échecs.
Magnifique. Bouleversant. Et remarquablement écrit.
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« Il y a toujours mieux que la mort » : cette phrase issue du conte des frères Grimm « Les musiciens de Brême », auquel le titre du livre fait allusion, sert de fil conducteur à cette histoire épique. Enquist décrit la misère du monde ouvrier des années 1900, raconte leur vie plus que rude dans les scieries du nord de la Suède, leurs esprits soumis et engoncés dans la religiosité protestante. On suit Nicanor, jeune garçon fasciné par Elmblad, « agitateur » socialiste venu de Stockholm pour gagner du terrain idéologique sur le protestantisme de ces régions reculées. le bout de chemin passé ensemble les conduira à se heurter très violement à la population, quelque part entre le film « Délivrance » de John Boorman et l'univers de Lars von Triers.
Tout l'univers de Per Olov Enquist est présent dans ce roman écrit en 1978: le goût prononcé pour le roman historique, les personnages atypiques, la rudesse des milieux ruraux. S'ajoute ici une description sans fioritures de la difficile installation du socialisme chez les paysans-ouvriers du Nord de la Suède. On se perd un peu dans les noms des personnages et des localités, mais avec l'aide de Google Map, on prend plaisir à suivre les pérégrinations d'Elmblad et Nicanor tout au nord de la Scandinavie.
En conclusion, ce roman est très sombre, certains passages sont plus que difficiles, mais il est très intéressant d'un point de vue historique et social. Et le style lyrique et parfois poétique d'Enquist rend la lecture en définitive captivante.
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Per Olov Enquist, spécialiste des romans enquêtes, nous offre un ouvrage sur la montée du socialisme dans une région du nord de la Suède très religieuse.
Plusieurs siècles auparavant, des pauvres, à condition qu'ils fussent chrétiens ou se convertissent sont venus s'installer dans cette région du nord, le Vasterbotten. En ce tout début de XXème siècle ils y travaillent dans l'abattage du bois et les scieries parallèlement au travail de la ferme surtout assuré par les femmes. On est fier d'être un bon ouvrier, un bon chrétien, qui ne réclame rien d'inconsidéré malgré la misère. On demande tellement peu que les débuts des revendications à travers les comptes rendus de « l'association ouvrière indaipendante (sic) de Burea » sont emprunts de « modération » et s'efforcent de ne rien « exiger ».
La vie très difficile de ces paysans ouvriers, l'exploitation qui en est faite par les propriétaires de scieries est bien rendue. Les personnages peuvent parfois prêter à sourire comme le père de Nicanor qui ne sourit que pendant les prêches quels que soient les tourments promis par les prédicateurs. Sa mère extrêmement croyante et qui sait manoeuvrer pour diriger la vie spirituelle de sa famille. Mais la vie y parait tellement sans espoir sauf celle d'une vie de récompense dans l'au-delà. Et pourtant ces hommes, ces femmes s'accrochent car ainsi que les disaient les musiciens de Brème condamnés par leurs propriétaires puisque devenus inutiles « tout vaut mieux que la mort. »
C'est Nicanor qui sert de fil conducteur à cette histoire depuis sa première rencontre enfant avec un « agitateur socialiste » Elmblad, maltraité par les ouvriers qui voient en lui un envoyé du diable, un étranger, un « stockholmard » jusqu'à sa seconde rencontre avec lui dix ans plus tard.
L'auteur a lui grandit dans cette rude région et mêle parfois des souvenirs ou fait allusion à des membres de sa famille.

Lu dans le cadre du challenge ABC 2014-2015
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Attention, ce n'est pas un livre facile.
C'est vrai que l'histoire de l'implantation de la sociale démocratie dans une province reculée et profondément conservatrice (ça va ensemble?) de la Suède au début du siècle précédent ne passionne pas les foules.
Mais que nous fera pas faire la curiosité et le plaisir de la découverte!
Le style de Per Olov Enquist, est à l'image de cette région, plutôt rugueux.
Les mots se frottent les uns aux autres en faisant parfois beaucoup d'étincelles, les histoires s'entremêlent et accrochent un peu tout sur leurs passages avec des dégâts collatéraux...
Ce livre est aussi un tableau d'une société presque médiévale avec ses personnages que l'on croirait sorti d'un conte fantastique....avec leurs magies, leurs folies et leurs abominations!
Nous ressortons de ce livre impressionné par le courage, la détermination qu'il aura fallu à ces hommes pour vaincre l'obscurantisme dans lequel un pouvoir voulait les enfermer!
C'est grâce à eux que nous pouvons être ce que nous sommes aujourd'hui et que nous pouvons espérer que d'autres peuples suivront leurs exemples pour évacuer aussi leurs démons, notamment religieux!
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Très désagréable traduction des patois suédois : j'ai eu du mal à comprendre. Gache le reste.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Tout ceci aurait pu faire croire qu’elle était stupide, ou méchante, ou abominable, mais ce n’était pas le cas, c’était même exactement le contraire et Elmblad le savait bien. Il pensait qu’il avait eu de la chance de la rencontrer. Elle était difficile, mais avec un peu de courage il la comprenait. Elle ne s’était tout simplement pas donné la peine d’écarter les morceaux d’elle-même qui ne collaient pas. La plupart des gens qu’il avait pu rencontrer avaient fait un tri et avaient ôté ce qui ne collait pas, ce qui n’était pas logique en eux : et les morceaux qui restaient ils les avaient frottés et polis pour que les angles ne fassent pas trop mal. Mais Dagmar elle, n’avait pas fait cela.
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Il reconnut le chant de la glace [...]. Les fils téléphoniques étaient fixés sur le mur de la maison et la maison formait comme une caisse de résonance. Les fils chantaient. Le chant avait commencé l'hiver après l'installation de l'appareil de Bell. C'était un chant extraordinaire qui semblait venir des étoiles et qu'on entendait nuit après nuit : toujours quand il faisait froid. Ca hurlait comme si la maison avait été une caisse de violoncelle et que quelqu'un, là dehors dans l'obscurité gelée et étincelante, avait touché les fils avec un archet gigantesque [...].
L'un des bouts des fils était attaché à une maison de bois, l'autre se trouvait dans l'espace, les fils étaient accrochés à des étoiles mortes, ça sifflait et meuglait, le chant venait de l'espace, il n'avait pas de paroles mais il parlait de ceux qui ne parlent pas.
C'était la harpe céleste.
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C'était par là que tout avait commencé. Attendu que notre réputation d'ouvriers est pour nous une question vitale de tout premier ordre, il ne nous est point possible de l'abandonner à l'arbitraire de qui que ce soit. Au fond ce n'était pas un mauvais début. Luthérien ou pas, puritain ou pas, il touchait à quelque chose d'important. Le travail avait une valeur. Ils l'avaient soudain réalisé : leur travail avait une valeur et au début ils avaient limité la définition de cette valeur à une sphère purement morale. Honneur. Morale.
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C'est vrai, il y avait quelque chose d'étrange dans tout ceci : le fait que le profit et la morale d'un employeur aient pu justement dans ce domaine prendre le dessus sur les Commandements de Dieu tels qu'ils sont spécifiés dans les Saintes Ecritures. On profanait ici continuellement le jour du repos par le péché du travail et personne ne se dressait pour protester. Peut-être le travail avec les animaux dans les fermes avait-il émoussé cette sensation de péché qu'il y avait à travailler le dimanche, mais d'un autre côté une scierie n'était pas une vache qu'il fallait absolument traire et arriber.
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Elmblad préférait toujours l'automne. Les couleurs devenaient plus distinctes. On voyait des jaunes et des rouges très nets et on voyait ce qui n'avait pas de couleur. L'air était clair. L'automne était l'époque où les gens et les couleurs devenaient le plus nets, ressemblaient le plus à eux-mêmes.
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Videos de Per Olov Enquist (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Per Olov Enquist
2 octobre 2013
En 1770, alors que le jeune roi du Danemark, Christian VII, est atteint de folie, quelques nobles mènent à eux seuls les affaires du royaume. Contraint d'épouser l'héritière de la famille royale anglaise, le roi lui préfère une prostituée, aussitôt écartée par la Cour. Christian VII part alors à travers l'Europe pour retrouver sa chère disparue. Dans ce climat de confusion, les conseillers commettent l'erreur de convoquer au palais le docteur Struensee : instruit et progressiste, ce dernier obtient les faveurs de son roi, se rapproche de la reine délaissée et occupe une place que beaucoup lui disputent. En butte aux complots de toute sorte, le médecin signe de fait son arrêt de mort. Sous couvert d'un sujet historique, Per Olov Enquist met en scène les grands conflits d'idées du Siècle des lumières à travers des personnages emblématiques et intemporels.
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