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Critiques de Per Olov Enquist (65)
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Le médecin personnel du roi

Une forme narrative parfois déconcertante, surtout dans le début, mais un roman attrayant. Il permet d'abord de découvrir un pan d'histoire inconnu ( l'histoire du Danemark n'étant pas dans nos livres d'histoire) et pourtant intéressant dans le contexte de la période pré-révolution française. Et une fois passée la difficulté à suivre les méandres de la chronique que l'auteur met en place par touches très "impressionnistes", et disons-le un peu décousues, on s'attache aux personnages et au développement de cette "révolution à la danoise". Pour au final, un moment de lecture enrichissant et sympathique.
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Blanche et Marie



Blanche Wittman, surnommée en son temps "la reine des hystériques" fut traitée pour des troubles qu'on qualifiait à l'époque d'hystériques, ballottée d'hospice en hôpital, jusqu'à son entrée à l'âge de seize ans à la Salpêtrière, véritable pandémonium, dominé alors par la figure imposante du professeur Charcot, sommité du monde scientifique, et où six-milles malheureuses, hystériques, épileptiques, démentes, attendaient les secours hypothétiques d'une médecine psychiatrique encore à ses balbutiements. Elle y resta seize ans.



A partir de ces quelques données factuelles Per Olov Enquist, mêlant habilement documents authentiques et fiction, tisse sa toile narrative.



Blanche Wittman, devient alors cobaye et martyre de la science, progressivement amenuisée par des amputations successives, résultat des années qu'elle passa dans le service de radiologie de la Salpêtrière et comme assistante de laboratoire dans le hangar délabré, servant d'atelier pour les expériences sur la pechblende entrepris par Pierre et Marie Curie, alors qu'on était dans l'ignorance la plus totale des méfaits d'une exposition au rayons X et à la radioactivité. Dans trois cahiers - fictifs ou réels? - débutés avec l'idée impossible de raconter une histoire sur la nature de l'amour, Blanche en vient de plus en plus à témoigner sur la vie des personnes importantes qui l'ont entouré et notamment sur Marie Curie, ses recherches et ses tribulations lorsqu'elle fut en prise avec la vindicte populacière outrée par son rôle de briseuse de famille, alors qu'elle entretenait une liaison avec le Physicien Paul Langevin. A ce récit poignant de ses destins de femmes, je ne voudrais passer sous silence le portrait qu'il est fait à partir de ses mémoires, de Jane Avril, danseuses vedettes du Moulin-Rouge, immortalisée par les œuvres de Toulouse-Lautrec, et qui connu une enfance assez effroyable dans le quartier de Bellevile, pour ensuite compter au nombre des patientes de Charcot.



En se jouant des récurrences, jonglant avec les mises en abîme, en s'y incluant même, Per Olov Enquist livre une copie maîtrisée, à rattacher au courant "documentariste". Le texte est remarquable par sa capacité à nous happer immédiatement et habilement dans ses rets, par l'empathie inévitable que l'on éprouve à la lecture du destin de toutes ces femmes, en un témoignage de cette condition féminines peu enviable à une époque charnière de notre histoire moderne, par l’atmosphère aussi de grand bouleversements scientifiques, à l'évocation des grandes figures de la science moderne que furent Marie Curie et Jean-Martin Charcot, de leur travaux acharnés et héroïques. On y joint ainsi plaisir de dilettante et curiosité pure.
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Une autre vie

Un journal dans le siècle... mais finalement peu tourné vers le siècle...
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Selma

Quatre personnages sont sur scène. Ils visionnent les premières images du Cocher, adaptation cinématographique d'un roman de Selma Lagerlöf.

Selma est donc là, aux côtés du metteur en scène Viktor, du chef-opérateur Julius et de l'actrice Tora. Dans un climat tendu et belliqueux, ils abordent le thème de la naissance d'une oeuvre d'art, que ce soit le roman de Selma ou le film de Viktor.



L'auteur de cette pièce, Per Olov Enquist, nous livre ensuite son interprétation de l'oeuvre de Selma Lagerlöf et du poids qu'a eu, sur elle, l'alcoolisme du père. L'image habituellement lisse de la conteuse de Mårbacka, prix Nobel de littérature en 1909, fait place au portrait d'une codépendante qui a vécu toute sa vie dans la culpabilité et la honte.
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Le médecin personnel du roi

Dans Le médecin personnel du roi, Per Lov Enquist raconte un moment de l’histoire du Danemark au XVIII siècle. Christian VII, roi du Danemark et de Norvège, a une intelligence brillante mais un gouverneur trop brutal le fait vivre dans la peur et la violence si bien que l’enfant devient instable souffre de troubles hallucinatoires, de crises de terreurs et de panique, avant de tomber progressivement dans la folie. Dès lors il n’est plus apte à gouverner, ce qui fait bien l’affaire des conseillers du Royaume qui peuvent ainsi gouverner à sa place.



Mais lors d’un séjour de Christian VII en Europe, on le confie au docteur Struensee qui gagne la confiance et l'amitié du malheureux souverain. Johann Friedrich Struensee va exercer une telle emprise sur lui qu’il devient son premier ministre, le seul autorisé à signer des documents sans avoir besoin de la signature royale. Autant dire que le médecin est l’égal du roi et même plus puisqu’il règne seul, le jeune malade ne pouvant comprendre ce qui se passe. Malgré la vindicte des conseillers, Struensee gagné aux idées philosophiques, de Voltaire à Rousseau en passant par Diderot, en profite pour entreprendre des réformes fondamentales, révolutionnaires, très audacieuses, qui suscitent le mécontentement non seulement des nobles mais du peuple. De plus, l’amour réciproque de Johann Friedrich Struensee et de la reine, Caroline Mathilde de Hanovre, soeur du roi d’Angleterre George III, épouse de Christian VII qui a peur d’elle et la délaisse, va être un des facteurs de sa chute…

Un complot fomenté par tous ceux qui souhaitent sa perte, en 1772, enlève son pouvoir au médecin qui sera exécuté…

je vous laisse découvrir les détails de cette extraordinaire histoire dont Per Olov Enquist tire un récit passionnant, réflexion sur le pouvoir, sur le rôle des Lumières, sur la vie…

Per Lov Enquist nous fait partager en particulier, l’intérêt qu’il éprouve pour ce personnage Johann Friedich Struensee, danois d’origine allemande, bourgeois qui à l’origine n’éprouve pas un attrait particulier pour le pouvoir. Il se sent pourtant pris dans un engrenage qui le pousse lui, médecin par vocation, vers un destin vertigineux qu’il ne peut ou ne veut refuser. Il y a quelque chose d’exceptionnel, dans cette révolution silencieuse, pacifique et douce, due à une seule personne. Johann Friedrich Stuensee a accompli une énorme travail de réforme pendant les deux années où il a « régné » à la place du roi, produisant 632 décrets, travaillant de jour comme de nuit dans son cabinet, s’attaquant aux inégalités, au servage, supprimant les privilèges, accordant la liberté de la presse, abolissant la censure, la torture, la prison pour dettes, réformant les cadres de l’administration, créant des orphelinats, des écoles! Une révolution qui doit tout aux idées des Lumières mais qui paradoxalement est fondée sur une usurpation, un abus de pouvoir, sur l’oeuvre d’un seul donc sur la tyrannie, tout le contraire de la démocratie. Et pourtant Struensee a amorcé une extraordinaire mutation de son pays par des réformes qui préfigurent la révolution française, et qui, après un retour en arrière lié à la réaction, finiront pas s’imposer.



L’écrivain oppose à Stuensee, une autre personnage Owe Guldberg, son double, qui représente la réaction et le parti des nobles. De petite naissance, arriviste, sans pitié, Guldberg prendra le pouvoir après Struensee en tenant le roi sous tutelle. Trois personnages masculins s'affrontent mais dont la force est inégale, Struensee trop bon, refusant la violence, le roi à l'esprit troublé, et Guldberg rusé et sans état d'âme. Face à eux la reine est un personnage féminin entier et de caractère.

Le roman s’appuie sur des témoignages de l’époque, celui de Robert Murray Keith représentant anglais à Copenhague, sur les écrits de Reverdill, professeur d’allemand et de français du roi qui raconte les premières années du jeune Christian sous la férule perverse du comte Reventlow, son tuteur après la mort de ses parents, sur le courrier échangé entre Voltaire et Christian VII gagné lui aussi aux Lumières avant de sombrer dans la folie. Le roman de Per Olov Enquist tient donc à la fois du documentaire et de la fiction et il est très réussi.
Lien : http://claudialucia-malibrai..
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Le cinquième hiver du magnétiseur

Il ne faut pas se laisser induire en erreur par le titre : le cinquième hiver du magnétiseur n’est pas un livre du style heroic fantasy ou approchant. Pas de Gandalf le Gris (ou Blanc, Noir, Mauve ou encore Aubergine …. Bien que Gandalf l’Aubergine cela me plaît bien …), ni d’orques, d’elfes, de fées, de nains, de vouivres ou de waraboucs …

Au XVIII siècle, dans cette Allemagne qui n’est qu’un puzzle de duchés et länder, un homme est retranché dans une grotte perchée dans une falaise, poursuivi par des chasseurs. Aux abois, il boit l’eau qui suinte aux parois et se nourrit de ce que la providence amène dans son antre, un pigeon en l’occurrence. Les chasseurs ne peuvent pas accéder à son repère que par l’escalade qu’il défend par des jets de pierre qui font le plus souvent mouche. Le temps joue contre lui et aboutit à sa capture. En attente de son jugement et de sa condamnation, il est sous la garde d’un homme sans relief dont on a même oublié le nom et qu’on interpelle que par son sobriquet : le Tisserand. Au matin, le captif et son gardien ont disparu.

Alors commence une fuite des deux compères, l’un prenant largement le dessus sur l’autre, qui les amène à rencontrer une femme accompagnée de sa fille puis dans une auberge où le destin mettra sur leur route les clefs ouvrant les portes d’une nouvelle vie sous d’autres cieux.

Ainsi débute le cinquième hiver lorsque le Tisserand et son maître arrivent à la ville cossue de Seefond. L’échappé se révèle avoir des talents de magnétiseur, voir même de thaumaturge. Son ascension sociale inexorable débute par le traitement et la guérison de la fille d’un médecin de la ville. Ce médecin devient son aide et sa caution médicale. Il va dorénavant se faire un nom, devenir une certaine célébrité en multipliant les patients et surtout les guérisons jusqu’à la chute inexorable et brutale. Cela ne va durer qu’une saison, le cinquième hiver.

Le médecin, narrateur de ce roman, alterne les pages de son journal où il fait part de ses questionnements, de ses doutes mais aussi de son amour paternel avec le récit des tribulations du magnétiseur.

Dans un style agréable, ce roman laisse la porte ouverte à de nombreuses pensées et interrogations. Les rapports entre les différents protagonistes sont entremêles et complexes, notamment celui entre le médecin et le magnétiseur. On peut y voir déjà tous les mécanismes sectaires mis en place par un gourou. L’analogie ou la parabole de la montée du fascisme qu’on peut lire en quatrième de couverture me semble beaucoup moins évident.

Le médecin est déchiré entre son amour paternel, sa corporation de médecin et les valeurs déontologiques, son attirance-répulsion envers le thaumaturge. Le magnétiseur est confondant par son cynisme, sa connaissance innée de la psychologie et parfois par sa faiblesse à la limite de la détresse.

Ce livre m’accompagne depuis quelques jours et nourrit certaines de mes pensées. Par une passe de mes mains devant votre visage, je vous somme de le lire !

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L'ange déchu

Le narrateur alterne des épisodes de sa vie, de quelques uns de ses rêves ainsi que la vie invraisemblable de gens pas si différents de la normale. Il y a, entre autres, des morceaux de vie de Ruth Berlau et de ses rapports avec Brecht, ou plutôt des conséquences de ses rapports. On y suit la relation surprenante qu'entretiennent un homme et une femme avec le meurtrier de leur petite fille. On y voit Pasqual Pinon, un mexicain né avec deux têtes. Une tête normale d'homme, mais au dessus de laquelle avait poussé une autre tête, celle d'une femme, se trouvant inséparables pour le meilleur et le pire. Pinon la nomma Maria : «Au début lui seul existait. Puis il lui donna un nom. Alors elle commença à exister».

La monstruosité n'est peut-être qu'une partie de nous que nous refoulons à cause de son absurdité apparente.

Du fait de sa construction narrative atypique, le roman impose son rythme. À lire sans modération.

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Le départ des musiciens

Per Olov Enquist, spécialiste des romans enquêtes, nous offre un ouvrage sur la montée du socialisme dans une région du nord de la Suède très religieuse.

Plusieurs siècles auparavant, des pauvres, à condition qu’ils fussent chrétiens ou se convertissent sont venus s’installer dans cette région du nord, le Vasterbotten. En ce tout début de XXème siècle ils y travaillent dans l’abattage du bois et les scieries parallèlement au travail de la ferme surtout assuré par les femmes. On est fier d’être un bon ouvrier, un bon chrétien, qui ne réclame rien d’inconsidéré malgré la misère. On demande tellement peu que les débuts des revendications à travers les comptes rendus de « l’association ouvrière indaipendante (sic) de Burea » sont emprunts de « modération » et s’efforcent de ne rien « exiger ».

La vie très difficile de ces paysans ouvriers, l’exploitation qui en est faite par les propriétaires de scieries est bien rendue. Les personnages peuvent parfois prêter à sourire comme le père de Nicanor qui ne sourit que pendant les prêches quels que soient les tourments promis par les prédicateurs. Sa mère extrêmement croyante et qui sait manœuvrer pour diriger la vie spirituelle de sa famille. Mais la vie y parait tellement sans espoir sauf celle d’une vie de récompense dans l’au-delà. Et pourtant ces hommes, ces femmes s’accrochent car ainsi que les disaient les musiciens de Brème condamnés par leurs propriétaires puisque devenus inutiles « tout vaut mieux que la mort. »

C’est Nicanor qui sert de fil conducteur à cette histoire depuis sa première rencontre enfant avec un « agitateur socialiste » Elmblad, maltraité par les ouvriers qui voient en lui un envoyé du diable, un étranger, un « stockholmard » jusqu’à sa seconde rencontre avec lui dix ans plus tard.

L’auteur a lui grandit dans cette rude région et mêle parfois des souvenirs ou fait allusion à des membres de sa famille.



Lu dans le cadre du challenge ABC 2014-2015

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La bibliothèque du capitaine Nemo

Un des romans un peu cryptiques de l auteur dans la veine de son dernier roman publie en français:" le livre des paraboles"

L auteur revient ici à son enfance rude ,austère et froide dans le nord de la Suède.

Disons le d emblée :l écriture elliptique et syncopée fait le charme et la difficulte du texte.

C est du pur Per Olov Enquist,on reconnaîtrait un de ses textes entre 1000.

J avoue avoir été charmee même si je n ai pas tout compris.

Le jeune narrateur ,très tot orphelin de père ,vit avec une mère aimante mais stricte( elle est institutrice et parcourt des étendues neigeuseset glacées à vélo pour rejoindre l ' école) et ultra religieuse (l église et les prédicateurs sont omniprésents ,la morale religieuse pese de tout son poids sur l iimaginaire du jeune garçon..)

Le roman est construit comme un long monologue de l enfant,le monde et les événements sont perçus de son point de vue grave et naif...

Il regrette de ne pas avoir d informations précises sur ce pere disparu...

Dechirement t de devoir quitter cette mère et ce foyer ,lui même et un autre enfant ayant été échangés a la maternité suite à une négligence des sages femmes,.

Les autorités retabliront l enfant chez ses parents biologiques ( on imagine le traumatisme)soit un

paysan un peu rustre et son épouse perdant progressivement la raison .Ce n est pas un cadeau:ils vont promener la pauvre femme dans les prés pour son plus grand plaisir car elle se prend pour un cheval mais

J imagine que l enfant s évade dans la littérature et en particulier dans les romans de Jules vernes:le capitaine Nemo,l ami imaginaire ( et protecteur ) de l enfant

L ombre de son frere mort tout bébé le hante mais ce n est plus son frère depuis la restitution

La douce jeune fille Eva-Lisa qui partageait son quotidien chez sa maman institutrice pour qu il se sente moins seul,cette toute jeune fille va mourir dans des circonstances tragiques dont il sera l acteur et le témoin

Cela fait beaucoup pour un enfant... il partira à la dérive pour rejoindre son double et le capitaine Nemo

Dédoublement,amis imaginaires,voix qui vous donnent des ordres de mission...

L auteur a écrit cette œuvre alors qu il émergeait d une longue période d alcoolisme et de dépression...

Ce récit me fait penser à la confession d un schizophrène avec toute sa sensibilité mais aussi l impossibilité de séparer le réel d une autre représentation de la réalité

Troublant...

Les enfants échanges sont amis,l un est l autre,qui est l un ?qui est l autre?











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Le livre des paraboles

À travers une succession de neuf paraboles,Enquist,à la veille de ses quatre-vingt ans fait un voyage au plus profond de lui-même.Il confesse un secret gardé toute une vie,le récit troublant et bouleversant de sa découverte de la sexualité,de la femme sur le plancher sans nœuds.Trés tôt orphelin de pére,né deux ans après un frère mort-né dont il porte le nom et élevé par une mère très pieuse,il sera marqué par l'exigence religieuse protestante qu'elle vit et impose au quotidien.Il en subira les conséquences cherchant la sortie dans l'écriture et l'alcool ,toute une vie.Dans ce livre il revient aussi sur son pére,sa mère,son enfance où la lecture de Kim de Kipling(en cachette de sa mère) et le courage de la tante Valborg osant affirmer qu'elle avait perdu la foi seront les deux lueurs au bout du tunnel.C'est un livre intéressant mais la lecture est difficile.Je pense que ceux ou celles qui ont déjà lu"Une autre vie",son livre autobiographique dont c'est la prolongation,auront plus facilement accès à ses propos.
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Le livre des paraboles

Per Olov Enquist est un de mes auteurs préférés ,lisez "le medecin personnel du roi" et Blanche et Marie" qui sont de purs régals...

Mais ici,je suis perplexe :j hésite entre 1 étoile et 5 :

5 étoiles pour la beauté de l écriture et une pour le caractère cryptique et parfois carrément hallucinatoire du texte( phrases répétitives de un mot ou deux , d'autres debutant par "et" ou "mais",passage d 'une époque a l 'autre et d un caractere a l 'autre sans transition:ce procédé reflète élégamment l agencement erratique des pensées compulsives de l auteur mais ne facilite pas la compréhension)

P O Enquist,avant de nous quitter( il se dit âge de 80 ans et sa santé décline,sera t il encore parmi nous dans quelques jours?) souhaite nous offrir quelques révélations sur ses obsessions intimes et les grands points d interrogation de son existence.

Aussi,je ne conseillerais cette lecture qu aux lecteurs de ses précédents romans et surtout de son autobiographie( "Une autre vie ":un chef d œuvre de pudeur et de tendresse au ton sincère qui le rend unique dans son genre)

Parmi les points positifs:

La description de sa première relation sexuelle est un chef d oeuvre de simplicité(il aura attendu ses 80 années pour nous en parler( en cette époque de grand déballage obscène et vulgaire de l auto fiction c est inouï)

On comprend son angoisse et sa solitude d homme de 80 ans a l approche de la mort( j aime ses images qui parlent de la rive du fleuve et de ses amis qui l y attendent,résignés deja... cfr mes citations)

On comprend le vide laisse par son père ,décédé quand l auteur était tout jeune enfant,ce père dont personne ne lui a jamais beaucoup parlé ,dont la vie,les aspirations,les opinions politiques et philosophiques lui resteront à jamais inconnues...reste un petit carnet a moitié consumé dont 9 pages ont été arrachées...

On comprend ,comme dans ses autres romans magnifiques,le poids de son éducation religieuse stricte et sa longue et hésitante evasion de ce carcan grâce a la sensualité et l écriture

L auteur nous dévoile ses fêlures et ses faiblesses et sa grande sensibilité nous enchante

Un très grand auteur mais cette oeuvre ci est à lire apres les autres, cerise sur le gâteau?



D un autre côté , cet ouvrage est un peu effrayant et je m interroge :fallait il le publier?

Comme Goya qui ,vieillissant ,peignait sur les murs des personnages monochromes ,noirs,monstrueux de façon compulsive, l auteur ressasse ici ses obsessions alors qu il a ,je le répète écrit de purs chefs d œuvre





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Une autre vie

L'auteur,parlant de lui à la troisième personne entreprend son autobiographie.Un enfant tôt orphelin de père,sortant d'un petit bled du nord de la Suède,deviendra un des plus grand écrivain vivant,Sa chute dans l'alcoolisme est éprouvant.Excellente autobiographie!
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Blanche et Marie

" Ceci est un roman. J'ai utilisé des sources pour écrire un roman, justement, et c'est pourquoi je m'abstiens de rendre compte des différents documents dont je me suis servi. " Voilà ce qu'écrit P.O. Enquist dans les remerciements d'usage à la fin du livre.

Biographie fictive? Oui, certainement, mais il est très difficile de faire la part de la fiction.

Blanche, c'est Blanche Wittman, une jeune femme entrée adolescente dans " le château des fous, le château des femmes, le château dépotoir pour les cas désespérés". En fait, sujette à quelques troubles de l'humeur, catalogués d"hystérie, et une des plus célèbres patientes de Charcot et ses élèves ( dont un certain Sigmund Freud) , qui cherchaient à rationnaliser cette fameuse névrose de conversion par le biais de méthodes assez déroutantes, tel le port d'une "ceinture ovarienne" censée stimuler les points typiquement hystériques.....Quand on sait que l'hystérie n'est pas plus particulièrement l'apanage des femmes ( sauf dans le cadre de ses manifestations les plus aigües ), on imagine à loisir une autre ceinture typiquement masculine.



Marie, c'est Marie Curie. Polonaise, deux Prix Nobel, une scandaleuse liaison avec un autre scientifique, Paul Langevin après la mort de Pierre. Liaison qui a défrayé la presse de l'époque ravivant la haine de l'étranger ( qui ne peut être que juif) .

Etre une scientifique, passe encore , mais une scientifique veuve et amoureuse d'un homme marié et père de famille, alors là, il y a de quoi rallumer les bûchers, qui en fait ne s'éteignent jamais tout à fait.

Donc, tout cela, c'est vrai. Que Blanche, à sa sortie de la Salpêtrière, ait travaillé avec Marie, que la radioactivité les ait tuées toutes deux , c'est vrai aussi.



Le reste.....le reste c'est un roman basé sur les "Carnets de Blanche" , une histoire d'ascension et de chute, de passion, de chimie amoureuse, d'amitié féminine , de révolte féminine également ( c'est l'époque des suffragettes) et de mort.

Un documentaire passionnant , certes, mais aussi un roman plein de sensibilité qui m'avait donné envie de lire autre chose de ce Suédois.



Au sujet de Charcot et de la Salpêtrière, pour les amateurs de cinéma, je voudrais rappeler le film d'Alice Winocour, Augustine, que j'ai beaucoup aimé.
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Le départ des musiciens

Attention, ce n'est pas un livre facile.

C'est vrai que l'histoire de l'implantation de la sociale démocratie dans une province reculée et profondément conservatrice (ça va ensemble?) de la Suède au début du siècle précédent ne passionne pas les foules.

Mais que nous fera pas faire la curiosité et le plaisir de la découverte!

Le style de Per Olov Enquist, est à l'image de cette région, plutôt rugueux.

Les mots se frottent les uns aux autres en faisant parfois beaucoup d'étincelles, les histoires s'entremêlent et accrochent un peu tout sur leurs passages avec des dégâts collatéraux...

Ce livre est aussi un tableau d'une société presque médiévale avec ses personnages que l'on croirait sorti d'un conte fantastique....avec leurs magies, leurs folies et leurs abominations!

Nous ressortons de ce livre impressionné par le courage, la détermination qu'il aura fallu à ces hommes pour vaincre l'obscurantisme dans lequel un pouvoir voulait les enfermer!

C'est grâce à eux que nous pouvons être ce que nous sommes aujourd'hui et que nous pouvons espérer que d'autres peuples suivront leurs exemples pour évacuer aussi leurs démons, notamment religieux!
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Blanche et Marie

J'ai versé des larmes pour Blanche dans son chariot
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Le départ des musiciens

« Il y a toujours mieux que la mort » : cette phrase issue du conte des frères Grimm « Les musiciens de Brême », auquel le titre du livre fait allusion, sert de fil conducteur à cette histoire épique. Enquist décrit la misère du monde ouvrier des années 1900, raconte leur vie plus que rude dans les scieries du nord de la Suède, leurs esprits soumis et engoncés dans la religiosité protestante. On suit Nicanor, jeune garçon fasciné par Elmblad, « agitateur » socialiste venu de Stockholm pour gagner du terrain idéologique sur le protestantisme de ces régions reculées. Le bout de chemin passé ensemble les conduira à se heurter très violement à la population, quelque part entre le film « Délivrance » de John Boorman et l’univers de Lars Von Triers.

Tout l’univers de Per Olov Enquist est présent dans ce roman écrit en 1978: le goût prononcé pour le roman historique, les personnages atypiques, la rudesse des milieux ruraux. S’ajoute ici une description sans fioritures de la difficile installation du socialisme chez les paysans-ouvriers du Nord de la Suède. On se perd un peu dans les noms des personnages et des localités, mais avec l’aide de Google Map, on prend plaisir à suivre les pérégrinations d’Elmblad et Nicanor tout au nord de la Scandinavie.

En conclusion, ce roman est très sombre, certains passages sont plus que difficiles, mais il est très intéressant d’un point de vue historique et social. Et le style lyrique et parfois poétique d’Enquist rend la lecture en définitive captivante.
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Blanche et Marie

Ce roman oppose et réunit deux portraits de femmes : d'un côté Blanche Wittman, célèbre patiente de Charcot à la Salpêtrière, gigantesque asile et hôpital qui vit dans une sorte d’obscurantisme moyenâgeux, de l’autre Marie Curie qui participe de la création de la science et du monde moderne. Per Olov Enquist présente Blanche comme une femme qui, à la fin du xixe siècle a été la plus vue, touchée, expliquée, montrée, décortiquée mais qui n'a jamais rien dit ou dont on n'a rien recueilli. Il lui donne donc la parole dans cette fiction : il lui invente des carnets qu'elle aurait tenus, puis une rencontre avec Marie Curie dont elle serait devenue l'assistante. Ce roman est très emblématique de la manière d'écrire de Per Olov Enquist qui mêle toujours fictions et faits réels sans qu'il soit toujours aisé, pour le lecteur, de démêler les uns des autres.
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Blanche et Marie

Le procédé littéraire de ce roman est pour le moins suprenant. Per Olov Enquist invente un tout autre destin à Blanche Wittman. Partant d'un fait réel, son séjour à la Salpêtrière en tant que patiente du Docteur Charcot, il l'associe à des évènements tout à fait fictifs. A sa sortie, elle deviendra donc l'assistante de Marie Curie et finira amputée des deux jambes et d'un bras suite à la manipulation répétée du radium. Enfin, l'auteur nous incite à croire qu'elle aurait écrit de nombreux carnets relatant sa vie sous forme de questions. Mais le plus surprenant, c'est que ce roman prend une forme inachevée. Il ne s'agit pas ici d'un récit mais d'une base de travail romanesque. C'est comme si l'auteur nous livrait ses réflexions sur les livres des questions de Blanche, d'où les nombreuses répétitions et les numéros attribués à certains paragraphes tels des annotations.
Lien : http://demeninges.blogspot.f..
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Le cinquième hiver du magnétiseur

Dans cet assez court roman historique, Per Olov Enquist trace la vie d’un guérisseur magnétiseur, Friedrich Meisner, à la fin du XVIIIème siècle. A mi-chemin entre la manipulation et un certain sens de la guérison, Meisner créé une véritable emprise sur un petit village rural d’Allemagne, après avoir fait recouvrer la vue à une jeune aveugle. Petit à petit, ce faiseur de miracle va perdre son crédit auprès des habitants de ce village, ce qui le conduira à son procès et à sa chute sous la vindicte populaire.



Le héros d’Enquist s’appuie sur un personnage réel, l'expérimentateur célèbre dans le milieu du magnétisme, F.A. Mesmer (1734-1815). Mais comme souvent avec cet auteur, l’histoire mêle vérité historique et invention romanesque. Ecrit sous la forme d’un roman entrecoupé de notes issues d’un journal tenu par le docteur du village, ce livre se lit d’une traite et constitue à mon sens une bonne introduction aux autres ouvrages de l’auteur.

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La montagne aux trois grottes

A structure simple, narration foisonnante, et euphorisante, un roman très riche.
Lien : http://www.ricochet-jeunes.o..
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