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Critiques de Pete Fromm (1260)
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Le lac de nulle part

L’illustration de Sam Ward qui orne cet ouvrage n’est pas uniquement splendide. Ce dessin est davantage fidèle aux thèmes de ce livre envoûtant que la présentation de la quatrième de couverture. Deux embarcations dérisoires se fraient une trace dans un décor boréal. Elles brisent la glace du lac à moins qu’elles ne cassent les embâcles d’un secret de famille. Les pagayeurs se dirigent vers une lumière, celle d’une aurore ? d’une renaissance ? « Le Lac de nulle part » n’est pas un énième récit à la London même si la dimension « livre d’aventure », grâce aux descriptions haletantes des stratégies nécessaires pour affronter des conditions extrêmes, constitue une raison suffisante pour découvrir l’ouvrage. Mais, la remontée dans les souvenirs de ces jumeaux singuliers et des autres protagonistes dont le père qui a précisément de sérieux problèmes de mémoire, est, à coup sûr, un autre attrait de ce livre. Les relations des jumeaux Trig et Al s’envisagent et évoluent par des épreuves ou des passages, des rites marqués par l’importance de l’eau qu’elle soit vive, glacée ou même liquide amniotique.

Huis clos suggère l’éditeur ? Pas tout à fait : aux membres de cette excursion, le père et les enfants formant un triangle isocèle, s’ajoutent deux « éléments extérieurs » dont la mère qui semble briser cette mathématique aquatique. Le Ranger canadien, l’autre regard extérieur, monôme absent de l’équation familiale, vient rappeler que les relations humaines ne répondent pas à des axiomes ou des formules… Ces deux personnages permettent, par conséquent, de sortir régulièrement de ce piège blanc. Par ces échappées hors du déroulé du périple hivernal, l’auteur affirme la primauté des relations humaines. La littérature survivaliste défend parfois l’idée selon laquelle les humains ne peuvent pas lutter contre les contingences naturelles. Dans « Le Lac de nulle part », le combat contre les éléments n’est pas la lutte la plus importante. Le canoé est un bateau ivre qui permet d’affronter ses démons et de voguer vers une lumière extérieure et surtout intérieure. A la fin de ce voyage et sans révéler aucun secret, il est possible que Al se dise « Les Fleuves m'ont laissé descendre où je voulais ».
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Indian Creek

Dans ce récit très captivant, Pete Fromm nous raconte les 6 mois qu'il a passé au coeur des Rocheuses, en Idaho. Faisant une pause sur ses études en biologie animale, Fromm décide de répondre présent au poste qui le mènera à vivre seul, avec sa chienne Boone, dans une tente, afin de surveiller un vivier de saumons. Il aura à braver les froids extrêmes, les neiges tombantes sans fin, la faim, la crainte, le silence, mais surtout, il aura à apprendre à vivre avec lui-même, loin de la civilisation, coupé de tout. Un récit où la nature règne en maître, ne donnant d'autre choix que de vivre en totale communion avec elle. C'est long, c'est sur, c'est pas tendre... mais oh combien enrichissant ! Parce qu'il pourra se dépasser, aller au-delà de la peur, de la solitude et du manque. Le manque de ses proches, le manque des soirées festives, le manque des discussions, même si, souvent, elles ne veulent rien dire... J'ai suivi son périple, j'ai eu froid avec lui, mais j'ai aussi vu les espaces majestueux, les ciels étoilés grandioses, j'ai senti l'air frais, l'air pur... Seul bémol pour moi à ce livre, c'est les scènes de chasses. Âmes sensibles s'abstenir... mais elles servent le récit, ne sont aucune gratuite... Alors, nous ne pouvons pas lui en vouloir. Un récit à lire !!!
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Lucy in the sky

Moi, vous me connaissez, quand le héro est un gamin ou un ado, je craque...

Lucy, elle avait tout pour me plaire: ses yeux kaléidoscopes, sa coupe de cheveux agréée par la légion étrangère, ses réparties cinglantes, son humour grinçant et sa volonté de mordre la vie quitte à découvrir qu'elle a un goût amer...

Je crois bien que c'est Mary qui avait éveillé ma curiosité la première, tombée sous le charme de Pete Fromm, il y a bien longtemps... Mais vous savez comment c'est... On clique sur pense-bête, et on se retrouve très vite avec une PAL remplie de titres dont on ne sait même plus d'où ils sortent... Heureusement, quelquefois, quelqu'un vient rafraîchir votre mémoire défaillante...

On a tous, ici, des amis qui, non seulement nous épatent par la qualité de leurs billets, mais ont surtout un goût sûr, proche du nôtre, et à qui on fait confiance les yeux fermés. Alors quand un de ces « frères de livre » vient nous parler de Lucy, il a beau avoir troqué sa Norton contre une stratocaster, on sait qu'on peut y aller... J'ai foncé et Lucy a fait partie de ma vie pendant trois jours... Et elle me manque déjà...

Oh je ne me fais aucun souci pour elle... Cette gosse est armée pour la vie... Elle viendra à bout de tous les pièges, fermera les yeux, serrera les poings et trouvera son chemin en éclaboussant les autres de son énergie et son panache...

Pour le résumé, allez voir le billet de Marina, il est tout frais et elle fait ça tellement bien... Moi je ne vous transmets que le plaisir de lecture que j'ai eu avec ce bouquin. Pete Fromm m'a bluffé en se mettant dans la peau et dans la tête de cette adolescente, nous contant ce passage si particulier, où elle n'est plus une enfant mais pas encore une femme, dans une langue agréable, riche de dialogues et de réparties souvent drôles... C'est plein de joie, plein de colère, de peur, de tristesse... la vie quoi...

Allez, lisez-le, vous me direz merci comme je remercie ceux qui m'ont donné envie de le découvrir...
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Indian Creek

Le sauvage ouest américain aurait trouvé sa voix en celle de Pete Fromm depuis 1993.



L'histoire vraie (et c'est ça qui plait), archi connue (je m'adresse à celles et ceux qui étaient sur une autre planète), se déroule pendant l'hiver 1978 sous une tente rectangulaire à l'odeur de moisi, et a été vécue, puis relatée, par un étudiant américain en biologie. Son job a consisté à protéger deux millions et demi d'oeufs de saumons implantés dans un bras, au croisement de deux rivières la Selway et … Indian creek.



Job effectué chaque jour en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire au COeUR de la nature la plus sauvage qui soit !!!! Dans les Rocheuses hivernales. (A la fin, si vous êtes resté(e), vous saurez combien d'oeufs sont devenus poissons. Edifiant !)



Sous la tente, avec le jeune Pete F., il y avait Boone, chiot mi-berger mi-husky. de loin, le personnage le plus sympathique de l'aventure et du livre. Selon moi.



L'aspiration première de l'étudiant devenu écrivain à succès (grâce à  ce premier texte) était, je le cite, d'aspirer à « une vie de rêvasseries », « une vie idéale pour vivre en solitaire », « traînasser dans les bois, pendant sept mois ».



Les études devaient lui être bien pénibles à ce brave Pete, et les fêtes peut-être aussi (Monsieur lève facilement le coude) pour faire ce choix étonnant.



Ses connaissances géographiques comme expéditionnaires (car il s'agit bien d'une expédition) sont nullissimes, il ne s'en cache pas, ses erreurs, ses échecs, ses coups de mou… constituent une proportion importante de son texte. C'est un peu le sel de l'histoire.



Faut-il en rire ?



Le plaindre ?



S'en désoler ?



Je cherche encore…



Bref ! A coup d'épisodes mi - drôlissimes mi- affligeants, on mesure mieux de chapitre en chapitre son incompétence chronique. Ce semblant de pittoresque ajouté au récit rend plus rude encore son vécu.



C'est le but. le pauvre...



Va-t-il s'en sortir ?



Le suspense est de taille.



La carte postale au milieu de nulle part dans les montagnes de l'Idaho s'inscrirait dans le meilleur du NATURE WRITING (littéralement « écrire sur la nature »).



Mais la personnalité changeante du jeune homme, ses rencontres avec des fous furieux sur motoneiges, ses parties de chasses avec d'autres homo sapiens atroces(et ça se dit "modernes" !) , et ses chasses en solitaire par forcément utiles mais décrites avec d'infinis détails, ne m'ont pas plu.



Je n'ai pas l'âme d'une chasseuse. Certes ! Et je cherchais autre chose dans ce livre.



Il faut dire franchement, que pour un étudiant en biologie animale, Pete F. ne fait pas de cadeau aux bêbêtes en tous genres.



C'est donc l'histoire d'un mec mi étudiant mi poivrot mi glandouilleur qui pourrait être notre jeune cousin qui a décidé un jour de se prouver qu'il pouvait survivre sans se laver, en tuant, dépeçant et en vidant des animaux de toutes tailles. Au-delà du froid, de l'humidité et de la solitude. Quelle histoire !



Certes, sa plume est fort agréable (la suite de son parcours le prouvera et j'ai adoré « Mon désir le plus ardent » publié en 201 ), mais même si son texte est devenu culte, trop de détails, trop de chasses ont tué mon plaisir. Assez vite.



Monsieur Sylvain TESSON dans ses forêts de Sibérie savait allier style, contenu et poésie. C'était moins en altitude, sa cabane était solide, mais je m'y suis davantage projetée.



Pour respirer le grand air, quand j'en aurai envie, besoin, je me tournerai donc vers ce dernier. Assurément. J'aime mieux les rêveurs et les mélancoliques ivres de bouquins que les étudiants-chasseurs. Chacun son style.
Lien : http://justelire.fr/indian-c..
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Le lac de nulle part

Avant de lézarder au soleil cet été ou préférer l’ombre des pins parasols ; naviguer à vue dans le froid, le vent et la neige, au cœur des forêts, ça vous tente ? Soyons givrés, allons-y ! et plongeons dans le bleu de la couverture…



Dans ce roman, Pete Fromm nous fait découvrir les grands lacs et les étendues sauvages du Canada à travers l’aventure de Trig et Al, frère et sœur jumeaux, et leur père revenu les embarquer dans une « dernière aventure » après avoir disparu de leur vie depuis deux ans.



Hors saison estivale, l’automne s’installe et l’expédition d’un mois s’annonce pleine de surprises périlleuses et d’étrangeté mystérieuse dès le départ.



Un horizon fait de lacs et de forêts, et une immersion dans les souvenirs de chacun ; une exploration des liens.

« Il n’y a que des secrets entre nous ».



En pleine nature, noyés à n’en plus finir dans un environnement magnifique et sauvage aux aurores boréales et températures glaciales, des endroits au milieu de nulle part ; en canoë, pagayer, pêcher, camper, s’interroger, se remémorer.

« Qu’est-ce qu’on fait là ? »



Plonger la pale dans l’eau, en fendre la surface, reflet de nos espoirs, nos doutes et nos peurs, explorer ses pensées, sa solitude…



Naviguer sur des eaux d’apparence calmes, en secouer les fonds troubles, secrets enfouis et tourbillons…

Voguer, intranquille… Guetter le danger… Attentifs aux froids remous de la mémoire qui affleurent et inquiètent.



La nature est omniprésente dans ces paysages grandioses, au-delà d’un simple décor, je l’ai ressentie comme un personnage omniscient, en plus des jumeaux et des parents dans l’histoire.

Dans ce roman, se conjuguent aventure dans la nature sauvage et relations humaines.



Comment ces quatre personnages très seuls finalement vont-ils se reconnecter entre eux ?

La famille peut être vue aussi comme un lieu d’aventure à part entière.

*

Pete Fromm, que j’ai eu la chance de rencontrer dernièrement dans ma région, confie « la nature c’est tout pour moi ». Romancier référence en « nature writing » il confirme « j’écris sur ce que je connais (…) »

« La rivière est la métaphore parfaite qui convient le plus à la vie ; dans les rapides on doit continuer, on ne peut pas revenir en arrière…comme la vie… ». C’est tout à fait ça.



Un excellent moment passé avec cet auteur américain originaire du Wisconsin et vivant dans le Montana lors d’une rencontre-lecture-dédicace à Banon - Librairie Le Bleuet, des échanges fructifiant pour un éclairage complémentaire à la lecture d’un roman.

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Le lac de nulle part

Magnétique, ce page-turner permet à Pete Fromm de renouer avec ses sujets de prédilection : l'aventure et le canoë mais aussi la famille et ses dysfonctionnements. Piégés sur un lac qu'ils rebaptiseront le lac de nulle part, ses trois héros se confrontent à la nature bientôt glacée autant qu'à leur passé dans un roman de nature-writing bien difficile à lâcher (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2022/01/07/le-lac-de-nulle-part-pete-fromm/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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La vie en chantier

Taz aime Marnie. Ils achètent une maison à retaper et Marnie tombe enceinte. Tout est bien. Mais Marnie meurt en couche.

Le texte de Pete Fromm est le portrait de ce deuil, de la reconstruction de Taz, jour après jour. C'est beau et sensible, avec des pointes de douceurs, de tristesse, de lumière et d'espoir. Les gens, leurs sentiments sonnent tellement vrais, que ce soit Taz, la belle-mère, les amis.

Si je ne mets pas 5 étoiles, c'est simplement parce que j'ai trouvé certaines tournures de phrases étranges, comme une drôle de sensation. Je ne sais pas si c'est dû à l'écriture de Fromm, à la traduction ou si c'est moi.

C'était en tout cas un joli moment, une facette tendre de l'auteur que je suis ravie d'avoir découverte.
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Lucy in the sky

Fromm raconte comment la petite Lucy de 14 ans découvre le baiser, les petites gâteries, la baise, pour finir par ressembler à sa chaudasse de mère qui profite du départ de son bûcheron de mari pour s'éclater avec Man, Barnacle Bill et autres Ron.



Contrairement au 'Nom des étoiles' il y a si peu d'amour dans cette histoire terriblement superficielle de sous-vêtements, maquillages..., et j'ai fini par être agacé par les répliques à 'l'américaine' acerbes mais qui se veulent humoristiques.



Une des phrases les plus poétiques: 'J’avais besoin de m’essuyer le nez, mais la boîte de Kleenex était de l’autre côté de la pièce. Je me servis du revers de ma main.'
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Comment tout a commencé

Austin et Abilene. Le petit frère et sa grande sœur. Il a 15 ans, elle en a 20. Ils vivent dans une maison isolée au milieu du désert texan. Depuis leur plus jeune âge, ils partagent une passion commune pour le baseball. Abilene veut faire de son cadet le plus grand lanceur de tous les temps. Des années qu’elle l’entraîne sur une base désaffectée de l’armée. Austin est littéralement fasciné par son aînée, personnage insaisissable qui disparaît parfois pendant plusieurs semaines sans donner d’explications. Ses parents ont compris que quelque chose clochait. A la maison, l’ambiance devient de plus en plus souvent irrespirable à cause de l’attitude et des frasques d’Abilene. C’est une consultation chez un psy qui révélera la triste vérité : Abilene souffre d’un syndrome maniaco-dépressif. Pour Austin, impossible de voir la vérité en face. Pourtant la réalité va le rattraper, leurs liens d’apparence inébranlables vont se distendre peu à peu et le jeune garçon va devoir se faire une raison : si sa sœur n’est pas soignée, il risque de la perdre à tout jamais.



Au départ, les disparitions soudaines d’Abilene n’ont pas spécialement inquiété ses proches, surtout que ses justifications semblaient plausibles : « C’est juste que le monde devient si petit. J’avais besoin d’espace pour respirer. C’est tout. Juste un peu d’espace pour respirer. » Mais le problème est bien plus profond et les sautes d’humeur à priori anodines vont mettre en danger le fragile équilibre familial. Commence alors le combat d’un père et d’une mère pour sauver leur fille. Troubles bipolaires. Le diagnostic est implacable. Le traitement existe mais Abilene fait semblant de prendre ses pilules. Les phases d’espoir et d’abattement se succèdent dans une ambiance pesante, surtout que la jeune femme sombre par moments dans des périodes ou l’irruption d’une certaine forme de violence laisse craindre le pire.



A travers la narration d’Austin, Pete Fromm propose le portrait touchant d’une famille isolée qui voit avec impuissance l’un de ses enfants partir à la dérive. Affronter cette maladie est une bataille à laquelle personne n’est vraiment préparé. Mais avec dignité et abnégation, les parents vont tout tenter pour lui venir en aide. A ceux qui s’inquiéteraient de voir le base-ball, au cœur du récit, sachez que ce sport typiquement américain aux règles complexes n’est pas aussi important pour le déroulement de l’intrigue que dans L’art du jeu de Chad Harbach. Pas besoin d’être un spécialiste de la question pour comprendre les tenants et les aboutissants du roman. L’essentiel est ailleurs, dans l’évocation de la maladie, la douleur des proches et l’amour fraternel.



Comment tout a commencé est le premier roman de Pete Fromm. Publié en 2000 aux États-Unis après plusieurs récits (notamment IndianCreek) et recueils de nouvelles, il révèle un écrivain intimiste maîtrisant avec brio l’art difficile du dialogue.
Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Indian Creek

Nature writing / autobiographie / récits. Trois étiquettes tout autant prometteuses que risquées.

Risquées parce que frustrantes. Exemples : Sylvain Tesson, talentueux, certes, mais aussi modeste qu’un mausolée de maharadja, où qu’il t’amène, il faut qu’il convoque une douzaine de philosophes a minima, et si, par malheur, tu le lis, toi-même en voyage, va donc fourrer les 20 volumes du Littré dans ton sac à dos ! Mon oncle Martial, plus sympathique mais indéniablement moins doué. Depuis qu’il maîtrise le power point aussi bien qu’une souveraine britannique choisit ses galurins, deux fois l’an, nous sommes contraints d’affronter une version - 2.0 de son journal de bord et nous confronter à ses virées en Thaïlande, au Costa Rica ou même en Dalmatie… Pfff ! Que c’est long… Si l’intention est de réduire le contingent de touristes dans ces contrées, le contrat est réussi. Martial ou comment prendre en grippe les migrations des aînés fortunés.

Contre-exemple : 250 pages pour résumer sept mois de vie dans une montagne de l’Idaho, avec pour mission de veiller sur un bassin de saumons chinook. Le défi a été relevé par Pete Fromm près de quinze ans après cette aventure. Il avait 20 ans, et de son propre aveu, n’avait sans doute pas mesuré les conséquences de cet exil volontaire dans une modeste tente alors que la température extérieure ferait passer mon congélateur pour une plage des Antilles.

Le lecteur partage ses joies, ses instants de grâce, la rencontre d’un lynx, une éclipse, un feu de bois, mais aussi ses difficultés ou ses peurs. Les doutes qui surviennent au cours de ce séjour insolite ne sont pas occultés. Pete Fromm retrace sa vie d’ermite sans tenter d’en mettre plein la vue. La précision des descriptions de la faune, de la flore, d’un quotidien qui peut se révéler aussi exaltant que répétitif se double d’une modestie remarquable. Pete Fromm a l’élégance de reconnaître ses erreurs, ses gaffes, cette forme d’auto-dérision n’est jamais excessive d’autant que si Indian Creek est un formidable plaidoyer pour la conservation des beautés de la nature, l’exercice ne va pas jusqu’à l’excès militant. C’est par le beau et également par le choix d’un vocabulaire précis mais jamais ampoulé, que l’auteur parvient à nous convaincre que la nature est un temple dont la fréquentation offre des perspectives d’introspection bien plus épanouissantes que les mirages médicamenteux ou les manipulations de cupides gourous.…

Indian Creek se termine par une postface qui mérite à elle seule que l’on découvre ce singulier livre et si attachant écrivain : comment ce livre est né puis quelques pages sur le retour à Indian Creek. Superbe !

Mon libraire préféré a le projet un peu fou, via ses potes de Gallmeister, de faire venir Pete Fromm dans son antre aux livres lodévoise. Je suis sûr, que, pour une fois, j’accepterai de sortir de ma caverne… Si finalement, c’est Sylvain Tesson qui fait le déplacement, je trouverai bien du bois à rentrer ou un carré de terre à greliner…
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Le lac de nulle part

Avis mitigé pour ce roman de Peter Fromm, que je préfère dans d'autres romans qui illustrent mieux sa singularité d'écrivain humaniste et naturaliste. Nature et hommes sont bien là, mais mitonnés ici dans une sauce survivaliste qui na cessé de me donner l'impression que l'auteur cherchait la recette du thriller qui cartonne. Avec en prime la très agaçante insertion dans l'intrigue du drame familial très en vogue dans les romans américains ces derniers temps...

Ceci dit, cela fonctionne plutôt pas mal , la ballade familiale en canoë qui vire à la "Délivrance" dans les splendides paysages de lacs canadiens. Trig et Al, le frère et la soeur embarqués dans l'aventure par un père en dérive sont des personnages suffisamment incarnés et complexes pour qu'on s'y intéresse et qu'on compatisse et tremble pour eux à mesure que le froid gagne et la sortie du tunnel s'éloigne..;

Le paradoxe le plus réjouissant du roman restant que l'évocation parfaitement maîtrisée (la patte Fromm) d'une nature extraordinairement belle et puissante donne autant envie de s'y plonger que de fuir à jamais le camping, les lacs et les virées en famille.
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Mon désir le plus ardent

Lecture ardue pour moi. J’ai souvent relu les mêmes paragraphes, ne comprenant pas qui parlait, si je n’avais pas loupé une page ou eu une coupure lors de ma lecture. La vie d’un couple passionné des eaux et de pêche qui va bientôt s’arrêter pour elle, la narratrice, après le diagnostic de sclérose en plaques. Quelques passages drôles. Scènes de sexe. Deux grossesses, ligne d’après, l’enfant est déjà grand. Se veut une belle histoire d’amour.
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La vie en chantier

Une vie vrillée d’un deuil inattendu, de craintes obsédantes. Récit de l’affrontement et de la résilience, La vie en chantier nous plonge dans une familiarité émoussée, par le biais d’une prose emplie de finesse et de sincérité. Encore une fois, Pete Fromm excelle dans le dévoilement de sensations et inscrit ce nouveau roman dans une continuité narrative, sans jamais trahir son lectorat.



Aux confins de la perte et de la solitude, Taz, dont nous auscultons les errances mentales, sombre dans une vie solitaire qui semble condamnée à une éternelle viduité. Une abîme remplie par les eaux d’un torrent de chagrin. Une désolation gémissante s’approchant dangereusement de l’auto-destruction mais qui peu à peu mâtine avec la consolation, portée par le dévouement de Taz pour sa fille Midge, désormais orpheline de mère et l’assistance de Rudy et d’Elmo. Transmuer la mort en un amour filial inconditionnel. Comme si l’amour s’adressait à une certaine résurrection, capturant la lumière et s’élevant au dessus des épreuves et vicissitudes du quotidien.



A priori, Pete Fromm nous raconte souvent les mêmes histoires fictives, dont le centre névralgique s’articule autour d’une capsule familiale, bouleversée parfois anéantie par les tourments d’une vie. Toutefois, l’auteur assure avec brio le pari de toujours surprendre, par son prodigieux don de portraitiste en faisant jaillir des écrins sensibles d’une grande justesse et dont le·a lecteur·rice partage assurément les secousses. D’une éminente matérialité littéraire, le récit niche une prose sincère et attentive sans jamais céder à l’écueil des lamentations excessives.



Article complet sur le blog
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Mon désir le plus ardent

Après Indian Creek , je m'attendais à un roman du même genre , sur la nature . Si le cadre reste toujours un peu sauvage , le sujet n'est pas le même ! Ici c'est l'amour qui transcende tout ! Dalt et Maddy sont un jeune couple plutôt fun et épris de liberté , ils n'aiment pas le conventionnel et aucune barrières ne semblent trop haute pour eux. Oui mais voilà, le destin a décidé de s'en mêler et de contrarier leur plan de vie ! Maddy et Dalton m'apparaissent comme les personnes les plus courageuses qui soit , terriblement attachants et drôles . C'est beau , c'est triste ( quelques larmes quand même), rythmé et très juste ! Alors une fois de plus je loue le talent de Pete Fromm, qui réussit à se diversifier totalement et à m'emmener une fois de plus dans une très belle histoire !

Challenge USA

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Lucy in the sky

Elle est belle Lucy, un peu trop d’ailleurs, embarrassée de ses nouveaux seins, de ses cheveux, de ses attributs féminins, de ses nombreux prétendants. Embarrassée de sa famille, père toujours partit, mère trop jeune. Embarrassée par son statut d’ado, elle qui aimerait rester un petit garçon manqué, en haut de sa tour -cage à l’épervier - d’ivoire, pour toujours.

Et pourtant elle est belle Lucy, comment ne pas s’attacher ? grande maigre à l’esprit vif, culotté (quoique... pas toujours !), sensible, un brin espiègle, tourmentée aussi, malmenée par la vie. Au milieu de ce chaos qu’est sa vie, elle tente de trouver sa place, découvre la sexualité, s’ouvre au monde des adultes.

Lucy à fleur de peau, en colère contre le monde entier, amoureuse impulsive aux réparties cinglantes. Une héroïne comme je les aime, si vivante sous la plume de Pete Fromm qui nous offre ici un roman d’aprentissage émouvant, drôle et d’une grande finesse.

Un gros coup de coeur.
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Le nom des étoiles

25 ans après son célèbre Indian Creek c'est comme nounou pour bébés poissons que Pete Fromm rempile dans un Montana froid et pluvieux qu'il parcourt en chantant très fort pour éloigner les grizzlis.



C'est l'occasion d'un retour sur sa vie, ses petits jobs saisonniers de maître nageur ou gardien de parc, les rencontres qui l'ont amené là. Il sait bien manier sa plume et ces souvenirs sont vraiment plaisants.



Et le plus beau, l'amour pour sa femme Rose et ses jeunes gamins Aidan et Nolan qui ne rêvent que d'accompagner leur papa.

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Mon désir le plus ardent

Le terme "roman d'amour.," parfois gaulvaudé, renvoie, dans l'imaginaire de tout un chacun, à la collection Harlequin, ou a des auteurs à l'eau de rose comme Barbara Cartland!



Heureusement, sont régulièrement publiés des romans qui redonnent leur lettres de noblesse à la littérature romantique : des histoire de passion, d'amour et de mort où tout est étroitement lié et où la plume de l'auteur, bien évidemment, transcende tout..



Illustration en est faite avec ce formidable roman de Pete Fromm avec le sublime portrait d' un amour qui dépasse tout ce qu’on peut imaginer, d'une force émotionnelle rare car elle ne tombe pas dans les clichés habituels de ce type de récit.



Jamais son roman ne tombe dans les clichés, il nous surprend toujours avec un côté " le plus beau jour du reste de ta vie qui se focalise sur des épisodes a priori anodins de la vie d'une famille, mais qui en disent finalement long..



Impossible de ne pas être bouleversé par cette formidable la vie d'un couple hors norme, c’est merveilleux, poignant, et comme la narratrice a un humour grinçant, on sourit parfois. et on est émus ..

..toujours .. Un immense roman d'amour et immense roman tout court !
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Chinook

L'art de la nouvelle, c'est d'accrocher l'instant, cette parenthèse dans le temps qui en ne disant presque rien, nous en dévoile pourtant tellement.



La spécificité du Chinook, c'est de souffler à contre-climat sur le Montana, parenthèse réchauffante pendant l'hiver pour ces terres glacées et sauvages. Le temps d'un vent, l'hiver semble s'effacer et la nature dévoile un court instant ce qu'elle cachait. Avant que la neige ne recouvre inéluctablement le tout.



Je n'aime pas les nouvelles, mais l'exceptionnel conteur qu'est Pete Fromm sait mieux que quiconque faire passer le chinook sur ses compatriotes de Great Falls, gens simples, heureux malgré tout, parfois fragiles... le temps d'un vent, il ouvre une parenthèse de leur vie autour d'une question toute simple : l'amour, le pardon, le regard sur autrui, la peur du lendemain, la famille, la tolérance ou la liberté. C'est généreux sans être bêtifiant, profond sans être barbant.



Et bien entendu, il y a la nature, splendide, magnifiée par le regard amoureux posé par Fromm : un oiseau qui passe, une rivière, un cerf, la montagne, la rosée... C'est simple, c'est beau, c'est Fromm : un magicien du nature writing qui n'a pas besoin de mots à profusion pour exprimer des sentiments complexes, qui a tout compris du rythme de la nouvelle, qui sait habilement faire alterner dialogues et descriptions.



Chinook - joliment traduit par Marc Amfreville - est à lire pour qui veut découvrir une littérature profonde faite de mots justes et de grands sentiments.
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Mon désir le plus ardent

Voilà, c'est fini. Quelques heures en compagnie de Maddy et Dalt, pour bénéficier d'un peu de leur lumière, d'un peu de ce bel amour inconditionnel, de cette simplicité à toute épreuve. L'épreuve, c'est la maladie de Maddy. La simplicité, c'est l'amour : si on s'aime, on s'aime, un point c'est tout. Fonder une famille, partager le quotidien, et se dire qu'on est de sacrés veinards.

Pete Fromm réussit l'exploit de ne jamais tomber dans le pathos, ni la facilité. Un talent aussi pour se mettre "dans la peau" d'une femme. Une lecture qui ne tire pas des larmes qu'à la fin, toute en finesse, en rudesse aussi.

Trop beau pour être vrai, et pourtant tout sonne juste et vrai, c'est donc du grand art.
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Le nom des étoiles

Pete Fromm a donc remis ça, plus de 20 ans après, il veut encore se rendre utile pour surveiller la croissance de poissons, la marque n’est plus la même mais les deux tâches se ressemblent. Deux différences importantes sont à signaler par rapport à sa première expérience de solitude dans les montagnes du Montana : la durée du séjour beaucoup plus courte et la saison beaucoup plus clémente.

Solitude humaine faut-il préciser parce que notre sympathique écrivain est toujours entouré de bestioles : nombreux oiseaux, wapitis, cerfs de Virginie, coyotes, loups et surtout grizzlis. La réputation de ces derniers n’est pas un mythe urbain. Fromm avoue que la peur de ces mercenaires Wagner des Rocheuses peut lui déclencher de sérieux troubles intestinaux. Un phénomène pour lequel je pense pouvoir battre Fromm à plate couture quand je songe à ma réaction face aux patous qu’il m’arrive de croiser sur le Larzac ou ailleurs. Que les lecteurs potentiels de ce « Nom des étoiles » se rassurent, les considérations scatologiques du séjour de Fromm ne prennent que quelques lignes. Ce détail permet juste de souligner que Fromm ne tente pas de jouer les héros. Comme dans « Indian Creek », nous sommes immergés dans la réalité de cette expérience singulière où les tâtonnements expérimentaux sont relatés sans fioritures et une honnêteté digne de Célestin Freinet. Ce journal de bord passionnera, donc, tous les amateurs de littérature nature par la précision des observations de la faune et de la flore, par le descriptif de toutes les activités d’un quotidien d’homme des bois. Si le Pete Fromm du « Nom des étoiles » a plus de 40 ans, celui qui écrit le livre en a près de 60. A 40 ans, il est trop tôt pour faire un bilan de sa vie, à 60, surtout lorsque l’on a frôlé la sortie de route définitive, un « rapport d’activités », fût-il celui d’un trappeur, ne suffit pas. En relatant cette nouvelle réclusion consentie, Pete Fromm choisit d’évoquer sa paternité, sa responsabilité dans l’éducation de ses deux enfants et cette articulation si particulière qu’il existe entre le statut de père et celui de fils que l’on vit parfois en même temps. Le « Nom des Etoiles » n’est pas aussi spectaculaire qu’«Indian Creek » qui frappait surtout par l’enthousiasmante découverte de la nature sauvage, mais la maturité de l’écrivain offre de très belles pages d’hommages à ses proches, sa famille bien sûr, et aussi au très attachant Sage

Ce livre confirme que Pete Fromm n’est pas un simple aventurier, il est un brillant explorateur des relations humaines.
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