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Critiques de Peter Handke (202)
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La Femme gauchère

Est-ce que le terme "gauchère" a le même sens en allemand qu'en français: maladroite, tordue, bancale? Peut-être que l'allemand recèle un autre sens que nous ne pouvons pas comprendre? Cette femme est-elle gauchère parce qu'elle souhaite vivre libre et seule? (Attention, seule ne signifie pas solitaire. Car contrairement à ce que disent de nombreux babelionautes, la femme, Marianne, quel drôle de nom pour une autrichienne, ne connaît pas la solitude. Elle n'a peut-être jamais été aussi entourée depuis qu'elle fit le choix de quitter son mari. Elle voit son enfant, l'ami de son enfant, son père, une amie institutrice, un éditeur, un acteur au chômage, une vendeuse). Seule et libre donc, c'est à dire sans un mari, comme le voudraient les conventions sociales de l'époque.

Et il y a cette chanson qu'elle écoute souvent, "toujours le même disque" page 90, The lefthanded Woman, racontant la vie d'une femme très entourée mais quand même seule. C'est peut-être cela la solitude, la gauchitude, en allemand ou en français, se sentir seul au milieu des autres.

Il y a enfin cette impression étrange dans ce roman qui débute selon le cours ordinaire des choses et où apparaît sans crier gare une attitude insolite ou inhabituelle: un pleur, un rire, une chute. Une gaucherie?
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Le malheur indifférent

Après le suicide de sa mère en novembre 1971, Peter Handke sent la nécessité de raconter sa vie (celle de sa mère). Raconter et non pas écrire, car son projet est bien entendu littéraire. Cette nécessité se confronte alors à l'exigence d'une œuvre artistique et Peter Handke fait le choix de croiser voix de l'auteur en création et voix narrative, comme le fera quelques années plus tard Nathalie Sarraute dans son roman autobiographique Enfance, pour mettre en valeur les multiples dangers inhérents à l'écriture sur soi ou sur ses proches. Le personnage du roman, la mère, se construit donc de différentes manières au fur et à mesure du récit. Personnage type au départ, sa présence se formule par le pronom impersonnel "on", puis sa personnalité se dessine plus nettement en fin de récit avec le pronom "elle".

Enfin, Le malheur indifférent témoigne aussi, à travers la vie de cette mère, de l'histoire du XXe siècle en Autriche et en Allemagne, entre montée du nazisme et lourde défaite, société en reconstruction et société de consommation, et émancipation des femmes.
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Toujours la tempête

"La littérature, c'est le langage devenu langage ; la langue qui s'incarne." J'avais lu cette phrase de Peter Handke sans vraiment comprendre ce qu'il voulait dire. Eh bien, c'est Toujours la tempête qui l'explique.

Toujours la tempête est au roman ce que Dogville est au cinéma : c'est du théâtre. L’œuvre est constituée de monologues, de dialogues à l'intérieur du paragraphe, sans retour à la ligne, avec des inclusions de lettres.

Il y a une histoire, celle de la Carinthie, à travers la rencontre entre un homme et sa famille (grands-parents, mère, oncles et tante) dans le passé, remontant avant sa propre naissance - sa mère est une jeune fille, puis une femme enceinte, ensuite l'enfant naît ; et de son landau, il prend "sporadiquement des notes".

Dès la première partie se pose la question de la langue dans laquelle ils échangent. Peter Handke est originaire de Carinthie, une région du Sud de l'Autriche dont la langue originelle est le slovène : langue méprisée, discriminée au profit de l'allemand. Il explore les liens qui existent entre langue, mémoire et nation, voire nationalisme (apportant ainsi son éclairage personnel sur ses regrettables positions pro-Milošević).

Les parties suivantes évoquent la façon dont la Seconde guerre mondiale va impacter cette famille, vivant jusqu'alors paisiblement de ses pommiers. Des enfants doivent partir se battre sous l'uniforme nazi, d'autres s'engagent dans la Résistance slovène, "seule Résistance armée durable" dans l'Allemagne nazie (Je l'ai découvert). Puis après la chute du régime hitlérien, les espoirs de la population slovène seront trahis. "On m'a creusé pour tombe notre pays tout entier".

Une lecture un peu ardue au départ, mais totalement captivante, tant le fond que la forme.

Élégante traduction d'Olivier Le Lay.
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L'angoisse du gardien de but au moment du p..

Je ne comprends pas ce livre qui promettait pourtant ne serait-ce que par son titre très original. A quoi sert-il ? Cela n'a ni queue ni tête. Aucune histoire sous-jacente. Il voit ci, il voit çà et alors ? Heureusement que ce livre est court sinon je ne serai jamais aller au bout. Une énorme déception.
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Histoire d'enfant

"Histoire d'enfant" est un roman écrit en 1981, par Peter Handke, prix Nobel de Littérature 2019.



Un petit chez-d'œuvre de délicatesse qui m'a réconciliée avec Peter Handke dont je n'avais pas du tout aimé "Par une nuit obscure je sortis de ma maison tranquille". Le style est tellement différent, on a du mal à accepter que les deux livres soient du même auteur.



Ici, tout est feutré et détaillé, tout est délicatement dépeint, chaque geste, chaque décision du père de l'enfant. Depuis la naissance de l'enfant, qui s'avère être une fille, jusqu'à ses dix ans. L'enfant vit avec son père et passe ses vacances avec sa mère. L'adaptation à l'école est difficile, alors le père change l'enfant d'école mais chaque changement apporte son lot de souffrance jusqu'à ce que l'enfant s'endurcisse un peu. Il y a aussi le problème de la langue, leur langue maternelle est l'Allemand mais cette langue est mal acceptée dans le pays où ils habitent. L'enfant est marginalisée à cause de sa nationalité dans ce pays étranger, elle ne se sent pas comme les autres.



J'ai bien aimé ce livre où l'amour paternel est présent à chaque page, où tous les petits faits et gestes du quotidien avec un enfant sont décrits avec finesse et tendresse.

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Gaspard

Au-delà d'une simple pièce de théâtre, voici la description d'un dispositif de performance, comme on ne disait pas encore à l'époque (1967) librement inspirée de la déroutante biographie de Gaspard Hauser (1812 ? - 1833), et qui restitue un certain plaisir de lecture.

D'ordinaire, je n'aime pas beaucoup lire du théâtre. Ce qui peut m'arriver de mieux en lisant une pièce de théâtre, c'est avoir envie de voir le spectacle dans sa totalité, ce qui dans le fond me frustre encore de n'avoir que son support écrit, son point de départ, et pas plus. Mais avec ce texte-là, on est tout de même au-delà de ses limitations. En premier lieu, c'est un monologue (disons, pour être exact, que le qualificatif de "monologue" est peut-être ce qui le décrirait le moins mal en un seul mot...), et un monologue, de manière générale, je trouve ça toujours un peu plus agréable à lire, c'est au moins plus coulant, c'est quasiment comme si ce n'était pas du théâtre. Sauf que là cette possible fluidité est en réalité mise à mal par des didascalies - en réalité une monstrueuse didascalie qui prend possession de l'œuvre, souvent sous la forme de deux colonnes imprimées sur la page et qui seraient à lire simultanément, ce qui est impossible, tout comme semblent impossibles à mettre en scène beaucoup des indications de l'auteur. On parvient donc à des niveaux de lecture particulièrement enfouis, entre lesquels peut-être, la description d'une représentation impossible sur un sujet d'abord dans l'impossibilité de s'exprimer et qu'on forcera pourtant à parler pour bien faire sentir qu'il lui est impossible de le faire vraiment. Le vertige est complet si on a pris le soin de lire auparavant ces quelques mots d'apparence anodine sur la quatrième de couverture : "Représentée pour la première fois le 11 mai 1968 [...] la pièce Gaspard ..." Autrement dit, c'est impossible, mais ça a déjà été fait. Moralité : j'aurais furieusement envie de le voir. Mission accomplie donc, et avec brio !
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Par une nuit obscure je sortis de ma maison..

Une belle plume, mais une lecture laborieuse d’un auteur nobélisé.



Premier contact avec l’Autrichien Handke qui a reçu le Nobel de littérature 2019. J’ai parfois été emportée par la qualité des descriptions, mais je ne me suis pas attachée à ce héros pharmacien qui parcourt la campagne. On ne sait trop quand il passe de la réalité à un univers onirique. Est-ce qu’il souffre toujours de l’ablation d’une tumeur au front ou bien des coups reçus par des inconnus ? À moins que ce ne soient ceux de celle qu’il appelle « la Victorieuse ?



Un roman énigmatique, peut-être pas le meilleur (ou le plus accessible) de l’auteur.

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La voleuse de fruits

Après le prix Nobel de Littérature 2021, Gurnah, que j'ai détesté dans son livre Paradis, j'ai également détesté le Nobel 2019, pas de chance. Ici c'est simple il n'y a PAS d'histoire. Non, vraiment, rien. Pendant 60 pages l'auteur parle de lui, d'un vagabondage pour sortir de chez lui pour aller vers sa maison de campagne (qu'il ne rejoint pas), puis, comme ça, ex abrupto, on commence l'histoire de la voleuse de fruits. Et la narration est la même, absurde, sur les 150 pages suivantes. On passe d'un paragraphe à l'autre sans lien, sans s'attacher à ce qui vient d'être lu. On passe d'une narration des plaques d'égouts à celle (sur deux pages entières) d'épluchage de noisette. Absurde. Et la voleuse de fruits ne se lie à rien, à personne, tout est remplaçable, oubliable. Tout cela pour arriver à la fin à un discours du père qui tient du surréel, illisible. Et les deux dernières pages sont tout aussi vides. Alors, c'est peut-être par la "rêverie" que ce livre est trouvé exceptionnel par Télérama mais ce n'est pas du tout ma tasse de thé. Il y a un aspect qui se veut parfois de Don Quichotte (dans des plus mauvaises lignes), cf. "sans que rien digne d'être raconté ne survienne", mais malheureusement, c'est tout le livre qui est ainsi ; et Cid Hamet Ben Egeli n'aurait sans doute pas trouvé à porter la plume pour cette "histoire". Handke a beaucoup écrit, je suis peut être mal tombé, mais c'est clair que je ne vais pas lire un autre de ses livres avant longtemps.
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Le malheur indifférent

Le style de Peter Handke est inimitable.

Les phrases sont courtes , ce sont surtout des propositions indépendantes avec peu de subordonnées. Les faits sont relatés à l’état brut , chronologiquement, à la manière d’un rapport journalistique. L’auteur semble se distancier du personnage unique de son récit comme si il parlait d’une étrangère .alors qu’il nous raconte avec force détails la vie somme toute banale de sa propre mère, morte dans des circonstances tragiques. En utilisant ce procédé il fait d’elle un personnage universel , presque une héroïne invisible des temps modernes et rend à sa mère et à toutes les femmes de l’entre deux guerres un hommage posthume ,à ces femmes allemandes , prisonnières de leur condition, à l’existence rythmée par les 3 K ( cuisine, enfants, église). L’auteur donne ainsi une force et une grande émotion à son récit.

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La Femme gauchère

Peter Handke crée des atmosphères très étranges, avec des morceaux de la vie quotidienne. Ici, un lotissement de maisons des années '70, une femme, un enfant, les gens (solitaires) qu' elle croise. Son style peut être d'une froideur chirurgicale, et j'aime bien. C'est un roman sur l'écrivain et probablement très autobiographique. Je mettrais son roman parmi les fictions du réalisme magique.
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La Femme gauchère

L'Autriche, c'est ce pays qui a donné à l'humanité aussi bien Wolfgang Amadeus Mozart qu'Adolf Hitler. Or, on ne leur en sait pas plus gré qu'on ne leur en tient rigueur. Tout ce que ça fait, c'est renforcer encore cette tendance que tout le monde a de les prendre pour des allemands. Eux voudraient bien exister pour quelque chose de plus que les Valses de Vienne, alors ils trépignent un peu parfois, autant qu'ils l'osent, élisant par exemple périodiquement des dirigeants d'extrême-droite. Rien n'y fait vraiment, tout le monde s'en fout un peu. Je suppose que ça génère chez leurs artistes ce type de névrose qu'on peut retrouver, en y regardant bien, de Thomas Bernard à Peter Handke, en passant par Michael Haneke.

"La femme gauchère", c'est un peu "Un homme qui dort" (Georges Perec) autrichien : la chronique, sans dire de quoi il s'agit, d'un bon gros épisode dépressif, en le vidant de toute sa facilité sinistre pour y mettre en lumière ce qu'il peut avoir d'intelligent et poétique. Sauf que Handke, bien sûr, ne parvient ni, peut-être, ne cherche à atteindre le degré d'intimité qu'entretient Perec avec son personnage. Ce ne serait absolument pas autrichien. Il scrute le tableau à distance, sait très bien ce qui s'y joue et s'interdit de le formuler d'une manière directe qui serait fort embarrassante pour tout le monde. Sauf que ce n'est que pour mieux nous perturber avec cette succession de scènes possibles (érotiques, violentes, inquiétantes) mais qui n'adviennent jamais totalement - comme peut-être le livre tout entier, au bout de l'impuissance à saisir le réel à laquelle l'auteur de "Outrage au public" nous invite, encore une fois, à nous résigner.
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L'angoisse du gardien de but au moment du p..

Au préalable, il faut bien avoir à l'esprit que ce livre de 155 pages ne comporte pas le moindre chapitre.

Il s'agit en effet d'une suite ininterrompue de mots, d’événements, de personnages qui ne semblent n'avoir aucun rapport les uns avec les autres.

N’espérez pas vous accrocher à une quelconque intrigue policière, c'est totalement confus, chaotique, désorganisé, sans queue ni tête.

La lecture de ce méli mélo est laborieuse au possible même si in fine, on perçoit bien qu'il y a un sens caché derrière ce magma.

A réserver aux aficionados de cet écrivain.

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Essai sur la fatigue

Essai sur la fatigue - Que dire si ce n'est que je ne suis peut-être pas assez lyrique ou mystique dans l'âme pour complètement saisir le propos de l'auteur. Pour autant, j'ai apprécié certaines de ses images et sa volonté de présenter cet état qui peut nous affecter comme une sorte de cadeau de la vie.



Je retiens de cet essai - qui m'a semblé être un monologue - que la fatigue se mérite. Elle est le privilège du travailleur, que lorsqu'il a écrit cet essai, l'auteur voyait comme le travailleur manuel et non le travailleur tertiaire (qu'il voit comme un bourgeois qui ne connaîtra jamais la vraie fatigue).



Pour entrer dans cette fatigue, le monde doit vous user physiquement. Et seulement là, vous touchez cet état de "grâce".



Ainsi, j'ai apprécié l'image de la "fatigue commune" des gens qui travaillent la terre et qui vivent cette fatigue en commun à la fin de leur labeur.
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La courte lettre pour un long adieu

Comme dans l'Angoisse du gardien de but au moment du penalty, il est question d'errance dans ce roman "américain" de Peter Handke. Un cheminement doublement tortueux, tant géographique que psychique, d'un narrateur que d'aucuns trouvent très antipathique qui, mû par le désir ambiguë à la fois de fuir et de revoir son ancienne compagne, se retrouve à rejouer l'histoire pionnière des États-Unis, tel un western hollywoodien.
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La Femme gauchère

Un court roman dont le thème principal est la solitude - souhaitée, conquise comme liberté par la femme gauchère qui demande à son mari de partir; solitude vécue comme un drame par la vendeuse enrhumée, l'acteur au chômage et surtout le père qui a peur de mourir seul.

Les personnages sont ainsi souvent désignés par leur fonction , laissant la possibilité au lecteur de généraliser le propos. Seuls le mari Bruno et Franciska la maîtresse ( au double sens du terme) sont identifiés par leur prénom.

Quand elle se retrouve seule avec son fils de huit ans, la femme reprend son travail de traductrice. On suit alors les détails de leur quotidien, leurs silences, leurs conversations. La vie quoi.

Est-ce cela le bonheur ?
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La voleuse de fruits

Difficile de résumer le parcours étrange du narrateur et de la voleuse de fruits dans cet "aller simple à l'intérieur du pays". L'auteur en effet propose au lecteur un cheminement dans l'espace et dans le temps dans une succession de paragraphes plus ou moins longs entrecoupés par un blanc.

On avance lentement dans le parcours du narrateur d'abord puis on suit la voleuse de fruits de la banlieue parisienne à la campagne picarde. Trois jours de vagabondage à la recherche de sa mère disparue, 3 jours de rencontres avec des êtres comme elle, indépendants et comme coupés de la société normative. Surtout elle découvre des lieux, monuments, villages, et tout ce qui vit dans la nature. A Courdimanche, elle assiste à une veillée funèbre, plus loin elle sauve un chat de la mort, avec son compagnon de route, un livreur de pizzas, elle s'arrête dans une auberge tenu par un vieil homme ...Attentive aux autres, elle se découvre elle-même.

Une prose aux sonorités subtiles et au rythme particulier qui est une invitation à la relecture. Magnifique.
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La Femme gauchère

Au matin d'une nuit dont on ne sait rien, une femme annonce à son mari qu'elle veut vivre seule et qu'il doit partir. Il répond que, du coup, il remonte boire un café. Puis il part habiter ailleurs. La femme se balade avec leur enfant, reprend un travail, fait des rencontres.

Première impression : une écriture très étrange, chirurgicale, dénuée d'affect.

Deuxième impression : l'écriture est ce qui fait la magie de ce très court roman. L'affect n'est pas dans l'écriture, mais dans ce qui n'est pas écrit, justement. Cela donne le sentiment de lire, non pas un roman, mais une pièce de théâtre dans laquelle les comédiens seraient libres de changer d'interprétation tous les soirs...

Étrange, dérangeant, inoubliable.

Sobre et efficace traduction de Georges-Arthur Goldschmidt.

Challenge Nobel

LC de septembre 2021: "Première rencontre"
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La grande chute

La grande chute correspond exactement à ce que j'attendais d'un grand Handke. À la fois dans la narration, dans le style, dans l'histoire (s'il faut absolument en chercher une!), autant que dans la sensation que ce texte procure au lecteur. Une expérience de lenteur-langueur, une sorte d'asphyxie parfaitement contrôlée, une plongée qui nous rend attentif aux moindres détails, aux moindres ondulations, au rythme de notre respiration.

Il faut imaginer suivre un homme quelconque qui marche, sans destination précise - la ville, lieu de la chute - dans un décor-paysage vide, parsemé des « maisons » d'Anselm Kiefer, et accompagné de la musique de Warren Ellis qui gratte ou frotte un instrument bricolé, qui pourrait s'approcher d'un violon (tiens tiens, ces trois artistes hors-normes (Autrichien, Allemand et Australien) habitent tous la France ! ).

Il y a certainement plusieurs interprétations possibles de ce livre, une assurément symbolique ( de la campagne à la ville ; la grande chute finale ; les personnages rencontrés mi-réels, mi-imaginés ; le sens des promeneurs ; l'orage, etc.), mais depuis mes premières lectures d'Handke, je parcours toujours celles-ci comme une expérience du temps : un rythme-narration qui parviennent presque à figer le temps : un espace-temps compact, dense et complètement rempli. La grande chute amplifie justement ce sentiment d'absence de progression, d'immobilité. Le personnage se déplace, mais tellement lentement, qu'on a l'impression qu'il reste surplace et que c'est le paysage qui défile autour de lui. Comme lorsqu'on est convalescent et que l'on regarde les choses bouger autour de nous, cela nous parait irréelle, détaché de tout... Autant l'ultime chute elle-même.
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Par une nuit obscure je sortis de ma maison..

Après son prix Nobel (2019) je me suis réjoui de découvrir un auteur que je ne connaissais pas. En lisant les critiques je comprends que ce livre n'est peut-être pas la meilleure porte d'entrée dans l'univers de Peter Handke, et pour moi la porte est restée close.

Comme le titre l'indique, il s'agit d'une errance dans un petit village où il ne se passe pas grand chose. Le style est très lent, mais entrecoupé de sauts dans l'histoire qui rendent le livre presque incompréhensible.



On ne reçoit pas le prix Nobel en écrivant des romans de plage, et Peter Handke (ce livre en tout cas) ne déroge pas à la règle.
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Souterrain-Blues

Je dois préciser qu'il est très rare que j'apprécie les pièces de théâtre contemporain en forme de monologue. Il y avait donc tout à parier que je n'aimerais pas Souterrain-Blues, mais comme je n'avais pas grand choix pour ce qui est du théâtre de Handke à la bibliothèque, j'ai tenté le coup quand même. Après tout, on peut toujours être agréablement surpris. C'est raté.





Un homme, dit "L'homme sauvage", monte dans une station de métro indéterminée, dans une ville indéterminée, et se met à invectiver les autres passagers pendant tout le trajet. Un trajet qui dure, qui dure, mais qui dure... Tout y passe, le maquillage de telle passagère, tel couple qui rentre chez lui, un homme qui va travailler, et ainsi de suite. Et tous les sujets, donc, y passent. Jusqu'à ce qu'une femme entre à la fin du trajet et renverse la situation, en adoptant la même attitude agressive que celle de l'homme sauvage.





Évidemment, on retrouve ces invectives que lancent d'individus en marge dans les rues de toutes les villes, qui sont forcément dérangeants au milieu d'individus dans la norme. Mais celui de Handke utilise un discours plus construit, qui semble dénoncer des tas de tares de la société. Un discours caricatural tellement il est appuyé et répété sous toutes ses formes à l'envi. D'où l'intervention de la femme à la fin du trajet. Et on retrouve tous les arguments qui nous servent à tous à pointer du doigt les problèmes sociétaux occidentaux. Seulement voilà, quel est le but de Handke ? Justement pointer ces problèmes de société ? Si c'est le cas, pourquoi faire un intervenir un second personnage qui démonte tout le discours de l'homme sauvage ? Est-ce qu'il s'agit de montrer au contraire à quel point on peut se montrer grotesque à pointer ces problèmes de société ? Je ne saurais trancher.





J'ai trouvé la pièce horriblement répétitive, franchement pas dérangeante (si là est bien le but de Handke ; je suis nettement plus dérangée par ses propos sur la guerre de Bosnie-Herzégovine), mais terriblement longue à cause de l'ennui que j'en ai éprouvé. Je n'ai trouvé aucun intérêt pour ce monologue qui se noie dans les clichés et qui ne me semble mener nulle part.

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