AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Pierre Jourde (257)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Pays perdu



N°901– Mai 2015



PAYS PERDU – Pierre Jourde – L'esprit des péninsules.



Parce que son frère vient d'hériter d'un lointain cousin, Joseph, il revient avec le narrateur dans ce village perdu du Cantal pour prendre possession de son héritage, au vrai pas grand chose une fois que toutes les vieilleries auront été brûlées et les lieux nettoyés de tout ce que ce vieux célibataire avait, tout au long de sa vie, amassé. C'est aussi l'occasion d'apprendre la mort de Lucie, une jeune fille du village, torturée depuis longtemps par la maladie et d'aller à ses obsèques.



Ce roman qui se déroule sur deux jours retrace la vie des habitants d'un petit village du Cantal, Lussaud, où l'auteur a ses origines. C'est effectivement un pays perdu, un petit village de quelques familles dont le nombre va diminuant, où la route qui y mène se termine en cul-de-sac. A l'occasion de cet enterrement où il va revoir des voisins et des parents éloignés, des souvenirs d'enfance vont lui revenir et il va décrire ce terroir tel qu'il le voit, comme si l'écrivain qu'il est, portait cela en lui depuis bien longtemps. Sous sa plume, les paysages sont bucoliques et décrits poétiquement mais le village lui-même et ses habitants sont marqués, comme bien souvent ailleurs, par la solitude, l'alcoolisme, le suicide, le handicap mental qui résulte souvent des conséquences d'un alcoolisme militant et des mariages consanguins depuis plusieurs générations. Il évoque les incontournables vieux garçons, restés célibataires pour n'avoir jamais croisé de femme, la haine des clans, entretenue d'années en années, née d'une faute grave ou d'une broutille mal interprétée et qu'on avait même fini par oublier, mais qui est vouée à une impossible réconciliation. Il parle des inévitables adultères que tout le monde connaît mais qu’il faut taire, des ragots, de la cohabitation des générations sous un même toit, de la traditionnelle obéissance aux anciens, des rituels comme les verres de vin et d’apéritifs qu'on partage, les parties de belote, la lecture du journal, la mise à mort annuelle du cochon, la vie simple, austère, dure, de la saleté des fermes, de l’hygiène plus que relative au quotidien, de la rudesse du climat d'hiver, des villages quasi-déserts aux cimetières plus peuplés que les maisons. Il n'oublie pas non plus les fantasmes entretenus de tout temps, celui du trésor caché, des hypothétiques louis d'or enfouis dans les matelas mais qu'on en retrouve jamais. D'ailleurs le narrateur lui-même y succombe, les cherchant sans l'avouer, dans le fatras du cousin Joseph. De tout cela il parle sans complaisance et sans détour, décrivant le village tel qu'il est. Il se souvient de son enfance passée au village, revoit ceux qui sont encore là et qui suivront le cercueil et ceux qui ne viendront pas. Cet enterrement lui rappelle son père, sa vie, sa tombe...Il se laisse aller à des considérations personnelles sur la mort, la souffrance, les larmes qu'il exprime avec les mots de l'écrivain.



Ce texte évoque la disparition progressive et définitive d'une certaine forme de société paysanne qui désormais appartient au passé ou qui est promise à une mort prochaine et dont l'auteur a voulu porter témoignage. Même si ce n'est pas exactement un hommage, le dire, surtout de la manière dont a choisi l'auteur, n'a rien de déplacé et ne manifeste aucune volonté de dénigrer quiconque, même si ce n'était pas tout à fait ce qu'attendaient ces habitants. Malheureusement, ce livre qui est avant tout une œuvre d'art, une œuvre de l'esprit, n'a pas atteint son but, bien au contraire puisqu'une incompréhension s'est installée en même temps qu'un malaise. Ce qui, au départ ne devait être qu'une nouvelle relatant la mort d'une jeune fille s'est petit à petit transformé en roman à l'invite des souvenirs de l'auteur. Dans ce microcosme où tout se sait mais où tout doit rester secret jusqu’au sein des familles, il a osé briser le tabou du silence en évoquant les gens et leur histoire, même si les noms ont été changés. Ceux qui se sont reconnus ne l'ont pas supporté, l'ont accusé de « violer » ce village et sous couvert de parler d'eux s'est mêlé de ce qui ne le regardait pas, a révélé tout cela tout cela au grand jour. Dire des vérités, révélé des informations est devenu à leurs yeux inconcevable même si l'auteur y a inclus lui-même sa propre histoire, celle d'une lointaine filiation adultérine.



Pierre Jourde n'est pas un inconnu pour cette revue et la lecture de « La première pierre » m'avait ému (La Feuille Volante n°708). Il se trouve que les personnages dont parle l'auteur ont considéré que ce dernier, même s'il était originaire de ce village et même s'il était écrivain, n'avait pas le droit de parler des vivants et des morts, c'est à dire d'eux. Une polémique est donc née et, après la parution du livre, lorsqu'il est revenu, comme chaque été pour les vacances dans ce village où il possède encore une maison de famille, il a été agressé et la chose s'est terminée comme de juste devant le tribunal. C'est un peu comme si, puisqu'il était parti du village, qu'il avait embrassé une autre vie que celle de gratter la terre, qu'il avait choisi de vivre différemment des gens d'ici, qu'il était devenu universitaire et écrivain, il était maintenant considéré comme un étranger dont peu ou prou on était jaloux. Georges Brassens ne dit pas autre chose « Non les gens n'aiment pas que, on suive une autre route qu'eux » ce à quoi Pierre Vassiliu lui répond « Ça emmerde les gens quand on vit pas comme eux ».



Ce que je retiens pour ma part et en dehors de cette polémique stérile (d'autant qu'il y a « chose jugée »), c'est l'écriture poétique de cet auteur, les descriptions méticuleuses et particulièrement réalistes des paysages et des gens. A titre personnel, j'ai entendu la même petite musique agréable que celle dont le poète Georges-Léon Godeau faisait entendre dans ses écrits. Je pense aussi qu'il ne peut y avoir d'art, d'inspiration, sans la nourriture de l'esprit qu'est le réel et qu'un écrivain choisisse d'irriguer son œuvre avec ses souvenirs et son environnement n'a rien de scandaleux. Au nom de quoi les peintres, les musiciens, les écrivains n'auraient-ils pas le droit de puiser leur créativité dans la réalité qui les entoure. Il me semble d’ailleurs que cela a déjà été fait, et avec talent, et notre belle littérature est riche de ces écrits dont notre culture, à juste titre, s’enorgueillit. Et puis n'a-t-on pas beaucoup parlé récemment de la liberté d’expression qui est si chère à notre démocratie et à notre modèle social ? Il y a, bien évidemment, l'indispensable respect de l'autre mais, sans vouloir entrer dans le débat, je n'ai vu dans ce texte aucune allusion tendant à porter préjudice à ceux qui sont ici décrits ni la moindre la moindre intention de leur nuire. Si ce qu'ils ont lu correspond à la réalité et que cette réalité les indispose, qui y peut quelque chose ?





©Hervé GAUTIER – Mai 2015 - http://hervegautier.e-monsite.com
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
Commenter  J’apprécie          100
Pays perdu

A l'origine, Pierre Jourde voulait juste écrire une nouvelle qui se limitait à la narration des obsèques d'une adolescente, fille d'amis paysans vivant dans un petit village du Cantal dont est originaire sa famille ; village perdu où il a passé ses vacances durant son enfance et où il est revenu ensuite chaque été avec sa famille.



Une fois la nouvelle publiée, fin 2001, influencé par Éric Nolleau, Pierre Jourde a décidé d'en faire un livre, en reprenant des souvenirs personnels et en modifiant les noms de lieux et de famille pour parler de la vie de son village.



L'enterrement de l'adolescente a ramené l'auteur à celui de son père, et à son histoire, alors que celui-ci ne s'était résolu à la lui raconter que lorsque qu'il a eu vingt-cinq ans. Toute sa vie attaché à son village, Pierre Jourde souhaitait montrer la rudesse du pays à travers certains secrets de famille. Il s'agissait de restituer un double sentiment : « des sensations trouvées nulle part ailleurs et un sentiment d'irréalité », tel qu'il a pu le vivre, durant ces séjours là-bas. Pierre Jourde ne perd aucune occasion de rappeler qu'il se sent appartenir à la société qu'il décrit et imaginait sans doute rendre hommage aux habitants de son village. Toutefois, en évitant de tomber dans la complaisance, l'auteur a pu involontairement se montrer parfois blessant dans sa description de protagonistes vivant dans de vieilles maisons inconfortables le long de ruelles où s'élèvent les vapeurs des tas de fumier.



Pierre Jourde a brisé le « culte du silence » qui se transmet de génération en génération dans ces hameaux. Son roman a suscité une vive émotion parmi les habitants de son village. Certains se sont reconnus ou ont reconnu des proches décédés. Les moindres détails ont été pris comme des critiques, des offenses, ou des indiscrétions malveillantes, et ont été considérés comme du mépris. Les réactions vives suscitées par ce livre seront reprises et commentées dans un second ouvrage de Pierre Joudre « La Première Pierre ».

Commenter  J’apprécie          570
Pays perdu

visions des anciens à la campagne. insalubrité et oublie
Commenter  J’apprécie          00
Pays perdu

En bref, un court livre découvert totalement par hasard et qui ne parlera certainement pas à tout le monde. L'auteur prend comme prétexte un enterrement pour présenter un petit village auvergnat, "une communauté humaine qui se compose d'une dizaine de foyers, serrés sur un très petit espace, à quarante minutes de route de la première ville, et où tout le monde se croise tous les jours, [...]".
Commenter  J’apprécie          40
Petits Chaperons dans le rouge

Les Exercices de style de Raymond Queneau sont utilisés en atelier d'écriture et à l'école depuis bien longtemps (réécrire un passage en changeant de personne, de registre ou de point de vue). Mais ces activités d'écriture sont toujours négligées au profit d'une obsession idéologique morbide pour la lecture et l'analyse de textes du patrimoine... Pour Dominique Bucheton, la pratique de la réécriture en général serait une des activités les plus efficaces pour la maîtrise de l'écrit (cf. Refonder l'enseignement de l'écriture), car elle permet de prendre du recul sur sa pratique, de se libérer de la charge cognitive de première écriture (imaginer, respecter les consignes, sélectionner ce qui est à dire, choisir le point de vue, tourner correctement la phrase, trouver du vocabulaire, orthographier...), et de motiver le passage à un travail de précision sur la forme (un recopiage en corrigeant les fautes d'orthographe s'apparente à de la punition...), et sur la juste mesure des mots et de l'acte de parole (le maître d'atelier va ainsi relancer l'écriture après lecture du premier travail par une proposition de réécriture : ton texte n'est pas assez visuel, peux-tu faire une variante visuelle ?).



Utiliser les différents types de discours, c'est chercher à identifier leur fonctionnement, c'est devenir moins naïf devant les procédés rhétoriques, publicitaires ou jouant sur le pathos. La variante "maladroit" (directement repris de Queneau et de son célèbre "C'est en écrivant qu'on devient écriveron.") est fondamentale, tout comme par exemple la "Copie de CE2" (aux volontaires fautes d'orthographe), car elle permet de se rendre compte de ce qui est lourd ou futile. De manière générale, chaque version peut être considérée comme un outrage de procédé, une exagération maladroite à éviter. Réécrire était également un des conseils principaux proposés par Antoine Albalat, que ce soit par la pratique oubliée du pastiche - technique d'apprentissage d'un certain Marcel Proust - (cf. L'Art l'écrire) qu'on retrouve ici entre autres dans les styles "Sportif", "Rock n'roll", "Médical" ou "Mathématique" (où l'auteur a importé un style) ou celle de l'élagage - Le Travail du style d'après les brouillons des grands écrivains - que l'on retrouve dans les "Succinct", "Haïku", "Lapidaire". L'exercice permet de se rendre compte par son écriture à soi, sous sa plume en action, de l'effet d'une figure de style, d'un mot, du rythme des phrases, d'un placement particulier de virgule... Cela entraîne ainsi une écriture, et par ricochet, une lecture plus attentive au détail, moins naïve, ce qui est le propre d'une littératie réelle (passage du déchiffrement des phrases et de l'encodage - alphabétisation illettrée -, à une compréhension en détail d'un acte de langage, dans ses finesses et nuances).



L'écriture de variantes, par exemple "Paysan", "Chaperon sanglant" ou même "Harlequin audace", permet de mieux comprendre le texte original, l'arrière-plan mental, le symbole sexuel, la valeur des actions et les décisions des personnages (aussi dans "point de vue du loup", "de la mère"). "Sitcom" rapproche le conte d'un genre contemporain et permet d'observer les différences de codes de valeur (naïveté, matérialisme). En maniant et en réécrivant l’œuvre de Perrault, on se l'approprie, on en approche la couche de signification intime, on connaît si bien le conte qu'on en est l'auteur. Et c'est bien là toute la symbolique de l'exercice, réécrire un conte n'est pas un crime de lèse-majesté mais au contraire la démarche normale de la littérature et du conte par excellence : on nous raconte une histoire attrayante, on le reraconte à notre tour. L'exactitude des mots et des péripéties est un obstacle à ce libre passage des histoires, on raconte comme cela nous touche et comme on croit que cela va toucher (de même qu'on doit lire en déformant, en jouant). On active, on éteint certaines significations... on fait des clins d'oeil à l'auditeur, des références à ce qu'il connaît, on provoque sa réaction, on jour sur ses attentes et on les déjoue... Reprendre un conte, s'entraîner à le faire, c'est apprendre l'un des actes humains les plus primitifs et les plus socialement valorisés.
Lien : https://leluronum.art.blog/2..
Commenter  J’apprécie          12
Petits Chaperons dans le rouge

De la fantaisie, de l'humour, et un réel talent dans l'écriture

On passe d'une variante à l'autre avec surprise et ravissement

Bravo pour cette inventivité foisonnante !

Commenter  J’apprécie          10
Petits Chaperons dans le rouge

Pour tous les theatreux ou ceux qui aiment les jeux de mots et de langage : ce petit livre, issu d'ateliers d'ecriture, présente toutes les versions possibles du conte célèbre du petit chaperon rouge.

C'est souvent très drôle , avec la version "gouailleuse", "publicitaire" ou autres ...



On peut l'apprécier seul mais c'est surtout une lecture à partager, qui gagne à être lue à haute voix.
Commenter  J’apprécie          30
Petits Chaperons dans le rouge

Une histoire ... On la connait tous : Le Petit Chaperon Rouge.



Oui mais pas seulement.

Un texte de conte, tout simple, mais raconté chaque fois de manière différente.

En argot, en télégramme, avec litote, de façon synthétique ou au contraire avec beaucoup de détails ...

Bref, c'est un véritable jeu d'écriture et de style que nous découvrons ici.



Un peu à la manière des Exercices de Style de Raymond Queneau !
Commenter  J’apprécie          30
Petits Chaperons dans le rouge

Idée de départ : proposer en atelier d’écriture à des étudiants en littérature de réécrire Le Petit Chaperon Rouge à la manière des Exercices de style de Raymond Queneau, rassembler les textes, en faire un recueil.

Cette idée est indiscutablement bonne pour les étudiants, mais ma première impression à la lecture était plus dubitative, lire ces textes à la suite est très vite lassant. En effet il y en a 46, et l’histoire de départ est bien plus longue que celle qui a servi de prétexte aux exercices de Queneau. J’aurais dû m’obliger à ne pas en lire plus de trois par jour !

Reste qu’il y a une quinzaine de petits bijoux très variés : paysan, lipogramme a et o (sans a ni o), lipogramme en e version 1 (sans e), homéothéleute en ette, gustatif, recette, sportif, fantastique, bureaucratique, franglais, point de vue du loup, point de vue de la mère, succinct, lapidaire, copie de CE2. C’est peu dans l’ensemble du livre, mais en discutant avec la personne qui me l’avait prêté, elle m’a fait réaliser que nombre des textes qui m’avait semblé de peu d’intérêt à la lecture se prêtaient fort bien à la lecture à haute voix voire à une théâtralisation. Pourquoi pas ?
Commenter  J’apprécie          252
Petits Chaperons dans le rouge

Il y en a pour tous les goûts !



Certains m'ont fait beaucoup rire, ils sont très bien écrits.

Mes préférés ? --> Paysan ; Homéotéleute en -ette ; Visuel ; Sportif ; Space opera ; Sitcom ; Harlequin audace ; Bureaucratique ; Franglais ; Psychanalyse.



Une très bonne base pour un travail d'écriture, ou pour offrir une lecture à voix haute.
Commenter  J’apprécie          20
Petits Chaperons dans le rouge

Excellents textes pour le théâtre ! Je m'en sers régulièrement pour mes apprentis comédiens.
Commenter  J’apprécie          10
Voyage en Auvergne

Voyage en Auvergne

Textes : Pierre Jourde

Linogravures : Pio Kalinski

Un voyage en Auvergne avec l'un des plus grands écrivains français (prix de l'Académie française) et un artiste polonais d'une grande poésie.
Commenter  J’apprécie          10
Voyage en Auvergne

Commenter  J’apprécie          00
Winter is coming

Lorsqu'il s'agit de raconter le calvaire de son enfant de vingt ans, il n'y a plus de poésie qui tienne, il n'y a plus de métaphores qui surgissent pour révéler la beauté cachée des choses, et la pensée se cogne contre l'absence de sens.
Lien : http://www.lefigaro.fr/livre..
Commenter  J’apprécie          00
Winter is coming

Winter is coming. L’hommage bouleversant que Pierre Jourde rend à son fils Gabriel, emporté par un cancer foudroyant, alors qu’il n’avait pas 20 ans. Une prose sobre, acérée, honnête - à l’image de l’auteur - qui tente malgré tout de mettre des mots sur l’indicible. Et aussi la souffrance, les espoirs perdus, l’incompréhension, l’injustice, les regrets, la peur, le deuil, le manque… Un cri de rage, un cri d’impuissance, un cri d’amour incommensurable.
Lien : https://esper-lu-ette.blogsp..
Commenter  J’apprécie          10
Winter is coming

D'une voix tombale, Pierre Jourde nous annonce qu'il va mourir, son bel enfant athlétique de 20 ans, et pourtant, oh le pouvoir de la littérature (...) on veut encore en douter, on s'obstine à espérer qu'il va pouvoir s'en tirer.
Lien : http://bibliobs.nouvelobs.co..
Commenter  J’apprécie          00
Winter is coming

Que dire après une telle lecture, après ce témoignage terrible d’un père qui a dû faire face à l’épreuve effroyable de la maladie et du décès de son fils de 19 ans… Que dire après cette claque… J’admire ce courage qu’il a eu, après avoir dû affronter tout cela, de poser ce vécu par écrit. Pierre Jourde est écrivain, il a déjà écrit plusieurs romans quand cette épreuve arrive dans sa vie. C’est sans doute naturel et salvateur pour lui de tout mettre en mots, en phrases. J’ai été touchée par son courage, parce que ce récit montre bien tout ce que ce père, et toute la famille, a traversé, du diagnostic à l’abandon de la lutte, en passant par les traitements, les examens, les attentes interminables, le manque d’humanité parfois dans le monde médical, l’envie de rester dans le déni, de ne pas vouloir affronter l’inéluctable, et tellement d’autres choses encore… Poignant, sincère, humain, tellement réel.
Commenter  J’apprécie          140
Winter is coming

Récit puissant, élégie magistrale : voilà ce qu'il faut retenir du dernier roman très intime de Pierre Jourde dans lequel il raconte la mort de son fils qui n'avait pas vingt ans.



Ce texte foudroyant – à ne pas mettre entre toutes les mains – est une véritable épreuve dont on sort à la fois touché et ému et en même temps changé, à jamais. Parce que cette douleur aussi intime ne peut être exprimée que par la littérature, par le langage qui se charge de raconter le réel tel qu'il est et non tel qu'on l'imagine, ce texte vous transforme et vous permet de renouveler votre regard sur le monde : c'est ce qui caractérise toute grande littérature.



On vit à travers ce texte somptueux et douloureux, entre des phases d'élégie sublime et pudique et des phases terribles dans le froid univers médical. Même si la fin tragique doit advenir comme dans les grands mythes de l'Antiquité, on ne peut refermer le livre. On a besoin de vivre cette épreuve à deux, l'auteur et nous. On ne peut pas l'abandonner là. Il faut continuer, veiller sur Gazou, compter le temps qu'il reste, trouver quoi dire pour figer un peu d'éternité dans ce que l'on sait inéluctable.



Ce moment, nous le vivons, nous le traversons avec l'auteur qui ne nous épargne pas, qui pénètre le réel avec son écriture, qui se débat dans la prison des idées figées et des représentations toutes faites. Jourde nous offre un texte exutoire qui nous remet en face de notre misérable condition. Sans pathos excessif, sans effet de style ronflant, rien que l'écriture de la vérité, rien que la recherche du mot juste, de la pensée juste pour dire le réel.



Et puis, comme toujours dans l'oeuvre de Jourde, on retrouve ce thème du double et du Mal, présent en chacun de nous, nous échappant et nous retrouvant tout le temps, dans toutes les épreuves de la vie.



A lire, évidemment, en hommage à Kid Atlaas. A lire pour partager un peu de l'humaine condition.
Commenter  J’apprécie          50
Winter is coming

Si l'on avait beaucoup parlé de ce récit sur les blogs, je me serais abstenue, car l'exercice de recension de ce type de livre est difficile; mais sans la bibli je n'en aurais rien su, mais il s'agit de Pierre Jourde, que je ne connais pas 'en vrai', et qui m'avait épatée avec Le maréchal absolu, Pays perdu, La première pierre, et d'autres écrits non chroniqués ici. En exergue, une citation de l'Autofictif au petit pois (Chevillard!) du 19 mai 2014.

"Une tombe s'ouvre pour le jeune homme qui avait tant de talents, qui avait un si beau sourire, et dans sa vie accomplie il y a donc son avenir, toutes promesses tenues."



Voilà c'est dit, un jeune homme est mort, à vingt ans. Gabriel, l'un des fils de Pierre Jourde, qui apparaissait rapidement dans La première pierre. Un cancer très très rare (deux cas répertoriés en France, l'autre était dans le même hôpital), sans traitement connu, de quelques mois à deux ans de survie.

Gabriel, alias Kid Atlas, talentueux musicien (Winter is coming est le titre d'un de ses morceaux), doué aussi en dessin, dont le père évoque surtout la dernière année de vie. Se remémorant aussi des souvenirs de son enfance; puis l'annonce du diagnostic, la difficulté à y croire, s'accrocher à la possibilité d'une guérison; les médecins, l'hôpital, les attentes, toujours, partout, pour les examens.

Le lumineux séjour en Martinique, pays de la famille maternelle, lors d'un rémission, hélas vite finie.



Si j'ai lu ce récit, c'est parce que l'auteur, je luis faisais confiance pour rester hors de tout pathos, pour demeurer pudique, quasi factuel, sans jugement. Un très beau livre (et quand même j'ai cédé aux larmes, comment faire autrement?), c'est un père et un écrivain qui s'expriment, impossibles à séparer.


Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
Commenter  J’apprécie          50
Winter is coming

«Winter si coming » est le récit de l’avant, avant de savoir, avant l’inéluctable, du pendant, la maladie, les silences, les moments de vie intense mais si brefs, de l’après, quand on porte sa douleur comme un bagage que l’on ne pourra plus jamais déposer dans aucune consigne. Difficile, douloureux, rempli d’amour et de souffrance « Winter is coming » est porté par l’écriture incisive, désespérée, optimiste parfois, poignante toujours, de Pierre Jourde.
Lien : https://domiclire.wordpress...
Commenter  J’apprécie          60




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Pierre Jourde (996)Voir plus

Quiz Voir plus

Les polars scandinaves

Nationalité de Camilla Läckberg

Suède
Norvège
Danemark
Finlande
Islande

31 questions
184 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}