Un peintre parisien achète une masure en Sicile, dans une aride vallée. Il la retape avec l’aide de deux ouvriers locaux.
Chaque jour, un voisin passe près de chez lui, fusil en bandoulière et flanqué de ses deux chiens. C’est Rosario R., un paysan.
Un jour, il s’arrête et lui annonce que sa première intention avait été de l’abattre avec son « fucile ». Mais, contre toute attente, un autre matin il s’arrête encore et, pendant quatre heures, lui raconte ce qu’il n’a jamais raconté à personne : comment, pendant la guerre, il a déserté d’une caserne de Grèce, et a mis deux ans à rentrer chez lui à pied.
Par la magie d’une écriture intelligente et précise, le lecteur est entraîné aux côtés de Rosario, dans son incroyable odyssée.
Les expressions italiennes mêlées au texte sont un régal.
Les rapports entre le français et Rosario, d’abord méfiants se transforment en confiance et en amitié. Mais sans qu’un mot de trop ne soit dit. Tout en pudeur et en respect.
C’est un très beau texte, original, tendre et puissant.
C’est un hommage à l’endurance et à la patience, et c’est aussi un très bel hommage à la Sicile et aux siciliens.
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Dans ce récit en partie autobiographique, Pierre-Yves Leprince nous emmène en Sicile, dans un hameau perché à 900 mètres d'altitude, en face de l'Etna. Nous sommes dans les années 80 et l'auteur vient de s'acheter une petite ferme en ruine située en pleine nature et accessible uniquement à pied.
Pour la rénover, il engage trois ouvriers locaux qui partagent avec lui un peu de leur intimité au cours des déjeuners en communs pris à l'ombre d'antiques chênes. A chaque page on ressent l'amour de PYL pour ce coin de terre brulé de soleil et ses habitants au parler si savoureux.
Un matin tôt, alors qu'il profite de la fraîcheur pour déguster un café sur sa terrasse surplombant la Méditerranée, son taiseux voisin le signor Rosario R. fait brusquement son apparition: «Tu vois ce fusil ? Quand tu es arrivé, j'ai décidé de te tuer avec.» Sentant que sa vie ne tient qu'à un fil, il n'a d'autre choix que d'écouter ce contadino (paysan) sexagénaire inculte. Et il ne le regrettera pas !
Après s'être imaginé gisant dans son sang dans ce décor bucolique, le narrateur finit par comprendre que Rosario n'est pas venu pour l'assassiner. Le vieil homme a simplement envie de confier à «l'étranger» ce qu'il a sur le coeur depuis plus de quarante ans...
Son récit débute à la fin des années trente, lorsqu'il est descendu pour la première fois sur la côte en contrebas de son hameau, pour chercher du travail. Naturellement, serait-on tenté de dire, les seuls employeurs qu'il rencontre sont des mafieux. Le temps qu'il s'en rende compte, il est déjà trop tard. Il leur est désormais «lié pour la vie» lui expliquent-ils laconiquement.
Pour préserver le suspens, j'éviterai de raconter la suite… Cette belle histoire nous emmène jusqu'en Grèce dans des circonstances historiques délicates, propices à tous les périls. Et Rosario, puisque finalement c'est bien de lui dont il s'agit dans ce récit, nous révélera une capacité d'adaptation insoupçonnée pour faire face aux huit vagues de danger qui vont déferler sur lui.
Une confession passionnante qui se lit d'une traite et qui permet de voyager dans des lieux qui paraissent idylliques tant que l'on ne les a pas fréquentés en cavale et sans ressources…
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Pierre Yves Leprince réussit, avec ce premier roman, un véritable exploit. Il casse l’image d’Epinal de Marcel Proust, dont la réputation du plus grand auteur du XXème siècle, effraie le grand public. Pour illustrer son récit, l’auteur choisit d’ailleurs une technique narrative « populaire » celle de la première personne, avec en prisme, le jeune coursier Noël, détective et limier à ses heures. Dialogues, descriptifs et réflexions (savoureuses parfois) s’enchevêtrent alors, cela aurait pu être indigeste, bien au contraire. Le roman est fluide et d’une accessibilité permanente, fourmillant d’idées et révèle un petit côté cabotin très plaisant. « Les enquêtes de Monsieur Proust » se veut surtout un ensemble de références au célèbre auteur, références de vies, autour de ses écrits et autres réflexions littéraires. Trop peut-être pour un lecteur moins familier à son œuvre. Les réminiscences à l’univers proustiens sont le plus souvent explicites, parfois suggérées au détour d’une ambiance, d’un vocabulaire ou de faits. Certes nous sommes ici dans une fantaisie littéraire, amenée habilement, mais proche d’une réalité moins fantasmée, une sorte de déification généreuse et salutaire (que l’on retrouve d’ailleurs dans la correspondance de Proust). Pierre Yves Leprince créé (ou recréé) des personnages très attachants avec qui l’on aime partager les moments de vies, provoquant notre désir de progresser avec eux, tout en partageant leur excitation autour des mystères (carnet volé, fantômes de Versailles, meurtre…) et leur intimité. Marcel Proust, que la légende littéraire a transformé en une espèce de vampire littéraire capricieux et souffreteux apparaît sous un jour nouveau, il est un homme, dans ses exceptions mais surtout faillible. Tout cela enrobé d’un humour et d’une cocasserie jouissifs, imagé d’un décor à la « The Grand Budapest Hôtel » exhalant des effluves à la Agatha Christie, ce roman est salvateur de fraicheur. On peut toutefois lui reprocher quelques longueurs mais jamais de ne provoquer autre chose que le plaisir.
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Le narrateur âgé d'une centaine d'années est en train de rédiger un livre de souvenirs dont le sujet traite de sa rencontre en 1906 à Versailles avec Marcel Proust qui à cette date n'en est encore qu' à ses balbutiements en littérature. L es connu certes mais n'a pas commencé " La Recherche". Noël, le narrateur est coursier dans un grand hôtel où séjourne Proust; à l'occasion le jeune homme qui a dix-sept ans mais n'en paraît guère plus de treize, officie comme détective dans une agence pour arrondir des fins de mois difficile (il est issu d'un milieu très modeste).
Un hasard heureux fait égarer à Marcel Proust un carnet. la rencontre sera l'occasion de quiproquos et autres surprises assez fines et plutôt drolatiques. Le jeune Noël avec sa candeur et son bon sens d'homme issu du peuple retrouve le carnet. Joie de l'un pour qui la perte relevait du désastre , fierté de l'autre de pouvoir accéder à un monde autre. Une amitié va naître, une amitié vraie qui ne sera même pas particulière - l 'auteur n'occulte pas les attirances homosexuelles de Proust, mais là n'est le sujet-
Pour nous parler de son admiration inconditionnelle pour Proust, P. Y. Leprince nous amène sur les voies anecdotiques de plusieurs affaires policières. Noël et Monsieur Proust, observateurs avertis, amoureux du moindre détail vont devoir élucider des mystères allant du mensonge au sein d'un couple, en passant par une affaire frisant le paranormal - fait resté dans l'Histoire-. L'Hôtel sera même le lieu d'un crime.
Les thèmes récurrents chez Proust sont bien présents ( Mémoire, le temps qui passe...)
Nul besoin d'être un fada de Proust pour aimer ce livre. c'est un livre léger, drôle, plein de sensibilité; il faut juste se laisser porter sans apriori. le ton est précieux, sans excès, juste comme on peut s'imaginer ce qu'était la vie facile cette époque dans cette classe sociale que fréquentait l'auteur de cette magnifique, que j'ai découverte bien tard parce que présentée lorsque j'étais enfant par des professeur qui aimait mal - pas qui ne l'aimait pas, j'ai bien dit mal, maladroitement. Après bien-sûr, il y a cette mode qui veut que Proust , ma foi, c'est long, c'est emberlificoté ...,
Bien sûr, vous l'avez compris, j'aime Proust et je pense que si des jeunes prennent le temps de lire le livre de J.Y. Leprince, ça leur donnera peut-être envie de découvrir celui qui par son écriture si fine est un des grands auteurs qui font aimer la langue française. Et même s'ils ne sont que quelques dizaines à le lire ce sera déjà très bien. Je crois que c'est une bonne amorce pour avoir envie de découvrir cette œuvre, ce pavé magnifique
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Pierre-Yves Leprince, scénographe français, peintre et écrivain est né en 1940 à Orléans. Issu d'une famille d'enseignants et de peintres, il poursuit des études de lettres classiques à Paris. Entre 1960 et 1970, il est animateur de théâtre et enseignant et c'est à cette époque qu'il découvre Proust et écrit ses premiers essais littéraires. Il est producteur à France Culture de 1971 à 1976, notamment pour les émissions consacrées au centième anniversaire de la naissance de Proust. Son premier roman, Les enquêtes de Monsieur Proust, est paru cette année.
Nous sommes en 1986, Noël le narrateur presque centenaire, écrit un livre de souvenirs (Les Enquêtes de Monsieur Proust) relatant sa rencontre avec Marcel Proust en 1906. L’écrivain en devenir, La recherche du temps perdu n’est encore qu’en gestation, était venu en villégiature à l'hôtel des Réservoirs, à Versailles, après la mort de sa mère. Noël, dix sept ans à l’époque, d’un milieu pauvre, était coursier de l’hôtel et travaillait pour une agence de détectives. Après que le détective en herbe ait retrouvé un carnet – les fameux carnets ! – égaré de Marcel Proust, une relation particulière (non, non !) va réunir les deux hommes. Outre le carnet égaré, puis volé, nos deux héros seront confrontés à une affaire paranormale impliquant deux anglaises, Miss Jourdain et Miss Moberly, dans les jardins du parc du château (un fait réel qui fit grand bruit à l’époque) et même à un crime dans l’hôtel.
Si le titre du livre et le fil rouge des enquêtes nous rapprochent du roman policier, tout ceci n’est que prétexte pour Pierre-Yves Leprince à écrire un merveilleux texte criant son admiration sans bornes pour le grand écrivain. Il faut certainement avoir un a priori favorable envers Marcel Proust pour apprécier cet ouvrage à sa juste valeur, mais comme c’est mon cas, je peux vous dire que je me suis délecté de ce roman jubilatoire.
Tout m’a semblé parfait. L’écriture lentement déroulée, le rythme, des fins de phrases reprises au début de la suivante créant un effet de ressac apaisant, les mots employés, tout nous renvoie en ce début de XXe siècle. Et bien entendu, l’écrivain aborde dans le roman, les thèmes chers à Proust comme la mémoire, le temps qui passe etc. soit par allusions, soit en termes directs. L’angle polar, mais anecdotique, est traité dans l’esprit des Hercule Poirot, alliant raisonnement, analyse des caractères et préciosité du héros, avec un effet de style consistant à annoncer par avance ce qui va advenir plus loin pour aguicher l’impatience du lecteur. Tous les acteurs du bouquin sont magistralement peints et si l’auteur ne fait pas l’impasse sur les mœurs sexuelles planant sur le personnage de Proust ou d’autres figures du roman, c’est avec tact et délicatesse, nous apprenant ce que signifiait « la prière sur les bottines » en 1900.
Quant au Proust du roman, dont Pierre-Yves Leprince sait tout, nous en avons un portrait superbe nous le rendant vivant à jamais, avec ses problèmes de santé, sa mélancolie récurrente après le décès de sa mère, son envie d'écrire ; désormais, quand j’entendrai parler de Proust, c’est cette image qui me restera toujours en mémoire et non plus une figure désincarnée forgée à partir d’articles de presse ou de préfaces d’ouvrages.
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Petit avertissement : ce livre est pour ceux qui aiment le style de Marcel Proust. Si ce n’est pas votre cas, abstenez-vous.
C’est l’histoire de Noël, un jeune coursier de 19 ans, qui en parait 13, qui travaille dans un grand hôtel à Versailles. Il travaille également dans une agence de détective privée, et se voit quelquefois confiée des petites missions. Un jour, on lui demande d’aidé un client de l’hôtel, Marcel Proust, qui a perdu un carnet, et qui en a vraiment besoin. Et c’est le début d’une rencontre qui va bouleverser la vie de notre jeune homme.
Bon, je n’ai pas accroché ni à l’histoire, ni au style littéraire. Trop empesé, trop de blabla et pas beaucoup d’action. Mais j’ai quand même l’impression d’être passé à côté de quelque chose. J’ai essayé de m’accroché, mais j’ai dévissé à la soixante-dixième page. Dommage. Ce livre a du potentielle, mais il n’était pas pour moi.
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Prenez ce titre tel qu'il est. Chaque mot y est exact: il s'agit bien d'enquêtes, ce ne sont pas les premières, et elles sont bel et bien menées par Marcel Proust. Tout ce qu'il manque à ce titre, c'est quelque chose comme: ... avec Noël.
Il va bientôt avoir cent ans. Noël se remémore sa rencontre avec Marcel Proust. L'écrivain avait dans la trentaine, Noël, presque 20 ans. Jeune employé dans une entreprise de détectives privés, il mènera, à temps perdu (mots choisis) des enquêtes sur des personnages connus par Monsieur Proust. Mais pourquoi, me demanderez-vous? C'est que le Noël en question est devenu ami avec l'écrivain. Ce dernier l'a pris en amitié et malgré leur différence d'âge, mais aussi, et surtout, malgré leur différence de milieu, chacun intriguera l'autre.
Ce récit est on ne peut plus sympathique, charmant, et passionnant. Oui, il est question de la personnalité jugée "originale" de Monsieur Proust. Oui, son jeune ami sera au fait des préférences de son ami et non, il ne se passera rien, sans pour autant qu'il n'en soit pas question. Ce livre stupéfiant de récits stupéfiants est un réquisitoire pour l'ouverture d'esprit. À travers les petites enquêtes plus ou moins policières, on découvrira surtout l'amour d'un auteur pour un autre auteur, et juste pour ça, le livre vaut la peine d'être lu
.
Il nous parle de Proust comme d'un homme tellement conscient de tout, tellement à l'écoute, à l'affut, que son oeuvre contient le résultat de ses observations. Or, si on n'est pas conscient de ça, on risque de le trouver soit pompeux, soit vraiment très lourd.
Cette incursion dans la pensée et l'époque de Marcel Proust m'a fait le fait revisiter d'une bien jolie façon.
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L'intrigue policière n'est qu'un prétexte mais l'on pardonne à l'auteur ses digressions sur la personnlité de Monsieur Proust.
Il nous dévoile un personnage attachant, ambigu, complexe certe;
Il nous laisse surtout avec une envie de lire ou relire les oeuvres de ce Grand Monsieur
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Véritable petite pépite que cette odyssée ! Rosario est un "vieil homme" de soixante ans qui a bien envie de dégommer à coup de fusil son jeune nouveau voisin, artiste français venu chercher la tranquillité au fin fond de la campagne sicilienne. Finalement, il l'épargne et choisit de lui raconter son histoire, celle d'un jeune homme parti faire la guerre en Grèce contre son gré, qui déserte et cherche à revenir au pays coûte que coûte, malgré la distance, les embûches, la mafia...
Le récit de cette incroyable odyssée, enchâssé dans celui de l'adaptation du narrateur à sa vie italienne, est un pur moment de bonheur, plein de vie, de sentiments vrais, de poésie parfois. Le texte est soigné, c'est une lecture agréable, parsemée de mots d'italien qui ne m'ont pas gênée, malgré le fait que je n'y comprenne goutte...
Il en reste comme une image, la photographie d'un paysage aride et pourtant chaleureux, d'un Etna proche et lointain à la fois, d'une "mamma" lâchant ses pasta dans l'eau qui bout, de godillots fatigués et de retrouvailles pudiques.
Tout en nuances et en pureté, très réussi et gagnerait à être connu, car ce monsieur Leprince a une très belle plume.
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un récit sympathique pour qui aime lire Proust. Les enquêtes ne sont que prétexte pour le jeune narrateur à nous faire découvrir l'écrivain et son univers. En dépit de quelques longueurs (en particulier la dernière partie), l'ensemble se lit bien.
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Il y a dans ce récit un côté "gros sabots/ grosses ficelles" , avec une intrigue un peu simplette, qui contrastent bizarrement avec l'extrême subtilité de l'écriture proustienne.
C'est volontaire et assumé, oui sans doute, puisque le narrateur est supposé être un ancien coursier sans grande éducation qui encore tout jeune homme se serait "dégrossi" au contact du grand Marcel Proust... Néanmoins tout cela sonne un peu faux, confine trop souvent à l'invraisemblance :
Pour commencer, est-il bien raisonnable de donner directement la parole à "Marcel", et de le faire parler autrement qu'avec les raffinements de délicatesse et les subtiles contorsions de langage auxquels sa correspondance, et son oeuvre tout entière, nous ont accoutumés?
Surtout, le public-cible de ces "Enquêtes" étant en grande partie constitué par les lecteurs de Proust, et ces lecteurs étant habitués à tellement plus de demi-teintes, de poésie, de finesse, il y a inévitablement une inadéquation criante. C'est un peu comme si, à un amateur de perles fines, on proposait un pochon de grosses perles en bois...
Au final , et même si l'on peut glaner ici ou là quelques informations et aperçus certifiés conformes, Proustophiles et Proustolâtres confirmés, vous pouvez sans regrets passer votre chemin.
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C'est l'histoire d'un peintre parisien qui achète une ruine à retaper dans une aride vallée… et qui tombe amoureux de la Sicile.
Trop pudique pour écrire une autobiographie, il raconte ici l'histoire de son voisin, Rosario R., paysan de Sicile, qui pendant la guerre a déserté et entrepris une odyssée De Grèce jusqu'en Sicile.
« Il n'avait pas imaginé en partant qu'il fuirait l'armée, ferait un long voyage en terre étrangère mais, en bon paysan, il avait prévu les imprévisibles qui finissent toujours par se produire, l'orage, l'incendie, le tremblement de terre. Il ne connaissait pas grand-chose au-delà de son monde mais s'attendait à tout, il était de ces êtres observateurs et silencieux qui sont prêts, quoi qu'il arrive, à l'action, à la patience, à la douleur, à la réussite, à l'échec, à la vie, à la mort, à tout, même à une soumission passagère, sauf au découragement, à la capitulation. »
Ce récit alterne avec l'adaptation de l'auteur à la « sicilitude » (p. 68).
« La guerre m'est utile, j'y vais, si elle me répugne, je la fuirai, une seule personne est à la jonction de ces univers, moi, Rosario R., je ne les relierai qu'à bon escient, je ne regretterai pas le passé quand le futur arrivera, il n'aura que l'importance que je lui donnerai. »
Je remercie le libraire de Fontainebleau qui m'a conseillé ce livre et cette écriture toute en nuances, toute en douceur, toute en poésie, toute en respect de la vie paysanne sicilienne.
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Je ne sais si cela se réclame de l'esprit de Proust, mais je n'ai pu aller loin : cela manque singulièrement d'esprit.
N'est pas Proust qui veut !
Evidemment, mon jugement est totalement impartial,
et on peut s'y référer avec l'assurance d'une grande objectivité :
Proust est le plus bel auteur, le plus incroyable, dans son genre ;
Le Prince est sans doute un bon auteur dans son genre,
mais pas dans le genre de Proust.
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Noël travaille comme coursier pour la maison Bâtard et fils à Versailles. Souvent, le « signor Minimo », qui s'occupe de tout à l'hôtel des Réservoirs, l'envoie faire l'une ou l'autre enquête. Aujourd'hui, voilà le petit homme au bord de l'apoplexie. Le riche client de la 22 a perdu « son cornet ». Noël s'imagine un digne vieillard dur d'oreille. Eh bien pas du tout. C'est un jeune excentrique entouré d'un vrai capharnaüm. Il a perdu le carnet dans lequel il note ses idées. Ce dernier est vital pour lui qui ambitionne d'écrire une vaste fresque littéraire. Il s'appelle Marcel Proust et il prend Noël sous son aile.
Quand il se lance dans la rédaction de ses souvenirs, Noël a presque cent ans. Il replonge dans son passé. Nous voici à Versailles en 1906, et ce petit coursier déluré et ambitieux rencontre par hasard le prestigieux client de l'hôtel des Réservoirs, qui deviendra son mentor et son modèle. Noël prend, lui aussi, l'habitude de noter dans des carnets tous les événements marquants de ses journées. Enfant du peuple, il vit avec sa mère et l'ami de celle-ci, qui ne l'aime guère. Aussi, le jeune homme fuit-il le plus possible le domicile familial. Marcel Proust deviendra comme un père pour lui. Noël note religieusement les expressions du grand homme et les mots qu'il ne comprend pas, dont il cherchera, le soir, le sens dans son précieux dictionnaire.
Marcel Proust ne quitte guère sa chambre en raison de sa santé défaillante. Comme il adore observer et se livrer à des déductions, Noël, ce gaillard débrouillard dont personne ne se méfie en raison de sa petite taille et de son visage poupin qui lui donnent l'air d'un enfant, sera ses yeux et ses oreilles au-dehors.
Évidemment, les prétendues « enquêtes » auxquelles se livrent les deux compères, n'ont rien de vraiment haletant. Elles servent de prétexte à l'auteur pour nous donner sa vision personnelle de cet écrivain que Pierre-Yves Leprince veut montrer « jeune », « drôle », alors que la plupart des gens le voient comme un « mondain malade et sans âge, qui écrit la nuit dans son lit ».
Il a aussi lu « La Recherche » comme une sorte de roman policier. Quoi de plus naturel, donc, que de mêler Marcel Proust à des enquêtes ? Ainsi, notre dandy se livrera-t-il à une investigation concernant les « fantômes du Trianon ». Deux Anglaises sont persuadées d'avoir découvert une faille temporelle qui leur a permis de faire irruption dans le XVIIIe siècle et de voir Marie-Antoinette dans les jardins du parc.
J'avais lu une bande dessinée inspirée de ce mystère : « Marie-Antoinette, la reine fantôme » de Rodolphe et Annie Goetzinger, qui m'avait beaucoup plu. J'étais donc surprise et ravie de découvrir une autre évocation de cette énigme dans le roman de Pierre-Yves Leprince. Marcel Proust aurait aimé que cette histoire soit vraie, lui qui aurait tant voulu retrouver le « temps perdu » et revoir sa chère maman.
Dans le roman de Pierre-Yves Leprince, pas d'enquête palpitante, ni de suspense insoutenable. Il y avait, à mon avis, des longueurs, voire des redites.
Pourtant, j'ai beaucoup aimé cette lecture, surtout parce que j'adore Marcel Proust et que je m'intéresse à tous les ouvrages qui parlent de lui.
Pour autant, ne prenez pas ce roman pour une somme austère et assommante. Il fourmille de clins d’œil comiques.
Comme Gaston Leroux dans « Le mystère de la Chambre jaune », il découpe une énigme en plusieurs parties, ce qui donne lieu à des chapitres titrés « Début de l'affaire du sac perdu », « Retour à l'affaire du sac perdu » ou « Première fin de l'affaire du sac perdu ». Il parodie certains passages de l’œuvre de Proust, comme dans son chapitre intitulé « Les plaisirs et les nuits » (où il détourne le titre « Les plaisirs et les jours », premier ouvrage publié par Proust). Il évoque aussi les romans d'Agatha Christie. « Miss Marple jeta un dernier regard au cadavre, conduisit la pauvre veuve dans le petit salon, la réconforta en lui préparant un pot de thé (bizarrement, les traducteurs ignorent le mot « théière » et traduisent littéralement le mot « teapot »). Cela m'a fait rire car j'ai lu énormément de romans de notre chère vieille Anglaise et je n'avais jamais prêté attention à cette aberration !
J'ai donc beaucoup aimé ces « Enquêtes de Monsieur Proust » et vais lire le second volume qui vient de paraître.
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Le narrateur, le jeune Noël, a rencontré Marcel Proust dans le tome précédent, "Les enquêtes de Monsieur Proust", à Versailles. Les deux hommes, distants d'une quinzaine d'années, ont tissé des liens d'amitié et... d'enquêtes! Leurs entrevues et leurs enquêtes se sont poursuivies dans ce tome à Paris, et sont racontées au travers des mémoires de Noël, devenu quasiment centenaire.
J'ai eu du mal à entrer dans cette lecture, puis j'ai été prise par l'histoire. L'auteur semble être totalement passionné par Marcel Proust et son œuvre et nous emmène avec délice dans son monde. Les effets de plume sont proches de ceux de Proust, avec ses divagations, des allées et venues dans le temps, des réminiscences... Les enquêtes correspondent à la fois à la vision qu'a l'auteur de l'oeuvre de Proust, qui serait une œuvre policière, et à la construction d' "À la Recherche du temps perdu": nous y retrouvons les personnes réelles de l'entourage de Proust qui ont inspiré des personnages ou des moments de la Recherche. Par moments, nous sommes proches de l'explication de texte, mais tout en douceur. Moi qui ai beaucoup lu de et sur Proust, j'ai adoré ces anecdotes. Dans les remerciements, Pierre-Yves Leprince remercie "les lecteurs du Maître". La conclusion de tout ce que j'avais ressenti dans ce roman: une admiration sans borne pour cet auteur malade, mais fou de travail, cet "artisan en chambre", comme le qualifie Leprince. Chapeau l'artiste!
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L’odyssée qui ne m'a pas fait voyagé .
Pourtant beaucoup d'éléments prometteurs sont présents.
Tel que la Sicile bien sur, l'aventure d'un homme pendant la guerre , et bien d’autres choses .
Pourtant, ça ne l'a pas fait.
Je trouve un peu trop facile ce retour au pays .
C'est bien un peu de chance dans un roman, mais là c'est trop.
Aussi ce qui m'a déplu, c'est toutes ces expressions non traduites.
Elles sont trop nombreuses et surtout à des moments qui non pas lieu d’être.
le coté positive de ce roman, c'est le fait qu'il soit en partie autobiographique.
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