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Citations de Pierre de Marivaux (578)


CLÉANTHIS. Mais, notre bon ami, au bout du compte, vous parlez de son sexe ; elle a le défaut d'être faible, je lui en offre autant ; je n'ai pas la vertu d'être forte. S'il faut que j'excuse toutes ses mauvaises manières à mon égard, il faudra donc qu'elle excuse aussi la rancune que j'en ai contre elle ; car je suis femme autant qu'elle, moi : voyons, qui est-ce qui décidera ? Ne suis-je pas la maîtresse, une fois ? Eh bien, qu'elle commence toujours par excuser ma rancune ; et puis, moi, je lui pardonnerai quand je pourrai ce qu'elle m'a fait : qu'elle attende.

Scène III
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Moi l'épouser ! Je t'assure que non ; c'est bien assez qu'il m'épouse.
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« Vous avez été leurs maîtres, et vous en avez mal agi ; ils sont devenus les vôtres, et ils vous pardonnent ; faites vos réflexions là-dessus. »
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Nous nous quittâmes donc; elle rentra dans l'appartement de Mme la présidente, et moi, je me retirai plein d'une agréable émotion.
Est-ce que vous aviez dessein de l'aimer? me direz-vous. Je n'avais aucun dessein déterminé; j'étais seulement charmé de me trouver au gré d'une grande dame, j'en pétillais d'avance, sans savoir à quoi cela aboutirait, sans songer à la conduite que je devais tenir.
De vous dire que cette dame me fût indifférente, non; de vous dire que je l'aimais, je ne crois pas non plus. Ce que je sentais pour elle ne pouvait guère s'appeler de l'amour, car je n'aurais pas pris garde à elle, si elle n'avait pas pris garde à moi; et de ses attentions même, je ne m'en serais point soucié si elle n'avait pas été une personne de distinction.
Ce n'était donc point elle que j'aimais, c'était son rang, qui était très grand par rapport à moi.
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LE CHEVALIER. - En un mot, tu es un coquin.
TRIVELIN. - Vous voilà dans l'erreur de tout le monde.
LE CHEVALIER. - Un fourbe de qui je me vengerai.
TRIVELIN. - Mes vertus ont cela de malheureux, qu'elles n'ont jamais été connues de personne.

[La Fausse Suivante]
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MERLIN : Vous m'aimez donc, Colette, et cependant vous allez épouser Blaise ?
COLETTE : Vrament ça me fâche assez, car ce n'est pas moi qui le prends, c'est mon père et ma mère qui me le baillent.

LES ACTEURS DE BONNE FOI, Scène 4.
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Iphicrate - Méconnais tu ton maitre, et n'es tu plus mon esclave?
Arlequin, se reculant d'un air sérieux - Je l'ai été, je le confesse à ta honte; mais va, je te le pardonne: les hommes ne valent rien. Dans le pays d'Athènes j'étais ton esclave, tu me traitais comme un pauvre animal, et tu disais que cela était juste, parce que tu étais le plus fort: eh bien, Iphicrate, tu vas trouver ici plus fort que toi; on va te faire esclave à ton tour; on te dira aussi que cela est juste, et nous verrons ce que tu penseras de cette justice là, tu m'en diras ton sentiment, je t'attends là. Quand tu auras souffert, tu seras plus raisonnable, tu sauras mieux ce qu'il est permis de faire souffrir aux autres. Tout en irait mieux dans le monde, si ceux qui te ressemblent recevaient la même leçon que toi.
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Pierre de Marivaux
Quand un livre serait mauvais, il risque, au moins pour un temps, de passer pour bon, si l’auteur a un parti formé dans la république des lettres ; de même il risque de passer pour mauvais, quand même il serait bon, si l’auteur est inconnu.
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DORANTE. Je t'avoue que j'hésite un peu. N'allons-nous pas trop vite avec Araminte ? Dans l'agitation des mouvements où elle est, veux-tu encore lui donner l'embarras de voir subitement éclater l'aventure ?
DUBOIS. Oh ! oui : point de quartier. Il faut l'achever, pendant qu'elle est étourdie. Elle ne sait plus ce qu'elle fait. Ne voyez-vous pas bien qu'elle triche avec moi, qu'elle me fait accroire que vous ne lui avez rien dit ? Ah ! je lui apprendrai à vouloir me souffler mon emploi de confident ! pour vous aimer en fraude.
DORANTE. Que j'ai souffert dans ce dernier entretien ! Puisque tu savais qu'elle voulait me faire déclarer, que ne m'en avertissais-tu par quelque signe ?
DUBOIS. Cela aura été joli, ma foi ! Elle ne s'en serait point aperçue, n'est-ce pas ? Et d'ailleurs, votre douleur n'en a paru que plus vraie. Vous repentez-vous de l'effet qu'elle a produit ? Monsieur a souffert ! Parbleu ! il me semble que cette aventure-ci mérite un peu d'inquiétude.
DORANTE. Sais-tu bien ce qui arrivera ? Qu'elle prendra son parti, et qu'elle me renverra tout d'un coup.
DUBOIS. Je lui en défie. Il est trop tard. L'heure du courage est passée. Il faut qu'elle nous épouse.
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Cet art de lire dans l'esprit des gens et de débrouiller leurs sentiments secrets est un talent que j'ai toujours eu et qui m'a quelquefois bien servi.
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On n'a pas un coeur qui va et qui vient comme une girouette : il faut être fille pour ça.
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Voilà toutes les fonctions qu'ils nous laissent ici-bas ; à nous qui les avons polis, qui leur avons donné des mœurs, qui avons corrigé la férocité de leur âme ; à nous, sans qui la terre ne serait qu'un séjour de sauvages, qui ne mériteraient pas le nom d'hommes.

La Colonie, Scène 9.
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ARLEQUIN : Qu'est-ce que nous ferons à cette heure que nous sommes gaillards ?
CLÉANTHIS : Eh ! mais la belle conversation.
ARLEQUIN : Je crains que cela ne vous fasse bâiller, j'en bâille déjà. Si je devenais amoureux de vous, cela amuserait davantage.
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IPHICRATE : Que deviendrons-nous dans cette île ?
ARLEQUIN : Nous deviendrons maigres, étiques, et puis morts de faim ; voilà mon sentiment et notre histoire.
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Tu ne sais ce que tu dis, dans le mariage, on a plus souvent affaire à l'homme raisonnable qu'à l'aimable homme: en un mot, je ne lui demande qu'un bon caractère, et cela est plus difficile à trouver qu'on ne pense. On loue beaucoup le sien, mais qui est-ce qui a vécu avec lui? Les hommes ne se contrefont-ils pas, surtout quand ils ont de l'esprit? N'en ais-je pas vu moi qui paraissent avec leurs amis les meilleurs gens du monde? C'est la beauté, la douceur, l'enjouement même, il n'y a pas jusqu'à leur physionomie qui ne soit garante de toutes les bonnes qualités qu'on leur trouve [...] Oui, fiez vous y à cette physionomie si douce, si prévenante, qui disparaît un quart d'heure après pour laisser place à un visage sombre, brutal, farouche, qui devient l'effroi de toute une maison.

Acte I Scène 1
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J’ai eu tort de donner cette comédie-ci au théâtre. Elle n’était pas bonne à être représentée, et le public lui a fait justice en la condamnant. Point d’intrigue, peu d’action, peu d’intérêt ; ce sujet, tel que je l’avais conçu, n’était point susceptible de tout cela : il était d’ailleurs trop singulier ; et c’est sa singularité qui m’a trompé : elle amusait mon imagination. J’allais vite en faisant la pièce, parce que je la faisais aisément.

Quand elle a été faite, ceux à qui je l’ai lue, ceux qui l’ont lue eux-mêmes, tous gens d’esprit, ne finissaient point de la louer. Le beau, l’agréable, tout s’y trouvait, disaient-ils ; jamais, peut-être, lecture de pièce n’a tant fait rire. Je ne me fiais pourtant point à cela : l’ouvrage m’avait trop peu coûté pour l’estimer tant ; j’en connaissais tous les défauts que je viens de dire ; et dans le détail, je voyais bien des choses qui auraient pu être mieux ; mais telles qu’elles étaient, je les trouvais bien. Et, quand la représentation aurait rabattu la moitié du plaisir qu’elles faisaient dans la lecture, ç’aurait toujours été un grand succès.

Mais tout cela a changé sur le théâtre. Ces Petits Hommes, qui devenaient fictivement grands, n’ont point pris. Les yeux ne se sont point plu à cela, et dès lors on a senti que cela se répétait toujours. Le dégoût est venu, et voilà la pièce perdue.

Si on n’avait fait que la lire, peut-être en aurait-on pensé autrement : et par un simple motif de curiosité, je voudrais trouver quelqu’un qui n’en eût point entendu parler, et qui m’en dît son sentiment après l’avoir lue : elle serait pourtant autrement qu’elle n’est, si je n’avais point songé à la faire jouer.

Je l’ai fait imprimer le lendemain de la représentation, parce que mes amis, plus fâchés que moi de sa chute, me l’ont conseillé d’une manière si pressante, que je crois qu’un refus les aurait choqués : ç’aurait été mépriser leur avis que de le rejeter.

Au reste, je n’en ai rien retranché, pas même les endroits que l’on a blâmés dans le rôle du paysan, parce que je ne les savais pas ; et à présent que je les sais, j’avouerai franchement que je ne sens point ce qu’ils ont de mauvais en eux-mêmes. Je comprends seulement que le dégoût qu’on a eu pour le reste les a gâtés, sans compter qu’ils étaient dans la bouche d’un acteur dont le jeu, naturellement fin et délié, ne s’ajustait peut-être point à ce qu’ils ont de rustique.

Quelques personnes ont cru que, dans mon Prologue, j’attaquais la comédie du Français à Londres. Je me contente de dire que je n’y ai point pensé, et que cela n’est point de mon caractère. La manière dont j’ai jusqu’ici traité les matières du bel esprit est bien éloignée de ces petites bassesses-là ; ainsi ce n’est pas un reproche dont je me disculpe, c’est une injure dont je me plains.
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MERLIN : Vous n’avez qu’à dire à vos parents que vous ne l’aimez pas.
COLETTE : Bon ! je li ai bien dit à li-même, et tout ça n’y fait rien.
BLAISE : C’est la vérité qu’alle me l’a dit.
COLETTE : Mais, Monsieur Merlin, si vous me demandiais en mariage, peut-être que vous m’auriais ? Seriais-vous fâché de m’avoir pour femme ?
MERLIN : J’en serais ravi ; mais il faut s’y prendre adroitement, à cause de Lisette, dont la méchanceté nous nuirait et romprait nos mesures.
COLETTE : Si alle n’était pas ici, je varrions comme nous y prendre ; fallait pas parmettre qu’alle nous écoutît.
LISETTE : Que signifie donc ce que j’entends là ? Car, enfin, voilà un discours qui ne peut entrer dans la représentation de votre scène, puisque je ne serai pas présente quand vous la jouerez.
MERLIN : Tu n’y seras pas, il est vrai ; mais tu es actuellement devant ses yeux, et par méprise elle se règle là-dessus. N’as-tu jamais entendu parler d’un axiome qui dit que l’objet présent émeut la puissance ? Voilà pourquoi elle s’y trompe.

LES ACTEURS DE BONNE FOI, Scène IV.
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ÉGLÉ : Mais que vois-je ? encore une autre personne ! [...]
ADINE : Je ne sais que penser de cette figure-là, je ne sais ce qui lui manque, elle a quelque chose d'insipide.
ÉGLÉ : Elle est d'une espèce qui ne me revient point.
ADINE : A-t-elle un langage ?... Voyons... Êtes-vous une personne ?
ÉGLÉ : Oui assurément, et très personne.

Scène IX.
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LA MARQUISE : Vis-à-vis de la petite fille de trente ans, était une assez grosse et grande femme de cinquante à cinquante-cinq ans, qui nous étalait glorieusement son embonpoint, et qui prend l'épaisseur de ses charmes pour de la beauté ; elle est veuve, fort riche, et il y avait auprès d'elle un jeune homme, un cadet qui n'a rien, et qui s'épuise en platitudes pour lui faire sa cour. [...] Je vous reconnus du premier coup d'œil à votre air de tête. Eh ! comment cela, Monsieur ? Oui, Madame, à je ne sais quoi de noble et d'aisé qui ne pouvait appartenir qu'à vous ; et puis vous ôtâtes un gant ; et comme, grâce au ciel, nous avons une main qui ne ressemble guère à d'autres, en la voyant je vous nommai. Et cette main sans pair, si vous l'aviez vue, Monsieur, est assez blanche, mais large, ne vous déplaise, mais charnue, mais boursouflée, mais courte, et tient au bras le mieux nourri que j'aie vu de ma vie. Je vous en parle savamment ; car la grosse dame au grand air de tête prit longtemps du tabac pour exposer cette main unique, qui a de l'étoffe pour quatre, et qui finit par des doigts d'une grosseur, d'une brièveté, à la différence de ceux de la petite fille de trente ans qui sont comme des filets.

LES SINCÈRES, Scène IV.
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BLAISE : Tenez Monsieur Merlin, je ne saurions endurer que tu m'escamotiais ma maîtresse.
MERLIN : " Tenez Monsieur Merlin ", est-ce comme cela qu'on commence une scène ? Dans mes instructions, je t'ai dit de me demander quel était mon entretien avec Colette.

LES ACTEURS DE BONNE FOI, Scène V.
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