Rabindranath Tagore

Laissez votre vie danser avec légèreté sur les bords du temps, comme la rosée à la pointe de la feuille.
Tirez, des cordes de la harpe, des sons qui soient des rythmes passagers.

La reine
Mon serviteur, tes prières sont exaucés. Tu seras le jardinier de mon jardin de fleurs.

Que mon chant ait la simplicité de l'aube,
Du glissement de la rosée sur la feuille,
Des reflets dans les nuages,
Et des averses de la nuit.

(" De l'aube au crépuscule")

Je n'ai pas encore pu écarter une seule âme du chemin de la mort [...] Je ne suis pas une flamme, je ne suis qu'un charbon éteint. Je ne puis allumer aucune lampe. C'est ce que montre bien l'histoire de ma vie. Toutes mes lampes sont restées éteintes.

Mon Dieu, pardonnez-moi cette fois, cette fois seulement.Tout ce que vous aviez mis dans mes mains pour que j'en fisse ma richesse, j'en ai fait non la richesse mais le fardeau de ma vie. Je ne puis ni le supporter plus longtemps, ni le déposer. Seigneur, faites-moi entendre encore les sons de flûte dont vous m'avez charmée jadis, il y a longtemps, dans le ciel rose de mon matin ; et que toutes ces peines deviennent légères et faciles. Il n'y a que la musique de votre flûte qui puisse refaire ce qui a été détruit, et blanchir ce qui a été souillé. Que votre musique fasse renaître ma maison.

Ma mère, aujourd'hui me revient à la mémoire la trace de vermillon qui marquait la raie de votre chevelure, le sari que vous portiez, avec sa large bordure rouge, et vos yeux, ces yeux si beaux, si profonds, si paisibles. Ils ont éclairé pour moi le voyage de la vie, comme la première lueur de l'aube, et m'ont donné un viatique d'or à porter tout le long de ma route [...]
Je me souviens, après mon mariage, quand, au petit jour, je me levais silencieusement pour enlever la poussière des pieds de mon mari sans l'éveiller : il me semblait que la marque de vermillon brillait sur mon front comme une étoile.

« Qui es-tu lecteur, toi qui, dans cent ans, liras mes vers ? »

Extrait d’une conférence de Rabindranath Tagore citée dans l’introduction de Saraju Gita Banerjee, traductrice et préfacière.

La première partie du mantra est le recueillement : amener en son for intérieur la terre, les sphères et les espaces, penser que l’on appartient à l’univers tout entier […] contempler cette divine énergie (Savitâ) qui crée et anime tout, la méditer […].
Je sens que cet immense univers que je ne puis appréhender en sa totalité est l’expression de son rayonnement, énergie inépuisable qui éclaire perpétuellement les trois mondes. Et moi, comment suis-je lié à elle ?
Ce lien est ma conscience qui me permet d’appréhender mon moi et le monde. De même que je connais le soleil par ses rayons qui viennent jusqu’à moi, de même Savitâ nous envoie sa lumière qui est notre conscience […]
Ce sentiment d’être lié me libère de mes intérêts égoïstes, de mes angoisses et de ma tristesse.

Nuit de pluie

Connais-tu ma peine
la connais-tu ô ami
mon très lointain ami -
en cette nuit de ténèbres éblouie d’éclairs
mon cœur tressaille par nuées et vents
ô ami, le sais-tu seulement !

Nul tâtonnement dans la profondeur de l'ombre. Cet amour entre toi et moi est simple comme une chanson. Nous ne nous égarons pas, hors des paroles, dans le silence éternel. Nous ne tendons pas nos mains vers le néant des espoirs impossibles.

En l'espace de deux mois, mon enthousiasme retomba. Je devins un de ces individus ternes qui, à la maison, restent assis à ruminer et qui, au-dehors, se laissent docilement atteler à la charrue et labourent tout le jour, tête baissée, en se battant les flancs, trop heureux, le soir venu, de se remplir la panse avec du fourrage. Après quoi, il ne leur reste plus aucune énergie pour bondir et caracoler.

À I'évidence, aucun dieu ne saurait être plus malveillant qu'un homme qui se fait dieu. Les immortels sont à mille lieues de causer de pareils problèmes. Cueillez une fleur pour la leur offrir, ils seront contents ; abstenez-vous-en, ils ne vont pas s'en plaindre. Les dieux humains exigent bien davantage. À la moindre petite négligence de votre part, ils fondent aussitôt sur vous, les yeux rouges de fureur, ce qui, soit dit en passant, n'en fait pas des figures divines.
Fée-du-logis

Je n’ai pas gardé un souvenir très net de l’enfant que j’étais alors, qui me paraît aussi loin de moi que la plus lointaine planète du système solaire, et je ne possède pas le télescope qui pourrait le ramener sous mon regard.

Là, dans l'espace illimité
où les nuages s'étendent pour dormir,
j'ai bâti ma maison pour toi , ô Poésie.

Il veut découvrir Dieu dans la Beauté de la Vie, dans la nature, dans la pensée, dans l’acte. Il veut que la Vie devienne Belle dans sa Totalité.

Les faits qui causent l’abattement et la tristesse ne sont qu’une brume, et lorsqu’à travers cette brume la Beauté perce çà et là, nous comprenons que la Paix est Vraie et non la haine, et que la Vérité est l’Unité et non la multitude disjointe.

La Beauté n’est pas une fantaisie, elle possède le Sens éternel de la Réalité.

Il n’est pas indispensable que les enfants comprennent toutes choses dans les moindres détails. Ce dont ils ont besoin, c’est de l’éveil de l’esprit

Je sais qu'un soir obscur le soleil me fera son dernier adieu.
Les bergers joueront de la flûte à l'ombre des banyans; les troupeaux brouteront près de la rivière, tandis que mes jours s'en iront aux ténèbres.

Voici ma prière : puissé-je savoir, avant de la quitter , pourquoi la terre m'a appelé en son sein.

Et quand soudain
les pluies tumultueuses de Çrâvana
descendent en nuages sans fin,
noyant les rivages de leur flottant déluge,
mes mousses chansons
soudainement sans repos, inspirées d'une vie sauvage,
recouvrent tous les chemins de l'inondation,
plongent dans la poursuite qui n'a plus de chemins,
de régions en régions
mes chansons !