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Citations de René Girard (173)


C’est l’erreur colossale de Nietzsche que de ne pas avoir vu ce qu’implique pour le rapport entre le mythique et le biblique la nature inconsciente du phénomène dit de bouc émissaire. Ce sont les religions sacrificielles qui incarnent l’esclavage sous toutes ses formes, tandis que le biblique et le chrétien conquièrent une vérité et une liberté dont les hommes peuvent faire un très mauvais usage, certes, mais qui les libère à jamais de l’emprise mythologique.
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Le biblique et l’évangélique privent lentement l’humanité de ses dernières béquilles sacrificielles ; ils nous confrontent à notre propre violence.
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Un mythe fondateur est un phénomène de bouc émissaire déformé de façon spécifique et toujours reconnaissable parce que ce sont les lyncheurs eux-mêmes qui le racontent, autrement dit les bénéficiaires jamais détrompés de la réconciliation qui résulte du lynchage unanime et de rien d’autre.
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Le récit de la crucifixion, au lieu de représenter la violence unanime du point de vue de la foule mystifiée, la représente telle qu’elle est en réalité. Il fait apparaître la contagion mimétique et l’inanité de l’accusation. […]
Les récits bibliques sont la représentation vraie de ce qui n’apparaît dans les mythes que sous une forme mensongère dominée par l’illusion des lyncheurs.
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En faisant d[‘Œdipe] le symbole de la condition humaine, Freud ne fait jamais au fond que rajeunir et universaliser l’éternel mensonge de la mythologie.
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La structure triangulaire n’est pas moins apparente dans le snobisme mondain que dans l’amour-jalousie. Le snob, lui aussi, est un imitateur. Il copie servilement l’être dont il envie la naissance, la fortune ou le chic . (...) Le snob n’ose pas se fier à son jugement personnel, il ne désire que les objets désirés par autrui. C’est pourquoi il est l’esclave de la mode. (p38)
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La médiation engendre un second désir parfaitement identique à celui du médiateur. C’est dire que l’on a toujours affaire à deux désirs concurrents . Le médiateur ne peut plus jouer son rôle de modèle sans jouer également, ou paraître jouer, le rôle d’un obstacle. (p21)
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Le triangle réapparaît toutes les fois que Stendhal parle de vanité, qu’il s’agisse d’ambition, de commerce ou d’amour. (...)
Pour qu’un vaniteux désire un objet il suffit de le convaincre que cet objet est déjà désiré par un tiers auquel s’attache un certain prestige. (p20)
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Stendhal désigne du nom de vanité toutes ces formes de “copie”, “d’imitation”. Le vaniteux ne peut pas tirer ses désirs de son propre fonds; il les emprunte à autrui.(p19)
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La passion chevaleresque définit un désir selon l’Autre qui s’oppose au désir selon Soi dont la plupart d’entre nous se targuent de jouir. Don Quichotte et Sancho empruntent à l’Autre leurs désirs en un mouvement si fondamental, si originel, qu’ils le confondent parfaitement avec la volonté d’être Soi . (p17)
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Le disciple se précipite vers les objets que lui désigne, ou semble lui désigner, le modèle de toute chevalerie { pour Don Quichotte }. Nous appellerons ce modèle le médiateur du désir. (p16)
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Les contes de fées qui nous montrent le loup, l'ogre ou le dragon avalant goulûment une grosse pierre à la place de l'enfant qu'ils convoitaient pourraient bien avoir un caractère sacrificiel.
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Cette aptitude à se donner des objets de rechange, beaucoup d'indices le suggèrent, n'est pas réservée à la violence humaine. Lorenz, dans L'Agression (Flammarion, 1968), parle d'un certain type de poisson qu'on ne peut pas priver de ses adversaires habituels, ses congénères mâles, avec lesquels il se dispute le contrôle d'un certain territoire, sans qu'il retourne ses tendances agressives contre sa propre famille et finisse par la détruire.
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On dit fréquemment la violence "irrationnelle". Elle ne manque pourtant pas de raisons : elle sait même en trouver de fort bonnes quand elle a envie de se déchaîner. Si bonnes, cependant, que soient ces raisons, elles ne méritent jamais qu'on les prenne au sérieux. La violence elle-même va les oublier pour peu que l'objet initialement visé demeure hors de sa portée et continue à la narguer. La violence inassouvie cherche et finit toujours par trouver une victime de rechange. A la créature qui excitait sa fureur, elle en substitue soudain une autre qui n'a aucun titre particulier à s'attirer les foudres du violent, sinon qu'elle est vulnérable et qu'elle passe à sa portée.
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On dit fréquemment la violence "irrationnelle". Elle ne manque pourtant pas de raisons : elle sait même en trouver de fort bonnes quand elle a envie de se déchaîner.
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Une fois qu'il est éveillé, le désir de violence entraîne certains changements corporels qui préparent les hommes au combat. Cette disposition violente a une certaine durée. Il ne faut pas voir en elle un simple réflexe qui interromprait ses effets aussitôt que le stimulis cesse d 'agir. Storr remarque qu'il est plus difficile d'apaiser le désir de violence que de le déclencher, surtout dans les conditions normales de la vie en société.
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L'amour et la haine sont une seule et même chose et le désir mimétique en est l'essence. Les deux antagonistes se méprennent exactement de la même manière sur ce qui se passe. Ni l'une ni l'autre ne peut croire qu'elle ait en aucune façon mal agi contre son amie ou contre l'amitié et, en réalité, aucune n'a commis cette faute: chacune se sent, très sincèrement, trahie par l'autre.
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Les idéologies romantiques et modernes ont toujours monté en épingle soit l'« amour vrai », soit, de nos jours, le « vrai désir », en présentant celui-ci comme le désir le plus vigoureux. L'intensité est censée aller de pair avec l'« authenticité ».
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Les hommes les plus orgueilleux souhaitent posséder les objets les plus désirables. Ils ne sont pas certains qu'il en est ainsi tant que leur choix n'est exalté que par de creuses flagorneries. Il leur faut des preuves plus tangibles, à savoir la concurrence d'autres désirs, aussi nombreux et prestigieux que possible. Et ils doivent alors, à grands risques, exposer leur trésor le plus précieux au feu croisé de ces désirs.
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Les antagonistes de la tragédie ne se battent pas autour de « valeurs » : ils désirent les mêmes objets et ruminent les mêmes pensées. Ces objets, ils ne les choisissent pas de façon fortuite. Leur choix n'est pas le fruit du hasard, ou du caprice, ou d'une inconséquence. Il n'est pas non plus imputable à un système économique dans lequel trop d'individus se disputeraient trop peu d'objets. Ces héros pensent et désirent de la même façon parce que ce sont des amis chers et des frères dans tous les sens du mot frère.
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