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Citations de René Girard (173)


« Entre Dionysos et Jésus, il n'y a « pas de différence quant au martyr », autrement dit les récits de la Passion racontent le même type de drame que les mythes, c'est le « sens » qui est différent. Tandis que Dionysos approuve le lynchage de la victime unique, Jésus et les Évangiles le désapprouvent. Les mythes reposent sur une persécution unanime. Le judaïsme et le christianisme détruisent cette unanimité pour défendre les victimes injustement condamnées, pour condamner les bourreaux injustement légitimés. Cette constatation simple mais fondamentale, si incroyable que cela paraisse, personne ne l'avait faite avant Nietzsche, pas un chrétien ne l'avait faite ! Sur ce point précis, par conséquent, il faut rendre à Nietzsche l'hommage qu'il mérite. Au-delà de ce point hélas, il ne fait que délirer. (…) »
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Le souterrain est la vérité qui se cache derrière les abstractions rationalistes, romantiques ou "existentielles". Le souterrain est l'aggravation d'un mal préexistant, c'est une prolifération cancéreuse de cette métaphysique qu'on avait crue supprimée. Le souterrain n'est pas la revanche de l'individu sur la froide mécanique rationaliste. Il ne faut pas s'y plonger comme s'il nous apportait le salut. Le héros souterrain témoigne, à sa façon, de la vocation véritable de l'individu. Il témoigne plus vigoureusement, en un sens, que s'il était moins malade. Plus le désir métaphysique se fait atroce plus le témoignage se fait insistant. Le souterrain est l'image renversée de la vérité métaphysique. Cette image se fait toujours plus nette à mesure qu'on s'enfonce dans l'abîme. Une lecture attentive interdit toute confusion entre le romancier et son personnage. Ce n'est pas une confession lyrique qu'écrit Dostoïevski mais un texte satirique d'une amère, sans doute, mais prodigieuse bouffonnerie.
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René Girard
Le Christ donne la non-violence comme seul chemin possible. Mais elle n'est pas un moment particulier : la non-violence peut se produire n'importe quand, si les hommes comprennent. Donc ce choix est là, toujours. Mais il me semble loin de se réaliser : l'homme d'aujourd'hui est essentiellement plongé dans la consommation. Il ne s'intéresse absolument pas aux choses ultimes puisqu'il a l'impression qu'elles n'existent pas. Ce qu'il faut montrer, c'est qu'elles existent.

(Le Monde des religions n° 100)
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Il nous faut entrer dans une pensée du temps où la bataille de Poitiers et les Croisades sont beaucoup plus proches de nous que la Révolution française et l’industrialisation du Second Empire.
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L'espace du désir est "euclidien". Nous croyons toujours nous mouvoir en ligne droite vers l'objet de nos désirs et de nos haines. L'espace romanesque est "einsteinien". Le romancier nous montre que la ligne droite est en réalité un cercle qui nous ramène invinciblement sur nous-même.
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Notre romantisme ne tolère le salut qu'imaginaire ; il ne tolère la vérité que désespérante.
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Le romantique se trompe toujours d'église. Il prétend brûler le monde sur l'autel de son Moi mais c'est à l'Autre qu'il devrait rendre un culte.
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Les règles de ce que nous appelons l’« intronisation royale » sont celles du sacrifice ; elles visent à faire du roi une victime apte à canaliser l’antagonisme mimétique.
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Tout le monde répète que le Roi est une espèce de “Dieu vivant”, personne ne dit jamais que la divinité est une espèce de “Roi mort”, ou tout au moins "absent", ce qui serait tout aussi vrai.
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L'unanimité dans les groupes humains est rarement porteuse de vérité, elle n'est le plus souvent qu'un phénomène mimétique, tyrannique. Elle ressemble aux élections unanimes des pays totalitaires.
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Mais l’islamisme n’est qu’un symptôme d’une montée de la violence beaucoup plus globale.
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L’apocalypse n’annonce pas la fin du monde ; elle fonde une espérance. Qui voit tout à coup la réalité n’est pas dans le désespoir absolu de l’impensé moderne, mais retrouve un monde où les choses ont un sens. L’espérance n’est possible que si nous osons penser les périls de l’heure. A condition de s’opposer à la fois aux nihilistes pour qui tout n’est que langage, et aux « réalistes », qui dénient à l’intelligence la capacité de toucher la vérité : les gouvernants les banquiers, les militaires qui prétendent nous sauver, alors qu’ils nous enfoncent chaque jour un peu plus dans la dévastation.
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On ne traite pas la guerre comme une épidémie.
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L'humanitarisme, c'est l'humanisme tari !
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Parce que je suis apocalyptique, je refuse toute forme de providentialisme. Il faut se battre jusqu'au bout, même si l'on pense qu'il s'agit d'une "vaine tentative".
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Éros ne se partage pas comme on partage un livre, une bouteille de vin, un morceau de musique, un beau paysage. Protée fait en la circonstance ce qu’il a toujours fait: il imite son ami. Mais les conséquences sont, cette fois, fondamentalement différentes. Voici que, d’un seul coup, et sans crier gare, le comportement qui depuis toujours nourrissait l’amitié la déchire.
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René Girard
Du génocide juif, je pense qu'il est juste d'en rendre toute la société occidentale responsable. Il est bien évident que l'antisémitisme chrétien était injustifié dans la mesure où les juifs ne sont pas plus responsables de la Passion du Christ que tous les meurtriers collectifs de tous les crimes du même genre. Bien que les juifs soient, religieusement parlant, le peuple le plus éclairé de toute la terre, ils n'ont pas échappé à la fatalité du meurtre collectif. Mais il faut comprendre qu'ils sont représentatifs, en ce cas précis, de la planète entière, et il n'y a par conséquent pas plus de raison d'incriminer les juifs modernes de la Passion que d'incriminer les Anglais modernes du meurtre de Jeanne d'Arc. (Magazine Littéraire, 2004)
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L'être de passion traverse sans les voir ces murailles d'illusions dressées par la vanité du monde. Il ne se soucie pas de la lettre et il va droit à l'esprit. Il marche vers l'objet de son désir sans se soucier des Autres. Il est seul réaliste dans un univers de mensonge. C'est pourquoi il semble toujours un peu fou.
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Le noble est donc l'être passionné par excellence, en tant qu'individu, mais la noblesse, en tant que classe, est vouée à la vanité. Plus la noblesse se transforme en caste, plus elle se fait héréditaire, plus elle ferme ses rangs à l'être passionné qui pourrait venir de la roture et plus s'aggrave le mal ontologique.
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Dans la médiation double chacun joue sa liberté contre celle d'autrui. La lutte est terminée dès que l'un des combattants confesse son désir et humilie son orgueil. Tout renversement de l'imitation est désormais impossible car le désir déclaré de l'esclave détruit celui du maître et assure son indifférence réelle. Cette indifférence, en retour, désespère l'esclave et redouble son désir. Les deux sentiments sont identiques puisqu'ils sont copiés l'un sur l'autre ; ils ne peuvent donc que se renforcer à la vue l'un de l'autre. Ils exercent leur poids dans la même direction et assurent la stabilité de la structure.
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