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Citations de René Guy Cadou (223)


Forges du vent


Extrait 1

Je m’évade
Sous les coquilles rompues du soir
Avec mon sac d’étoiles dans ma poche,
Ma fronde à tuer les heures
Et mon sifflet de merisier,
En échange de quelques larmes
De quelques morsures sous le sein
‒ Que je comptai à ma jeunesse ‒
Une nuit vierge de sang.
Tout est là dans cette tendresse de feuilles
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Le diable et son train, 1947-1948


La nuit ! La nuit surtout…
Extrait 2

Les lunes et les siècles passeront
Un million d'années ce n'est rien
Mais ne plus avoir ce tremblement de la main
Qui se dispose à cueillir des œufs dans la haie
Plus d'envie plus d'orgueil tout l'être satisfait
Et toujours la même heure imbécile à la montre
Plus de départs à jeun pour d'obscures rencontres
Je me dresse comme un ressort tout neuf dans mon lit
Je suis debout dans la nuit noire et je m'agrippe
À des lampions à des fantômes pas solides
Où la lucarne ? Je veux fuir ! Où l'écoutille ?
Et je m'attache à cette étoile qui scintille
Comme un silex en pointe dans le flanc
Ivrogne de la vie qui conjugue au présent
Le liseron du jour et le fer de la grille.
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Le diable et son train, 1947-1948
La nuit ! La nuit surtout…


Extrait 1

La nuit ! La nuit surtout je ne rêve pas je vois
J'entends je marche au bord du trou
J'entends gronder
Ce sont les pierres qui se détachent des années
La nuit nul ne prend garde
C'est tout un pan de l'avenir qui se lézarde
Et rien ne vivra plus en moi
Comme un moulin qui tourne à vide
L'éternité
De grandes belles filles qui ne sont pas nées
Se donneront pour rien dans les bois
Des hommes que je ne connaîtrai jamais
Battront les cartes sous la lampe un soir de gel
Qu'est-ce que j'aurai gagné à être éternel ?
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TOI


Extrait 2

Tu es celle que j’aime
Davantage que le pain
Et davantage que mes mains étendues
Sur chaque versant des collines
Tu es la petite voisine
Du trèfle et la compagne du lézard
Tu t’ensoleilles sur les pierres
Et tu es toujours sur ma joue
Si je pense a ta voix je pense au monastère
À neuf heures du soir quand les voix se répondent
Si je pense a ta bouche il me vient a la bouche
Ce gout de lait de fruits de feuilles traversées
Par les tendres ruisseaux de sève végétale
Et si je pense a toi c’est qu’il faut bien choisir
Entre avenir et souvenir.
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Extrait 1
 
 
J’ai longtemps attendu dans le bleu de la plaine
Apprivoisant les mains qui glissaient dans le vent
Il y a eu des cris vers l’Est
La femme et le chemin sortis d’un même geste
Un visage incliné sur la joue du couchant
Puis l’ombre a refermé la place restée vide

Il est là maintenant
Sous la terre encore fraîche…
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VOYAGE


J'attends
La pendule et la roue tournent en même temps
Le train s'allume
Et le long des sapins
La grande peau qui fume
C'est la mer

Ne laisse pas ton cœur traîner par la portière
Prends ta place
Il fait bleu
Le ciel couvre la glace
Une étoile s'ébat
Quelqu'un qui s'est manqué se suicide tout bas

Mais je rêve
On a baissé le vent
Et le rideau se lève
Au milieu de la nuit
C'était toi
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L’ENFANT PRÉCOCE


Une lampe naquit sous la mer
Un oiseau chanta
Alors dans un village reculé
Une petite fille se mit à écrire
Pour elle seule
Le plus beau poème
Elle n’avait pas appris l’orthographe
Elle dessinait dans le sable
Des locomotives
Et des wagons pleins de soleil
Elle affrontait les arbres gauchement
Avec des majuscules enlacées et des cœurs
Elle ne disait rien de l’amour
Pour ne pas mentir
Et quand le soir descendait en elle
Par ses joues
Elle appelait son chien doucement
Et disait
« Et maintenant cherche ta vie »
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SAISONS DU CŒUR


C’est bien toi
Je ne t’ai jamais vu
Et je te reconnais
Tu es celui que j’attendais
Prends la lampe
Appuie-toi sur mon bras
Il n’y a pas de rampe
Monte encore plus haut
Tu sais
On n’est jamais trop près du ciel
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Art poétique


Quand ce sera la nuit
Et toi tout seul dans une vieille limousine
Quelque part sur une route de forêt
Quand ce sera la nuit noire
Ô mon Poète aie garde d’allumer tes phares
Appuie de toutes tes forces sur le champignon de la beauté
Sans rien savoir
Et sans souci du flot battant ton pare-brise
Enfonce-toi comme un noyé dans la nuit rageuse qui grise

Tu as perdu la direction
Le Nord l’étoile les feux de position
Et tu sens soudain un grand choc
Tu es couché tout près de toi dans la verdure
Tu es comme mille petits trous de serrure
Qui regardent
Dans ta tête éclatée
Les éléments épars de la beauté

Et qui viendrait te chercher là
Quand tu disposes de toi-même
Secrètement pour un destin
Qui ne peut plus te laisser seul
N’appelle pas
Mais entends ce cortège innombrable de pas.
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Le coquelicot


Toi qui fus le chant de la plaine
La fraîche tentation des blés
L’amande douce des cocardes
Au loin la crête des clochers
Ô fleur des temps à venir
Fleur du crime
Fleur de sang sur la lèvre épaisse du sillon
Fleur jetée à travers tant et tant de poitrines
Fleurs des démolitions
Ô double végétal des coqs
Cri de la meule
Balafre de clarté au front du petit jour
Fleur ouverte en plein vent
Fenêtre de verdure
Âme du fusillé tournée contre le mur
Sœur Anne des plus hautes tours
Les hommes t’ont nourrie qui dorment sous les pierres
Et de leur longue nuit tu rougis tes paupières
Les morsures de l’eau t’apprennent à souffrir
Tu offres tes cinq plaies pour notre repentir
Ô fleur je t’ai gardée mes mains et mon visage
Qu’ils servent à jamais pour un meilleur usage
Et que tout mon passé rejaillisse sur toi
Fleur grave fleur des champs béante à son corsage.
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Je t’offrirai…


Je t’offrirai un beau gâteau de ciel
Ô mariée d’équinoxe !
Et vous conterai à tous
Des guerres civiles d’étoiles,
La capture d’un oiseau lune,
Ce que j’ai appris dans mon dernier voyage
Aux antipodes du printemps.
Un rebouteux m’a remis pour la fête
Un cœur boiteux depuis l’enfance :
Je crois pouvoir être sage.
Si parfois je me trompais
Il me faudrait donner une once de soleil
Et deux gorgées de l’eau des routes.
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Les sept péchés capitaux, 1949

La poésie


Je te cherche sous les racines de mon cœur
Comme un enfant à l’intelligence retardée qui a peur
D’entrer dans l’eau qui parle seul et fait bouger ses mains
« Ô mon Dieu permettez que cette eau ne me broie pas comme Votre Moulin »
Je m’attarde résolument près des colchiques et des saules
Laissez-moi regarder par-dessus votre épaule
La route qui poudroie et l’herbe qui verdoie
Sans désirer jamais autre chose que cela
Mais Dieu qui n’entend pas l’amour de cette oreille
« Tu descendras au fond de toi et je surveille
Tes allées et venues Tu me dois de trouver
Dans l’eau de mes regards la noisette tombée »
Les yeux vagues ainsi qu’un veilleur de frontière
De songerie malade et de sens abîmés
Je plonge doucement mes mains dans la lumière
Sans penser un instant à les en retirer
Car il me plaît d’aider un corps qui s’aventure
Et cherche par delà sa forme préférée
Le spectacle d’une âme aveugle qui murmure
Le long du mur en pierre de l’éternité.
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Je ne sais rien de tout cela
Ni comment tu t’habilles les jours de fête
Ni comment tu embrasses celle que tu aimes
Mais je sais à la façon dont tu portes la tête
A la façon que tu as de marcher
Que nous sommes faits pour aller tous deux
Avec cette joie saine sous l’épaule
Je t’écris parce que je ne puis supporter
Plus longtemps le silence
Parce que c’est trop de quatre années
A ne plus savoir si la vie
Est bonne à vivre ou méprisable
Parce que je suis responsable de ma vie
Comme de toutes celles qui m’entourent
Parce que de penser que tu m’attends peut-être
Et que tes mains se refroidissent loin des miennes
Me donne la force de parcourir ces kilomètres
Qui ne sont rien puisque je t’aime
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Il faut savoir combien René ressentaile vide et l'exil dès qu'il s'imaginait - à tort - abandonné ou oublié.
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Il faut préciser qu'il y a corrélation totale et identité entre le poète et Gilles.
Comme lui, il fut un orphelin de la vie, ne disposant plus de sextant ni de repères lorsqu'il perdit une mère à laquelle il était attaché de toutes ses fibres et qu'il ne cessera d'évoquer en ses poèmes.
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Je patauge dans des flaques d'huile, lourdes comme des flaques d'âme ...
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Toujours seul avec toi dans la chambre de veille
Les guêpes douces du sommeil
Autour du feu
Autour de toi
Le sang qui jappe dans mes doigts
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Le poète vit dans une prison de rues, de gens, d'immeubles, de klaxons, de bris de vaisselle, de ventres ouverts, de larmes, de pluies, de rire, de trains saouls. Il nous délivre.
Je vous délivre un permis sur le réseau dangereux de la beauté. Je n'ai que les droits du plus faible. Je suis passé avant vous au guichet.
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LE DIALOGUE

[...]
- Mon amour comme vous avez de longs cheveux !
- C'est pour mieux effacer vos baisers sur mes yeux

[...]
- Mon amour comme vous avez de longues hanches !
- C'est la seule beauté des femmes pour être franche

- Mon amour comme vous avez le souffle court !
- Aveugle ne vois-tu pas que je meurs d'amour.
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LA VISITE BLANCHE

Tu traverses ma vie
Quand j'y pense le moins
Quand le jour est en moi
Une chaude imposture
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