Citations de Robert Badinter (259)
Les amis qui s'éloignent emmènent avec eux une part de nos souvenirs, c'est-à-dire de nous-mêmes.
La paix, la vraie paix, celle de l'âme, commence avec la reconnaissance de nos erreurs passées.
Parce qu'aucun homme est totalement responsable, parce qu'aucune justice ne peut être absolument infaillible, la peine de mort est moralement inacceptable. Pour ceux d'entre nous qui croient en Dieu, lui seul a le pouvoir de choisir l'heure de notre mort. Pour tous les abolitionnistes, il est impossible de reconnaître à la justice des hommes ce pouvoir de mort parce qu'ils savent qu'elle est faillible.
La justice française ne peut plus être une justice qui tue.
Interview dans "Le Monde" - 28 août 1981
Simon était pourtant peu pratiquant. Il n’allait à la synagogue que pour les grandes fêtes. Plus intellectuel que religieux, il rêvait de justice sur cette terre. Quant à Dieu, il en respectait l’idée, mais se préoccupait d’abord du Mal, auquel il donnait ici-bas les traits du racisme, de l’antisémitisme et de toutes les formes d’oppression et de violence sociale.
Le courage, pour un avocat, c'est l'essentiel, ce sans quoi le reste ne compte pas : talent, culture, connaissance du droit, tout est utile à l'avocat. Mais sans le courage, au moment décisif, il n'y a plus que des mots, des phrases, qui se suivent, qui brillent et qui meurent. Défendre, ce n'est pas tirer un feu d'artifice : la belle bleue, la belle rouge, et le bouquet qui monte, qui explose et retombe en mille fleurs. Puis le silence et la nuit reviennent et il ne reste rien
" En vérité la peine de mort ne défend pas la société des femmes et des hommes libres, elle la déshonore. Ainsi, devons nous refuser toujours et partout, sous couvert de justice, que la mort soit la loi".
"La peine de mort est une honte pour l'humanité"
« Un homme ne pleure pas » disait-elle [Charlotte, la mère de Robert Badinter]. Mais si, un homme pleure dans son cœur quand il voit sa mère souffrir et qu’il ne peut rien pour elle.
Souvent, je me suis interrogé : que pensait-il [le père de Robert Badinter] lorsque, à Drancy, en mars 1943, il montait dans le train qui le conduirait au camp d’extermination de Sobibor, en Pologne ? Arrêté à Lyon par Klaus Barbie, et déporté sur son ordre, c’était aux nazis qu’il devait sa fin atroce, à quarante-huit ans. Mais au camp de Pithiviers ou de Drancy, qui le gardait, sinon des gardes mobiles français ? Tel que je l’ai connu, aimant si profondément la France, a-t-il jusqu’au bout conservé sa foi en elle ? On ne fait pas parler les morts. Mais cette question-là, si cruelle, n’a jamais cessé de me hanter.
Utiliser contre les terroristes la peine de mort, c'est, pour une démocratie, faire sienne les valeurs de ces derniers.
Si vous votez comme Monsieur l'avocat général vous le demande, je vous le dis, le temps passera, c'en sera fini du tumulte, des encouragements, vous demeurerez seul avec votre décision. On abolira la peine de mort, et vous resterez seul avec votre verdict, pour toujours. Et vos enfants sauront que vous avez un jour condamné à mort un jeune homme. Et vous verrez leur regard !
Ainsi, avant la guerre, les juifs de France constituaient une société de classes, du Yid du Marais à l’aristocrate faisant courir sous ses couleurs des pur-sang à Longchamp. Qu’y avait-il de commun entre l’un et l’autre ? Simplement, tous deux étaient juifs. Les nazis allemands et les fascistes français allaient le leur rappeler brutalement.
Quelques jours plus tôt, j'avais appris que le général Bigeard, [...] avait lancé "En Allemagne, ils ont la Bande à Baader. Nous avons la bande à Badinter" ! A un journaliste qui me demandait ma réaction, je me bornai à dire "Bigeard rimera toujours avec connard". (p133-4)
La véritable éloquence, c'est celle qui va du coeur de l'orateur au coeur de l'auditeur.
Les amis qui s'éloignent emmènent avec eux une part de nos souvenirs, c'est-à-dire de nous-mêmes.
(" Merci Bernard Pivot" 18 mars 2001)
Il (Samuel) avait décidé de s’établir dans cette République française qu’il admirait tant lorsqu’il vivait dans la Russie impériale. Pour Samuel, comme pour tant d’émigrés du Yiddishland, la France était dorénavant sa patrie d’adoption.
Il y a ainsi sous-jacente, dans une audience d'assises, une sorte de racisme judiciaire, inconscient, inavouable, omniprésent qui fait qu'il y a d'un côté les honnêtes gens, et d'abord ceux qui jugent, et de l'autre côté le sacrilège, celui qui a violé les interdits.
En réalité, l’appartenance des juifs à des classes sociales bien différentes dans la société française de l’époque l’emportait largement sur l’identité religieuse commune.
Le lendemain de l'émancipation des juifs, l'Assemblée décrétait que toute personne qui se trouvait sur le territoire de la France était libre, quelle fut sa race. L'esclavage aux colonies était a contrario maintenu.
Elle consacrait l'esclavage, cette négation absolue des Droits de l'homme.
La partie la plus souffrante de l'humanité restait prisonnière de ses chaines au moment même où les juifs voyaient briser les leurs, parce qu'ils étaient proches, parce qu'ils étaient blancs.
Le certificat d'études avait été placé bien en vue sur le buffet Henri III, acheté au marché aux puces chez un ami de Naftoul. La fête dura tout l'après-midi. Idiss rayonnait. C'était le premier diplôme français obtenu par la famille. Quel bonheur ! Quelle fierté !