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EAN : 9782213662596
396 pages
Fayard (16/03/2011)
3.82/5   55 notes
Résumé :
Trente ans après l'élection de Mitterrand et sa nomination à la Chancellerie, Robert Badinter évoque dans ce livre son activité place Vendôme. Nommé garde des Sceaux , il propose « au nom du gouvernement de la République » d abolir en France la peine de mort, c est chose faite le 30 septembre 1981. Il porte également des projets de loi issus des 110 propositions du candidat Mitterrand :
- suppression des juridictions d exception comme la Cour de sûreté de l'É... >Voir plus
Que lire après Les épines et les rosesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Je viens d'achever, un peu émue je dois dire, cette autobiographie de Robert Badinter, concernant la période où il fut garde des sceaux.
Robert Badinter est souvent réduit (ce qui n'est déjà pas rien) à l'abolition de la peine de mort. Or, son action et son humanisme vont au delà de cette reforme majeure.
Le texte est très bien écrit, limpide, humble et sans langue de bois.
Quelques passages m'ont marquée comme lorsqu'il évoque que lorsqu'on est ministre, il ne faut pas avoir besoin d'être aimé mais de là à être détesté...
Il y a aussi un petit vent de nostalgie en relisant ces combats des années 80.
Ses propos, même au sujet de ses adversaires, restent mesurés.
Il y a une élégance dans son discours qui fait du bien.
Je terminerai comme ces étudiants qu'il rencontre juste avant de quitter la chancellerie :
Ce ne fut pas un cours ni même un discours. Je leur exposai ce que j'avais pu réaliser, et aussi ce que je n'avais pas accompli et qui restait à faire. Ce serait leur tâche à eux pour demain. A la fin du jeu des questions-réponses, je vis s'approcher deux d'entre eux : une jeune fille, un jeune homme. Ils me remirent un gros registre ; douze cents étudiants l'avaient signé. Sur la première page était écrit en beaux caractères : "Merci, Monsieur Badinter !".
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Badinter nous transporte au coeur du premier septennat de Mitterrand en rendant compte de son action au ministère de la justice. Ce livre est une débâcle pour la classe politique mais aussi peut être la débâcle des citoyens tétanisés par tout changement, puisque en 2013 se pose exactement les mêmes questions que dans les années 80...
Tensions entre ministre de la justice et de l'intérieur, ca n'a pas changé
Situation déjà minable des prisons, ca n'a pas changé
Lourdeur administrative pour conduire une réforme, ca n'a pas changé
Opposition stérile entre le gouvernement et une opposition, ca n'a pas changé
Affrontement entre le "laxisme" de gauche et le "volontarisme" de droite, ca n'a pas changé.

Bref finalement ce livre montre que la politique est un spectacle comme un autre avec ses codes, ses rituels implacables, exactement comme un sport, où chaque élection est une sorte de coupe du monde dont le but est de faire du vent, de créer artificiellement des situations de tensions entre différents camps pour alimenter les conversations de comptoir, les unes des journaux et permettre aux ambitieux de satisfaire leurs problèmes d'égos avec une foule complice applaudissant ou vilipendant les orateurs, exactement comme dans un stade je vous dis...


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Robert Badinter revient vingt-cinq ans après, sur son passage au ministère de la justice, de juin 1981 à février 1986 ; inévitable exercice d'auto-promotion, bien évidemment, mais force est de constater, à la lecture de ce bilan étayé par de nombreux chiffres, que la comparaison entre l'action de ce garde des Sceaux et celle de ses successeurs est particulièrement cruelle pour les seconds ! L'ampleur des chantiers entrepris frappe d'emblée, qu'il s'agisse du pénal (abolition de la peine de mort, suppression des juridictions d'exception, abrogation de la loi dite sécurité et liberté) ou des autres domaines du droit (loi de juillet 1985 sur les accidents de la circulation, qui révolutionna la conception classique de la responsabilité en remplaçant la notion de faute par celle de mutualisation du risque, refonte complète du droit du régime des entreprises en difficulté). Contraste fortement avec les pratiques de ceux qui l'ont suivi, le mépris affiché pour tout ce qui ressemble à une communication compassionnelle ou à des réformes de pur affichage, au profit d'une action moins spectaculaire mais constante pour améliorer le fonctionnement de l'institution : renforcement des effectifs de la protection judiciaire de la jeunesse et des comités de probation et d'assistance aux libérés, augmentation des moyens dédiés à l'aide juridictionnelle... Surtout, le fil conducteur de l'action menée, constamment revendiqué tout au long de l'ouvrage, est une volonté opiniâtre, jamais démentie malgré les déceptions générées par l'insuffisance des résultats, de limiter la population carcérale et d'améliorer sa condition. Pendant presque cinq ans, Robert Badinter a su rester fidèle à ces quelques principes et à ses convictions, malgré la violence du rejet suscité dans certains milieux par sa politique, dont le rappel de certains épisodes, quelque peu oubliés après le passage du temps, laisse le lecteur pantois. En refermant ce livre, je me suis dit que le néo-ministre qui, assistant en janvier 1982 à l'audience de rentrée de la cour de Paris, se demandait ce que penserait de son action le stagiaire avocat qui avait prêté serment dans ces mêmes lieux trente ans plus tôt, pouvait aujourd'hui soutenir sans ciller le jugement de son idéaliste jeunesse.
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Jean Giraudoux évoque joliment, dans «Bella», les jardins de l'Hôtel de Bourvallais, (siège du ministère de la Justice, place Vendôme), lorsqu'il écrit : «Les merles indivis entre le Ritz et le Ministère, entre les belles Américaines et la justice, sifflèrent ».

Robert Badinter, lui, y entend plutôt, de son bureau, fenêtres ouvertes, « les accords très "jazzy" du pianiste du Ritz, notre voisin, singulière musique de fond pour l'étude des demandes de grâce ou de libération conditionnelle des grands criminels ».

Sa mélancolie à la contemplation de l'ordonnancement des plates bandes et des massifs taillés, entre lesquels Marie Antoinette et le Dauphin firent leur dernière promenade avant d'être enfermés au Temple, s'efface « à la fin du printemps, lors de l'éclosion des roses ».

Roses et épines recomposées rassemblent en un titre piquant les souvenirs du garde des sceaux, depuis l'abolition de la peine de mort en octobre 1981 jusqu'à son départ de la Chancellerie, en février 1986. le rappel du déferlement de haine contre la nomination de l'avocat des grands criminels, l'artisan de l'abolition et l'incarnation du laxisme, est difficile à croire concernant l'homme politique qui a sans doute le plus oeuvré à l'invention d'une politique pénale exigeante et humaniste dans une conjoncture difficile, avec des moyens contraints.

Ce récit minutieux, en forme de rapport -avec annexes-, mais qui se lit comme un roman d'aventures, est plein d'enseignements. En un simple coup d'oeil les graphiques montrent l'état de la justice avant et après son passage : La suppression des juridictions d'exception, le choc informatique, qui va révolutionner le quotidien de l'institution, l'accès au droit considérablement amélioré, la mise en place du travail d'intérêt général et des alternatives aux peines d'emprisonnement, pour éviter de construire trop de prisons. R. Badinter ne souhaite pas rester à la postérité comme un "Vauban judiciaire". Il préfère une politique active de prévention à l'augmentation sans fin des moyens de répression.

En moins de cinq ans, le bilan est impressionnant. Tout le champ du droit est concerné. Une soixantaine de lois, pénales, civiles, économiques... dont certaines proprement révolutionnaires. le droit des victimes est renforcé et porté à un niveau comparable aux législations les plus favorables en Europe. La condition pénitentiaire est améliorée. L'indemnisation des victimes d'accidents de la circulation est assurée par la seule loi qui porte le nom du ministre, qui a su vaincre la résistance persistante de la jurisprudence et des sociétés d'assurance, et ce au profit des plus faibles (piétons, cyclistes, enfants et vieillards). Seuls les spécialistes mesurent l'allègement de la charge des tribunaux que ce texte a apporté de surcroît. le rappel de toutes ces réformes, auxquelles s'ajoute la mise en chantier d'un nouveau code pénal qui aboutira en 1994, est agrémenté de nombreux souvenirs et anecdotes qui rendent le récit très vivant. Il enseigne que les efforts peuvent être payants. La reconnaissance progressive des bienfaits d'une telle politique s'accompagne d'une spectaculaire remontée de popularité de ce ministre si décrié à ses débuts. L'auteur sait transmettre sa ferveur dans le rappel de la ratification par le parlement français du VIème protocole annexe à la Convention européenne des droits de l'homme qui a pour effet de rendre irrévocable l'abolition du la peine de mort, qui avait inauguré son mandat.

Tous les mois de mai, les troènes qui longent les jardins du ministère diffusent leur parfum entêtant et inoubliable. Après la triste succession des derniers Garde des sceaux, on se prend à rêver, avec le retour du printemps, d'un grand ministre, à l'image de l'auteur, qui redonne à l'institution que la Justice désigne, les couleurs de la vertu qu'elle doit incarner.
Lien : http://diacritiques.blogspot..
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Ecrit par un lettré, ce livre de souvenirs et de mémoires décrit l'ambiance du premier septennat Mitterrand. La figure de R Badinter se construit progressivement, dans une forte conception de la justice comme un des pouvoirs de la Vè République.
Discret sur ses relations avec le Président, modeste, effacé , R Badinter redonne ses lettres de noblesse à l'engagement politique.
On aime moins les annexes
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critiques presse (1)
NonFiction
19 juillet 2011
Dans un ouvrage de souvenirs d'une haute tenue intellectuelle, l'ancien garde des Sceaux nous propose de revivre son expérience ministérielle à travers les chantiers qu'il a menés, au-delà de l'emblématique abolition de la peine de mort
Lire la critique sur le site : NonFiction
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Quelques jours plus tôt, j'avais appris que le général Bigeard, [...] avait lancé "En Allemagne, ils ont la Bande à Baader. Nous avons la bande à Badinter" ! A un journaliste qui me demandait ma réaction, je me bornai à dire "Bigeard rimera toujours avec connard". (p133-4)
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Ce ne fut pas un cours ni même un discours. Je leur exposai ce que j'avais pu réaliser, et aussi ce que je n'avais pas accompli et qui restait à faire. Ce serait leur tâche à eux pour demain. A la fin du jeu des questions-réponses, je vis s'approcher deux d'entre eux : une jeune fille, un jeune homme. Ils me remirent un gros registre ; douze cents étudiants l'avaient signé. Sur la première page était écrit en beaux caractères : "Merci, Monsieur Badinter !".
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Puisque la preuve était établie que lorsque vacillait ou s'éteignait la flamme de la liberté, la France plongeait dans la honte ou la barbarie, je mesurais toute politique à cette aune.
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Certes, le président savait mon expérience politique limitée et, par quelque remarque ironique, exprimait volontiers ses doutes sur mon habileté. Mais, au-delà de tout rapport d'amitié, je bénéficiais d'un double crédit : j'étais travailleur et secret, vertus cardinales à ses yeux.
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Un cabinet ministériel, c'est une équipe de football. Soudée par l'amitié, consciente des enjeux collectifs, elle peut accomplir de grandes choses et marquer bien des buts. Qu'elle soit rongée par des rivalités personnelles, que le souci des carrières l'emporte sur l'esprit d'équipe, et son efficacité s'altère ou disparaît.
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