Après avoir refermé le tome 4 des Enquêtes de Cormoran Strike, Blanc Mortel, je n’ai pas hésité très longtemps avant de me lancer dans la lecture de l’énorme pavé de Sang Trouble, le 5ème volet de la série. J’ai lu ici et là que la série comporterait 7 tomes mais l’information a été démenti par Little, Brown and Company, l’éditeur anglais. J’ai toujours pensé que c’était une erreur d’annoncer dès le départ le nombre de livres d’une série, l’auteur ou l’autrice se retrouve coincé dans la progression de son histoire pour qu’elle rentre dans le nombre de livres annoncés, quitte à faire des impasses ou à prendre des raccourcis. Bref, revenons à la chronique 😅 L’épaisseur du roman me faisait un peu peur, avec plus de 900 pages, je me demandais comment Robert Galbraith allait se débrouiller pour tenir le lecteur en haleine pendant autant de temps.
Après de nombreuses enquêtes qui ont mis Strike et Robin sous le feu des projecteurs, l’agence se porte bien et nombreux sont les clients sur liste d’attente tant leurs services sont demandés. Et c’est grâce à cette popularité que Strike va se voir proposer une curieuse affaire vieille de 40 ans. Les circonstances, le fait que cela soit un cold case titillent fortement Strike qui accepte de reprendre l’affaire pour donner une réponse à la question de sa cliente, qu’est-il arrivé à sa mère, Margot Bamborough ? Et le temps est compté puisque Strike ne dispose que d’un an pour résoudre cette enquête.
Et moi aussi j’ai envie de connaître la réponse, alors je plonge avec plaisir dans cette enquête où rien n’est simple, les indices sont rares, les témoins sont soit morts soit défaillants. Cela change de ce que Robert Galbraith avait pu proposer jusque là. Je comprends rapidement pourquoi le tome est si épais, beaucoup de pistes déterrées par Strike ne débouchent sur rien, c’est un véritable jeu de piste dans lequel je suis plongée. Les personnages sont vraiment nombreux et j’avoue été parfois perdue mais rien de réellement insurmontable 🙂 Robert Galbraith balade le lecteur de piste en piste avec une facilité déconcertante. Jusqu’au bout, l’identité du coupable m’a fait défaut et pourtant les indices étaient tous là, fallait-il encore les comprendre. J’ai aimé suivre cette enquête qui était plus difficile que les précédentes, l’ambiance est sombre, noire, glaçante et parfois trop réaliste, je pense à certaines descriptions qui sont violentes… J’ai longtemps eu l’impression que Strike et Robin s’étaient lancés dans une entreprise complètement irréalisable tellement ils étaient embourbés dans une multitude de pistes. Mais, je ne doutais pas que nous aurions la réponse à la fin du livre, quoique, cela aurait été clivant de ne pas résoudre l’enquête.
Au-delà de l’enquête, ce sont tous les moments de vie et la psychologie des personnages qui donnent de la profondeur au roman. Robert Galbraith mêle habilement la vie personnelle de Strike et de Robin à l’enquête. Déjà que dans les tomes précédents, ce n’était pas bien brillant, cela ne s’arrange pas ici. Matthew pinaille pour un rien concernant le divorce, le mec est fautif jusqu’au bout et il joue sa princesse, Robin a bien du mal à gérer ce divorce qu’elle pensait simple mais bon, cela se voyait dès L’Appel du Coucou que Matthew avait un fort potentiel d’emmerdeur qui s’est confirmé jusqu’au bout et bon débarras, j’espère qu’on ne le reverra plus. Pour Strike, c’est tout aussi compliqué, il fait face à la maladie de sa tante, les moments qu’il passe en Cornouaille sont précieux et émouvants, même si Strike paraît détaché de tout et maladroit avec sa famille, il l’aime profondément. Tous ces évènements rendent Strike et Robin plus humains.
La relation entre Strike et Robin est toujours aussi intéressante à suivre. Il y a beaucoup de non-dits, d’incompréhensions, de tension. Chacun cherche à rester de son côté de la ligne qu’ils se sont inconsciemment fixé et je me demande si elle sera un jour franchie. Malgré le manque flagrant de communication sur certains points, ce qui conduit à quelques conflits, Strike et Robin sont plus que des associés, ce sont des amis, ils se font confiance. Ils sont maladroits l’un envers l’autre mais l’affection qu’ils ont l’un pour l’autre est bien présente. Comme dans les tomes précédents, je retrouve ce défaut que j’avais déjà évoqué dans mes chroniques précédentes, à savoir que Robert Galbraith n’est pas tendre avec ses protagonistes, j’ai toujours l’impression qu’ils n’ont que des défauts, même les enfants ne sont pas épargnés.
Sang Trouble est une enquête passionnante, certes lente mais qui représente bien les 12 mois dont dispose Strike pour la résoudre. J’ai juste eu un peu de mal avec les dessins, sur ma Kobo, ce n’était pas très lisible. J’ai hâte d’avoir la suite, mais je vais devoir attendre, The Ink Black Heart, le sixième roman est sorti la fin août 2022, en comptant le délais de traduction, il ne sera dispo que l’année prochaine 😥
Lien :
https://missbiblioaddict.wor..