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Citations de Roger Grenier (95)


Comme le dit Flannery O'Connor, "quiconque survit à son enfance dispose d'une assez ample information sur la vie pour le reste de ses jours".

Vie privée, p. 94.
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Glace

Olga s'approche de Tchékhov mourant et veut poser un sac de glace pilée sur sa poitrine. Il la repousse en disant :
"On ne met pas de glace sur un coeur vide."
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Chaque instant semble raté. Leur succession laisse un goût d’inaccompli qui est le vrai sujet. Aussi ce théâtre donne t-il plus qu’un autre l’impression du temps qui s’écoule. On sait que rien ne va changer, que tout va se répéter. Éternellement, on parlera de l’avenir sans y croire, après avoir pleuré sur le passé.
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Lorsqu’ils ont constaté la vanité de la philosophie, les personnages se remettent à parler de n’importe quoi. La construction des pièces est invisible. Ce théâtre est sans action, ou tout au moins sans péripéties. Il semble fait de l’heure qui passe, des choses tues, d’un peu de musique. Parfois un coup de pistolet vient briser le silence. Ce n’est pas un dénouement. Comme le dit Macha, à la fin des Trois sœurs « Il faut vivre.»
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Les amours du poète


19

Quand elle [l'étudiante] le rejoignit, ce mardi elle comprit qu'il se passait
quelque chose. Il [le vieux poète] n'était pas dans son assiette.
‒ Vous êtes souffrant ?
‒ La nuit dernière, j'ai rêvé de Delphine.
‒ Un chemin vers l'indésiré…
‒ J'aurais tant voulu que ce ne soit pas celle-là !
Ne sachant que faire, que dire, alors que lui semblait vouloir
se perdre dans le silence, elle commença à réciter, à mi-
voix :

Je t'écris d'un avion
Et maintenant nous sommes secoués
Il faut attacher nos ceintures
Avant de partir nous avions écouté du Schubert
Je ne puis entendre ce chant qui prit naissance sur
 quelques cordes
Sans avoir le cœur qui se déchire
En pensant à notre amour
Si fort et si faible
Un amour qui demande à vivre
Comme un petit enfant
Et que pourtant condamne
Les larmes m'emplissent les yeux
Et dansant sur leur eau je vois notre chambre
Le grand lit où nous écoutons Schubert
Dans la tendresse qui suit l'amour
Les yeux fermés, les yeux ouverts
Tes yeux qui ont si souvent pleuré
Pour la solitude, les luttes vaines
Et si demain tu trouvais enfin le bonheur
Ils pleureraient encore
Car ta joie ressemble à ta tristesse
Et l'amour t'arrachera toujours des larmes…

p.126-127
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Camus n’est pas un esthète fabriquant de gracieux objets littéraires. Chacun de ses livres exprime l’engagement de sa pensée, est inséparable des événements de sa vie, où il ne s’est jamais tenu, bien au contraire, à l’écart des combats, des souffrances, des convulsions du monde»
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Écrire suppose un effort. C'est un travail. Pourquoi va-t-on s'y astreindre, alors qu'il serait plus naturel de ne rien faire ? C'est que l'écriture est tout à la fois un travail fatigant et un plaisir. Bien plus qu'un plaisir. Écrire est peut-être le seul moyen dont dispose un être humain pour apprivoiser une angoisse fondamentale.
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Les couleurs sont les passions de la lumière (Goethe)
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La mort dans un roman, cela arrive très vite. Plus vite que dans la réalité. encore que...
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Beaucoup de chiens s'appellent Ulysse. Mais le chien d'Ulysse, comment s'appelait-il ? Argos. Il attend son maître dans des conditions moins confortables que Pénélope. Toujours prudent, le roi d'Ithaque, quand il aborde enfin son île, s'est rendu méconnaissable, avec la complicité d'Athéna. Et pourtant, Argos le reconnaît.
"Négligé maintenant en l'absence du maître, il gisait, étendu devant le portail , sur le tas de fumier des mulets et des bœufs où les serviteurs d'Ulysse venaient prendre de quoi fumer le grand domaine ; c'est là qu'Argos était couché, couvert de poux. Il reconnut Ulysse en l'homme qui venait, et, remuant la queue, coucha les deux oreilles : la force manqua pour s'approcher de son maître." Ulysse l'avait vu : il détourna la tête en essuyant une larme..."
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Il est impossible de parcourir une gazette quelconque, de n'importe quel jour, ou quel mois, ou quelle année, sans y trouver, à chaque ligne, les signes de la perversité humaine la plus épouvantable, en même temps que les menteries les plus surprenantes de probité, de bonté, de charité, et les affirmations les plus effrontées relatives au progrès et à la civilisation ...
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La durée de la vie humaine, qui ne cesse d’augmenter, est plus longue que celle de l’amour. Plus longue que celle de l’amitié, des goûts littéraires, musicaux, artistiques. J’ai éprouvé de grandes passions pour des auteurs qui aujourd’hui ne m’intéressent guère. Ou bien mes préoccupations ont changé et ne sont plus celles qu’ils exprimaient. Ou bien j’ai fait le tour de ces écrivains et je n’ai plus de plaisir à les fréquenter. Ou bien trop de gens se sont mis à les aimer et cela a gâté l’amitié un peu exclusive que j’avais pour eux (ce qui n’est pas un beau sentiment). Ou bien encore ma frivolité m’a ôté le courage de retourner les lire, et je ne les vénère plus que de loin. Sans parler des dieux de notre enfance. L’âge mûr nous fait découvrir que nous avions adoré des idoles creuses.
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Soleil et ombre. Si j'emploie ces deux mots, en pensant bien sûr aux origines espagnoles de Camus , et à son goût pour l'Espagne, qui ne s'est jamais démenti, c'est qu'ils peuvent aussi résumer sa pensée et son oeuvre , sa façon de comprendre la vie, le sens de son combat. Dans une plaza de toros, le soleil est la place des pauvres. L'auteur de Noces a dit lui-même qu'il a passé sa jeunesse "à mi-distance de la misère et du soleil"L'ombre, c'est le côté des nantis. On peut y trouver le pouvoir, l'injustice, tout ce qui fait le malheur des hommes. Camus n'a jamais supporté cette perversion de la nature humaine. Il l'appelle nihilisme.
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Dans la vie, il arrive que l'on se cache derrière un animal familier. On le met comme un écran entre soi et les autres. En littérature aussi, l'animal est un masque souvent utilisé pour traiter des passions humaines (page 117)
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Les amis de la nature, par exemple Maurice Genevoix, parlent merveilleusement des bêtes, celles qui vivent en liberté et celles qui accompagnent l'homme. Mais, comme Francis Jammes, ce sont des chasseurs. Ils prennent leur parti du sang animal. Et s'ils connaissent mieux que d'autres le comportement et le caractère des chiens, ils ne peuvent s'empêcher de les considérer d'un point de vue un peu trop fonctionnel. Car finalement le chien de chasse, le gardien de troupeaux, le chien de traîneau, le chien d'avalanche, le chien policier ont une utilité dérisoire, à côté de celle du chien qui ne sert à rien. Celui-là est fait pour donner et recevoir l’amitié et l'amour.
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Queneau en paroissien clandestin:

Raymond Queneau meurt en 1976. On découvre qu'il tenait un Journal intime. On y lit avec stupeur que, lorsqu'il sortait de chez Gallimard, il entrait non pas au bar du Port-Royal, mais à saint-Thomas d'Aquin et allumait un cierge.
J'ai trouvé depuis un témoignage de Michel Mohrt:
"Quand il est fatigué, il entre, qui l'eut cru, dans une église, deux églises, trois églises, j'en ai compté sept. Pas les cathédrales triomphalistes, promises à la démolition, mais les églises cachées dans les pâtés de maisons, Notre-Dame-de-la-Croix, saint-Séverin, saint-Thomas d'Aquin aussi, bien dégagé, c'est vrai, et cossu, solennel et douillet. Peut-être y fait-il une p'tite prière, comme au temps de sa première communion..."p.108

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"François Laurent aimait le Magic Palace lorsqu'il était désert. Il était encore assez proche de l'enfance pour en faire un terrain de jeux, et d'exploration.
Sur la façade, trois panneaux l'accueillaient, avec les affiches de la semaine. C'était toujours un plaisir quand arrivaient les paquets d'affiches neuves et qu'on les dépliait, libérant leur odeur d'encre et leurs couleurs violentes, leur art naïf qui allait, de par la ville, attirer l'attention sur le Magic palace. Au dos, on écrivait immédiatement, avec un gros crayon bleu, l'emplacement auquel chacune était destinée. Les affiches étaient une preuve de l'existence du Magic Palace, une des choses qui faisaient sentir le mieux le côté extraordinaire de ce nouveau métier."
p 99
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"Madame Laurent trouvait vulgaire le nom de Magic Palace et parla de débaptiser le cinéma. Mais la discussion s'enlisa et faute de trouver un nom qui plût à toute la famille, le Magic resta le Magic.
La façade fut repeinte, ainsi que le hall. Ce furent les seules transformations, à part installer des veilleuses bleues dans le fond de la salle où elles faisaient défaut et où les couples se tenaient mal.
Pour le hall, qui était un peu biscornu, avec des excroissances que formaient le vestiaire, la cabine de la caisse et un autre réduit vitré, dans un coin qui servait de bureau, Mme Laurent eut une idée dont elle ne cessa de s'enchanter. Elle le fit peindre en rose, avec des fresques représentant les animaux de Walt Disney: Mickey et Minnie, Donald, Pluto. Elle avait fait toute la ville pour trouver un peintre-décorateur capable de dessiner ces rivaux mythiques des plus grandes vedettes. Elle s'attendait à ce que tous ceux qui franchiraient les portes vitrées du Magic Palace poussent des cris de ravissement. Mais il faut bien dire qu'à part quelques vieilles dames, ce fut l'indifférence."
pp 46-47
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"J'ai toujours été étonné, dans ma jeunesse, que notre petite ville ait pu produire un personnage comme La Flêche. Aujourd'hui encore, malgré l'expérience et tous les raisonnements, j'ai du mal à le comprendre. Ce bonhomme lent et lourd, avec sa moustache et son fort accent du pays, avait tout du paysan. Pourtant son métier, c'était le spectacle, ce que l'on appelle à présent le show-business. Au cours d'une vie hasardeuse, ne comptant plus les faillites et les redressements acrobatiques, il avait fondé des cinémas, des dancings, des arènes, monté des spectacles forains. Pour s'occuper de telles choses, il me semlait que l'on devait venir de Paris, ou tout au moins d'une très grande ville. Le père La Flêche, lui, paraissait sortir d'une de ces fermes qui était la honte de notre province, avec le fumier devant la porte, et le purin coulant partout. Il fallait être vif, coléreux, agité peut-être, un de ces hommes qui créent autour d'eux un tourbillon. La Flêche, dans sa lenteur, était tout le contraire. Je ne veux pas dire qu'il y avait un contraste chez lui entre la placidité du corps et la vivacité de l'esprit. Tout dormait, il était impossible qu'une tête aussi morne, avec sa moustache tombante, dissimulait l'exubérance de l'imagination."
(pp 13-14)
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Dans son discours de Stockholm , en 2006, le Prix Nobel Orhan Pamuk a fait le tour de la question:"J'écris parce que j'en ai envie. J'écris parce que je ne peux pas faire comme les autres un travail normal. J'écris pour que des livres comme les miens soient écrits et que je les lise. J'écris parce que je suis très fâché contre vous tous, contre tout le monde. J'écris parce qu'il me plaît de rester enfermé dans une chambre, à longueur de journée. J'écris parce que je ne peux supporter la réalité qu'en la modifiant. J'écris pour que le monde entier sache quel genre de vie nous avons vécu, nous vivons, moi, les autres, nous tous, à Istanbul, en Turquie. J'écris parce que je crois par dessus-tout à la littérature, à l'art du roman. J'écris parce que c'est une habitude et une passion. J'écris parce que j'ai peur d'être oublié. J'écris parce que je me plais à la célébrité et à l'intérêt que cela m'apporte. J'écris pour être seul..." (p.176/ Folio, septembre 2012)
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