AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Roger Martin (96)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


La bataille du rail : Cheminots en grève, écriv..

36 auteurs pour autant de nouvelles, illustrés par les dessins de Mako.

36 auteurs engagés, car cet ouvrage polyphonique n'a qu'une seule ligne éditoriale : celle de défendre les services publics, un certain « idéal de solidarité »

concrétisé ici par le train dans la tourmente de cette nouvelle « bataille du rail ».



36 pierres apportées à l'édifice d'une lutte, puisque les droits d'auteurs sont entièrement reversées aux caisses des grévistes contre cette réforme ferroviaire 2018.

À chacun d'en juger la nécessité bien sûr, mais il fallait le préciser, car il ne s'agit pas ici d'un don seulement caritatif, mais profondément politique.



Bien sûr, ces nouvelles sont très différentes, et parfois inégales, mais toutes réussissent la gageure de parler à nous tous, qui avons en commun cet « imaginaire du rail».

Comme Didier Daenincks dont « le sang noir du monde ferroviaire coule dans [s]es veines. »



Lu en juillet 2018.
Commenter  J’apprécie          10611
Vive la Commune !

Un cri du cœur.



Rassemblant plus de 20 plumes contemporaines, ce recueil de nouvelles mettant en scène des acteurs majeurs ou anonymes de la Commune de Paris est un très bel hommage en forme d'initiation à cet événement capital de l'histoire de l'émancipation humaine.



Souvent des femmes, les personnages mis en scène à travers des poèmes ou des textes courts redonnent vie à ces quelques semaines où plus que jamais l'espoir a eu droit de cité entre les murs de la capitale... avant la derniere, la "Semaine sanglante" et son anéantissement dans un bain de sang.

Agrémenté de gravures et de reproductions d'époque, un livre agréable et nécessaire.



Publié en 2021, à l'occasion des 150 ans de la Commune.



Commenter  J’apprécie          730
Brigadistes !

A l'occasion du 80ème anniversaire de la création des Brigades Internationales, les Editions du Caïman s'associent aux Amis des Combattants en Espagne Républicaine (ACER) pour nous offrir un recueil de nouvelles noires, Brigadistes! préfacé par Cécile Rol-Tanguy. Le cahier des charges est le suivant: « L'angle des nouvelles est libre : univers violent de la Guerre d'Espagne, regard tragique et pessimiste, aspect politique, complexité, mais aussi solidarité Internationale, histoires d'amour, collectivisme, vie artistique... tout cela en lien avec les Brigades Internationales ». Les 20 collaborateurs, auteurs comme Patrick Bard, Didier Daeninckx, Michel Embarek, dessinateurs comme Bruno Loth, musiciens comme Cali, nous livrent des histoires personnelles ou non sur ces volontaires venus du monde entier se battre aux côtés des Républicains espagnols.

Brigadistes est un recueil homogène, riche de souvenirs de famille, de rencontres, d'amitiés, de lectures, qui fait revivre pour le lecteur le Bataillon Commune de Paris, le Winnipeg, la compagnie France Navigation, la Retirada…

Brigadistes!, en vingt nouvelles de qualité, rend un bel hommage aux 35.000 volontaires de 53 nationalités, dont beaucoup payèrent au prix fort leur engagement. Elles nous permettent aussi de faire connaissance avec des auteurs moins connus dont on a hâte de lire les ouvrages, je pense à Patrick Fort dont la nouvelle intitulée "Els ombres del coll dels Belistres" m'aura beaucoup touchée. On espère que cette belle initiative trouvera l'écho qu'elle mérite.

Commenter  J’apprécie          694
Nouvelles noires

Tu cherches à lire des nouvelles noires,

mais tu ne sais pas par où commencer.

Alors voici un recueil qui s'ouvre à toi :

un florilège parmi quinze auteurs classiques

et neuf écrivains contemporains des années 80.

Tous écrits en français, cocorico !

Tu peux tout lire ou faire ton choix.

J'ai mes favoris en course qui se livrent bataille :

La dame avec une petite chienne grise de Georges J. Arnaud qui m'a bien baladée.

La grande Brétèche de Balzac, c'est du bel ouvrage !

Le secret de l'échafaud Villiers de l'Isle Adam, à toi de le découvrir...

Ceux qui vont mourir de René Réouven, j'en ai fait qu'une bouchée romaine.

Le matelot d'Amsterdam de Guillaume Appolinaire, c'est pas une brèle mon Jacquot !

Mademoiselle Maud de Boileau-Narcejac, elle a tout pour te plaire.

Matéo Falcone de Prosper Mérimée , plus Corse tu meurs.

F.X.E.E.U.A.R.F.R de Didier Daeninckx , non ce n'est pas une erreur de frappe.

Une vendetta Guy de Maupassant, c'est encore bien corsé.

Emille Gaboriaux Le petit vieux des Batignolles, il a pas pris une ride.

Une tisane de Léon Bloy, pour digérer le tout !

Et la palme du noir revient haut la main après délibération avec... moi-même à Un petit geste de Pierre Siniac...qui part pourtant d'un bon sentiment . L'histoire se déroule dans le village de Sans-Remords-ville

qui accueille une nouvelle résidence de retraités où les pensionnaires

coulent de vieux jours tranquilles loin des abominations du monde.

Parmi les 25 locataires, Il ya Monturel, le sadique de Vierzon, Arquignol le kidnappeur sanglant ,Loutte, le chirurgien de la nuit, Orchinidze, le chauffeur de taxi envoûteur et 21 autres du même acabit.

Chanceux de couver une retraite heureuse dans ce petit coin de paradis,

pris de remords , ils décident, d'un commun accord , de faire un petit geste...

Voilà, un excellent mélange de nouvelles noires fait pour moi et peut être pour toi !

Commenter  J’apprécie          463
AmeriKKKa, Tome 2 : Les Bayous de la Haine ..

Bye bye Texas, hello Floride !



Tallahassee plus précisément...

Steve Ryan et Angela Freeman ont du pain sur la planche. Jack Lancaster, 80 piges au compteur, vient de se faire dessouder. Témoin privilégié de l'un des drames les plus terrifiants de l'Alabama alors qu'il était encore dans la fleur de l'âge, ce sémillant octogénaire, qui s'apprêtait enfin à témoigner, n'a désormais plus de comptes à rendre qu'envers son créateur.



Nouvel état, nouvelle exaction du KKK, nouvelle enquête légèrement moins aboutie que la précédente mais tout aussi passionnante.

Les salauds revendiquent leur statut de tristes glands décérébrés avec toujours autant d'enthousiasme.

Du flic véreux en veux-tu en voilà, de l'enquêteur aussi câlin et attachant qu'un pitbull affamé, de la sale gueule un brin caricaturale aussi éveillée et à l'aise qu'un troupeau de candidats de télé-réalité s'essayant aux chiffres et aux lettres, si la recette diffère, les ingrédients de base restent les mêmes d'où cette très relative déception à la lecture de ce deuxième opus...



En route pour l'Idaho. Etienne, c'est quand tu veux!!!!



Commenter  J’apprécie          374
AmeriKKKa, Tome 1 : Les Canyons de la Mort ..

Une folle envie de marrade ? Ballot , le propos de cet album est tout autre...



Texas , frontière Mexicaine .

Cinq femmes . Cinq clandestines croyant trouver en l'Amérique un eldorado pour , en définitive , finir massacrées , les corps abandonnés en plein désert n'attendant désormais plus que la pourriture et l'oubli...

C'est qui qui qu'a fait ça ?

La seule question qui vaille et qui taraude alors nos deux enquêteurs de choc que sont Angela Freeman et Steve Ryan , dépêchés sur les lieux et diligentés par l'AKN , mouvement férocement anti-KKK , un briquet à l'effigie d'un dangereux groupuscule ayant été retrouvé au creux de la main sanguinolente de l'une des malheureuses victimes .



Un sujet toujours d'actualité traité sympathiquement mais qui aurait certainement mérité une approche quelque peu différente .

Scénarisé par Roger Martin , spécialiste notoire de la question néo-nazie , ce premier opus basé sur des faits réels prend toute sa légitimité et n'en devient que plus attractif .

Des groupuscules extrêmes évoluant aux yeux et aux sus de tous à la police blanche locale vérolée jusqu'à l'os en passant par la Lorraaaaaine , heu par un fort climat de tension exacerbée entre pro et anti-KKK , le tableau est des plus réalistes en cette si délicieuse Amérique sudiste ségrégationniste et mérite vraiment que l'on s'y attarde .

Le trait est agréable même s'il fait parfois dans l'approximation . Les couleurs Texanes vous explosent littéralement au visage , indice 80 de rigueur !

Le scénar' , même s'il fait preuve de quelques raccourcis faciles , tient largement la route tout en étant instructif .

Là où ça me gratte légèrement , c'est dans l'approche physique des personnages qui fait plus que dans la caricature , enlevant pour le coup , me concernant , pas mal de puissance immersive .

Des deux gentils , véritables gravures de mode accompagnées de leur comique de service à la tronche et aux saillies verbales toujours amusantes aux vilains méchants , véritable catalogue de sales gueules toutes potentiellement à même de décrocher le prix Quasimodo , le fossé est énorme et le trait outrancier . Dommage...



Quoi qu'il en soit , une série s'annonçant plutôt sympathiquement et augurant , allez savoir , d'une éventuelle montée en puissance digne d'un Mizou-Mizou des grands soirs !

Bon vent à tous;)



http://www.youtube.com/watch?v=5CTG58jIlNA
Commenter  J’apprécie          330
AmeriKKKa, Tome 1 : Les Canyons de la Mort ..

2000.

Trois membres d'une association gouvernementale se rendent dans le Texas où trois femmes mexicaines ont été retrouvées dans le désert mortes et atrocement mutilées. Malheureusement, ce ne sont que trois de plus dans une liste déjà longue. Mais ce qui a fait déplacer ces 3 lascars, c'est qu'à chaque fois le Ku Klux Klan a laissé une "carte de visite".



S'en suit une filature pour les prendre en flagrant délit et les livrer à la Justice. Et bien entendu, ce ne sera pas un jeu d'enfant car le Klan est partout, même dans le système judiciaire.

La bande dessinée est très bien documentée, et complétée par un dossier sur l'historique du Klan notamment. Le graphisme et les couleurs pétantes et sans nuance rappellent les années 1980.





Un sujet tristement d'actualité lorsqu'on sait que le nouveau président a été officiellement soutenu par le KKK.

Je regrette un peu que le scénario ne laisse pas de suspense, mais bon, ça ne m'a pas empêché d'apprécier.

Cette enquête fut assez prenante à suivre, j'attends de lire la suite pour juger la série.
Commenter  J’apprécie          190
La bataille du rail : Cheminots en grève, écriv..

Sortez de votre train-train et prenez avec moi, ce train de nouvelles, d'écrivains solidaires de cheminots en grève. Les droits du livre sont intégralement reversés en soutien aux grévistes.





Prévert écrivait : "Le train m'égare, la gare m'étreint." J'ai aimé le texte de Laurent Binet qui convoque le plus long générique de film, avec l'arrivée en gare, d'un train, d'où descend C.Bronson, dans "Il était une fois dans l'ouest." Tandis que H.Fonda essaie de prendre une locomotive, dans "Mon nom est personne". Cris Evans remonte des derniers wagons, avec des prolétaires révoltés ( les cheminots?) pour " Snowpiercer".



Vous rencontrerez peut être d'autres écrivains, dans les wagons suivants, pendant que "le train sifflera 3 fois". Lisez ce livre, et compostez votre billet " de soutien".
Commenter  J’apprécie          180
AmeriKKKa, Tome 2 : Les Bayous de la Haine ..

Ce tome se déroule en Floride où un homme a été assassiné. Si on doute que cette mort ait été naturelle, c'est parce que cet homme s'était constitué partie civile dans le procès contre ceux qui avaient incendié l'église de Birmingham et que les coupables devaient être rejugés.

Et pour cette enquête les deux enquêteurs" rencontrent un vieil homme qui avait réussi à infiltrer le Klan.



Le début était prometteur, mais la seconde moitié n'était absolument pas à la hauteur et retombe aussi vite qu'un soufflé. Tout ce qui attirait la curiosité du lecteur est soigneusement mis de côté.

Si le premier tome m'avait surprise et plu au point de vouloir continuer l'aventure, ce second tome m'a vraiment déçue.

Commenter  J’apprécie          180
Corse noire

Une anthologie composée de 10 textes qui ne m'auront pas tous captivée et allant de Prosper Mérimée à Jacques Mondoloni. On y retrouve des auteurs tombés dans l'oubli, Francesco Ottavio Renucci, Albert Glatigny, Rosseeuw Saint-Hilaire...On y parle de bandits, d'honneur, de vendetta, de sang
Lien : http://araucaria20six.fr/
Commenter  J’apprécie          180
AmeriKKKa, tome 9 : Cauchemar californien

Dans cet épisode, Steve doit infiltrer un gang de motards d'extrême droite. Sa femme Angela est enceinte mais il finit par accepter cette mission. De sa préparation pour être accepté dans le gang, aux actions des bikers, l'album décrit un milieu violent. Steve vit mal sa séparation temporaire d'avec Angela mais ira jusqu'au bout de sa mission.

C'est une BD bien documentée, qui nous en apprend plus sur ces gangs, trafiquants en tout genre (drogue, armes, organes ou enfants...). Leurs actions font froid dans le dos, comme le fait qu'ils bénéficient d'appuis politiques. C'est assez violent, mais le dessin est simple et agréable.

Je connaissais les textes de Roger Martin, mais je n'avais pas encore lu les BD Amerikkka. Il y a des références aux tomes précédents, mais celui-ci peut se lire seul sans problème, car chaque tome traite d'un univers particulier.

Une lecture très intéressante.
Commenter  J’apprécie          160
Dernier convoi pour Buchenwald

« Toute ressemblance avec des événements, des lieux, des personnes ayant existé n'a rien de fortuit »… et pourtant, Dernier convoi pour Buchenwald est un roman. Roger Martin réussit à faire vivre des personnages créés pour l'occasion avec d'authentiques hommes ou femmes ayant existé et vécu les faits décrits avec beaucoup de réalisme.

Robert Danglars dont le nom n'a pas d'importance, est dans ce wagon, le 14 mai 1944 : « Que peut-il y avoir de pire que cet enchevêtrement de corps transformés en loques ou en pelotes de nerfs à vif… » Par les mots, par le texte, Roger Martin réussit à décrire, à faire ressentir aussi fort que cela est possible, toute l'horreur vécue par tant d'hommes, de femmes et d'enfants.

« Ils étaient vingt et cent, ils étaient des milliers, nus et maigres tremblant dans ces wagons plombés… » comme l'a si bien chanté Jean Ferrat mais "Dernier convo" place le lecteur là où « …l'air glacé de la nuit tétanise, où une effroyable puanteur de pisse et de merde imprègne chaque centimètre de la peau. » Si « l'homme ne peut vivre sans croire que le pire n'est jamais sûr… », il faut absolument lutter de toutes ses forces contre l'oubli et ce livre y contribue grâce au talent de l'auteur et à la précision de son récit.

Retour en arrière indispensable, Robert Danglars raconte sa jeunesse et sa formation à l'École Normale d'instituteurs, institution que Pétain supprime en 1941. le récit prend corps nous ramenant à Compiègne, au camp de Royallieu où les départs se poursuivent alors que le débarquement de Normandie a déjà eu lieu.

Instituteur dans un village, à 12 km de Brest, il commence à militer pour un réseau de résistance de tendance trotskiste, partagé entre lutte armée et internationalisme. Arrestation, torture ne tardent pas après qu'il ait découvert l'amour auprès de Delphine. « … Rossé, battu, torturé presque quotidiennement par des Français dans une prison française, » Robert Danglars vit ce que beaucoup d'hommes ont subi au cours de ces années terribles. le chantage fait aussi partie de l'arsenal utilisé contre ceux qui luttent pour reconquérir la liberté.

Enfin, à partir du 14 mai 1944, nous découvrons la vie quotidienne à Buchenwald, « la forêt de hêtres » où les humains sont moins bien traités que des bêtes : « On ne peut dire l'indicible. On ne peut décrire l'indescriptible. On n'a pas encore trouvé les mots pour traduire l'horreur de la barbarie et du massacre de masse. »

Quand l'armée américaine arrive à Buchenwald, le 13 avril 1945, le camp a été libéré par les prisonniers eux-mêmes qui ont mis les SS en déroute. Ils sont encore 21 400 dont 3 000 malades et 3 000 invalides.

"Dernier convoi pour Buchenwald" est « Une plongée au coeur de l'Histoire, entre barbarie et espoir ! » comme l'a noté Roger Martin dans sa dédicace lors de notre rencontre à Vienne, pour Sang d'encre.
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
Commenter  J’apprécie          140
Le rêve brisé

Le rêve brisé retrace le parcours de Martin Luther King mais bien au dela nous explique pourquoi il a été tué. Manipulations, complots, politique, racisme, extrême droite, tout est abordé de manière compréhensible.



Ce livre est un véritable documentaire qui ne fait pas de concession, pas de langue de bois, les choses sont dites.

L'auteur ne se contente pas d'appréhender le sujet de manière scolaire mais va bien plus loin.



Que vous aimiez l'Histoire moderne des États Unis ou non, cet ouvrage est indispensable à la culture générale pour comprendre les enjeux d'un pays très particulier en matière de politique et de comportement envers les différentes ethnies.



À lire.



Voir sur le blog :
Lien : https://unbouquinsinonrien.b..
Commenter  J’apprécie          121
Il est des morts qu'il faut qu'on tue

Avec ce roman paru en 2016, Roger Martin réalise une extraordinaire fresque historique qui éclaire une période lointaine mais qu'il faut connaître si l'on veut comprendre les drames du XXe siècle.



Pour cela, l'auteur de Dernier convoi pour Buchenwald a créé Romain Delorme et c'est son parcours qui va permettre au lecteur de vivre cette période très troublée avec un antisémitisme atteignant des sommets, entre 1890 et 1905.

Pour commencer, l'auteur fait un saut dix années plus tard en plongeant son héros dans les tranchées où il est commandé par le Lieutenant Louis Pergaud : « Pergaud, instituteur laïc, anticlérical affiché et socialiste, auteur de livres dont un avait obtenu un prix qui avait fait parler de lui à Paris… » le caporal Serge Lévy remplace Pergaud, blessé, et sauve Romain, sérieusement touché, qui découvre un juif courageux, perdant alors ses préjugés. Hélas, Pergaud et Lévy sont tués le 8 avril 1915 par les « canons de 75 de leur propre armée. »

De retour à Paris, Romain Delorme règle ses comptes avec son père. Il se souvient du 3 juin 1908, jour du transfert des cendres d'Émile Zola au Panthéon. Droite et extrême-droite rivalisent de violence. Nationalistes et royalistes hurlent : « Mort à Zola ! » Il ajoute : « Mais bon Dieu, il était déjà mort, ils ne le savaient donc pas ces abrutis ! » Lui revient alors en mémoire ce vers attribué à Fernand Desnoyers (1826-1869), s'en prenant au défunt Casimir Delavigne : « Il est des morts qu'il faut qu'on tue ! »

Le lendemain, la cérémonie officielle voit le gouvernement, autour du président Fallières, de Clémenceau, d'Alfred Dreyfus, de Mme Zola, de ses enfants et de Jeanne Rozerot, maîtresse de l'écrivain, rendre un hommage plein d'émotion et de tristesse à Émile Zola.

Remontent ensuite les souvenirs de la Commune avec des massacres ignobles avant un saut en 1934 et un antisémitisme toujours aussi virulent. Les nationalistes ont choisi : « Plutôt Hitler qu'un Front populaire », mot d'ordre du patronat. Comme les policiers à la retraite, il est temps pour Romain Delorme d'écrire ses mémoires…

1892 : son père exécrait Zola. Quand il décède : « Je n'assistais ni à la messe au Sacré-Coeur, cette monstruosité érigée à la gloire des assassins des communards, ni à l'hommage… » ajoutant : « il m'interdisait de lire Zola, le « bâtard vénitien », Maupassant « le vérolé », George Sang « la tabatière »… » C'est à ce moment-là, qu'il fait connaissance avec Louis Andrieux, ex-procureur, préfet, député, sénateur, journaliste, écrivain et père naturel de Louis Aragon.

Andrieux fait de Delorme un journaliste et un agent secret chargé de s'infiltrer dans les milieux d'extrême-droite et cela nous plonge dans un nationalisme à l'antisémitisme virulent. Sur les pas du marquis de Morès qui veut « nettoyer notre pays des juifs et des francs-maçons », il nous emmène chez les bouchers de la Villette, à Verdun, en duel contre le capitaine Mayer et dans des journaux comme La Libre Parole et le Petit Journal qui débordent de haine.

Avant de finir avec l'assassinat d'Émile Zola, Roger Martin fait le récit complet et détaillé des quarante jours de siège de ce qui restera Fort Chabrol… en plein Paris, durant l'été 1899, pendant le procès Dreyfus se passant à Rennes ! Sous la direction de Jules Guérin, ils publient L'Antijuif dans les locaux du Grand Occident de France.

Enfin, Henri Buronfosse, fumiste, couvreur, « catho sincère comme un croisé », hait juifs, francs-maçons, protestants, clame qu'il faut « fumer le bâtard vénitien. »

Émile Zola concentre les haines les plus féroces. Il fait front. « Inlassablement, il réclame la révision du procès Dreyfus pendant qu'on rivalise d'abjection contre les juifs »… jusqu'à ce 3 octobre 1940, Radio-Paris annonce une nouvelle loi signée par le Maréchal Pétain : « Loi portant sur le statut des Juifs… » On connaît la suite : « Ça ne finira donc jamais ! »




Lien : http://notre-jardin-des-livr..
Commenter  J’apprécie          121
AmeriKKKa, tome 3 : Les neiges de l'Idaho

Terrible coïncidence...

Alors qu'une certaine forme d'extrémisme s’abattait sur la presse parisienne, j'entamais sur les conseils d'une amie qui connaît le scénariste, l'exploration d'un autre...



Burt Douglas a pris le bus pour les neiges de l'Idaho, pour recommencer une autre vie. Pour recommencer une nouvelle vie, mais pas pour en perdre les mauvais penchants. Car Douglas a pris le bus car il est en cavale. Évadé d'un cachot où on l'a emprisonné pour activisme politique. Activisme politique dans les mouvances d'Extrême-Droite de la nébuleuse Klanique, activisme armé pour avoir abattu un pasteur noir.

C'est sans difficulté qu'il est recruté pour rejoindre le Wolstadt, sorte de camp d’entraînement paramilitaire pour les nostalgiques des chemises brunes partisans d'une Amérique blanche et pure. Il commence sa longue formation – endoctrinement ? - pour devenir le parfait fantassin nazillard. Entre les prêches délirantes du Pasteur Bowers et les opérations coup-de-poing, Douglas évolue patiemment dans la hiérarchie de cette nauséabonde armée.

Sauf que...



Sauf que Burt Douglas est mort... La séropositivité a fait œuvre de salut public. C'est en réalité Steve Ryan qui a pris son identité. Steve Ryan est un enquêteur chevronné de l'Anti-Klan Network, un mouvement particulièrement actif contre l'Ultra-Droite Made in USA. Aidé de sa compagne afro-américaine Angela Freeman, il s'enfonce dans les tripes de la Bête pour lui extirper le cœur. Steve a la conviction chevillée au corps pour ne pas succomber : Son père, l'un des premier militant blanc à avoir combattu pour les Droits Civiques a été enlevé et exécuté alors qu'il n'était qu'un très jeune enfant. Quant à Angela, elle est dépositaire de son oncle, militant noir, mort dans l'incendie d'une église...

Sauf que...



Sauf que ces glorieux aïeux ne sont pas que des inventions de papiers – que certains s'imaginent dangereuses... - Ces aïeux s'inspirent de personnages réels, mis en lumière par Roger Martin, grand expert du Klu-Klux-Klan en France...

Au travers de la série AmeriKKKa, , il nous montre l'étendue de l'influence du monstre aux quatre coins des USA. Simplement par les titres de ces albums : Idaho, Chicago, Atlanta, Philadelphie ( première capitale des Etats-Unis...) et son influence dans tous les milieux : politiques, religieux, affairistes, sympathies policières, protection des valeurs familiales ou des la cause animale, militaires...

Au pays de la liberté d'expression par excellence et de la prérogative de pouvoir posséder une arme, on a froid dans le dos...



Si graphiquement, j'avoue que je rechigne un peu, l'action, menée tambour-battant démontre qu'on ne peut lutter contre le Mal qu'avec ses propres armes...



Ceux qui me connaissent pourraient penser que je vais ici citer Burke en conclusion... Mais il m'a parut plus à-propos de citer quelqu'un d'autre.

Martin Luther King à dit : " Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères sinon nous mourrons ensemble comme des idiots "

Commenter  J’apprécie          120
AmeriKKKa, tome 3 : Les neiges de l'Idaho

Mission d'infiltration à haut risque. L'un des agents anti KKK doit se faire passer pour un dangereux nazillons. Un milieu où ceux qui sortent du rang sont suspects...



Un tome vraiment haletant !
Commenter  J’apprécie          110
Il est des morts qu'il faut qu'on tue

En ouvrant ce roman, je pensais, suite aux explications de l'auteur Roger MARTIN – qui a eu la sympathie de me le dédicacer – être plongée dans une enquête policière trépidante sur fond d'histoire : le meurtre d'Emile ZOLA.

Ce ne fut pas le cas.

En effet, le meurtre d'Emile ZOLA n'a lieu qu'à une vingtaine de pages de la fin. Pour le reste nous assistons aux aventures du protagoniste qui infiltre sous « couverture » des réseaux antisémites.

Je me suis perdue dans un dédale d'informations historiques et de personnages célèbres et j'avoue n'avoir pas toujours bien compris le fond des choses. Ce manque de compréhension vient sûrement – j'ose l'avouer – de mes lacunes culturelles sur l'histoire de cette époque.

Malgré tout ça, je ne peux pas faire de critique véritablement négative. C'est un très bon roman, bien écrit et comprenant quelques passages qui tiennent en haleine. de plus on apprend beaucoup de choses sur le Paris de la fin XIX - début XXème siècle.

Je le recommande à toute personne voulant découvrir ou en apprendre plus sur cette époque.

Encore merci à l'auteur pour la belle dédicace qu'il a pris le temps d'écrire.

Je suis curieuse de lire vos critiques car j'ai la sensation d'être passé à côté de quelque chose.



Delphine


Lien : https://monevasionlitteraire..
Commenter  J’apprécie          110
La bataille du rail : Cheminots en grève, écriv..

Nous avons tous un rapport particulier avec le train, des souvenirs d’échappées belles, de rencontres cocasses, de paysages qui défilent, de baisers échangés sur un quai de gare, de voyages qui ont changé une vie…



C’est le cas d’une trentaine de plumes de la littérature française, qui souhaitent intervenir, au moyen de la fiction, en soutien à la grève engagée par les cheminots. Car la lutte des cheminots n’est pas une lutte corporatiste, elle cristallise au contraire l’idéal de solidarité, concrétisé par des services publics, de tout un peuple.

Avec Patrick Bard, Agnès Bihl, Laurent Binet, Geneviève Brisac, Bernard Chambaz, Didier Daeninckx, Abdelkader Djemaï, Bruno Doucey, Annie Ernaux, Pascale Fautrier, Patrick Fort, Valentine Goby, Nedim Gürsel, Hédi Kaddour, Leslie Kaplan, Jean-Marie Laclavetine, Lola Lafon, Hervé Le Corre, Sandra Lucbert, Mako, Roger Martin, Guillaume Meurice, Gérard Mordillat, François Morel, Grégoire Polet, Jean-Bernard Pouy, Patrick Raynal, Alix de Saint-André, Danièle Sallenave, Jean-Marc Salmon, Alain Serres, Shumona Sinha, Murielle Szac, Tardi, Carole Trébor et Philippe Videlier.

Je soutiens le mouvement de grève des cheminots. Je remercie tous les agents qui se battent chaque jour pour notre service public. Si comme moi vous aimez le train, achetez ce livre. Et faites achetez. Moi, j’ai convaincu 3 personnes et vous ?



Je remercie tous les écrivains, animateurs qui s’engagent auprès des grévistes. Ce qui ne gâche rein, la lecture des textes est magnifique !
Lien : https://blogentresoi.wordpre..
Commenter  J’apprécie          104
Nouvelles noires

On a tant l'habitude de situer le roman noir ou les nouvelles de même couleur aux Etats-Unis et dans les années 50 avec les grands maîtres du genre que sont Chandler, Goodis, Irish, Hammet et tant d'autres que l'on oublie que le noir va aussi très bien aux auteurs français qu'ils soient contemporains ou classiques. Balzac, Maupassant, Mérimée, Bloy ou Gaboriau s'y sont essayés et avec succès, fort de leur style et de leur imagination. Quant à Daeninckx, Arnaud, Boileau-Narcejac ou Siniac (fallait pas que je l'oublie ce dernier, Koalas n'aurait pas été content...), les amateurs du genre connaissent déjà ces grands écrivains des années 70 et 80 (voire avant et après) et les apprécient. Avec Nouvelles Noires, vous avez 330 pages de pur bonheur, des histoires variées en lieux et en époque à dévorer sans modération.
Commenter  J’apprécie          91
Jusqu'à ce que mort s'ensuive

Dès les premières lignes, Roger Martin place le lecteur au coeur du dramatique problème posé par son livre. Ce thriller très réussi attire notre attention sur le traitement subi par les Noirs dans l'armée des États-Unis d'Amérique. Nous sommes le 14 août 1944, dans la salle de classe de l'école primaire de Derville, en Normandie, et Robert Bradley, soldat noir US, va être pendu pour des faits qu'il nie avoir commis.

Basant son récit sur des faits authentiques, l'auteur revient à l'époque actuelle, à Atlanta, pour suivre Douglas Bradley (22 ans), fils de William Bradley, Directeur des ventes de Coca-Cola. Chez lui, il n'emploie que des Noirs mais n'aime pas qu'ils revendiquent : « S'il y avait quelque chose que William Bradley détestât plus qu'un Noir paresseux, c'était un Nègre contestataire. »

Douglas, contre l'avis de son père, va entrer dans l'armée mais une lettre lui apprend que l'armée ne veut pas de lui sans lui dire pourquoi. C'est David Clarkson, son ancien professeur de physique à l'université, héros du Vietnam, qui lui apprend la vérité. Très difficilement, son père reconnaît que la tombe sur laquelle il l'emmenait enfant, était celle d'un homonyme mais rappelle qu'on le traitait comme « le fils du violeur nègre » avant qu'il rompe complètement avec sa famille.

Commence alors une quête extraordinairement haletante pour Douglas. Il retrouve sa grand-mère qu'on disait morte, sa tante, Rosa et deux cousins… Encouragé par ses découvertes incroyables, Douglas se rend à Philadelphie où le père Davis James (92 ans) lui remet le journal de son grand-père : « Soldat 2e classe Robert Bradley, armée des États-Unis, 958e Régiment noir d'infanterie. » Ce qu'il trouve ne plaît pas du tout en haut lieu et la mort rôde autour du parcours de notre homme qui va mettre en lumière les luttes des Noirs pour l'égalité. Ce n'est qu'en 1948, avec le décret Truman, que celle-ci sera reconnue mais appliquée seulement durant la guerre de Corée.

L'épopée de Douglas se poursuit en France avec des rebondissements maintenant le lecteur en haleine. L'actrice Myriam Boyer lui remet des dossiers contenant une chemise intitulée « Jusqu'à ce que mort s'ensuive… », révélant des renseignements précieux sur la mort de son grand-père et sur le lieu où il est enterré. Au fil de ses rencontres, il découvre la France, à l'opposé des clichés imposés depuis son enfance. le thriller atteint son apogée lorsqu'il va au cimetière US de Fère-en-Tardenois et la tension ne faiblit pas lors de son passage en Belgique où Eddy, ancien compagnon d'arme de Robert Bradley livre un témoignage poignant : « On traitait mieux les prisonniers de guerre allemands ou italiens que les soldats de couleur. »

Ainsi, l'auteur nous apprend les massacres de soldats noirs dans les camps d'entraînement américains mais « on attend toujours la commission d'enquête indépendante qui permettrait d'élucider, parmi une trentaine d'affaires sanglantes, ce que certains appellent « le mystère du 364e régiment d'infanterie », qui aurait vu le massacre délibéré de plus de mille soldats noirs stationnés au camp van Dorn, à quelques kilomètres de la petite ville de Centreville, au coeur d'un Mississipi gangrené par le racisme. »




Lien : http://notre-jardin-des-livr..
Commenter  J’apprécie          90




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Roger Martin (339)Voir plus

Quiz Voir plus

Bernard Pivot

Dans quelle ville Bernard Pivot voit-il le jour?

Lille
La Rochelle
Lyon
Landivisiau

10 questions
67 lecteurs ont répondu
Thème : Bernard PivotCréer un quiz sur cet auteur

{* *}