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EAN : 9791032924419
L'Observatoire (11/01/2023)
2.94/5   8 notes
Résumé :
Condamner en un tweet, relayer des fake news, se moquer des uns, harceler les autres... À l'ère des réseaux sociaux, la violence des mots déferle, étouffe les débats, envahit les médias, dérèglant ainsi nos vies et nos échanges. Et si, saturés de mots, nous avions perdu le sens de la parole?? Et si nous étions devenus oublieux de ses pouvoirs de vie ou de mort, d'élaboration ou de destruction ? Une parole toujours à double face, ambivalente, comme tout ce qui est hu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
De la définition de la parole à son histoire depuis la nuit des temps.
De son sens dans la religion à celui sur les réseaux sociaux.
De son évolution d'hier à aujourd'hui et d'aujourd'hui à demain.

Des mots lancés avec conviction.
Des mots lancés avec humour.
Des mots criés.
Des mots chuchotés.
Des mots jetés comme des bouteilles à la mer.
Des mots perdus dans le bain sonore qui nous entoure.
Des mots nouveaux, témoins de l'évolution.
Des mots "refuges", valeur sûre.
Des mots d'amour.
Des mots de haine.
Des mots écrits.
Des mots lus.
Des mots dits.
Des mots entendus.

Un essai très enrichissant. C'est passionnant d'analyser ainsi le pouvoir des mots, de la parole, de ceux qui les disent et de leur implication que cela leur confère de fait... Analyser le changement qui s'est opéré au fil du temps et des évolutions tant sociétales que technologiques.

J'ai deux regrets après cette lecture.
Tout d'abord, je suis déçue de ne pas avoir retenu tout ce que j'ai découvert ou redécouvert !
Et le second : j'aurais tellement écouter les auteurs parler de leurs recherches et de leur travail. J'aurais tellement aimé échanger avec eux ... de vive voix !

Merci aux éditions de l'Observatoire pour cette lecture qui satisfait mes envies de lire plus d'essais et qui me rappelle mes années d'études.
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La première et la deuxième partie de ce livre sont passionnantes. Toujours didactique, Roger Pol Droit montre l'importance et l'ambivalence de la parole, et la distingue de l'écrit papier mais aussi des nouvelles formes d'écriture mêlant mots et images. La nouvelle puissance d'internet menace le fait collectif pour à la fois séparer les individus et les enfermer dans leurs certitudes. Les autres chapitres explorent le devenir de la parole dans notre monde hyperconnecté et hyperfracturé.
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Pensant que la médisance ou le mépris sont destinés juste à faire rire, ou sourire, un court instant, et qu'ensuite tout s'efface et se dissout. Ce n'est pas le cas. Parce que le mal chemine. De deux manières : au coeur de la personne atteinte, chez qui la souffrance peut s'accroitre et perdurer, et dans la collectivité, où ce qui a été dit une fois se répète et se multiplie. La dynamique de la parole toxique a donc deux faces : l'une interne à l'individu qu'elle touche, I'autre externe par sa diffusion sociale. C'est ainsi que sa nocivité s'intensifie. Avec le temps, la meurtrissure intime et le partage collectif s'approfondissent. La blessure finit par saigner, les injures se transforment en coups. Les mots ne tuent pas seulement comme des couteaux ou des balles. subitement. lIs peuvent faire mourir comme des virus, multipliant leurs effets dans un corps, se répandant dans une population, finissant provoquer des hécatombes. Génocides, massacres de masse, épurations ethniques sont des effets de la parole toxique, parvenue à sa destructivité ultime.
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Chaque fois, trois éléments participent à la genèse du génocide.
D'abord la ségrégation, qui commence dans l'imaginaire et les représentations avant de se poursuivre dans les faits. Une partie de la population se trouve présentée inférieure et dangereuse, soupçonnée d'être à la fois différente et malfaisante. La construction de cette mise à l'écart mobilise des fantasme.
[... ]
Les génocides du XXe siècle ont pour condition l'avènement d'une parole toxique globale, qui s'impose à tous, sans même que chacun en ait clairement conscience. La radio des Mille Collines en fournit un exemple simple, parce qu'il est circonscrit et limité. La langue du IIIe Reich, on va le voir, est plus complexe et retorse. Le but de la parole totalitaire est constant : forger les manières de penser, canaliser les émotions, formater les actes. Le dressage passe par des tournures de phrase, des vocables nouveaux, des usages insolites de termes usuels. Cette langue inventée doit enfin être diffusée massivement. Le troisième élément indispensable aux processus exterminateurs, ce sont les moyens de communication de masse. Il faut que la parole du pouvoir soit partout, qu'elle se fasse entendre sur les ondes, dans les rues, les places, les institutions, aussi bien que dans les foyers. Elle doit habiter les consciences tout autant que les discours officiels. Omniprésente et intime. Sans délai, sans intermédiaire. Sans échappatoire. Pour instaurer l'emprise totalitaire.
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Certe dimension imaginaire est d'une tout autre nature que I'utilitaire, la communication pratique. La parole ouvre à des idées, notions et représentations qui mettent en jeu une création sans fin. Mythologies, poésies, littératures et sciences en découlent. Tout l'univers humain - cultures, religions, savoirs et politiques- est rendu possible par les glissements progressifs des notions, dont aucune jamais n'est rivée une fois pour toutes à un usage unique. En ce sens, la parole est créatrice et non descriptive. Elle ne se contente pas de dire le monde. Elle crée des multitudes de mondes. Elle ne décalque pas la réalité, immuable et unique, elle en produit sans cesse de nouvelles. Pour le meilleur comme pour le pire.
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On ne mesure pas assez à quel point ces rivières de petites vacheries se transforment en un océan de boue charriant injures, calomnies, insinuations, harcèlements, menaces... La marée monte, d'heure en heure, sans limites ni garde-fous, en toute impunité, se transformant en machine destructrice. Parce que les mots lancés poursuivent leur trajectoire. Avec des conséquences qui ne sont pas verbales. Le plus souvent ils égratignent, parfois blessent profond. Finalement, ils peuvent tuer. Ou inciter à tuer. De la parole à la mort, le chemin est plus court qu'on ne pense. Encore faut-il le savoir. Donc se souvenir du pouvoir immense de la parole, de la puissance des mots, de la responsabilité qui incombe à chacun de peser ce qu'il dit, ce qu'il répète, transmet ou attaque. Construire ou détruire, il faut choisir. A chaque seconde. Toujours et tout le temps. Le pire est de s'imaginer que parler ou se taire est sans importance, sans impact, sans conséquences.

Des mots aux meurtres
En réalité, tout se joue dans la parole. Vérité ou mensonge, asservissement ou émancipation, lucidité ou illusion. Vie ou mort. Il faut garder en tête le glissement rapide, la pente directe capable de conduire des mots aux meurtres. Chacun en connaît mille exemples, mais tous regardent ailleurs.
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Au commencement et à la fin, les autres
Les trois pistes ici esquissées n'ont en fait qu'un unique point de départ et d'arrivée. C'est les autres, leur présence et leur parole. L'économie de la parole est une économie circulaire. Si on l'oublie, on parle tout seul, donc on ne parle plus. La responsabilité personnelle des paroles n'a d'existence qu'envers les autres, par et pour les autres. Les décisions que je prends de parler ou de me taire, d'user de certains mots et d'en bannir d'autres, d'adopter telle attitude ou tel ton, n'ont de sens que par rapport aux autres. Un être « parlant» est, en fait, par essence, « parlant aux autres » -et non à lui-même, ni au néant. Il répond aux autres et répond d'eux. Ne plus le savoir revient à s'exposer à la disparition de soi-même, dans la solitude hallucinée et la toute- puissance fantasmagorique, et à provoquer éventuellement la disparition réelle des autres après les avoir effacés symboliquement de l'espace des échanges. L'équilibre entre émotions et raison, lui aussi, part des autres et y conduit.
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