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Citations de Roger Vercel (117)


Les courants ne vous emportent que si vous vous y jetez.
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Les gardiens du musée, qui montrent des personnages de cire, un prisonnier dévoré par les rats, et un enlisé dans la stéarine, redoublèrent les appels, vantèrent leur périscope.
Ils y allaient sans vergogne, sans méchanceté d'ailleurs, ni dessein d'ennuyer le collègue, mais avec l'aisance d'un long entraînement ...
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L'homme avait dit encore :
J'ai fait du scaphandre avant de venir ici, et je peux vous dire comment que ça se passe en dessous... J'y ai vu une fois des crabes et des homards se battre, et comment ! pour un bonhomme... Les crabes s'étaient fourrés dans la poitrine du type. Fallait les voir sortir de dessous les côtes, pour sonner à coups de pinces les homards qui en voulaient un morceau... Etre bouffé par un beau homard, c'est tout de même plus flatteur que par les asticots... C'est pas votre avis, capitaine ?

Page 125
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Un cri, une clameur jaillit de là-bas...La clameur d'assault, le hurlement que l'homme tient en réserve dans le tréfonds de son ventre et qu'il reconnaît, sans l'avoir jamais ni entendu, ni poussé...
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Il se passe en effet, quelque chose d’extraordinaire que je commence à entrevoir : des grenadiers, des mitrailleurs, des guetteurs et des canonniers qui redeviennent des hommes, pour la première fois depuis quatre ans ! Hier, on ne leur concédait qu’une âme uniforme, simplifiée, où l’on ne surveillait que l’obéissance et le courage. Aujourd’hui, brusquement, il faut compter avec leurs désirs, leurs instincts, leur passé inconnu auquel ils renouent le présent. Les voilà sortis de la tranchée qui les canalisait (...) Hier, une unité, c’était un régiment ; aujourd’hui, un matricule, c’est quelqu’un qui peut librement, jusqu’à minuit, penser, parler, vouloir, agir. (...) Si j’étais militaire et intelligent, j’en serais épouvanté !...
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Avec ça, les bleus, les Cyrards de profession qui ne se consolaient pas d'être en troufions, d'avoir perdu le casoar, et surtout d'être mélangés avec nous autres! Ils sont allés, un fois, demander au colonel commandant l' école un insigne pour se distinguer. Ils ont été reçus! le colon était un type épatant..."Un insigne, qu'il a dit aux gosses, pourquoi faire? Ceux du front ont tous la croix de guerre ou des brisques de blessures. Vous, vous aurez la peau! Ca vous fera reconnaître!"
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Avec nous, les Françaises, ils n'osent pas, parce qu'on sait leur parler, mais les Roumaines sont terrorisées, monsieur ! J'en connais une à qui ils ont cassé des dents ! ... Bien sûr, vous me direz qu'il n'y a que quelques voyous, et que tous les autres sont parfaitement corrects. Je le sais bien, mais vous pensez, l'effet que ça peut faire ! ...
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La chaussée de Sein.. Une chaussée, oui, une route d'écume, cahoteuse, large de quatre milles et hérissée de milliers de cailloux noirs. Et là-dedans, les entrelacs incohérents des courants et des remous, une sorte de foisonnement de l'eau, d'enchevêtrements absurdes, de retours , de repentirs.
Quand le nord redevint clair, les brisants surgirent si proches que Renaud en reçut un choc, comme de retrouver présente, au réveil, la menace d'un cauchemar. Un moutonnement furieux y courait, d'est en ouest, et les recouvrait. C'était quelque chose de prodigieusement vivant, une galopade d'avalanches, des crinières démesurées qui s'échevelaient. Les roches parfois pointaient sous l'écume comme des engins difformes crachant à d'extraordinaires hauteurs des explosions tonnantes.
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Au XIVème siècle, l'énorme bloc sylvestre de Brocéliande, la forêt celtique qui, jadis, sur trente lieues de long, quinze de large, hérissait la rude échine des monts de Bretagne, a été scindé en larges et impénétrables bastions.
Le nom de Brécélien, adouci en Brocéliande par les poètes de la table ronde, ne désigne plus qu'un vaste pan de futaies, l'actuelle forêt de Paimpont, à l'ouest de Rennes.
Brocéliande, dressée jusqu'au XIème siècle entre le sud et le nord de l'Armorique, comme une profonde muraille arborescente, s'ouvrit pour les romains, les francs, les normands, les anglais qui y entrèrent mais n'en sortirent plus. On s'y égarait mortellement ainsi que dans la forêt canadienne.
Les porchers qui la connaissent pour y conduire leurs troupeaux à la glandée y trouvaient souvent des corps aux trois quarts dévorés. Ceux qui avaient échappé au prodigieux fourré racontaient, une fois rentrés chez eux, de lugubres histoires. [...]
Duguesclin s'y jeta à vingt et un ans. Il en sortit à trente-six...
(extrait du quatrième chapitre "Brocéliande")
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- L'été indien, dit Claude.
- Oh, s'exclama Miss Sévoz, vous connaissez ?
Claude expliqua que son père, qui commandait un paquebot sur la ligne de l'Atlantique-Nord, lui avait souvent décrit et vanté cette arrière-saison.
Elle survient à New-York dans la première quinzaine d'octobre, souvent chaude au point qu'on n'y peut y supporter que des vêtements de plein été.
Miss Sévoz assura que c'était le plus beau moment de l'année, mais il était court, cessait brusquement, si bien qu'une nuit, on entrait en automne et un automne glacé ...
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Est-il resté deux ans sans toucher à une femme?
Une fois de plus, en hâte, elle répondait oui, et pour les raisons qu'elle alléguait d'ordinaire : la foi religieuse de Paul, dont il disait : "C'est un bloc. A prendre ou à laisser, mais pas à trier" ; son horreur de tout mensonge, son orgueil, celui de se gouverner, afin de pouvoir commander sans gêner ; son mépris secret de la femme, surtout, dont il l'exceptait seule.
Il y avait encore l'amour, que l'absence, chez lui, décapait de sa rouille ; le regret de son corps qu'il lui avait tant de fois, et si violemment, crié dans ses lettres... Cet amour, ce regret, elle n'osait plus les invoquer, ce soir, justement à cause des lettres, sa préoccupation profonde...
Pendant dix-huit mois, elle avait reçu d'Amérique des pages ardentes, qui la rendaient si heureuse et la désolaient en même temps, auxquelles elle s'interdisait de répondre du même ton, en lui expliquant qu'elle devait être raisonnable pour deux.
Mais il y avait eu comme une coupure dans ce courrier. Toute effusion avait disparu des lettres, depuis trois mois.
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Ils avaient pris l'habitude de se battre ; ça leur manquait ; c'étaient des héros sans emploi; les plus tristes et les plus à plaindre des chômeurs , et ils auraient besoin de paliers, de longues transitions, avant que s'éteignent les appétits de combat qu'on avait surexcités en eux.
Il s'arrêta en me regardant, les yeux mi-clos :
- Moi mon vieux, si je te disais que j'en ai le cafard, parfois de ne plus pouvoir me tabasser ! Y a pas, un coup de main bien monté, ça valait !...
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L'ingéniosité de la brocante avait multiplié les Mont Saint-Michel jusqu'à la nausée.
Elle en avait mis au fond des assiettes, sur des chromos criards, des timbales, des couverts à salade, sur ces plaques de bois à encadrement d'écorce et qui font rustique, dans ces globes à secouer, remplis d'eau et de rognures pour effets de neige.
Très vite, cela créait une hantise, et la caricature finissait par masquer le merveilleux modèle.
Dans cette fosse du commerce, on ne le voyait plus, on pouvait s'en croire à cent lieues, on ne le retrouvait qu'en s'éloignant ...
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Il avait gardé sa casquette comme c'est l'usage, mais il conservait un mégot collé à sa lèvre, et cela ne se fait pas quand on veut être honnête devant le monde ...
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Où allions-nous ? A Florina, bien sûr, mais ensuite ? J'ai répondu, tout naturellement :
- Ensuite ? En Macédoine.
L'homme a donné un coup de frein. J'ai cru qu'il allait nous déposer là, sans autre forme de procès, au bord de la route, avec nos sacs, sur la neige. Puis il s'est repris. Il a décidé de nous chapitrer.
La Macédoine, nous nous y trouvions en ce moment. Il n'y avait qu'une seule Macédoine, celle d'Alexandre le Grand. Alexandre était grec, la Macédoine était grecque.

Balkans-transit, François Maspéro
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Après l'armistice, elle l'avait encore suivi aux Kerguelen, où il était allé, plusieurs années, pêcher l'huile de phoques sur un bateau à autoclaves. Elle avait été malade de dégoût, au milieu de cet abattoir marin où l'on tuait les éléphants de mer par dizaines de mille avec des merlins de boucher. Elle fuyait les chantiers ou Renaud les dépeçait, fondait leur graisse pour fabriquer des crèmes de beauté, ces crèmes dont les réclames amusaient tant le capitaine lorsqu'il y lisait que telle star n'acceptait à aucun prix de se graisser le museau avec autre chose que le l'huile de phoque...

Page 48
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- Ton mari... va bien?
Eveline inclina la tête.
- Très bien... Et il gagne beaucoup d'argent. Ici, c'est ce qu'on demande à un mari. Je suis devenue très américaine, tu sais.
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- Il s'agit de deux races de femmes : comédie ou vérité, fond ou surface. C'est aux hommes de choisir. Si la comédie les amuse, s'ils ne respirent qu'en surface...
- Il arrive qu'ils se trompent, [...] qu'ils prennent la comédie pour la vérité. Alors?
- Alors, tant pis pour eux ! Il fallait y regarder de plus près...
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Pourquoi ses qualités de mer le lâchaient-elles, dès qu’il mettait le pied sur le quai ?... Que devenaient, à terre, sa patience, son indulgence à la détresse, son zèle pour aider et soutenir ?... Son métier, transporté chez lui, n’eût-il pas sauvé sa femme ?... Il pressentit soudain qu’il n’en disposait pas, et que son assistance ne pouvait atterrir ! Le sauveteur appartenait au large et ne s’éveillait que sur la passerelle ; à terre, il ne restait de lui que lui-même, un médiocre, un négligent !... La mer, quand il la quittait, reprenait l’homme qu’elle avait façonné, pour ne le rendre qu’au premier S.O.S… Tout de même, quelle tristesse de si peu se ressembler !...
(p. 228-29, Chapitre 10).
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La "Galatée" était en partance dans le bassin Freycinet n°2. Elle armait pour Iquique (Chili) et San-Francisco. En couple, s'asseyait le "Cambronne" de Nantes et, sur l'avant, le "Houguemont", une grosse barque de Liverpool, s'amarrait à quai.
La "Galatée" n'était plus de première jeunesse, mais sa mâture fine attestait sa race. Près du lourd "Houguemont", taillé pour cogner tête baissée dans la lame, on la sentait faite pour les esquives rapides et les échappées. Même le voisinage du "Cambronne", sorti flambant neuf des chantiers, ne l'humiliait pas.
Le capitaine Le Gac emplissait toujours ses gros yeux de sa soupe au biscuit. Il fallut pour l'en arracher, qu'un petit homme à barbiche lui criât à l'oreille, par-dessus le tapage que concassaient les grues :
"Capitaine, j'apporte le chronomètre."
Le Gac accueillit la nouvelle d'un signe de tête maussade et précéda l'arrivant dans la chambre de veille. L'opticien, avec force précautions, fixa le chronomètre dans son armoire...
(extrait du premier chapitre de l'édition de poche parue en 1975)
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