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Critiques de Sabrina Calvo (205)
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Toxoplasma

Je ne suis pas, loin s’en faut, ce que l’on appelle un geek. L’informatique reste pour moi une terra incognita sur laquelle je m’aventure avec beaucoup de prudence et les mots joystick, Game-Boy ou Play-Station ne m’évoquent aucun souvenirs. J’ai donc éprouvé quelques difficultés à m’immerger dans ce roman cyber punk où les nouvelles technologies tiennent une place importante. Les très nombreux passages consacré aux « runs » de Kim et de ses amis sur la toile (la grille) m’ont ainsi parus bien abscons et les nombreuses références aux films d’horreurs qui parsèment le roman ne m’ont pas toutes parlées. Je manque d’une certaine culture underground et il est très vraisemblable que certaines explications, certaines clés m’aient échappées. Pour autant, je n’ai pas été insensible à cet univers décalé, à l’ambiance générale du récit et à son ton si particulier.

Le cadre est en effet plaisant. Ce Montréal d’après-demain peuplée de hippies et de milices populaires fait penser à une nouvelle commune. Dans cette ville en état de siège qui ressemble à une cocotte-minute où mijotent les idées les plus folles, où l’on troque et où l’on s’autogère, chacun projette ses désirs et ses rêves les plus fous dans une utopie anarchisante, s’octroyant une petite parenthèse d’espoir avant la répression et le clap de fin.

Même constat côté style. L’écriture de David Calvo est novatrice. Abrupte, changeante avec un recours intéressant à différentes techniques de langages - les « clavardages » de Meï, la ventriloquie de Nikki – elle est en parfaite concordance avec l’ambiance. L’auteur innove, essaye, ose. Il donne à son roman un rythme trépidant, très visuel malgré quelques passages un peu chiants dont le long chapitre central qui alterne à chaque paragraphe les aventures de Kim et celles de Nikki nous imposant des aller/retours un peu fastidieux. Les conversations techniques entre Meï et Kim m’ont également un peu lassé mais elles étaient sans doute nécessaires compte tenu du sujet.

Heureusement, le trio d’héroïnes évite, lui, tout ennui. Entre le sale caractère de Meï, le culte que Nikki voue à l’informatique et la culture vidéo de Nikki on a largement de quoi faire. Elles ne sont pas forcément sympathiques ces trois nanas mais elles sont entières et sans tabous, décidées à tirer leur épingle du jeu dans un monde bien pourri qui ressemble un peu au notre, juste un peu plus libéral, un peu plus égoïste, un peu plus dangereux. Elles n’ont pas totalement abdiqué leur joie de vivre et conservent l’espoir d’un avenir meilleur dans une Islande fantasmée où vivre libre et heureux est paraît-il encore possible…

Auparavant, il leur faudra résoudre une énigme tortueuse où il question d’expériences sur les rêves, de meurtres d’animaux et des sombres visées d’une multinationale. Une intrigue assez touffue qui met longtemps à se dessiner mais qui est joliement portée par l’atmosphère d’urgence et de no future qui imprègne tout le récit. Le tout se conclue sur une fin ouverte qui nous laisse libre de choisir la chute qui nous arrange même si on sait bien tout au fond de nous que ce sont toujours les méchants qui ont le dernier mot.


Lien : http://sfemoi.canalblog.com/..
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Toxoplasma

Dans une utopie uchronique où l'île de Montréal se révèle l'un des derniers bastions encore libres d'un futur proche parallèle, David Calvo tisse un roman cyberpunk sans l'être (le net s'est effondré, il a été remplacé par l'alternative de La Grille où tous les termes informatiques d'un passé encore chaud sont remplacés par des dénominations mythologiques).



L'écrivain y superpose enquête policière riche (on part de petits cadavres mutilés d'animaux pour déboucher sur du plus vaste), quête initiatique et références cinéphiliques d'autant plus exactes qu'elles transpirent une authentique tendresse du fantastique et de l'horreur, de la série B comme des productions plus fauchées mais non sans idées.



Et ça marche puisqu'on se retrouve littéralement transporté de bout en bout. Le dépaysement du Québécois mêlé souvent à des termes techniques, la description de cette Commune qui fait singulièrement écho à celle de 1871, les nombreuses pistes scientifiques (voires mystiques) qui fonctionnent par couches sans jamais altérer la portée du roman, laissant le lecteur choisir suivant son humeur (même la fin reste d'ailleurs volontairement ambigüe pour ça), un certain sens de l'action et du rythme, un mystère soigneusement entretenu (non pas un, plusieurs même vu la richesse de ce gros livre), de l'humour, de l'onirisme (tous les rêves de Nikki) et un certain bestiaire allant du raton-laveur au ouaouaron font le reste.



Le titre Toxoplasma en lui-même est une nouvelle piste narrative soutenant l'un des mystères du livre que Calvo n'explicite qu'à moitié, évoquant la Toxoplasmose causée par le parasite Toxoplasma Gondii. Cette dernière, propagée le plus souvent par les chats (hôte final) peut toucher les humains tout en restant bénin. Les cas les plus dangereux restent toutefois pour les femmes enceintes, les personnes séropositives ainsi que celle dont le système immunitaire s'avère affaibli. Dans le roman, la toxoplasmose participe d'un système de transmission dont les chats seraient le vecteur. Mais on n'évoque pas tant que ça de chats dans cette commune qui verse lentement en fin du monde, curieusement.

Ou plutôt fin d'un monde.

Ou sa renaissance en bout de course ?



Au lecteur justement de se faire une idée !



Très vivement recommendé, surtout si vous êtes cinéphile et mordu de SF et d'horreur : là vous allez y reconnaître vos petits.
Lien : http://dvdtator.canalblog.co..
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Toxoplasma

Hackers en folie et Commune Libre de Montréal en métaphore uchronique d’un âge d’or déliquescent à toujours réinventer.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2017/11/03/note-de-lecture-toxoplasma-david-calvo/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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La clef d'argent des contrées du rêve

MNÉMOS RÊVE







Dans la très, très riche actualité lovecraftienne francophone de ces derniers mois, chez les Indés de l’Imaginaire mais aussi ailleurs, La Clé d’argent des Contrées du Rêve se distingue peut-être, d’abord parce que l’on fait cette fois dans la fiction, ensuite parce que c’est en usant d’un cadre lovecraftien pas si pratiqué ou mis en avant : les Contrées du Rêve, donc.







Maintenant, il est vrai que Mnémos semble entretenir une relation particulière avec les Contrées – relation qui remonte au moins à la nouvelle traduction par David Camus, sous le titre donc Les Contrées du Rêve, de l’ensemble des nouvelles « dunsaniennes » de Lovecraft, incluant Démons et Merveilles, soit le « cycle de Randolph Carter », auquel le titre de la présente anthologie fait clairement allusion, mais aussi toutes les autres nouvelles « oniriques » : « Polaris », « La Malédiction de Sarnath », « Les Chats d’Ulthar », « Les Autres Dieux », et j’en passe.







Exactement au même moment, l’éditeur avait publié le très beau Kadath : le guide de la cité inconnue, superbement illustré par Nicolas Fructus (dans son édition originale : la reprise ultérieure se passe de la dimension graphique, ce qui me laisse assez sceptique…), avec des textes de David Camus donc, Mélanie Fazi aussi (surtout ?), Raphaël Granier de Cassagnac et Laurent Poujois. De la bonne came, ces deux bouquins…







Plus récemment, cependant, on a (re)trouvé chez Mnémos des choses… nettement moins bonnes, avec deux gros volumes pseudo-lovecrafto-oniriques de l’inqualifiable Brian Lumley. Ce qui, peut-être, fausse un peu mon jugement concernant la présente anthologie ? C’est dommage, mais…







ONIRIQUE… ET PÉRILLEUX







Cela dit, ce n’est clairement pas la plus évidente des matières, les « Contrées du Rêve »… C’est même assez franchement périlleux, et à plus d’un titre.







Dont un, bizarrement, ne ressort pas du tout ici – et notamment de l’introduction de Frédéric Weil : à l’exception de « Polaris », si l’on en croit Lovecraft lui-même, ces récits sont à certains égards des sortes de pastiches – de l’immense Lord Dunsany, donc. Les Dieux de Pegāna, Le Temps et les Dieux, L’Épée de Welleran, Contes d’un rêveur (parmi lesquels « Jours oisifs sur le Yann », nouvelle séminale en la matière), Le Livre des merveilles, Le Dernier Livre des merveilles… Autant de splendides petits recueils qui ont fourni, sinon la base ou le substrat, du moins des modèles pour que Lovecraft développe son propre univers onirique et baroque, au lexique chatoyant. Dès lors, pasticher Lovecraft dans les « Contrées du Rêve » peut revenir, indirectement, à pasticher Dunsany via les propres pastiches de Lovecraft ?







En théorie. Car, et ce n’est pas la moindre surprise de cette anthologie, aucun des auteurs ici présents (hors cas « ambigu » de « Randolph Carter », j’y reviendrai…) ne joue vraiment de cette carte merveilleuse. Laurent Poujois s’en approche timidement par endroits, Alex Nikolavitch et Vincent Tassy peut-être, avec moins de réussite, les autres n’essayent même pas ; il n’est pas dit qu’on puisse vraiment leur en vouloir, ni que ce soit forcément problématique…







Les « Contrées du Rêve », après tout, peuvent avoir d’autres couleurs – et la fantasy lovecraftienne, souvent, conserve quelque chose de l’horreur du Monde de l’Éveil ; cette fois, quelques auteurs s’en souviennent, mais somme toute assez peu, ou sans guère de réussite en tout cas.







Or ces différents registres ont leurs risques propres – et contribuent à rendre périlleux l’exercice d’équilibriste de Lovecraft, dont nombre des récits « dunsaniens » sont sur la corde raide : un faux pas et l’on tombe, ce qui charme et fascine s’avérant en fin de compte seulement grotesque au mauvais sens du terme, autant dire ridicule. Les auteurs se montrant prudents, ici, voire timorés, ils évitent pour l’essentiel cet écueil… sauf Sylvie Miller et Philippe Ward d’une part, et Vincent Tassy de l’autre, qui, chacun à sa manière, sautent à pieds joints dessus (et se cassent la gueule, comme de juste).







Autre ambiguïté du registre : la dimension proprement onirique de ces Contrées. Contre leur dénomination même, elle est en fait parfois discutable… Christophe Thill, dans un article figurant dans Lovecraft : au cœur du cauchemar, y insiste, à bon droit sans doute, même si je n’irais probablement pas jusqu’à me montrer aussi catégorique. Mais il y a bien une autre ambiguïté à cet égard, qu’il faut relever : ces Contrées sont peut-être oniriques (car on rêve beaucoup dans ces textes de Lovecraft, dont la célèbre citation est reprise ici en mot d’ordre : « Tout ce que j’ai écrit, je l’ai d’abord rêvé. »), ou peut-être pas, plutôt antédiluviennes ; ou alors les deux tout à la fois… Pourquoi pas, après tout ?







Cela a son importance, qui fait le partage entre une fantasy « classique », limite avec carte à l’appui, et quelque chose de bien moins organisé. La plupart des auteurs, ici, me semblent appuyer sur la dimension onirique, même en en évacuant le merveilleux – et souvent en faisant explicitement l’aller-retour entre Contrées du Rêve et Monde de l’Éveil ; ce qui paraît couler de source, alors qu’au fond, si l’on veut bien s’y arrêter un instant, ça n’a rien de si évident : en fait, cela introduit bel et bien un biais.







Et il y en a peut-être encore un dernier, pas forcément si inattendu que cela chez Mnémos, au vu de l’origine même de l’éditeur : la dimension rôlistique. Je crois qu’elle a laissé son empreinte (« mythique », si l’on y tient), et que les « Contrées du Rêve » ici arpentées doivent beaucoup à Sandy Petersen et compagnie, au projet préalable à L’Appel de Cthulhu – jeu dérivé de l’idée d’un supplément sur « Les Contrées du Rêve » pour Runequest… Pourtant sans insister sur la fantasy. Ce qui n’est pas forcément un problème, là non plus – mais conserver cette idée derrière l’oreille peut faire sens en cours de lecture, ai-je l’impression.







(Note : depuis cette chronique, au passage, j'ai eu l'occasion de causer des Contrées du Rêve rôlistiques, rééditées chez Sans-Détour.)







Y CROIRE ?







Reste que, si cette anthologie souffre avant tout d’un problème, il est tout autre… et bien autrement gênant. J’ai l’impression en effet d’un livre conçu sans y croire, d’une anthologie où les auteurs, au fond, et en tout cas la direction d’ouvrage, ne se sont pas « impliqués ». Même auprès des auteurs les plus sensibles à la dimension lovecraftienne, notamment pour en avoir déjà fait usage ailleurs, éventuellement de manière frontale, demeure ici l’impression vaguement ennuyeuse d’une commande. Le tout manque d’application et de cohérence, du coup… mais aussi et surtout d’enthousiasme ?







Sur le format relativement court de l’anthologie, c’est pour le moins frappant – et ça ne l’est que davantage, quand le dernier et le plus long texte du recueil et de loin, les « Fragments du carnet de voyage onirique de Randolph Carter », se contente sur une cinquantaine de pages de citer expressément Lovecraft, et/ou de broder sur ses descriptions « oniriques » sans même s’embarrasser d’une narration ! Or cet ultime texte confirme que les auteurs des nouvelles précédentes n’ont en fait même pas essayé de jouer de la carte baroque et chatoyante… Et il a d’autres connotations regrettables, sur lesquelles je reviendrai en temps utile.







Et, décidément, même en jouant au bon public dans la mesure de mes capacités (non négligeables) pour ce faire, je ne peux certes pas accorder une bonne note à cette anthologie ; on dit parfois « ni fait ni à faire », et c’est une expression hélas appropriée au contenu de cette anthologie …







Ma chronique pour Bifrost synthétise et « rassemble » les textes. Ayant davantage de souplesse rédactionnelle sur ce blog autorisant des développements bien plus amples, je vais tâcher de dire quelques mots de chacun de ces textes, dans l’ordre de présentation.



URJÖNTAGGUR







On commence avec « Urjöntaggur », nouvelle signée Fabien Clavel – un auteur que je n’ai à vrai dire jamais « pratiqué » (le bien grand mot…) que dans ce registre de la « plus ou moins commande », ce qui peut influer sur mon jugement. Mais le fait est que ce texte m’a paru sonner faux…







C’est d’autant plus regrettable qu’il contient des bonnes choses – avec un potentiel graphique et onirique marqué, des clins d’œil plutôt amusants aussi… Et, bien sûr, la dimension épistolaire, très adéquate.







Sauf que je n’ai donc pas l’impression d’un auteur qui « croit » en ce qu’il écrit – et j’ai bien au contraire la conviction qu’il ne fait finalement rien pour que le lecteur, au moins, y croie. Dimension rôlistique, avançais-je plus haut ? Peut-être, mais de manière ratée… La nouvelle m’a immanquablement évoqué un « scénario » conçu sur le pouce, pour une séance imprévue, en jetant au dernier moment les dés pour bâtir fissa quelque chose sur la base de tables aléatoires. Il y en a de bonnes, et cette méthode peut donner des choses très amusantes – mais à condition d’y travailler un peu plus, ne serait-ce que pour bétonner l’agencement. Sinon, ce ne sont que des cases dans des tableaux – des fragments qui au fond ne conduisent à rien ; et, au bout de la partie comme au bout de cette nouvelle, j’ai passé le temps, oui, mais sans vraiment m’amuser, et je n’en retiendrai rien.







Les gimmicks « stylistiques » de l’auteur ne font en fait que renforcer cette impression. La dimension épistolaire pouvait donner quelque chose d’intéressant, mais Fabien Clavel fait dans le gratuit (anglicismes, fautes d’accord), dans une vaine tentative, mais d’autant plus voyante, de conférer de la personnalité à ses protagonistes ; c’est au fond parfaitement raté, au mieux inutile. Et l’artifice n’en ressort que davantage.







Ce n’est même pas forcément que ce texte est « mauvais » : d’une certaine manière, il n’existe pas…







Hélas, il n’est pas le seul dans ce cas, ici.







LE RÊVEUR DE LA CATHÉDRALE







Suivent Sylvie Miller et Philippe Ward, pour « Le Rêveur de la cathédrale ». Le Noir Duo a pu, occasionnellement, livrer des choses tout à fait correctes, souvent dans un registre populaire, léger et divertissant, « Lasser » ou pas, mais pas que. Bien sûr, quelqu’un qui se fait appeler Philippe Ward n’a guère besoin de mettre en avant d’autres arguments pour témoigner de son goût pour Lovecraft…







Reste que cette nouvelle est un échec total – et qui, bizarrement, aurait sans doute gagné à se débarrasser de ses oripeaux guère seyants de lovecrafterie. Sur la base d’un cadre narratif qui aurait pu être intéressant (la basilique de Saint-Denis) mais qui s’avère bien vite inexploité, et d’ici à une conclusion tellement convenue que c’en est gênant, elle nous inflige un Nyarlathotep parfaitement grotesque, et un Randolph Carter qui l’est à peu près autant (outre qu’il est tout sauf sympathique – ce qui aurait pu constituer un bon point, je suppose, mais dans encore un autre univers parallèle) ; j’ose espérer que c’était délibéré de la part des auteurs, d’une certaine manière, mais sans en être totalement certain…







Et au final ? Là encore, une nouvelle « qui n’existe pas ».







DE KADATH À LA LUNE







Raphaël Granier de Cassagnac, pour sa contribution intitulée « De Kadath à la Lune », fait dans l’autoréférence, en brodant façon bref spin-off sur son texte dans Kadath : le guide de la cité inconnue, il y a de cela quelques années déjà. L’idée n’était pas mauvaise, même si tout cela est bien lointain pour moi… Mais cela a pu susciter quelques « flashs » occasionnels – cependant, plutôt dans son évocation du segment dû à l’époque à Mélanie Fazi, avec le personnage d’Aliénor. Eh…







Ce que Raphaël Granier de Cassagnac avait conçu dans ce cadre avec son « Innomé » était plutôt réussi, pourtant, et ne manquait pas d’à-propos, en fournissant au lecteur un guide de choix pour arpenter Kadath. En dehors de ce contexte, par contre, et avec cette seule anthologie pour référence, ça ne fonctionne hélas pas… et cela aboutit à un nouveau texte « inexistant ». Dommage…







CAPRAE OVUM







« Caprae Ovum » est une nouvelle d’Alex Nikolavitch, que je n’avais longtemps pratiqué qu’en tant qu’essayiste et traducteur (de BD notamment), sauf erreur, mais qui a publié assez récemment son premier roman, Eschatôn, aux Moutons Électriques – un roman, d’ailleurs, non dénué d’aspects lovecraftiens, et l’éditeur avait mis cette dimension en avant ; un roman, hélas, qui ne m’avait pas convaincu… mais pour de tout autres raisons (ses aspects lovecraftiens sont assez réussis, objectivement).







Avec la présente nouvelle, il nous livre un périple onirique adapté à la logique des rêves et/ou des cauchemars. Idée qui fait sens, sans doute… à ceci près que le résultat est d’un ennui mortel. Dans cette anthologie, c’est probablement la première nouvelle à tenter d’approcher véritablement la matière lovecraftienne onirique, ce qui est tout à son honneur – et je suppose qu’il y a notamment de « La Clé d’argent » là-dedans. Pas forcément le plus palpitant des récits lovecraftiens, je vous l’accorde… Mais là, c’est encore une autre étape : un somnifère radical.







Il y avait de l’idée – mais ça ne fonctionne pas vraiment, au mieux, et, une fois de plus, on n’en retient rien.







LES CHATS QUI RÊVENT







Avec « Les Chats qui rêvent », de Morgane Caussarieu, on en arrive – enfin ! – à un texte que l’on peut sans hésitation qualifier de « bon ». Pas un chef-d’œuvre, non, mais un « bon » texte. À vrai dire probablement le meilleur de cette anthologie autrement bien fade…







Je précise à tout hasard que je n’avais jusqu’alors (sauf erreur) jamais rien lu de la jeune auteure, dont des gens fiables ont cependant loué les romans, tout particulièrement Dans les veines – il faudra que je tente ça un de ces jours, quand même…







Mais revenons à nos moutons – ou plutôt, à nos chats… Ceux d’Ulthar, bien sûr ? Non : ceux qui aimeraient se trouver à Ulthar.







Parce qu’ils sont présentement en enfer.







Sur la base d’un titre pareil, je m’attendais à quelque chose dans le goût du très chouette « Rêve de mille chats » de Neil Gaiman – un épisode indépendant de la cultissime et fantabuleuse BD Sandman. Il y a peut-être un peu de ça, mais c’est finalement autre chose. Car ce texte n’est pas sans surprise, en fin de compte…







Notamment en ce qu’il évacue très vite tout ce qui pourrait être « naturellement kawaii » avec un postulat pareil. Chatons ou pas, cette nouvelle n’a rien de « mignon ». En fait, de l’ensemble de l’anthologie, elle est peut-être la seule (disons avec celle de Laurent Poujois, plus loin) où l’angoisse, voire la peur, voire la terreur, ont quelque chose de palpable – un aspect qui, quoi qu’on en dise, n’est pas absent des récits de Lovecraft consacrés aux « Contrées du Rêve ». Mieux encore si ça se trouve, la brève nouvelle de Morgane Caussarieu parvient à véhiculer quelque chose de presque… dépressif ? qui, là encore, contrairement aux idées reçues, peut faire partie intégrante de l’onirisme chatoyant de Lovecraft – car, dans ses textes dits dunsaniens, sous les tours d’ivoire et les minarets scintillants peut se dissimuler l’échec, le navrant, le pathétique ; peut-être surtout dans un second temps de sa production « fantaisiste », certes, mais c’en est une dimension importante.







Mais, en combinant tous ces aspects, Morgane Caussarieu livre donc un texte plus qu’honorable, à propos dans ce contexte, mais qui se tient aussi en lui-même. Une réussite, à son échelle, donc – et peut-être bien la réussite de cette anthologie. Oui : un texte qui existe, voyez-vous ça !







LE BAISER DU CHAOS RAMPANT





Encore un jeune auteur, avec Vincent Tassy – qui, dans « Le Baiser du Chaos Rampant », use d’une esthétique gogoth qu’on aurait pu être tenté d’associer à Morgane Caussarieu, sauf que non, en définitive.







Malgré sa lourdeur démonstrative et son emploi pas toujours très assuré d’un lexique rare et se voulant riche, la nouvelle parvient (presque) à faire illusion un certain temps. Il s’y passe des choses, et si la focalisation morbide et goulesque ne suscite pas les mêmes connotations que les tours et minarets des cités merveilleuses de Céléphaïs et compagnie, au moins l’auteur parvient à peu près à en tirer un semblant d’ambiance. Ce qui aurait donc pu donner quelque chose de correct, j’imagine – en étant bon prince, oui, mais…







Mais en fait non, en raison d’une conclusion parfaitement ridicule. Je ne suis pas certain d’avoir lu une lovecrafterie qui m’ait autant donné envie de bazarder violemment le bouquin contre un mur depuis la « Maudite Providence » de Li-Cam – enfin, une lovecrafterie francophone, j’ai (re !) lu du Brian Lumley entre temps…







Non, vraiment, fallait pas.



LE TABULARIUM







Laurent Poujois remonte le niveau avec « Le Tabularium » ; après avoir, il y a longtemps de cela, fourni des choses intéressantes pour le Kadath du même éditeur – mais, à la différence de son collègue Raphaël Granier de Cassagnac, il a choisi de livrer une nouvelle se tenant avant tout en elle-même : le bon choix, m’est avis.







Entendons-nous bien : « Le Tabularium » n’a absolument rien d’un chef-d’œuvre. Mais c’est un texte divertissant, et qui fonctionne. Oui, c’est aussi assez convenu, voire éculé, mais ça fonctionne. Et au regard de la concurrence dans cette anthologie, ben, du coup…







En fait, si je confierais donc la première place du podium à la nouvelle de Morgane Caussarieu évoquée plus haut, la deuxième me paraîtrait pouvoir être attribuée à ce récit faisant la bascule entre Monde de l’Éveil et Contrées du Rêve avec… professionnalisme, disons. Terme assez peu généreusement connoté le plus souvent il est vrai, mais pour le coup Laurent Poujois ne nous fait pas du Fabien Clavel. Son texte est bien construit, l’ambiance est là, qui oscille entre fascination et angoisse avec la nécessaire touche de démence qui va bien. Autrement dit, ça marche – et comme il ne faut pas espérer beaucoup plus dans ce recueil…







LE CORPS DU RÊVE







« Le Corps du Rêve », de Neil Jomunsi, ne s’en sort pas si mal, cela dit. Formellement, cette nouvelle me laisse assez sceptique, mais je lui reconnais néanmoins d’avoir un thème assez intéressant, relativement original, et plutôt bien développé.







En fait, c’est là l’atout de cette nouvelle, qui la classe effectivement au-dessus de la médiocrité globale de cette Clé d’argent des Contrées du Rêve fort peu goûtue dans l’ensemble : lesdites Contrées y sont questionnées, dans leurs implications, et donc dans le rapport ambigu que les Rêveurs peuvent entretenir avec elles. Il n’est certes pas dit que la réponse apportée à cette problématique par Neil Jomunsi aurait parlé à Tonton HPL, mais, au fond, ça n’est d’aucune importance.







La nouvelle est critiquable, bancale parfois, mais donc assez futée, au fond, et parvient à mettre en place une ambiance des plus correcte ; allez, troisième place sur le podium.







YLIA DE HLANITH







… Quand soudain déboule le… le texte qui invalide l’idée même d’un podium pour les siècles des siècles.







« Ylia de Hlanith » est un… poème… de 480 vers, des alexandrins à vue de nez, commis par Timothée Rey. Et je ne suis pas bien certain de ce que j’en pense.







Booooooooooooooooon, côté « virtuosité poétique » et « joliesse des images et émotions », disons-le, ça n’est paaaaaaaaaaaaaaaaaas tout à fait ça ; mais probablement de manière délibérée, en partie du moins – semble en témoigner le goût de l’auteur pour les rimes improbables, en -ec, en -oth, que sais-je ; avec de la musique derrière et beaucoup de clopes ou d’alcool, ça aurait pu être du Gainsbourg, si ça se trouve – du Gainsbourg pété comme un coing et qui rigole tout seul dans son coin (donc) de la mauvais blague à laquelle il se livre.







Disons-le : c’est moche comme tout et ça croule sous
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Toxoplasma

Roman proto-cyberpunk, chaînon manquant entre nous et un futur cyberpunk, Toxoplasma prend pour cadre un Montréal dans un futur en "limite de notre zone proximale de développement", dopé à l'utopie, l'anarchie et aux années 80.

Nikki nous emporte au fil d'une enquête improbable derrière le voile, essayant de débrouiller une intrigue où se mêlent meurtres rituels d'animaux, légendes autochtones, films d'horreur, histoire locale et technologie mystique.

S'entrecroisent le fil narratif de Nikki, d'un speaker radio, de Kim et de sa bande de hackeuses.

Des images sublimes, un thriller SF fantastique, burlesque, prenant qui suinte l'horreur et la violence sans jamais en être éclaboussé.
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Au bal des actifs : Demain le travail

Chaque nouvelle est un bijou qui m'a mis une claque.
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Territoires de l'imaginaire : Faites demi-t..

Faites demi-tour dès que possible: les territoires de l'imaginaire est une anthologie de nouvelle de science fiction / fantastique publié chez la Volte.



C'est une anthologie se basant sur un concept originale: à savoir que les 14 auteurs, vont chacun écrire une nouvelle sur un territoire différend, que ce soit ville ou région. Vous pouvez ce recueil de deux façon. La première est une lecture dans l'ordre, qui regrouperont les nouvelles par thème. Ou alors dans le désordre, avec le deuxième sommaire, qui vous permettra de lire les nouvelles par territoires.



Sentiment mitigé ici, la plupart des nouvelles ne m'on pas marqué outre mesure, et m'on laissé neutre. Cependant pour ma part deux nouvelle sont sortit du lot. A savoir le cul du loup de David Calvo, et Le signal de Jean-Phillipe Ourry, nouvelles que j'ai beaucoup apprécier.
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Au bal des actifs : Demain le travail

Demain le travail est un recueil comprenant 12 nouvelles d’anticipation dont la thématique principale est le travail. Une façon pour nous de découvrir ce que les auteur.rices imaginent pour notre futur. Entre l’accumulation de petits boulots, sans savoir si demain on gagnera suffisamment, ou au contraire le travail étant réservé à une élite, autant vous le dire tout de suite : ce n’est ni glorieux, ni optimiste ! Mais voilà, chacun de ces récits nous fait réfléchir, nous touche différemment. Si je me souviens de mon appréciation de chacune des nouvelles, il y en a qui m’ont toutefois moins marquée et je ne me souviens de l’histoire que grâce à mes notes. En parcourant le net, j’ai vu que pour d’autres personnes, ce ne sont pas les mêmes nouvelles qui nous ont impactés. Pour ma part, ce sont les premières et les dernières que j’ai le plus apprécié et dont je me souviens également le plus. J’ai d’ailleurs eu une très bonne surprise avec Le Parapluie de Goncourt qui traite du « labeur de l’écriture » (p.466) : on y découvre un premier texte, des échanges avec des correcteurs, l’éditeur, etc. C’est vraiment très intéressant ! Pâles mâles et Canal 235 m’ont également beaucoup touchée ; la précarité des héros ne peut laisser indifférent.e.

Je ne vais pas vous parler de toutes les nouvelles individuellement (quoique si vous voulez un retour sur une nouvelle en particulier, je peux le faire en commentaire) ; j’ai trouvé qu’elles étaient bien écrites, chaque auteur.rice ayant son propre style, une narration et un angle d’attaque du sujet différents. Le recueil est dense et certaines histoires sont assez dures à digérer ; il faut alors un temps pour laisser la réflexion faire son bonhomme de chemin.

J’imagine qu’il y a eu des échanges entre les écrivain.es car certains textes font écho les uns aux autres. Alors oui, Vertigeo ne ressemble en rien à Parfum d’une mouffette, mais les textes sont présentés de façon logique ; rien ne semble avoir été laissé au hasard. De plus, oui, ce sont des nouvelles, c’est donc moins développé que pour un roman, et pourtant chaque histoire se déroule de façon cohérente, est suffisamment étoffée pour qu’on puisse d’y plonger pleinement. Quant aux fins, qu’elles soient ouvertes ou non, elles sont bien amenées et les histoires ne s’arrêtent ni trop tôt ni trop tard.



Au bal des actifs. Demain le travail est un ouvrage réflexif riche, proposant des visions différentes quant au monde du travail de demain. Ce n’est pas le genre de livre qui se dévore en quelques jours, non, c’est le genre de livre que l’on prend le temps de découvrir, qui nous fait réfléchir.

Une bonne découverte que je recommande vivement, mais pas à n’importe qui. Demain le travail ne vous fera pas rire, ne vous fera pas passer un moment plaisant. Ce qui ressort le plus, d’après moi, est vraiment la réflexion autour du travail.
Lien : https://malecturotheque.word..
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Wonderful

Je n'ai pas accroché et ne suis pas rentré dans l'histoire. J'ai abandonné à la page 86.
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La clef d'argent des contrées du rêve

J’ai passé de bons (voire très bons) moments de lecture avec cet ouvrage. J’ai aimé découvrir le monde de Lovecraft et la façon dont les différents auteurs se le réappropriaient. Étant néophyte de cet univers littéraire (j’ai à peine lu Les Contrées du Rêve), j’ai pu apprécier la plupart des nouvelles sans problème de compréhension. J’ai cependant regretté l’inégalité dans la longueur des nouvelles. Je l’ai surtout ressentie, je pense, parce que je me limitais à une nouvelle par semaine, mais avoir des nouvelles de 3 ou 5 pages me semblait vraiment trop court pour entrer dans l’univers et découvrir le style de l’auteur.



(Chaque nouvelle est chroniquée séparément sur le blog dans le rendez-vous "Livres et Gourmandises" )
Lien : https://livraisonslitteraire..
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Au bal des actifs : Demain le travail

Cette anthologie de 12 nouvelles est une tuerie. En même temps, avec les noms au sommaire, on ne pouvait pas s’attendre à moins. D’autant plus, chez l’éditeur La Volte qui nous a habitués à beaucoup de belles et percutantes lectures.



On se situe évidemment dans de la science-fiction, de la SF qui fait cogiter, de la SF qui fait vibrer notre système limbique, de la SF sociale et humaniste… de la bonne science-fiction tout simplement.

Dès les premières pages, ça envoie du lourd et ça ne s’arrête pas avant la 600ième et quelque.

S’il y a de l’humour par ci par là, il y aussi beaucoup de noirceur dans ce laborieux avenir. La plupart des récits décrivent un paysage professionnel bien sombre, avec un final souvent sordide pour les héros travailleurs. Certaines histoires laissent cependant passer davantage de lumière, d’espoir, tandis que l’une d’entre elles montre un monde du travail conçu pour le bien-être des humains dans une organisation sociale toutefois sous-tendu par le mensonge.

Le secret et la manipulation sont d’ailleurs des thèmes récurrents. La problématique du sens du travail qui revêt un rôle de paix sociale en est un autre. Et cette question du travail est envisagée autant sous l’angle de la question de société que sous celui de l’identité individuelle.

On pourrait parler des heures des thématiques abordées dans cette anthologie et creuser bien des aspects à la lumière des sciences économiques et sociales, ainsi que des sciences humaines.

Mais je vais m’arrêter là et juste préciser qu’il s’agit d’une lecture plutôt complexe, même pour quelqu’un qui travaille dans le domaine de l’orientation scolaire et professionnelle et détenant une certaine maîtrise du jargon des ressources humaines, de l’évolution du travail, de ses formes émergentes, etc. Autant dire que les auteurs sont vraiment bien documentés et savent de quoi ils parlent. Je me demande même si un glossaire n’aurait pas été utile…



N’ayez toutefois pas peur d’aborder cet ouvrage car, à n’en pas douter, chacun pourra tirer parti de cette réflexion, parfois ardue, mais nécessaire voire salutaire, qui sous-tend ces fictions sur le futur du travail.



La créativité est largement au rendez-vous, aussi bien sur le fond que sur la forme. Les nouvelles présentent des structures variées. On y trouve par exemple des codes, des tableaux, des pages de blog, des échanges de courriers, et même différentes versions d’une nouvelle avec les corrections proposées par des auteurs, éditeurs ou encore membres de la famille. Attendez-vous donc à être surpris de pages en pages !



Enfin, que dire de la prose, sinon que chaque plume est singulière, admirable, puissante.



La chronique complète en vidéo avec des lectures en cliquant sur le lien ci-dessous :


Lien : https://youtu.be/Gag7AHV0B_Q
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Atomic bomb

Un livre complètement barré !
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Au bal des actifs : Demain le travail

Douze incursions dantesques dans le possible, rêvé ou cauchemardé, du travail à venir.



Sur mon blog : https://charybde2.wordpress.com/2017/02/22/note-de-lecture-au-bal-des-actifs-demain-le-travail-collectif/


Lien : http://charybde2.wordpress.c..
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Elliot du néant

Entre saga islandaise, jeu vidéo et exégèse mallarméenne, une très beckettienne fin de partie.



Sur mon blog : https://charybde2.wordpress.com/2017/01/22/note-de-lecture-elliot-du-neant-david-calvo/
Lien : http://charybde2.wordpress.c..
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Sous la colline

En Résumé : J’ai passé un très bon moment de lecture avec ce roman qui nous propose plus un voyage, une ballade dans ce Marseille étrange et cette mystérieuse cité du Corbusier qu’une simple enquête teintée de fantastique. En effet ce qui fascine c’est cette cité, la vie de ses habitants mis aussi pour moi une découverte de cette cité qui est loin du blocs de bétons qu’elle laisse imaginer, mais dévoilant initialement un idéal social et un véritable travail architectural qui donne envie d’être découvert. L’ambiance de Marseille vient aussi, je trouve, se coller à merveille au récit à la fois étouffante, élégante tout en dévoilant en fond un léger sentiment de danger et de corruption. Limite maintenant je me laisserai bien tenter par une visite de la ville. Les autres points intéressants sont les nombreuses réflexions que soulève l’auteur que ce soit sur la cohésion sociale, l’identité, la reconnaissance et l’acceptation des autres ainsi que le travail mythologique à la fois captivant et soigné. Les personnages ne sont pas non plus en reste proposant une galerie de protagoniste haut en couleurs, bien porté par Colline héroïne complexe, déroutante et efficace. Au final je regretterai simplement que parfois l’auteur s’enfer dans des passages qui lui sont tellement propres qu’on a du mal à y entrer et les comprendre, ce qui m’a parfois donné l’impression de passer à côté de quelque-chose, mais rien de non plus trop bloquant. La plume de l’auteur s’avère efficace, soignée et je lirai sans soucis d’autres de ses écrits.





Retrouvez la chronique complète sur mon blog.
Lien : http://www.blog-o-livre.com/..
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Délius, une chanson d'été

Delius, une chanson d'été figure dans mon Top 6 sur Babelio, c'est dire que cette critique sera positive. Il ne s'agit pas du meilleur roman du monde mais, à ce jour, il est parmi ceux qui se rapproche de mon idéal littéraire. Idéal que j'ai bien du mal à définir tant il relève de la sensibilité ...

Procédons donc par mots-clés. Delius, une chanson d'été c'est avant tout de la poésie, de l'absurde, une pointe d'humour et de l'originalité dans les trouvailles de l'intrigue quasiment à chaque page. On ne s'ennuie jamais et l'imagination pédale à fond tandis qu'on lit essayant de compléter des morceaux du récit qui semblent oubliés alors même que les héros sont déjà partis ailleurs.

Lire Delius, une chanson d'été c'est un peu comme se promener à grande vitesse dans une forêt enchantée (d'ailleurs il y en a une dans le livre) en s'arrêtant de temps en temps mais en se délectant tout de même du paysage entre deux arrêts.

Delius, une chanson d'été semble nous dire : Regardez par ici ce qu'on peut encore faire en matière de littérature, voyez l'infini qui s'ouvre devant !
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Sous la colline

Un drôle de roman, "inclassable", comme le dit l'éditeur.



David Calvo nous emmène dans l'unité d'habitation du Corbu de Marseille. Un lieu propice aux mythes et fantasmagories où se retrouve Colline, trans en plein conquête de son identité.



Le sujet est étonnant, nous faisant plonger par touche dans un univers ésotérique, dont le Corbu serait un point névralgique. Fée, Gorgone, Marie-Madeleine, Gyre, sont autant de figures que vous découvrirez. Mais il ne s'agit pas tant de sauver ce bâtiment historique d'une possible destruction que d'une quête de soi de l'héroïne.



L'écriture de David Calvo est entre passages franchement chiadés et carrément "parlés" ce qui est parfois surprenant. Un ouvrage à découvrir mais difficile de le conseiller à tout le monde. Pour ma part, je ne cacherais pas que j'ai souvent été perdue par les recherches mythologiques et les procédés stylistiques de l'auteur...
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Vorax

Dans un élan de poésie moderne, David Calvo raconte l'Univers à sa façon à la fois belle et dégoûtante, à travers un Être très particulier, le bien-nommé Vorax, né d'un père cosmique, omniscient et tyrannique. Son évolution se fait petit à petit, de nano à proto, de méga à hyper, mais le temps semble s'être arrêté sur une ère étrange où se croisent les dinosaures, les singes et l'homme. Le style graphique et littéraire évolue lui aussi petit à petit, de petites phrases chocs à longs monologues, de petites cases bien sages à explosion volcanique.



Si tu es en mal de quête spirituelle ou si tu te sens un peu inadapté dans le monde dans lequel tu vis, je te conseille de croquer à pleines dents dans ce diamant brut, à l'esthétique flashy psychédélique des années 70, et de méditer sur ces sages paroles remplies d'amour morbide.



(voir la critique intégrale sur le blog)
Lien : http://lecombatoculaire.blog..
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Utopiales 2011 : Anthologie

Le thème de cette antho est Histoire(s). Et nous commençons par une nouvelle de James Morrow intitulée Le Radeau du Titanic. Partant du célèbre naufrage, l’auteur imagine une autre issue à cette catastrophe maritime majeure. Au lieu de ce réfugier dans des canots trop peu nombreux, les naufragés construisent un immense radeau capable de les accueillir tous. Et c’est là, je trouve, que ça commence à se gâter. Non seulement ils réalisent en deux ou trois heures un radeau capable de supporter plus de 2500 personnes et du matériel, mais ce radeau navigue pendant plus de deux ans sans encombres. Permettant ainsi aux passagers du Titanic de se forger un autre avenir, de se construire une utopie flottante. L’une des premières batailles navales de 14/18 se déroulant à proximité du radeau, plusieurs centaines de marins anglais et allemands y trouvent refuge. Bref, pour moi c’est du grand n’importe quoi. Le style de Morrow est très agréable, mais ces invraisemblances ne me donnent vraiment pas envie d’essayer autre chose de cet écrivain que je ne connaissais pas.



Là, je zappe Le Train de la réalité (fragment) , la nouvelle de Roland C. Wagner. Déjà que je n’appréciais pas l’écriture du langage parlé, mais au bout d’une dizaine de pages, je suis tombé sur L’une des grandes différences.... Stop ! N’en jetez plus la cours est pleine. Faut choisir, mon bon. Où le narrateur écrit comme ça se prononce, et dans ce cas-là ce genre de tournure n’a pas sa place, ou on limite ce style à quelques passages tels les dialogues. Et puisque l’histoire ne m’intéressais pas... Au suivant !



Ce n’est pas L’invention du hasard qui me donne envie de lire autre chose de Norbert Merjagnan. L’idée de base est bonne mais pas originale : Deux individus échangent leurs corps ; un homme très riche et une jeune fille paumée. Ça aurait pu être intéressant, voire passionnant. C’est plat, sans intérêt. Dommage.



Lignes parallèles, de Tim Powers, est une perle fine dans ce recueil. Une très bonne histoire de communication avec l’au-delà. Bien ficelée, sans longueur. Je me suis même pris à regretter qu’elle ne soit pas plus longue (ce qui eut été dommageable) pour voler un peu de place aux médiocrités de ce volume.



Avec K**l me, I’m famous ! , Éric Holstein a écrit une nouvelle comme je les hais. Courte, elle est affublée d’une intro à rallonge qui représente les deux tiers de l’ensemble. Beurk ! Je n’en dis pas plus. Dommage cette histoire de succube aurait pu être intéressante. Dernière précision : L’auteur a été co-fondateur de ActuSF(l’éditeur de ce bouquin).



Salvador, de Lucius Shepard. Est-ce la peine d’en dire plus ? À elle seule, elle excuse certaines médiocrités du volume... J’ai découvert cette nouvelle il y a de très nombreuses années dans un des volumes de la collection Présence du Futur [2]. Il n’y a rien d’autres à en dire que LISEZ ! C’est impératif. Il ne faut pas passer à côté de ce texte superbe sur les méfaits de la guerre type Guerre du Vietnam. On y retrouve le même genre de fantastique que dans Kalimantan.



Malheureusement, ce recueil de nouvelles se conclut sur Pragmata de David Calvo. Pourquoi malheureusement ? Parce que ce texte est remarquable par son manque d’intérêt. D’une écriture plutôt agréable, il ne raconte rien, n’est pas fantastique [3], n’est pas de S.F. (tout genres confondus).



En bref : vous l’avez compris. Seules les nouvelles de Tim Powers et Lucius Shepard ont retenu mon attention dans le bon sens. Les autres me donnent envie de ne pas lire les anthologies des Utopiales. J’en ai pourtant encore deux en attente.
Lien : http://livres.gloubik.info/s..
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Elliot du néant

Calvo a une écriture et un imaginaire réellement très original qui fait qu'on est toujours surpris même si on n'adore pas ce qu'il écrit.

Dans ce livre, Calvo nous emmène très loin dans son monde et avec un compagnon de voyage dont la poésie est difficile, à savoir Stéphane Mallarmé. le compagnonnage est d'ailleurs compréhensible car l'écriture de Calvo est, elle aussi, très poétique. Elle l'est plus dans Elliott du Néant que dans les précédents livres que j'avais lu, Délius, une chanson d'été (magnifique à mon goût) et Wonderful. Cependant, l'intrigue avance vraiment péniblement dans la première moitié du livre comme si Calvo peinait à se débarrasser de notre réalité commune pour imposer la sienne. La deuxième partie du livre est plus enlevée, plus magique aussi même si la fin m'a déçue. Bref, je me suis accrochée au monde de Calvo plus qu'à l'histoire pour aller jusqu'à la fin. Ce n'est pas ma meilleure expérience de lecture mais elle en valait tout de même la peine.
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