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Critiques de Sabrina Calvo (205)
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Wonderful

Black is beautiful

Yellow is Wonderful

Red is very nice

Let me draw my life

Les têtes raides



Bizarre autant qu’étrange, une petite merveille qui nous plonge dans un imaginaire loufoque, poétique et sombre.



La fin de la Terre est pour bientôt. La Lune se fissure et son prochain éclatement précipitera la destruction de la Terre. Que faire lorsque l’on sait que sa fin est proche, doit on continuer à soigner les malades, doit on se réfugier sous terre et vivre comme des taupes, doit on vivre comme au XIX ème siècle et préparer le retour de la reine Victoria ou encore s’inscrire au marathon de danse…

Le docteur Loomis a décidé de faire comme si de rien n’était, et continu ses tours de garde dans l’hôpital ou il travaille. Du moins jusqu’au jour ou il se retrouve avec deux énergumènes à ses trousses. Suite à la disparition pour le moins étrange de l’un de ses patients, Loom tentera de trouver une explication à ce mystère dans les appartements de ce patient. Manque de chance les deux compères sont à la recherche d’un film qui aurait été en possession du patient de Loom et se rendent également dans son appartement. A partir de ce moment, la vie de Loom bascule et son parcours, en attendant la fin du monde, le propulsera à la rencontre de personnage tous plus étranges les uns que les autres.

Que contient ce film ? Est il susceptible de sauver la Terre ?



Apres quelques pages on ne peut manquer de faire le rapprochement avec Neverwhere de Gaiman. L’histoire se déroule à Londres dans une ambiance équivalente, les personnages aussi ont de fortes similitudes. Loomis et Richard Mayhew sont deux héros malgré eux qui après s’être laissé porter par les évènements prennent leurs destins en main. Mais le plus frappant reste Floatsam et Jetsam, les deux sbires cruels et stupides, qui semblent être la copie conforme de Monsieur Vandemar et Monsieur Croup.

Alors Wonderful serait une pale copie de Neverwhere ?

Bien sur que non. La similitude entre les deux livres ne va pas aller plus loin que la petite poignée d’exemples cités plus haut. La force de Wonderful réside dans la poésie que le récit dégage.

Le démarrage n’est pourtant pas évident, Calvo ne ménage pas son lecteur et les nombreux contre pied laissent un peu perplexe. Mais à chaque fois que le lecteur est sur le point de décrocher, Calvo relance son histoire avec de nouveaux éléments qui permettent d’élaborer une toile de fond à l'échelle du système solaire.

Au final, nulle déception. Bien au contraire, on s’émerveille d’avoir fait un rêve éveillé…

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Wonderful

Wonderful... le bouquin qui traînait dans ma pile à lire depuis holala.. et qui s'est retrouvé dessus, donc allez zou, hop, lu.



Pitch :

Vous écoutez Blue FM... La radio de la fin du monde... Pour que votre fin soit plus douce, pour que vous dansiez sur le bord du monde, alors que le monde touche à sa fin...

Le ciel va nous tomber sur la tête... La lune surtout... Et pourquoi la fin du monde ne se ferait pas en musique ?



Vachte j'ai des livres chelous !

Vous savez les livres où vous panez rien, vous lisez et vous panez rien... vous aimez, vous lisez encore, mais vous panez pas plus, à peine.

Vous lâchez prise, avec ce livre obligé de lâcher prise. Si vous vous accrochez ne serait-ce qu'à un zeste de rationalité, vous allez vous perdre encore plus. Ça ne passera pas. Pas du tout.

Alors vous lâchez prise, vous oubliez que vous panez rien... que vous êtes aussi perdu que Loom...



Loom ce médecin de fin du monde, qui pense à Pooh en train de mourir de chagrin dans un complexe cinématographique où l'on passe des Hitchcock...

Loom qui court, Loom qui pense, Loom qui veut comprendre (comme nous).

Loom qui se retrouve aux prise avec des entité étranges, des aventures foutraques, des rencontres exubérantes... surréaliste.

Surréaliste épicétout !



Fou, un trip sous acide, avec une bande son...

Avec Tom Waits et sa voix éraillée, avec les dessins d'Arthur Rackham... avec les étoiles.

Avec les rêves, les folies, avec les oripeaux de normalité jetés aux oubliettes, pour faire place à la féerie, la dinguerie, bizarrerie baroque.

Rencontrer la reine Mab dans les jardins de Kensington... rencontrer Clochette même si elle s'appelle autrement... faire un clin d'oeil à Barrie et à son Peter Pan, ou à Alice et son pays des merveilles...

Danser, manger du chocolat...

Le tout sur fond d'une musique qui craquelle...

Les costumes sont changeant, ceux des rêves de l'enfance qui viennent effacer les respectabilités d'adulte... ne plus avoir peur et se balader en costume de homard de dinosaure... de Dodo...



Une dernière chasse aux trésor, une dernière aventure... Pour faire passer le temps, pour ne pas y penser à cette fin du monde qui pèse... Pour oublier le vide en nous, autour de nous, le vide des écrans de télé qui vomit sa neige.... Et ce grand vide qui se rapproche à pas de géants...



La fin du monde est là, à quoi bon... redevenir des mômes, avec des rêves de mômes et des ballons gonflés à l'hélium qui crissent... vont-ils finir par s'envoler dans le bleu du ciel ? Pour être enfin libre ?
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Délius, une chanson d'été

Autant j'adore la fantasy, l'imaginaire etc. au cinéma, autant je n'arrive pas du tout avec les livres, je ne sais pas vraiment pourquoi. Il me manque sans doute le côté très visuel de ce genre d'univers qu'il m'est difficile de me représenter quand je lis. Du coup je ne retrouve pas la même magie.



Une nouvelle tentative encore ratée donc avec ce roman, qui pourtant me séduisait beaucoup à la base. Les belles critiques donnaient envie, l'histoire semblait intrigante et poétique, une couverture magnifique...



Mais impossible pour moi de rentrer dans l'histoire, que je trouve confuse et un peu décousue, on ne sait pas trop où on va, c'est beaucoup trop long à se mettre en place. L'ambiance générale ne me captive pas non plus, rien ne me fait rêver, je n'accroche pas avec les personnages, bon... J'abandonne donc ma lecture à environ un tiers du livre, un peu déçue.
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Sunk

Nouvelle addition à ma collection de la bibliothèque dessinée, Sunk est un ouvrage en bichromie bleu canard-noir, choix de nuance de bleu qui prend tout son sens à la lecture ! Un nouvel ouvrage atypique dans sa forme, mais aussi dans son fond.



L’eau monte… à moins que ce ne soit l’île qui descende ? Le résultat est cependant le même : les habitants doivent fuir vers le sommet pour échapper aux flots ravageurs et à leurs résidents carnivores. On suit Sébastien et Arnaud, deux frères qui ont toujours vécu dans la pauvreté d’un petit village de Sunk, passant leur journée à rêvasser, boire des picon-bières ou se disputer. Sébastien est le plus gentil des deux. Naïf, rêveur, altruiste, il est bon avec tout le monde, mais son frère le considère comme le simplet de service qu’il doit sauver malgré lui. Arnaud est quant à lui méchant et méprisant avec chaque personne qu’il croise. Il n’a de respect pour personne à part lui-même et se considère comme l’élu qui sauvera le monde.



Leur quête commence lorsque l’eau arrive à leur village. Il rejoignent une équipe de bras cassés afin d’aller chercher de l’aide au-delà de la Grande Barrière. Commence un voyage incroyable, fait de rencontres improbables, d’aventures loufoques, d’absurdes surprises, bref, d’un joyeux bordel , dans lequel l’eau n’a de cesse de grimper. Les morts s’accumulent… mais parfois ils ne sont pas morts ! C’est un récit farfelu, abracadabrantesque, parfois vulgaire et sale, d’une grande violence, philosophique et WTF à la fois. Il ne faut s’attendre à rien, car tout peut arriver. Il faut d’ailleurs parfois s’accrocher pour suivre et certains éléments m’ont tout simplement échappé.



Il faut mieux ne pas trop s’attacher aux personnages que l’on croise. Bien qu’on ne sache pas ce qui arrive à chacun, on se doute du destin funeste qui attend ceux qui ne continue pas l’ascension de l’île. La galerie de personnages présentée par les auteurs est fascinante : on passe de la vieille mémé qui vend son ragout de fiente à une petite taupe toute mignonne, d’une mystérieuse armure à des champigolos , d’un maire canin à une clé du mystère, d’un dieu Canard et ses fidèles à une serveuse aguichante…sans oublier l’énigmatique maitre du Sémaphore. L’artiste s’en donne à cœur joie pour illustrer cette ribambelle éclectique !



Le style d’écriture est en tous points en accord avec le récit : il se veut parfois poétique, parfois vulgaire, souvent absurde, mais toujours juste. Ce roman a été rédigé à 4 mains et je me demande vraiment comment les auteurs y ont travaillés ensemble pour obtenir ce résultat hors normes. Les chapitres alternent entre le point de vue de Sébastien et d’Arnaud et donnent une vision bien différente de la réalité qu’on est en train de vivre en fonction de la perspective.



La mise en page de ce roman est tout aussi incroyable que son contenu : la couleur bleu fait ressortir cette omniprésence de l’eau. Où qu’on regarde on la sent sur le point de déborder, elle nous presse à tourner les pages pour ne pas à notre tour nous retrouver noyé et dévoré par les voraces requins. Les textes et les dessins s’entre-mêlent et forment un tout visuellement très réussi.



Un roman court illustré surréaliste : deux frères diamétralement opposés entreprennent ensemble un voyage incroyable vers le sommet de l’île, alors que l’eau continue inexorablement de monter (ou l’île de descendre). Une mise en page qui allie superbement textes et illustrations originales, dans les tons noir et bleu canard. Encore une belle réussite pour la Bibliothèque Dessinée !
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La nuit des labyrinthes

Étrange roman que celui-ci, qui commence comme une banale enquête un soir de réveillon et se termine en fantasmagorie échevelée où se mêlent folie et ésotérisme.

Nous retrouvons Lacejambe et Fenby, huit ans après les événements de Délius, une chanson d’été. Profondément traumatisés par leur rencontre avec le fleuriste et tout ce qui en a découlé, ils vivent en reclus mais se sont pour un soir décidés à répondre à une invitation. Au chevet d’une vieille connaissance, Lacejambe se voit investi d’une mission qui pourrait soit lui rappeler l’homme qu’il était autrefois, soit le perdre définitivement. À la poursuite d’une fleur, nos compères nous entraînent dans un nouvel imbroglio hallucinatoire dans les rues de Marseille.

On rencontre entre ces pages des personnages historiques, des francs-maçons, des anarchistes et des fleurs, bien sûr. Mais qui est qui ? Vous retrouverez dans ce roman la même ambiance onirique que dans Délius, peut-être bien un peu plus dense encore.



La suite sur mon blog...
Lien : http://livropathe.blogspot.c..
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La nuit des labyrinthes

J’avais lu et adoré Délius, une chanson d’été l’an passé et il me tardait de découvrir ce que l’avenir réservait à notre duo de choc. C’est Cindy Canévet qui est une nouvelle fois aux commandes pour l’illustration de couverture, et elle a réalisé travail sublime, élégant et délicat, aux tons chauds automnaux et aux notes florales. On retrouve nos protagonistes atypiques 8 ans après la fin de l’enquête qui bouleversa leurs existences.



Que s’est-il passé pendant ces 8 années ? Et bien, pas grand chose : la dépression a gagné notre botaniste qui a décidé de se terrer chez lui, et Fenby, son fidèle assistant, affirme être une fleur. Le soir de Noël, poussé par Fenby qui veut voir du monde, Lacejambe se laisse entrainer contre son gré dans une soirée mondaine. L’hôtesse Engandine est ravie de le revoir, mais c’est son mari Ours-Antoine qui va raviver la curiosité du botaniste en lui confiant une étrange mission : trouver la meilleure Marina de la ville afin qu’il puisse gouter un souvenir de son enfance avant de mourir. Un problème se pose cependant : la fleur qui pousse habituellement partout semble avoir disparu… Voilà un mystère à résoudre pour notre botaniste et son assistant fleur/elficologue !



On part ensuite aux côtés de Lacejambe et Fenby pour une aventure des plus improbables et des plus folles. J’ai adoré les escorter dans les rues de Marseille, suivant des pistes douteuses, qui les menaient toujours plus proches de la folie, entre souvenirs du passé et présent insensé. On a l’impression de suivre Alice Liddel dans une de ces fantasques épopées au pays des merveilles, allant de non-sens en non-sens sans s’en étonner le moins du monde, sauf que notre duo plonge dans les profondeurs d’une Marseille à un doigt de l’implosion.



Alors que le premier tome était plutôt léger et féérique, celui-ci est bien plus sombre ; tout comme les cheveux du botaniste qui ont arrêtés de changer de couleur pour se maintenir d’une teinte noire. On y retrouve cette beauté, cette poésie, cet onirisme, cette charmante magie enfantine, mais elle finit toujours par se teindre de noirceur, d’occulte et de sang. Encore une fois, on se demande si on est bien dans la réalité ou dans un monde fantasmé, reflet de la psyché personnelle en détresse du botaniste.



Bien que la nuit soit à la fête, les catastrophes s’enchainent, Lacejambe assiste à chaque fois aux désastres, spectateur impuissant (voire insensible) qui tente de coller les pièces de puzzle ensemble alors que le monde et son monde s’écroulent autour de lui. En quête d’une simple fleur, c’est finalement un complot impliquant toute la ville qu’il va tenter de débusquer. Au cœur de ce labyrinthe, une voix le guide. En tant que lecteur, nous l’entendons nous parler, elle semble habiter les éléments du décor, les animer. Qui est au final ce mystérieux Vivaux que Lacejambe semble bien connaître ?



Ce roman, d’une richesse incroyable, porte aussi un message écologique : il a été prédit que la disparition de la Marina serait le signe de la fin. Les hommes ont usé les ressources de la ville jusqu’à la lie, l’encombrant de déchets, d’immondices jusqu’au débordement, et finalement elle se venge. Le diadème est discret dans ce tome, bien qu’il fasse encore son apparition. Sa présence n’a pas fini de nous hanter. On en saura peut-être plus dans le prochain tome : « Laocoon, hymne d’hiver ».



Un second tome plus sombre que le précédent : l’autrice reprend son duo de protagonistes atypiques et nous propose, au départ d’une simple mission, de partir dans les directions les plus improbables, et de finalement enquêter sur un mystère bien plus grand. Un roman d’une richesse incroyable, passant de l’absurde à la folie, de la magie au cauchemar, du funeste passé au présent insensé. Une lecture irrationnelle, débridée et empreinte de mélancolie, de poésie et de folie comme je les adore !
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Sauve qui peut : Demain la santé

Quinze auteurs et quinze textes pour envisager l’avenir de nos systèmes de santé. Et le moins que l’on puisse, c’est que ce n’est pas l’optimisme qui règne !



Parmi les idées qui reviennent le plus souvent dans les différents, on notera le big data, la surveillance généralisée du moindre de nos organes et l’impossibilité – physique ou sociale – de se sentir mal ; ainsi qu’une fracture de plus en plus forte entre les populations riches, qui auraient accès aux techniques médicales de pointe, et les plus pauvres, perdant progressivement l’accès aux spécialistes de la santé.



Tous les textes sont emprunts d’un sentiment de révolte qui fait certainement écho à l’actualité : il n’y a plus rien à attendre des élites politiques ou médicales, il faut s’auto-organiser, apprendre collectivement à réaliser les soins médicaux de base – chacun citoyen doit pouvoir être soigné par un de ses voisins. D’autres auteurs feront appel à la magie : coupeurs de feu, don de guérison par simple contact… des capacités innées qui échappent à tout contrôle scientifique et qui rétablissent une certaine égalité dans la population.



Point à signaler également, le recueil fait la part belle aux « expérimentations littéraires », notamment à différents types d’écriture inclusive. Étant assez neutre dans ce débat, je dois tout de même reconnaître que ça a plus freiné ma lecture qu’autre chose. Si les points médians ne m’ont pas dérangé, les « iels » ou la féminisation accentuée de certains termes m’ont empêché d’avoir une lecture fluide. De même, utiliser « il » et « elle » indifféremment pour le même personnage n’apporte à mon sens que de la confusion, et je ne vois pas très bien ce que ça ajoute au récit.



Comme dans tout recueil, il a des récits qui m’ont passionné et d’autres qui m’ont ennuyé. Je regrette juste que tous les textes partagent la même orientation politique, un peu plus de variété aurait été appréciable.
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Au bal des actifs : Demain le travail

Cette anthologie, c'est du très lourd. Damasio, Dufour, Beauverger, Calvo, Kloetzer, Henry: y a du pedigree de la SF et fantasy au sommaire, là. Un conglomérat, on pourrait dire. Les gros salaires de la start-up La Volte. Et ça a bien bossé pour nous construire une vision affreusement dystopique du monde du travail. Du sacrément bon no bullshit job. C'est très clair: il fait pas bon être salarié, ou plutôt uberisé, dans la tête de ces écrivains-là. On y va de la vie mise en évaluation continuelle au concierge en cercueil, du taux de citoyenneté aux pubards arty de multinationales sans oublier les écrivains en work-in-progress perpétuel. Ma grosse préférence va "Vertigeo" de Emmanuel Delporte, cauchemardesque hyperbole de la lutte des classes, Transperceneige à la verticale à donner le vertige, oui. Jusqu'à la nausée.
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La nuit des labyrinthes

Après avoir enchantée de sa plume volubile la rentrée de la fantasy française en 2019 avec Délius, une chanson d'été, Sabrina Calvo est de nouveau à l'honneur chez Mnémos.



En effet, avec La Nuit des Labyrinthes, l'autrice signe une nouvelle enquête menée par son improbable duo d'apprentis détectives. Huit ans après leur dernière investigation menée à Londres et même outre-Manche pour mettre la main sur un poète-tueur, Bertrand Lacejambe et son secrétaire Fenby reprennent donc du service. Dans ce nouvel opus, on les rencontre à Marseille où ils sont conviés à une soirée mondaine pour le réveillon de Noël. Peu amateur de ces réjouissances, le botaniste s'y rend de mauvaise grâce mais retrouve tout son intérêt quand on le charge d'élucider l'étrange disparition de la plus commune des fleurs. Voilà de quoi pimenter sa soirée qui s'annonçait de prime abord si assommante...



Dans ce roman, on retrouve les personnages de Sabrina Calvo quelque peu changés. En effet, Bertrand Lacejambe est ressorti meurtri de sa dernière enquête. Il est, de fait, beaucoup moins fantasque et nettement plus sombre. La perte tragique de cet innocent l'a profondément transformé. Sa dépression et sa tristesse colorent donc ce nouveau récit d'une certaine morosité. Néanmoins, ce nouveau mystère lui donne le coup de fouet dont il avait tant besoin pour sortir de cette spirale infernale. Fenby est lui aussi bien différent. Il n'est plus vraiment humain depuis la dernière fois mais se rapproche davantage des êtres féeriques qu'il a rencontré lors de leur dernière aventure. Mais rassurez-vous, ils forment toujours une paire insolite de héros qui nous entraîne dans une succession d'événements aussi ahurissants que renversants.



En effet, l'autrice utilise les mêmes éléments qui font le charme de ses récits. Ainsi l'absurde côtoie toujours la beauté, notamment celle de la nature et des fleurs car le merveilleux est floral chez Sabrina Calvo. Ce maelstrom de fleurs enivre et enchante autant ses personnages que ses lecteurs.



Avec La Nuit des Labyrinthes, l'autrice mêle à sa fantasy de l'uchronie. Originaire de Marseille, elle a souhaité mettre la cité phocéenne au cœur de son intrigue. Elle multiplie donc les clins d’œil à des épisodes marquants de son Histoire comme la peste de 1720 qui a décimé la moitié de sa population ou encore la Commune de Marseille qui a été réprimée dans le sang dans la nuit du 4 au 5 avril 1871 par le général versaillais Henri Espivent de la Villesboisnet. Ainsi, au fil de ses recherches, le botaniste est lui-même hanté par son passé car de douloureux souvenirs remontent à la surface, notamment l'assassinat de ses parents lors de cette fameuse nuit sanglante d'avril et l'incarcération plus tard de son meilleur ami. Or, aussi insensé que cela puisse lui paraître, tout semble le ramener à son passé mais pourra-t-il vraiment en accepter toutes les conséquences ?



La Nuit des Labyrinthes est un roman qui part finalement dans tous les sens. Tantôt on remonte le fil des souvenirs d'un homme marqué par le regret, tantôt on flirte avec les sociétés théosophique et franc-maçonnique qui œuvrent dans l'ombre des rues de Marseille ou dans l'intimité des salons mondains pour étendre leur joug sur toute la communauté.



Sabrina Calvo a épicé son texte d'un soupçon de diablerie, d'occulte et de secrets pour nous dépeindre un merveilleux surprenant, mais non moins poétique... suite sur Fantasy à la Carte.
Lien : https://fantasyalacarte.blog..
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Délius, une chanson d'été

Les quatre mousquetaires de la fantasy. Voilà le surnom utilisé par certains pour désigner quatre jeunes auteurs français jugés particulièrement prometteurs dans les années 1990 : Mathieu Gaborit, Fabrice Colin, Laurent Kloetzer, et Sabrina Calvo dont « Délius » est le tout premier roman. Initialement paru en 1997, le texte fait l’objet en cette rentrée 2019 d’une nouvelle publication dans un superbe écrin (la couverture est signée Cindy Canévet) : l’occasion de (re)découvrir cet ouvrage malheureusement un peu tombé dans l’oubli. L’autrice y met en scène un duo de personnages truculents en la personne de Bertrand Lacejambe, botaniste de génie résidant à Marseille, et son ami Fenby, anglais exilé en France et profondément marqué par sa rencontre il y a plusieurs années avec ce qu’il pense être des créatures féeriques. Tous deux voient leur quotidien perturbé lorsqu’une troupe pour le moins hétéroclite débarque un jour dans leur demeure afin de leur confier une enquête pour le moins intrigante. En effet, voilà plusieurs semaine qu’un assassin sème les cadavres un peu partout dans le monde sans que les enquêteurs ne soient en mesure de définir ni le profil de l’homme, ni son mobile, ni la façon dont il procède. Ne voyant guère de rapport avec leur corps de métier, nos deux compères sont sur le point de refuser avant que la curiosité de Lacejambe ne soit titillée par un détail surprenant : les visages des victimes expriment tous une profonde béatitude et leur corps est intégralement recouvert de fleurs. Il n’en fallait pas plus au botaniste pour abandonner séance tenante toutes ses activités et se lancer à corps perdu dans cette enquête dont il pourrait bien regretter de s’être mêlé.



Le texte est d’une grande sensibilité et fait référence à de nombreux artistes dont l’autrice s’inspire et auxquels elle rend plus ou moins explicitement hommage. La musique occupe ainsi une place centrale dans le roman, surplombé par deux figures majeures des XIXe et XXe siècle : la musicienne et compositrice Kate Bush et Frederick Delius, compositeur anglais qui à l’honneur de figurer au nombre des personnages du roman. La poésie occupe aussi une place essentielle : quelques poèmes de P. D. Finn sont reproduits et servent de fil conducteur au récit qui, sous la plume de Sabrina Calvo, développe sa propre poésie. Toujours dans le domaine littéraire, difficile également de passer à côté des références à deux personnages emblématiques de la littérature anglaise. Que ce soit par leur physique ou par leur attitude, nos deux héros ont en effet des allures très reconnaissables de Sherlock Holmes et John Watson : le premier est un génie dans son domaine mais s’avère complètement farfelu, le second est terre-à-terre et plus doué pour les interactions sociales. Le clin d’œil ne se limite d’ailleurs pas qu’à une simple ressemblance puisque la petite troupe responsable de l’affaire fait à plusieurs reprises nommément référence au célèbre détective qui semble être considéré par certains comme un personnage bien réel (ce que d’autres réfutent absolument). Il est aussi amusant de constater qu’Arthur Conan Doyle figure lui aussi parmi les personnages du roman, l’autrice utilisant habilement certains pans de sa biographie pour les faire coïncider à son histoire (sa fascination pour le spiritisme, notamment). Toutes ces références participent à donner au roman une ambiance très particulière dont on comprend sans mal pourquoi elle a séduit tant de lecteurs lors de sa première parution.



En dépit de l’indéniable poésie qui se dégage du texte, le roman reste tout de même très particulier. Ne vous attendez pas à une enquête ou un récit conventionnel, vous serez déçu ! L’autrice fait en effet régulièrement le pari de l’absurde et s’amuse à faire perdre aux lecteurs et aux personnages tous leurs repères, enchaînant les situations plus burlesques les unes que les autres (c’est un aspect qui m’avait aussi gêné dans « Arcadia » de Fabrice Colin, un roman qui présente des similitudes avec celui de Calvo). Certaines scènes ou dialogues paraissent ainsi complètement surréalistes, au point qu’on a souvent l’impression (notamment dans la seconde partie) de se retrouver dans un univers à la « Alice au pays des merveilles », avec une multitude de personnages bizarres et des situations complètement absurdes. C’est amusant parfois, déroutant souvent, en tout cas ça ne laisse pas indifférent. Si certains pans de l’intrigue m’ont laissée dubitative, plusieurs trouvailles sont en revanche franchement originales. L’autrice n’hésite pas, par exemple, à se livrer à des tours de passe-passe narratifs très astucieux qui donnent un charme supplémentaire au roman (pour changer de point de vue entre plusieurs personnages, notamment, ou en entretenant volontairement le flou autour de la manière dont l’assassin tue ses victimes). Les personnages et l’univers souffrent quant à eux des mêmes problèmes que l’intrigue et peuvent rebuter par leur bizarrerie et leur manie d’aller à l’encontre de toute logique.



« Délius » est un roman très particulier et, si l’aspect burlesque du récit en déconcertera plus d’un, la poésie qui s’en dégage ne laisse pas indifférent. A noter que l’autrice a écris un autre roman mettant de nouveau en scène le duo Lacejambe/Fenby (« La nuit des labyrinthes ») qui devrait également faire l’objet d’une republication.
Lien : https://lebibliocosme.fr/201..
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Sunk

C'est l'histoire de deux frères qui ne savent pas si l'eau monte ou si leur île descend. Ce qu'ils savent en revanche, c'est qu'ils aimeraient bien ne pas se faire bouffer par les requins anthropophages qui les guettent avec amour (et surtout avec un peu de bave au coin des lèvres) depuis ces flots remuants. Si possible. Alors ils grimpent, ils grimpent vers le sommet de l'île. Accompagnés d'une bande d'uluberlus sortis d'une parodie de la fantasy (la potiche, le nain, le guerrier...). Ils croiseront sur leur route des villes étranges, des villages bizarres, des personnages allant du déconcertant à l'excentrique. Bref, un sacré bordel.



Ce récit m'a tantôt fait rire, tantôt joué avec mes nerfs. Dans le sens où ma patience a quand même quelques limites. Les auteurs jouent autant avec l'absurde qu'avec les circonstances. Pour une fois c'est au sein du même livre que parfois ça l'a fait, parfois pas ! Il y a de vraies bonnes trouvailles, j'ai bien aimé la fin mais franchement, je ne savais parfois plus si on se fichait de la gueule du genre ou de la mienne. Un sacré navet !



Sur la sphère, on parle parfois d'ovni littéraire. Sunk l'illustre bien. Il a raflé il y a quelques années un razzie du pire roman francophone (forcément, ça donne envie !). Je n'arrive toujours pas à savoir s'il le mérite ou si c'est de l'ordre du génie incompris.

En tout cas, je veux absolument connaître les "fournisseurs" des deux auteurs, elle a l'air bonne !
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Sauve qui peut : Demain la santé

« On avait changé de lunettes et un continent immense avait surgi » : quinze nouvelles pour tenter d’imaginer les lignes de fuite de notre rapport social et politique aux systèmes de santé. Impressionnant.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2020/11/15/note-de-lecture-sauve-qui-peut-demain-la-sante-collectif/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Délius, une chanson d'été

À l’origine publié en 1997 chez les (toutes jeunes) éditions Mnémos, Délius s’offre, en 2019, une très belle réédition et sort de l’oubli pour pas mal de nouveaux lecteurs dont moi. La couverture, absolument magnifique, attire et la 4è de couverture nous piège dans ce monde poétique et loufoque, fleurant bon la magie. C’est mon premier Sabrina Calvo et je suis tombée sous le charme de sa plume. Elle est aussi poétique, riche et parfumée que le monde dans lequel elle nous entraîne.



Je suis bien en peine pour vous décrire de manière intelligible ce que je viens de vivre avec ce livre. Je sais que j’ai passé un excellent moment mais impossible de lui donner le moindre sens. C’est proche, je pense, de ce qu’a dû vivre Alice en dégringolant dans le terrier du lapin blanc.

Ce que vous devez savoir de l’intrigue est très bien décrit dans la 4è de couverture. Nous avons un tueur en série qui bourre le ventre de ses victimes d’une fleur inconnue, ainsi qu’un botaniste marseillais totalement farfelu et son comparse anglais féru de fées qui partent à sa poursuite. Et à partir de là, on bascule dans quelque chose de beaucoup plus étrange.

Ce qui semblait à première vue une histoire de meurtres en série à résoudre, des meurtres étranges et poétiques certes mais des meurtres. Et bien, tout cela cache des enjeux bien plus obscures, profond et merveilleux. Nos deux acolytes vont traverser bien des aventures, des océans et des réalités pour trouver la cause de tout ce mal. Il va être question de fées, de fleurs, de musique et d’obscurité de l’âme. On va y croiser Arthur Conan Doyle, le compositeur Frédérick Délius ou encore les souvenirs de la poétesse Phyllis D. Finn.



C’est poétique et totalement absurde et j’en ai savouré chaque mot. Un conseil donc, n’entrez pas dans ce livre en espérant trouver la satisfaction d’une enquête bien menée. Vous serez au mieux perdu/perplexe, au pire terriblement déçu. Ce livre est une expérience sensorielle. Vous ne le savez pas encore mais ouvrir ces pages, c’est consommé ces fleurs macabres qui tapissent le ventre des victimes du Fleuriste. Un lâcher-prise est nécessaire et salvateur.



Allez, je vais nous préparer une bonne tasse de thé ;).
Lien : https://fourbistetologie.fr/..
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Sunk

Challenge plumes féminines 2020 – item n°30



Livre découvert lors d’une récente virée en librairie. Il s’agit d’une réédition par Les moutons électriques tout du bleu vêtue, que ce soit la couverture ou l’intérieur du roman. Le résumé m’a intrigué mais c’est surtout le livre-objet en lui-même qui m’a donné envie de l’ouvrir le plus rapidement possible. L’histoire a été écrite à 4 mains, je ne connais qu’un des auteurs ayant tenté la lecture d’un de ces romans. J’en ai malgré tout d’autres dans ma pal.



J’ai pris plaisir à détailler certains des dessins, ils sont très originaux. L’histoire parle d’une île qui coule, à moins que ce ne soit l’eau qui monte (?). On découvre différents personnages qui nous donnent tous leur vision de ce monde et de leur futur possible. Qui a tort ou a raison ? Qui va sombrer en premier ? Cette île ou ces habitants ? L’humour y est permanent, dans un sens comme dans un autre. On retrouve un groupe du même genre que Noob avec quelques stéréotypes, dont les dialogues sont universels (quoique ?…). Je me suis amusée à la lecture de ce roman car le fil rouge est visible de bout en bout et j’en apprécie l’humour terre à terre. Malgré l’édition et des auteurs français, quelques petites coquilles ont été oubliées (des lettres en trop ou en moins (surtout dans les parties bleues), des erreurs de mots, bon pour bond, pas pour par, …). Par certains côtés, cette histoire me fait penser au film « Idiocratie », à comment le monde pourrait devenir si on n’apprend plus à penser par nous-même et qu’on laisse les autres décider pour nous… On va à la catastrophe… Malgré tout, je me suis laissée porter par l’histoire, elle est complètement barrée mais on alterne toujours qu’entre trois mêmes personnages. On apprend à mieux connaître Arnaud et Sébastien, deux frères, mais le Sémaphore reste une énigme. Étonnant bouquin de bout en bout, la fin est surprenante, je ne m’attendais pas à ça. Je n’ai pas forcément ri à tout le roman mais certains dialogues sont assez rigolos.



Comme vous l’aurez compris, j’ai donc passé un très bon moment en compagnie de ce roman. Ça a donc été une excellente découverte. Je conseille ce roman aux amateurs du genre, il est très original. En vérifiant la bibliographie de Sabrina Calvo, elle a sorti un roman récent chez Mnémos (d’où la réédition de celui-ci) et j’ai lu une BD d’elle (« Kaalak »). Je crois donc que je vais fouiller un peu plus sa bibliographie ainsi que celle de Fabrice Colin.



Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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Sauve qui peut : Demain la santé

J'ai adoré cette anthologie qui dresse une image des débats qui traversent notre société autour de la santé. Avec humour, poésie, lucidité, ces nouvelles tissent des futurs souvent peu souhaitables mais dans lesquels luisent de l'espoir, des germes de solutions.

FeelGood, Les derniers possibles, À l'intérieur d'orchidée Naakey, À cros perdus, de nos corps inveillés viendra la vie éternelle, CRISPR casse Desneuf, Protocole d'urgence et Considère le nénufar m'ont enthousiasmée.

Une très belle sélection !

Une anthologie "Feel Good" comme le titre de la première nouvelle du recueil. Ces fictions brossent un portrait noir de notre présent au travers de futurs trop parfaits qui se fissurent, de futurs précaires d'où tout peu jaillir, de futurs en déconstruction,... Désillusions et espoirs se mêlent.

Les nouvelles jettent leur éclairage situé sur l'état de la santé dans notre pays.

On y rencontre les grandes problématiques liées à l'hôpital, à la recherche, au diagnostic, au transhumanisme, au statut des soignés comme des soignants,.. .

La Volte nous donne une fois de plus la possibilité de lire de la Sf qui sait sortir des sentiers battus pour nous faire rêver, réfléchir, ressentir.
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Sauve qui peut : Demain la santé

Après avoir imaginé les conditions de travail du futur dans un précédent volume, les éditions La Volte s'interrogent cette fois-ci sur l'avenir de la santé. S'interrogent ? Pas vraiment : les nouvelles qui composent ce recueil cherchent plus à dénoncer le système actuel – voire à tirer dessus à boulets rouges – qu'à en extrapoler un avenir possible. Et pour cause, les auteur(e)s qui ont répondu à cet appel à textes semblent, pour la majorité, avoir confondu activisme et réflexion. Et cela se ressent dans le caractère résolument affirmatif des nouvelles qui, de fait, ne s'adresseront réellement qu'à un public convaincu d'avance.

L'article complet sur Touchez mon blog, Monseigneur...
Lien : https://touchezmonblog.blogs..
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Sous la colline

Au-delà du gros macho qui sauve la fille des barbares dans la fantasy, l'imaginaire questionne le "totalitarisme de l'identité" (Sabrina Calvo) et rêve d'un monde nouveau. Un roman "littératures de l'imaginaire" dans l'univers LGBT
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Sauve qui peut : Demain la santé

Après Nos Futurs, excellente anthologie de textes et d'articles mêlant science et fiction, voici que les éditions La Volte nous offrent une anthologie SF autour de la santé. Une initiative plus qu'alléchante qui rassemble aussi bien des auteurs et autrices connu(e)s que des petits nouveaux en pagaille. Confectionnée par Stuart Calvo, 15 textes nous attendent de pied ferme…



Que conclure du point de vue littéraire de cette anthologie ?

D'abord, qu'il s'agit avant tout d'un recueil de révolte et d'indignation où les idées politiques de gauche (et notamment d'extrême-gauche) essaiment à tout-va. En soi, la chose n'a rien de négatif mais son emploi forcené dans la plupart des textes, au moins 10 des 15 présents, vient souvent occulter le sujet censément principal : la santé (mais nous en reparlerons après). Présentement, ce qui pose problème, c'est que les textes de l'anthologie sont soit des textes militants purs et durs soit des expérimentations littéraires dans le prolongement du style d'Alain Damasio. Et ces deux angles d'attaques annihilent le reste du texte à chaque fois ou presque (avec l'exception notable des nouvelles de Theodore Koshka, Tristan Bultiauw et Benno Maté). 

Et c'est bien dommage, car, si l'on en reste strictement au plan littéraire, les textes remarquables se comptent sur les doigts d'une main, le plus abouti semblant sans surprise être celui de Sabrina Calvo.

Le problème ici, c'est que cette anthologie s'attaque à la problématique de la santé et qu'il s'agit là d'un axe capital pour ne pas dites essentiel pour le lecteur qui s'intéresse au sujet de la fiction (voire de la science-fiction) et du médical. C'est ici que les choses se compliquent énormément…



Synthèse médicale :

Je quitte ici l'emploi de la troisième personne pour apporter mon point de vue médical puisque je suis également médecin généraliste exerçant en tant qu'urgentiste pédiatrique.

L'annonce de cette anthologie sur la santé de demain était pour moi une énorme attente, ravi de voir un éditeur sérieux s'emparer d'un sujet aussi pléthorique et divers. La déception est donc à l'avenant.

Sauve qui peut n'est pas une anthologie sur la santé. Elle est en réalité (et revendiquée dans la post-face comme telle) une anthologie sur la politique de santé et sur un certain militantisme, notamment LGBT+. Ce qui, encore une fois, n'a rien de négatif à priori mais voilà qui va grandement décevoir ceux qui, comme moi, s'attendaient à voir la santé traitée sous un angle prospectif ou, tout du moins, scientifique.

Ici, la science n'est jamais citée, du moins pas comme on l'attend. Ce qui saute aux yeux quand je lis les textes rassemblés dans cet ouvrage, c'est que sur 15 auteurs, aucun n'est une personne qui travaille dans le milieu médical.

C'est comme si on écrivait un livre sur la mécanique sans aucun mécanicien dedans. Jusque dans la post-face, Demain la Santé se réfère à la philosophie plus qu'à la science médicale. le lecteur se doit donc d'être prévenu, l'anthologie ne se penche que sur le système de santé (et cela de façon uni-dimensionnelle et orientée à gauche toute) et non sur le soin en lui-même.

De façon plus pragmatique, en tant que soignant, ce recueil a de quoi faire déprimer. Sur 15 textes, onze abordent la médecine actuelle comme néfaste pour le patient, 5 mettent en avant la médecine alternative et représente la médecine actuelle comme un danger, notamment les médicaments. Une constatation terrible pour moi en tant que praticien qui résulte de deux choses certainement : aucun ici n'est soignant et tous tissent donc des histoires à partir du « vécu patient » et donc l'interrogation, qu'est-ce qui coince tant pour que la médecine soit autant haïe ?

Préférant privilégier des réflexions sur le genre et l'inclusivité, l'anthologie zappe tout le reste. Tout. Et il y avait matière à faire dans le domaine médical !

Des exemples en vrac ? La montée en flèche du taux de BMR (Bactéries Multi-résistance) et l'abus des antibiotiques, la balance bénéfice-risque des traitements, la propagande anti-vax et le recours à une médecine de charlatans, l'IVG, le contenu et l'interprétation des études, l'euthanasie, les effets secondaires des médicaments, l'incertitude médicale dans la maladie, la relation médecin-malade, l'impact de la vieillesse de la population sur l'émergence des maladies dégénératives, le manque de moyens pour les maladies orphelines, la propagation des épidémies, les thérapies géniques, la neuromodulation et l'apport de technologies mécaniques au corps humain… et la liste serait encore très longue. Aucun de ces thèmes n'est abordé sérieusement ici, aucun. Tout reste superficiel et orienté pour correspondre davantage à un tract politique qu'à une réflexion sur la santé face à l'humain. On se consolera avec quelques éléments philosophiques chez Tristan Bultiauw ou Lauriane Dufant, mais c'est bien mince à l'arrivée. le tout en précisant que je suis absolument d'accord avec la vision du recueil quand au démantèlement de notre système de santé pour le profit pur et dur. Mais la vision simpliste de ce qu'il faut faire pour redresser la situation démontre simplement que les personnes qui en parlent ne se rendent pas compte que, oui, la médecine de qualité a un coût. La vraie question reste comment faire pour que cette médecine de qualité reste gratuite et strictement gratuite pour tous ?

Dernier point et non des moindres, j'ai été révolté de lire au sein de ces quinze nouvelles un texte ouvertement anti-vax. Ce qui n'est pas véritablement une surprise tant l'idéologie ici se veut anti-médicament et donc anti-science. Bien évidemment, les médicaments n'ont pas que des avantages, les laboratoires ne sont pas des saints du tout (il faudrait être bien naïf), mais tout se passe dans l'anthologie comme si la réponse de demain serait un retour au naturel. 

Un naturel qui donnait une espérance de vie de 30 ans par le passé. Merci bien, on vous le laisse.

La présence de ce seul texte suffit à déconseiller l'acquisition de cette anthologie de mon point de vue strictement médical. Il est absolument catastrophique de voir une partie militante de l'imaginaire glisser vers une philosophie anti-scientifique juste parce que cette partie militante assimile le riche à la technologie et à la science et, par ricochet, aux médicaments et aux vaccins.



Vous l'aurez compris, Sauve qui peut ne présente qu'un intérêt congru pour le lecteur de science-fiction. Il s'adresse avant tout à un milieu déjà acquis aux principes énumérés au fil des pages, et devrait donc plaire à tous ceux qui attendent quelque chose où la révolte et les idées politiques prennent le pas sur le reste. Si vous cherchez des textes sur la médecine, vous serez amèrement déçus. Pour ceux qui recherchent une anthologie d'anticipation mêlant rigueur et littérature, jetez-vous sur Nos Futurs. Vous voilà prévenus.



(Retrouvez en lien la critique complète, nouvelle par nouvelle)
Lien : https://justaword.fr/sauve-q..
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Délius, une chanson d'été

J'ai eu beaucoup de mal à rentrer dans l'histoire. Si elle avait tous les ingrédients pour me plaire : fantasy, époque victorienne, une épopée de fleurs et de musique, l'intrigue, les mouvements de l'histoire et la narration ne m'ont pas plu. Difficile de saisir l'univers, de comprendre le loufoque. Puis je me suis lassée, j'ai peiné à finir, j'avais juste envie de connaître la fin.

Je me suis vraiment lassée, et je pense que c'est le style de narration qui m'a vraiment freiné. Dommage, ca avait l'air bien, la 4e de couverture est alléchante !
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Délius, une chanson d'été

Quelle découverte que ce roman aux confluences entre Fantasy, Steampunk, Policier et Poésie. Sabrina Calvo nous embarque dans un univers singulier, qui de premier abord ressemble à une enquête de Sherlock Holmes, mais qui très vite se révèle bien plus complexe.



L'auteure nous livre de nombreuses pièces du puzzle qu'il nous est difficile d'associer au premier abord. On est d'ailleurs un peu perdus au commencement, ayant du mal à voir où elle souhaite nous mener. Ce sentiment est renforcé par les changements de points de vue et les différents modes de narration. Petit à petit, le voile se lève, avec une lenteur calculée. L'auteure semble se jouer de nous : à chaque fois que l'on met bout à bout de nouveaux indices, nous avons l'impression d'y voir plus clair alors que l'intrigue reste encore opaque, comme si le royaume des fées continuait de se refuser à nous.



Comment donc ne pas être happé, hypnotisé par ce roman ? L'histoire est par ailleurs portée par des personnages hauts en couleurs. On se croirait presque dans une pièce de théâtre sur certaines scènes, avec des personnages burlesques ou muets (comme celles du Conclave). Puis tout à coup, voilà que nous dégringolons dans le terrier du lapin blanc pour flirter avec une ambiance Alice au pays des merveilles.



Le tout est desservi par une écriture subtile et pleine de poésie. La plume et l'imaginaire de Sabrina Calvo m'ont beaucoup séduite et nul doute que je replongerai avec plaisir dans un autre de ses romans.
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