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Citations de Sandrine Collette (1593)


Il serait celui qui tient les autres et que personne ne tient jamais. Celui qui donne la main - pas celui qui la prend. Celui qui enveloppe, qui rassure, qui fait face, alors même qu'il crève de peur, de froid, de fatigue, celui sur lequel on compte et qui compte.
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Ça ne se voyait pas que la nature crevait, dans la ville. Ça ne faisait rien au macadam, rien aux réverbères. Ça ne changeait pas le chant des étudiants, ça ne changeait pas le bruit des klaxons. Ça n'atténuait pas les rires ni les cris, le grincement des portes qui s'ouvraient et celles qui se fermaient, pas le ronronnement du métro, pas les sonneries des portables. Ça ne modifiait pas la couleur du ciel - parce que personne ne regardait. Il y avait trop de lumière devant. Des lueurs artificielles.
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En haut, ils ignoraient ce qu’ils allaient trouver. Plusieurs fois, ils s’étaient dit qu’ils s’étaient trompés, qu’ils remonteraient et que tout serait comme avant. Ils auraient tout inventé, tout imaginé, tout déliré. Longtemps après, ils en riraient entre eux. Ils se le rappelleraient comme une expérience étrange.
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Je n'ai pas remarqué la petite lueur dans son regard.
Oh, comme j'aurais dû.
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Penchée sur le côté, elle voit son reflet dans l'océan. Mouvement de recul. Même dans l'eau grise, elle devine la pâleur de son visage, ses traits tirés et bleuis par le malheur. Cette marque-là, elle la gardera jusqu’au bout. Elle le sait : dorénavant, elle est la mère d'un petit fantôme.
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La petite baisse le nez, sonde en silence la surface de l'eau à la recherche d'une ombre connue, ne sait pas que c'est impossible, fait des clapotis avec la main pour attirer quoi, pense Pata, des cadavres, des fantasmes - des miracles. Son innocence l'atterre et le ravit en même temps : si seulement eux aussi, la mère et le père, pouvaient se contenter de l'absence. Prendre acte.
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Madie a répété : Plus d'amour. Plus d'honneur. Nous sommes comme des bêtes. Et elle s'est tue, parce qu'elle a croisé le regard de Pata, pas besoin de mots pour entailler l'âme et la chair n'est-ce pas, le silence suffit, quand il se charge de tant de choses, et c'est le père qui avait repris le souffle et la parole en premier après ce silence-là, le mal était fait. Rien n'effacerait jamais le mutisme de la mère, rien n'empêcherait les mots qu'elle n'avait pas prononcés de tourner dans la tête de Pata, qui se demanderait chaque jour s'il n'y avait pas quelque chose là-dedans, et pourtant non, Dieu, il le jurait, quand il avait choisi la mort dans l'âme les noms des trois petiots qui resteraient, pas une fois cela ne lui était venu à l'esprit, c'est Madie qui croyait ça, Madie qui avait fini par cracher, parce que c'était trop lourd :
- Le boiteux, la borgne et le nain. Alors, nous laissons ceux-là, les plus abîmés. Nous finissons ce que la nature a commencé.
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Continuant son chemin, il sursaute aux moindres chuintements, aux courants d'air, aux frissonnements des arbres. Et cette chaleur - mais ce n'est pas la chaleur qui lui met de l'eau dans les yeux, seulement cette angoisse qui le fait peu à peu basculer dans un état bestial, peur, moiteur, l'odeur âcre sous ses bras, sale et hirsute, il le sent, qu'il n'est déjà plus tout à fait un homme.
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Ses yeux se sont habitués à la pénombre qui s’estompe. Courbée en deux tel un soldat sur la ligne de front, Lior marche, court, trébuche, électrisée par la fuite de l’ours. Seule.
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C’est peut-être pour cela que, contre toute règle de prudence, l’ours a pris la place de l’autre. Il ne veut pas que les chasseurs jouent avec une bête à demi décharnée, il ne veut pas qu’ils croient que c’est facile. Dans cette lutte à mort, les chances doivent être un peu égales. Mais peut-être aussi est-ce tout simplement parce qu’ils sont venus le chercher chez lui, sur son territoire : alors il est là. Il déteste leur odeur, il déteste leurs voix, et surtout leur présence.
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Une nuée de mouches tournant autour des limaces comme pour les houspiller, se posant et s'envolant sans relâche. Les mêmes mouches qui me collent aux yeux et au coin des lèvres quand je travaille et que je transpire, insupportables d'acharnement, et que je finis par ne plus chasser. Elles sont là, à vous rendre fou. Vous êtes seul et elles sont des milliers. J'en ai tué, inlassablement, et tué encore. Et il en est revenu autant, davantage même, jusque dans mes oreilles. Certaines piquent, ou mordent, ou s'accrochent. La plupart se promènent sur mon corps dans un chatouillement exaspérant.
Ces mouches, c'est le mal qui les attire.
La fatigue, la merde et la mort.
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Les légendes disent que rien de bien ne peut arriver dans ces vallées.
Cet endroit a toujours été malfaisant. D'ailleurs, les gens sont tellement sûrs que les mauvais esprits hantent la montagne qu'ils continuent à faire des sacrifices.
Au vingt et unième siècle.
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On ne vaut pas grand chose face à la nature, ses déchaînements incompréhensibles, et notre réflexe stupide de chercher une explication.
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Détruire ouvrait la porte à la reconstruction. Cela laissait des jours et des années à venir.
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"Le destin, cela vous endort comme si tout allait bien - pour mieux vous surprendre ensuite."
"la compagnie des bêtes avait fait de lui une sorte d'animal humain, la solitude absolue avait fermé son coeur et abîmé sa tête."
"Personne n'a jamais grandi pendant qu'on lui tenait la main."
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Je me rappelle hier, quand Vigan nous a fait écouter la montagne qui chantait ; cela parait si loin. Aujourd'hui elle crie de colère, brisant toutes les mélodies et tous les poèmes, avide de nous engloutir ou de nous rejeter à l'autre bout du monde. Et nous n'allons pas assez vite, et sa rage croît, des crachats de flocons durs pour nous dire de nous hâter — sinon quoi ?
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En revanche je n'ai pas aimé Étienne, c'est ainsi, une sorte de distance immédiate, et je me suis dit : Un con. Prof, et qui se targuait d'être un peu psychologue : évidemment, il savait tout sur tout.
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Et Hadrien demande : les chiens abattus par leur maître et , parfois , un promeneur qui ne devait pas être là , un rabatteur égaré cherchant son équipage - qu'en font-ils ? Ils parlent du maintien des effectifs , de l'équilibre des espèces . Vivent dans un monde de mensonges qu'ils se servent à eux-mêmes : ils sont là pour le sang et rien d'autre , pour ce geste que nulle part ils n'ont plus le droit de commettre entre eux , et dont ils rêvent tout éveillés - armer , viser , tuer . Tant pis si ce ne sont que des bêtes .
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Jamais il ne leur expliqua que l'ennui était un éclat et un flamboiement, car jamais les enfants ne s'ennuyèrent. Ils avaient perçu l'exaltation de l'imaginaire, la capacité de faire un monde qui n'existait que dans leur tête, mais auquel leur tête donnait vie cependant. Corentin en voyait les reflets, des images fuyantes au fond de leurs yeux. Cela brillait, c'était jaune et orange et chaud. Il leur demandait de lui décrire. Cela ne ressemblait à rien de ce qu'il avait connu. Il était tenté de leur dire - cela ne fonctionne pas ainsi, cela n'existe pas, n'existera pas, cela n'est pas possible.
Mais était-ce plus impossible que le monde qui avait brûlé et qui renaissait à peine ?
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Un espoir stupide, de ceux qu’ont les hommes en détresse et qui leur font promettre n’importe quoi - demande-moi n’importe quoi -, seul dans le chœur d’une église, parce qu’il n’y a pas d’autre lieu où aller, et personne d’autre pour écouter. Mais le ciel ne demande jamais rien, et il n’écoute même pas. Ça ne marche pas comme ça, la prière, même quand elle se mue en des sanglots suppliants.
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