Sandrine Collette

Elle (l'affaire "Théo Béranger") m'a prise de plein fouet, elle m'a jeté sa brutalité au visage. Parfois j'ai encore du mal à croire qu'il y a des hommes assez fous pour en arriver là; et pourtant j'en ai vu défiler, des détraqués, en vingt ans d'exercice. Tous m'ont prouvé, les uns après les autres, que les histoires vraies dépassent l'imagination dans ce que l'homme peut avoir de déséquilibré et de dangereux.

"Oui, mais les sirènes, ça n'existe pas". Je préfère l'ignorer. A côté de moi, Elias pose une main apaisante sur mon bras, il sait que tout ce qui est magique me fascine, que la réponse terre-à-terre de Vigan me déçoit.

A l' échelle de l'humanité, c'est peu de chose.
Je le sais.
Mais je me fous de l'échelle de l'humanité.

Marc nous contemple tour à tour, défait, les mains ouvertes sur le choc de cette fin de nuit. Nous comprenons à peine ce qui s'est passé, mais le sait-il davantage ? Par quel malentendu, quelle hallucination avons-nous pensé qu'il avait été happé par quelque chose de monstrueux et d'inconnu, traîné dans la montagne et sans doute dévoré ? Nous avons tous vu sa tente écroulée - ou était-ce l'effet de notre peur, de notre imaginaire déjà secoué, de la tempête tout simplement ? Entendu Arielle et Elias l'appeler, vu la traînée rouge, ou aux reflets rouges, ou noire ou blanche, je n'en jurerais plus, à présent. Perçu l'effrayant grondement. L'écho d'un éboulement ? Nous sommes perdus. La seule chose dont nous soyons convaincus, c'est que Marc est à nos côtés, et que s'il n'avait pas été là, nous serions encore sous la neige, bleus et raidis.

Rentrer dans la gueule de la montagne, la sentir frôler mes épaules et mes bras, me humer, me lécher les jambes. Il me faut un effort surhumain pour oser enfin faire un geste.

Très bon livre, on y trouve un suspens avec des difficultés que l'on imagines extrêmes, c'est dommage que l'on peut deviner la fin.

Andreas ne dit rien. Son visage est blême. Ce pourrait être à cause de la lune, mais non bien sûr. Mâchoires serrées à les briser l'une contre l'autre il ne bouge pas, immense devant la porte de la chambre.

Quatre mois d'hiver désolés, à surveiller les éclaircies dans le ciel et à prier que le miracle de décembre recommence. Quatre mois à se réveiller presque un jour sur deux avec le bruit de la pluie résonnant par le soupirail. les autres jours, le vent du nord arrive à traverser cette barrière d'arbres, de buissons et de ronces que je croyais infranchissable.

Tuer est un art qui se maîtrise, une communion avec la nature, l’animal et les dieux.

[…] Mes dix-neuf mois de prison, c’était de la rigolade à côté.

[…] Même conscient de mes forces qui déclinent, je refuse d’admettre que cela pourrait m’arriver aussi. Pas aujourd’hui, pas au XXIe siècle, pas en France. Et pas à moi.

[…] Au moment où j’aperçois la maison de loin, les premières gouttes de pluie s’écrasent sur mon front. Je finis en courant et j’arrive cinq bonnes minutes plus tard hors d’haleine, la poitrine en feu. La vieille m’attend avec une tasse de thé et des petits cakes qu’elle a faits elle-même. Je sens que je vais me plaire ici.

Camille et son frère Milo vont faire les vendanges en Champagne avec un couple d'amis .Le domaine est régi par Octave mais le véritable patron Andréas reste cloitré chez lui et personne ne le voit. Il y a plusieurs années , les deux hommes ont eu un très grave accident de voiture et Laure la fiancée d'Andréas y a laissé la vie. Depuis ils sont traumatisée et Octave en garde de graves séquelles : claudication et une cicatrice qui lui barre toute la joue . Dès le début , Camille exerce une fascination sur ces deux hommes et elle n'est pas insensible au charme d'Octave au grand dam de Milo qui n'apprécie pas .Milo disparait et personne ne s'inquiète à part sa sœur. Les gendarmes n'envisagent pas d'enquêter.
Une lecture bien agréable avec des chapitres courts et l'atmosphère festive des vendanges est bien rendue

Joshua monologuait à voix basse . Pourquoi tu as fait ça , pourquoi tu es parti ? Tu n'es pas bien ici ? Tu as un toit , tu manges . Tu travailles mais tu ne te soucie de rien d'autre . Il y a un tas de gens qui voudraient être à ta place , tu sais . Tu as merdé , le chien . Maintenant , Basile n'a plus confiance. Ça ne va pas être facile , ta vie , et je vais avoir du mal à t'arranger un bout de viande ou une couverture

J'imagine que je suis dehors, sous une pluie d'étoiles. Les milliards de particules qui me composent me rentrent dans le corps par l'air que j'aspire. C'est comme si je les sentais se disperser dans mes poumons.
Je murmure, des quarks.
Des composants de matière.
Ca sonne comme un poème.

J'en ai vu défiler,des détraqués, en vingt ans d'exercice. Tous m'ont prouvé, les uns après les autres, que les histoires vraies dépassent l'imagination dans ce que 'homme peut avoir de déséquilibré et de dangereux.