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Citations de Sandrine Collette (1593)


Le soleil des premiers jours de juillet les réveille l’enfant et elle un peu après six heures. Impossible d’y échapper : derrière le pare-brise il fait trop chaud déjà, Moe a ouvert les vitres dans la nuit. Mais si ça n’avait pas été le soleil, les voix les cris et les bruits de casseroles se seraient chargés de les sortir du mauvais sommeil ou ils ont sombré.
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D'une certaine façon, ils admettent que c'est mérité et, même si c'est trop facile, pensent tout bas que les autres, ceux qui vivent là-bas, n'avaient qu'à travailler.
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À tâtons, Perrine trouve la main de Louie et la prend dans la sienne. Noé s’y ajoute. Ils se tiennent en silence. Ils ne savent pas quoi faire d’autre, que s’agripper pour se dire qu’ils s’aiment.
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Et pourtant. Des jours de peur et de douleur, à surveiller la mer, à trembler devant les tempêtes, à se faire saigner les mains à cause des rames qu’il faut tenir du matin au soir, à échapper aux pièges, jusqu’aux hommes qui se coulent sous l’eau et jusqu’aux griffes des poules affolées.
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Alors ils s’étendent sur le plancher, les yeux dans les étoiles, en rêvant au lendemain, à la sensation du sable chaud coulant entre leurs doigts de pied, à leur course quand ils pourront, enfin, se dégourdir les jambes, aux poissons grillés, aux fruits qu’ils imaginent déjà trouver, une sorte d’eden impossible, de ceux qu’on imagine le soir et que le matin désenchante chaque fois.
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Elle est tout entière fermée, repliée sur son désespoir – les yeux cachés derrière les paumes, et le père est fasciné par ces mains soudain, celles d’une vieille femme de quarante ans, avec des veines bleues et saillantes, des taches sur la peau aux reflets jaunes, des mains qui se sont trop agrippées à la barque ces derniers jours et qui semblent ne plus jamais pouvoir s’ouvrir, recourbées comme des griffes.
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Penchée sur le côté, elle voit son reflet dans l’océan. Mouvement de recul. Même dans l’eau grise, elle devine la pâleur de son visage, ses traits tirés et bleuis par le malheur. Cette marque-là, elle la gardera jusqu’au bout. Elle le sait : dorénavant, elle est la mère d’un petit fantôme.
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Elle ne devine pas que son cœur lentement se répare, jouant des allers-retours sur le chemin d’une guérison qui n’en sera jamais une, un pansement peut-être, une compresse, pour appuyer bien fort là où cela saigne, juste de quoi continuer, se lever le matin, une pommade pour l’enfant disparue.
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Peut-être si Liam et le père ramaient fort, douze jours. Mais douze jours, cela ne réglait toujours pas le problème. Le problème, c’était ce que le père n’arrivait pas à dire et qui lui arrachait la gueule : ils n’avaient qu’une seule barque. Et la mère avait tout compris, comme il s’en doutait, parce qu’à ce moment-là elle posa sur lui un regard de feu, haine et désespoir mêlés, un regard qui l’accusait définitivement – et elle murmura, comme si c’était lui, rien que lui, comme si tout était sa faute, la mer, la tempête et le malheur :
— Qui vas-tu laisser ?
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Sans argent, elle n’a pas d’illusion sur les difficultés qui l’attendent pour gagner Moscou, s’en remet à la communauté afghane. Il paraît qu’en Russie les organisations humanitaires prennent en charge les réfugiés. Elle sait qu’elle y arrivera.
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Elle passe des heures à consigner ses observations. Plante des herbes, observe la pousse, récolte, sèche, se trompe aussi, quand elle mélange les espèces l’une sur l’autre et que les substances actives s’annihilent les unes les autres, l’infusion ne vaut plus rien, ni les plantes qui ont pris le moisi ou passé un an, il faut tout jeter, elle recommence. Perçoit que du séchage dépend la qualité des remèdes, avant même les dosages, et qu’il lui manque toujours une infinité d’herbes, de fleurs, d’écorces – alors elle cherche les plantes communes, une espèce d’assortiment de base pour soigner la plupart des petits maux. Elle équilibre les doses, ajoute, retranche, invente de nouvelles drogues. Son grand-père observe, sceptique puis intéressé, donne son avis. Elle l’écoute avec attention, fascinée par le pouvoir des fleurs, des feuilles, des racines, le monde revient à sa source, se dit-elle, car tout se guérit par la terre – sauf ce qui doit mourir, et alors aucun remède, aucune potion n’y pourra rien, quand le destin s’en mêle.
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Il suffira d’un verre de trop, mais elle n’arrive plus à les compter. Juste la certitude que le temps presse. Et cette cagnotte qui n’arrive pas à grimper, pas assez vite, avec ces pauvres billets de cinq ou dix euros et quelques pièces pour faire illusion.
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La France, Paris, les Champs-Élysées, les bateaux-mouches sur la Seine. La tour Eiffel qui scintille chaque heure. Dans son île, le rêve, c’était pour les autres. Elle, ses cinq frères et sœurs, les parents fatigués depuis le matin, leur destin était tout tracé : quelques petits boulots à la saison touristique, les aides sociales le reste du temps. Se marier entre soi, avec le fils du voisin. Avoir des enfants qui ne feraient pas d’études, trouveraient des jobs quatre mois par an dans la restauration ou les loisirs, attendraient les aides sociales eux aussi les huit autres mois ; épouseraient voisins et voisines à nouveau.
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Pas de regrets, pas de remords, puisque de toute façon c’est trop tard. Une fois que tu as cassé une barre en fer sur la gueule d’un type, tu vas pas aller t’excuser, hein, Moe. C’est pas que tu pourrais pas, remarque. Mais voilà, pour quoi faire ? Autant aller de l’avant. Regarder en arrière, écoute-moi bien : ça sert à rien.
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Qu’elle regrette pourtant, à cette seconde où elle donnerait sa vie pour qu’on lui pardonne, mais elle sait que tout est vain, les prières et les larmes, les prières se sont tues et les larmes ont séché sur sa peau, inutile et trop tard, il ne reste que la souffrance.
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Même si l'intérêt de ces rencontres de passage,de ces drôles d'amitiés furtives,me dépasse.Je ne comprends pas comment on peut se passionner pendant une semaine,un peu plus,un peu moins,pour des hommes et des femmes qu'on ne reverra jamais.
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Il avait pleuré, il s'était excusé, il avait essuyé l'engueulade monumentale et la leçon de morale. Finalement le type l'avait laissé repartir avec les fleurs, mais aussi avec ce drôle de poids mortifié dans la poitrine. Le même qui vient de lui retomber dessus, lui écrasant les côtes et les poumons.
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Resté seul, Joachim s'assied sur son lit. Mauro lui manque, et la mère, et même le petit et l'autre débile ; il voudrait pleurer pour enlever la boule de sa gorge, respirer mieux. Mais rien ne vient, qu'une sécheresse qui lui fait frémir le cœur et lui laboure les joues, quelque chose de mort dans sa poitrine, parce que tous aussi, à l'estancia, ont refermé la porte sur lui. Il espérait...il a attendu en vain.
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J'ai ajouté des traits sur le mur,encore et encore,en barrant les semaines puis les mois,en inscrivant ici et là les dates auxquelles nous devions être.Après Noël,Pâques.Et mon anniversaire,le 17 avril.
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Au moment où Andreas laisse revenir le volant dans l’axe, après ce sale virage, la chose est déjà là, tapie quelque part. Mais il ne la perçoit pas. Ça plane au-dessus de lui sans un bruit, sans un signe impalpable. La faute peut-être aux champs de colza qui défilent en longues bandes jaunes floutées sur le bas-côté, et leur parfum entêtant, et Laure qui fredonne en regardant le paysage par la vitre baissée. Laure dont les cheveux s’envolent et lui reviennent sans cesse dans les yeux à cause du toit ouvrant, mais il fait si doux. Elle a levé le bras pour sentir l’air lui passer entre les doigts, Andreas roule vite, comme toujours. Elle en a les larmes aux yeux. Une poussière sans doute, elle rit toute seule. Resserre le col de sa chemise – elle est si fragile. Tu as froid, dit Andreas. – Non, je fais attention, c’est tout. Tu me connais. – On s’arrête prendre un café ? – Bientôt.
À l’arrière, Octave se redresse, se penche entre eux deux.
– Un café, je suis pour. On n’a pas assez dormi.
Andreas le repousse en souriant.
– Bientôt, on a dit.
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