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Citations de Santiago H. Amigorena (374)


"Se taire. Oui, se taire. Ne plus savoir ce que parler veut dire. Ce que dire veut dire. Ce qu'un mot désigne, ce qu'un nom nomme. Oublier que les mots, parfois, forment des phrases." Le silence, comme le jeu, espérait-il, l'aiderait à apaiser ses tourments. Il aspirait à un silence si fort, si continu, si insistant, si acharné, que tout deviendrait lointain, invisible, inaudible - un silence si tenace que tout se perdrait dans un brouillard de neige.
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Alors ça voudrait dire quoi, maintenant, de retourner et de se battre pour les "siens"? Ce serait quoi d'ailleurs, maintenant, "les siens"? En 1940, Vicente ne savait peut-être pas s'il était juif ou argentin, mais savait qu'il n'était plus assez polonais pour se battre, comme il s'était battu, pour défendre ce pays.
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- L'homme, lorsque j'étais jeune, était plus grand, était plus fort. L'homme s'est affaibli lui-même. Il a perdu la force que la Nature lui avait donnée.
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On m'a dit qu'en cet âge lointain, l'écologie avait simplement remplacé le colonialisme : c'était toujours aux autres, aux plus pauvres, aux plus défavorisés, qu'on demandait de faire des efforts.
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On m'a dit qu'avant ma naissance les problèmes étaient toujours locaux et les solutions envisagées toujours globales : c'est-à-dire inapplicables.
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Quelques décennies seulement avant de disparaître, les êtres humains, pour se voiler les yeux, s'égaraient dans des polémiques affligeantes.
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Comme si souvent dans l'histoire de l'humanité, il importait plus à chacun de prouver qu'il avait raison que d'inverser le cours des événements.
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Du salon où il faisait semblant de lire un livre assis sur le canapé,Vicente n'avait pu s'empêcher d'entendre la nouvelle.Il avait écouté la radio un instant ,jusqu'à ce que le flash d'infos s'arrête et que la pièce de radiothéatre reprenne,puis il avait posé son livre et il s'était levé. Il était allé dans la cuisine ,il's'était approché de sa femme et il avait posé doucement sa main sur son ventre .
-Mi Rusita....
Étonnée par ces mots, par ces premiers mots prononcés par son mari depuis des mois,Rosita avait regardé Vicente un long moment en silence.
--Oui,mon amour?
--Si c'est une fille,elle s'appellera Victoire.
Rosita avait mis sa main sur celle de son mari et,des larmes aux yeux ,elle avait acquiescé.
Victoire est née le 17 juin 1945.( Page 186).
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Onze millions de personnes.Onze millions de personnes à assassiner.Peut-on penser l'impensable?Peut -on comprendre l'incompréhensible ?Peut-on imaginer ce que personne n'a jamais vu ,ce que personne n'a encore jamais cru que l'homme serait capable de faire?Il y a des événements, de temps en temps, qui renouvellent ce que nous sommes capables d'imaginer,qui amplifient le domaine du possible jusqu'à des limites que personne auparavant n'avait supposé qu'on pourrait atteindre.
Jusqu'à l'été 1942 pourtant ,les dispositions prises à Wannsee n'ont pas été respectées.D'une part,comme les centres d'extermination n'étaient pas encore tous fonctionnels,il a fallu continuer de concentrer les juifs dans des ghettos en attendant leur mise en service.D'autre part,après l'enthousiasme du mois d'octobre 1941 suscité par l'avancée fulgurante de la Wehrmacht,la défaite allemande devant Moscou au mois de décembre avait conduit à une large révision des priorités : l'euphorie née de l'espoir d'un triomphe rapide avait cédé la place à la perspective d'une guerre de longue durée et au constat que les réserves de nourriture ne suffiraient pas à alimenter la population d'Allemagne et des territoires occupés.Les nazis allaient donc déporter tous les juifs d'Europe vers les camps situés à l'Est mais ils n'allaient pas en assassiner directement autant qu'ils l'avaient souhaité. En fait ,les vies de millions de Juifs allaient dépendre, de l'automne 1941 au printemps 1942,de comment les Allemands résolvaient ,au jour le jour, le délicat équilibre entre les tuer pour qu'ils ne mangent pas la nourriture dont ils avaient besoin pour poursuivre la guerre et les laisser vivre pour qu'ils fabriquent les armes dont ils avaient besoin pour poursuivre la guerre.Mais cette indécision quant à la manière de traiter les juifs --les assassiner tout de suite ou les tuer après les avoir fait travailler--n'allait pas empêcher de commencer à compter les victimes par millions .Dans le seul district de Dublin,dont s'occupait Odilo Globočnik plus ou moins un million de Juifs déportés allaient être jugés inaptes au travail et tués des leur arrivée dans les camps.( Page107/108).
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Le 13 septembre 1940 ,à Buenos Aires l'apres-midi était pluvieuse et la guerre en Europe si loin qu'on pouvait se croire encore en temps de paix.L'avenida de Mayo,cette grande artère bordée d'immeubles Art nouveau qui sépare la Présidence du Congrès, était presque vide; seuls quelques hommes pressés,quittant leurs bureaux du centre ville un journal au-dessus de la tête pour conjurer les gouttes, couraient sous la pluie pour attraper un bus ou un taxi et rentrer à la maison.(Page 13).
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‘Vicente avait voulu ne pas savoir parce qu'il avait songé que tout ce qu'il saurait serait pire que son ignorance ‘
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"Réagir de façon adéquate à l'incommensurable était impossible. Et celui qui exige cela des victimes devrait exiger du poisson jeté sur la rive qu'il se dépêche de se faire pousser des jambes pour retourner à petits pas dans son élément humide." - Günthe Anders - Nous, fils d'Eichmann
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L’homme est si peu de chose qu’il ne connaît ni le goût de sa chair ni la date de sa mort.Pourquoi lui demander de donner une réponse simple et concise aux questions que pose cette chose mystérieuse et mouvante qu’on appelle l’identité ?
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P24 : "- Travaillez, travaillez en pensant que le but auquel tendent nos efforts- le bonheur de tous - est bien supérieur à la fatigue de chacun. C'est çà que les hommes appellent "idéal", et ils ont raison. Il n'y a pas d'autres philosophies dans la vie d'un homme, ou d'une abeille".
P31 : "qu'est ce qui fait que parfois nous parlons de nous même en étant si certains que nous ne sommes qu'une seule chose, une chose simple, figée, immuable, une chose que nous pouvons connaître et définir par un seul mot ?"
P95 : "Concentré sur le vide désespéré dans lequel il vivait depuis quelque temps, Vincente était fasciné par la blancheur lisse de la coupelle sur laquelle était posée la petite tasse, par la blancheur perlée de sucre, et par la blancheur veinée du marbre sur la table."
P121 : "Marcher seul à toujours permis aux hommes de se taire - et de penser"
P151 : "les questions les plus simples, celles dont les réponses semblent évidentes sont souvent les plus cruelles - elles sont les plus cruelles jusqtement parce qu'elles n'ont aucune raison d'être posées."
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Ses yeux, à ce moment précis, perçaient ceux de sa femme pour se perdre très loin, au delà du lit, de la chambre, de l'appartement, de la ville, de l'océan... Ses yeux, à ce moment précis, erraient sans fin dans les rues enneigées de Varsovie.
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C’est sans doute une des caractéristiques les plus singulières de l’être humaine : de même que le corps lorsqu’on lui inflige trop de souffrance ou lorsqu’il est trop affaibli s’éteint momentanément par l’évanouissement pour pouvoir, comme une simple machine, se rallumer et repartir, l’esprit aussi, lorsque la douleur et l’impuissance sont trop fortes, s’assombrit, s’assourdit, se referme pour survivre, ou plutôt pour que quelque chose survive - quelque chose qui est encore humain et qui ne l’est déjà plus, quelque chose qui est encore nous-mêmes et qui n’est déjà plus personne.
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Il voulait parler, mais, prisonnier du ghetto de son silence, il ne pouvait pas parler. Il ne savait plus.
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Je me souviens qu’il était tout. Je me souviens qu’il était lui et qu’il était moi et que je n’étais plus rien. Et que c’était si bon de n’être plus rien.
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Mais malheureusement, si l’immobilité est le contraire de la mobilité, si le silence est le contraire de la parole, rien n’est le contraire de la pensée, rien ne s’oppose à cette activité de l’esprit : ne pas penser n’est qu’une autre manière de penser.
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Pourquoi la parole semble-t-elle le brûler comme si chaque mot qui pouvait sortir de sa bouche était une petite larme de lave ? […] Mais ce qui est le plus étrange, c’est comme son regard a changé. C’est comme si maintenant il pouvait tout exprimer sans le moindre mouvement de ses lèvres. Même s’il n’exprime que de la disgrâce, il l’exprime avec tant d’assurance et avec tant de nuances que tout semble dit. Oui, son regard est devenu beaucoup plus bavard que ne l’était sa bouche du temps où il parlait encore. C’est comme s’il y avait une quantité très grande et en même temps très définie de choses à dire et qu’elles avaient juste trouvé une autre forme d’expression, un nouveau langage qui leur convenait à merveille.
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