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Citations de Santiago H. Amigorena (374)


Une des toutes premières actions des Tupamaros, peu de temps avant notre installation à Montevideo, avait été de faire exploser un des dépôts de la société allemande Bayer qui, personne ne l’ignorait à l’époque, après avoir produit le célèbre Zyklon B pour aider les nazis à exterminer des Juifs, produisait en Allemagne, comme Monsanto aux États-Unis, de l’Agent Orange pour aider les Américains à tuer des Vietnamiens. Personne ne l’ignorait à l’époque, de même qu’aujourd’hui – alors que ces deux groupes, combinaison d’une rentabilité presque idéale, n’en forment plus qu’un qui commercialise aussi bien les produits qui causent les cancers que ceux qui prétendent les soigner – personne ne semble s’en souvenir.
(page 111)
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Comme vous le savez, ô mes lecteurs supposés ! mes pages sont destinées, comme toutes les pages mais avec un acharnement supplémentaire, à notre commun oubli. J’écris pour moi-même et pour mes amis. J’écris pour adoucir le cours du temps – j’écris pour personne.
(page 64)
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Penser à la mort n’est pas la meilleure manière de la connaître. Penser à la mort n’est pas la meilleure manière de mourir – mais c’est pour certains, comme moi, la seule manière de vivre.
(page 51)
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Cette énigmatique Suisse de l’Amérique latine qu’est l’Uruguay est séparée en trois parties bien distinctes : l’intérieur du pays (que je ne devais jamais connaître) ; la côte fluviale, dévorée par la jungle, qui borde les provinces argentines de Corrientes et Entre Ríos (que je connais à peine) ; et la côte océanique qui remonte jusqu’au Brésil (que je connais, et qui me connaît, comme nous nous étions faits). Géographiquement parlant – puisque le propre de la géographie est aussi d’être politique et d’établir des frontières -, l’océan stricto sensu ne commence qu’à Punta del Este, c’est-à-dire cent trente kilomètres au-delà de Montevideo.
(page 24)
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Oui, la mort a ceci d’irrémédiablement beau et terrifiant à la fois : en ouvrant une nouvelle ère de notre existence, celle de l’absence de l’être cher et disparu, elle débute un cauchemar, ou une série de cauchemars plutôt, et les débute de telle sorte qu’on croit constamment que d’un moment à l’autre on va se réveiller – et que la mort n’aura pas eu lieu.
(page 13)
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Mais la vie est partie. Elle s'est éloignée lentement. Et je ne sais plus où elle est maintenant. Je suis seul. Je n'entends plus. Mes oreilles closes comme des paupières. Le jour se lève et je sombre. Je sombre, je sais, je sombre. Et je tombe. Je tombe comme la nuit, comme le monde. Je ne sais pas d'où mais je tombe. Et je ne sais pas non plus vers où, mais je tombe. Je tombe. Lentement, je tombe. Lentement je tombe vers ma tombe. Oui. C'est ça. Et ça suffit.
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[...] lorsqu'il marchait, il aspirait à ce que les mots s'absentent tellement de son esprit que la pensée elle-même disparaisse. Mais malheureusement, si l'immobilité est le contraire de la mobilité, si le silence est le contraire de la parole, rien n'est le contraire de la pensée, rien ne s'oppose à cette activité de l'esprit : ne pas penser n'est qu'une autre manière de penser.
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Onze millions de personnes. Onze millions de personnes à assassiner. Peut-on penser l'impensable ? Peut-on comprendre l'incompréhensible ? Peut-on imaginer ce que personne n'a jamais vu, ce que personne n'a encore jamais cru que l'homme serait capable de faire ? Il y a des événements, de temps en temps, qui renouvellent ce que nous sommes capables d'imaginer, qui amplifient le domaine du possible jusqu'à des limites que personne auparavant n'avait supposé qu'on pourrait atteindre.
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L'une des choses les plus terribles de l'antisémitisme est de ne pas permettre à certains hommes et à certaines femmes de cesser de se penser comme juifs, c'est de les confiner dans cette identité au-delà de leur volonté - c'est de décider, définitivement, qui ils sont.
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Une des toutes premières actions des Tupamaros, peu de temps avant notre installation à Montevideo, avait été de faire exploser un des dépôts de la société allemande Bayer qui, personne ne l’ignorait à l’époque, après avoir produit le célèbre Zyklon B pour aider les nazis à exterminer les Juifs, produisait en Allemagne, comme Monsanto aux États-Unis, de l’Agent Orange pour aider les Américains à tuer des Vietnamiens. Personne ne l’ignorait à l’époque, de même qu’aujourd’hui – alors que ces deux groupes, combinaison d’une rentabilité presque idéale, n’en forment plus qu’un qui commercialise aussi bien les produits qui causent les cancers que ceux qui prétendent les soigner – personne ne semble s’en souvenir.
Comment ces deux entreprises ont-elles pu si impunément continuer de sévir sans même avoir eu à changer de nom ?
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À tout âge, la mémoire reste un miracle insoluble de bruit et de silence ; elle est inévitablement, toujours, cette troisième forme a priori de la sensibilité où le temps et l’espace se confondent – où un goût, une odeur, un son, une caresse, une image seront à jamais plus puissants qu’un témoignage.
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La mer et la mort se ressemblent : peu de choses nous attirent davantage. Et ce n’est pas par hasard que lorsqu’on prononce ces deux noms un troisième nom nous revient inévitablement en mémoire : mémoire.
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L’une des choses les plus terribles de l’antisémitisme est de ne pas permettre à certains hommes et à certaines femmes de cesser de se penser comme juifs, c’est de les confiner dans cette identité au-delà de leur volonté – c’est de décider, définitivement, qui ils sont.
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Et l’Uruguay, alors, n’était pas seulement l’éternelle promesse d’un temps vacant, suspendu, qu’il est encore de nos jours, c’était aussi, comme la Suisse le fut en Europe, un petit havre de démocratie égaré dans un continent que le feu et le sang commençaient de dévorer de toutes parts : lorsque nous sommes partis d’Argentine, le Brésil et le Paraguay vivaient déjà sous des dictatures militaires et le Che venait d’être assassiné en Bolivie.
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Nous sommes retournés à Montevideo quelques jours plus tard. En quittant Buenos Aires au début de l’été pour venir nous y installer, mes parents avaient réussi à déguiser notre exil en vacances.
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Bien sûr, je ne savais pas encore que le temps caresse la mémoire et que l’oubli atténue le manque, apaisant la première morsure de la disparition, mais je n’allais pas tarder à me rendre compte qu’on n’est jamais certain, après avoir perdu quelqu’un qu’on aime, comme après avoir perdu une partie de soi, que le cauchemar est vraiment fini : il est tellement plus simple d’oublier l’instant où quelqu’un est mort que d’oublier tout ce temps où il a vécu.
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Surveillé par deux statues de Giacometti – une grande Femme assise située au-dessus de ma tête et un grand Marcheur sombre debout face à moi –, j’allais pouvoir écrire sur un minuscule bureau ou dormir dans un sac de couchage étendu sur un lit de camp.
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Ce soir où l’amour de la peinture allait tenter d’apaiser l’amour de t’aimer.
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L’amour est-il vraiment si semblable au temps ?
– Plus j’aime, moins je sais ce qu’est aimer.
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Aimer est-il un métier – comme vivre est un métier ?
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