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Critiques de Sawako Ariyoshi (229)
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Kaé ou les deux rivales

- Presque un huis clos : ça et les personnages de Sawako Ariyoshi, on se sent étouffés sous les non-dits

- Sorte de patchwork harmonieux entre un conte, roman psychologique, un épisode de l'histoire de la médecine...

- Décontenançant car assez crédible dans sa fonction de "petite histoire dans la grande" tout en gardant ce sentiment de fiction pure. C'est presque comme si l'auteur rêvassait tout haut en lisant un ouvrage de médecine

- J'ai personnellement apprécié que certains personnages révèlent le fond de leur pensée.

- On touche du doigt le discours féministe.

- Presque une parodie d'hagiographie qui est réalisée de manière très subtile. Au final, le docteur n'est pas le héros de l'histoire
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Kaé ou les deux rivales

Japon, vers 1785.



Deux femmes désireuses de plaire à Hanaoka Seishū, un médecin de l’époque Edo, s’affrontent dans une rivalité sans bon sang.



L’une est sa mère, l’autre, sa femme.

Otsugi est très jolie et impérieuse, Kaé, belle-fille choisie et mariée par procuration avec un apprenti médecin, absent pendant 3 années pour cause d’étude à Kyoto. Celui-ci se révélera plus tard un réputé chirurgien, le premier à avoir réalisé une opération chirurgicale sous anesthésie générale. Cette anesthésie qu’il pratiqua sur des animaux auparavant, servira à retirer un cancer du sein, la première en son genre. Il perfectionne ses connaissances autant en herboristerie chinoise qu’en médecine occidentale, surtout hollandaise.



« Ne tenir pour vrai que ce que l’on a vérifié! »



Cette portion de l’histoire de la médecine est tout simplement géniale. J’adore réfléchir auprès d’une autrice intelligente à ce qu’a été la vie avant nos salles d’opération aseptisées.



Mais voilà que je m’écarte du sujet principal du roman, la rivalité.

Et quelle compétition entre ces deux femmes qui se sont bien aimées et appréciées pendant l’absence du fils, et d’autant plus détestées après son arrivée.

Kaé doit respect à sa belle-mère bien sûr mais il faut voir les manigances que celle-ci concocte pour apprécier le personnage. Difficile d’écrire cette chronique sans trop en dire mais les deux femmes sont remplies d’amour et la haine est si proche…Kaé se montre tenace… Otsugi également!



« Ne jamais pleurer sur l’état de son pays ou sur son propre sort. Aucune cause n’est jamais perdue sauf si on abandonne. »



Je devais lire les dames de Kimoto et voici que Kaé ou les deux rivales me tombe sous la main à la bibliothèque. Quel hasard heureux me permet de joindre ces deux passions, l’histoire et la médecine. J’ai tout aimé de ce roman, la subtilité des relations, le doux mélange de médecine douce et plus expérimentale et bien entendu, les traditions culturelles japonaises.

Un grand bonheur de lecture!
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Kaé ou les deux rivales

Comme beaucoup de romans japonais c'est un roman délicat et ça n'empêche pas les situations d'être parfois dures à vivre par les protagonistes. Le récit commence par l'admiration de la narratrice, alors qu'elle est adolescente, pour cette femme si belle et si rayonnante, qu'elle voit quand elle passe devant sa maison. Puis la vie fait que cette femme devient sa belle-mère. Son mari est médecin, un des premiers médecins qui fait des recherches et qui expérimente dans sa propre maison avec ses propres patients, dans sa région et sans grands liens avec les Universités et labos de Tokyo ou d'autres grandes villes. Son métier accapare beaucoup ce médecin, et la jeune épouse et sa belle-mère vivent dans la même maison une situation de rivalité. Aucune des deux n'est encline à l'agression, aucune des deux n'a a priori de mépris ou d'animosité. On peut dire que la source du problème c'est que les traditions ne sont pas claires : dans une société et à une époque dans laquelle les rôles qu'on est supposé jouer sont très importants, une mère se doit de s'occuper de son fils et de sa maison, une épouse se doit de s'occuper de son époux et de sa maison, et rien ne dit que l'une doit s'effacer devant l'autre. Sawako Ariyoshi ne nous dit pas ici qu'une épouse et une belle-mère peuvent négocier leurs rapports pour que chacune vive mieux : qui peut me dire si ça existe dans la culture japonaise traditionnelle ? Qui peut me dire si dans la culture japonaise traditionnelle un mari n'a aucun devoir de chercher à régler ces situations de tension ? Est-il normal, dans ce contexte, qu'il semble ne s'occuper que de son métier, et (dans mon souvenir) ne jamais s'occuper des personnes qui vivent dans sa maison, ni du fonctionnement de sa maison ?

Le roman a aussi un style superbe : non seulement le style a une belle simplicité, à la japonaise, mais en plus quand la jeune Kaé admire celle qui deviendra sa belle-mère, je "vois" encore la maison, la barrière, et les glycines sous le soleil, et quand plus tard le médecin fait des expérimentation, je "vois" encore la cour, les cabanes et autres installations.

Sawako Ariyoshi a aussi écrit Les dames de Kimoto, que j'ai également dégusté avec un grand plaisir.
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Kaé ou les deux rivales

Fin XVIIIème siècle au Japon, Kaé a épousé par procuration Umpei. Celui-ci poursuit des études de médecine et ne revient auprès de son épouse qu'au bout de trois ans ! Otsigi, mère d'Umpei, tient à surveiller sa bru pendant tout ce temps et elles s'entendent fort bien. Kaé admire sa belle-mère. Cependant, tout change lorsqu'Umpei revient. L'amitié se mue en jalousie puis en haine qu' Umpei va utiliser pour des expériences médicales selon des méthodes très douteuses.

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Kaé ou les deux rivales

Un grand roman de Sawako Ariyoshi, disparue au début des années 1980, que l'éditeur qualifie de Simone de Beauvoir des lettres japonaises. J'ai découvert avec surprise en toute fin de roman que le personnage masculin principal, le Dr Seishû Hanaoka, a réellement existé (1760-1835). Ce médecin est réputé pour être le premier à avoir pratiqué une opération chirurgicale sous anesthésie générale, qui était aussi la première de retrait d'une tumeur du sein. L'auteur nous livre d'ailleurs sa vraie biographie succédant aux événements qu'elle relate, qui eux sont inventés. Elle nous livre en fait ici une grande fresque familiale, celle des Hanaoka, se déroulant sur une quinzaine d'années autour de 1800, dans leur demeure près d'Osaka.



Deux fils conducteurs coexistent et s'enchevêtrent pour former la trame de cette passionnante histoire. D'une part, donc, une ambition masculine, la volonté de Umpei / Seishû (son prénom plus noble) de devenir un médecin célèbre. D'autre part, une rivalité impitoyable entre deux femmes : sa mère Otsugi et son épouse Kaé.

Si le patriarche de la famille Naomichi meurt assez vite, au début de l'histoire sa femme Otsugi porte beau sa cinquantaine d'années, faisant l'admiration de Kaé elle-même, future femme de son fils qu'elle a elle-même choisie. Car elle est bientôt mariée à Seishû par procuration, le jeune homme étudiant la médecine à l'université. Jusqu'à ce qu'il revienne trois ans plus tard, les relations entre les deux femmes sont idylliques. Mais au retour de Seishû, un véritable bras de fer s'installe entre la mère et la bru pour s'accaparer ses faveurs. L'ambiance est vénéneuse, irrespirable, faite de joutes verbales. Aucune ne veut céder, chacune faisant assaut de courage zélé pour se porter cobaye de Seishû…qui obnubilé par la réussite de ses recherches médicales, en profite pour les accepter toutes deux dans ce rôle.



C'est que Seishû a beaucoup expérimenté durant plusieurs années sur des chiens et chats qu'il fait venir sur le domaine. Entre disparitions, infirmités, souffrances et morts cruelles, ces animaux-objets sont bien tristes à voir. Mais ils font progresser Seishû dans la mise au point d'un anesthésiant parfait qui permettrait d'opérer des cancers. La famille a d'ailleurs vu partir d'un cancer du sein Okatsu la soeur aînée…

Tour à tour, Kaé et Otsugi vont livrer leur corps d'humaines à la science de Seishû, mais il y aura un prix à payer pour elles dans cette dangereuse aventure, et avant qu'une autre soeur, Korikku, n'expire d'un angiome au cou sans même que Seishû ne puisse (le mal est avancé), ou ne veuille intervenir. Sur son lit de mort, cette femme qui assume de ne s'être jamais mariée jettera ses dernières forces dans des propos aux airs de proclamation féministe rageuse.

Car si Seishû finira par obtenir la notoriété, certes au service des autres et d'une noble cause, ne lui a-t-il pas sacrifié les femmes de sa vie ?



Ariyoshi nous propose là une oeuvre forte, qui a été adaptée à l'écran au Japon. Mais il y a du théâtre dans ses dialogues d'anthologie entre Kaé et Otsugi ! Son style classique est remarquable. Elle partage m'a-t-il semblé cette qualité d'écriture avec d'autres de ses contemporains comme Inoué ou Endô. En outre, comme chez le premier on y trouve une finesse psychologique chez ses personnages féminins (on pense au fusil de chasse), femmes qui déploient une force de caractère hors du commun, en véritables piliers de la famille, et comme chez le second un traitement précis des sujets médicaux (La mer et le poison, la fille que j'ai abandonnée). La voix féministe d'Ariyoshi est assez courageuse dans cette société, encore cadenassée par un machisme ambiant à peine moins prégnant aujourd'hui.



Une riche découverte qui donne envie de découvrir les quelques célèbres romans traduits en français de l'auteure, pétris de qualités si l'on en juge par les notes recueillies ici même.

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Kaé ou les deux rivales

L'écrivain japonaise Ariyoshi Sawako m'avait déjà marquée par sa finesse d'analyse et la profondeur psychologique de ses personnages avec Le Miroir des courtisanes.



Je retrouve les mêmes sensations de lecture avec Kaé ou les deux rivales. Jeune fille issue de la caste samouraï; Kaé entre comme épouse du fils héritier dans la maison de médecins de campagne Hanaoka à la demande de Otsugi, sa future belle-mère. Union particulière puisque l'époux est en études à Kyoto et ne reviendra que trois années plus tard. En tant que brue, Kaé se sent intégrée à sa nouvelle famille grâce à l'amabilité continue dont fait preuve Otsugi. Mais lorsque Unpei revient, celle-ci révèle la mère possessive en elle. Débutent des années de sourde animosité entre les deux femmes. Jalousie, perfidie et piques pleuvent, enrobées de tant de velours que de l'extérieur, on ne peut qu'envier Kaé d'avoir une belle-mère aussi complaisante et pleine d'égards pour elle.



Ariyoshi Sawako instille l'ambiance délétère qui s'installe dans la maisonnée avec un art consommé. Son pinceau est d'une grande élégance et découvre le quotidien des femmes de cette période comprise entre la fin du XVIIIème siècle et le début du XIXème. Même si son attention porte principalement sur les destinées féminines, et plus particulièrement sur Kaé et Otsugi, elle dépeint le travail et l'existence d'un médecin. Si Unpei vit dans une petite bourgade, il s'est néanmoins intéressé lors de ses études à la médecines occidentales hollandaises. Le Japon des Tokugawa est alors fermé aux étrangers, à l'exception des représentants de la Hollande, concentrés sur l'île de Dejima. L'influence de leurs avancées scientifiques et médicales se diffusent peu à peu. Ainsi Unpei a-t-il pu bénéficier de l'enseignement d'un adepte japonais de ces nouveaux préceptes. Il reprend à son compte ses acquis et travaille à améliorer savoirs et techniques chirurgicales afin de guérir le plus de maladies et problèmes possibles.



Cette partie est également fort intéressante à découvrir, surtout lorsqu'on apprend - après vérification - que Hanaoka Unpei, appelé également Seishusensei, a effectivement existé et s'est rendu célèbre au Japon par une prouesse médicale d'importance.



J'avais trouvé cette édition France Loisirs un peu défraîchie dans une boîte à livres. Je ne m'attendais d'ailleurs pas à y rencontrer Dame Ariyoshi, d'où ma joie de me plonger dans cette lecture. Lecture formidable, enrichissante et très prenante. J'espère pouvoir lire ses deux autres ouvrages traduits en français.
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Kaé ou les deux rivales

Kaé est une toute jeune fille d’une riche famille de samouraï. Toute jeune elle est impressionnée par la beauté et l’intelligence de Otsugi. Kaé la trouve mal assortie avec son époux, le médecin Naomichi, brillant, mais alcoolique et imbu de sa personne.



L'incipit du roman commence ainsi :

« Kaé avait huit ans lorsqu’elle vit Otsugi pour la première fois. Elle avait supplié Tami, sa nourrice, de l’emmener à Hirayama, village voisin, dès que celle-ci lui avait raconté l’histoire. C’était en été. Le jardin devant la maison était envahie par les mauvaises herbes, et les fleurs blanches de l’aubergine-qui-rend-fou se détachaient avec une clarté singulière sur le fond vert de l’herbe alourdie de chaleur. Elles ressemblaient merveilleusement au profil blanc d’Otsugi, tel qu’il surgit soudain sous l’auvent de la vieille maison. »



Bien des années plus tard, Otsugi vient demander à Sajibe le père de Kaé une demande de mariage par procuration pour son fils Umpei Shin. Mariage contraire aux traditions entre un médecin pauvre et une riche famille.



Malgré les oppositions de Sajibe, le mariage a quand même lieu et Kaé intègre la famille comme bru. Kaé ne connaît pas encore son mari, absent pour plusieurs années qui poursuit ses études de médecine à Kyoto. Elle apprend à connaître sa belle famille et semble en faire partie. Et cela jusqu’au jour où son mari rentre de Kyoto et ou sa belle mère la traite alors en paria. Une haine latente s’entretient entre les deux femmes. Seishû, le mari, quand a lui, ne pense qu’a ses recherches médicales : la création d’un anesthésique puissant pour opérer et ses recherches sur le cancer du sein.



On recherche les motivations de chacune des protagonistes. Pour Kaé son admiration envers la beauté et l’élégance d’Otsugi la rapproche de cette famille, mais l’amour immodéré d’Otsugi envers son fils en fera devenir un objet de jalousie entre ses deux femmes.



Roman historique qui se déroule à la fin du shogunat Tokugawa entre 1603 à 1867, mais également fresque sociale. L’objet de ce livre a en toile de fond les progrès de la chirurgie au 18e siècle, les découvertes scientifiques. Le mélange des médecines chinoises et des découvertes hollandaises faisant progresser les recherches médicales. La rivalité de ces deux femmes servant à Otsugi à faire avancer ses connaissances médicales.



Ariyoshi Sawako nous dévoile la condition de la femme dans la période fin 18ème, début du 19e. Inspirée d’une histoire vraie, récit émouvant et une très belle écriture ou la psychologie des personnages est finement décrite.
Lien : https://nounours36.wordpress..
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Kaé ou les deux rivales

Partout dans le monde, le XXe siècle a été une période de changements sociaux importants, pour ne pas dire radicaux. En Extrême-Orient, notamment en Chine et au Japon, le passage de l'ancien mode de vie à une société moderne a été aussi rapide que fondamental car l'adaptation aux besoins de l'économie mondiale est allée de pair avec l'occidentalisation de la culture. Tout le monde n'a pas apprécié le développement, tout le monde n'a pas été capable ou désireux d'adopter de nouvelles idées. Bien que Hana, la protagoniste de La rivière Ki d'Ariyoshi Sawako, ait fait des études supérieures à Wakayama-City, elle adopte le rôle traditionnel d'une épouse japonaise lorsqu'elle entre dans le mariage arrangé pour elle par sa grand-mère bien-aimée. Sa fille Fumio, cependant, est une rebelle et pratiquement depuis le jour de sa naissance se révolte contre tout ce qui sent la tradition et les temps anciens. Fumio aussi se marie et a une fille qui ne lui ressemble pas.

Nous sommes au début du printemps 1900 et Kimoto Hana, vingt-deux ans, descend la rivière Ki dans la préfecture de Wakayama pour devenir l'épouse de Matani Keisaku, le chef du village d'Isao. Il y a eu d'autres demandes en mariage, mais pour des raisons que personne ne comprend, Toyono, la matriarche de la famille qui a élevé Hana après la mort prématurée de sa mère, a décidé de donner sa petite-fille belle, charmante et accomplie à une famille de statut inférieur à la sienne. Dans une grande splendeur, Hana se dirige vers sa nouvelle maison.

Hana a du mal à trouver sa place dans la maison Matani. Sa belle-mère ne veut pas renoncer à son pouvoir et son beau-frère lui est hostile. Cependant, elle s'adapte à leurs manières et se soumet à tout car elle croit fermement que c'est son devoir. Personne, sauf son beau-frère, ne réalise à quel point elle prend progressivement le contrôle de la famille. Elle salue et encourage également les ambitions politiques de son mari. Bientôt, elle a un fils puis une fille Fumio. La jeune fille s'avère être un garçon manqué sauvage et rebelle depuis le début. Trois autres enfants suivent, mais surtout Fumio inquiète Hana.

À contrecœur, Hana autorise Fumio à étudier au Tōkyo Women's College, mais à son grand soulagement, même elle, avec ses idées modernes sur le rôle des femmes, fait un mariage convenable et a un fils en bonne santé. Le mari de Fumio travaille principalement à l'étranger, donc Hana voit peu la famille. De plus, Hana est occupée à soutenir la carrière politique de son mari jusqu'à ce qu'il meure subitement au début de la Seconde Guerre mondiale. Après avoir vécu à Wakayama-City pendant des années, elle retourne dans la maison familiale du village et alors que les bombardements font de Tōkyo un endroit de plus en plus dangereux, Fumio envoie sa fille Hanako et son plus jeune fils vivre avec Hana. Hanako en vient à adorer sa grand-mère…

L'histoire de La rivière Ki brosse un tableau du Japon, notamment des changements sociaux que le pays a connus du début du XXe siècle à la fin des années 1950 et qui se sont manifestés jusque dans la vie de famille de la petite noblesse vivant dans les zones rurales. Les protagonistes sont trois générations de femmes - la mère Hana, la fille Fumio et la petite-fille Hanako - et chacune d'elles est la quintessence de son époque. Hana représente les temps anciens parce qu'elle vit le rôle traditionnel de femme dans toute sa dépendance.


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Kaé ou les deux rivales

Chef d’œuvre de Sawako Ariyoshi.
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Kaé ou les deux rivales

L’écrivaine nippone signe un roman d’ambiance autour de l’intimité d’une femme, épouse et bru, dans le Japon du tournant des XVIIIe et XIXe siècles.



Cette guerre des dames, larvée dans le secret des paravents, fut inspirée à Ariyoshi par la vie du médecin Hanaoka Seishu et plus particulièrement d’un tableau représentant ce japonais, premier médecin au monde à pratiquer l’anesthésie générale, avec sa mère comme assistante et son épouse allongée, comme cobaye. Les deux rivales sont donc la bru Kaé et la mère Otsugi, mais c’est dans la tête de Kaé que la narratrice se loge avec une acuité de tout instant.



Sawako Ariyoshi économise son lecteur afin de le faire entrer très progressivement dans toute la profondeur, la complexité et l’authenticité de son oeuvre. Au début on est tenté de se dire que ça ne paye pas de mine, mais nous sommes fatalement happés par le talent littéraire de l’écrivaine qui recrée avec le même brio le monde intérieur de Kaé en même temps que le Japon de la fin du XVIIIe siècle.



La médecine joue un rôle important dans le roman, le lecteur suit la quête insatiable de Seishu pour mettre au point son anesthésie, et du rôle que l’Histoire (avec un grand “H”) joue dans la fiction que tisse patiemment Ariyoshi autour de ces faits historiques. Les descriptions de maladies et des soins sont particulièrement réussies bien que parfois difficiles à lire.

L’initiation et la vie de Kaé que nous suivons finalement sur de nombreuses années classent aussi ce roman dans le genre des récits initiatiques. Certes la rivalité avec la belle (mère) Otsugi occupe une part importante mais la vie d’épouse (la mariage avec Seishu était arrangé) et de mère de Kaé ont également toute leur place et leur singularité.



“Les hommes et les femmes vivent dans un système de relations effroyable.” On peut lire, dans les rares écrits consacrés à l’écrivaine disparue en 1984 en France, que Sawako Ariyoshi est une “Simone de Beauvoir japonaise”… c’est un peu un argument de maison d’Edition… quoiqu’il en soit ce n’est pas en militante que l’auteure invite à se plonger dans la vie d’une femme formée pour servir son époux. Ceci étant, quelques indices notamment ce que la belle-soeur de Kaé lui dit, comparant son célibat au mariage de Kaé, jettent une lumière crue et suffisamment dérangeante sur la place de la femme dans la société pour susciter le malaise de la critique littéraire japonaise.



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Kaé ou les deux rivales

Inspirée d'une histoire vraie, récit émouvant et une très belle écriture ou la psychologie des personnages est finement décrite. Elle a été adaptée en 1967 au cinéma, puis au théâtre, raconte la rivalité entre deux femmes désireuses de plaire à Hanaoka Seishū, un médecin de l'époque d'Edo (1603-1868)



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Kaé ou les deux rivales

Le combat d’une vie entre une mère et sa belle-fille pour s’attacher le fils et mari, un médecin - chirurgien inventif qui fit avancer la science du pays. C’est un combat où l’une et l’autre risquent leur vie, mais sans bruit, sans éclat, dans lequel, la tradition, les formes sont respectées. Le roman rend bien le contraste entre la violence de l’intention et le calme de l’expression
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Kaé ou les deux rivales

Rivalité féminine entre une belle-mère et sa bru, sur fond de progrès médical dans le Japon de la fin du XVIII° siècle. Roman historique (qui rappelle par ailleurs que ce pays n'était pas "à la traîne") qui aborde aussi les conditions d'existence et le statut des femmes. Kae et Otsugi guerroient dans l'ombre du médecin -mari pour la première citée, fils pour la seconde - qui ne s'en rend pas compte ou fait semblant de ne rien voir. Le livre se terminant sur cette image de la tombe du médecin - personnage qui a réellement existé et qui est honoré pour ses innovations - qui cache les tombes des deux femmes. Un roman qui n'a rien de tapageur, n'assénant pas son contenu historique, et qui raconte sans lourdeur psychologique la vie de ces deux rivales.
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Kaé ou les deux rivales

Ce captivant roman historique est basé sur la vie réelle du chirurgien japonais Hanaoka Seishū qui, alliant des connaissances médicales chinoises et hollandaises, inventa un puissant anesthésique quarante ans avant que ne soient découverts l'éther, puis le chloroforme. Il réalisa une double première en 1805 : première opération sous anesthésie générale, et qui plus est, première opération d'un cancer du sein.

Sawako Ariyoshi a mêlé aux faits historiques une rivalité entre la mère et l'épouse du médecin, comme il en existait communément à cette époque, alors que la bru venait s'installer chez son mari et sa belle-mère.





L'intérêt du livre est donc multiple : il est l'occasion de découvrir un étonnant personnage réel, dont l'humilité est sans commune mesure avec ses contributions au progrès de la médecine, à une époque où l'on soignait encore souvent par la prière et les pratiques superstitieuses. Il offre aussi une fascinante plongée dans la vie quotidienne de la campagne et des petites villes du Japon de la fin du 18ème et du début du 19ème, ainsi qu'un vivant tableau de la dure condition féminine d'alors.

Les personnages principaux sont en effet les femmes : épouse, mère, soeurs. La cohabitation fait de leur vie un tissu de jalousies, de mesquineries et de haines, qui couvent sous des dehors d'exquise politesse : jamais exprimée ouvertement, la méchanceté se fait rouerie et n'en devient que plus cruelle.





Ce roman a été adapté au cinéma au Japon en 1967.





La découverte toujours étonnante du Japon alliée à l'écriture tout en élégance, à la profondeur psychologique des personnages et à la finesse d'analyse de Sawako Ariyoshi font pour moi de cette lecture un coup de coeur.


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Le crépuscule de Shigezo

C'est vraiment une pièce d'époque, magnifiquement écrite et fidèlement traduite, bien qu'un peu datée en termes de perspectives et d'attitude. Le protagoniste principal du roman est Kyoko, une femme d'âge moyen qui vit avec son mari et son fils adolescent dans une petite maison à Tokyo. Ses beaux-parents âgés vivent dans un bungalow construit à cet effet de l'autre côté de la cour, bien qu'elle ne soit pas particulièrement proche d'eux. Cela change lorsque sa belle-mère meurt de façon inattendue et que son beau-père commence à agir étrangement. Shigezo reçoit un diagnostic de démence sénile et devient de plus en plus dépendant de sa belle-fille pour les soins et le soutien.

L'écriture est exquise. Ariyoshi nous donne un superbe aperçu de la dynamique familiale dans une maison de classe moyenne moderne des années 1960. Le roman en dit autant sur le changement d'attitude envers le rôle des femmes que sur la façon dont la démence est perçue. Kyoko devrait être seule responsable des soins de son beau-père, y compris dormir dans la même pièce que lui une fois qu'il commence à s'éloigner, se baigner, faire ses toilettes et le nourrir. Elle est également responsable de l'entretien de la maison et de la nourriture de sa famille et doit encore réussir à occuper un emploi de jour. Je devais me rappeler sans cesse qu'il s'agissait d'un portrait d'une autre époque tant je trouvais l'attitude des hommes si déplorable. Il n'y a aucun sentiment de partage de la responsabilité des soins aux personnes âgées. S'occuper des malades et du vieillissement n'est pas considéré comme un rôle digne d'un homme.

Pas question non plus de faire appel à une aide extérieure. Shigezo n'a pas droit à un soutien régulier. Les unités de soins résidentiels spécialisés sont toutes bondées. Sa seule option est un hôpital psychiatrique, bien qu'il soit conseillé à Kyoko d'éviter cette option. On lui rappelle à plusieurs reprises qu'une personne âgée doit être prise en charge à domicile par ses proches. Les personnes âgées doivent être respectées. Leurs familles doivent les honorer en prenant soin d'eux dans leurs dernières années. Et pourtant, la rhétorique autour du vieillissement est assez dérangeante. Alors que l'espérance de vie moyenne augmente au Japon, les jeunes sont horrifiés par la réalité du vieillissement. Shigezo est décrit comme un fardeau dégoûtant et à plusieurs reprises, les jeunes membres de sa famille expriment la conviction qu'ils préfèrent se suicider que de finir par vivre comme lui. Parfois, ces passages rendent la lecture assez difficile. Les années du crépuscule témoignent d'une époque différente. Les protagonistes sont à de nombreuses années de comprendre les complexités de la démence ou comment une personne pourrait bien vivre avec la maladie.

Cependant, ce n'est pas un roman déprimant. Il y a des moments de beauté simple et des moments où on nous donne un aperçu des aspects plus positifs de la vie des personnes âgées au Japon. Et quelle belle analyse de l'évolution de la relation de Shigezo avec sa belle-fille qui change tout au long du roman ! Kyoko a toujours s'est toujours méfié du vieil homme, mais comme ses responsabilités de soins l'obligent à être proche de lui, elle commence lentement à établir une relation et au moment où il décède, elle se rend compte qu'elle aime - incroyablement - son beau-père.

Très beau roman en finesse et gravité.
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Le crépuscule de Shigezo

Akiko, dactylo dans un cabinet d’avocats, vit avec son mari et son fils dans un quartier tranquille de Tokyo. Très organisée, elle réussit tant bien que mal à concilier travail et famille. Quand sa belle-mère décède brutalement, ce fragile équilibre est mis à mal par les soins nécessaires à Shigezo, son beau-père. A quatre-vingt-quatre ans, Shigezo était jusque-là un homme égoïste et acariâtre qui n’avait jamais de mots assez durs pour critiquer sa belle-fille. Désormais, il est atteint de sénilité et ne peut plus vivre seul. Démunie face l’administration japonaise qui offre très peu de solutions pour accueillir les personnes âgées, Akiko est contrainte de mettre sa carrière en pause pour veiller sur lui. La charge est lourde mais heureusement le caractère de Shigezo s’est adouci, il se comporte dorénavant comme un enfant docile et un lien privilégié se crée entre eux.



Dans ce magnifique roman, Sawako Ariyoshi traite du difficile sujet de la prise en charge de la vieillesse dans la société japonaise des années 70. Les structures pour accueillir les personnes âgées sont rares, la tradition voulant que les plus jeunes s’occupent de leurs aînés. Mais les mentalités ont changé, Akiko n’est pas une femme au foyer. Elle aime son travail même s’il l’oblige à jongler avec ses responsabilités d’épouse et de mère. Car, si on accepte dorénavant que les femmes exercent une activité professionnelle, la famille reste traditionnelle. Il ne viendrait jamais à l’idée de son mari de faire la cuisine ou le ménage ou de s’occuper de son père. Donc quand Shizego n’est plus capable de vivre seul, la question ne se pose même pas. Akiko va devoir se sacrifier pour s’occuper de lui. Ses jours et même ses nuits sont entièrement consacrés à son beau-père dont l’état se dégrade rapidement. Modèle de dévouement, elle s’interroge aussi sur son avenir, l’allongement de la durée de vie, sa propre vieillesse et la peur d’être un jour un poids pour son fils.

Cinquante ans après son écriture, ce roman est toujours d’actualité et la charge mentale des femmes n’a pas changé. S’il est souvent dur, il est aussi plein de tendresse et d’humilité et rend un vibrant hommage aux capacités d’abnégation, de résilience, d’adaptation et de don de soi des femmes.

C’est cru, réaliste mais aussi tendre et poétique. Une belle leçon de vie.

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Le crépuscule de Shigezo

La dualité du Japon ressort dans toute l’histoire du crépuscule de Shigezo. Dans ce livre s’opposent société moderne et ancestral, idées féministes et poids des usages familiaux, jeunes, adultes et vieux, mais à la fin c'est l'humain que fait ressurgir Ariyoshi dans son personnage principal.
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Le crépuscule de Shigezo

Beaucoup de finesse dans le roman "les femmes de Kimoto".

Les 4 générations de femmes se suivent et se démarquent au cours de ce trépidant XX ème siècle..et ce jusqu' au fond des provinces japonaises.

Chaque génération cherche sa voie, souhaite se démarquer, s' affranchir.

C' est presque partout le cours des choses.Mais ici sourd la question de l' équilibre à garder entre traditions et modernité.Débat éternel.La mélancolie de la mère est le seul jugement que l' auteur laisse s' exprimer..mais on sent les regrets devant l' effacement du raffinement et de la beauté.La liberté se conquiert mais le prix est toujours lourd!

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Le crépuscule de Shigezo

Excellent ouvrage sur la vieillesse et sa prise en charge par la famille dans le japon des années 1970
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Le crépuscule de Shigezo

Ce roman raconte la vie quotidienne d'une famille modeste de Tokyo, notamment d'Akiko, amenée à s'occuper de son beau-père vieil homme sénile.

Ce livre a un charme certain malgré le sujet difficile qu'il traite. L'auteur ne nous épargne pas les détails crus pour nous rapprocher au plus près de la réalité de la situation.

Nous découvrons la condition féminine de cette fin du XXème siècle partagée entre la tradition et le modernisme qui impose d'autant plus de contrainte aux femmes, devant mêler le travail extérieur aux tâches ménagères et à la charge de famille. Au Japon, il est très rare de finir sa vie en maison de retraite.

Est aussi bien traitée la réflexion qu'amène à la génération suivante la fin de vie, la vieillesse et la perte d'autonomie des parents, celle-ci étant amenée à réfléchir sur son avenir et son propre vieillissement, sujet universel.

Un livre effectivement pas très gai mais très intéressant et traité avec une grande justesse , un livre d'une écriture soignée et qui nous en apprend beaucoup sur le Japon.
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