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Citations de Scholastique Mukasonga (396)


Commence la descente jusqu'au lac Cyohoha où j'allais chercher de l'eau et qui lui aussi a disparu, mystérieusement asséché comme s'il était mort de chagrin.
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Un beau diplôme, c'est ce qui te sauvera de la mort qui nous est promise, garde-le toujours sur toi comme le talisman, ton passeport pour la vie.
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Oui, nous étions prêts à accepter la mort, mais pas celle qui nous a été donnée. Nous étions des Inyenzi, il n’y avait qu’à nous écraser comme des cafards, d’un coup. Mais on a pris plaisir à notre agonie. On l’a prolongée par d’insoutenables supplices, pour le plaisir. On a pris plaisir à découper vivantes les victimes, à éventrer les femmes, à arracher le fœtus. Et ce plaisir, il m’est impossible de le pardonner, il est toujours devant moi comme un ricanement immonde.
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Les larmes de lune ainsi que les dents des enfants naturels disparaissaient donc dans l'antre du reptile comme englouties dans les entrailles de la terre.
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EXTRAITS DE NYABINGUI :
Prisca, tu vois ces papiers, ils te concernent, nous savons tout sur toi. Nous savons, par exemple, que tu es intelligente, trop intelligente même, la République du peuple majoritaire n’a pas besoin de Tutsis femmes savantes. Mais la République peut aussi avoir besoin de quelques unes d’entre vous, de celles qui ont échappé à notre vigilance, qui, comme toi, ont fait des études qu’elles n’auraient pas dû faire ; toi, tu les as faites à cause d’un missionnaire blanc, et nous nous doutons bien de quelle manière tu as su l’envoûter. Vous, les filles tutsis, vous êtes les plus redoutables, vous savez toujours séduire pour servir votre cause, vous plaisez aux Blancs et vous en profitez pour dénigrer le peuple majoritaire et dresser les Blancs contre nous. Alors pourquoi ne seriez-vous pas aussi utiles à notre République ? Il est bon pour nos diplomates d’avoir des femmes comme vous et qui charment les Blancs. Alors tu vas employer tes charmes vénéneux doublés de ton intelligence à notre service. On va te donner pour femme à l’un des nôtres, tu seras sa charmante épouse et tu lui feras des enfants hutus, et toi, bien que nous sachions qu’au fond de toi-même tu resteras toujours un cafard, un inyenzi, tu vas quand même devenir une Hutu, tu sais bien qu’une fois mariée une femme perd sa race, son clan, qu’elle prend la race, le clan de son mari. Nous allons te trouver un bon mari, il y en a encore de notre côté qui sont fiers d’épouser une Tutsi, on va les contenter, on ne pourra pas dire que nous sommes racistes…

[…]

- Voilà ce que j’ai à dire : depuis très longtemps, chez nous, il y a un tambour, il ne nous appartient pas, notre lignage en a reçu la garde. […]. Je ne suis pas le maître du tambour. J’en suis son gardien jusqu’à ce que revienne celle qui nous l’a confié. Nous l’avons attendue, elle n’est pas revenue.. Mais à présent, au Rwanda, on n’aime plus les tambours. Et, peut-être que, si on le découvre, les militaires viendront le saisir et peut-être le détruire, et moi et ma famille avec. […] Mais si on détruit le tambour, cela portera malheur à notre lignage, nous serons considérés comme des rebelles, on nous jettera en prison bien que nous soyons des Hutus. […] Alors, nous sommes prêts à vous confier notre tambour, vous les « Américains », vous aimez les tambours, vous protègerez, vous soignerez le nôtre […].
- Mais qui vous a confié ce tambour ?
- […] Ce tambour, c’était celui d’une reine… de l’esprit d’une reine.
- Je crois que tu veux parler de Nyabingui.
- Ne prononce pas ce nom, malheureuse, je ne l’ai pas entendu.
- Et moi, ne sais-tu pas qui je suis ? […]
- Toi… oui, peut-être… j’ai entendu parler d’une jeune fille… ce serait toi ?
- C’est toi qui l’as dit.
- Si tu es celle que je crois, alors le tambour t’appartient. C’est ce que nos pères avaient prédit : un jour la reine reviendrait parmi nous. […]
- oui, grand-père, le tambour d’une reine a un cœur. Nous irons voir le tambour, s’il me reconnaît pour sa reine, je l’emporterai et il sera sauvé.
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Le bâton du maître ne connaissait aucune excuse !
Il y avait pourtant une excuse qui était admise aussi bien par l’instituteur que par les parents : la rencontre des éléphants. […]
Les éléphants n’étaient pourtant pas le plus grand danger que les écoliers pouvaient rencontrer sur la route de Nyamata. Il y avait aussi la cruauté des hommes… Mais de cela je parlerai plus tard.

[…]

Je rêvais parfois l’impossible : avoir un livre pour moi toute seule.

[…]

Hélas ! Le rivage du lac, qui était comme le jardin de nos jeux innocents, devint bientôt le lieu de tous les cauchemars.

[…]

Les militaires exigeaient que, dans chaque maison, soit accroché le portrait du président Kayibanda. Les missionnaires veillèrent à ce que soit placée à ses côtés l’image de Marie. Nous vivions sous les portraits jumeaux du président qui nous avait voués à l’extermination et de Marie qui nous attendait au ciel.
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La Rukarara, c’est donc ma rivière, même si elle n’a jamais coulé que dans mon imagination et dans mes rêves
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Un père est toujours le plus grand.
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Certains dirigeants hutu considéraient les jeunes filles tutsi comme des prises de guerre à la disposition des vainqueurs de la « révolution sociale ». Ils allaient faire leur marché dans les familles tutsi qu’on soumettait à toutes sortes de menaces si elles ne leur livraient pas les filles convoitées. C’était encore curieusement une source de prestige pour un notable hutu que d’épouser une Tutsi : on pouvait l’exhiber comme un trophée
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À partir de la troisième, toutes les élèves se déclaraient amoureuses d’un de leurs professeurs européens. Les tactiques de séduction étaient naïves mais les proies faciles. Il s’agissait, dans la plupart des cas, de jeunes coopérants français qui, à ce qu’on disait, étaient venus faire leur service militaire en Afrique. On ne comprenait pas bien ce qu’il y avait de militaire à enseigner le français ou les maths mais ces jeunes gens, un peu étonnés de leur succès, n’entendaient aucunement résister aux avances non équivoques dont ils étaient les cibles. La compétition était rude entre les filles les plus hardies, et que l’une d’elles l’emporte sur toutes ses rivales suscitait à la fois l’admiration et la rancune tenace des déçues. Dissimulée sous des démonstrations intempestives d’amitié, la violence de la jalousie allait parfois jusqu’à des tentatives d’envoûtement auxquelles on me demandait discrètement de procéder.
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Papa me paraissait très grand, peut-être pas le plus grand de notre colline, mais une fille respectueuse ne se risque pas à comparer la taille de son père à celle des autres hommes. Un père est toujours le plus grand. Il paraissait maigre mais il était vigoureux. C’était un marcheur infatigable. Il avait les jambes bien droites, sans le vilain renflement du mollet que les Rwandais jugent disgracieux. Il avait parcouru en tous sens le Rwanda, son bâton de berger posé en travers de ses épaules.
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Les premières règles d’une adolescente sont toujours un moment périlleux, non seulement pour elle-même, mais pour toute sa famille. Le sang menstruel fait en effet l’objet de toutes les convoitises de ceux qui cherchent à vous nuire : vos ennemis de toujours, vos voisins jaloux, les pervers qui font le mal pour le mal, les empoisonneurs de profession, les sorciers – et surtout les sorcières – tenteront de s’emparer de la moindre trace pour confectionner leurs philtres maléfiques qui rendront stérile à jamais celle qui est devenue femme, et ses sœurs présentes et à venir répandront la peste sur votre troupeau, feront peu à peu dépérir vos fils, amoncelleront sur vous et les vôtres tous les malheurs que vous n’auriez pu imaginer.
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Les assassins ont voulu effacer jusqu'à leur mémoire mais, dans le cahier d'écolier qui ne me quitte plus, je consigne leurs noms et je n'ai pour les miens et tous ceux qui sont tombés à Nyamata que ce tombeau de papier.
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Le Rwanda aujourd'hui, c'est le pays des Mères-Courage.
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Maman, je n'étais pas là pour recouvrir ton corps et je n'ai plus que des mots [...] pour accomplir ce que tu m'avais demandé. Et je suis seule avec mes propres mots et mes phrases, sur la page du cahier, tissent et retissent le linceul de ton corps absent.
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Le 1er juillet 1962, le Rwanda devint officiellement indépendant. Avec l'aide des Belges et de l'église catholique, le MDR-Parmehutu pouvait établir ce qu'un rapport de l'ONU désignait dès mars 1961 comme la "dictature raciale d'un seul parti". Des milliers de Tutsi avaient été massacrés, plus de 150 000 avaient fui dans les pays avoisinants, ceux qui restaient au Rwanda allaient être réduits à l'état de parias.
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Il était bien le seul Bertrand Russel quand il dénonçait "le massacre le plus horrible et le plus sysématique depuis l'extermination des Juifs par les Nazis". La hiérarchie catholique, l'ancienne autorité mandataire, les instances internationales n'y avaient rien trouvé à redire sinon à dénoncer le terrorisme des Inyenzi.
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Il y a pire que le sorcier, parce que lui on le connaît ou on croit le connaître, on va même le consulter en cachette, il ne fait après tout que son métier : le voisin malveillant, lui, comment le reconnaître parmi tous ceux qui habitent à côté de vous sur la même colline, parmi ceux avec qui vous partagez la bière, à qui vous confiez vos enfants. Il est là, tout proche, celui qui vous poursuit de sa haine inassouvie, qui veut tirer vengeance d’un tort que vous lui avez causé et dont vous ne parvenez pas à vous souvenir, parce que ce méfait dont il vous charge a peut-être été commis par votre père, ou votre grand-père ou vos ancêtres, ou votre lignage tout entier...
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De toutes les partis du corps, c'étaient les pieds qui étaient le plus exposés aux blessures. On marchait pieds nus, et quand on rentrait à la maison après la classe, il fallait encore aller chercher de l'eau. Dans l'obscurité, et comme nous devions garder la tête bien droite pour tenir en équilibre sur la tête la cruche, les orteils se cognaient aux cailloux.
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La honte, c'est pire que la mort.
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