AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Sébastien Lapaque (116)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Au hasard et souvent

Ces bloc-notes et chroniques couvrant l’année 2009, rassemblées en un «faux journal», émaillées de réflexions et d’anecdotes savoureuses, sont pleins de bon sens, d’humour et d’anticonformisme. Sébastien Lapaque y épingle et met à nu la bêtise et la dérive totalitaire de la société actuelle. Il éveille notre curiosité en permettant de découvrir ou redécouvrir des auteurs (Sweig, Bernanos, Orwell, Pirotte etc..) dont il éclaire des facettes ignorées ou oubliées. En se jouant des époques et par une connaissance approfondie des classiques, il lance des passerelles entre passé et présent.
Et c’est avec un plaisir renouvelé que je reviendrai parcourir, au hasard et souvent, ce petit volume.

Commenter  J’apprécie          100
Ce monde est tellement beau

J'ai accompagné Lazare gaiement jusqu'aux trois quarts d'un livre singulier, pétri d'une langue désuète, vieille France, truffée d'énumérations, égrenées comme une litanie.

Ce monde tellement beau, le professeur d'histoire le cherche au lendemain d'une rupture amoureuse, période d'entrée en résistance contre une société fort peu spirituelle, baptisée L'Immonde. Lazare doute, cherche, écoute, parle peu, sinon embarqué dans des tirades socio-religieuses.

Donc, sa compagnie me plaît, puis je perds mon copain d'infortune (très érudit), lorsqu' à la campagne, il découvre l'écologie en temps réel et décide de ne plus jamais être indifférent. L'écriture vire à la répétition; le style vieillot perd son charme, on a envie que cela bouge.

Certes, le mouvement est intérieur, trop peu visible néanmoins pour le lecteur lassé d'attendre que Lazare passe de l'observation passive à l'engagement actif, qu'il cesse de penser pour dire ce qu'il veut, ce qu'il veut vivre.
Commenter  J’apprécie          97
Trois jours et trois nuits

Ce livre est né d’un "projet un peu fou" de Nicolas Diat d’inviter quinze écrivains à passer trois jours et trois nuits à l’abbaye de Lagrasse puis à partager par écrit leurs impressions. Chaque invité, selon son tempérament et ses centres d’intérêt, va soulever tel ou tel aspect. Certains seront touchés par le silence ou la qualité des dialogues avec les moines, la musicalité des chants grégoriens ou la profondeur des psaumes, la beauté du lieu ou la lumière sur la pierre. Au gré de leur plume s’écrira le récit de l’histoire de l’abbaye, son architecture, son organisation quasi militaire, sa liturgie sacrée. Tous les hôtes-écrivains ont été "frappés par l’accueil des moines, leur douceur, leur gentillesse, leur sourire, comme s’ils avaient purgé en eux les poisons qui animent nos existences survoltées : l’ambition, la soif de paraître, la jalousie, tous ces appétits qui nous rongent, car on ne peut ni les satisfaire ni les apaiser". Et plus surprenant, tous ont été marqués par le réfectoire où un frère, juché sur un petit pupitre, lit à voix haute une vie de saint "afin que l’esprit se nourrisse en même temps que le corps".



L’un notera : "Les chanoines blancs de Lagrasse vivent dans une faute d’orthographe : pourquoi ne pas assumer de vivre dans La Grâce en deux mots ? "

Dans ce lieu humain, divinement habité, quarante moines d’horizons et de tempéraments très divers ont répondu à l’appel de Dieu pour vivre et prier ensemble le restant de leurs jours. Un lieu habité où règne le silence et où les rares paroles échangées vont à l’essentiel. Un lieu de paix et de joie intérieure, où tout se vit dans la lenteur, la sérénité, le recueillement, la densité de l’instant. Un Lieu de rayonnement et même d’escalade à l’initiative d’un des écrivains.



Trois jours et trois nuits pour une rencontre avec un lieu, avec des hommes de Dieu, avec soi-même. Pour les quinze écrivains, croyants ou non, ce fut une expérience insolite et marquante. Pour les moines également. Pour le lecteur aussi.

Comme l’écrira un des quinze après cette expérience : "Penser à ces hommes agenouillés m’aident à tenir debout".

La conclusion revient au père Abbé : "Ce recueil prouve que la littérature est et doit rester un appel à l’Absolu, à la transcendance ; que la culture peut encore s’épanouir en désir d’Éternité. Ainsi cet ouvrage, dans un monde sombre, apparaîtra comme un signe d’espérance".

Commenter  J’apprécie          91
Trois jours et trois nuits

Ce livre m'a replongée dans les souvenirs d'une histoire familiale débutée au bord de l'Orbieu, dans un joli coin des Corbières, Lagrasse, village pittoresque flanqué d'une abbaye chargée d'histoire.

Ce livre est le récit d'une idée originale, celle d'une rencontre entre deux mondes, chanoines menant une vie de reclus dans le silence de l'abbaye et ecrivains journalistes menant une vie trépidante, évoluant dans des cercles parisiens.

Le regard original que chacun fait du récit de sa retraite de trois jours au sein de l'abbaye, rend l'ensemble fluide; j'ai pris plaisir à découvrir tous ces témoignages d'une expérience unique' celle d'une rencontre surréaliste mais au final réussie qui marquera chacun des protagonistes.
Commenter  J’apprécie          90
Mon prof, ce héros

Un recueil de textes d'écrivains et non des moindres qui ont répondu à l'appel de la Fondation Egalité des chances pour parler du prof qui a éclairé leurs vies. Un texte posthume de d'Ormesson car, dit sa fille, il aurait voulu en être.

Vingt témoignages émouvants qui reconnaissent grandeur et servitude des profs, au moment où Samuel Paty vient d'être assassiné; ils disent aussi leur reconnaissance d'avoir été révélé à soi-même par un maître.
Commenter  J’apprécie          90
Théorie de Rio de Janeiro

Avis aux connaisseurs de Rio et à ceux et celles qui sont sur le point d'embarquer dans la cité des Cariocas, ce livre est pour vous. Il est un guide de voyage, mais pas seulement. Il est un compagnon pour vous faire sortir des sentiers battus de cette séduisante ville brésilienne.

Lapaque est un grand connaisseur du pays. Il a déjà écrit plusieurs livres sur cette ancienne colonie Portugaise, dont récemment "la convergence des alizés".

Ici, à Rio, l'auteur nous engouffre dans les rues, sur les plages, sur les places, dans les cathédrales et même sur les îlots. Il nous emmène dans un corps à corps avec la cité. Il veut nous séduire comme il veut que nous soyons séduits par cette riante métropole du sud. Et il réussit à nous embarquer. Il évoque des écrivains qui, eux aussi se sont fait embrigader par Rio tels Cendrars, Zweig ou encore Bernanos.

Lapaque signe ici un livre tout en poésie.
Commenter  J’apprécie          90
Théorie d'Alger

Une phrase qui résume tout le récit : on n'occupait pas Alger, on était occupé par elle. C'est ce qui est arrivé –par bonheur- à l'auteur qui nous raconte les pérégrinations algéroises d'un voyageur européen.



C'est mieux qu'un grand reportage. Une plongée émouvante et empathique dans l'univers visible ou parallèle d'une ville éblouissante... Alger la Blanche qui, malgré les critiques, reste toujours la plus belle, la plus attirante, la plus prenante.



A travers son voyage et ses rencontres dans les «entrailles» de la ville, surtout chez les «gens d'en bas», l'auteur a tout vu, tout entendu, tout enregistré, tout bu, tout mangé, tout capté... les battements et les cris jusqu'aux plus intimes, ceux de la rue et des ruelles cachées, des librairies, des marchés populaires, des petits restaurants et des bars, des stades, des supporters de clubs de foot, des taxis, des transports en commun, des cimetières, du passé lointain, ou récent... le tout avec sympathie pour ne pas dire avec amour et passion.Toute une «théorie» pour une seule ville... qui la mérite amplement.

Commenter  J’apprécie          80
Les identités remarquables

Un cours de mathématiques? a²-b² = retour au collège? Jeu de style, Jeu de mots. Ce titre titille, émoustille, ouvre l’appétit.

Ouvrez une page, lisez une ligne, et l’Univers Lapaque vous a aspiré, conquis.

Pour les actifs, sachez que dès la première page, le roman à suspens est lancé, dix minutes plus tard le cadre est posé, le rythme ne ralentira pas et seul le dernier folio vous offrira le repos.

Pour les contemplatifs, goûtez la naissance des personnages, des situations et ce n’est que lentement tel un voile de brume déchiré par un soleil paresseux, que les indices, abstrus et imprécis comme la vérité, apparaitront ouvrant le chemin vers la vérité? Cette vérité qui s’avance cachée, qui dévoilée, mise à nu, exposée, n’en est que plus énigmatique.

Et ce style direct et rare, l’impression confuse qu’en s’adressant au malheureux héros, l’auteur nous interpelle, nous dérange par ses questions métaphysiques. Les phrases précises, concises, découpent le temps en révélant sa durée. Temps, durée, cher Bergson. Chaque vie, chaque pensée, chaque histoire inextricablement mêlées les unes aux autres sont étrangement exposées au regard de celui qui sait voir.

Cette injonction déchirante “Vois ceux que tu aimes.” résonne encore.



Lectori salutem

Commenter  J’apprécie          80
Trois jours et trois nuits

Nicolas Diat, journaliste chrétien et grand connaisseur de la vie monastique, a eu l'idée de proposer à 14 auteurs contemporains de venir passer trois jours et trois nuits à l'abbaye de Lagrasse, près de Narbonne, où une communauté de chanoines de Saint Augustin relève le défi de rénover et réhabiter une abbaye millénaire.

Ce livres regroupe donc 14 regards, plus ou moins sceptiques, sur la vie de ces religieux, qui parait si décalée dans notre monde contemporain. Pourtant tous ceux qui ont gouté à cette fraternité ont relevé l'importance de la persistance de cette vie monastique (ou canoniale en l'occurrence) et de son mystère pour le monde contemporain.

Au fil des pages, nous retrouvons le visage de ces auteurs, avec leurs travers, leurs egos, leur talent, mais surtout leur humanité.

Un beau livre, à la croisée de la spiritualité, de la littérature et de la nostalgie, qui s'emploie plus à bâtir des ponts qu'à jeter des anathèmes.
Commenter  J’apprécie          70
Trois jours et trois nuits

Il n'est pas nécessaire d'être croyante pour être séduite par la beauté d'un monastère, fascinée par la vie des moines et moniales et regretter d'être une incurable mécréante.

J'admire leur foi (non dépourvue de doute, parfois), leur volonté de quitter le monde, tout en y étant présents par leurs actions et leurs prières.

Ils me rassurent, ils sont là.

Aussi curieux que cela puisse paraître, les monastères au plus près des règles strictes attirent la jeune génération de futurs moines (ou chanoines comme à Lagrasse).

Alors trois jours de "retraite", cela peut paraître peu, sans doute, mais j'ai été sensible à la pluralité des approches des différents écrivains, certains plus axés sur leur ressenti et d'autres sur une démarche plus intellectuelle ou historique.

Il y a deux ans, j'ai visité cette abbaye. La partie conventuelle étant fermée, je me suis donc limitée à celle appartenant au Conseil Général. Je regrette maintenant de ne pas y être revenue aux horaires d'ouverture !



Commenter  J’apprécie          70
Les sept péchés capitaux : Envie

Ce recueil a le défaut de ses qualités. Il balaye large dans les genres et les formats. Théâtre, conte, roman, lettres, il y a de tout. On est donc sûr de ne pas tout aimer et dans le même temps à peu près sûr de trouver au moins un texte auquel on accroche.

Dommage que la sélection ne couvre que la littérature d'Europe occidentale.
Lien : https://unkapart.fr/critique..
Commenter  J’apprécie          70
Les sept péchés capitaux : Orgueil

Ce recueil a le défaut de ses qualités. Il balaye large dans les genres et les formats. Théâtre, conte, roman, lettres, traité, il y a de tout. On est donc sûr de ne pas tout aimer et dans le même temps à peu près sûr de trouver au moins un texte auquel on accroche.

Dommage que la sélection ne couvre que la littérature d'Europe occidentale.
Lien : https://unkapart.fr/critique..
Commenter  J’apprécie          70
Les identités remarquables

«Tu vas mourir, aujourd’hui, et tu ne le sais pas encore. Le sauras-tu jamais, même à l’ultime instant ?»



Le troisième roman de Sébastien Lapaque (2009, Actes Sud) débute ainsi, chronique de la mort annoncée d’un jeune homme anonyme. Cet homme, enrichi depuis la disparition tragique de ses parents, a fui Paris pour le Sud de la France. Là, il enseigne l’anglais et mène depuis cinq ans une vie distanciée, loin des passions et de l’ombre d’une famille marquée par des drames obscurs et des colères anciennes.



Dans sa vie étiolée, insouciante de cette issue annoncée à la cause mystérieuse, il côtoie les autres sans s’attacher, même aux femmes, qui semblent belles et vivantes, prêtes au mouvement, telle Caroline, la petite marchande de jouets aux yeux grands ouverts et au corps magnifique, avide de découvrir le monde au-delà du Sud-ouest où elle a grandi, rêvant de vivre à Paris avec cet homme sans qualités. Un des seuls points d’attache du héros est son ami Laroque, un professeur de philosophie qui aime les grandes phrases et le langage cru, écrivain en devenir, obstiné malgré la déception constante qui l’atteint lorsqu’il se relit.



Au fil de ce roman aux faux airs policiers, la chronique familiale se dévoile par morceaux, l’insoutenable aversion et la violence des oncles, groupe de brutes viriles imbibées d’eau de vie et de valeurs martiales, envers un père trop pacifiste, et la menace d’un désir de vengeance radical se précise.



Ce récit laissera sans doute une trace évanescente - à l’image de son héros détaché de la vie et de la mort, et qui laisse s’éloigner ces réalités qu’il a follement «aimées sous les tours des roues dentées du temps» -, mais il est le miroir des difficultés de s’attacher à une vie souvent peu remarquable dans une époque mutante et un monde dévasté, le miroir des regrets pour un monde qui s’en va, malgré l’art de vivre - une des scènes les plus marquantes est celle où le héros cuisine un poulet de ferme en buvant un vin espagnol en compagnie de Laroque -, et où la fin de vie de ce fantôme d’encre et de papier ne s’avère finalement que très accessoire.



«Aujourd'hui la guerre est loin et rien ne peut t'arracher à ta félicité. Tu songes à la chance que tu as dans l'instant, sans prétendre contester quoi que ce soit au destin. C'est drôle, cette capacité soudaine de se tenir le plus loin possible de la réalité. Tu sens quelque chose de régulier et de doux vibrer en toi. Tu penses aux amoureux partout dans le monde, à leurs bouches tendres, aux citronniers aux fruits acides, aux chants des fauvettes, aux bois d’oliviers de Rhodes qui t’attendent cet été. Le monde tel qu’il ne va pas ne te tourmente plus, tu serais plutôt porté à en rire. Il te suffit d’observer les panneaux publicitaires : les visages des femmes sont radieux en surface, mais grimacent sous le masque du bonheur parfait.»

Commenter  J’apprécie          70
Théorie de Rio de Janeiro

«Pourquoi l’impression, qui remontait à son premier voyage au Brésil, s’obstinait-elle en lui de connaître cette ville depuis toujours ?»



Familier du Brésil, sujet de trois de ses précédents livres dont «La convergence des alizés» paru en 2012, Sébastien Lapaque nous offre cent pages de bonheur consacrées à Rio de Janeiro ; il raconte en flânant une ville toujours irrationnelle et poétique, partiellement insoumise, pour un moment encore, au divertissement et à l’empire de la marchandise.



Sa théorie prend la ville à revers des itinéraires des touristes, retournant inlassablement dans des lieux aimés que ceux-ci ignorent. Sébastien Lapaque passe ses journées à se promener seul, et «plonge dans l’estomac de Rio comme Jonas dans celui de la baleine», collectionnant les images et bien sûr les cartes postales. À travers les balades, l’évocation des innombrables statues parsemées dans la ville, de la musique et de la peinture, les témoignages des écrivains occidentaux qui furent fascinés par la ville, il fait palpiter les veines de cet organisme vivant qu’est Rio de Janeiro, dans un texte qui contient la désinvolture du carioca et la fantaisie, l’imagination, l’érudition et la culture populaire.



«Apprendre à regarder une ville : ses photographes ; apprendre à l’écouter : ses musiciens ; apprendre à l’aimer : ses habitants. Et s’y perdre enfin : ses poètes.»



On plonge dans cette rêverie teintée de beauté et de nostalgie, pour visiter les lieux où les temps anciens sont encore palpables, une plage isolée qui rappelle le Brésil avant l’arrivée des Européens ou au tournant du XXe siècle, lorsque Marc Ferrez photographiait une baie de Rio encore presque vierge de constructions, pour entendre Claude Lévi-Strauss, qui, débarquant en 1935, compare, désenchanté, le relief de la baie de Rio à l’intérieur d’une bouche édentée, pour rêver avec l’auteur de ce Brésil émancipé des pesanteurs et douleurs de l’Europe des années vingt jusqu’à 1964, se construisant un avenir divergent de la «civilisation» du monde occidental, pour en arpenter inlassablement les traces avant qu’elles ne soient totalement effacées, et, s’éloignant du centre de gravité de la ville, pour ressentir la profonde tristesse de la disparition en visitant la maison de Petrópolis où Stefan Zweig se donna la mort en février 1942.



«En 1924, 1926 et 1927, Blaise Cendrars visita à trois reprises le Brésil. Ebloui par les lumières de Rio, "la métropole la mieux éclairée du monde [...] la seule grande ville de l'univers où le seul fait même d'exister est un véritable bonheur", l'écrivain né en Suisse et devenu français après s'être engagé dans la Légion étrangère durant la Première Guerre mondiale en revint mordu jusqu'à la fin de ses jours.»



Flâneur selon la phrase de Walter Benjamin indiquée en épigraphe, «S'égarer dans une ville comme on s'égare dans une forêt demande toute une éducation », Sébastien Lapaque fait éclore un portrait de Rio aux multiples fragments dans lequel on rêve de se perdre.

Commenter  J’apprécie          72
Ce monde est tellement beau

mon opinion sur ce livre a beaucoup varié; j'avais d'abord (mauvaise idée) publié une critique très favorable avant de l'avoir terminé. Aprés achèvement de ma lecture, mon opinion s'était modifiée en fonction de mes covictions de l'époque, et qu(y avais substitué une commentaire relativement féroce; ensuite ma sensibilité religieuse a évolué (ce la arrive quand on est en recherche) et j'ai réévalué le livre; d'où cette nouvelle critique qui remplace les précédentes. Peut-être devrais je relire? Gare à la quatrième critique!

Le livre est la récit des deux épiphanies successives que vit le narrateur.

La première est la révélation de ce qu'il appelle l'Immonde, et qu'il connaissait, bien sûr, déjà sans l'avoir nommé, puisque c'est le monde où nous vivons, notre Brave New World libéral et mondialisé, matérialiste, désacralisé, où il ne s'était jamais senti l'aise

. Je me rallie pleinement à ce qu'il en dit beaucoup mieux que je ne saurais le faire, et à quoi je n'ai ni à ajouter ni à retrancher.

C'est cette partie du livre que je préfère.

Cela le conduit au désespoir.

La deuxième épiphanie, c'est son Chemin de Damas personnel, la rencontre de Dieu, du Dieu de la Bible, solution et principe universel. C'est un privilège dont j'aimerais bien bénéficier.

Je suis de culture catholique, j'ai été élevé dans cette religion, je l'ai pratiqué un certain temps tout en souhaitant croire, me disant comme Pascal :: Faîtes les gestes de la foi, ét vous croirez". Efficacité moyenne hélas. Mais j'essaie à nouveau. Et Je fais aussi partie de ces catholiques honnis par l'auteur qui voient d'abord dans le catholicisme une part de leur identité culturelle, presque charnelle, sans parler de la beauté des édifices et des rites, et qui mériteraient un peu plus de charité de la part de l'auteur, dont la position élitiste m'insupporte . Le Christ était aussi venu pour les Gentils.

L'auteur trouve peut-être Pascal encore bien bon avec nous ! Il me permet encore de rechercher la foi de la seule manière qui me soit ouverte, rt peut-être de la trouver.

Mais pas du tout, me dit Lapaque. Ça ne marchera pas si vous n'avez pas la grâce, si vous la voulez, priez pour l'avoir

Ça, cher Monsieur Lapaque, ce n'est pas du catholicisme mais du calvinisme, il faudrait réviser un peu votre théologie.

Même si Pascal, janséniste, est donc un crypto-calviniste; moi, je suis franchement du côté du Père Molina, S.J.

En tout cas Lapaque n'est pas très encourageant pour celui qui vacille sur la bordure de l'agnosticisme.

Mais le narrateur trouve tout ce qu'il lui faut grâce à...tant pis, soyons francs: une belle bande d'allumes.

Alors j'admets très bien qu'il y a des gens qui fonctionnent comme ça. Mais ce chemin ne m'est pas ouvert

Et mon Dieu ne saurait être celui d'Abraham et de l'Ancien testament, auquel je ne sauais adhérer en bloc, pour des raisons trop longues à expliquer ici.

Et certains propos et certaines idées me choquent ou me heurte

Ainsi le narrateur ressemble un peu trop au Des Esseintes de Huysmans dans "Là-Bas" et les croyants qui l'accompagnent dans son cheminement semblent eux aussi échappés de ce livre, et me semblent un peu trop parfaits, ou un trop allumés.

Et dans ce livre, on aime un peu trop le Moyen-Age qui fait aujourd'hui l'objet de réhabilitations excessives.

Sur un autre plan, je ne supporterai jamais cette éternelle et vaine tentative de justifier le mal par la liberté! La liberté peut justifier le mal agi, celui du bourreau, mais pas le mal subi, celui de la victime, dont on fait bon marché de la liberté. Et pas plus le mal impersonnel, celui de la maladie ou de l'accident. Alors? Alors c'est un mystère et il faut renoncer à l'expliquer, et surtout à le justifier en ce monde.

Ou encore, lors de la mort de Saint-Roy, ce personnage christique au nom transparent ( on peine d'ailleurs à voir ce qu'il a de si remarquable), cette affirmation que sa mort dans un accident de la route n'est pas absurde puisque sa vie ne l'a pas été. C'est un sophisme évident, et Il implique la proposition Implicite selon laquelle la mort fait partie de la vie, alors qu'elle en est l'opposé et la négation de la vie, que cela me rappelle le "Viva la muerte" du général franquiste Milan ASTRAY, et ce qu'Unanumo lui a répondu. Le Christ n'a jamsi loué ou justifié la mort, au contraire puisqu'il a promis la vie.

Curieusement, on trouve dans la partie "bretonne" du roman, notamment dans le chapitre "il n'y a pas de mauvaise herbe" une exaltation quasi-dyonisiaque de la nature. Là c'est assez beau, même si les frères bretons le sont un peu trop.

On voit mal cependant comment cette vision peut se concilier avec le culte du Dieu Jaloux de l'Ancien Testament, qui a au surplus institué l'homme maître et possesseur de la nature, (ce qui est une conception qui se défend et a le mérite d'être au rebours de celles des animalistes (que je me suis payé s par ailleurs et dont les conceptions répugnantes rejoignent les projets tout aussi répugnants des trans -humanistes,,) )mais est difficilement compatible avec les idées sur la nature exprimées ici , auxquelles d'ailleurs, n'étant pas à une contradiction près, je ne suis pas loin d'adhérer.

Côté qualités, c'est bien écrit et d'un intérêt soutenu. Et les écrivains qui osent encore défendre le catholicisme ne sont pas si nombreux.

En me relisant, je m'aperçois que, sur le fonds, j'ai surtout étoffé par ma chronique, et ne l'ai modifié qu'en adoptant un point de vue plus proche de la foi, mais ne suis guère plus aimable pour l'auteur.

Commenter  J’apprécie          60
Mythologie française

”Puis le ciel de Paris, à nouveau, les marronniers en fleurs de l'avenue Gabriel, les motifs de la nuit, se colorant de bleu, la rue de Rivoli, le claquement sec des talons sur les dalles usées, Jean-Joseph et Christina à ses côtés – à son bras, il aimerait bien, c'est elle qui ne veut pas.”



La plume de Sébastien Lapaque, ce doux recès qui fait du bien à l’âme. Douze nouvelles à l’écriture élégante et poétique. Une douceur, une langueur et d’un coup le tranchant d’un mot, d’une situation.



Accordez-vous trois heures de beauté en compagnie de la langue française, notre héritage, ici magnifié.






Lien : https://www.quidhodieagisti...
Commenter  J’apprécie          62
Ce monde est tellement beau

Ce livre est un livre difficile.

Difficile pour l'auteur, qui s'est lancé dans le récit d'un itinéraire spirituel, qui me parait au final assez crédible. Cet itinéraire rejoindra certains, quand d'autres ne seront pas du tout touchés (ce qui constitue un premier élément de crédibilité). Saluons l'audace du thème, qui n'est guère courant à notre époque qui préfère l'émotionnel et le superficiel aux thématiques spirituelles.

Saluons aussi un style assez précis, avec quelques pages magnifiques, notamment les toutes premières.

Mais le livre est difficile aussi, hélas, pour le lecteur. Il reste très cérébral et manque de souffle, si bien que j'ai pu avoir parfois le sentiment d'étouffer, notamment dans la dernière partie. Rien de bloquant cependant pour un lecteur qui recherche un peu de réflexion.

Pour terminer cette critique, j'ajouterais que le principal intérêt du livre demeure dans la colère qu'il porte et qui n'est pas sans rappeler Bernanos. Comme toute colère, celle-ci vise parfois juste, mais parait aussi parfois excessive voire injuste. Elle nous bouscule, nous dérange, nous horripile, mais ne laisse pas franchement indifférent.

Je ne conseillerai ce livre qu'à des personnes qui aiment réfléchir et qui s'intéresse à la diversité des itinéraires intérieurs. Je parle de diversité, car il me parait moins universel dans son approche que d'autres romans qui ont exploré cette veine (on pense à Dostoïevski, à Bernanos...). Un certain type de lecteurs appréciera à sa juste valeur ce livre qui sort vraiment de l'ordinaire.

Commenter  J’apprécie          60
Théorie de Rio de Janeiro

Avant d’être écrites, les pages de cet opuscule (105 pages) ont été pensées au fil de ceraines lectures et lors de plusieurs voyages dans la ville la plus célèbre du Brésil. Quel que soit leur intérêt, Sébastien Lapaque aime raconter les affaires des Cariocas. Leurs origines (le peuple portugais, « un peuple de semeurs et non de carreleurs »), leurs histoires, leurs religions, leur musique, leur folklore, leurs arts, tout cela passionne l’intellectuel français comme s’ils étaient des éléments de sa propre culture. Et puis comment ne pas nourrir un intérêt très vif pour une ville à la mythologie si ancrée dans l’inconscient collectif européen ? Une ville au centre de l’ « Orfeu Negro » de Marcel Camus, palme d’or à Cannes en 1959 ? Une ville où l’école de Mangueira fait danser le cortège du carnaval ? Une ville où Antônio Carlos Brasileiro de Almeida Jobim composa les plus belles bossas novas ? Une ville à laquelle Walt Disney consacra un dessin animé en 1944 ?

Mais Sébastien Lapaque nous propose, grâce à son érudition, de dépasser certains stéréotypes liés aux cultures brésiliennes ; au-delà de Carmen Miranda chantant « la Chupeta », des favelas surpeuplées ou des athlètes en blanc pratiquant la capoeira, il existe tout un patrimoine d’écrivains, de poètes, de musiciens, d’artistes et de bâtisseurs. Mais surtout Rio de Janeiro est avant tout, et surtout, une population cosmopolite, issue de tant d’influences, aussi bien lusitaines qu’africaines. Et là réside la grande réussite de ce texte : il parvient à parler d’urbanisme avec humour, d’histoire avec sérieux mais sans aridité, d’Oscar Niemeyer sans flagornerie mais avec justesse. Seul bémol : le texte ne peut se lire d’une seule traite, d’où une structure plutôt bienvenue en chapitres courts permettant de laisser le livre, puis d’y revenir ensuite. Je ne suis pas un spécialiste du Brésil, loin de là, et de Rio de Janeiro encore moins : je ne parle, ni ne lis le portugais, sans parler des différences idiomatiques en brésilien contemporain ; je découvre le pays et ses villes à travers mes lectures et mes échanges épistolaires, si bien que je serais prétentieux de juger la valeur de ces informations mais elles me semblent un excellent préambule à d’autres lectures. Mais faut-il connaître toute une culture pour apprécier les hommes qui la nourrissent ? En vérité, je me suis comporté en honnête Européen : je ne savais rien et un autre Européen allait m’en dire plus. Ce fut une réussite !
Commenter  J’apprécie          60
Autrement et encore

Critique de Marie Fouquet pour le Magazine Littéraire



Alors que le journaliste s'apparente parfois à un réducteur de plumes, comme en témoigne la multiplication d'articles courts, Sébastien Lapaque, critique littéraire au Figaro et auteur de nombreux livres (Les Barricades mystérieuses, Georges Bernanos encore une fois), renoue brillamment avec la longueur, sous la forme d'un journal extime où sont livrées réflexions, anecdotes et références autour de notre époque. Autrement et encore, qui fait suite à son journal de l'année 2009 Au hasard et souvent, offre une chronique des années 2010 à 2012. De la critique féroce du processus d'identification génétique promu par le gouvernement d'alors, aux personnalités littéraires plus ou moins contemporaines en passant par le match de rugby Écosse-France, Sébastien Lapaque évoque tous les domaines, dans une écriture à la fois libre et vive. Introduits par une citation, les textes balancent entre faits du présent et rappels du passé. Témoin éclairé par l'expérience de nos aïeux, l'écrivain reste généralement sombre quant à l'actualité, mais fait preuve d'un enthousiasme affiché pour les événements qui la précèdent. Tout était-il mieux avant ?

Commenter  J’apprécie          60
Les identités remarquables

Il faut l'avouer, j'ai jadis rencontré Sébastien Lapaque en Grèce, à Athènes. Je l'avais trouvé suffisant, mais bon c'était sans doute normal, il était (est toujours) journaliste au Figaro, et ce piedestal lui autorisait sûrement et sereinement une morgue.

Néanmoins, je ne suis pas là pour juger les livres à l'aune de leurs auteurs, comme jadis Sainte-Beuve avec le résultat que l'on sait.



Le héros de ce roman a 36 ans, est professeur d'anglais à Bayonne, a un ami Laroque, sympathique professeur de philosophie, une petite amie, marchande de jouets, Caroline.

Ses parents ont péri dans l'incendie de leur appartement du quartier de l'Observatoire à Paris. Sa mère était nettement plus âgée que son père, et une ombre a voilé cette union. Profiteur ou paresseux, le héros n'a pas voulu connaître le secret de sa naissance.



Parallèlement, une femme, mademoiselle Mystère et son frère, Olivier veulent se venger de lui. Pourquoi ? Comment ?



A force d'égrener les tares des familles bourgeoises, Sébastien Lapaque largue un peu son lecteur. C'est rempli de lieux communs, de secrets aussi pesants qu'un gâteau dominical. C'est parfois même un peu prétentieux lorsque Lapaque, par le biais de son héros, étale ses références littéraires, cuturelles, audiovisuelles,....



Pourtant, le style est honnête, il y a des phrases heureuses, une petite musique Lapaque très douce à l'oreille et alerte, mais l'inspection du nombril est une tare trop actuelle, trop française et bien ancrée.



Allez, c'est tout de même le livre d'un auteur, Sébastien Lapaque et malgré mon propos critique, je suis persuadé qu'il a du talent.


Lien : http://livrespourvous.center..
Commenter  J’apprécie          60




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Sébastien Lapaque (487)Voir plus

Quiz Voir plus

Le Col des Milles Larmes

Comment se nomme l'héroïne du livre ?

Bumbaj
Daala
Galshan
Ryham

4 questions
90 lecteurs ont répondu
Thème : Xavier-Laurent PetitCréer un quiz sur cet auteur

{* *}