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Critiques de Sébastien Vidal (128)
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De neige et de vent

La masse critique privilégiée de Babelio, c'est une belle opportunité de lire un livre très récent -- celui-ci a été imprimé en mars 2024 -- mais surtout de tomber sur ce que certains lecteurs appellent des pépites et c'est bien le cas de ce polar en huis clos où le suspense pousse le lecteur à tourner très vite les pages. Je remercie donc Babelio pour cette sélection, les éditions Le mot et le reste qui m'ont envoyé le livre et Sébastien Vidal d'avoir écrit un si roman d'une telle qualité.



De neige et de vent déroule tous les fils de ce qui est apprécié dans une lecture où peuvent être satisfaits ceux qui aiment la montagne et la nature, l'intrigue policière qui va ici s'exacerber de manière inattendue, les douleurs et doutes de l'existence, le bien et le mal, la bêtise humaine qui se décuple lorsqu'elle est portée en groupe.



Je pense qu'il ne faut rien dire de l'histoire hormis ce qu'en livre la quatrième de couverture que chacun peut choisir de lire ou non, donc pas de développement de ma part dans ce commentaire.



C'est donc un roman dans lequel de très fortes personnalités vont s'exprimer, des plus douteuses suivre le mouvement de la masse, d'autres plus isolés se démarquer d'une violence injustifiée. Ce texte est porteur d'analyses sociétales assez classiques avec l'ordre déboussolé, les marginaux dangereux uniquement dans l'imagination des bien pensants, l'honneur, les blessures physiques et morales, tous les protagonistes dévoilant peu à peu nombre de secrets, le plus tragique sans doute dévoilé à la toute fin.



C'est aussi un vrai roman de nature writing avec des références au Montana, au Wyoming, à des écrivains comme Richard Wagamese qui est cité par Sébastien Vidal, mais aussi le héros des livres de Craig Johnson non cité mais que ses fans reconnaîtront. Toutes les descriptions de cet enferment montagnard de l'hiver en montagne, le blizzard, l'avalanche contribuent à renforcer l'atmosphère saisissante de ce très beau roman.
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Où reposent nos ombres

Août 1987, en Haute-Corrèze. Le mois d'août, leurs parents ayant tous pris leurs congés en juillet, est, sans nul doute, la promesse de bons moments à venir. Entre partie de pêche, visionnage de films, virées à vélo, soirées à la belle étoile… La bande des yeux marron, comme ils se sont surnommés, ne va pas se quitter jusqu'à la rentrée au lycée. Pour fuir les parisiens trop envahissants et la piscine et le plan d'eau bondés, Johanna, Franck, Vincent et Christophe se retrouvent dans la forêt, près de leur arbre majestueux qu'ils ont découvert l'été précédent. C'est sur le chemin du retour, s'étant un peu perdus, qu'ils découvrent, depuis une colline boisée, un étang. Tout autour, des arbres et même, sur la droite, une sorte de petite plage coincée entre l'eau et quatre énormes rochers plats. Non loin, une cabane qu'ils savent habitée par l'Indien, que le village trouve étrange et parfois inquiétant. Pourtant, lorsque celui-ci les surprend en pleine baignade, il leur propose de venir ici aussi souvent qu'ils le veulent, à condition de ne parler à personne de cet endroit. Après avoir fait connaissance avec lui et bu un verre ensemble, le rendez-vous est pris pour le lendemain, à Calicoba Beach comme ils surnommeront ce lieu paisible, un peu paradisiaque, qui sera témoin de rires, de bonheur mais aussi de drames…

Loin d'ici, en région parisienne, un braquage tourne au drame lorsqu'un convoyeur de fonds est tué. Les deux braqueurs, Jacques et Antonio, n'ont qu'une hâte : fuir à tout prix...



Trente-trois ans plus tard, Christophe, le narrateur, revient sur les lieux de son adolescence, à Calicoba Beach, et se rappelle les événements tragiques qui ont terni cet été-là et qui ont, à tout jamais, bousculé et marqué les quatre amis. Quatre amis inséparables durant cet été lumineux et suffocant, durant ces jours d'insouciance, de légèreté et d'innocence, de bonheur partagé et de joie simple… jusqu'à ce que certains adultes viennent assombrir, de par leurs mots et leurs gestes, cette innocence. En parallèle, l'on suit la cavale de deux braqueurs qui, sous leurs airs de durs à cuire, se révèlent peu à peu, notamment Jacques dont la haine de son prochain cache un lourd secret. En attendant que leurs chemins à tous se croisent, l'on se délecte des moments passés avec Johanna, Franck, Christophe et Vincent. Leurs émois, leurs chagrins, leur amitié indéfectible, leurs éclats de rire et de colère, leur rencontre avec l'Indien… Sébastien Vidal dépeint tous ces instants suspendus avec une infinie tendresse et délicatesse et donne vie et âme à ces adolescents. Sa plume, tellurique, poétique, habitée, envolée, décrit à merveille les émotions et les émois, cette nature protectrice ainsi que l'ombre et la lumière qui cohabitent en chaque homme.

Un roman envoûtant, à la fois sombre et lumineux...
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Akowapa

C'est avec beaucoup de plaisir que je viens de terminer le dernier roman de Sébastien Vidal , un polar bien noir qui va nous conduire en Haute -Corrèze, là où explose une végétation luxuriante , là où la civilisation de la consommation à outrance semble ne jamais pouvoir s'imposer, là où règne une sérénité propice à la méditation , une oasis dans un monde bien violent, bien dangereux . Là haut, sur le plateau, il ne se passe jamais rien , la vie s'écoule en toute quiétude. Alors , c'est vrai,quand un fourgon transporteur de fonds vient à y circuler , c'est qu'il se passe quelque chose , quelque chose de pas normal , quelque chose d'inquiétant. Et c'est le début d'une histoire qui va nous conduire auprès de gens dont la vie se trouve soudain bouleversée, de gens dont la nature profonde va ressurgir, exacerbée par les évènements.

Sébastien Vidal est un gentil: ses descriptions de la nature sont sublimes et servent à merveille une intrigue qui est de bonne facture , même si plus en accord avec un banditisme un peu tombé en désuétude, un banditisme "à la papa", un banditisme à la Lino Ventura, je ne dis pas cela au hasard .Sebastien Vidal est un gentil :on ne naît pas truand, on le devient à cause d'une société inhumaine et impitoyable qui transforme les plus malchanceux. Sebastien Vidal est un gentil , les méchants sont punis. Sebastien Vidal est un gentil qui sait observer le monde, observer les hommes , faire vivre des personnages qui pourraient être chacun d'entre nous. Enfin,Sébastien Vidal sait écrire , a une grande culture dans de nombreux domaines et sait parsemer son récit de moultes réflexions personnelles sur la société .

J'ai beaucoup aimé ce polar noir qui m'a conduit dans une région âpre, dure mais si belle. Une région dont seul un amoureux peut savoir aussi bien décrire la beauté. Un ambassadeur de charme .

Allez en Haute-Corrèze. Paix, calme, repos, zénitude assurés. ..sauf si vous croisez un transporteur de fonds.Là ,méfiez vous...mais vous ne risquez pas grand chose , personne n'en a jamais vu...avant Sébastien Vidal.
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Ça restera comme une lumière

Ce fut une magnifique histoire d’amitié. Une amitié comme celle que l’on voudrait vivre, comme si, dès le premier regard, la première parole échangée, un fil invisible n’attend plus qu’une brise pour se poser délicatement sur le front.

Henri est sculpteur-ferronnier dans la ferme héritée de ses parents. La soixantaine bien trempée, il vit seul après le terrible drame qui a coûté la vie à son épouse Claire, et une brouille avec sa fille unique, Emma, dont la colère est aussi lourde que le secret qu’elle porte.

Josselin revient de la guerre, un œil en moins, le traumatisme de la perte d’un ami, et ses illusions perdues sur le métier de militaire et le bien-fondé de l’implication de la France à s’ingérer dans les affaires de tel pays plutôt qu’un autre.

Le hasard fera bien les choses pour ces deux âmes en peine, cherchant à se reconstruire. Les souvenirs de l’été 2007 guideront les pas de Josselin dans ce village des Aulnes et qui sait, renouer avec ses amis d’alors. Mais 12 ans ont passé et le village surplombé d’une colline, n’est plus que l’ombre de lui-même. Le patron de la seule usine de la région toise, du haut de ses hauteurs, les habitants, les broyant dans ses mains.



J’ai trouvé ce livre magnifique pour tout ce qu’il véhicule. Une très belle histoire dans laquelle s’immergent avec brio vengeance, résilience, écriture et sculpture. La psychologie des personnages est fouillée juste ce qu’il faut pour s’y attacher profondément. D’ailleurs, cela m’a fait un drôle d’effet lorsque Henri et Josselin sont nommés, vers la fin, «l’ancien » et « le militaire », comme si l’auteur ne les reconnaissaient plus après qu’ils aient franchi la ligne rouge.



L’amour de la terre et son pays y est grandement valorisé, malgré une mort sociale qui s’annonce inévitable devant la cupidité, les magouilles et les chantages.



C’est un livre de combats. Combat pour la vie, pour la justice, pour la création. Parce que la création, il y est aussi beaucoup question. Les œuvres d’art d’Henri sont, bien entendu un prolongement de lui-même, une technique que l’on apprend au fil des pages, mais aussi une réalisation de soi qui ne cesse de se développer au fur et à mesure des années qui passent. Et quand le moment arrive, mais pas avant, la transmission du savoir en devient l’aboutissement.



Ce livre a beaucoup d’attraits et plairait à un large public. J’ai passé, en compagnie de Henri, Josselin, Emma et Martin, Claire, et les méchants aussi, une journée fort agréable.



Merci à Babelio et aux Editions Le mot et le reste, pour la découverte de cet auteur !
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De neige et de vent

Un voyageur et son chien. Deux gendarmes. Un village perdu à la frontière franco-italienne. Le corps d’une adolescente découverte par le garde champêtre. Un drame qui va faire basculer le village de Tordinona dans une violence extraordinaire.

Pour ce village isolé, peu habitué à voir des étrangers, le coupable est tout trouvé : il s’agit du voyageur basané. D’autant que le père de la victime est le maire de la commune. Un colosse de près de deux mètres qui a bien l’intention de rendre la justice à sa manière, aidé dans ses œuvres par sa fidèle escouade de chasseurs et d’employés fidèles. Il s’en est effectivement fallu de peu que Victor se retrouve pendu au bout d’une corde. Heureusement pour lui, Marcus et Nadia, les deux gendarmes, sont intervenus à temps. Mais le maire a bien l’intention de ne pas en rester là, quitte à considérer les deux militaires comme de simples dégâts collatéraux. Compte tenu de la météo défavorable et d’une avalanche qui a bloqué l’accès au village, la seule solution pour le trio afin de se protéger de ces hommes armés et déterminés, est de se barricader dans la mairie en attendant que l’orage passe. Ils ne sont malheureusement pas au bout de leur peine.



Je découvre avec un plaisir non dissimulé cette nouvelle plume qui vient d’être récompensée par le Prix Landerneau Polar 2024. Le corrézien fait mouche avec ce roman parfaitement calibré qui allie un scénario sans faute nous réservant son lot de rebondissements avec une atmosphère angoissante accentuée par cette neige omniprésente qui change les repères et vient à couper du monde ce village. Cette neige et ce vent impétueux qui apportent le chaos climatique alors qu’un esprit de vendetta a déjà gagné les hommes du village. Capables des pires extrémités en toute impunité dans cet univers en forme de huis clos.

L’auteur montre ainsi les dégâts de l’intolérance dans un milieu refermé sur lui-même. La haine qui gagne sur la raison même si l’auteur nous réserve quelques ( belles) surprises en forme de contre pied à cette masse agissante et rugissante sous l’emprise d’un homme qui a perdu tout discernement. Comme si le Bien ne pouvait que vaincre le Mal au final.

Je recommande .



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Ça restera comme une lumière

Ce roman noir de Sébastien Vidal nous emporte en Corrèze, dans la petite commune de Missoulat où Josselin tente de se reconstruire. Soldat, il a perdu beaucoup à la guerre : son meilleur ami tombé au combat, son œil et ses idéaux quant au rôle de l'armée française. Il souffre d'ailleurs d'un syndrome post-traumatique lui procurant des crises d'angoisse très violentes.



Suite à un accrochage avec un cerf, il rencontre Henri, sculpteur forgeron, qui très vite l'accueille dans sa maison perdue dans les bois. Un amitié quasi immédiate naît entre le vieil homme et le jeune militaire.



Le silence et le travail répétitif de la forge apportent calme et sérénité au jeune homme qui est venu à Missoulat par nostalgie, car il y a passé l'un de ses meilleurs étés en compagnie de trois amis, dont la charmante Emma, alors qu'il était ado. Il va d'ailleurs aller à leur rencontre et les revoir après 12 ans d'absence.



Venu chercher le calme, il se retrouve confronté à des conflits impliquant Henri et un homme d'affaire puissant, qui détient la ville et embauche la majorité des habitants. Petit à petit, la tension monte. Par amitié, Josselin reste pour aider Henri. Magouilles, conflits d'intérêt, rien de bien joli joli et personne n'est épargné, même ceux que l'on ne soupçonne pas.



J'ai aimé ce roman noir qui laisse la part belle à la nature. Cette terre inhospitalière est ici source de conflit et ne se laisse pas facilement apprivoiser. le dôme qui surplombe Missoulat ainsi que sa rivière toxique et sa tourbière deviennent des personnages à part entière. Et le Biscayou souffle toujours sur ces hommes et leurs drames.



L'intrigue est plutôt classique mais bien menée et les personnages finement dépeints. J'ai juste trouvé quelques longueurs et les scènes d'artisanat m'ont lassée. L'écriture est belle mais un peu trop sérieuse et précieuse à mon goût. Mais ça reste un beau roman sur l'amitié, la création et sur l'amour de la terre et du métier.



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Où reposent nos ombres

Haute Corrèze, vacances d'été, 1987. Une bande de 4 jeunes de 15 et 16 ans, amis depuis l'enfance, passent leurs vacances à s'amuser, à rouler à vélo, à jouer aux cartes, bref la belle vie, le genre de vacances et de potes dont on a toujours rêvé.



Le soleil est au rendez-vous (chanceux !) et cette petite bande bien sympathique tombe sur un lac tranquille, dans la forêt, bref, LE spot dont tous les gamins auraient rêvé d'avoir pour passer leurs vacances d'été.



Ce roman avait tout pour me plaire. Même si j'avais un peu peur de comment l'auteur allait mettre en scène cette bande de gamins. le King est un champion dans le genre (ÇA) et je n'ai pas été déçue du travail de Sébastien Vidal !



Sa bande était réaliste, sympathique et j'ai pris un plaisir fou à me replonger dans les années 87, que je connais bien, puisque j'étais jeune aussi, à cette époque (plus jeune que les gamins du roman). Nos quatre ados vont faire une rencontre qui va être importante, dans leur vie… Ce sera un beau deal, de beaux échanges.



L'écriture est belle, poétique, brillante, sans pour autant que l'auteur en fasse des caisses ou surjoue avec les émotions, les émois et les emmerdes qui peuvent arriver, dans la vie d'ados, dont certains parents sont… des enfoirés de première !



Dans ce roman rural, il y aura une alternance de chapitres : la bande de jeunes et les deux braqueurs en cavale. On se doute qu'à un moment donné, les deux récits vont se télescoper et passé la moitié du récit, je croisais les doigts pour que les deux histoires restent en parallèle et que jamais elles ne se croisent…



Entre nous, on se serait bien passé du récit des deux braqueurs en cavale, qui sèment des morts sur leur passage et dont l'un des deux pète un câble, prenant plaisir à tuer. Si au début, leur cavale ne manquait pas de rythme, à la fin, elle a fini par me lasser et je n'attendais qu'une seule chose : que quelqu'un leur fasse la peau, flic, voyou ou simple quidam.



Pour moi, dans ce roman magnifique, l'histoire avec les ados se suffisait à elle-même, fallait pas aller chercher autre chose, car ces récits de cavale, ça a tiré le roman vers le bas et sans cela, c'était le coup de coeur.



Toute leur violence a fini par me lasser, par me débecter et le final, bien qu'inattendu, m'a tué, à cause d'un geste irréparable qui a été commis par l'auteur (au travers d'un des personnages), donnant lieu à une perte (non, pas celle d'un chien ou d'un chat)… Argh, là, il n'aurait pas dû… Nous ne saurons jamais ce qu'en a pensé l'instigatrice de ce bon plan, devant le chaos qui en a résulté.



Si je devais me positionner par rapport au récit des gamins, c'est un coup de coeur véritable, une tornade d'émotions. Pour le récit des braqueurs, à partir d'un moment, cela devient redondant, et j'ai bien eu envie de zapper leurs chapitres (ce que je n'ai pas fait, mais j'étais à ça).



Un très bon roman rural, noir, malgré les vacances, le soleil, les copains, un spot génial pour passer du bon temps… Des vacances qui les marqueront à jamais et qui signifiera la fin de l'insouciance, de l'innocente, de la belle vie.



Bien que nous soyons dans un village, loin de l'agitation des grandes villes, dans ces jolies maisons, il peut aussi se passer des horreurs et l'on n'imagine pas la facilité avec laquelle les crimes peuvent s'y commettre, en toute impunité, les voisins restant des témoins silencieux.



Un très bon roman qui parle du Mal qui rôde partout, parfois plus proche qu'on le pense et que les attaques peuvent venir d'une personne de confiance (et non pas d'un étranger)… Une très belle lecture, remplie d'émotions, belles et douloureuses. Une bande de copains qui va rester longtemps dans ma tête.


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Carajuru

Non, "Carajuru" n’est pas le nouveau juron de Prunelle. Non, il n’a pas remplacé son terrible "Rogntudju" par un autre. Carajuru, c’est juste le titre de ce roman policier.



Et si vous voulez savoir ce que ça veut dire, soit vous achetez le roman et vous le lisez, soit vous demandez à Google, cet ami qui ne vous veut pas que du bien.



Bal tragique à Artiges (petit bled paumé) : un mort. Une balle au milieu du front. Suicide or not suicide ?



C’est ce que vont devoir résoudre l’équipe de gendarmes de l’adjudant, non pas Ludovic Cruchot, mais Walter Brewski.



Alors pour commencer, je vais vous dire ce qui m’a plu dans ce policier : les allusions à la chose de mai 2005. Pas mai 69 ! Mai 2005… Et l’auteur nous donnera la version de tous les protagonistes : les deux gendarmes, le clodo, la femme aux gros nibards, le libraire et les deux… [No spolier]



J’ai apprécié aussi entrer dans le monde différent des gendarmes, ces militaires qui n’en sont pas vraiment. Ça me change des flics traditionnels. La brève incursion dans la Grande Muette m’a fait plaisir aussi. Même si elle est assez brève.



Walt Brewski est un gendarme qui m’a plu, il se fout de sa carrière, ne lèche pas les bottes des supérieurs, s’investit dans son job, n’est pas un crétin fini, déteste les arrivistes et les carriéristes, ça tombe bien, moi aussi !



Ce ne sera jamais mon flic préféré, mais je ne dirais pas non à boire un kawa en sa compagnie, ou à lire sa première enquête qui porte aussi un titre bizarre ressemblant à un cri d’Indien en train de charger la cavalerie de Custer.



Là où j’ai souri de toutes mes dents, c’est lorsque nos gendarmes boivent un café avec un vieux paysan et que celui-ci leur parle du piège que l’Europe a tendu aux agriculteurs. Moment de suprême plaisir car cet homme a résumé tout le bordel en peu de mots.



Bon, passons à ce qui m’a dérangé, ou du moins, ce dont on aurait pu se passer, ou ce qui aurait pu être moins présent dans le récit…



Tout d’abord, les nombreux rêves sexuels de Walt… Ok, il aime le sexe, y’a pas de honte à avoir, sa gonzesse est roulée comme une bimbo, elle aime ça aussi, ils baisent partout et plusieurs fois.



Je ne suis pas fleur bleue, ni prude, mais à un moment donné, toutes ces parties de jambes en l’air ou ces pensées grivoises qui le font bander, ça commençait à faire lourd dans les 313 pages du livre.



Puis ce qui m’a dérangé, ce sont les grandes envolées lyriques à certains moments. Je n’ai rien contre, mais ça surgissait de manière inattendue, et ça ne servait pas l’histoire, mais ceci n’est que mon petit avis.



Au final, j’ai tout de même avalé ce roman en deux jours. Une première partie le 1er janvier, après la réception, et le reste le lendemain, d’une seule traite, quasi.



Ce ne sera pas le policier de l’année 2018, l’intrigue est assez classique, tout en sortant des sentiers battus parce que le final m’a troué le cul.


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De neige et de vent

« La vengeance vient comme la brise, elle repart comme le tonnerre. »



L’inscription à l’entrée du village était pourtant claire, ici à Tordinona l’accueil ne sera pas des plus chaleureux : « VOUS POUVEZ ENCORE FAIRE DEMI TOUR ».



Contraint de trouver rapidement un refuge à cause d’une tempête de neige, un voyageur va pourtant oser passer outre l’avertissement. Son espoir, trouver un toit pour s’abriter pour la nuit. C’est sans compter sur le « sens de l’accueil » plus que relatif pour ne pas dire inexistant des habitants.

Au même instant, deux gendarmes sont en visite dans le village pour y rencontrer le maire dans le cadre d’une de leur patrouille habituelle.



Les conditions météorologiques deviennent alors apocalyptiques. Une avalanche détruit la seule route d’accès à Tordinona bloquant ainsi ensemble villageois, voyageur et gendarmes. Bientôt l’électricité est coupée, puis c’est au tour des lignes téléphoniques. Le piège se referme.



« C’est un vent féroce. C’est un hurlement. C’est un lieu perdu. La bise violente une armée de flocons affolés. Elle passe en sifflant comme un serpent sur un corps à demi enseveli dans la neige. Sous son souffle, une mèche de cheveux se soulève et frémit. À côté de la tête dont les yeux éteints fixent le ciel, une larme rouge cinglante sur les cristaux blancs ; une unique goutte de sang figée par le froid. »



Comme si la situation n’était pas assez difficile, on retrouve le corps sans vie de la fille du maire. Pour ce dernier le coupable est tout désigné, il s’agit forcément du nouvel arrivant. Aveuglé par la douleur, la colère et surtout par sa haine de « l’étranger », il entraine avec lui une partie du village dans une vengeance aussi violente qu’impitoyable.



Sébastien Vidal excelle à faire entrer le lecteur dans son huis-clos oppressant grâce notamment au soin apporté pour décrire l’atmosphère des lieux, mais aussi la force des éléments. Ça souffle fort, le froid est cinglant, la nuit noire et profonde. On sent l’amateur de nature writing tant ses descriptions sont soignées, souvent très contemplatives, voire poétiques. C’est pour moi le gros point fort de ce roman.



J’ai en revanche quelques réserves sur le village en lui-même. L’auteur m’a semblé y aller parfois un peu fort sur le côté bas du front, barbares et ultra racistes des habitants de Tordinona. Par contre la contamination insidieuse à tout le village de la vengeance et de la violence est très intéressante et raconte bien les rancœurs qui gangrènent les hommes au fil des années.



Cette exagération se retrouve aussi dans l’intrigue qui connait, surtout vers la fin, des rebondissements pas toujours très crédibles. Pour autant l’histoire est prenante, sans temps mort et profite bien de ce format plutôt court.



Merci à Wyoming dont le billet m’a permis de découvrir ce roman et cet auteur. Charmée par le style de Sébastien Vidal, j’irai certainement piocher de prochaines lectures dans ses autres livres.
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Où reposent nos ombres

La chronique jubilatoire de Dany Flingueuse pour Collectif Polar

Chris le narrateur a quinze ans, le bel âge, celui des projets et des premières amours. Avec ses potes il forme « la bande aux yeux marron », parce qu’il faut bien nommer ces gangs. Quatre jeunes pleins de rêves, vont se confronter, parfois douloureusement aux adultes : ceux qui expient à n’en plus finir comme René qui les accueille dans son refuge et ceux moins glorieux qui les maltraitent. Parallèlement un duo de losers va quitter la capitale pour se faire oublier en passant sous les radars. Le choc de ces deux mondes va se produire dans les paysages bucoliques où nous entraine l’auteur, à la façon d’un Franck Bouysse, contemplatif un peu, efficace toujours. Quelle belle aventure entre des gens vrais, d’avant les téléphones portables où l’on pouvait encore se cacher sans être tracé ! Nous y retrouvons les émotions de notre adolescence, un peu de nostalgie du style « c’était mieux avant ! » mais beaucoup de plaisir à suivre ces quatre jeunes, promesses d’avenir, en construction, capables de prendre tous les risques au nom de l’amitié, au cours d’une traque et d’une intrigue passionnante aux personnages fouillés et attachants, qui appâtent de notre empathie. Un tableau du monde rural des années 80.

J’ai beaucoup aimé ces 360 pages de fraîcheur et d’espoir malgré ce monde de brutes dont il est en définitive question.

Lu en version numérique 13.99 €
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Carajuru

Peu habituée à lire des polars français, je suis tombée finalement sous le charme du gendarme Walt. Une enquête un peu compliquée, entre passé et présent, sur des militaires pourris. Un peu de la vie perso du flic, aussi. Un peu de sexe et de machisme. Bref, tous les ingrédients pour que ça marche !

Seule remarque : un vocabulaire un peu complexe parfois, de façon gratuite, et quelques longueurs au début !

Mais franchement, un bon polar mâtiné de terroir (ça se passe en Corrèze).

Merci à Babelio et au éditions Lucien Souny pour cet envoi en Masse Critique !
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Akowapa

Papote de Flingueuse pour Collectif Polar

Ge : Avant de vous laisser papoter Mesdames les Flingueuses, laissez-moi en quelques mots poser le pitch de ce troisième et dernier volet des Sentiment noir qu’est Akowapa. Après cela, promis je vous laisse la parole pour nous donner envie de lire ce fabuleux polar noir.

Alors que nous raconte « Atkowapa » : Un fourgon de transport de fonds est attaqué par trois hommes qui empochent plus d'un million d'euros en petites coupures. L'adjudant Walter Brewski est chargé de l'enquête au cours de laquelle interfèrent des personnes peu fréquentables mais fort intéressées par le butin.

Ophélie, je te laisse la parole !



Oph : Chronique d'un chef d’œuvre de littérature noire.



Ge, Ah oui, tu commences fort !



Maud : Oui... Nous revoici plongés dans une nouvelle enquête de Waltounet, et oui j’adore ce personnage.



Dany : Et un titre bien énigmatique pour ce tome 3 de la trilogie « Les sentiments noirs »



Oph : En ouvrant Akowapa, j'ai retrouvé la plume noire mais ô combien littéraire de Sébastien Vidal et suivi Walter Brewski et sa légendaire Brera dans cette nouvelle enquête.



Dany : Moins contemplatif de Franck Bouysse, l'auteur n'est cependant pas avare de transmettre l'ambiance et les paysages de Corrèze.

C'est noir, très noir … rural, très rural et aussi bien rythmé.



Maud : Une plume toujours aussi entraînante, noire, tout en étant littéraire. Une ambiance glauque, malgré une présence de la nature qui nous laisse respirer parfois dans les moments sombres de l’histoire. Un volet qui n’est pas qu’un polar mais qui a aussi une dimension sociétale qui rend encore plus vraisemblable et touchant ce roman.



OPh : L'auteur m'avait déjà surprise par son style, ses romans font partis des œuvres de littérature noire qui mettent en valeur la langue française. Il use et abuse de toute la richesse de son vocabulaire. Il sculpte son œuvre à la force de ses mots et nous livre, une fois encore, un petit bijou.



Maud : Et puis il ya des personnages attachants même s’ils se mettent hors la loi…



Dany : En effet, une galerie de personnages intéressante avec des échanges philosophiques sur la vieillesse, la littérature et bien d'autres sujets que l'on ne s'attend pas à être évoqués dans un roman d'action.



Ge : Pardon de m'immiscer dans votre conversation, mais pour moi le personnage principal outre notre gendarme, c'est la nature, la Corrèze, on est là dans un pur polar rural.



Dany : oui c'est noir, très noir … rural, très rural et aussi bien rythmé.



Oph : Sébastien nous offre une histoire sombre, a contrario il nous décrit une Corrèze lumineuse avec ces paysages où le Dieu Béton et l'Homme n'ont pas encore pris le dessus sur la nature. Une nature où il décrit chaque lever de soleil comme un tableau dont Gaïa serait elle-même le peintre. Un bel hommage à sa région et à la nature dont on sent qu'elles lui sont vitales.



Maud : Oui... Et la présence de la nature qui nous laisse respirer parfois dans les moments sombres de l’histoire.



Ge : Et alors vous en avez pensé quoi, au final ?



Dany : Un très bon moment de lecture qui donne envie de revenir à la source de cette trilogie que j'ai entamée à rebours … sans trop de dommage cependant pour la compréhension.



Oph : AKOWAPA est un roman puissant, un roman qui marque, un roman coup de cœur.



Maud : Encore une fabuleuse lecture touchante et éprouvante que je recommande vivement



Ge : On donc peut dire que nous avons eu un gros coup de cœur pour ce livre et pour les trois titres (Woorara, Caraju et Akowapa) de cette trilogie en général ?



Les Flingueuses : Ouiiiiiiiiii !!!








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De neige et de vent

"En souvenir de notre rencontre 2024…" Lorsque j'ai su que Sébastien venait à l'espace Culturel du Leclerc de Trélissac, j'avais mon après-midi de fixer. Je lui ai donc demandé une dédicace pour ce titre ainsi que pour "Ça restera comme une lumière" que je n'avais pas!



"De neige et de vent" est avant tout un roman d'atmosphère. Glaciale et envoutant, ce thriller policier nous emmène dans le village de Tordinona, isolé, enneigé. Deux gendarmes pour ce petit village : Marcus et Nadia, ils se retrouvent coincé par une avalanche qui a détruit le seul passage pour redescendre dans la vallée. Entre temps, le garde champêtre découvre un cadavre, celui de la fille du maire, aussi, un randonneur de passage se trouve lui aussi bloqué ici.



"Côtoyer la détresse humaine ronge l'âme, même si on se protège, car la sensibilité ne supporte pas les armures…"



La question du résumé fait tout le roman. De la violence il y aura, un environnement hostile, d'une froideur inhospitalière autant que les humains qui logent à Tordinona et vouent un culte sans réserve à leur maire. Nous voici dans un huis clos, oppressant à souhait, écrit d'une main de maître.



"Un autre grondement arrive, porté par le souffle des sommets. L'homme pense à un bloc qui s'est décroché d'une falaise, quelque part. Son chien s'est arrêté lui aussi, il est là, posé sur ses pattes puissantes, oreilles dressées en direction du bruit suspect. Sa truffe s'articule pour décrypter le monde, elle trie les odeurs, lit dans l'air vif, un langage formant une écriture évanescente inaccessible à son maître…"



La plume de l'auteur est sublime, les mots sont choisis avec précision, la lecture fluide et entrainante, l'intrigue sombre et les personnages décrits minutieusement. L'auteur est à l'image de ses récits, posé et réfléchi, une personne adorable. Merci Sébastien pour ce petit moment partagé. À lire sans modération…



*Prix Landerneau 2024*






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De neige et de vent

« De neige et de vent » se déroule près de la frontière italienne, dans le petit village de Tordinona. Le lieu importe peu finalement, puisque, si je ne m’abuse, il est fictif. Seul le « Teatro Tordinona », théâtre situé à Rome, construit en 1670, puis reconstruit trois fois, ayant changé de nom plusieurs fois, dispose aujourd’hui de trois salles d’exposition dont l’une porte le nom d’un illustre dramaturge, Luigi Pirandello. Heureux hasard ou coïncidence, Tordinona est précisément le lieu où se joue une pièce de théâtre grandeur nature, où les acteurs de l’intrigue imaginée par Sébastien Vidal pourraient être vous et moi. Car, dans ce microcosme, miroir de notre société, fleurissent nos humanités, qu’elles soient abjectes ou honorables.



Ce qui distingue Tordinona de n’importe quel village est son emplacement où un seul pont permet de s’en échapper. Isolé, en zone blanche, entouré de montagnes, il est aisé d’en demeurer prisonnier. Ce sont précisément des conditions météorologiques dantesques « De neige et de vent » qui vont séquestrer ses habitants du reste du monde. « Le blizzard furieux malmène les flocons qui grêlent les murs et les toits, piquent avec acrimonie leur visage, tout est balayé et bouleversé. Le hurlement de la bise qui se prend dans les gouttières et les branches dépouillées agresse les tympans, la lumière donne l’impression de mourir. De sombres nuages obèses formant un vaste océan aux limites inconnues compriment le village. Le clocher a désormais disparu dans leur ventre et on ne sait plus où commencent les rafales de neige et où finit le ciel, plus bas que jamais. » Parallèlement, Marcus et Nadia, gendarmes, vont être appelés par le garde champêtre sur les lieux d’un drame : le corps d’une jeune femme a été retrouvé, sans vie. Il s’agit de la fille du maire, Basile Gay.



À Tordinona, plusieurs camps s’affrontent : les anciens et les néoruraux. Les premiers vivent là de père en fils depuis le dix-neuvième siècle. Des bourrus, des taiseux, aux coeurs aussi durs que la roche. Leurs femmes sont dévouées, soumises, l’émancipation a raté le virage du village. Les seconds ont repris une ferme, élèvent des chèvres et des brebis, font du fromage et ne sont pas acceptés par les habitants. « Ici, on n’aime pas le changement, donc on n’aime pas les étrangers, même les touristes, qu’ils aillent se faire escroquer ailleurs. » Alors, quand Victor Pasquinel, voyageur « de passage où il ne fallait pas » arrive dans le bourg avec son chien, on ne peut pas vraiment dire qu’il soit accueilli les bras ouverts… La découverte d’un cadavre catalyse une multitude d’émotions, et pas seulement les plus positives.



« De neige et de vent » est un huis clos où la notion de justice n’existe plus et où les haines suscitées par la méfiance de l’autre prennent toute la place. « Si ce n’est toi, c’est donc ton frère. », si ce n’est ton frère, c’est ton voisin, ou ces néoruraux « ces accidents de la nature » qui empoisonnent notre manière de vivre, ou encore cet étranger qui a franchi le pont de la ville récemment. C’est l’heure du déchaînement des haines déclenché par ce décès incompréhensible. La mort de Caroline n’est d’ailleurs qu’un prétexte à cette étude sociologique où la fourmilière s’agite, retirée des règles sociales de base à cause d’une mauvaise tempête. »(…) on serait plutôt dans un état ségrégationniste américain quelque part à la charnière des années cinquante-soixante. Au point où ils en sont, ils vont arborer des cagoules pointues et enflammer des croix devant les maisons de ceux qu’ils détestent. » L’observation de ce déchaînement de la nature humaine est aussi passionnante que pathétique, ceux qui pensent être dans leur bon droit face à ceux qui défendent le droit. Un maire omnipotent, deux gendarmes blessés par la vie, mais combatifs et déterminés, des villageois résignés et manipulés.



Sur la grande scène du théâtre de la vie, « De neige et de vent » est un flocon de neige presque insignifiant, mais pourtant fort révélateur de ce dont l’homme est capable, livré à lui-même. Sébastien Vidal y développe la peur de « l’étranger », la haine de la différence, l’apogée d’une forme d’extrémisme, la violence exacerbée, le désir de vengeance qui vient balayer toute raison. Dans l’esprit des grands romans américains, une large partie est consacrée au décor, cette nature qui reprend ses droits et vient ensevelir les dernières onces d’humanité. « La malédiction de ce lieu est le manque, le manque d’amour et le manque de mots. Il n’y a que le vent, qui ne fait jamais que passer, pour pousser son hurlement et enfreindre la règle de la saison froide et muette. » Au-delà de la poésie qu’il manie avec grande dextérité pour décrire l’environnement, quand tous sont retirés du monde et ne rêvent que de vengeance, seuls les deux gendarmes profitent de cette opportunité pour faire le point sur leurs existences. Nadia touchée dans sa chair, Marcus dans son esprit. Leur retranchement forcé dans ce monde où tout va trop vite permet ce temps d’introspection dont ils sont si cruellement besoin. Pour Victor, l’homme à protéger, l’observation de sa conscience et le souvenir de ses voyages passent par l’écriture. Il tient un carnet où se mélangent textes divers, poèmes et pensées. Même les « âmes grises » de ce village n’ont pas le pouvoir d’arrêter ses mots. « Il se dit que la vie des humains devrait être rythmée par ces deux évènements fondamentaux que sont l’horreur et le crépuscule. La Grande Parenthèse dans laquelle se développe la Vie. Ce serait un beau moyen de reprendre contact avec leur origine, la Nature. »



« De neige et de vent » prend souvent la forme de toiles que l’on visite en arpentant le roman. Les tableaux se succèdent, jour, nuit, jour, nuit, mais je souhaite insister sur l’écriture de Sébastien Vidal qui autorise ce prodige : « Le jour est là, la nuit s’est réfugiée dans les sous-sols, dans les greniers et les caves humides. Elle s’est repliée au plus profond des forêts, sous la neige et peut-être aussi dans le tunnel. Elle n’est pas partie loin car elle sait que l’intermède sera bref. La lumière qui ratisse le village tombe de fatigue. Grise, lente, dessinée au crayon de papier. Elle jette sur toute chose un masque de mort, une allure affligée d’exister. », la nature se façonne pour prendre des allures humaines, « Les ventres blancs marbrés de noir des bouleaux accentuent le tableau morne qui se peint et se dépeint sans cesse. On dirait qu’ils pleurent et que du rimmel coule sur leurs troncs d’un marmoréen sale. », la neige et le vent écrasent tout, les contours des lieux, les paysages, les hommes et leur raison. « La neige recouvre le village. Tout est blême. Les turbulences du vent augmentent. L’océan de nuages est si bas qu’il projette une couleur écrue, parcourue de veines grises et noires. La lumière rasante donne une impression d’épuisement. »



Grâce à une écriture riche et évocatrice, Sébastien Vidal dépeint le décor hivernal impitoyable qui enveloppe le village, créant ainsi une atmosphère sombre et oppressante. Les descriptions minutieuses des paysages enneigés et des tempêtes de vent renforcent le sentiment d’isolement et de désespoir qui imprègne le récit. « De neige et de vent » se présente comme une exposition de toiles où chaque tableau dépeint une scène saisissante, où les éléments naturels semblent refléter les tourments intérieurs des personnages. L’écriture de Sébastien Vidal offre une immersion totale dans ce huis clos oppressant, où les émotions et les doutes des personnages s’entrelacent avec la force de la tempête qui fait rage à l’extérieur. Même dans cette lumière épuisée, l’auteur souligne la résilience de ces trois personnages retranchés, déterminés à vaincre la folie des hommes. « C’est Soulages qui doit être aux manettes, et dont Marcus acquiert la certitude qu’il y aura, à un moment donné, un trait de lumière sublime. » Si la lumière semble faible ou éteinte, elle offre pourtant un contraste saisissant avec l’obscurité d’une situation sombre et désespérée.



Découvrir la plume de Sébastien Vidal c’est comme se laisser envelopper par les rayons d’une flamme douce et apaisante dans un paysage enneigé et déchaîné. Chaque mot est une étincelle de poésie qui réchauffe l’âme et éclaire les recoins les plus sombres de l’histoire.
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Où reposent nos ombres

Merci aux éditions le mot et le reste et à Babelio pour cet envoi. J'avais choisi 5 livres mais j'espérais recevoir celui-ci.

C'est ma sœur qui m'a fait découvrir cet auteur.



D'abord dans d'encres et de sang puis avec Carajuru.



Ici, le décor est juste splendide. La Haute Corrèze. Une histoire se déroule en parallèle : deux braqueurs parisiens qui tentent d'échapper à la Police.



J'ai eu du mal à entrer dans l'histoire. L'auteur décrit les décors (superbes) mais ça m'a fait l'effet " Père Goriot". C'était trèèès long à mon goût.



Mais quand l'action démarre, que le décor est planté et les personnages chacun bien décrits, ça devient passionnant.



Evidemment, on comprend assez vite l'une des deux intrigues. Mais l'autre nous suspens aux pages, aux mots de Sébastien Vidal.



J'ai vécu les émotions des personnages (les ados) comme si j'y étais.



J'ai adoré le périple.



La fin me laisse sur la mienne...

Mais c'est parce que je n'aime pas beaucoup quand l'auteur décide qu'on doit faire le boulot :D



En résumé, c'est un roman noir passionnant et prenant.



À lire, bien sûr!





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Où reposent nos ombres

J'appréhendais un peu de retrouver Sébastien Vidal après le coup de cœur que j'avais eu en début d'année dernière pour son précédent roman Ça restera comme une lumière, déjà paru aux éditions Le mot et le reste. Derrière cette appréhension, il y avait l'espoir, l'envie, et je dois dire une certaine excitation à l'idée de me laisser embarquer par un roman qui serait peut-être au moins aussi bon que le précédent. Je n'ai pas été déçu.



Sous la chaleur de l'été de 1987, l'année où l'humanité dépasse les 5 milliards d'individus et où l'ONU publie pour la première fois un rapport qui aborde la question du développement durable, baptisé "Our Common Future", deux braqueurs amateurs sont en cavale après avoir tué l'un des convoyeurs. Alors que les forces de l'ordre sont à leur poursuite, ils s'enfoncent au coeur de la France pour essayer de disparaître tout en semant derrière eux les cadavres, dans une descente aux enfers que rien ne semble pouvoir arrêter. La presse les surnommera rapidement Les Tueurs au losange, référence aux véhicules qu'ils utilisent dans leur cavale.



En Corrèze, Vincent, Johanna, Franck et Christophe sont une bande de copains qui ont grandi ensemble et sont inséparables. Alors qu'ils explorent les forêts environnantes, ils arrivent sur le territoire de celui que le village appelle l'Indien et qui vit reclus dans sa cabane depuis des années. Alors que René s'avère beaucoup plus sympathique que la légende d'ermite qu'il s'est forgé et que son étang devient le point de rafraîchissement de la petite bande, les quatre adolescents vont être confrontés à des drames qui viendront sonner la fin de l'innocence. D'autant plus que les Tueurs au losange ont été aperçus non loin de là...



Quel plaisir que de retrouver la plume de Sébastien Vidal, quel bonheur que d'être littéralement happé par ce roman au point de repousser encore et encore le moment d'aller se coucher. Une fois encore, l'auteur vise juste avec ses personnages qui portent tous en eux l'ombre et la lumière, dans des proportions variables. J'ai retrouvé le même plaisir de lecture que lorsque je me plonge dans un David Joy, aussi je ne peux que vous inciter à réclamer ce titre à vos libraires pour vivre à votre tour cette formidable aventure.



📖 Où reposent nos ombres de Sébastien Vidal a paru le 20 octobre 2022 aux éditions Le mot et le reste. 360 pages, 21€.



🔗 Service de presse adressé par l'éditeur.
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Où reposent nos ombres

Ce roman me faisait de l'œil depuis sa sortie, et j'ai eu l'heureuse surprise de le gagner avec la #MasseCritique de #Babelio. Merci mille fois! Ce n'est pas un coup de bambou mais un coup de massue que j'ai pris.



Deux histoires, l'une en Haute-Corrèze et l'autre en région parisienne.



Août 1987, quatre jeunes adolescents de 15 ans se connaissent depuis la maternelle et se retrouve en ce bel été au bord d'un étang isolé qu'ils appelleront "Calicoba Beach", ils y feront une rencontre étrange. Cette partie du roman m'a rappelé "Trois" de Valérie Perrin. Nous sommes en Haute-Corrèze. Une petite bourgade où tout le monde se connait et certains trop bien, tout n'est pas que rose!



Août 1987 en région parisienne, deux hommes, un vol à main armée qui tourne mal, un convoyeur tué. Une fuite s'en suit. La course poursuite part en vrille et plus ils descendent dans le sud de la France, plus l'acharnement à tuer en chemin prend de l'ampleur. Quelle a été la vie de ces deux hommes avant?!...


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Akowapa

Lorsque les employés de la société Transfonds se font braquer, que leur camion est détourné par trois malfrats, on se dit que s'ils réussissent bien leur coup, ils n'auront plus qu'à se partager les quelques 1 200 000 euros pour vivre tranquilles, peinards. Mais toujours se méfier des alliances nouées et de ceux qui se trouvent sur votre chemin.



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Si vous aimez la nature et les romans noirs/policiers, ce roman est vraiment fait pour vous. C'est bien la première fois que je vois un auteur s'attacher autant à la nature (Corrèze), à la description de la saison, du paysage, des gens du terroir, de la rudesse de la vie dans un polar. Ce procédé est bien choisi car les drames et la violence qui surgissent sur cette route et la difficulté de l'enquête sont "alourdis" par l'environnement âpre et rude :  l'importance de la forêt, de l'humidité, des routes glissantes, des feuilles qui collent, de personnages qui mènent une vie chiche, pauvre. Le paysage est une composante importante de l'histoire voire un personnage qui cache bien des secrets.

Concernant le procédé de rédaction, l'auteur a choisi comme premier chapitre de décrire la dernière scène. Puis à partir de ces quelques lignes énigmatiques, nous faisons la connaissance des personnages et remontons le fil de l'histoire. J'ai apprécié l'écriture de l'auteur. 

Une très belle lecture de polar et la découverte d'un auteur dont je n'avais jamais entendu parler.

Je ne peux que vous le recommander vivement. Je suis proche du coup de coeur.

N'hésitez surtout pas !
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Carajuru

Un soir, les gendarmes Walt Brewski est David Arponet découvrent le cadavre d’un ancien militaire devenu une célébrité grâce à son intervention héroïque lors d’un braquage de banque. A première vue, tout laisse penser que c’est un suicide mais certains détails sèment le doute dans les esprits des deux gendarmes.

L’auteur nous entraîne dans une atmosphère étrange où chaque suspect a sa part d’ombre. Même si, c’est aussi compliqué de suivre, car on oscille constamment entre le passé et le présent, ce fut un plaisir d’essayer de trouver le(s) mobile(s) et le(s) coupable(s). De plus, j’ai trouvé vraiment intéressant le fait de raconter une même scène du point de vue de plusieurs personnages. Et même, si l’auteur utilise quelques fois des mots vulgaires, il faut reconnaître que son histoire est très bien écrite. Et à la fin du roman, se trouve un lexique des abrévi ations utilisées dans la gendarmerie.

Un très bon polar made in France !



Merci à Babelio et à l’éditeur Lucien Souny pour l’envoi de ce roman dans le cadre de l’opération Masse Critique et pour la découverte de cet auteur.
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Ça restera comme une lumière

La chronique jubilatoire de Dany Flingueuse pour Collectif Polar

Je remercie les éditions Le mot et le reste et Babelio pour son opération « masse critique » sans qui je n'aurai pas découvert ce roman.

Un roman sur la résilience…

Pour Josselin, ancien militaire, victime du syndrome post traumatique, qui n’arrive pas à faire le deuil de son compagnon d’arme, qui essaye de retrouver le pays de ses vacances d’ado, sa bande de potes qu’il a sans doute un peu idéalisés.

Pour Henri, sculpteur, veuf depuis quelques mois et en « froid » avec sa fille, qui attend juste un signe de sa part.

Emma, la fille d’Henri, enceinte des fruits d’un viol.

Pour Martin, le pote des vacances, qui a sombré dans l’alcoolisme et qui tente d’oublier ses erreurs. Et qui entretient des relations étranges avec la tourbière derrière son camping-car.

Tous les personnages attachants de ce roman, à suspense cependant, doivent se reconstruire…. Les autres, les méchants ne vont pas leur faciliter la tâche, toujours prompts à les faire replonger !

Une quête rurale, ce retour aux sources pour Josselin changera fondamentalement sa vie.

J’ai beaucoup aimé ce roman lumineux qui a un peu flatté mon côté « fleur bleue ». Ne vous moquez pas lecteurs, même une mamie-flingueuse, elle aussi monophtalme, peut apprécier le dénouement à la hauteur de ses attentes. Une belle chronique villageoise, plus noire que Clochemerle, plus actuelle et réaliste aussi. L’auteur a su y mettre tout l’attachement qu’il porte à ses terres corréziennes, dans la même veine que Franck Bouysse, … solaire !

Un véritable coup de coeur, aussi pour d'autres membres du gang Collectif Polar.

Vite découvrez cet auteur encore trop peu connu et c'est bien dommage !


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