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Citations de Shiga Naoya (17)


L’homme qui ne possède qu’une puissance limitée ne peut s’empêcher de montrer son pouvoir. Alors en vérité on peut dire qu’il n’en possède aucun.

Le Maître par Nakajima Atsushi (1909-1942)
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Quand il émergea pour la dernière fois de son poste d’observation, Chi Ch’ang constata que la discipline sévère à laquelle il s’était soumis portait ses fruits. Rien ne pouvait lui faire cligner les yeux, ni coup sur la paupière, ni étincelle jaillie des braises, ni nuage de poussière tourbillonant subitement devant lui. Il avait exercé ses muscles oculaires à une inertie tellement parfaite que ses yeux restaient ouverts même quand il dormait. Une fois, comme il était assis et regardait dans le vide, une petite araignée tissa sa toile entre ses cils. Il estima être désormais en état de se présenter devant son maître.
(Le Maître de Nakajima Atsushi )
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Un matin, j’aperçus sur le toit une guêpe morte. Elle gisait là, les pattes ramassées sous elle, les antennes pendantes. Les autres n’y prêtaient aucune attention. Sans cesse, elles entraient et sortaient du nid, passant et repassant près de son cadavre, parfaitement indifférentes. Dans leurs allées et venues, dans leur tourbillonnement, ces insectes manifestaient avec puissance la vie qui les habitait. Elle, inerte, recroquevillée sur elle-même, à cet endroit où, matin, midi ou soir, se portait mon regard, donnait tout aussi intensément le sentiment de la mort.
Elle demeura ainsi trois jours. Je la contemplais et éprouvais une sensation de paix.
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Peu après le bombardement d'Hiroshima, je me trouvais chez un de mes amis, dans les faubourgs de Fukuyama, et je regardais un iris qui avait fleuri hors de saison. Il poussait seul de son espèce dans ce coin-là, et ses pétales étaient pourpres.
Ceci se passait à la mi-août, quelques jours après la proclamation du rescrit impérial annonçant la capitulation. La plupart des iris se pressaient en touffes serrées d'un côté de l'étang et dressaient leurs longs pistils vert lumière déjà tout dénudés. Mais cette plante retardataire était à l'écart des autres ; de ses feuilles pointues comme des glaives qui jaillissaient de l'eau émergeait une tige délicate et au bout de cette tige s'épanouissaient les pétales pourpres contrefaits. Lorsque je l'aperçus pour la première fois par la fenêtre de la maison de mon ami, je pris cet iris pour un bout de papier de soie qui flottait sur l'étang.
(Début de la nouvelle L'iris fou de Ibuse Masuji)
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La nuit qui s'aventure sur les lames grinçantes du couloir menant à la toilette entend invariablement une voix qui s'élève de l'ombre : " Qui est là ?" Ce n'est pas le ton anxieux de celui qui redoute la solitude nocturne ou l'exclamation d'une personne brusquement tirée de son sommeil. Non, c'est la voix posée très nette, de quelqu'un qui n'a pas fermé l’œil de la nuit. C'est la voix de la vieille Umé, et on ne peut pas s'empêcher de ressentir un choc désagréable.

(Début de la nouvelle Odieuse vieillesse de Niwa Fumio)
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Il y eut soudain un mouvement de foule et des quantités de gens coururent se cacher sous les charrettes. Je levai la tête, le ciel était plein de projectiles gris étincelants qui volaient dans toutes les directions.
Pendant quelques secondes, je fus saisi de panique, moi aussi, puis je me rendis compte que c'étaient seulement des bouts de papier enflammés soulevés par le vent.
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Pour avoir, pendant de longues années, été exténué par ses relations avec les gens, Kensaku jouissait pleinement de sa nouvelle existence. Il montait souvent se promener jusqu'à un temple perdu au milieu des bois, à trois ou quatre cents mètres dans la montagne : le "temple d'Amida". Quoique classé parmi les édifices spécialement protégés, le bois de sa galerie exérieure, complètement pourri, tombait en ruine ; et pourtant cela même engendrait en Kensaku une impression d'intimité.
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Il y avait autrefois dans la ville de Hantan, capitale de l’ancien État chinois de Chao, un homme appelé Chi Ch’ang qui voulait conquérir la première place parmi les meilleurs archers du monde.

Après bien des recherches, il finit par découvrir que le maître le plus réputé en cet art était un certain Wei Fei. Si grande était son habileté qu’on le disait capable de lancer à cent pas tout un carquois de flèches dans une seule feuille de saule choisie comme cible.

Chi Ch’ang se rendit donc dans la province lointaine où demeurait Wei Fei afin de devenir son élève.
(Début du conte Le Maître de Nakajima Atsushi)
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Au cours d'une représentation de lancement de couteaux, un jeune jongleur chinois, nommé Han, trancha la carotide de sa femme. La victime mourut sur-le-champ. Han fut aussitôt arrêté.

(Début de la nouvelle Le crime de Han de Shiga Naoya)
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Il n'en saisit pas moins avec douceur ses seins bien ronds et lourds et en éprouva un indicible plaisir - comme s'il caressait un trésor sans prix. Par de légères secousses, il en soupesait dans le creux de ses mains les masses délicieuses. Il n'aurait su trouver les mots capables d'exprimer une pareille sensation.
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"Odieuse vieillesse" de Niwa Fumio

Les autres voyageurs avaient entendu la conversation et examinaient les deux vieilles avec une curiosité évidente. On devinait à les voir qu'ils pensaient regarder non pas des êtres humains mais quelque étrange spécimen de plante ou d'animal désséché par le temps.
Ils ne paraissaient pas songer qu'ils étaient voués au même destin que ces deux femmes, et qu'à moins d'avoir leur vie abrégée par la maladie ou un accident, eux aussi seraient condamnés à devenir un fardeau accablant traîné à regret par leur famille exaspérée. Un léger effort d'imagination leur aurait permi de considérer ces octogénaires non comme les représentantes d'une race grotesque, mais comme un avertissement du sort qui les attendait : eux aussi seraient vieux, inutiles, privés de toute joie de vivre, uniquement voués à mourrir...
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Voici l'histoire d'un jeune garçon nommé Séibé et de ses coloquintes. il advint que Séibé abandonna sa collection de baies, mais il trouva vite quelque chose pour en tenir lieu : il se mit à peindre. Et, avant longtemps, Séibé fut aussi absorbé par ses tableaux qu'il l'avait été par ses coloquintes.

(Début de la nouvelle L'artiste de Shiga Naoya)
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« A propos de Ta Ch'ih, avez-vous jamais vu son tableau d'une Montagne à la saison d'automne ?... »
Un soir en visite chez son ami, Yün Nan-t'ien, Wang Shih-Kou avait, au cours de leur entretien, posé la question.
" non, je ne l'ai pas vu. et vous ?..."

(Début de la nouvelle Le Tableau d'une Montagne à la saison d'automne d'Akutagawa Ryunosuke)
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L'iris fou de Ibusé Masuji
Après le lancement de la bombe atomique, les survivants étaient retournés chez eux, la plupart horriblement brûlés ou mutilés. Même ceux qui n'avaient apparemment aucune blessure se plaignaient d'étranges douleurs internes.
"C'est trés curieux, me raconta le docteur Tawa, ils ne réussissent pas à situer le siège de ces douleurs. Ils savent tout juste qu'ils souffrent horriblement.
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L'engagement de vendre les poupées à un Américain demeurant à Yokohama fut pris au mois de novembre.
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Par crainte de la contagion, tous mettaient un soin particulier à se désinfecter les mains. Par une matinée radieuse, Kensaku et sa belle-mère prenaient leur petit déjeuner dans le petit salon ; Naoko, faisait le tour par la véranda extérieure, se dirigeait tranquillement vers la chambre du bébé en laissant traîner derrière elle son vêtement de nuit – car c’était l’heure de la tétée – quand elle poussa un cri :
« Holà ! Non, non ! Bell !
Que se passe-t-il ? cria Kensaku.
- Venez vite ! Bell s’apprête à avaler le sublimé corrosif ! »
A la porte du salon, Kensaku enfila la paire de socques en attente et descendit dans le jardin. Le jeune chien que l’employé de la firme de Monsieur S*** leur avait trouvé y gambadait joyeusement.
« Voilà ce qu’il a l’ait de vouloir avaler, dit Naoko en montrant du doigt la cuvette à désinfectant posée sur une pierre de jardin en attendant qu’on en change le contenu.
- Mais non ! Boire ça ? Allons donc ! Il veut simplement flairer l’odeur ! Simple curiosité !
- Vous croyez ? Il avait pourtant l’air de vouloir bel et bien en boire ! Et ça le tuerait sir le coup ! »
Certes le bonhomme leur avait apporté l’animal au moment de leur emménagement, mais dès que Naoko s’était trouvée enceinte l’impossibilité leur étant apparue de le garder quand l’enfant serait là, ils l’avaient donné, avec la niche, à un voisin habitant deux maisons plus loin.
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Sa maîtresse était serveuse dans une maison de passe de Gion. Elle avait dans les vingt, vingt et un ans. C'était une grande fille, intellectuellement nulle, un peu garçonnière. Qu'est-ce donc qui l'avait attiré chez cette femme ? La chose le déconcertait. Non qu'il n'eût trouvé à son goût des femmes de ce type, mais jamais il ne se fût attendu à être si profondément épris.
Ce qu'il trouvait en elle, c'était une saveur de fruit frais, que sa femme avait perdue depuis longtemps. Et puis son haleine était aussi douce que celle d'un enfant ; sa chair, aussi rose que celle des pinces des crabes qu'on pêche dans les mers du nord du Japon... Tout cela réunit était fascinant et de nature à aiguillonner le désir.
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